CHAILLOT, PALAIS DE LA DANSE. Du théâtre populaire à l’esplanade des Droits de l’homme (extrait)

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Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial Nicolas Neumann Responsable éditoriale Stéphanie Méséguer Coordination et suivi éditorial Sarah Houssin-Dreyfuss Conception graphique Nelly Riedel Contribution éditoriale Françoise Cordaro Fabrication Béatrice Bourgerie, Mélanie Le Gros Coéditions Véronique Balmelle Ouvrage coordonné et conçu par l’agence Les bâtisseurs de mémoire Direction éditoriale Emmanuelle Collignon Coordination éditoriale (textes et images) Caroline Latcher, assistée d’Élise Bach et Louise Denis Iconographie Fabrice Héron

Chaillot – Théâtre national de la Danse exprime sa profonde reconnaissance aux membres du théâtre qui ont donné de leur temps, connaissance et énergie, contribuant ainsi, de près ou de loin, à l’élaboration de l’ouvrage : Didier Deschamps, Réda Soufi, Benoît André, Bruno Duchemin, Christelle Glazaï, Agnès Chemama, Catherine Papeguay, Jarmo Penttila et Adam Wocjik. Nous adressons toute notre gratitude à tous les contributeurs du livre qui ont, par leur savoir et leur regard, participé à la création d’un ouvrage inédit et de qualité.

© Somogy éditions d’art, Paris, 2018 © Chaillot – Théâtre national de la Danse, Paris, 2018 ISBN : 978-2-7572-1387-2 Dépôt légal : septembre 2018 Imprimé en Union européenne

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Avec les regards de Jean-Yves Le Naour Anne Henriette Auffret Johann Chapoutot Philippe Decouflé Lilian Thuram Joël Huthwohl Philippe Torreton Jann Gallois Agnès Chemama Jack Lang Carolyn Carlson Laure Adler Angelin Preljocaj Yvan Gastaut Abd Al Malik José Montalvo Ohad Naharin

Avec les contributions de Frédéric Seitz Anne Décoret-Ahiha Isabelle Gournay Emmanuel Bréon Emmanuel Decaux Catherine Faivre-Zellner Jeanyves Guérin Rosita Boisseau Fabrice d’Almeida Marie-Christine Vernay Patrick Sourd Farid Abdelouahab Gilles Manceron Jean-Marie Durand Hugues Le Tanneur Agnès Izrine

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[Préface] Chaillot, carrefour de l’histoire Didier Deschamps

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[Introduction] Le génie du lieu

Pascal Ory

[Préambule] La colline de Chaillot

Frédéric Seitz

LES ORIGINES DE CHAILLOT « Le tour du monde en dansant » Les expositions universelles et coloniales

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Anne Décoret-Ahiha

Du Trocadéro à Chaillot Métamorphose d’un palais et évolution d’un site Isabelle Gournay

De la tragédie à la comédie, un décor d’exception Emmanuel Bréon

Le théâtre des Nations unies en 1948 Emmanuel Decaux

L’AVENTURE ARTISTIQUE Naissance du Théâtre national populaire

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Catherine Faivre-Zellner

Le Théâtre sur la colline de Chaillot Jeanyves Guérin

Chaillot trace la danse Rosita Boisseau

Les festivités à Chaillot Fabrice d’Almeida

LA LÉGENDE DE CHAILLOT Les directeurs de Chaillot

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Pascal Blanchard

Chaillot, palais de glace pour pieds zélés

Marie-Christine Vernay

L’éternelle forge d’un théâtre pour tous Patrick Sourd

L’invention du public à Chaillot

Farid Abdelouahab

DEMAIN CHAILLOT Le 6 juin 1985, la consécration du lien entre Chaillot et les droits de l’homme

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Gilles Manceron

Chaillot dans le monde, le monde à Chaillot

Jean-Marie Durand

Le Cantique des cantiques, chorégraphie d’Abou Lagraa, mise en scène de Mikaël Serre, Compagnie La Baraka [photographie de Dan Aucante, 2015], présentée au Théâtre national de Chaillot en 2016.

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Archives du futur Hugues Le Tanneur

La danse, pilote pour l’avenir

Agnès Izrine

LES ANNEXES

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DIT : “ SEULE UNE PERSONNE « KOYU, LE RELIGIEUX, DE COMPRÉHENSION RÉDUITE DÉSIRE

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ARRANGER LES CHOSES EN SÉRIES COMPLÈTES. C'EST L’INCOMPLÉTUDE QUI EST DÉSIRABLE. EN TOUT, MAUVAISE EST LA RÉGULARITÉ. DANS LES PALAIS D’AUTREFOIS, ON LAISSAIT TOUJOURS UN BÂTIMENT INACHEVÉ, OBLIGATOIREMENT. ”

DIE

»

Tsuredzure Guza par Yoshida No Kaneyoshi (XIVe siècle)

R D ES CHAM

PS

HAILLOT, CARREFOUR DE L’HISTOIRE Une série d’images, de faits historiques et d’événements divers, de noms plus ou moins prestigieux, surgissent de notre mémoire lorsque l’on évoque Chaillot. Selon que l’on s’intéresse plutôt à l’architecture et aux décors, à la politique ou bien à l’histoire du spectacle, un récit différent s’élabore. L’histoire du Théâtre de Chaillot est si riche et singulière, qu’elle a déjà fait l’objet de différents écrits, chacun s’attachant à une thématique, à un seul aspect de cette institution éclatante et complexe. Ces ouvrages antérieurs de grande valeur méritent d’être redécouverts. Cependant, outre qu’ils ne rendent évidemment pas compte des évolutions plus récentes, aucun d’eux n’avait pour sujet de traiter et d’articuler les différents récits, les différentes histoires et légendes de Chaillot. Le présent livre ambitionne, justement, de raviver des mémoires, d’en saisir les incidences réciproques d’une thématique à l’autre, d’en saisir les enjeux. Connaître et comprendre les problématiques et contextes géopolitiques, sociaux, culturels et artistiques qui ont animé une série d’actes fondateurs ; mesurer le poids d’aléas factuels qui déterminent choix et stratégies, permettent d’évaluer les enjeux contemporains et de projeter ceux du futur. Cet ouvrage n’est pas celui d’un seul auteur mais, tout au contraire, le fruit d’une multiplicité de regards, d’analyses et de points de vue. Il invite à une lecture très libre, en continuité ou dans un

riche désordre thématique. Le choix des sujets, quoique très large, et leur approche singulière par chacun des auteurs ne visent ni à l’exhaustivité des faits, ni même à établir et respecter un récit « équilibré ». Il est possible que l’amoureux de la discipline théâtrale juge ainsi que la place qui lui est accordée ne rende pas justice à l’importance historique réelle et incontestée des protagonistes du Théâtre populaire, du Théâtre de service public, de l’« Art élitaire pour tous » ; ni de la foisonnante, magnifique et mémorable création de nombreux spectacles, expression du génie des différents directeurs et de leurs invités qui incarnent chacun, tels Firmin Gémier, Jean Vilar, Antoine Vitez, Jérôme Savary… la légende de Chaillot. Mais justement, ces récits tiennent déjà belle place aux rayons des bibliothèques et des librairies. À l’inverse, il est frappant de constater que la plupart des livres écrits sur le Théâtre de Chaillot évacuent quasiment, et proprement, toutes traces relatives à la danse qui n’a pourtant jamais été absente de Chaillot et de son environnement. Est-ce un défaut de culture, une myopie plus ou moins méprisante pour l’expression du corps, un déni de l’histoire motivé par des considérations de pouvoir, de sottes notions de hiérarchie entre les disciplines artistiques ? Il n’y a pas dans cet ouvrage de thèse particulière sur ce sujet par ailleurs important. En revanche, une place significative est

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donnée à la mémoire de la danse et il était grand temps ! Non seulement car c’est rendre justice aux artistes immenses dont les espaces résonnent de multiples manières, mais aussi aux directeurs qui lui ont ouvert les portes du théâtre. La relation si forte qui unit Jean Vilar à Maurice Béjart illustre à lui seul ce propos. L’accent mis sur la danse permet également de comprendre pourquoi le Théâtre de Chaillot est, depuis la saison 2016-2017, devenu le Théâtre national de la Danse. Cette spécification cherche non seulement à accompagner le développement de cet art si créatif et divers, mais aussi à poursuivre la formidable aventure initiée en 1920 par Firmin Gémier avec la création du Théâtre national populaire, institution incarnant la volonté de placer la création artistique au plus haut niveau pour le bénéfice des publics les plus larges possible.

L’objet d’une partie de cet ouvrage est de rappeler, aussi, les valeurs essentielles à toute démocratie ; valeurs de liberté et d’égalité inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’homme qui fut signée et proclamée à Chaillot le 10 décembre 1948. Cette formidable aventure qui associe de façon consubstantielle création et actions en direction, au bénéfice des publics, a toujours été et est le travail remarquable de toutes les équipes du théâtre qui mettent en œuvre et amplifient le projet des différentes directions. Je crois fortement en la valeur et la force d’une communauté de travail lorsque celle-ci se rassemble autour de principes, d’éthique et de sens qui ne parviennent à se déployer valablement et durablement que s’ils sont le fait d’un engagement collectif. Merci à toutes ces belles personnes qui accomplissent au quotidien l’œuvre de Chaillot.

Last Work, chorégraphie d’Ohad Naharin, Batsheva Dance Company [photographie de Gadi Dagon, 2016], présentée à Chaillot – Théâtre national de la Danse en 2017.

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REGARDS…

Palais du Trocadéro depuis les jardins. Exposition universelle, épreuve sur papier albuminé de Neurdein Frères, 1878.

Anne Henriette Auffret Johann Chapoutot Philippe Decouflé Lilian Thuram

« LE TOUR DU MONDE EN DANSANT » LES EXPOSITIONS UNIVERSELLES ET COLONIALES DU TROCADÉRO À CHAILLOT MÉTAMORPHOSE D’UN PALAIS ET ÉVOLUTION D’UN SITE

Isabelle Gournay

DE LA TRAGÉDIE À LA COMÉDIE, UN DÉCOR D’EXCEPTION

Emmanuel Bréon

LE THÉÂTRE DES NATIONS UNIES EN 1948

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Anne Décoret-Ahiha

Emmanuel Decaux

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ISABELLE GOURNAY

U TROCADÉRO À CHAILLOT MÉTAMORPHOSE D’UN PALAIS ET ÉVOLUTION D’UN SITE Établir un « parti » clair et logique que l’architecte traduira en plans, façades et volumes : c’est cette méthode, apprise en concourant à l’École des beauxarts, que Jacques Carlu, Louis-Hippolyte Boileau et Léon Azéma (selon l’ordre officiel de l’époque) mettent en pratique au Palais de Chaillot, bâtiment phare de

l’Exposition internationale de 1937. Leur parti consiste à démolir la salle des fêtes conçue par Gabriel Davioud et Jules Bourdais pour l’Exposition universelle de 1878, et à lui substituer un théâtre moderne semienterré, surmonté d’un parvis de cinquante-cinq mètres de large ouvert sur le Champ-de-Mars. Cette brèche au cœur d’un bâtiment accusé de tous les défauts, tant pratiques qu’esthétiques, s’accompagne d’un second geste architectural de grande envergure : le dédoublement côté Seine des ailes courbes à usage muséal et leur enveloppement dans une immense nappe de pierre claire. Les surfaces utiles passent de 16 548 à 48 168 mètres carrés 1. Magnifique spectacle – qu’immortalise Albert Decaris (condisciple de Jacques Carlu à la Villa Médicis) dans une série de gravures dignes de Piranèse – que ce chantier, pourtant conduit à la hâte dans un climat politique et social très tendu !

Exposition internationale. Paris 1937. Arts et Techniques, affiche signée Jean Carlu, 1937. Ouvriers en grève sur le chantier de l’Exposition internationale de 1937 [esplanade du Trocadéro], photographie, 1936.

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EMMANUEL BRÉON

E LA TRAGÉDIE À LA COMÉDIE, UN DÉCOR D’EXCEPTION Le 28 juin 1940, à six heures du matin, le chancelier allemand Adolf Hitler, l’architecte Albert Speer et le sculpteur Arno Breker foulent de leurs bottes l’esplanade du tout récent Palais de Chaillot. Savent-ils que sous leurs pieds se trouve un décor d’exception, celui d’un théâtre dont les merveilleuses

« Loterie Nationale. Palais du Trocadéro », publicité dans L’Illustration d’après une photographie de l’agence Keystone, 1938.

La Musique [sculpture en plâtre d’Albert Marque, c. 1937] au Palais de Chaillot, photographie de Yoann Fitoussi, 2016.

fresques évoquent, entre autres sujets, La Tragédie ? L’une d’entre elles, La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux, a un goût de sang. Son auteur est le peintre Louis Billotey. Blessé et prisonnier lors de la Première Guerre mondiale, l’artiste, désespéré, se suicide quatorze jours plus tôt en apprenant, dans son atelier de la rue Raynouard, l’entrée des Allemands dans Paris 1. À peine vingt ans de paix relative et le cauchemar recommence. En réalité, les envahisseurs n’ont que faire de ce qu’ils voient et ne restent que deux minutes sur place. À huit heures, sanglés dans leurs uniformes, ils sont déjà dans leur avion pour Berlin après avoir entr’aperçu les Invalides, le Panthéon, Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, le Louvre, la place Vendôme, l’Opéra, Pigalle et le Sacré-Cœur. Autrement dit, ils n’ont rien vu ni ressenti, si ce n’est l’hostilité sourde d’une ville en partie désertée. LES CONCEPTEURS DU PALAIS DE 1937 Ces minutes de 1940, que l’on peut qualifier de profanatoires, filmées et rediffusées à l’envi, à l’époque et encore aujourd’hui, jettent une ombre non méritée sur le Palais de Chaillot qui a été conçu comme une œuvre de culture et de paix. Il est bon de le rappeler, ses concepteurs de 1937 ont connu des destins tragiques : Jacques Carlu, son architecte s’exile avec son épouse Natacha Pecker aux États-Unis ; Georges Huisman, directeur des

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REGARDS…

Hamlet de Shakespeare, mise en scène d’Antoine Vitez [Théâtre national de Chaillot], photographie de Brigitte Enguerand, 1983.

Joël Huthwohl Philippe Torreton Jann Gallois Agnès Chemama

NAISSANCE DU THÉÂTRE NATIONAL POPULAIRE LE THÉÂTRE SUR LA COLLINE DE CHAILLOT CHAILLOT TRACE LA DANSE LES FESTIVITÉS À CHAILLOT

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Catherine Faivre-Zellner Jeanyves Guérin Rosita Boisseau Fabrice d’Almeida

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CATHERINE FAIVRE-ZELLNER

AISSANCE DU THÉÂTRE NATIONAL POPULAIRE Le 11 novembre 1920, le Palais du Trocadéro accueille le premier spectacle du Théâtre national populaire, fondé au printemps de cette même année, sous l’impulsion du député Pierre Rameil, rapporteur du budget des Beaux-Arts. Après la Comédie-Française, l’Opéra, l’Odéon et l’OpéraComique, le Théâtre national populaire devient la cinquième scène nationale. Nommé par l’État, Firmin Gémier en est le premier directeur. Acteur renommé, metteur en scène audacieux et directeur de théâtre prospère, Firmin Gémier milite depuis vingt ans pour la fondation d’un Théâtre national populaire. Avec un groupe d’intellectuels, d’hommes politiques et de syndicalistes qui le soutiennent, c’est l’aboutissement d’un long combat gagné au prix de compromis qui entraveront le fonctionnement idéal de la structure. Le théâtre se construit sur des malentendus entre son directeur et l’État. Son implantation au Trocadéro et son spectacle inaugural en sont l’illustration.

Théâtre national populaire. Palais du Trocadéro, dessin de couverture du programme de la saison 1926-1927 signé Paul Heuzé, 1925.

UN THÉÂTRE POUR LES CLASSES POPULAIRES ? Lorsqu’on annonce l’implantation du Théâtre national populaire au Palais du Trocadéro, le monde du spectacle désapprouve vivement. Certains par dégoût du palais mauresco-byzantin de Gabriel Davioud et Jules Bourdais, « kolossal et grotesque kiosque 1 » qui « dresse toujours vers le ciel ses deux moignons désaffectés 2 ». D’autres, en raison de sa situation dans la ville : pour le secrétaire de la Fédération du spectacle « cette grande église laïque 3 » n’est pas appropriée et il prédit un échec certain à un théâtre populaire trop éloigné des quartiers ouvriers. Pour l’État, le théâtre populaire s’adresse aux classes laborieuses. Il a vocation prophylactique et pédagogique : il doit les détourner du café-chantant où elles se pervertissent et leur enseigner la beauté par des spectacles mis à la portée des petites bourses. Le Palais du Trocadéro remplit déjà cette fonction. Avant la Grande Guerre, on y donne des « auditions populaires », des « lundis populaires », des « matinées populaires », c’est-à-dire des spectacles à tarif réduit, voire gratuits, pour les enfants des écoles. L’orchestre de Victor Charpentier y joue La Damnation de Faust. Sarah Bernhardt et sa troupe y ont présenté Phèdre et La Samaritaine. En 1910, l’Opéra-Comique reçoit l’obligation d’y donner six représentations populaires annuelles dans un but

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RO S I TA B I S S E A U O

HAILLOT TRACE LA DANSE

Vue sur les marches no 1, chorégraphie de Trisha Brown [Théâtre national de Chaillot], photogrammes extraits du programme vidéo, 2011.

Maurice Béjart, couverture du journal du Théâtre National Populaire Bref, 1969 [décembre].

Commençons par le… premier palier. Au milieu du grand escalier de Chaillot, face au vestiaire, une sculpture, L’Âme et la Danse, d’Armel Beaufils, semble veiller sur le flot des spectateurs. Haute de trois mètres, en terre, elle met en scène deux femmes nues dans une pose insolite. L’une, tranquillement debout, avec le bras droit replié, regarde l’autre courbée en deux, la tête en biais comme alourdie par sa masse de cheveux. Deux interprètes des Ballets russes ont posé pour cette œuvre installée à Chaillot en 1937, disparue en 1964 avant d’y revenir en 2017. Ce duo plane sur le rush ambiant et capte l’œil au point de s’immobiliser illico devant. Frappé, hypnotisé, curieusement sous le charme, on scrute le regard de ces héroïnes, on se glisse dans leurs lignes antagonistes, verticalité d’un côté et torsion du corps de l’autre, dont la nudité sereine ouvre un faisceau de scenarii.

Ce pas de deux enclenche une rêverie vigoureuse qui fait accélérer la descente de cet escalier imposant plus fluide à dévaler qu’à monter. Cet exercice, nombre d’artistes, dont les Américaines Trisha Brown 1 et « la presque Française » Carolyn Carlson, la Française Béatrice Massin et l’Espagnol Marcos Morau, l’ont enjambé avec élégance et agilité dans la série de vidéos intitulée Vue sur les marches, initiée en 2011 par Didier Deschamps, directeur de Chaillot. À la question « L’ai-je bien descendu ? », on entend presque à chaque fois les cris et les applaudissements qui fondent sur les performers lorsqu’ils passent la ligne d’arrivée. Cette collection, quasiment un manifeste sur le thème de la marche dans tous les sens du terme, signe l’identité de la danse à Chaillot : partout, dans tous les styles et à tous les temps.

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REGARDS…

Les Nuits, chorégraphie d’Angelin Preljocaj, Ballet Prejlocaj [photographie de Jean-Claude Carbonne, Grand Théâtre de Provence, 2013], présentée au Théâtre national de Chaillot en 2014.

Jack Lang Carolyn Carlson Laure Adler Angelin Preljocaj

LES DIRECTEURS DE CHAILLOT CHAILLOT, PALAIS DE GLACE POUR PIEDS ZÉLÉS L’ÉTERNELLE FORGE D’UN THÉÂTRE POUR TOUS L’INVENTION DU PUBLIC À CHAILLOT

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Pascal Blanchard Marie-Christine Vernay Patrick Sourd Farid Abdelouahab

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M

AR I E- C Y NA H RI STI N E VER

HAILLOT, PALAIS DE GLACE POUR PIEDS ZÉLÉS

Surdimensionné pour la taille des humains, le Théâtre national de Chaillot, aujourd’hui Chaillot – Théâtre national de la Danse, se protégeant de la luminosité de la tour Eiffel qui lui fait effrontément des clins d’œil, a toujours été un défi pour les danseurs. Allez savoir pourquoi ils l’ont relevé à plusieurs reprises, et le monde du théâtre s’est obstiné à la conserver. Peut-être parce qu’un petit pas de côté suffisait à faire vaciller l’édifice souvent qualifié de mussolinien.

Femme... Femmes !, de et avec Hélène Delavault, mise en place de Jean-Claude Gallotta, affiche du spectacle signée Michal Batory, 2003. Yan Brian, Jorge Donn et Laura Proenca dans Messe pour le temps présent, chorégraphie de Maurice Béjart [Théâtre national populaire], photographie, 1967.

Peut-être parce que la danse a le besoin fou de changer les lois de la gravité. Peut-être parce que les chorégraphes y voient une possible maison où habiter tous les espaces, de la grande salle Jean Vilar à la salle Firmin Gémier, du bar à l’escalier monumental. Lequel escalier a fait souffrir plus d’un spectateur fumeur qui, à l’entracte, devait monter les marches à toute allure pour s’en griller une avant de repartir dans l’autre sens pour regagner son fauteuil. Des petites jambes qui vont et viennent dans les longs couloirs, il y en a beaucoup pour « chauffer le sol » comme le disent les hip-hoppers, y compris celles du personnel. Les alentours du lieu et ses grandes avenues peu avenantes ne poussent guère à prolonger la soirée. Que diable la danse vient-elle faire dans cette galère ? Une fourberie pour piquer le bâtiment au théâtre ? Beaucoup l’ont pensé ainsi. Et le renoncement de Maurice Béjart à s’y installer avec son école en 1981, après bien des salamalecs et autres polémiques, n’a fait qu’empirer les prétendues animosités. Or, point de discorde véritable, car Jean Vilar invite pour la première fois un spectacle de danse au festival d’Avignon en 1967 et c’est le Ballet du XXe siècle – oui, nous n’étions pas encore au XXIe siècle – qui présente notamment son Boléro. Il aura fallu bien des intelligences pour que Chaillot devienne Théâtre national de la Danse. Ce qui va suivre n’est qu’une partie de tout ce que la danse a apporté et apporte à Chaillot, une parole subjective, donc une parole injuste.

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REGARDS… Yvan Gastaut Abd Al Malik José Montalvo Ohad Naharin

LE 6 JUIN 1985, LA CONSÉCRATION DU LIEN ENTRE CHAILLOT ET LES DROITS DE L’HOMME CHAILLOT DANS LE MONDE, LE MONDE À CHAILLOT ARCHIVES DU FUTUR LA DANSE, PILOTE POUR L’AVENIR

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D. Quixote, chorégraphie d’Andrés Marín, promotion de la troisième Biennale d’art flamenco [Chaillot – Théâtre national de la Danse], photographie de Benjamin Mengelle, 2017.

Gilles Manceron Jean-Marie Durand Hugues Le Tanneur Agnès Izrine

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J EA N

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IE DURA

ND

HAILLOT DANS LE MONDE, LE MONDE À CHAILLOT « Faire pour son époque le théâtre de son temps » ; la formule-manifeste de Jean Vilar, définissant dès les années 1950 le cadre et les missions du Théâtre National Populaire (TNP), a résisté aux années et aux effets d’usure auxquels une telle ambition pouvait se heurter. En cette fin des années 2010, Chaillot reste le théâtre de son temps puisque le monde le traverse. Puisqu’il abrite les travers du monde. Une telle continuité pouvait sembler insurmontable, car rien n’est plus délicat que d’être dans son époque, de plus difficile que d’être toujours de son temps, continuellement collé à son esprit, ajusté à ses attentes, fidèle à ses promesses, attentif à ses silences, à tout ce qui agite ses secrètes profondeurs et anime ses reliefs lumineux.

Comment inscrire pertinemment la présence d’un théâtre au cœur de la société, au moment où celle-ci se perd dans la confusion de l’Histoire ? À quel type de vérité un théâtre peut-il se raccrocher lorsque son époque se dit en partie soumise à un régime de postvérité ? Comment justifier sa fonction sociale au moment où les pratiques culturelles s’ouvrent à d’autres espaces que ceux de la scène ? Comment convaincre et fidéliser des publics distraits par l’hypertrophie du monde du spectacle, contaminés par les offres pléthoriques des divertissements à moindres frais ? Qu’est-ce qu’un théâtre a tout simplement à dire aujourd’hui à des publics, qui excède le seul motif de la distraction ? Leur rappeler seulement la puissance d’un patrimoine culturel dont il importe de réactiver la mémoire ? L’éclairer sur la voie possible d’une compréhension du présent par le biais des élans créateurs qui circulent dans le monde contemporain ? Faire vibrer l’histoire dans l’actualité ou rappeler à l’actualité ce qui procède en elle ?

Artifact, chorégraphie de William Forsythe, Ballet Royal de Flandre [Théâtre national de Chaillot], photographie de Johan Persson, 2011.

Songe d’une nuit d’ été de Shakespeare, mise en scène de Jérôme Savary, photomontage, 1990.

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HUGUES LE TANNEUR

RCHIVES DU FUTUR Noé, chorégraphie de Thierry Malandain, Malandain Ballet Biarritz [photographie d’Olivier Houeix et Yocom, Théâtre Victoria Eugenia, Saint-Sébastien, 2017], présentée à Chaillot – Théâtre national de la Danse en 2017.

Constellation, chorégraphie d’Alonzo King, Alonzo King LINES Ballet [photographie de RJ Muna à San Francisco, 2012], présentée à Chaillot – Théâtre national de la Danse en 2013.

Une série de documents datés de 2984 attribués à de mystérieux chercheurs 1 offre une perspective inattendue sur l’histoire passée et à venir du Théâtre national de la Danse. On en ignore l’origine. Parler de fuite serait exagéré. Même si d’aucuns ont mentionné de possibles « Nuevaleaks ». Cela tient à la fois du journal de bord et de notes éparpillées, évoquant d’une part un rapport relativement succinct, et de l’autre une étude approfondie, étayée par une multiplicité de sources et d’exemples. Enfin, ces écrits sont l’œuvre d’un groupe de chercheurs du département d’études transhistoriques de l’Institut Raphaël R. Kurzweil en référence au futurologue et ingénieur du début du XXIe siècle.

Une bonne partie du matériau en question a, semble-t-il, été rédigée lors du voyage retour vers la base de Nueva Tierra par la Mission Chaillot à bord de la navette spatiale Ville-de-Paris. Inutile de préciser que ces documents d’une richesse inouïe, mais dont une partie se révèle difficilement utilisable, dévoilent des horizons étonnants que l’on n’a pas fini d’explorer. Une apparente confusion dans les dates en complique cependant la lecture. Il semble parfois malaisé de déterminer la chronologie ; et il n’est pas rare qu’à un même événement soient assignées plusieurs dates. Il y aurait plusieurs raisons à cela. La première étant notre faible connaissance à ce jour du continuum transhistorique. La seconde, l’allusion récurrente faite par les auteurs à une mystérieuse panne située « quelque part entre 2030 et 1994 ». À en juger par cette remarque, il semblerait qu’une confusion entre passé et futur soit devenue courante – à moins que ne se chevauchent différents systèmes de datation. C’est vraisemblablement dans ce contexte qu’a été envisagée la Mission Chaillot. Son objet est multiple. D’une part, reconstituer à l’identique le Palais de Chaillot sur un site choisi à cet effet sur Nueva Tierra. D’autre part, exhumer tout ce qu’a pu représenter cette institution avec les notions exotiques qui gravitent autour de ce lieu, illustrées par des mots aussi variés que « spectacle vivant »,

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BIOGRAPHIES

Stop-Motion, chorégraphie de Sol Léon et Paul Lightfoot, Nederlands Dans Theater 1 [photographie de Rahi Rezvani, 2014], présentée à Chaillot – Théâtre national de la Danse en 2017.

BIBLIOGRAPHIE

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Silence(s), chorégraphie de Dominique Dupuy [Chaillot – Théâtre national de la Danse], photographie de Patrick Berger, 2017.

IOGRAPHIES

AVEC LES CONTRIBUTIONS DE PRÉFACE DIDIER DESCHAMPS Danseur, chorégraphe et pédagogue, il est directeur du Théâtre national de Chaillot depuis 2011. Il se forme à la danse à Lyon, auprès de Michel Hallet Eghayan, puis au Centre international de danse à Paris et au studio de Merce Cunningham à New York. Interprète dans des compagnies nationales et internationales, il crée sa propre compagnie et devient chorégraphe. Il se tourne également vers l’enseignement de la danse. Tout au long des années 1990, il œuvre, au sein de l’administration ministérielle, au développement de la nouvelle danse française. En 2000, il est nommé directeur du Centre chorégraphique national – Ballet de Lorraine, avant de prendre la direction de Chaillot, qui devient lors de la saison 2016-2017, Chaillot – Théâtre national de la Danse.

SOUS LA DIRECTION DE PASCAL ORY Historien, professeur émérite des universités, à l’Université Paris PanthéonSorbonne, il enseigne aussi à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et préside le Conseil permanent des écrivains. Il a publié une quarantaine d’ouvrages, dont Les Expositions universelles de Paris (Ramsay, 1982), 1889 : L’Expo (Complexe, 1989), Théâtre citoyen. Du Théâtre du Peuple au Théâtre du Soleil (Maison Jean Vilar, 1995), Le Palais de Chaillot (Cité de l’architecture et du patrimoine/Actes Sud, 2006), L’Entre-deux-Mai (19681981) (Alma, 2018 [1983]). PASCAL BLANCHARD Historien, chercheur au laboratoire Communication et Politique (Irisso UMR 7170, PSL Research University, Université Paris-Dauphine), il est spécialiste en histoire contemporaine, de l’histoire des immigrations et des colonisations. Il a notamment publié L’Invention de l’Orient (La Martinière, 2016) ; et codirigé The Colonial Legacy in France: Fracture, Rupture and Apartheid (Indiana University Press, 2017), Les Années 30. Et si l’ histoire recommençait ? et Les Années 50. Et si la guerre froide recommençait ? (La Martinière, 2017 et 2018). Il est également l’auteur de la série de films courts Artistes de France, diffusée sur France Télévisions en 2017.

FARID ABDELOUAHAB Historien d’art, écrivain et commissaire d’exposition, il est spécialiste de l’histoire de la photographie. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages notamment Anita Conti photographe (Revue noire, 1998), Muses. Elles ont conquis les cœurs (Arthaud, 2011) et coauteur de Les Années 50. Et si la guerre froide recommençait ? (La Martinière, 2018). FABRICE D’ALMEIDA Historien, il est professeur en histoire contemporaine à l’Université Panthéon-Assas, à l’Institut français de presse. Il a notamment publié La Vie mondaine sous le nazisme (Perrin, 2008), et Une histoire mondiale de la propagande de 1900 à nos jours (La Martinière, 2013). ROSITA BOISSEAU Journaliste et critique, elle est spécialiste de la danse. Elle travaille pour Le Monde et Télérama sur l’actualité de la danse, et a animé l’émission Spécial Danse sur France Culture. Elle a notamment copublié Panorama des ballets classiques et néoclassiques (Textuel, 2010) et Danse contemporaine (Nouvelles Éditions Scala, 2016). EMMANUEL BRÉON Historien d’art, spécialiste de l’Art déco, il a été directeur du musée des Années 30 qu’il a créé à Boulogne-Billancourt. Directeur du musée national de l’Orangerie des Tuileries, de 2008 à 2011, il est actuellement le chef du département des peintures à la Cité de l’architecture et du patrimoine au Palais de Chaillot. Il a notamment publié L’Art des années 30 (Somogy, 1996), 1925, quand l’Art déco séduit le monde (Norma, 2013), et Palais de Chaillot : Palais Art déco (Mare et Martin Arts, 2018). EMMANUEL DECAUX Agrégé de droit public, il est professeur émérite de l’Université PanthéonAssas. Il a publié de nombreux ouvrages sur le droit international public notamment un recueil des Grands Textes internationaux des droits de l’ homme (La Documentation française, 2016).

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ANNE DÉCORET-AHIHA Anthropologue, spécialiste des pratiques interculturelles de danse, elle est conférencière, formatrice et coach. Elle a conçu et anime les « Échauffements du spectateur © ». Contributrice pour numeridanse tv, elle a notamment publié Les Danses exotiques en France (1880-1940) (CND, 2004) et « L’exotique, l’ethnique et l’authentique. Regards et discours sur les danses d’ailleurs » dans la revue Civilisations (2005). JEAN-MARIE DURAND Journaliste spécialiste de la culture, il est rédacteur en chef adjoint des Inrockuptibles. Il participe également à l’émission Avis critique sur France Culture. Il a publié Le Cool dans nos veines (Robert Laffont, 2015) et 1977, année électrique (Robert Laffont, 2017). CATHERINE FAIVRE-ZELLNER Professeure des écoles, elle est spécialiste en études théâtrales. Auteure d’une thèse de doctorat sur Firmin Gémier, elle a notamment publié Firmin Gémier, héraut du théâtre populaire (Presses universitaires de Rennes, 2006) et Firmin Gémier (Actes Sud-Papiers, 2009). ISABELLE GOURNAY Architecte DPLG, détentrice d’un doctorat en histoire de l’art à l’Université de Yale, elle a enseigné à l’Université du Maryland et prépare un ouvrage sur l’impact des architectes de formation BeauxArts (dont Jacques Carlu) en Amérique du Nord. Elle a notamment publié Le Nouveau Trocadéro (Mardaga, 1985) et a codirigé Paris on the Potomac: French Influence on the Architecture and Art of Washington, D.C. (Ohio University Press, 2007).

FRÉDÉRIC SEITZ Professeur honoraire des universités, spécialiste de la ville et de l’architecture contemporaines, il est également architecte DPLG honoraire. Il a été chercheur au Centre de recherches historiques de l’EHESS et a dirigé les départements Génie des systèmes urbains et Technologie et Sciences de l’homme de l’UTC. Il a notamment publié Le Trocadéro. Les métamorphoses d’une colline de Paris (Belin, 2005) et Gustave Eiffel, le triomphe de l’ ingénieur (Armand Colin, 2014). PATRICK SOURD Journaliste et critique culturel (de théâtre, de danse et d’opéra), il est amené à collaborer aux Inrockuptibles depuis 2000. Il est coauteur de Clôture de l’amour mode d’emploi, une introduction à l’édition italienne de la pièce Clôture de l’amour de Pascal Rambert en 2013 (Emilia Romagna Teatro Fondazione, 2011) ; et de Peter pour Pina, ouvrage rassemblant les spectacles de Peter Pabst avec Pina Bausch (Tanztheater de Wuppertal, 2010). MARIE-CHRISTINE VERNAY Journaliste et critique, spécialiste de la danse contemporaine et du hiphop, elle est chroniqueuse pour Radio Bellevue Web. Elle a collaboré aux revues Danser et Les Saisons de la danse avant de créer la revue culturelle en ligne délibéré. Elle est l’auteure de Hip-Hop (Actes Sud, 2011).

JEANYVES GUÉRIN Professeur émérite à l’Université Sorbonne-Nouvelle et membre de l’UMR THALIM, il est spécialiste de la littérature française et du théâtre du XXe siècle. Il a notamment publié Le Dictionnaire des pièces de théâtre françaises du XXe siècle (Honoré Champion, 2005), Le Théâtre en France de 1914 à 1950 (Honoré Champion, 2018 [2007]) et Les Listes noires de 1944 (Presses Sorbonne Nouvelle, 2016). AGNÈS IZRINE Ancienne danseuse, journaliste et commissaire d’exposition, elle a créé le site web « Danser canal historique », dont elle est la rédactrice en chef après avoir été celle du magazine Danser. Elle est notamment l’auteure de La Danse dans tous ses états (L’Arche, 2002), et la commissaire de l’exposition Corps rebelles (musée des Confluences, 2016). HUGUES LE TANNEUR Journaliste et critique, spécialiste du théâtre, il a travaillé pour Aden, supplément du journal Le Monde et pour les Inrockuptibles, et collabore désormais à Libération. Il est l’auteur de nombreux articles notamment « “Kings of War”, rois et rênes » (Libération, janvier 2016) et d’une biographie du saxophoniste de jazz américain Charlie Parker (J’ai lu, 2001). GILLES MANCERON Historien, journaliste, il est spécialiste du colonialisme français. Il est membre du Comité central de la Ligue des droits de l’homme et a été le rédacteur en chef de la revue de la LDH Hommes & Libertés. Il a notamment coécrit Le Paris noir (Hazan, 2001) et a codirigé Jean Jaurès, vers l’anticolonialisme. Du colonialisme à l’universalisme (Les Petits Matins, 2015).

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AVEC LES REGARDS DE

LAURE ADLER

JOËL HUTHWOHL

Historienne, journaliste, essayiste, éditrice et productrice de télévision, elle prône une culture « engagée ». Elle est notamment la coauteure de Fracas et poétique du théâtre (Éditions universitaires d’Avignon, 2017) et a publié Dictionnaire intime des femmes (Stock, 2017).

Archiviste paléographe, historien du théâtre, il est directeur du département des Arts du spectacle à la BnF. Il a notamment publié Comédiens & costumes des Lumières (Bleu autour, 2011). Il a été commissaire général de l’exposition « Piaf » (BnF François Mitterrand, 2015) ; et co-commissaire des expositions « Carolyn Carlson, écriture du mouvement » (Maison Jean Vilar, 2014) et « Chaillot, une mémoire de la danse » (BnF François Mitterrand, 2018).

ABD AL MALIK

Rappeur, auteur-compositeur interprète, écrivain et réalisateur, il connaît le succès avec son album Gibraltar en 2006. Il est notamment l’auteur de Qu’Allah bénisse la France (Albin Michel, 2005) qu‘il adapte au cinéma en 2014, et de Camus, l’art de la révolte (Fayard, 2016). ANNE HENRIETTE AUFFRET

Doctorante en histoire de l’art à l’Université Panthéon-Sorbonne, elle rédige une thèse sur la peinture décorative aux Expositions universelles et internationales à Paris de 1878 à 1937.

JACK LANG

Ancien ministre de la Culture et de l’Éducation nationale (mandats 1981-1986, 1992-1993, 1988-1992, 2000-2002), passionné de théâtre, il a été directeur du Théâtre de Chaillot de 1972 à 1974, après avoir monté le festival de théâtre universitaire de Nancy. Depuis 2013, il est le président de l’Institut du monde arabe. Il a écrit de nombreux ouvrages, notamment Ouvrons les yeux ! La nouvelle bataille du patrimoine (HC Éditions, 2014).

CAROLYN CARLSON

Danseuse « nomade » dont l’œuvre a marqué l’histoire de la danse contemporaine, elle est récompensée par le premier Lion d’or décerné à un chorégraphe à la Biennale de Venise en 2006. De 2014 à 2016, elle est artiste associée au Théâtre national de Chaillot et y crée Now et le spectacle jeune public Seeds.

JEAN-YVES LE NAOUR

JOHANN CHAPOUTOT

JOSÉ MONTALVO

Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Sorbonne, il est spécialiste d’histoire du nazisme. Il a notamment publié Le Nazisme. Une idéologie en actes (La Documentation française, 2012), La Loi du sang (Gallimard, 2014), et La Révolution culturelle nazie (Gallimard, 2017).

Danseur, co-fondateur de la compagnie Montalvo-Hervieu en 1988, il a été directeur artistique du Théâtre de Chaillot. Il est artiste permanent à Chaillot – Théâtre national de la Danse depuis 2011. Il a notamment créé les spectacles Don Quichotte du Trocadéro en 2013, Y Olé ! en 2015, et Carmen(s) en 2018.

AGNÈS CHEMAMA

OHAD NAHARIN

Directrice du développement et des publics, et conseillère artistique jeune public de Chaillot – Théâtre national de la Danse, elle est membre de l’équipe depuis 1985. Initiatrice et accompagnatrice des programmes annexes de L’Art d’être spectateur, elle a notamment participé, en 2009, à la création de La Petite Université populaire de la danse.

Chorégraphe israélien au style incisif, directeur artistique de la Batsheva Dance Company depuis 1990, son travail a été récompensé par de nombreux prix et distinctions. En 2017, il a présenté à Chaillot – Théâtre national de la Danse, Last Work.

Docteur en histoire, il est spécialiste de la Grande Guerre. Il a notamment publié Les Soldats de la honte (Perrin, 2013), pour lequel il a reçu le prix du meilleur livre d’histoire en 2011, et Les Oubliés de l’Histoire (Flammarion, 2017).

ANGELIN PRELJOCAJ PHILIPPE DECOUFLÉ

Danseur contemporain et chorégraphe, il crée sa compagnie DCA en 1983. Reconnu pour son identité artistique affirmée, il multiplie les projets et succès à l’international. Grand habitué de la maison, il est nommé, en 2017, artiste associé à Chaillot – Théâtre de la Danse et y présente Nouvelles pièces courtes.

Danseur de formation classique, fondateur et directeur artistique du Ballet Preljocaj à la renommée internationale, il associe différentes disciplines à ses créations. En 2017, il présente Still Life, fusion de danse contemporaine et d’art pictural. LILIAN THURAM

Danseuse, fondatrice de la compagnie BurnOut, elle crée P=mg en 2012. En 2015, sa création Diagnostic F20.9 la consacre « Meilleur espoir de l’année ». Elle est nommée artiste associée à Chaillot – Théâtre national de la Danse en 2017.

Ancien footballeur international, il crée en 2008 la Fondation Lilian Thuram. Éducation contre le racisme. Engagé dans la lutte contre le racisme comme construction intellectuelle auprès des jeunes générations, il a notamment publié Mes étoiles noires. De Lucy à Barack Obama (Philippe Rey, 2010), et Manifeste pour l’ égalité (Autrement, 2012).

YVAN GASTAUT

PHILIPPE TORRETON

Historien, il est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Nice-Sophia Antipolis. Il a notamment publié Le Métissage par le foot. L’ intégration mais jusqu’où ? (Autrement, 2008), et coédité Allez la France. Football et immigration, histoires croisées (Gallimard/CNHI/Musée national du Sport, 2010).

Acteur formé au conservatoire d’art dramatique de Paris, il commence sa carrière au cinéma, développant aussi son art au théâtre et dans l’écriture. Il a notamment publié Petit Lexique amoureux du théâtre (Le Livre de Poche, 2011), et Nous qui sommes devenus le mauvais temps (Cherche midi, 2018).

JANN GALLOIS

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