AU JARDIN DES TUILERIES. HIER ET AUJOURD'HUI. Guide du promeneur (extrait)

Page 1




AUTEUR

ÉDITION

Emmanuelle Héran Conservatrice en chef Scientifique responsable des collections des jardins du domaine national du Louvre et des Tuileries

Musée du Louvre, Sous-direction de l’Édition et de la Production Violaine Bouvet-Lanselle Chef du service des Éditions

MUSÉE DU LOUVRE

Somogy éditions d’art Nicolas Neumann Directeur éditorial Stéphanie Méséguer Responsable éditoriale Pauline Desert, Chloé Fouquet et Léa Pietton Iconographie Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros Fabrication

Jean-Luc Martinez Président-directeur Karim Mouttalib Administrateur général Valérie Forey-Jauregui Administratrice générale adjointe Direction de la Médiation et de la Programmation culturelle Vincent Pomarède Directeur Aline François Colin et Michel Antonpietri Adjoints au directeur Laurence Castany Sous-directrice de l’Édition et de la Production

Pauline Garrone Coordination et suivi éditorial Carine Simon Conception graphique Thierry Renard Cartographe Anne Chapoutot Contribution éditoriale

Direction du Patrimoine architectural et des jardins Sophie Lemonnier Directrice Isabelle Glais Sous-directrice des jardins Droits d’auteur : © ADAGP, Paris 2016 pour les œuvres d’Anne Rochette (p. 86), Giuseppe Penone (p. 72), Erik Dietman (p. 87 haut), Paul Belmondo (p. 8-9) • © Arnaud Madelénat : p. 82-83, p. 88-89 • © D. Larpin, ACMH : p. 82-83, p. 88-89 • © Hervé Bernard : p. 20 haut, p. 65 bas gauche, p. 66-67, p. 68 bas, p. 70, p. 73, p. 85, p. 87 haut • © Jean-Marie Henin et Nicolas Normier : p. 65 bas gauche • © Philippe Fuzeau : couverture et quatrième de couverture • © Reproduced by permission of The Henry Moore Foundation : p. 22 bas • © Susumu Shingu – courtesy galerie Jeanne Bucher Jaeger : p. 85 • © I. M. Pei / musée du Louvre : p. 20 haut

© Somogy éditions d’art, Paris, 2016 www.somogy.fr © musée du Louvre, Paris, 2016 www.louvre.fr

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 2

ISBN musée du Louvre : 978-2-35031-545-4 ISBN Somogy : 978-2-7572-1102-1 Dépôt légal : mai 2016 Imprimé en République tchèque (Union européenne)

19/04/2016 17:21


EMMANUELLE HÉRAN

AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI Guide du promeneur

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 3

19/04/2016 17:21


1. Claude Monet (1840-1926), Les Tuileries, 1876, huile sur toile, Paris, musĂŠe Marmottan Monet.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 4

19/04/2016 17:21


INTRODUCTION 5

Révéler le riche passé et la diversité actuelle du jardin des Tuileries, tel est l’objectif de ce guide. Car ce jardin témoigne de cinq siècles d’histoire. Il s’agit d’abord d’un espace de récréation et de loisirs : longtemps réservé à la Cour, il est aujourd’hui ouvert à tous. Si certains usages ont disparu, d’autres sont toujours en vigueur, sous une forme renouvelée. Depuis l’origine, les Tuileries sont un creuset d’innovation pour les jardiniers, les paysagistes, les artistes, les hommes de science. Elles sont enfin un lieu de pouvoir, donc un lieu de mémoire : fêtes, cérémonies, expositions, manifestations…, toutes sortes d’événements, certains célèbres, d’autres étonnants, ne cessent de s’y dérouler depuis la Renaissance. En rappelant les grands événements de l’histoire de France, en offrant au lecteur des images insolites et des citations inattendues, cet ouvrage offre des clés de lecture au promeneur, qu’il soit familier ou occasionnel, qu’il croie connaître les Tuileries ou qu’il les découvre pour la première fois.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 5

19/04/2016 17:21


AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 6

19/04/2016 17:21


SOMMAIRE

Les fastes de la Renaissance

....................................................................................................... p. 9

Le jardin du Roi-Soleil ......................................................................................................................... p. 17 Usages et usures des XVIIe et XVIIIe siècles .......................................................................... p. 25 La mainmise de la Révolution et de l’Empire ............................................................. p. 33 Jardin public, jardin privé

.................................................................................................................. p. 41

La Belle Époque ........................................................................................................................................ p. 51 Le lent déclin du XXe siècle .............................................................................................................. p. 59 La nouvelle vie des Tuileries ......................................................................................................... p. 67 Les coulisses

................................................................................................................................................. p. 75

L’avenir du jardin ....................................................................................................................................... p. 83

Glossaire ............................................................................................................................................................... p. 90 Chronologie ....................................................................................................................................................... p. 92 Chiffres clés ........................................................................................................................................................ p. 93 Orientation bibliographique ................................................................................................................. p. 94 Informations pratiques .............................................................................................................................. p. 95 Crédits photographiques ........................................................................................................................ p. 96

2. Robert Holmes (1943-), Fleurissement d’été après la rénovation de Pascal Cribier et Louis Benech, 19 juin 1996.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 7

19/04/2016 17:21


LES FASTES DE LA RENAISSANCE

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 9

19/04/2016 17:21


10 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

4. François Clouet (1520-1572), Catherine de Médicis, reine de France (détail), avant 1572, crayons de couleur, pierre noire et rehauts de sanguine, Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 10

19/04/2016 17:21


LE JARDIN DU ROI-SOLEIL

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 17

19/04/2016 17:22


18 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

Pour la gloire de Louis XIV En 1658, une crue, la plus terrible de tous les temps, dévaste le domaine. Des sondages archéologiques pratiqués en 2012 en ont apporté la preuve, en mettant au jour une forte épaisseur de limons. Cette crue explique qu’en 1664 Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, ait confié la restauration du jardin à André Le Nôtre, qui y travailla de 1664 à 1671, tout en œuvrant dans d’autres jardins, et notamment à Versailles. Or Le Nôtre entretenait avec les Tuileries une relation particulière. En effet, son grand-père et son père y avaient déjà travaillé – les dynasties de jardiniers étaient monnaie courante à l’époque –, lui-même y était né en 1613. Il y vivait dans une maison située dans l’angle nord-est – au pied de l’actuelle aile de Marsan – et c’est là qu’il mourut en 1700. Les Tuileries sont l’une des réalisations les plus éclatantes de Le Nôtre. Pourtant, elles s’inscrivent dans la continuité du jardin de Catherine de Médicis.

13. Plan d’arpentage dit « des Capucins », après 1673, Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Cartes et plans.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 18

19/04/2016 17:22


USAGES ET USURES DES XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 25

19/04/2016 17:22


26 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

Sous la Régence Si l’évolution des usages du jardin explique la disparition de certains dispositifs, les coûts et les difficultés d’entretien entrent aussi en ligne de compte. À la mort de Louis XIV, les finances du royaume sont à sec et le Régent Philippe d’Orléans doit prendre des mesures radicales. Or un jardin coûte cher. Puis, au long du XVIIIe siècle, les arbres plantés par Le Nôtre – beaucoup de marronniers d’Inde, alors très exotiques – grandissent et vieillissent : ils deviennent difficiles à tailler et, de fait, les abattages sont nombreux. Les topiaires*, fort coûteuses d’entretien, ne sont pas systématiquement renouvelées. Le pourcentage de surface végétalisée se réduit. Si de nombreuses sculptures sont introduites dès 1716, importées de Marly notamment, si des vases et des bancs en pierre, de superbe qualité, ornent les parterres* et scandent les allées, les innovations jardinières sont, à notre connaissance, inexistantes. Peu à peu, l’unité du jardin se perd, sa nouveauté aussi, tout comme l’intérêt que le pouvoir lui porte. Car Louis XV, dès 1722, a regagné Versailles, entraînant avec lui sa famille et la Cour. Ses héritiers ne passeront pas leur enfance aux Tuileries. C’est seulement en 1789 que Louis XVI, qui n’a jamais connu que Versailles, reviendra, contraint et forcé par le peuple, habiter les Tuileries avec son épouse Marie-Antoinette et leurs enfants, dont le petit Dauphin.

STATUES ET VASES PROVENANT DE VERSAILLES ET DE MARLY C’est en prélevant des sculptures dans les jardins des domaines royaux que l’on a pu orner les Tuileries au début du XVIIIe siècle. Ainsi, les vases monumentaux situés de part et d’autre du Grand Degré, à l’entrée est, se trouvaient à l’Orangerie de Versailles. Du côté de la Concorde, les deux groupes sculptés par Coysevox pour proclamer la gloire du Roi-Soleil proviennent des jardins de Marly, où ils flanquaient le bassin de l’Abreuvoir. Le prélèvement a continué à la Révolution, avec entre autres les statues dites des « Coureurs de Marly », installées dans les exèdres. Placés aux Tuileries en 1719, les originaux de Coysevox ont été mis à l’abri au Louvre et remplacés au jardin par des moulages en 1986. La visite au musée de la spectaculaire cour Marly permet de se rendre compte de la magnificence du décor sculpté des jardins royaux sous Louis XIV et Louis XV.

Marly : demeure d’agrément, au jardin orné de statues, que Louis XIV s’était fait construire à proximité de Versailles pour se reposer de la cour.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 26

19/04/2016 17:22


LA MAINMISE DE LA RÉVOLUTION ET DE L’EMPIRE

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 33

19/04/2016 17:22


34 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

Le jardin du peuple La Révolution s’empare des Tuileries. Le jardin devient « national », tandis que le Louvre prend, en 1793, le nom de « Muséum central des arts ». Des émeutes et des fêtes s’y déroulent, profitant de ses vastes espaces et de sa position près des hauts lieux révolutionnaires que sont la salle du Manège ou le club des Jacobins.

30. Anonyme, Le Jeune Patriote ou La Famille royale aux Tuileries, 1790-1791, eau-forte aquarellée.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 34

19/04/2016 17:22


JARDIN PUBLIC, JARDIN PRIVÉ

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 41

19/04/2016 17:22


42 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

36. Capitaine Cheret, La Revue des troupes au jardin des Tuileries, 1835, huile sur toile, Chantilly, musée Condé.

Le jardin du pouvoir Sous la monarchie de Juillet, alors que Fontaine a encore la charge du jardin, puis sous le Second Empire, l’ouverture au public se voit restreinte en contrebas du palais en raison de l’aménagement de « jardins réservés ». Craignant les émeutes populaires et les attentats, le roi Louis-Philippe se réserve en effet une large bande de jardin. Fontaine prévoit même l’agrandissement du palais par un doublement en largeur de la façade, qui serait venue empiéter sur les parterres*. Les fondations retrouvées lors de fouilles récentes ont montré que les travaux étaient allés très loin. S’il y fut mis un terme, à cause des vives critiques de l’opposition, les jardins réservés du roi s’étendirent en revanche jusqu’aux petits bassins ronds ou viviers, formant en quelque sorte un cordon sanitaire. Napoléon III ira plus loin : il prolonge l’annexion du parterre jusqu’au grand bassin rond, une guirlande d’arbres vient former un écran élégant entre

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 42

37. Louis Ducis (1775-1847), Louis XVIII, entouré des membres de la famille royale, assiste du balcon des Tuileries au retour de l’armée d’Espagne, le 2 décembre 1823, 1824, huile sur toile, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

19/04/2016 17:22


LA BELLE ÉPOQUE

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 51

19/04/2016 17:22


52 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

Le jardin privé de son palais… Le drame survient en mai 1871 : l’insurrection connue sous le nom de Commune incendie Paris et le feu dévore le vieux palais des Tuileries, épargnant de justesse le Nouveau Louvre à peine achevé par Hector Lefuel. Le bâtiment est d’abord purgé par Lefuel, puis la jonction entre les ailes de Marsan au nord et de Flore au sud est rompue, afin de reconstruire les pavillons. Enfin, au terme d’une dizaine d’années d’atermoiements pendant lesquelles les ruines défigurent le paysage urbain, le palais est détruit et ses matériaux mis en vente. De la façade du palais demeure une arcade au jardin des Tuileries, due à Philibert Delorme et remontée en contrebas de la terrasse du Bord-de-l’Eau en 2012. Une autre, de Jean Bullant, attend son remontage.

LES RUINES DES TUILERIES Peintres et photographes nous ont livré des images fascinantes des ruines du palais de Catherine de Médicis, qui rendent compte de la sidération des Parisiens au lendemain du drame, mais aussi du sort réservé à ces vestiges pendant plus de dix ans, avant leur destruction totale. Ce cliché est l’un des rares à montrer comment, à partir de la cour d’honneur du Carrousel, on pouvait apercevoir le jardin des Tuileries, avec la perspective offerte par la grande allée. Ces photographies prolongent la tradition occidentale de la peinture de ruines. Leur étrange beauté invite à méditer sur la décadence inéluctable des civilisations.

49. Fratelli Alinari, Ruines du palais des Tuileries en cours de purge, 1871.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 52

19/04/2016 17:22


LE LENT DÉCLIN DU XXe SIÈCLE

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 59

19/04/2016 17:22


60 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

58. Robert Doisneau (1912-1994), Amour et barbelés, 1944.

Quand la guerre épargne le jardin Épargné par les deux guerres – les sculptures ont été protégées par des sacs de sable ou enterrées dans des fosses et les quelques combats de chars ayant eu lieu lors de la libération de Paris ont fait peu de dégâts –, le jardin des Tuileries ne connaît aucun changement important jusque dans les années 1950. Seul celui du Carrousel* est remodelé à l’époque d’André Malraux, dans les années 1960, qui y installe dix-huit sculptures d’Aristide Maillol données par Dina Vierny sur des pelouses considérablement simplifiées.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 60

19/04/2016 17:22


LA NOUVELLE VIE DES TUILERIES

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 67

19/04/2016 17:22


68 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

Un projet ambitieux Dès septembre 1981, le président François Mitterrand annonce, en même temps que l’opération Grand Louvre, son intention de rénover les jardins. Sous l’égide de Jack Lang, ministre de la Culture en 1981-1986 et 1988-1993, s’opère au sein des instances dirigeantes une prise de conscience de l’importance de l’art des jardins, du point de vue tant patrimonial que de la création contemporaine. Des conseillers spécialisés se succèdent, comme Marc Simonet-Lenglart ou Nelly Tardivier. Il faudra attendre 1990 pour qu’un concours soit lancé. Huit candidats sont retenus, parmi lesquels se distinguent deux équipes : les Tuileries sont confiées à Pascal Cribier et Louis Benech, paysagistes, conseillés par Monique Mosser, historienne des jardins, et épaulés par François Roubaud, architecte ; le Carrousel* est dévolu au paysagiste belge Jacques Wirtz, assisté de son fils Peter. Entre les deux jardins, Ieoh Ming Pei, l’architecte du Grand Louvre, crée une terrasse qui recouvre l’avenue du Général-Lemonnier désormais souterraine. Rien ne vient rappeler la présence de l’ancien palais.

PASCAL CRIBIER (1953-2015) La rénovation du jardin des Tuileries a lancé la carrière de ses concepteurs. Disparu prématurément en 2015, Pascal Cribier compte parmi les paysagistes les plus importants de la fin du XXe et du début du XXIe siècle. Il est l’auteur de plus de cent quatre-vingts jardins, qu’il s’agisse de créations ex nihilo ou de requalifications. Citons ceux de Méry-sur-Oise (Val-d’Oise), de Vez (Oise), d’Aramon (Gard) ou encore de Woolton House en Angleterre (Hampshire), sans omettre celui du Centre Pompidou-Metz (Moselle) et son propre jardin à Varengevillesur-Mer (Seine-Maritime).

68. Les lauréats du concours (détail), 12 avril 1994. De gauche à droite : François Roubaud, Pascal Cribier et Louis Benech.

69. Hervé Bernard (1958-), Le Grand Carré en cours de décaissement, 1992.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 68

19/04/2016 17:22


LES COULISSES

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 75

19/04/2016 17:23


76 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

76. Chaises et fauteuils Fermob sur la terrasse du Bord-de-l’Eau, 2010.

L’accord des compétences Le jardin des Tuileries dépend de la direction du Patrimoine architectural et des jardins du musée du Louvre. Il bénéficie depuis 2014 d’une gestion unique, assurée par la sous-direction des Jardins. Celle-ci couvre les trente hectares du domaine national qui comprend quatre autres jardins (le Carrousel*, et, à l’est, l’Oratoire, l’Infante et Raffet), sans omettre le jardin du musée Eugène Delacroix. La pérennisation de ces jardins réunit plusieurs compétences, en horticulture et techniques (trois mille arbres, six mille mètres carrés de massifs fleuris et six bassins), conservation (plus de deux cents sculptures et vases) et conduite de travaux. Elle nécessite aussi une forte coordination en raison de la programmation d’événements culturels et de manifestations réguliers ou occasionnels. Pilotée par une ingénieure horticole, l’équipe en place dispose de compétences pluridisciplinaires. Elle associe une conservatrice du patrimoine, une conductrice d’opération et deux chefs de travaux d’art spécialisation « végétaux ». Cette pluridisciplinarité permet d’apporter des réponses adaptées et créatives. La conductrice d’opérations gère notamment les travaux d’entretien confiés à des entreprises extérieures, comme l’entretien des sols, tandis que la conservatrice du patrimoine fait appel à des restaurateurs de sculptures, étudie l’histoire du patrimoine statuaire ainsi que celle des jardins,

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 76

19/04/2016 17:23


L’AVENIR DU JARDIN

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 83

19/04/2016 17:23


84 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

83. Sophie Chivet (1962-), La manifestation « Jardins, jardin », juin 2011.

Une vision domaniale Géré jusqu’alors par le Centre des monuments nationaux, en commun avec le Palais-Royal, le jardin des Tuileries est confié en 2005 au musée du Louvre. L’avantage de cette décision est évident : le Louvre peut désormais fonctionner comme un domaine unique. À histoire commune, gestion unifiée. La direction du Louvre s’appuie alors sur les compétences de Nelly Tardivier. La spécialiste des jardins remarquables lance plusieurs chantiers, qui aboutissent rapidement : recréation d’une aire de jeu, en collaboration étroite avec la mairie du Ier arrondissement ; acquisition d’un parc de trois mille chaises, fauteuils et transats ; création d’une nouvelle signalétique ; remontage d’une arcade provenant du palais des Tuileries. La place de l’art contemporain est confortée dès 2006 par l’accueil de la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) hors les murs. Chaque année, en octobre, une vingtaine d’œuvres proposées par des galeries forment un parcours riche en surprises qui attire aux Tuileries un public renouvelé.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 84

19/04/2016 17:23


90 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

GLOSSAIRE Assiette (du jardin) Il s’agit du terrain naturel sur lequel un jardin est implanté, de son relief, avec ses pentes, ses accidents, ses défauts. Le travail d’un paysagiste est fondé sur l’étude de cette assiette et peut conduire à sa modification, en particulier grâce à des travaux de nivellement. Bosquet De l’italien boschetto, « petit bois ». Les bosquets constituent le couvert* d’un jardin régulier*. Formés d’arbres plantés et taillés de façon régulière, ils comportent le plus souvent une partie ou plusieurs parties à découvert, avec des statues, des jeux d’eau ou d’autres éléments décoratifs. Les plans des Tuileries, qui témoignent du travail de composition de Le Nôtre, révèlent la complexité de dessin des seize bosquets, complexité aujourd’hui perdue. Broderie (parterre de) Voir à « Parterre ». Carré (Grand) Le « Grand Carré », qui, aux Tuileries, correspond à la partie à découvert, avec ses platesbandes* fleuries, n’est pas à proprement un carré. En effet, au XVIIe siècle, l’adjectif « carré » ne qualifiait pas un rectangle dont tous les côtés sont égaux, mais s’appliquait à un carré, un rectangle ou un losange. Du latin quadratus, « qui a quatre angles ». Carrousel ( jardin du) Prononcer « ka-rou-zel ». Depuis la fin des années 1880, le jardin du Carrousel occupe l’ancienne cour d’honneur du palais des Tuileries. Il se situe entre les deux ailes du Louvre, celle de Marsan au nord et celle de Flore au sud. Il est fautif de parler de jardin des Tuileries

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 90

à propos du jardin du Carrousel : les deux sont bien distincts. Le mot « Carrousel » rappelle le souvenir d’une fête donnée par Louis XIV en 1662. Un tournoi y avait opposé des cavaliers magnifiquement vêtus, dont le roi lui-même. Aujourd’hui, le substantif « carrousel » désigne aussi un spectacle équestre ou un manège de chevaux de bois. Couvert Participe passé devenu adjectif ou substantif. Aux Tuileries, on parle du « Grand Couvert » pour désigner toute la partie médiane, qui est composée de seize bosquets*, par opposition au « Grand Carré* ». Un jardin régulier* comporte souvent une partie « à couvert », boisée, où les arbres apportent ombre et fraîcheur, tandis qu’une partie « à découvert » offre ses plates-bandes au soleil. Ha-ha ou Haha Ce curieux terme désigne un fossé profond, sans eau, qui marque la limite d’un jardin tout en le sécurisant. Il empêche les intrusions et permet au regard du promeneur de filer vers l’horizon, sans être arrêté par un mur de clôture. Un ha-ha ponctuel, limité à une partie du jardin, est aussi appelé « sautde-loup ». Palissade Une palissade de verdure forme une sorte de mur de verdure, grâce à des végétaux taillés de façon régulière. Elle peut habiller un mur, comme former à elle seule un mur de clôture. Au jardin des Tuileries, on peut admirer une palissade de verdure formée d’une charmille, au pied du pavillon de Marsan.

19/04/2016 17:23


92 AU JARDIN DES TUILERIES HIER ET AUJOURD’HUI GUIDE DU PROMENEUR

CHRONOLOGIE siècle

XVIe

1564 Création du palais et du jardin

des Tuileries pour Catherine de Médicis, veuve du roi Henri II. 1594 Henri IV restaure le jardin ravagé

par les guerres de Religion. _

XXe

siècle

1914 Classement des Tuileries au titre

des Monuments historiques. 1964 Le ministre de la Culture 1965

André Malraux fait installer des sculptures de Maillol au Carrousel.

1981 François Mitterrand, président

siècle

e

XVII

1664 André Le Nôtre redessine le jardin

pour Louis XIV et ouvre la perspective des Champs-Élysées. 1671 Le jardin achevé est accessible

à un public choisi. 1700 Mort de Le Nôtre aux Tuileries.

_ e

XVIII

siècle

1715 Mort de Louis XIV ; Louis XV

vit aux Tuileries, avant de revenir à Versailles en 1722. 1716 Installation des premières sculptures

en marbre. 1789 Le peuple ramène Louis XVI

et la famille royale aux Tuileries. 1793 Le jardin devient « national ».

1990 Rénovation par les paysagistes 1996

Pascal Cribier et Louis Benech ; Jacques Wirtz recrée le jardin du Carrousel.

1991 Le jardin des Tuileries est classé

au patrimoine mondial de l’Unesco, avec l’ensemble des « Rives de la Seine ». _ XXIe

siècle

2005 La gestion du jardin des Tuileries

est confiée au musée du Louvre. 2013 Approbation du schéma directeur

de restauration du jardin des Tuileries par la Commission nationale des Monuments historiques. 2015 Disparition de Pascal Cribier.

_ XIXe

de la République, annonce l’opération Grand Louvre et la rénovation des jardins.

siècle

2016 Achèvement du nouveau bosquet.

1801 Napoléon réside aux Tuileries

et transforme une partie du jardin. 1831 Louis-Philippe se réserve

des parterres au pied du palais. 1857 Napoléon III étend les jardins réservés. 1871 Incendie du palais des Tuileries

par les communards. 1882 Destruction des ruines du palais ; 1883

création du jardin du Carrousel.

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 92

19/04/2016 17:23


93

CHIFFRES CLÉS 1

17

ancien lieu de fabrication de tuiles

jardiniers

2 terrasses pour la promenade

3 stations de métro

4 cafés-restaurants

6 bassins

8 trampolines

10 t de déchets verts par an

12 entrées

14 escaliers

22,4 ha de terrain

189 corbeilles à déchets

213 statues et vases

555 m de longueur pour l’allée centrale

3 000 arbres

3 000 chaises

5 785 m2 de plates-bandes et massifs fleuris

20 000 bulbes plantés chaque année

15

14 000 000

petits voiliers

de visiteurs/promeneurs par an

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 93

19/04/2016 17:23


95

INFORMATIONS PRATIQUES Horaires d’ouverture De 7 h 30 à 19 h 30, du dernier dimanche de septembre au dernier samedi de mars De 7 h 00 à 21 h 00, du dernier dimanche de mars au dernier samedi de septembre De 7 h 00 à 23 h 00, les mois de juin, juillet et août

Visites gratuites Tous publics (à partir de 11 ans) les week-ends et jours fériés, du 1er avril au 1er novembre Départ à 15 h 30 de l’arc de triomphe du Carrousel Sous réserve d’annulation en cas d’aléas climatiques

Principaux événements au jardin « Rendez-vous aux jardins » et « Jardins, jardin » : 1er week-end de juin Journées européennes du patrimoine : 3e week-end de septembre Foire internationale d’art contemporain : 3e semaine d’octobre

Librairie des jardins (librairie-boutique spécialisée dans l’art des jardins) à la grille de la Concorde Ouverte tous les jours sauf le lundi de 10 h 00 à 19 h 00 Plus d’informations sur www.louvre.fr

Ligne 1, stations Concorde, Tuileries ou Palais-Royal – Musée du Louvre Ligne 7, station Pyramides ou Palais-Royal – Musée du Louvre Ligne 8, station Concorde Ligne 12, station Concorde Ligne 14, station Pyramides

Ligne C, arrêt Musée d’Orsay, puis emprunter la passerelle L.-S.-Senghor

Lignes 24, 48, 69 et 81

Vélib’ Au nord : 2 rue Cambon, 2 rue d’Alger, 5 rue de l’Échelle et 165 rue Saint-Honoré Au sud, rive gauche : quai Anatole-France, puis emprunter la passerelle L.-S.-Senghor et le quai Voltaire, puis emprunter le Pont-Royal

Autolib’ Au nord : 3 rue Saint-Roch, 12 et 15 rue des Pyramides Au sud, rive gauche : 5 rue de Bellechasse, puis emprunter la passerelle L.-S.-Senghor

AU_JARDIN_DES_TUILERIES_BILINGUE_FR_ENok.indd 95

Pour assurer la conservation des sols, des végétaux et des sculptures et par souci d’hygiène et de sécurité, il est interdit : – de circuler en monocycle et en deux-roues ; – de marcher et de s’asseoir sur les pelouses ; – de cueillir et détériorer les végétaux ; y compris par des pratiques sportives ; – de toucher les sculptures, de s’y agripper et de les escalader ; – de tracer des graffitis et des tags sur les sculptures, les murs, le mobilier et les arbres ; – d’amener des animaux de compagnie (sauf sur les terrasses des Feuillants et du Bord-de-l’Eau) ; – de nourrir les oiseaux ; – de déplacer les chaises hors de l’enceinte du jardin ; – d’abandonner tout objet sans surveillance. La sécurité et le civisme sont l’affaire de tous ! Le patrimoine est fragile. Préservons-le ! Les agents d’accueil et de surveillance sont à votre disposition pour toute information.

19/04/2016 17:23



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.