REMERCIEMENTS ACKNOWLEDGEMENTS Laurence Izern Jacques Pulvermacher et la galerie Protée Patrick Grainville Thierry Dufrêne Gérard Bras
• John Goldsmith Cornelius Crowley John Goldsmith Jacques Fontana Patrick Bedout Stéphanie Caron
Ce catalogue a été réalisé à l’occasion de l’exposition Claudie Laks, œuvres récentes, Galerie Protée, Paris, novembre 2013, et de l’exposition Recouvrement, AGART, Amilly, octobre 2013.
© Somogy éditions d’art, Paris, 2013 Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Conception graphique : Ingrid Monchy Fabrication : Michel Brousset, Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros Contribution éditoriale : Anne-Claire Juramie, pour les textes en français Natasha Edwards, pour les textes en anglais Suivi éditorial : Christine Dodos-Ungerer www.somogy.fr ISBN 978-2-7572-0743-7 Dépôt légal : septembre 2013
Textes de Patrick Grainville, Thierry Dufrêne et Gérard Bras
Claudie Laks dans son atelier / Claudie Laks in her studio Sircilla 2013 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 198 x 169 cm
Claudie Laks, l’aventureuse, l’exploratrice du premier jour. Ulysse est une fille radicale dont l’Odyssée est un départ. Îles dans les lacis de la lumière. Sirènes de la couleur. Un cosmos sans origine ni fin tournoie sur son erre. La ligne invente ses labyrinthes, ses avatars perpétuels, ses nids de courbes, ses criques déliées, ses mouchetures de murène et ses essaims de corail. Fluide et tellurique Claudie. Les senteurs végétales de ses atolls. Ulysse n’a jamais eu envie de rentrer. Tout circule dans la clairière de Circé fille du soleil. Cette liberté est conscience. Voyage lucide. Une vision dans la peinture et dans la couleur aimante la course de Claudie Laks. Une grande écoute en alerte. Vigie, qui-vive, tous les courants, tous les rivages partout. Toutes les moirures des mirages. On a le sentiment d’une absence totale de calcul et de contrainte. Mais rien n’est plus périlleux, plus excitant que ce lâcher de la ligne. Libérer la ligne et la couleur sans rien céder de la clairvoyance. Sois souple, sois concentrée, légère, embusquée, vive, alarmée, profonde, ramassée et projetée, lapidaire en tes lassos, tes nœuds, tes tours. Le méandre ou la rupture découvrent la sensation. Les tourbillons partout. Totons ! Délivre ta nageoire et ton aile, vire, coupe, croise, creuse, rompt, lévite, pointe, recule, propulse. Épuise ta source intarissable. Toujours au bord du chaos. C’est là le volcan des forces et des voltes. Ne pas sombrer, mais virer, happer l’énergie formidable, s’éblouir du gouffre, voler, vivre autour de l’abysse. Hirondelle du précipice. Le prénom de Claudie déjà, la gutturale ailée, le cercle, la boucle et le trait qui dédie. Laks, lacets. Aronde qui bifurque sans cesse et trahit l’augure. Tirésias pourra interroger à jamais les entrailles de poulet, il ne présagera pas ton geste. Car tes couleurs de Sémiramis n’adviennent que dans les jardins du désir. Claudie Laks fait un saut dans le vide vivant, cette respiration qui la porte. Épouser l’énergie du monde. Où est le moi de Claudie dans ces péripéties
Astéria (détail) / (detail) 2012 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 200 x 172 cm
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nomades ? Moi couplé à l’avènement de la peinture, moi envolé dans la lumière, œil d’épervier. Fondre sur la trouvaille. Ce qui frappe, c’est la science du trait pur et de la couleur brute. Les nuances, les rapports merveilleux. Tout l’arc-en-ciel à foison, les mailles enchevêtrées à perdre la raison. L’Amazonie des couleurs au lendemain de la mousson. Les superpositions de la genèse, les terrassements successifs, l’étagement des rapidités, les effets de réverbération entre les couches de création. Approfondir, couvrir, révéler l’autre texture. Mille scènes naissent et se perdent dans la matière. Toutes ces triturations sans décoller de l’essence. Sans figurer. Sans abstraire ! Arabesques spontanées et volutes filantes, fouillis subtils mais sans rien d’orné ou de décoratif. Nulle ostentation, parade mais une prouesse pure qui se nourrit de ses anneaux, de ses fuseaux, de ses arceaux. Jeu des courants abyssaux, croisés, plongés, dansés jusqu’à la surface. Allers-retours des squales, des Léviathans de la couleur. Krill, fretin frétillant. Monstres entrevus, hybrides fantasques, « tropismes », comme Nathalie Sarraute les nommait, dans l’aquarium des arborescences, des matières. La vertigineuse serre de la peinture. La boucle le cède à la hachure. Canine de la couleur. Herse des rouges, des verts, des jaunes, des bleus, des noirs, des bruns. Alchimie de la couleur rimbaldienne oui. Primitive. Voyelles ! Adolescence sauvage. Animal de la couleur. Elle vous sautera dessus. Elle dévore. Joie carnassière. Décapée de toute culture, de toute civilisation. Sans laisse. Hérissée dans son herbe. Hachures de Cézanne dégondées de toute référence, de tout paysage, de tout fruit. Rien que la touche et l’enchanté circuit. Cette attaque vive et véloce du fauve qui médite à midi. Ne jamais abandonner le principe, la puissance de la source. L’effet du précipité actif.Toujours tenir le fil, la force. Toujours voir, toujours danser, chorégraphie sans livret. La vie c’est tout. Le voir. Le pouvoir de la couleur. Son vouloir ivre. Son gai savoir. « Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui. » Claudie risque.Toutes les possessions. La violence de la couleur, ses latences, même les gris, les cendrés, les blancs, l’évanescence « sans rien qui pèse ou qui pose ». La touche brute, instinctive, tenace. La bigarrure gaie, guerrière. Que la peinture est jolie ! Tous les calaos, les toucans de la couleur dans les rets, les crochets du geste féerique. L’euphorie de la jungle. Les voltes de la sarabande. La couleur sabre au clair jaillie de son humus, de son terreau étourdissant. Ses tactiques, ses intuitions. Son charivari pensé. La couleur héroïque et pionnière. L’angoisse luxuriante.Vertige !
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Astéria 2012 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 200 x 172 cm
Août 1 2010 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 200 x 193 cm Août 2 2010 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 200 x 193 cm
L’amazone emballée… Vrille ! Bariole ! Carambole ! Orchestre la cadence des nuances et des stridences. Ose saturer sans sombrer. Un beau chaos est l’harmonie de l’excès. Le comble de l’art pour les vrais affamés, les effrénés de la beauté. Alors explose la grande joie baroque. Celle de l’extase. Il faut des mots qui éclatent le monde. … Ou bien des tons plus tendres, plus suaves. L’intime, les secrets écheveaux d’un visage en pelote évanouie, d’un paysage dilué, d’une histoire brouillée. « Fourbis », « biffures », comme disait Leiris, marelles du subconscient de la peinture… Une autre scène survient plus onirique, plus estompée. Car la couleur a ses fantômes et ses miroirs, ses revenants sans cri, ses nostalgies exquises. Ses jardins frais et ses fleurs
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Granada 2011 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 190 x 149 cm Orion 2010 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 190 x 160 cm
de l’ailleurs.Tout est possible, rien n’est tabou au paradis des commencements.Tous les levers de la couleur, tous ses couchers, tous ses états migratoires, imaginaires. Sa transe et son évanouissement. Ses opéras et ses coulisses. Ses au-delàs, ses parousies. Ses profondeurs enfouies, ses réminiscences des fonds, ses féeries frontales. Ses
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enlisements de marécage en fleurs. Ses immenses mangroves macérées, irisées de nuances. Ses reflets de Vivonne proustienne. Son camaïeu de catleyas. Ses débauches accélérées ou bien ses ébauches presque enfantines. Son crayonnage qu’on croirait naïf. Son bâton de couleur. La grande anarchie avide, la bacchanale cosmique ou le presque rien. Mais qui donne la totalité ? Le simple trait ou le tout saturé ? La couleur a ses outrances royales, son gaspillage de Sardanapale et ses anges qui passent.
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Orage de juillet 2009 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 190 x 176 cm Collection privée / Private collection Daphné 2011 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 157 x 128 cm Collection privée / Private collection
Chloé 2011 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 190 x 149 cm Collection privée / Private collection Persane 2010 Acrylique et huile sur toile / acrylic and oil on canvas 196 x 168 cm Collection privée / Private collection
Claudie Laks passe toujours. C’est une orgie et une ascèse. En fait, on peut aussi bien dire que rien n’est permis pour que l’autre liberté naisse. Qu’éclate l’impossible jouvence. L’originelle palette. L’habit de lumière de la matière. J’ignore pourquoi, à mes yeux, Claudie Laks n’est pas un peintre abstrait. Ses tableaux ne me donnent jamais une sensation d’abstraction. Ils me prodiguent
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des liaisons et des syncopes de sensations pures. Ce n’est pas non plus un peintre abstrait-lyrique, car il y a chez elle quelque chose de plus radical, de plus primitif. Mais elle n’est pas non plus un peintre brut car elle est conscience accomplie, intuition aiguë de la peinture. On parle beaucoup de gribouillage avec elle. Mais rien pourtant qui relèverait à vrai dire du naturel enfantin, du borborygme ingénu, primaire, d’une maladresse organique, charmante et en devenir. Alors ? Si l’on veut à tout prix un qualificatif toujours imparfait, Claudie Laks est un peintre originaire. Une belle folie de peintre. La couleur est une herbe folle. Envahissante, captivante, fourmillante. Claudie Laks ou l’orchestration du chiendent. La peinture, c’est l’extrême, l’amour fou. Claudie Laks déchaîne les délires lucides des couleurs. Partir. Ulysse ou Jason, sans s’attacher au mât. Traverser les isthmes, les séismes. Sourire aux sirènes. Tous ces cratères de la couleur prodigués sur la mer en son mortel chatoiement. Trouver. Larguer tout bagage pour aviver le vol, alléger l’invention, parvenir à la vue, à la vigilance extrême. Claudie Laks avance dans l’atelier, recule, tourne, attend, veille, guette, surprend. La peinture est athlétique. Façon Artaud désignant l’acteur, « cet athlète du cœur », et des souffles. Le tableau consume son ouvrière dans l’affrontement spatial. Claudie, abeille infatigable, reine des distances et des corolles inouïes. Chercher le tracé, trouver l’angle, le pigment, l’or, ouvrir la solution colorée dans la nasse de l’œuvre. La devinette se tait. Il faut décacheter le message des sens et des dieux. Nectar !... Entendre l’espace, le temps, la rumeur de tous les possibles. Le formidable bruit du chaos vous chavire. La séduction c’est lui ! Disparaître dans un grouillement. Volupté terrible du naufrage. Pulsion de vie et de mort fondues. Alors, tenir la barre sur l’hélice du maelström béant. L’atelier est un ring à perdre haleine. Une arène de Leiris campant son artiste tauromachique ! Errer. Choisir. Un créateur sent tout à coup la direction. Il y est ! Il est porté, transporté. Passer sans cils ni paupières. Filer. Apparaître. À chaque instant le pari, la foudre, la fée. Sur le fil. À la pointe du diamant. Danser. Brûler bacchante ! Rayer, griffonner, en tous sens, de ses patins de vair la piste immaculée. Voir au travers du grimoire des forces et des gestes. Sonder l’incroyable roncier printanier. Cela monte, oui, des mille épines de couleur. C’est là ! Quelle plénitude soudaine ? Non pas la fleur « absente de tous bouquets » de Mallarmé mais l’aubépine multicolore de l’œuvre épanouie. Incandescence. Étoile de la couleur. Vénus du matin. Mille fleurs. Milliards de signes sédimentés. Palimpseste criblé de géantes rouges et de naines blanches.
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Archipels 2009 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 170 x 147 cm
Entrelacs de comètes. Chorégraphie, constellations, prairies. Ô ces lointains BigBang ! Ces échos emmêlés de gestes originaires dans la fraîcheur du matin criant. La ballerine se lance, bergère des firmaments et des forêts, la saillie de son aile. Le feu, le bel, le vivace… La houlette de la peinture vierge. C’est aujourd’hui toujours. C’est aujourd’hui sauvage.
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Claudie Laks, the explorer, out at first light. Ulysses cast as a feminist casting off from the Odyssey. Islands in the crossing lights, and sirens of bright color. A cosmos with no beginning and no end still idling, still spinning. The line invents its labyrinths, its perpetual avatar, its nest of curves, meandering creeks, its speckling of moray, its swarms of coral. Fluid and grounded Claudie. The scent of plants of her atolls. Ulysses has never wanted to go back home. Everything goes round in the clearing of Circe, the daughter of the Sun. This freedom is consciousness. The trip is wide, wide awake. A vision in painting and in color that magnetizes Claudie Laks’s trajectory. Watching out—listening. Vigilent. Let’s listen, let’s wait, all the currents, all the coasts, everywhere. All the iridescences of the mirages. You have the feeling that there is simply no calculation; no constraint. But nothing is more dangerous, more exciting than just to let go of the line. To free the line and the color without giving up any of the clairvoyance. Be flexible, concentrate, light, hide yourself, alert, on the lookout, deep, gathered in and projected out, curt in your cords, your knots, your turns. Meandering or rupture uncovers the feeling. Whirling eddies everywhere. A spinning top! Free your fin and your wing, turn, cut, cross, dig, break, hang in the air, show yourself, back out, hurl yourself forward. Exhaust your inexhaustibility. Always right at the edge of chaos. Here is the volcano of forces and voltes. Not to sink, but to turn, to grab that great energy, to be dazzled by the void, fly, live around the abyss. Swallow flying by the edge. Claudie’s first name, the wingèd gutteral, the circle, the loop, and the stroke that dedicates. Laks, laces. A swallow that forks again and again and betrays the omen. Tiresias can read the hen’s entrails as long as he wants, he will never guess your next gesture. Because your colors of Semiramis only appear in the gardens of desire. Claudie Laks takes a leap into the vivid void, this breath that carries her. Adopt the energy of the world. Where is Claudie’s ego in these nomadic wanderings?
L’Irlandaise (détail) / (detail) 2013 Acrylique et huile sur toile / acrylic and oil on canvas 198 x 183 cm
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The ego tied to the appearance of painting, ego taking off in the light, eye of a sparrowhawk. Swoop down on what it finds. What is striking is the science of the raw stroke and the pure color.The nuances, the marvelous connections. The whole incredible rainbow, the links upon links upon links upon links. The vast Amazon of colors after the monsoon. The superpositions of the genesis, the excavations one after another, the scale of the quickness of the strokes, the reverberations between the layers of creation. Go deep, cover up, reveal the other texture. A thousand scenes are born and are lost in the material. All these effects without ever leaving the essence. Without depiction. Without abstraction! Spontaneous arabesques and shooting volutes, subtle scribble but with nothing ornate or decorative. Nothing ostentatious, nothing showy but then there it is, emerging from its rings, its spindles, its arches. The dynamics of streams flowing from the abysses, crossing each other, plunging, danced up to the surface. To the squalls, there and back, to the Leviathans of colors. Krill, small fry wriggling. Monsters glimpsed, fantastic combinations, “tropisms,” as Nathalie Sarraute calls them, in the aquarium of arborations and materials. The dizzying hothouse of painting. Looping gives in to crosshatching. A colored canine. Harrow of reds, of greens, of yellows, of blues, of blacks, of browns. An alchemy of Rimbaud’s colors, yes. Primitive. Vowels! Wild adolescence. An animal of color. It will jump on you. It devours. The joy of devouring meat. All culture, all civilization scraped off. Off its leash. Bristled in the brush. Cézanne's hatchings but removed from all reference, all landscape, everything. Just touch, and the enchanted circuit. This swift and nimble attack of the wildcat who is musing at noon. Never to abandon the principle, the power of the source. The effect of the active precipitate. Always hold on to the thread. Still see, still dance, choreography without a score to dance from. Life, and that’s all. Seeing. The power of color. Its own wildly intense will. Its happy science. “The virginal, strong, and handsome today.” Claudie risks. All that she possesses. The violence of color, its latencies, even gray, ashes, whites, the evanescence. “Dissolving in air, weightless as air.” The raw touch, instinctive, relentless. Variegation, light or ready for war. Oh! What a lovely painting! These hornbills, these toucans caught in the nets, hooks of a fairy’s wave. The euphoria of the jungle.The volte of a sarabande.The color of a sword that is drawn suddenly coming forth from its humus, of its stunning compost. Its tactics, its intuitions. Its carefully considered chaos. Heroic and pioneer color. Lush anxiety. Dizzy! The Amazon carried off… Spin, twist, let the colors explode! Pedal to the floor! Orchestrate the cadence of the nuances
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L’Irlandaise 2013 Acrylique et huile sur toile / acrylic and oil on canvas 198 x 183 cm
and the stridencies. Dare to go all the way without capsizing. A beautiful chaos is the harmony of the exorbitant. All the art that you could want for those that are hungering, frantically seeking beauty. And so the great baroque joy. That of ecstasy. Wanted: words to make the whole world explode. …or else more tender tones, smoother. The intimate, the tangled secrets of a face all wound up and faded out, of a diluted countryside, of a scrambled story. Just stuff, scratchings, as Leiris said, hopscotch of the subconscious of painting… Another scene arises, more dreamlike and faded. Because color has its phantoms and its mirrors, its spirits without a cry, its exquisite nostalgias. Its cool gardens and its flowers from the other side. Anything is possible, nothing is taboo in the paradise of beginnings. All of color’s dawns, all of its sunsets, all of its migrations inbetween, in imagination. Its trance and its fainting. Its operas and what is in the wings. Its beyonds and divine messages. Its buried depths, its reminiscences of the depths, its frontal enchantments. Its sinking marshlands covered in flowers. Its immense mangrove swamps steeped, glowing with nuances. Its reflections of a Proustian Vivonne. Its monochrome of cattleyas. Its speededup profusion of color or its childlike sketchings. Its wand of color. The great, insatiable anarchy, the cosmic bacchanalia or the almost nothing. But who gives the totality? The simple line or the saturated whole? Color has its royal extravagance, its wastefulness, like Saradanapalus, and the angel that might pass. Claudie Laks always passes. A riot of colors and an ascetic. Indeed, we could also say that nothing is permitted so that the other freedom is born. Let the impossible youthfulness explode. The original palette. “A suit of lights” made of matter. I do not know why Claudie Laks is not, as I see it, an abstract painter. Her paintings never give me a feeling of abstraction. They fill me with liaisons and syncopes of pure sensation. Nor is she an abstract-lyrical painter, because there is something more radical, more primitive in her work. But she is not simply a painter because she is totally conscious, a heightened intuition of painting. We often use the term “doodling” or “scribbling” in connection with her work. But nothing of the sort we would associate with a child, nothing naive, elementary, clumsy, charming, or evolving. So? If we absolutely need to affix a (necessarily imperfect) label, Claudie Laks is an original painter. A beautiful madness of painting. Color is some crazy weed. Taking over, captivating, abundant. Claudie Laks or the orchestration of the dandelions. Painting is the extreme, crazy love. Claudie Laks releases the lucid dreams of colors.
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Stridulles 2013 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 98 x 155 cm Collection privée / Private collection
Ostinato 2012 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 200 x 175 cm Hannabi 2013 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 203 x 173 cm
To leave. Ulysses or Jason, but not tied to the mast. Go through the isthmuses, the earthquakes. Smile at the sirens. All of the craters of color lavished on the sea in its lethal shimmering. To find. Toss off all the bags to fly higher, to lighten the invention, to arrive, to be totally there in the moment. Claudie Laks advances in her studio, steps back, turns, waits, watches, waits again,
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surprises. Painting is athletic. Like Artaud describing an actor, “this actor of the heart,” and murmurs. The painting consumes its maker in a spatial confrontation. Claudie, tireless bee, queen of distances and incredible corollas. Look for what has been traced, find the corner, the pigment, the gold, open the colored solution in the fishtrap of the work. The riddle holds its counsel. What must be done is to rend the seals linking the message to its meanings and its gods. Nectar! …To hear space, time, the rumor of all the possibilities. The tremendous sound of chaos keels you over. That’s seduction! Disappear in a swarm. The grand voluptuousness of capsizing. The instinct for life and for death melted, smelted. So take the helm on the propeller of the gaping maelstrom. The studio as boxing ring, till you lose your breath. Leiris’s bullring host for its bullfighter-artist! Wander. Choose. A creator feels the direction right away. There he is! He is carried, carried away. To get by with neither eyelashes nor eyelids. Run off. Appear. At each moment the gamble, the thunder, the fairy. On the wire. At the tip of the diamond. Burn the priestess of Bacchus! Strike out, scratch out the the path in every direction with his blades of vair. See forces and gestures through the text of magic. Probe the incredible spring brambles. It’s coming in, yes, thousands of thorns of color. It’s there! What sudden fullness? Not Plato’s flower, “missing in every bouquet,” as Mallarmé said, but the multicolor hawthorn of the blossomed work. Incandescent. Star of color. Venus in the morning. A thousand flowers. Thousands of sedimentary signs. Palimpsest covered with giant red women and midget white women. Interlacings of comets. Choreography, constellations, meadows. O distant Big Bangs! These tangled echos of gestures born of the cool of the morning. The ballerina leaps, shepherdess of firmaments and forests, the protuberance of its wing. Fire, the beautiful, the robust… A shepherd’s crook from virgin painting. Today it is everything. Today it is wild.
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Cobalt clair 2013 Acrylique sur toile / acrylic on canvas 97 x 154 cm
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BIOGRAPHY Claudie Laks studied literature and linguistics before studying art at the Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts in Paris and at university. A pupil of Georges Jeanclos, for several years she concentrated mainly on sculpture, exploring Bachelardian notions of earth. She won several awards during this period, including the ElfAquitaine foundation sculpture prize in 1983. One of her works was acquired by the FNAC in 1984, and she also took part in several exhibitions, including “Ateliers 81/82” at the ARC, “Terre d’artistes” at the Centre Pompidou, “Expression Sculpture” at the Musée des Monuments Français in 1983, and had solo exhibitions at the Galerie Regards in 1984 and 1986. As a guest artist at the Manufacture de Sèvres, she was commissioned to create a series in which porcelain, worked in sheets, defies the laws of gravity. In 1989, an exhibition with Georges Jeanclos at Atelier Cantoisel, Joigny, marked the end of her sculptural exploration of clay. In the 1990s, her forms became progressively more two-dimensional, initially through experimentation with relief and fragmentation. Clay’s varying materiality, sometimes combined with wood, enabled installations related to the mural plane. She showed these works at an exhibition at the French Institute in Barcelona in 1991 and at the “Singularités” exhibition at Galerie Marwan Hoss in 1992. She went on to radicalize her work process in large painted-plywood cut-outs that were again paradoxically sculptural. “Carving in color,”to use Matisse’s famous phrase, or cutting straight into the picture plane, was also a means of sculpting space and making it resonate. Claudie Laks undoubtedly learned this from Matisse’s and Picasso’s cut-outs and the work of Viallat, but also as an adolescent when she visited Brancusi’s studio at the Musée National d’Art Moderne and was subjugated by what was happening around and between his sculptures. She showed these large cut-outs at Atelier Cantoisel, Joigny, and at the Carré des Arts in the Parc Floral in 1995. She also showed a series of collages/cut-outs on paper and large compositions on canvas at Galerie Romagny in 1999. Her rediscovery of the spatial and dynamic power of color and her encounters and exchanges with Christian Bonnefoi and Jean-Pierre Pincemin contributed to define, encourage, and consolidate her work. From one she learned his playful manner of working with the plane and color, from the other, the inter-medium gesture in the service of painting, and the ceaseless dialogue between painting and sculpture. Since the early 2000s, Claudie Laks has painted mainly large-format works that have been exhibited at
the museum in Sens, at Galerie Protée, and in several contemporary art fairs. She proclaims her return to canvas, brush, and color as a necessary condition for the production of a painting that is essentially pictorial, frontal, and whose retinal principle she accepts entirely.The force of the spatial presence of her painting rivals that, ever indispensable, expressed in her sculpture, as echoed by her latest works in painted metal. Claudie Laks lives and works in Paris and Burgundy.
EXHIBITIONS 1982 – Paris, Musée d’art moderne de la Ville de Paris (A.R.C.), “Ateliers 81/82.” 1983 - Paris, Centre Georges Pompidou, Musée national d’art moderne, “Terres d’artistes.” 1983 - Paris, E.N.S.B.A., “Sculpture 83.” 1983 - Paris, Musée des monuments français, Fondation Elf Aquitaine, “Expression sculpture.” 1984 - Paris, Galerie Regards. 1985 - Belfort, Biennale Internationale de Sculpture. 1986 - Paris, Galerie Regards, “Journées jeunes créateurs.” 1987 - Paris, Centre culturel canadien, “Réverbération II.” 1989 - Joigny, Atelier Cantoisel, “Georges Jeanclos, Claudie Laks.” 1990 - Paris, Parc de Bagatelle, charity auction for AIDS research. 1991 - Barcelona, Spain, Institut Français, solo exhibition. 1992 - Paris, Galerie Marwan Hoss, “Singularités.” 1995 - Joigny, Atelier Cantoisel, solo exhibition. 1995 - Paris, Carré des Arts, Parc Floral de Paris. 1999 - Paris, Galerie Romagny. 2000 - Joigny, Atelier Cantoisel, “Support mémoire, 20 années d’art contemporain.” 2001 - Paris, Galerie Sarver, “Céramiques de peintres.” 2001 - Paris, Galerie Véronique Smagghe. 2001 - Nîmes, Galerie des Arènes et Chapelle des Jésuites. 2001 - Paris, Art-Paris, Galerie Smagghe. 2001 - Lörrach, Germany, ARTschocke Gallery. 2002 - Beaucaire, Galerie Municipale. 2002 - Paris, Galerie Romagny. 2002 - Sens, Orangerie des Musées de Sens, “Hommage à Victor Hugo.” 2002 - Montpellier, Galerie Jean-Yves Franch Font. 2002 - Paris, Art-Paris, Galerie Smagghe Gallery. 2002 - Sens, Maison d’Abraham, solo exhibition. 2002 - Montpellier, Galerie Jean Yves Franch Font, solo exhibition. 2004 - Paris, Galerie Véronique Smagghe.
2004 - Joigny, Atelier Cantoisel, “Histoire intra-muros.” 2004 - Paris, Art-Paris, Galerie Véronique Smagghe. 2004 - Paris, FIAC, Atelier Eric Seydoux. 2004 - Montpellier, Galerie Jean-Yves Franch Font. 2005 - Paris, Galerie Véronique Smagghe, “collages/ décollages.”. 2005 - Ravenna, Italy, Fiera contemporanea. 2006 - Le Kremlin-Bicêtre, Le Grand réservoir, solo exhibition. 2006 - Montbéliard, Musée d’art contemporain, “Choisir sa ligne.” 2007 - Sens, Orangerie des Musées de Sens, solo exhibition. 2008 - Paris, Art Elysées, Galerie Protée. 2008 - Abu Dhabi, United Arab Emirates, Abu Dhabi Art Fair, Galerie Protée. 2008 - Paris, Art-Paris, Galerie Protée. 2009 - Paris, Galerie Protée. 2009 - Angers, Galerie Protée, “Triptyque.” 2010 - Paris, Art-Paris, Galerie Protée. 2010 - Amilly, L’AGART, “Multiples un point de vue sur l’estampe.” 2010 - Royan, Galerie FPL, “Claudie Laks, oeuvres récentes.” 2011 - Paris, Galerie Protée Gallery, “Claudie Laks, oeuvres récentes.” Paris, Art Elysées, Galerie Protée. Mars, PAD, Galerie Protée. 2012 - Paris, Art Elysées, Galerie Protée. 2012 - PAD, Galerie Protée. 2013 - Paris, PAD, Galerie Protée. 2013 - Amilly, AGART, “Recouvrement, Marcel Dupertuis, Claudie Laks, Ernesto Riveiro,” September 21-November 23. 2013 - Paris, Galerie Protée, “Claudie Laks, oeuvres récentes,” November 14-December 7. Paris, Art Elysées, Galerie Protée, November.
BIOGRAPHIE Claudie Laks a commencé par étudier la littérature et la linguistique avant d’entamer des études artistiques à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et à l’université. Élève de Georges Jeanclos, elle développe pendant plusieurs années une pratique essentiellement sculpturale, orientée vers un questionnement bachelardien de la terre. Cette période de travail sera récompensée par différents prix, notamment le prix de sculpture de la Fondation Caplain Saint André en 1982, le prix de la Fondation Elf Aquitaine en 1983, une acquisition du FNAC en 1984, et par des expositions, telles que les « Ateliers 81/82 » à l’ARC (musée d’Art moderne de la Ville de Paris), « Terres d’artistes » au Centre Georges Pompidou, « Expression sculpture » au musée des Monuments français en 1983, ainsi que des expositions à la galerie Regards en 1984 et 1986. Artiste invitée à la Manufacture de Sèvres, elle réalise une œuvre sérielle où la porcelaine, travaillée en feuilles, défie les lois de la pesanteur. En 1989, une exposition à l’atelier Cantoisel, à Joigny, avec Georges Jeanclos, marque la fin de la pratique sculpturale de la terre. Durant les années 1990, le volume regagne progressivement la bidimensionnalité. D’abord, à travers une recherche du relief et du fragment : l’argile dans ses différentes matérialités, parfois associée au bois, permet des installations en relation avec le plan du mur. Une exposition à l’Institut français de Barcelone, en 1991, et la participation à l’exposition « Singularités » à la galerie Marwan Hoss, en 1992, ont pu témoigner de cette recherche. Ensuite, elle radicalise sa démarche à travers de grands découpages de contreplaqué peints mais réalisés dans un souci à nouveau paradoxalement sculptural : « tailler dans la couleur », pour reprendre la célèbre formule de Matisse, ou tailler dans le plan, c’est aussi sculpter l’espace, le faire résonner. Cela, Claudie Laks l’avait certes compris devant les découpages de Matisse et de Picasso mais aussi chez Viallat, et lorsque, adolescente, elle visite l’atelier de Brancusi au musée d’Art moderne, avenue d’Iéna, subjuguée par ce qui se passe autour et entre les sculptures. Elle montre ce travail des grands découpages à l’atelier Cantoisel, à Joigny, et au Carré des Arts du Parc floral de la ville de Paris en 1995. À la galerie Romagny, en 1999, elle présente une série de collages-découpages sur papier et de grands formats sur toile. La redécouverte du pouvoir spatial et dynamique de la couleur, de même que les rencontres et les échanges avec Christian Bonnefoi et Jean-Pierre Pincemin contribuent à orienter et conforter son travail.
Ce qu’elle retient de l’un, c’est la manière ludique de travailler dans le plan et la couleur, de l’autre, le geste médium au service de la peinture, ainsi que le dialogue incessant entre peinture et sculpture. Depuis le début des années 2000, Claudie Laks peint essentiellement sur de grands formats qui ont pu être découverts lors de son exposition au musée de Sens en 2007, à la galerie Protée à Paris et dans différentes foires d’art contemporain. Le retour à la toile, au pinceau et à la couleur est revendiqué comme condition nécessaire à la production d’une peinture fondamentalement picturale, frontale, dont le principe rétinien est assumé. La force de présence spatiale de sa peinture rivalise avec celle, depuis toujours incontournable, de la sculpture, dont ses dernières œuvres en métal peint se font l’écho. Claudie Laks vit et travaille à Paris et en Bourgogne.
EXPOSITIONS 1982 - Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris (ARC), « Ateliers 81/82 ». 1983 - Paris, Centre Georges Pompidou, « Terres d’artistes ». 1983 - Paris, École nationale supérieure des beaux-arts, « Sculpture 83 ». 1983 - Paris, musée des Monuments français, Fondation Elf Aquitaine, « Expression sculpture ». 1984 - Paris, galerie Regards. 1985 - Belfort, Biennale internationale de sculpture. 1986 - Paris, galerie Regards, « Journées jeunes créateurs ». 1987 - Paris, Centre culturel canadien, « Réverbération II ». 1989 - Joigny, atelier Cantoisel, « Georges Jeanclos, Claudie Laks ». 1990 - Paris, parc de Bagatelle, vente publique en faveur de la recherche contre le sida. 1991 - Espagne, Barcelone, Institut français, exposition personnelle. 1992 - Paris, galerie Marwan Hoss, « Singularités ». 1995 - Joigny, atelier Cantoisel, exposition personnelle. 1995 - Paris, Carré des Arts, Parc floral de Paris. 1999 - Paris, galerie Romagny. 2000 - Joigny, atelier Cantoisel, « Support mémoire, 20 années d’art contemporain ». 2001 - Paris, galerie Sarver, « Céramiques de peintres ». 2001 - Paris, galerie Véronique Smagghe. 2001 - Nîmes, galerie des Arènes et chapelle des Jésuites. 2001 - Paris, galerie Véronique Smagghe, Art Paris.
2001 - Allemagne, Lörrach, galerie ARTschocke. 2002 - Beaucaire, galerie municipale. 2002 - Paris, galerie Romagny. 2002 - Sens, Orangeries des musées, « Hommage à Victor Hugo ». 2002 - Montpellier, galerie Jean-Yves Franch Font. 2002 - Paris, galerie Véronique Smagghe, Art Paris. 2002 - Sens, Maison d’Abraham, exposition personnelle. 2002 - Montpellier, galerie Jean-Yves Franch Font, exposition personnelle. 2004 - Paris, galerie Véronique Smagghe. 2004 - Joigny, atelier Cantoisel, « Histoire intra-muros ». 2004 - Paris, galerie Véronique Smagghe, Art Paris. 2004 - Paris, FIAC, atelier Éric Seydoux. 2004 - Montpellier, galerie Jean-Yves Franch Font. 2005 - Paris, galerie Véronique Smagghe, « Collages / décollages ». 2005 - Italie, Ravenne, Fiera Contemporanea. 2006 - Le Kremlin-Bicêtre, Le Grand Réservoir, exposition personnelle. 2006 - Montbéliard, musée d’Art contemporain, « Choisir sa ligne ». 2007 - Sens, Orangerie des musées de Sens, exposition personnelle. 2008 - Émirats arabes unis, Abu Dhabi, Foire d’art contemporain, galerie Protée. 2008 (mars) - Paris, galerie Protée, Art Paris, Grand Palais. 2008 (octobre) - Paris, galerie Protée, Art Élysées. 2009 (14 mai-6 juin) - Paris, galerie Protée, exposition personnelle. 2009 - Angers, galerie Protée, « Triptyque ». 2010 (janvier) - Amilly, AGART, « Multiples un point de vue sur l’estampe ». 2010 - Paris, galerie Protée, les artistes de la galerie, Art Paris. 2010 - Royan, galerie FPL, « Claudie Laks, œuvres récentes ». 2011 - Paris, Foire d’art contemporain, galerie Protée, Art Élysées. 2011 (mars) - Paris, PAD, jardin des Tuileries, galerie Protée. 2011 (novembre) - Paris, galerie Protée, « Claudie Laks, œuvres récentes ». 2012 (mars) - Paris, PAD, jardin des Tuileries, galerie Protée. 2012 (novembre) - Paris, galerie Protée, Art Élysées. 2013 (mars) - Paris, PAD, jardin des Tuileries. 2013 (21 septembre-23 novembre) - Amilly, AGART, « Recouvrement, Marcel Dupertuis, Claudie Laks, Ernesto Riveiro ». 2013 (14 novembre-7 décembre) - Paris, galerie Protée, « Claudie Laks, œuvres récentes ». 2013 (novembre) - Paris, galerie Protée, Art Élysées.