Exposition permanente « Le fil de l’eau, le fil du temps en Camargue » Michel Vauzelle, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Jean-Noël Guérini, Président du Conseil général des Bouches-du-Rhône Élisabeth Ayrault, Présidente de la Compagnie nationale du Rhône David Grzyb, Président du Syndicat mixte de gestion du Parc naturel régional de Camargue Cette publication est soutenue par : La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Le Conseil général des Bouches-du-Rhône, Aide à l’édition La Mission d’intérêt général de la Compagnie nationale du Rhône
Textes : Alain Dervieux, Jean-Claude Duclos, Daniel Jacobi, Bernard Picon et Estelle Rouquette Recherche documentaire : Christelle Brémond, Anne Robert-Tindille et Estelle Rouquette Données SIG : Aurélie Torre, Philippe Insenmann, Claude Vella Charte graphique : Aurélie Torre Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coordination éditoriale : Laurence Verrand Contribution éditoriale : Renaud Bezombes Conception graphique : Marie Gastaut Fabrication : Michel Brousset, Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros © Somogy éditions d’art, Paris, 2015 © Parc naturel régional de Camargue, 2015 ISBN 978-2-7572-0923-3 Dépôt légal : avril 2015 Imprimé en Italie (Union européenne)
LE FIL DE L’EAU, LE FIL DU TEMPS EN
CAMARGUE sous la direction d'Estelle Rouquette avec la collaboration de Alain Dervieux, Jean-Claude Duclos, Daniel Jacobi, Bernard Picon
Le nouveau Musée de la Camargue a été inauguré le 29 octobre 2013 en présence de :
Communication : Muriel Cervilla avec l’aide d’Agnès Criado et Marjorie Mercier
Michel Cadot, Préfet des Bouches-du-Rhône Michel Vauzelle, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Jean-Noël Guérini, Président du Conseil général des Bouches-du-Rhône Hervé Schiavetti, Président du Syndicat mixte de gestion du Parc naturel régional de Camargue Jacques Pfister, Président du Conseil d’administration de Marseille-Provence 2013 Viviane Le Dissez, Présidente du Conservatoire du Littoral
Gros œuvre : Ets Mastran, Arles Menuiserie bois : Daniel Fouque, Arles Menuiserie métallique : Sarl Fernandez, Nîmes Électricité : Sté Calvo, Arles Chauffage et clim : Sté CVI, Arles Dallage : Décodal, La Palud Doublage isolation : Cuartero SAS, Mauguio
La rénovation du musée a été soutenue par : Le ministère de la Culture et de la Communication La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Le Conseil général des Bouches-du-Rhône (Aide aux communes) La Fondation du Patrimoine/Fondation d’entreprise Total La Fondation Crédit Agricole Le Conservatoire du littoral Les travaux ont été réalisés conformément à la démarche « Bâtiment durable méditerranéen » L’exposition « Le fil de l’eau, le fil du temps en Camargue » est coproduite par le Parc naturel régional de Camargue et MarseilleProvence 2013 Elle est soutenue par : Le SGAR Rhône-Alpes La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Le Conseil général des Bouches-du-Rhône (Aide aux communes) La Fondation EDF La Compagnie nationale du Rhône L’exposition a reçu les labels « MP2013 », « Plan Rhône » et « Tourisme et handicap » Les acteurs du projet : Directeur général du Parc naturel régional de Camargue : Didier Olivry Commissaire général de l’exposition : Estelle Rouquette Commissaires associés : Alain Dervieux, Jean-Claude Duclos, Daniel Jacobi, Bernard Picon Architecte : Renata Aviani Coordinateur de travaux : Pierre Viguier Scénographe : Aurélie Torre Muséographie : Estelle Rouquette avec l’aide de Jean-Claude Duclos, Christelle Brémond, Anne Robert-Tindille et Régine François Textes : Jean-Claude Duclos, Daniel Jacobi, Bernard Picon et Estelle Rouquette Traductions en provençal : Anne et René Lambert Données informatiques et SIG : Fanny Bas et Philippe Isenmann Suivi administratif et juridique : Sonia Ayme avec l’aide de Patricia Lopez Appui technique : David Pando avec l’aide de Frédéric Jalabert, Saïd Chenoufi et Habib Bouha
Mobilier : Eco Fabrik, Arles Programmation multimédia et vidéo : Canopée, Arles et Kaleo, Montpellier Fournitures audiovisuel et multimédia : ID scènes, Montpellier Imprimerie : Sud Labo, Avignon, et IDmages, Marseille Cartels en papier de riz : Benoît Dudognon, Arles Déménagement : Daniel Roux, Arles Bureau d’études : Funfrök, Montpellier Économiste : CAEP, Montpellier Bureau de contrôle : SOCOTEC, Salon-de-Provence Coordinateur SPS : Daniel Lacroux, Avignon Accompagnateur Bâtiment durable méditerranéen : Stéphane Hédouin, Arles Prêteurs : Annelyse Chevallier, Florian Colomb de Daunant, Jean-Claude Duclos, Hélène Fabre, Véronique Hénoux, David Huguenin, Jean Mansuy, Anne-Marie Paul, Georges Psaros, Michèle Ricard Nadine Rochat, Jeanne Santicoli, Élodie Séguier, Georges Vlassis, Pham Van Nhân Les familles Mailhan, Raynaud, Lamouroux, Jalabert, Laurent, Burnand, Malacarne, Yonnet, Naudot, Bouzanquet Les collections publiques : Asco des vidanges de Corrège et Camargue major, Museon Arlaten, Musée Réattu, Domaine départemental du Château d’Avignon, Commune de Tarascon, Centre de la résistance et de la déportation du Pays d’Arles, Union des clubs taurins Ricard
REMERCIEMENTS
Le Parc naturel régional de Camargue remercie… Particulièrement : Les Amis du Vieil Arles et le Conseil de Parc pour leur soutien et l’intérêt qu’ils ont porté au projet ainsi qu’Annie Tuloup, Annie Arnaud et Jean-François Chauvet, Christiane et Franck Hémery, Nadine et Gérard Rochat, Ali Kodja et Thomas Dupuis pour leur participation au déménagement des collections du musée Le comité de pilotage scientifique qui a accompagné la rénovation du Musée de la Camargue Gaël Hémery pour avoir prêté sa voix à Quiqueran de Beaujeu Corinne Landuré, pour son expertise des collections archéologiques Rémi Venture pour sa musiquette au galoubet/tambourin Claude Vella et Luc Long pour leur connaissance et reconnaissance des cours du Rhône et des traits de côte au fil du temps Georges Vlassis, Jean Mansuy, Annelyse Chevalier, Élodie Séguier, David Huguenin, Véronique Hénoux, Françoise Beaussan Les famillles Mailhan, Raynaud, Lamouroux, Jalabert, Laurent, Burnand, Malacarne Anne-Marie Paul, Hélène Fabre, Michèle Ricard, Florian Colomb de Daunant, Jean-Claude Duclos, Jeanne Santicoli, Pham Van Nhân, Georges Psaros, Nadine Rochat L’Asco des vidanges de Corrège et Camargue major, le Musée Jean Aicard, le Museon Arlaten, le Musée Réattu, le Domaine départemental du Château d’Avignon, le Palais du Roure, la station biologique de la Tour du Valat, la Commune de Tarascon, le Centre de la résistance et de la déportation du Pays d’Arles, l’Union des clubs taurins Ricard pour leurs prêts photographiques, cinématographiques et graphiques
L’exposition a reçu les labels « MP2013 », « Plan Rhône » et « Tourisme et handicap »
PRÉFACE
Musée de la Camargue / Parc naturel régional de Camargue
L
e delta du Rhône est l’une des plus belles conquêtes de l’homme en Provence. La Camargue est le fruit de la lutte incessante conduite contre les inondations et la salinité du sol, par les générations de Camarguais, qui se sont succédé entre les bras du fleuve Rhône et le rivage de la mer Méditerranée. De tout temps, des aménagements ont été nécessaires pour tirer parti des richesses de cette zone humide. Les fruits des activités humaines pratiquées dans le delta du Rhône n’ont pu être obtenus qu’au prix d’une adaptation constante à un milieu instable et hostile. C’est là l’histoire humaine racontée dans une partie de cet ouvrage. Aujourd’hui, sur ce territoire classé Parc naturel régional depuis 1970, les communes, la Région, le Département, l’État et leurs partenaires tels que la Compagnie nationale du Rhône, travaillent ensemble pour que ces activités perdurent et contribuent à maintenir un environnement exceptionnel. Cette gestion s’appuie sur des mesures de protection agissant sur des zones classées en réserves naturelles, nationales et régionales ou bien départementales et de biosphère, inscrites dans le réseau de sites Natura 2000, etc. dont les rôles et les règlements sont quelquefois difficiles à suivre et à comprendre pour nos concitoyens, habitants, usagers ou visiteurs de Camargue. Cet ouvrage tiré de l’exposition permanente du Musée de la Camargue témoigne de notre désir de maintenir un équilibre entre développement local et protection de la nature grâce à une gestion intégrée, dont le Parc est l’animateur. Au cœur de cet équilibre fragile, l’eau douce du Rhône reste l’élément essentiel. Dans l’espace, dans le temps, elle conditionne la vie en Camargue. Souhaitée en abondance pour l’irrigation des terres, redoutée pour l’inondation qu’elle peut provoquer, l’eau fait l’objet de l’attention de tous. L’implication de l’ensemble des acteurs dans la concertation et la recherche d’un équilibre environnemental est devenue une spécificité au XXe siècle sur un territoire où désormais la propriété publique est quasiment équivalente à la surface de la propriété privée. L’avenir et les changements climatiques qu’il annonce doivent être envisagés collectivement, depuis les gestionnaires et aménageurs du Rhône, jusqu’aux agriculteurs qu’il fournit en eau ; depuis les riverains du littoral et du fleuve jusqu’à ceux qui les protègent en réglementant l’occupation du sol et l’urbanisme ; depuis les opérateurs touristiques, jusqu’aux gestionnaires de sites naturels protégés qui accueillent le public. C’est ensemble que les nouvelles générations doivent aborder l’avenir du delta dont la dynamique ne saurait être enrayée. L’histoire racontée au Musée de la Camargue le confirme : la Camargue d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui et celle de demain sera tout autre. Une seule chose demeurera : les hommes face à la nature. Élisabeth Ayrault, Présidente de la Compagnie nationale du Rhône Jean-Noël Guérini, Président du Conseil général des Bouches-du-Rhône Michel Vauzelle, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur David Grzyb, Président du Syndicat mixte de gestion du Parc naturel régional de Camargue
AVANT-PROPOS
Le fil de l’eau, le fil du temps en Camargue
L
’exposition permanente du Musée de la Camargue, rénové en 2013 dans le cadre de MarseilleProvence, capitale européenne de la culture, s’appuie sur les collections patrimoniales et contemporaines réunies depuis 1977 par le Parc naturel régional de Camargue.
Dès son origine, le Parc confie au Musée de la Camargue la mission de fournir à ses visiteurs les clefs de compréhension d’un espace dit « naturel et sauvage » internationalement reconnu comme exceptionnel. La vocation pédagogique de son exposition permanente s’affirme par une scénographie interactive et innovante conçue à l’origine par Georges Henri Rivière et Jean-Claude Duclos et récompensée en 1979 par le Prix européen des musées. Fidèle à sa vocation pédagogique, la nouvelle mise en scène des collections illustre, en objets, en images, le rapport entre l’homme et la nature, en Camargue, dans l’espace et le temps. Cette mise en scène est la traduction d’un récit collectif auquel ont contribué Jean-Claude Duclos, conservateur en chef honoraire du Musée dauphinois, Bernard Picon, sociologue, directeur de recherche au CNRS, Daniel Jacobi, professeur émérite des universités chercheur en culture et communication, et Alain Dervieux, écologue, ingénieur d’études au CNRS. Intitulé « Le fil de l’eau, le fil du temps en Camargue », ce récit remonte aux origines géologiques du delta et de son occupation par l’homme et se poursuit par une description des activités qui font vivre les Camarguais aujourd’hui, pour aider à mieux comprendre un territoire trop souvent réduit à des clichés. Ce récit porte des messages essentiels : – le passé de la Camargue démontre que des équilibres issus des activités humaines ont existé, puis disparu, laissant imaginer que d’autres viendront dans le futur ; – ceux qui choisissent de vivre et de travailler en Camargue doivent prendre en compte les fortes contraintes que la nature du delta du Rhône leur impose et s’y adapter dans le respect de l’environnement ; – l’originalité des milieux dits « naturels » repose sur la richesse d’écosystèmes que l’agriculture, l’élevage, la chasse, la protection de la nature et le contrôle de l’eau ont révélés.
Les lecteurs y trouveront les réponses à certaines questions qu’ils se posent sur l’histoire du peuplement de cette île hostile à l’homme, sur la protection de son environnement et ses gestionnaires, sur l’origine des activités devenues emblématiques, comme l’élevage de taureaux et de chevaux. Ils découvriront aussi des pages moins connues de l’histoire de la Camargue comme celle de l’élevage de moutons mérinos, de la viticulture à l’époque du phylloxéra, de la saliculture destinée à l’industrie chimique, de la riziculture, qui toutes représentent un patrimoine humain et matériel extraordinaire. Ils apprendront le rôle majeur du Rhône sans l’eau douce duquel peu d’activités seraient possibles en Camargue. Les collections du musée qui participent à ce récit sont des objets du quotidien légués par ceux qui ont vécu cette histoire, auxquels s’ajoutent des œuvres d’artistes contemporains inspirés par la Camargue et qui en restituent une image révélatrice. Œuvres plastiques comme l’ensemble de seize figurines de Sara interprétées par un collectif d’artistes réunis par Hélène Arnal ; œuvres photographiques, comme les soixante-seize héliographies que Lucien Clergue rassemble dans l’ouvrage Camargue secrète ; œuvres sonores comme C@m.arg composée par Philippe Debarge qu’un CD inclus dans l’ouvrage permet d’écouter, ou œuvres praticables et monumentales produites au cours des workshops de Tadashi Kawamata. Cet ouvrage prolonge la visite du musée ou répond à ceux qui souhaitent découvrir l’histoire de la Camargue et son présent de façon synthétique et abondamment illustrée, notamment grâce au riche fonds photographique que le Musée de la Camargue conserve. Il est le trait d’union entre la réalité visible d’aujourd’hui et l’histoire singulière des temps passés du delta du Rhône. Régis Vianet, Directeur du Parc naturel régional de Camargue, et Estelle Rouquette, Conservateur du Musée de la Camargue
SOMMAIRE HIER ET AUJOURD’HUI, UN DELTA Aièr e vuei, un delta
13
UN DELTA OUVERT AUX ÉCHANGES MÉDITERRANÉENS UN DELTA MEDITERRAN
15
Une présence humaine, aux époques grecque et romaine notamment, liée à la navigation sur le Rhône
15
DES PAYSAGES RÉGULÉS PAR LES ACTIVITÉS DES HOMMES LA CAMARGO AU PLURAU
18
Le Rhône, source de vie
18
Un observatoire photographique du paysage
30
LE FIL DU TEMPS Lou fiéu dóu tèms
37
LES HOMMES ET LE TERRITOIRE – DIS OME
38
Un pays de mas – La Camargo di mas e lou basti terrenau
38
Une terre d’élevage – Pastreja en Camargo
44
Un paradis pour chasseurs et pêcheurs – Casso e pesco de toustèms
55
Un combat permanent entre l’eau douce et l’eau salée – De l’aigo douço à l’aigo amaro
61
Un territoire d’innovations agricoles – Lou travai de la terro
67
UN ESPACE DE CONQUÊTES – DIS IDENTITA
73
Des installations successives – Lou pople de Camargo
73
Aux sources d’une culture – Coume s’es gaubejado la soucieta
75
LA FABRIQUE D’UN ESPACE NATUREL À PROTÉGER SUS LA DRAIO D’UNO RECOUNEISSÈNÇO INTERNACIOUNALO
84
LE MUR DU TEMPS
88
L’AVENIR D’UN TERRITOIRE FRAGILE ET CONVOITÉ – LA CAMARGO PAS TANT SOULIDO QU’ACÒ
89
LE FIL DE L’EAU Lou fiéu de l’aigo
91
LES HOMMES – VUEI, LOU ROLE DIS OME
92
L’apport d’eau douce ou d’eau salée – Lou gouvèr dis aigo
92
Produits de la Camargue – Producioun dou terraire
94
Taureaux, chevaux et moutons – Li bèstio
100
Tourisme balnéaire et tourisme culturel – Lou tourisme e l’ecotourisme
115
LA CAMARGUE DES TRADITIONS – CAMARGO DE TRADICIOUN
120
Fêtes et pèlerinages – Fèsto e roumavage
120
Les expressions de la reconnaissance – Lou gàubi camarguen
124
LA CAMARGUE AU FIL DES SAISONS – EN CAMARGO, LOU DEBANA DI SESOUN
127
C@m.arg
127
LA CAMARGUE EN IMAGES Image de Camargo
129
CARLE NAUDOT, UN EXPLORATEUR ETHNOGRAPHE EN BASSE CAMARGUE
131
GASTON BOUZANQUET, L'AVENTURE EN 3D
133
LUCIEN CLERGUE, MICROGRAPHIE DE LA CAMARGUE
136
LE CINÉMA EN CAMARGUE
137
LE MUSÉE DE LA CAMARGUE : UN MUSÉE DÉDIÉ AU TERRITOIRE ET À SES HABITANTS
141
LA COMPAGNIE NATIONALE DU RHÔNE, PARTENAIRE DU MUSÉE DE LA CAMARGUE
143
GLOSSAIRE
145
BIBLIOGRAPHIE
147
HIER ET AUJOURD’HUI, UN DELTA Aièr e vuei, un delta
« Dans le territoire de Marseille, en Lygistique1, il y a dit-on un étang qui bouillonne et déborde et produit un si grand nombre de poissons que c’en est incroyable. Lorsque soufflent les vents étésiens, le sol s’amoncelle sur lui et il se produit là une telle poussière que sa surface devient solide comme le sol2. En les frappant avec leurs harpons, les habitants peuvent tirer de l’étang, en peu de temps, autant de poissons qu’ils le veulent. » Pseudo-Aristote, IVe siècle avant J.-C.
Carle Naudot Vue de l’ouest du village depuis le toit de l’église, détail Les Saintes-Maries-de-la-Mer, début du XXe siècle. .
1 - Lygistique est le nom donné par les Phocéens de Massalia aux régions côtières de l’est du Rhône habitées par les populations lygiennes. Parmi elles, les Anatiliens qui peuplaient la Camargue et la Crau. 2 - Le phénomène décrit ici est l’assèchement naturel de l’étang du Vaccarès auquel on assistait jusque dans les années 1950 durant l’été. De nos jours, le niveau d’eau du Vaccarès est maintenu artificiellement par un apport d’eau provenant de la riziculture.
A
u cours du quaternaire, 2,6 millions d’années avant J.-C., le Rhône et la Durance se jettent dans le golfe du Lion. Leurs apports distincts forment le soubassement du delta, ainsi qu’une plateforme sous-marine dont la profondeur est inférieure à 100 mètres et qui se prolonge en mer, jusqu’à 70 kilomètres. Après la dernière période froide du quaternaire, environ 18 000 ans avant J.-C., la plateforme, qui est émergée, est envahie par la montée du niveau marin due au réchauffement du climat. Les paléo-deltas que forment la Durance et le Rhône sont submergés au fur et à mesure de l’élévation des eaux. Il y a 8 000 ans, la Durance n’est plus le fleuve fougueux qui dévalait les Alpes d’est en ouest, et le Rhône, qui creuse son lit du nord au sud, la capture. L’élévation du niveau de la mer ralentit, permettant la formation d’un delta avec les sables charriés par le Rhône au gré de ses déplacements qui balayent la plaine deltaïque d’ouest en est. Au cœur du delta, prise entre les bras majeurs du fleuve et la mer, la Camargue est une île. Au sud, d’une embouchure à l’autre, le littoral en constante évolution est soumis aux perpétuels mouvements que le fleuve et la mer lui dictent. De part et d’autre de la Camargue, les plaines deltaïques, où le fleuve et la mer ont produit des milieux similaires, sont délimitées au nord par des plateaux (Crau et Costière). Formés de sables et de galets conduits depuis les Alpes par la Durance à travers la longue dépression qu’elle envahissait il y a 3 millions d’années, ces plateaux sont occupés par l’homme dès la préhistoire. Zone humide, riche en gibier et en poisson, le delta est un espace de chasse et de pêche, où les premières traces d’occupation remontent seulement aux époques grecques et romaines. C’est alors qu’au sommet de l’île, juchée sur un éperon rocheux, Thélinè la grecque, Arelate la romaine, puis Arles se développe, étendant son territoire jusqu’à la mer, liant ainsi la Camargue à son histoire. Mais le delta est hostile à l’homme. Pour y vivre et en exploiter les ressources, il doit s’adapter et adapter le milieu. Des générations ont interagi avec la nature pour produire un environnement singulier.
UN DELTA OUVERT AUX ÉCHANGES MÉDITERRANÉENS UN DELTA MEDITERRAN
UNE PRÉSENCE HUMAINE, AUX ÉPOQUES GRECQUE ET ROMAINE NOTAMMENT, LIÉE À LA NAVIGATION SUR LE RHÔNE Dans ce delta de sable où la pierre est totalement absente, les ruines ne résistent pas aux récupérateurs de matériaux. Aussi, les traces laissées par les Grecs et les Romains ne sont plus visibles. Elles ne se trouvent qu’à la lueur de fouilles archéologiques programmées, ou fortuitement, lors de travaux agricoles. Les collections archéologiques du Musée de la Camargue sont composées d’objets découverts et donnés par les habitants. Souvent fragmentaires, ils nous racontent le quotidien d’une population sédentaire présente depuis le VIe siècle avant J.-C. jusqu’au Moyen Âge, sur des sites proches des cours du Rhône dans son delta. Les origines variées de ces céramiques témoignent d’échanges commerciaux avec l’ensemble du pourtour méditerranéen. Les études géomorphologiques, archéologiques et anthracologiques (étude des charbons) conduites en Camargue permettent d’imaginer le delta à l’époque antique : moins salé, aux milieux plus diversifiés, mieux drainé, plus boisé, plus fertile que de nos jours ; activités d’élevage, sidérurgie, verrerie, chasse, saliculture y sont pratiquées, y compris durant les périodes d’insécurité de l’Antiquité tardive. De 800 000 à 10 000 ans avant J.-C. : le paléolithique L’Homo erectus (homme de Tautavel) est déjà présent sur les costières, terrasses alluviales édifiées par la Durance de part et d’autre du delta, où il ne se rend que pour chasser et pêcher. Il y a laissé quelques outils de pierre taillée : galets aménagés ou racloirs en silex. Nulle trace d’occupation de la Camargue par l’homme à cette époque-là. De 600 à 27 avant J.-C. : la protohistoire Des navigateurs grecs qui installent des comptoirs commerciaux sur les côtes méditerranéennes, laissent leurs traces dans le delta du Rhône. Ce sont les plus anciennes
Rhône de Saint-Gilles Rhône de Saint-Ferréol Rhône d'Albaron
Rhône d'Ulmet
4 000 ans av. J.-C., le Rhône forme son delta.
Rhône de Saint-Gilles Rhône d'Albaron
Rhône de SaintFerréol
Le delta du Rhône à l’époque protohistorique.
Rhône d'Ulmet
DES PAYSAGES RÉGULÉS PAR LES ACTIVITÉS DES HOMMES LA CAMARGO AU PLURAU
LE RHÔNE, SOURCE DE VIE Depuis les Alpes suisses jusqu’à la Camargue, le fleuve dispense ses richesses. Seul accès navigable entre le continent européen et la Méditerranée, il assiste aux échanges commerciaux et culturels depuis l’Antiquité. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, en submergeant la plaine, le Rhône dépose des alluvions fertiles et repousse en profondeur la nappe salée. Aujourd’hui totalement endigué et aménagé sur tout son cours au service de la navigation, de l’irrigation agricole et de l’hydroélectricité, le Rhône est indispensable à l’équilibre de la Camargue, au sol asséché par le sel, le soleil et le vent. Il alimente les domaines agricoles grâce à un vaste réseau de canaux qui parcourt l’île de part en part. Carle Naudot, Déjeuner sur l’herbe, Salin-de-Giraud, 1913.
Tout ce qui est « naturel » en Camargue est lié aux activités humaines. Les cultures, l’élevage, l’extraction du sel, la chasse, la protection de la nature et les contrôles de l’eau façonnent à la fois la richesse de ses écosystèmes humides et son originalité culturelle. Les milieux doux, saumâtres et salés ne se succèdent plus naturellement au fil des saisons. Dorénavant, ils occupent une place permanente dans la géographie des paysages camarguais. Agriculteurs et saliniers, en les alimentant pour les besoins de la production, contribuent à composer cette diversité paysagère. Au sud, la récolte du sel, au nord l’agriculture et, au centre, les étangs saumâtres qui constituent une zone tampon. Carle Naudot, Falaise de l’étang du Vaccarès, avant 1948.
HIER ET AUJOURD'HUI, UN DELTA - DES PAYSAGES RÉGULÉS PAR LES ACTIVITÉS DES HOMMES
23 |
LE FIL DU TEMPS Lou fiéu dóu tèms Au fil du temps, voici, depuis le XIXe siècle, l’histoire d’un territoire façonné et construit par ceux qui y vivent et l’exploitent. Leurs interventions n’ont pas empêché qu’il soit reconnu et protégé pour le caractère exceptionnel de ses milieux « naturels ».
Carle Naudot, Cabane de pêcheur à la Goule Sainte-Anne, détail.
Un voyageur anonyme décrit son arrivée en Camargue en 1840 : « Par un pont de bateaux, nous traversons le Rhône. Trinquetaille n’est qu’un faubourg d’Arles peuplé de marins et de gardians. Nous descendons vers le sud, peu à peu à la riche végétation, aux champs de blé qui bordent le Rhône succède une terre aride entrecoupée de fondrières et d’étangs. Le chemin est défoncé, boueux par endroits, n’ayant parfois qu’une largeur à peine suffisante pour la voiture. On croit à chaque instant verser ou s’enliser […]. Tout est comme brûlé par le chlorure de sodium qui semble sortir de la terre. Le miroitement sur les étangs et sur les plaques de sel est insoutenable. »
LES HOMMES ET LE TERRITOIRE DIS OME
UN PAYS DE MAS LA CAMARGO DI MAS E LOU BASTI TERRENAU Le mas de Camargue est une ferme traditionnelle au cœur d’un domaine. Une population salariée y vit et travaille sous les ordres d’un régisseur. Â l’image du mansus carolingien dont il tire son nom, le mas se compose d’un ensemble de bâtiments d’habitation et de terres cultivées dont le produit (céréales, fourrages, légumes, fruits…), comme celui de l’élevage (laine, viande, fromages, volailles…), est principalement destiné à la vente. Le delta alluvionnaire ne compte aucune pierre, le Rhône n’ayant pas suffisamment de débit pour charrier des galets. Aussi, les matériaux de construction proviennent d’Arles ou de carrières de Fontvieille et sont acheminés à grands frais par le fleuve et les chemins. Pour construire les cabanes et dépendances du mas, on emploie des végétaux prélevés sur place.
LA CONSTRUCTION DES MAS DU XVIIe AU XIXe SIÈCLE Les grands mas de Camargue et du Plan du Bourg sont bâtis par les familles de la noblesse arlésienne ou par les ordres religieux d’Arles. On en dénombre près de deux cents à la fin du XVIIIe siècle, implantés de préférence sur la partie centrale des bourrelets alluviaux du Rhône. L’eau y ressuie plus vite en cas de crue et la terre est moins sensible aux remontées de sel. La richesse de ces domaines latifundiaires qui comptent de 200 à 2 000 hectares de terres dépend de l’eau douce qu’il faut acheminer depuis le fleuve par des canaux. Sur ces immenses propriétés, une moitié est laissée en jachère et donnée en pâture aux moutons.
LE MAS, UN GROUPE HUMAIN ORGANISÉ Jusqu’à la mécanisation, une main-d’œuvre nombreuse est nécessaire dans les mas. Les ouvriers agricoles travaillent sous les ordres d’un régisseur, le baile. L’organisation de
La tanto dans la vitrine de la vie domestique au mas.
la vie domestique est souvent confiée à une femme, la tanto, qui règne sur la grande salle commune du mas où se déroulent les repas et les échanges entre les travailleurs. La grande table est présidée par le régisseur. De part et d’autre, les ouvriers se répartissent hiérarchiquement, des bailes aux simples valets, les ràfi.
LE FIL DU TEMPS - LES HOMMES ET LE TERRITOIRE
Carle Naudot, La Famille Yonnet dans la cuisine extérieure du mas de l’Esquinau, vers 1910. Le garçon est Christophe Yonnet, avec à sa gauche sa grand-mère Marie Jouguet, épouse Yonnet, et sa tante Jeanne Yonnet, épouse Lapeyre. Carle Naudot, Visite au mas du Village. Salin-deGiraud, vers 1912. Sous le hangar, un tombereau et un tonneau sont utilisés pour décanter l’eau douce du Rhône à usage domestique. Le mas du Village ou de l’Esquinau appartient à la société Pechiney. Il est donné en fermage au manadier Yonnet. 39 |
UN ESPACE DE CONQUÊTES DIS IDENTITA
DES INSTALLATIONS SUCCESSIVES LOU POPLE DE CAMARGO Ce territoire hostile à l’homme se peuple au fil des arrivées successives de populations qui se sont intégrées, avec plus ou moins de facilité, quand elles n’ont pas fait qu’y passer. Quelles que soient les activités économiques pratiquées dans le delta, les apports de main-d’œuvre se succèdent : via le commerce maritime, fuyant les guerres, pour la production agricole, l’industrialisation, le processus commence avant l’Antiquité et se poursuit au XXIe siècle. Pour la grande majorité des Camarguais, c’est un grand-père, un père ou eux-mêmes qui sont venus en Camargue pour y travailler et qui y sont restés, pour y vivre, par choix. Ouvrier des mas.
AU XIXe SIÈCLE, L’ÈRE DE L’EXPANSION À l’orée du XIXe siècle, on dénombre environ 2 000 habitants répartis dans les deux cents mas que compte le delta, et 1 000 environ dans le village des Saintes-Mariesde-la-Mer où la population est composée de pêcheurs, de gardians et d’ouvriers agricoles. Les fièvres endémiques limitent l’espérance de vie moyenne à vingt-cinq ans. Le XIXe siècle voit la population camarguaise augmenter grâce, notamment, à la naissance des usines de Salin-de-Giraud. Provençaux, Italiens, Grecs, Arméniens, Ukrainiens, Albanais, Yougoslaves, Espagnols et d’autres s’installent pour y travailler. L’expansion de la viticulture amène des ouvriers agricoles, des braccianti, en provenance de Toscane, car l’Italie est également touchée par le phylloxéra. Leur expérience dans la viticulture contribue à l’essor exceptionnel de ce domaine en Camargue. On enregistre alors 5 000 habitants, dont la moitié habite Salin-de-Giraud. À la fin du XIXe siècle, la création de Port-Saint-Louis-du-Rhône entraîne la venue de nouvelles populations, notamment des marins d’Arles. La ville compte environ 2 400 habitants en 1904, lorsqu’elle est érigée en commune indépendante. Ces nouveaux venus en Camargue se constituent une forte identité locale, fondée à
la fois sur une tradition ouvrière et sur des usages traditionnels (chasse, pêche, jeux taurins).
AU XXe SIÈCLE, LA VIE PROGRESSE EN CAMARGUE L’essor de la riziculture, après la Seconde Guerre mondiale, les progrès médicaux, le confort moderne et les transports routiers favorisent l’installation en Camargue. Les hameaux prennent de l’ampleur. Les habitants sont près de 10 000, dont une grande partie réside à Trinquetaille, le quartier d’Arles situé à la pointe nord de la Camargue. Cependant les hommes restent majoritaires. Le recensement de 1962 dénombre 184 femmes pour 1 000 habitants résidant officiellement en Camargue. Les deux cents domaines latifundiaires restent la base de la propriété agricole. En été, avec le tourisme, la population des Saintes-Maries-de-la-Mer est décuplée. Les pèlerinages en mai et octobre rassemblent 80 000 personnes dont 15 000 Gitans.
LE FIL DU TEMPS - UN ESPACE DE CONQUÊTES
AUX SOURCES D’UNE CULTURE COUME S’ES GAUBEJADO LA SOUCIETA À la fin du XIXe siècle, la Camargue devient un refuge pour les membres d’un mouvement poétique et nationaliste qui rejette le progrès. L’isolement de la Camargue, pensent-ils, l’aurait mise à l’abri des atteintes de l’homme. Des écrivains et des peintres s’y retrouvent pour la célébrer, s’opposant ainsi aux riches affairistes qui veulent exploiter les ressources de la Camargue. « La Camargue est, au milieu de la hideuse matérialité, principale cause de notre grand naufrage, une île de beauté, de lumière, de poésie et de mirages. » Folco de Baroncelli, 1940
CONSTRUCTION D’UN MYTHE EN MOTS ET EN IMAGES Ce mouvement émane du Félibrige fondé par Frédéric Mistral, en 1854, pour valoriser la langue et la culture des pays de langue d’Oc que la France du Nord soumet à l’uniformité. Suivant les méthodes déjà mises au service de la Provence par Mistral, ses émules médiatisent un aspect de la Camargue, celui des zones humides ou brûlées par le sel, en apparence préservées. Les arts, la littérature, le cinéma, la photographie diffusent l’image d’une terre « sauvage » à travers le monde. L’évocation de l’humilité des hommes de Camargue associée à celle de la Camargue elle-même, est un thème récurrent. Le dénuement de ceux qui s’opposent à la mainmise industrielle et au progrès technique a pour toile de fond un territoire menacé à protéger. Une œuvre littéraire illustre cette vision, c’est La Bête du Vaccarès que le poète Joseph d’Arbaud publie en 1926. Il évoque les traits d’une Camargue à la fois archaïque, envoûtante et mystérieuse qui attache par ses charmes ambigus. En 1859, soixante-sept ans plus tôt, ces mêmes traits causaient la mort de Mirèio, l’héroïne du poème de Frédéric Mistral qui restitue une image très négative de la Camargue, celle qu’avaient encore ses contemporains.
Diplôme de la Fèsto Vierginenco dessiné par Léo Lelée en 1904.
75 |
LA FABRIQUE D’UN ESPACE NATUREL À PROTÉGER SUS LA DRAIO D’UNO RECOUNEISSÈNÇO INTERNACIOUNALO
Le mouvement des mainteneurs contribue à la reconnaissance de la Camargue alors que les rapports entre la société et les zones humides se modifient. L’écologie émergente considère que l’insalubrité qui leur a toujours valu d’être peu peuplées, en a préservé la biodiversité. Alors que le milieu camarguais résulte des activités socio-économiques qui l’ont modelé au cours des siècles, il est paradoxalement reconnu du monde entier comme milieu « naturel ». Cette reconnaissance engage un ensemble de mesures de protection dont celle de l’étang du Vaccarès, dès 1927, et introduit une nouvelle activité en Camargue : la protection de la nature.
UNE RÉSERVE NATIONALE POUR DÉFENDRE LE VACCARÈS Un long conflit opposant les viticulteurs qui déversent l’eau douce de la submersion des vignes dans les étangs centraux aux compagnies salinières propriétaires de l’étang du Vaccarès, débouche sur l’intervention de l’État qui, à la demande de botanistes, érige l’étang du Vaccarès en réserve nationale de nature. Il en confie la gestion à la Société nationale d’acclimatation de France devenue Société nationale de protection de la nature dont l’action de conservation est fondée sur le suivi scientifique des milieux. Le site est officiellement classé en Réserve naturelle nationale le 24 avril 1975.
LE RÊVE DE BARONCELLI Afin de protéger la « Camargue sauvage » des industriels, Folco de Baroncelli envisage la création d’un parc dès 1920. Le schéma baroncellien d’une nature menacée par les opérations de mise en valeur agricole et industrielle est repris en 1964 par André Malraux, alors ministre de la Culture. La politique de zonage du territoire contribue à désigner le delta du Rhône comme « coupure verte », entre le complexe
industriel de Fos et les importants aménagements touristiques du Languedoc Roussillon. C’est de ce contexte et de celui de la réflexion conduite par la DATAR, puis au cours des Journées de Lurs (25 septembre au 1er octobre 1966) où naît le concept de parc naturel régional, qu’est créé le Parc naturel régional de la Camargue, en 1970.
UN PARC NATUREL RÉGIONAL EN CAMARGUE POUR SAUVEGARDER LA CULTURE Créé sous l’impulsion d’Olivier Guichard, alors ministre de l’Aménagement du territoire, le Parc naturel régional de Camargue a pour mission d’assurer la conservation des milieux tout en maintenant, quand cela est possible, l’activité humaine dans ses diverses composantes (individuelles ou collectives) et dans ses multiples expressions (agriculture, pêche, tourisme, recherche scientifique, protection de la nature, culture…). Le Parc couvre l’île de Camargue, enserrée entre les deux bras du Rhône, ainsi que le secteur situé en rive droite du petit Rhône sur la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer que l’on nomme la Petite Camargue, sur une superficie de 10 000 hectares. En 2010, la partie humide du Plan du Bourg située sur la rive gauche du grand Rhône est entrée dans le Parc.
L’AVENIR D’UN TERRITOIRE FRAGILE ET CONVOITÉ LA CAMARGO PAS TANT SOULIDO QU’ACÒ
UN EXEMPLE DE GESTION INTÉGRÉE La Camargue est par excellence un espace qui regroupe les enjeux de la gestion intégrée des zones côtières (GIZC). Cette gestion repose sur trois éléments : la régulation des conflits d’usage, la préservation de l’environnement et l’assurance d’un développement durable pour des territoires très convoités : les espaces littoraux. Pour maintenir les activités qui ont façonné le paysage dans le respect de cet environnement exceptionnel, des acteurs sont entrés en scène. Les chercheurs : Le DESMID (Dynamique écologique et sociale en milieu deltaïque) et le CEREGE (Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement), en collaboration avec les fouilles archéologiques de la Direction régionale des affaires culturelles et l’université d’Aix ainsi que la Tour du Valat (Centre de recherche pour la conservation des zones humides), accompagnent la protection de l’environnement par une meilleure connaissance du fonctionnement des écosystèmes et aident à évaluer l’efficacité des outils de protection en fournissant des protocoles rigoureux. Les aménageurs : à l’image des Voies navigables de France, de la Compagnie nationale du Rhône ou encore du Symadrem, les aménageurs prennent en compte le fonctionnement des systèmes écologiques dans la réalisation des ouvrages, comme les passes à poissons ou la restauration des lônes. Les partenaires institutionnels, techniques et financiers : l’État, le Conseil régional, le Conseil général, l’Agence de l’eau, via notamment le « Plan Rhône », fournissent un cadre et des moyens d’action (techniques et/ou financiers).
Les propriétaires fonciers : le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres, la Tour du Valat, le Conseil général protègent les espaces fragiles ayant un potentiel environnemental reconnu grâce à la maîtrise foncière. Les gestionnaires des espaces protégés : le Parc naturel régional de Camargue, la Société nationale de protection de la nature et le Syndicat mixte pour la protection et la gestion de la Camargue gardoise ont une mission de veille quant à l’intégrité fonctionnelle de l’espace protégé qui leur est confié par le Conservatoire du littoral ou le Conseil général avec lesquels ils établissent des plans de gestion afin de valoriser durablement le potentiel des sites. Il existe plusieurs modes de protection. La protection réglementaire : pour les réserves naturelles, les sites classés, les réserves de pêche. La protection contractuelle : le Parc naturel régional de Camargue, les contrats Natura 2000, le contrat de delta. La protection par la maîtrise foncière : le Conservatoire du littoral, les propriétés CG13 et CG30. La protection au titre d’engagements, de conventions et de labels : site Ramsar, Réserve de biosphère, Natura 2000. Au cœur de ce mode de gestion, le Parc naturel régional de Camargue agit en médiateur entre les différents acteurs et usagers de la Camargue. Les commissions thématiques qu’il anime font des propositions qui sont soumises au vote des élus du Comité syndical avant d’être mises en œuvre. La gouvernance de la Camargue est régie par un système démocratique.
LE FIL DE L’EAU Lou fiéu de l’aigo Au fil de l’eau, c’est la Camargue d’aujourd’hui qui est ici décrite. La recherche d’un équilibre entre les activités en présence, autant que le fort sentiment d’appartenance de ses habitants, détermine son avenir.
Salin-de-Giraud.
LES HOMMES VUEI, LOU ROLE DIS OME
L’APPORT D’EAU DOUCE OU D’EAU SALÉE LOU GOUVÈR DIS AIGO C’est l’eau, douce, saumâtre ou salée, qui conditionne la vie en Camargue. Quatre cents millions de mètres cubes d’eau douce pompés chaque année dans le Rhône pour les besoins de l’agriculture, vingt millions de mètres cubes d’eau salée pompés dans la mer pour la saliculture ; maintenue d’avril à octobre dans les rizières, elle provoque une forte élévation permanente du niveau des étangs centraux. Pour chacune des activités humaines, la maîtrise de l’eau par les gestionnaires du fleuve et des réseaux hydrauliques est essentielle, en quantité comme en qualité. Depuis les stations de pompage du Rhône, l’eau est acheminée là où elle est requise (cultures, pâturages, marais pour la chasse…), sous la vigilance des gardes-canaux et des propriétaires. Le long des canaux, des vannes, appelées martelières, permettent de la diriger. La Camargue étant entourée de digues, les eaux résiduelles de l’irrigation, saumâtres bien souvent, mais aussi les eaux pluviales ne peuvent s’en écouler. Le drainage des terres s’opère en dirigeant l’eau superflue vers des vidanges qui se déversent dans l’un des bras du Rhône ou vers le Vaccarès. Les propriétaires camarguais sont tous adhérents de fait à des associations syndicales autorisées (ASA) chargées du bon fonctionnement et de l’entretien des canaux de drainage et d’irrigation, des stations de pompage et des digues. Les agriculteurs en sont les principaux contributaires. L’apport continu d’eau douce dessale les terres et alimente les marais selon les besoins de la chasse, de la pêche ou de la conservation de la nature, et modifie la vie animale et végétale. À Salin-de-Giraud, le paysage des étangs saliniers change de couleur selon la concentration du sel qui empêche toute végétation. Depuis la cession des deux tiers des salins au Conservatoire du littoral, ce milieu évolue plus librement. Les digues de protection s’effacent, les lagunes se reconnectent à la mer par diverses brèches et les poissons en bénéficient.
Martelière.
LE FIL DE L'EAU - LES HOMMES
Camelle de sel Ă Salin-de-Giraud.
97 |
LE FIL DE L’EAU, LE FIL DU TEMPS EN CAMARGUE
La pêche en étang.
UNE PÊCHE ARTISANALE La pêche se pratique partout. Le choix des espèces pêchées et des techniques de pêche varie selon les milieux : littoral, étang ou fleuve. Le long de la côte sablonneuse, des telliniers récoltent à l’aide de petits chaluts manuels un coquillage très prisé des habitants. Mais la telline est devenue tellement recherchée que la ressource s’épuise. 98 |
LE FIL DE L’EAU, LE FIL DU TEMPS EN CAMARGUE
Georges Vlassis, Cheval Camargue au travail, 2013.
TAUREAUX, CHEVAUX ET MOUTONS LI BÈSTIO Éleveur de taureaux et de chevaux, le manadier tente aujourd’hui de tirer parti du tourisme dans le cadre de l’économie des loisirs. Mais la concurrence est rude et les pâturages de plus en plus difficiles à trouver.
100 |
LA CAMARGUE DES TRADITIONS CAMARGO DE TRADICIOUN
Au fil de l’année, les fêtes religieuses ou profanes sont autant d’occasions de se retrouver et de partager le sentiment d’appartenir à la Camargue et à sa culture par le port du costume régional, la pratique de la langue provençale, le chant, la musique. Des associations maintiennent et transmettent une culture et un patrimoine qui renforcent la cohésion sociale. Être ou devenir camarguais est un choix que l’on exprime et que l’on affiche au-delà des frontières du Rhône.
Le pèlerinage au XXe siècle.
FÊTES ET PÈLERINAGES FÈSTO E ROUMAVAGE LE PÈLERINAGE DES SAINTES-MARIES-DE-LA-MER Les 24, 25 et 26 mai se déroulent des pèlerinages, avec une journée d’hommage à Folco de Baroncelli et aux gens de bouvine. Les touristes se mêlent aux pèlerins et aux « gens du voyage », les Gitans. Tous sont venus pour conduire les statues des saintes jusqu’à la mer. Ils chantent : « Vivent les Saintes Maries de la mer, vive sainte Sara ! » Dans l’église, ils allument un cierge et demandent la protection de tous ceux qu’ils aiment.
LA CAMARGUE AU FIL DES SAISONS EN CAMARGO, LOU DEBANA DI SESOUN
C@M.ARG C@m.arg : Un paysage sonore de Philippe Debarge avec improvisations au violon de Leila Ben Abdelmalek et à la guimbarde de Stéphane Zarouati. Enregistrements originaux du delta en surface et en profondeur effectués en Camargue tout au long de l’année 20112012. Cette œuvre d’une grande qualité, sélectionnée en 2013 par l’Union européenne de radiotélévision UER/EBU – groupe Ars acustica –, a obtenu le 3e prix Phonurgia Nova/Le Monde. CD joint
Le micro de Philippe Debarge en Camargue.
L’aventure humaine qui a conduit ce territoire à la reconnaissance internationale dont il jouit depuis le milieu du XXe siècle s’illustre par des activités spécifiques connues par des images largement diffusées, mais bien moins par les sons qui s’évaporent. L’œuvre de Philippe Debarge capture ces sons et les associe à ceux produits par la nature : l’avion qui passe, la moissonneuse-batteuse, les moteurs des véhicules, les voix, les chants d’oiseaux, l’eau qui ruisselle, tels qu’on les entend dans la réalité.
LA CAMARGUE EN IMAGES Image de Camargo La Camargue s’est fait connaître par les milliers d’images d’elle qui ont circulé. Le Musée de la Camargue conserve plusieurs fonds photographiques à l’origine de ces images. Ces fonds ont été légués par les familles des photographes Carle Naudot (1880-1948), Gaston Bouzanquet (18661937) et Étienne Laget (1896-1990). Ces collections, formées entre 1900 et 1970, témoignent aussi des évolutions culturelles et paysagères de la Camargue au cours du XXe siècle. Par la diffusion dont elles ont fait l’objet, essentiellement l’édition ou l’exposition, ces photographies ont contribué à la médiatisation de la Camargue et à sa notoriété actuelle.
Carle Naudot, Départ en transhumance, 1914, détail.
CARLE NAUDOT, UN EXPLORATEUR ETHNOGRAPHE EN BASSE CAMARGUE
Fidèle à ce territoire qui l’a accueilli à ses dix-sept ans, Charles Naudot (1880-1948), « photo-ethnographe », n’a cessé sa vie durant de rendre compte du quotidien de la Camargue. Né à Pertuis dans le Vaucluse, Charles Naudot entre aux ateliers des Chemins de fer d’Arles, en 1888. En 1900, il est employé par la société Solvay à Salin-de-Giraud et épouse Joséphine, fille du manadier Christophe Yonnet, en 1906. Attaché à sa terre d’accueil, Charles devient Carle, dit lou Camarguen, adoptant définitivement son prénom en langue provençale. Au sein de la société Solvay, Carle, talentueux dessinateur, est chef du bureau des études. Membre du Félibrige, de l’antique Confrérie des gardians, de la Nacioun gardiano, adjoint spécial de Salin-de-Giraud à la mairie d’Arles, créateur du club taurin de Salin en 1901, Carle est aussi membre de la Société d’ethnographie française. Cette affiliation lui vaudra, en 1977, la publication posthume de l’ouvrage Camargue et gardians qu’il avait achevé avant de mourir, en 1948. Aujourd’hui encore, Camargue et gardians demeure l’ouvrage de référence sur la Camargue de la première moitié du XXe siècle. Inquiet de voir disparaître un monde dont il a mesuré l’intérêt ethnologique, Carle réunit dans cette étude toute la mémoire du métier de gardian tel qu’il était pratiqué durant la première moitié du XXe siècle, ainsi que tous les usages de la basse Camargue. Le fonds de ce photographe, conservé au Musée de la Camargue, comporte 1 874 négatifs sur plaques de verre.
Carle Naudot, Autoportrait, 1906. Appareil à tirer les contacts. Flacons de verre du labo photo de Carle Naudot, 1900-1948.
GASTON BOUZANQUET, L’AVENTURE EN 3D
Gaston Bouzanquet (1866-1937) naît au sein d’une vieille famille de viticulteurs de Vauvert. Dans les années 1870, la crise du phylloxéra oblige la famille à s’installer à Paris où son père, Ulysse Bouzanquet, tient un négoce de vin. C’est là que Gaston fait ses études et s’ouvre aux arts, aux découvertes et aux technologies de son temps dévoilées par les Expositions universelles de 1889 et 1900. C’est alors qu’il pratique la photographie stéréoscopique. Dans la capitale, il rencontre notamment Jules Charles-Roux, « le grand Marseillais de Paris », député des Bouches-du-Rhône, industriel, armateur, écrivain, défenseur de l’identité provençale et du Félibrige, le poète Frédéric Mistral et Jeanne de Flandreysy qui est alors journaliste. À la fin de ses études, il revient à Vauvert et se lie avec Folco de Baroncelli dont il photographie l’entourage et les activités au sein de la Nacioun gardiano. On retrouve nombre de ces photographies dans Le Taureau Camargue, que Gaston Bouzanquet publie en 1925 avec Jeanne de Flandreysy. Les photographies de Gaston Bouzanquet restituent la troisième dimension grâce à la stéréoscopie, procédé qui existe depuis l’origine de la photographie. Durant plus de quarante ans, il n’a cessé de photographier, constituant une collection de plus de 4 000 images sur plaques de verre stéréoscopiques visibles en relief, à l’aide de visionneuses et, aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies numériques.
Stéréoscope Mackenstein utilisé par Gaston Bouzanquet pour visionner les plaques de verre stéréoscopiques disposées à l’intérieur de paniers. Loupe d’érable, lunettes stéréoscopiques.
LE FIL DE L’EAU, LE FIL DU TEMPS EN CAMARGUE
134 |
LUCIEN CLERGUE, MICROGRAPHIE DE LA CAMARGUE
Lucien Clergue (1934-1914) est le premier photographe « artiste » à s’intéresser à la Camargue sous un angle original, dès les années 1960. Originaire de ce territoire, il montre les détails d’une nature en perpétuel mouvement, comme il l’explique dans la postface de Camargue secrète : « C’est ici qu’est née ma mère, et moi aussi. J’ai commencé ce travail en 1959 à Arles et je n’ai jamais arrêté depuis. C’est un territoire qui me tient très à cœur. Dans la Camargue, on peut se poser sur une dune et attendre pendant des heures, il va se passer des choses constamment : un oiseau va se poser et faire couler du sable ; un insecte va faire une petite avalanche, un brin d’herbe va se courber sous le vent… il n’y a
qu’à regarder. Et puis la pluie va tout effacer. Si on regarde l’ensemble de ce travail, on se rend compte que l’horizon est visible une seule fois. J’ai voulu montrer ce qu’il y a de plus secret dans la Camargue, ce que beaucoup de gens ne voient et ne soupçonnent pas […]. On retrouve effectivement ce côté calligraphique de la Camargue, dans les rizières inondées, les roseaux en hiver après la tempête. Toute cette végétation forme ce que Goethe appelait “l’alphabet du monde”. Ces scènes sont très éphémères : elles sont le résultat de la tempête, de la pluie, du vent, qui ont sculpté un morceau de sable ou de bois. »
Lucien Clergue (photographies de), Camargue secrète, édité en 1976. Préface et coffret de Mario Prassinos contenant un ensemble de soixante-seize héliogravures et un tirage autographe de l’auteur.
LE CINÉMA EN CAMARGUE
Dès 1906, le cinéma s’installe en Camargue par l’intermédiaire d’Alice Guy et Louis Feuillade qui y tournent la première adaptation de Mirèio, poème qui valut à Frédéric Mistral d’obtenir le prix Nobel de littérature en 1904. Entre 1910 et 1914, Joë Hamman et Jean Durand y tournent les premiers westerns muets de l’histoire, en collaboration avec Folco de Baroncelli et ses gardians. Après la Première Guerre mondiale, les tournages reprennent et depuis lors, la Camargue n’a cessé d’offrir ses grandes étendues et sa lumière au septième art qui en a diffusé une image souvent mythifiée. Projeté dans l’exposition : La Caraque blonde, film réalisé par Jacqueline Audry en 1952 sur un scénario de Paul Ricard, avec Tilda Thamar, Orane Demazis, Roger Pigaut et Gérard Landry. En produisant ce film dont il a écrit le scénario, Paul Ricard exprime son attachement à la Camargue et rassure les mainteneurs qui, de prime abord, n’avaient vu en lui qu’un entrepreneur venu exploiter le territoire à son seul profit. De nombreuses scènes du film sont tournées lors de manifestations comme la fête du costume, à Arles, et le pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer. Sa passion conjuguée pour le cinéma et la Camargue, où il fait l’acquisition du Domaine de Méjanes en 1939, ne pouvait que susciter chez l’industriel Paul Ricard le désir de produire des films tournés en Camargue. Après avoir créé un complexe cinématographique dans le quartier SainteMarthe à Marseille et fondé la compagnie Protis Films, il se lance, en 1951, dans l’aventure d’un grand film camarguais en couleurs, dont il a lui-même écrit le scénario. L’intrigue est construite autour du conflit entre deux familles, dont l’une se lance dans la riziculture, tandis que l’autre reste fidèle à la tradition de l’élevage de taureaux.
Les films tournés en Camargue 1906 : Mireille d’Alice Guy et Louis Feuillade. 1909 : L’Arlésienne d’Albert Capellani. 1910 : Le Gardian de Camargue de Léonce Perret. 1910-1911 : Cœur de tzigane, Le Railway de la mort, Cent Dollars mort ou vif, La Prairie en feu, Pendaison à Jeffeson City. 1912-1914 : Arizona Bill (série d’une dizaine de films en partie tournés en Camargue réalisés les uns par Joë Hamman, les autres par Gaston Roudès). 1920 : Une fête en Camargue d’Edmond Epardaud. Mireille d’Ernest Servaes. 1921 : Notre-Dame d’amour d’André Hugon. Le Roi de Camargue d’André Hugon. Le Gardian de Joë Hamman. Une fille de la Camargue d’Henri Étiévant. 1922 : L’Arlésienne d’André Antoine. Rouletabille chez les bohémiens d’Henri Fescourt. 1923 : L’Empire du soleil d’Edmond Epardaud. 1925 : La Vie en Camargue de Jean Benoît-Lévy. 1929 : La Femme et le Pantin de Jacques de Baroncelli. 1930 : L’Arlésienne de Jacques de Baroncelli. 1932 : Gitanes de Jacques de Baroncelli. 1933 : Mireille de René Gaveau. 1934 : Le roi de Camargue de Jacques de Baroncelli. 1935 : Paris-Camargue de Jacques Forester. Arènes Joyeuses de Karel Anton. 1936 : Notre-Dame d’Amour de Pierre Caron. 1937 : Les Filles du Rhône de Jean-Paul Paulin. Forfaiture de Marcel L’Herbier. 1938 : Légion d’honneur de Maurice Gleize. 1939 : Fort-Dolores de Jean Le Hénaff. La Brigade sauvage de Jean Dréville. 1941 : L’Arlésienne de Marcel Allégret. Cartacalha, reine des gitans de Léon Mathot. Le soleil a toujours raison de Pierre Billon. 1942 : Secrets de Pierre Blanchar. 1945 : Le Gardian de Jean de Marguenat. 1946 : Chemin sans loi de Gaston Radot. 1949 : Vendetta en Camargue de Jean Devaivre.
LA CAMARGUE EN IMAGES - LE CINÉMA EN CAMARGUE
139 |
LE MUSÉE DE LA CAMARGUE : UN MUSÉE DÉDIÉ AU TERRITOIRE ET À SES HABITANTS
C
réé en 1977 par le Parc naturel régional de Camargue qui le gère depuis lors, ce musée est installé dans l’ancienne bergerie du mas du Pont de Rousty, situé sur la commune d’Arles. Le Musée de la Camargue bénéficie de l’appellation « musée de France » attribuée aux musées qui conservent des collections publiques et sont gérés par du personnel scientifique selon les directives du Service des musées de France régi par le ministère en charge de la Culture et le Haut Conseil des musées. Il s’agit d’une appellation destinée à regrouper les musées français dans la perspective d’un grand service public muséal. Le Musée de la Camargue au cœur d’un Parc naturel En 1966, lors d’une réunion initiée par la DATAR à Lurs-en-Provence, des experts d’horizons très divers réfléchissent au moyen de protéger des espaces « naturels » avec le concours de ceux qui les habitent. L’idée du musée comme un outil dont pourraient se doter les futurs Parcs naturels régionaux émerge alors. Ainsi, deux musées sont créés en 1968 et 1969, dans les PNR d’Armorique et des Landes de Gascogne avec l’aide de Georges Henri Rivière, créateur et conservateur en chef du Musée national des Arts et Traditions populaires, qui va mettre au point un nouveau concept de musée : l’écomusée. Dès lors, les écomusées se développent sur tout le territoire dont beaucoup dans des parcs naturels régionaux ou nationaux. Ces nouveaux établissements représentent en effet le complément idéal des espaces d’environnement préservé qu’ils contribuent à mettre en valeur et à faire connaître à des visiteurs de plus en plus nombreux. En Camargue, le Parc naturel régional, créé en 1970, est très vite confronté au difficile problème de l’accueil des visiteurs. Comment établir un rapport véritable entre huit mille cinq cents Camarguais, d’une part, et plus d’un million de visiteurs par an, d’autre part ? Comment expliquer à ces derniers que la Camargue n’est pas l’espace naturel peuplé de flamants roses, de taureaux et de chevaux sauvages que beaucoup croient mais une réalité complexe et fragile dans laquelle les activités humaines jouent un rôle capital ? En 1973, il est décidé d’aménager le musée du Parc dans l’ancienne bergerie du mas du Pont de Rousty, acquis par la Fondation du PNRC. Georges Henri Rivière conseillera la programmation – traiter conjointement l’histoire naturelle et humaine de la Camargue – et suivra chaque étape de la réalisation du Musée camarguais (appellation de l’époque due au lien de filiation avec le Museon Arlaten et l’œuvre de son fondateur, Frédéric Mistral). Les Camarguais furent très vite associés à la création du musée car l’année 1977 a été consacrée à leur en expliquer le programme et à lancer une grande collecte pour constituer la collection. Deux cents
LA COMPAGNIE NATIONALE DU RHÔNE, PARTENAIRE DU MUSÉE DE LA CAMARGUE
C
réée en 1933, La Compagnie nationale du Rhône a reçu de l’État en 1934 la concession du fleuve pour l’aménager et l’exploiter selon trois missions indissociables et solidaires financièrement : la production d’hydroélectricité, l’amélioration de la navigation, l’irrigation et autres usages agricoles. Elle a ainsi réalisé sur le fleuve des centrales, barrages et écluses offrant 330 kilomètres de voie navigable à grand gabarit jalonnée de sites industriels et portuaires, ports de plaisance, haltes nautiques et zones de loisirs. Son capital est majoritairement public : la Caisse des dépôts (CDC) ainsi que des collectivités locales détiennent plus de 50 % des actions et GDF-SUEZ, actionnaire de référence, 49,97 %. CNR est le deuxième producteur français d’électricité et le premier d’énergie exclusivement renouvelable. Elle produit et valorise plus de 15 TWh issus de l’hydraulique, de l’éolien et du photovoltaïque. CNR mène une stratégie industrielle performante axée sur l’entretien de son patrimoine, le développement d’un mix énergétique exclusivement renouvelable (hydraulique, éolien et photovoltaïque). Son modèle d’entreprise, le modèle CNR, référent dans le domaine des concessions hydroélectriques, est basé sur la redistribution des fruits de la croissance et le développement durable des territoires dont est issue la production d’électricité. Depuis 2004, CNR s’est engagée volontairement dans la réalisation de programmes ambitieux de missions d’intérêt général élaborés en concertation avec les collectivités territoriales et les riverains et qui s’inscrivent dans sa démarche de responsabilité sociale d’entreprise (RSE). Dans le cadre de ses missions d’intérêt général, CNR accompagne notamment des projets durables de développement des territoires d’ordre culturel, économique, environnemental ou sportif, dans une approche concertée du fleuve et de son domaine concédé. Ainsi, en soutenant la réalisation de l’exposition permanente « Le fil de l’eau… le fil du temps en Camargue », la Compagnie nationale du Rhône témoigne de son attachement à préserver le patrimoine rhodanien et favoriser la réappropriation du fleuve par les riverains.
GLOSSAIRE
Mots d’origine locale en provençal rhodanien employés dans le catalogue ou les légendes des photographies Abrivado : sept taureaux (six plus le dountaire ou simbèu) sont conduits par des cavaliers depuis les prés jusqu’aux arènes pour la course.
Draio : chemin.
Aficioun : passion du taureau.
Escalassoun : échelier de bois sur un mât planté à proximité de la cabane permettant au gardian de s’élever afin de repérer son troupeau.
Anouble : veau, mâle ou femelle, âgé d’un an. Bandido : après la course, les taureaux sont reconduits un par un jusqu’aux prés par les cavaliers. Biasso : sac de toile, ou repas tiré du sac. Biòu : bœuf, par extension en Camargue et dans le milieu de la bouvino, bovins en général. Bourgino : taureau échappé de l’abrivado qu’on rattrape et maintient par les cornes à l’aide d’une longue corde dite bourgino et dont les habitants du bourg s’amusaient. Avec le temps, le taureau à la bourgino est devenu un taureau acheté par les municipalités à cet effet, puis abattu. Cet usage est aujourd’hui interdit.
Enganes : salicornes en buisson.
Fe : passion du taureau, littéralement « foi ». Ferrado : marquage des animaux (chevaux ou taureaux) au fer rouge, manifestation qui occasionne une fête à la manade. Ficheroun (fèrri ou trident) : fer à trois piques fixé sur une hampe utilisé par le gardian pour atteindre les taureaux depuis la monture. Considéré comme l’outil emblématique des gardians de Camargue. Fichouiro : fouine utilisée pour pêcher dans les étangs. Gardianoun : apprenti gardian. Jasso : bergerie.
Bouvau : enclos de bois pour contenir les bovins. Bouvino : désigne un ensemble de bovins et, par extension, tout ce qui se rapporte à la culture du taureau. Le « pays de bouvino », souvent évoqué comme un ensemble culturel, est l’aire des pratiques taurines d’origine camarguaise. Calos : bâton de garde, d’environ 1,50 mètre, le plus souvent en frêne.
Laupio : tonnelle en roseaux élevée sur la façade sud de la cabane pour fournir un point ombragé à ses habitants. Manado : littéralement « ce que la main peut contenir » en provençal, désigne le troupeau, l’élevage de chevaux ou de taureaux ainsi que le lieu où réside le troupeau, quelquefois le mas où vit le manadier. Mountiho : montille – dune ou levée de terre.
Camelle : monticule de sel érigé par les sauniers au cours de la récolte et qui rappelle les bosses d’un chameau. Dountaire (Provence) ou simbel (Languedoc) : bœufs dressés pour conduire le troupeau.
Mourrau : museau et, par extension, objet taillé dans un bois léger que l’on fixe aux naseaux du veau pour le sevrer en l’empêchant de téter sa mère mais pas de brouter.
LE FIL DE L’EAU, LE FIL DU TEMPS EN CAMARGUE
Mourven : genévrier de Phénicie. Muselado : opération consistant à poser un mourrau au museau du veau, coïncide en principe avec la ferrado. Pelot : fermier, patron, manadier.
Sansouiro : paysage et formation végétale dominés par des salicornes buissonnantes sur des terrains peu ou pas irrigués où le sel affleure lors des grandes chaleurs. Saquetoun : sac de toile à bandoulière de crins, utilisé pour donner le grain aux chevaux, notamment au moment de les attraper.
Radèu : îlot de terre entre deux embouchures du fleuve. Rosso : chevaux de Camargue. Saladelo : plantes halophiles, tapissent de mauve les pelouses et les pâtures à la fin de l’été. Poussant sur des terrains salés, elles absorbent trop de sel et doivent en excréter par leurs feuilles. Six espèces existent en Camargue dont deux, très rares, sont protégées en France. Parmi les plantes emblématiques de la Camargue. Salicorne : plante de terrains salés de la famille des Chénopodiacées, dont la cendre donne de la soude. Salivado : inondation de mer, dite aussi emplein.
146 |
Seden : corde de 12 à 13 mètres tournée à l’aide de crins de jument et utilisée pour attacher les chevaux. Sounaio : cloches de différentes formes utilisées pour distinguer, selon leur son, les membres des troupeaux de chevaux, taureaux et moutons. Tès (theys) : îles basses d’origine alluvionnaire, apparaissant à l’embouchure du fleuve. Elles sont parfois éphémères mais peuvent petit à petit être rattachées à la terre ferme. Tibanèu : tente ou abri de gardian en forme de tipi, selon Folco de Baroncelli.
LE PEUPLEMENT DE LA CAMARGUE DEPUIS LA FIN DE L’ANCIEN RÉGIME JUSQU’EN 1900
Depuis le Moyen Âge, la noblesse et les religieux d’Arles possèdent des domaines agricoles de rapport qui changent de mains après la Révolution française.
Jean-Pierre Giraud-Depeint, propriétaire du mas de Peint, fin XVIIIe siècle.
Meuble à casiers, mas du Grenouiller (Arles), XIXe siècle.
Coll. Museon Arlaten.
Coll. MdC.
Comte de Bouchaud, propriétaire du mas de Bouchaud, vers 1785. Coll. particulière. Marquis J. B. Marie de Piquet de Méjanes, qui a ajouté à son nom celui du domaine camarguais dont il est le propriétaire, vers 1780. Coll. Museon Arlaten.
Carle Naudot, La Navette fluviale qui relie PortSaint-Louis à Tarascon par le grand Rhône, Salin-deGiraud, 1929. Coll. MdC.
Carle Naudot, Hydravion de la Cie Aéropostale sur la plage de Piémanson, Salinde-Giraud, 29 avril 1930. Coll. MdC.
Carle Naudot, Sortie des ouvriers de l’usine Solvay sous la neige, Salin-de-Giraud, vers 1910. Coll. MdC.
Carle Naudot, Le “train Pechiney” qui conduit les employés à la plage, Salin-deGiraud, 1920-1922. Coll. MdC. Inauguration du pont métallique sur le Rhône, dit aujourd’hui pont de Trinquetaille, Arles, avril 1875.
Des investisseurs misent sur l’agriculture et la désalinisation des terres qui font appel à une main-d’œuvre masculine importante. Carle Naudot, Le Pont de bateaux sur le petit Rhône à Sylvéréal, SaintesMaries-de-laMer, 1948.
Gaston Bouzanquet, Les Vendanges, mas des Silex, Vauvert (Gard), 1906. Coll. MdC. Honoré Quiqueran de Beaujeu, grand prieur de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (ordre de Malte) et propriétaire du mas de Grand Beaujeu, vers 1640.
Eugène Burnand, La Bataille des prétendants, gravure extraite de Mireille de Frédéric Mistral, 1884.
Coll. MdC.
Coll. MdC.
Carle Naudot, Course de vachettes, Salin-de-Giraud, 1930. Coll. MdC.
1811
1818
1926-1827
1830
1836
1840
1843
1855
1859
Après la Révolution, revente des biens du clergé et de la noblesse d’Arles
Sextius de Miollis achète le château d’Avignon
Le baron de Rivière achète Faraman
Premiers bacs à traction humaine au Sauvage (petit Rhône) et à Barcarin (grand Rhône)
Aménagements hydrauliques par les céréaliers pour lutter contre la salinité du sol
Création de la Société agricole de colonisation et de dessèchement de la Basse Camargue
En novembre, le Rhône inonde la Camargue
Le Rhône inonde la Camargue
Premiers salins à Badon. Installation d’Henry Merle/ Pechiney Naissance de Salin-de-Giraud
Création de la manade Yonnet Début de la crise du phylloxéra Travaux de renforcement des digues de Camargue Aménagement du bassin de Port-Saint-Louis Parution de Mirèio, poème de Frédéric Mistral
Réalisation d’un pont de bateaux sur le petit Rhône, à Saint-Gilles
Coll. MdC.
Culture céréalière puis viticulture participent à l’essor des domaines latifundiaires.
Coll. MdC.
1800
1805
Carle Naudot, Taureau à la bourgino, 1948.
Coll. MdC.
Gaston Bouzanquet, La Moisson, 1937.
Gaston Bouzanquet, Vendangeurs, 1906.
Coll. MdC.
La main-d’œuvre ouvrière découvre les jeux taurins durant ses moments de loisirs.
Carle Naudot, Battage de blé, mas du Grand Manusclat, Arles, 1916. Plaque de verre numérisée
Coll. musée Réattu, Arles.
La borne du mas de Bouvet, gravée d’une croix de Malte sous l’Ancien Régime.
Coll. MdC.
L’installation des saliniers en Basse Camargue accélère le progrès, la mécanisation, les aménagements et le peuplement.
Carle Naudot, Monsieur Aubert, laboureur au mas de l’Esquinau, Salin-de-Giraud, 1912. Coll. MdC.
Plan géométrique du domaine du Pont de Rousty et du mas de Merle, en 1816. Coll. MdC.
Carle Naudot, Le Phare de Faraman construit en 1891, Salinde-Giraud, début du XXe siècle.
1830
1840
1855
Construction du pont de Fourques sur le petit Rhône
Construction du premier phare de Faraman
Frédéric Mistral fait le pèlerinage des Saintes
1863
En mai, grande inondation
1860 Faillite des céréaliers
Coll. MdC.
1869
1875
1881
1890
1893
La Camargue est totalement endiguée
Création de la manade Lescot
Louis Prat-Noilly bâtit Montcalm
Construction du pont suspendu à Saint-Gilles
Rénovation du château d’Avignon par Louis Prat-Noilly et construction du pont de bateaux à Sylvéréal
1866 1856
Carle Naudot, Habitants du quartier Solvay en train de contempler l’éclipse de soleil, Salin-deGiraud, 1912. Coll. MdC.
Carle Naudot, Échappée des taureaux lors de l’abrivado, Arles, 1919.
Construction du pont ferroviaire « aux lions » sur le grand Rhône
1871 Ouverture du canal Saint-Louis
Construction du pont de Trinquetaille sur le grand Rhône
1882
1892
Construction du phare de la Gacholle
Construction du second phare de Faraman et du train de Camargue
Massacre des ouvriers italiens aux salins d’Aigues-Mortes
1895 Construction des cités Solvay et Pechiney à Salin-de-Giraud
LA CONSTRUCTION D’UNE IDENTITÉ AU XXE SIÈCLE
Programme de la fête du club taurin de Salin-deGiraud Prouvenço-aficioun.
Étienne Laget, Le Pèlerinage, XXe siècle. Coll. MdC.
De jeunes émules de Frédéric Mistral s’installent en Camargue pour y mener la vie rustique des éleveurs.
{
Un conflit entre saliniers et viticulteurs autour de la gestion de l’eau débouche sur la création de la Réserve nationale au centre du delta. C’est alors qu’arrivent les protecteurs de la nature.
Coll. MdC.
Souvenir de l’inauguration de la statue de Mirèio aux Saintes-Maries-dela-Mer, dimanche 26 septembre 1920.
Carle Naudot, Croix du Pont du Mort sur la route du mas de l’Amarée, Les SaintesMaries-de-la-Mer, 1939.
Étienne Laget, Le Pèlerinage, XXe siècle.
Coll. MdC.
Coll. MdC.
Coll. MdC.
Coll. MdC.
Flamants roses. Carte postale. Don Pichaud. Coll. MdC.
Gaston Bouzanquet, Un gardian, son cheval Camargue et sa cabane, entre 1910 et 1925. Coll. MdC.
Autour de Baroncelli, les « mainteneurs » veulent résister à l’exploitation économique de la Camargue par l’affirmation de sa culture telle qu’ils la définissent et la mettent en scène.
Coll. MdC.
M. Martin, Marcel Mailhan vêtu du costume de gardian, 1940.
Pelle italienne, vers 1930. Utilisée par les travailleurs italiens pour les travaux de terrassement, ce type de pelle fabriquée en Italie a servi à l’aménagment des réseaux hydrauliques de Camargue.
Passeport de lavoratori italiens. Coll. Nadine Rochat.
Coll. MdC.
PEUPLEMENT
Carle Naudot, Le Marquis Folco de Baroncelli-Javon, mas de l’Amarée, Les Saintes-Maries-de-la-Mer, vers 1930. Coll. MdC.
Diplôme de la Fèsto Vierginenco. Coll. Museon Arlaten.
Carle Naudot, Abrivado aux SaintesMaries-de-laMer, vers 1925.
Carle Naudot, Un dimanche à la plage, Salin-de-Giraud, après 1925.
Coll. Annie Maïllis.
Coll. MdC.
Coll. MdC.
Travailleurs indochinois au mas de Cabassole, juin 1942. Coll. Jeanne Santicoli.
Colle de vendangeurs italiens, 1938.
Le Rhône inonde la Camargue en 1993 et 1994, et rappelle aux hommes que leur installation est précaire dans un delta qui reste submersible.
Les Cabanettes en Camargue, Saliers, Arles, vers 1980. Coll. MdC. Hôtel réalisé par l’architecte Armand Pellier entre 1965 et 1978.
Coll. Ricard SA.
Coll. MdC.
Gaston Bouzanquet, Joseph d’Arbaud à cheval, 1910-1925. Coll. MdC.
Logo du Parc naturel régional de Camargue à sa création, 1970. Dessin de Jean Garcia. Commande du ministère de l’Environnement pour les parcs naturels régionaux créés à la suite du décret du 1er mars 1967. Groupe d’ouvriers grecs et russes, Salin-de-Giraud, vers 1925.
Paul Ricard, riziculteur à Méjanes, vers 1945.
Étienne Laget, Farandole, xxe siècle.
Le Musée Camarguais inondé, 1993. Coll. MdC.
Carte de la Camargue illustrée, 1960. Coll. MdC. Carle Naudot, Défilé de l’Antico Counfrarié di Gardian, Beaucaire, 1939.
Naturaliste en Camargue, 2010.
Un acteur institutionnel, le Parc, est créé pour gérer par la concertation la complexité d’un territoire, entre développement et conservation.
Carte du Pays d’Arles, 1941. Fernand Benoît et Léo Lelée, pour la Revue d’Arles.
Coll. MdC.
Carle Naudot, Frédéric Mistral à la Fèsto Vierginenco, Arles, 1913. Coll. MdC.
Tandis que le tourisme se développe sur la côte languedocienne, la Camargue est préservée pour sa nature et sa culture jugées exceptionnelles
REPRÉSENTATIONS
Gérard Gadiot, Taureau. Coll. MdC.
Étienne Laget, Frise de gardians, vers 1940.
Carle Naudot, Salin, avant 1948.
ENVIRONNEMENT
Église orthodoxe aménagée par la communauté grecque de Salin-de-Giraud, 2010.
Plage du littoral camarguais, vers 1980. Carte postale.
La Camargue on va tous lui montrer qu’on l’aime. Affiche réalisée par la ville d’Arles à la suite des inondations qui ont frappé la Camargue en 1993 et 1994. L’auteur de la photographie est Lucien Clergue.
Coll. MdC.
La Camargue des naturalistes et celle des mainteneurs est aussi celle des migrations humaines motivées par la foi, le travail ou les loisirs.
Coll. Nadine Rochat.
Les Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer, vers 1980. Carte postale. Coll. MdC.
1902
1909
1920
1926
1932
1939
1942
1953
1957
1962
1970
1984
1993
Construction du phare de Beauduc
Création de la Nacioun gardiano par Folco de Baroncelli
Décroisement des taureaux de races espagnoles et Camargue
Hermann Paul dessine la croix du Pont du Mort pour Folco de Baroncelli
L’électricité arrive aux Saintes-Maries-de-la-Mer
SECONDE GUERRE
Création du camp de gitans de Saliers
Fermeture de la ligne de train d’Arles aux Saintes
Inauguration du bac de Barcarin II
Indépendance de l’Algérie
Création du Parc naturel régional de Camargue
Réalisation de Port-Gardian au Saintes-Maries-de-la-Mer
En octobre, le Rhône inonde la Camargue
Édition de La Bête du Vaccarès, poème de Joseph d’Arbaud
1933
1940
1945
1958
1963
Inauguration du bac de Barcarin I
Débuts de l’ère de la riziculture
Libération
Fermeture de la ligne de train d’Arles à Salin-de-Giraud
Aménagement du littoral languedocien
1914-1918 PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
1927 Création de la Réserve du Vaccarès par la Société nationale d’acclimatation
1935 Reconnaissance par l’Église de la journée de pèlerinage à Sara pour les Gitans aux SaintesMaries-de-la-Mer, le 24 mai
MONDIALE
1941 Première campagne de repiquage du riz avec les supplétifs indochinois
Les ornithologues de la Tour du Valat réalisent l’îlot artificiel pour les flamants.
1972 1959
1965
Lucien Clergue photographie la Camargue
Aménagement du site industriel portuaire de Fos
Inauguration du bac du Sauvage 3
1994 En janvier, le Rhône inonde la Camargue
C@m.arg Paysage sonore composé par Philippe Debarge, 2012
Violon : Leila Ben Abdelmalek Guimbarde : Stéphane Zarouati 27 min. Coll. MdC
CD audio inclus dans le livre. Ne peut être vendu séparément.
© 2015, Somogy éditions d’art | Parc naturel régional de Camargue