© Somogy éditions d’art, Paris, 2013 www.somogy.fr © Conseil général de la Vendée, La Roche-sur-Yon, 2013 Conception graphique : Ariane Naï Aubert Fabrication : Michel Brousset, Béatrice Bourgerie, Mélanie Le Gros Contribution éditoriale : Sandra Pizzo Suivi éditorial : Isabelle Pelletier et Marie Caillaud ISBN 978-2-7572-0615-7 Dépôt légal : février 2013 Imprimé en Italie (Union européenne)
ĂŠlicie de auveau et la VendĂŠe
4 •F
élicie de
Fauveau et la Vendée
Cet ouvrage est édité par le conseil général de la Vendée à l’occasion de l’exposition Félicie de Fauveau (1801-1886), l’amazone de la sculpture présentée à l’Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne, du 16 février au 19 mai 2013, en partenariat avec le musée d’Orsay, qui l’accueille du 10 juin au 15 septembre 2013. Commissariat général : M. Guy Cogeval, président de l’établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie M. Christophe Vital, directeur du patrimoine culturel, conservateur en chef des musées, conseil général de la Vendée Commissariat scientifique : M. Sylvain Bellenger, conservateur du département des Peintures et Sculptures européennes, Art Institute of Chicago M. Jacques de Caso, Professor Emeritus, University of California at Berkeley Coordination de l’exposition : Mme Florence Rionnet, docteur en histoire de l’art moderne et contemporain, responsable des partenariats scientifiques et des grands projets, conseil général de la Vendée Mme Marie-Élisabeth Loiseau, assistante de conservation, chargée des éditions
Remerciements Nous exprimons notre gratitude envers l’arrière-arrière-petitneveu de l’artiste, qui a mis à notre disposition l’ensemble des documents, objets et œuvres se rapportant à Félicie de Fauveau. Sans cette délicate attention, ce projet n’aurait pu avoir lieu. Nous remercions également M. Charles Janoray, qui nous a aimablement communiqué le résultat de ses recherches, ainsi que, pour sa précieuse contribution, Mme Silvia Mascalchi, auteur d’un récent ouvrage sur Félicie de Fauveau. Nos remerciements s’adressent aux prêteurs publics et privés qui ont accepté de participer à cet événement exceptionnel en mettant à notre disposition leurs collections. Prêteurs publics : Mesdames et Messieurs les maires des villes d’Amiens, Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Châlons-en-Champagne, Douai, Louviers, Toulouse, M. le président de l’Agglomération montargeoise Mesdames et Messieurs les responsables des collections des musées et établissements publics : Mme Sabine Cazenave, directrice des musées d’Amiens Mme Constance Rubini, conservateur du musée des Arts décoratifs de Bordeaux Mme Magali Briat-Philippe, conservateur du monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse M. Philippe Pagnotta, conservateur en chef des musées de Châlons-en-Champagne Mme Anne Labourdette, conservateur du musée de la Chartreuse, Douai Mme Simonella Condemi, directrice de la galerie d’art moderne, palais Pitti, Florence M. Nicolas Penny, directeur de la National Gallery, Londres M. Michel Natier, directeur du musée de Louviers
Mme Reynier, conservateur du musée du Trésor de la cathédrale de Lyon Mme Marie Bardisa, conservateur régional des monuments historiques, Région Rhône-Alpes Mme Cécile Oulhen, conservateur des monuments historiques de la Région Rhône-Alpes Mme Carole Paret, conservateur délégué des antiquités et objets d’art du Rhône Mme Pascale Gardes, attachée de conservation du musée Girodet, Montargis M. Bruno Racine, président de la Bibliothèque nationale de France, Paris Mme Ariane James-Sarazin, chef du service des expositions, Bibliothèque nationale de France, Paris Mme Ophélie Ferlier, conservateur des sculptures, musée d’Orsay, Paris, et son prédécesseur, Mme Catherine Chevillot M. Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre, Paris M. Marc Bascou, conservateur général en charge du département des Objets d’art, musée du Louvre, Paris Mme Geneviève Bresc-Bautier, conservateur général en charge du département des Sculptures, musée du Louvre, Paris Mme Lynn Zelevansky, directeur, The Henry J. Heinz II, Carnegie Museum of Art, Pittsburgh (États-Unis) M. Harmut Dorgerloh, directeur général, Stiftung Preussische Schlösser und Gärten Berlin – Brandenburg, Potsdam (Allemagne) Mme Ekaterina Terioukova, directeur, State Museum of the History of Religion, Saint-Pétersbourg (Russie) Mme Elena Kalnitskaya, directeur général, Peterhof State Museum-Reserve, Saint-Pétersbourg (Russie) Mme Anna Lugovaya, chef du département des nouveaux musées et des expositions, Peterhof State Museum-Reserve, Saint-Pétersbourg (Russie) Mme Tatiana Kostrova, département des expositions, Peterhof State Museum-Reserve, Saint-Pétersbourg (Russie) M. Axel Hemery, conservateur en chef du musée des Augustins, Toulouse M. Thomas Trabitsch, directeur de l’Austrian Theater Museum, Vienne (Autriche) Mesdames et Messieurs les régisseurs des collections, chargés des prêts : Mme Bénédicte Rochet, musée d’Amiens Mme Valérie de Raignac, musée des Arts décoratifs de Bordeaux M. Romuald Tanzilli, monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse M. Nicolas Bernard, musées de Châlons-en-Champagne Mme Caroline Bouly, musée de la Chartreuse, Douai Mme Laura Mori, galerie d’art moderne, palais Pitti, Florence Mme Claire Hallinan, The National Gallery, Londres M. Laurent Creuzet, département des Objets d’art, musée du Louvre, Paris Mme Suzelyne Chandon, département des Sculptures, musée du Louvre, Paris Mme Monika Tomko, Carnegie Museum of Art, Pittsburgh (États-Unis) Mme Ute-G. Weickardt, Stiftung Preussische Schlösser und Gärten Berlin – Brandenburg, Potsdam (Allemagne) Mme Caroline Berne, musée des Augustins, Toulouse Mme Karin Neuwirth, conservateur de l’Austrian Theater Museum, Vienne (Autriche)
Paix religieuse et ordre des familles
Prêteurs privés : S.K.H. Carl Herzog von Wuerttemberg Association La Paternelle, Mettray (Indre-et-Loire) The Earl of Crawford and Balcarres Nos remerciements s’adressent à tous les prêteurs privés qui ont souhaité conserver l’anonymat. Merci également à tous les informateurs qui, à l’occasion de nos recherches, ont été d’un précieux concours : M. Jacques Barrelet, archiviste d’État, Genève (Suisse) M. Briony Benge-Abott, directeur, The Women’s Library, Londres Fr. Gwyn Clement, vicaire, St Mary and Christ Church Hendon, Londres M. Bernard Dangauthier, responsable des périodiques, bibliothèque Forney, Paris Mme Olga Derlaca, secrétariat de l’Institut polonais, Paris M. Kenneth Dunn, directeur de la National Library of Scotland, Édimbourg (Grande-Bretagne) M. Hubert Dziedzic, directeur de l’École publique de musique de Zagan (Pologne) M. Fritz Eberhard, archiviste, Hauses Wuerttemberg, Althausen (Allemagne) M. Bertrand Frelaud, agrégé de l’Université, docteur en histoire et civilisation, Vannes Mme Christine Galissot, CAOA du Var, Le Muy Mme Nadège Horner, chargée d’études documentaires, musée d’Orsay, Paris M. Dominique Lobstein, responsable de la bibliothèque du musée d’Orsay, Paris Père Moradei et les membres de la paroisse Saint-Louis, Hyères Mme Klaudia Podsiadko, directrice adjointe de l’Institut polonais, Paris Mme Béatrice Tupinier, chargée d’études documentaires, département des Sculptures, musée du Louvre, Paris Cette exposition a été conçue, administrée et réalisée par le service de la conservation des musées et des expositions, direction du patrimoine culturel, conseil général de la Vendée, en partenariat avec l’établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie.
Administration : Mme Séverine Béchet Mme Corinne Bonnier Mme Catherine Boussion M. Erwan Calonnec Mme Anne Cousseau M. Luc Marcant Mme Cécile Pieau M. François Robin Mme Élisabeth Rotteleur Photographies : M. Patrick Durandet, sauf mention particulière Coordination technique et muséographie : M. Jean-François Bessonnet M. Loïc Boussonnière Mme Gislaine Pineau Transport des œuvres : Artrans, Colmar M. Franck Bonnamy M. Sébastien Moreau Accrochage : M. Jean-Robert Bariteau M. Franck Bonnamy M. Sébastien Moreau Multimédia : Mme Violaine Cailleau Audiovisuel : M. Luc Siret Éclairage et intégration : M. Patrice Cousseau M. Thomas Manceny Moinard Électricité, Rocheservière (Vendée) Gestion des publics : Mme Isabelle Haïssat Animations : Mme Clarisse Brocheteau Mme Nathalie Collot Mme Cécile Mercier
Recherche des œuvres et transcription des lettres de Félicie de Fauveau : Mme Isabelle Dupire-Willette
Agencement : Adimes Concept, Chenôve (Côtes d’Armor)
Gestion des prêts : Mme Mariette Ricot
Signalétique, conception graphique : Les P’tits Papiers, Saint-Gervais (Vendée) PLP Publicité, Boufféré (Vendée)
Régie des œuvres : Mme Stéphanie Auger-Bourdézeau Mme Carmela Bessonnet Mme Luce Martineau Mme Morgan Milliet Gestion des photographies : M. Jean-Pierre Remaud
Restauration des œuvres : Catherine Augel, Saint-Savin (Vienne) Christine Bazireau, Saint-Vaast-en-Chaussée (Somme) Frédérique Berson, Damville (Eure) Patrick Buti, Le Poiré-sur-Vie (Vendée) Angélique Durif, Le Verger (Ille-et-Vilaine) Chiara Fornari, Florence (Italie) Justyna Szpila Verdavaine, La Bouëxière (Ille-et-Vilaine)
•
5
ommaire Préface
9
Bruno Retailleau, président du conseil général
Avant-propos
11
Christophe Vital, directeur du patrimoine culturel, conservateur en chef du patrimoine, conseil général de la Vendée
aix religieuse et ordre des familles L’antidote à l’aventure en Vendée (1815-1840)
12 14
Pierre Legal, maître de conférences HDR d’histoire du droit, doyen honoraire de la faculté de droit et de sciences politiques de Nantes
algré tout elles y croient… Avril-mai 1832 : Les Cinquante-Jours de la Régente de France
24 26
Thérèse Rouchette, historienne
Félicie de Duras, comtesse Auguste de La Rochejaquelein (1798-1883)
30
Éric Mension-Rigau, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris IV-Sorbonne
Le château de Landebaudière ou le « secret » de la Vendée
34
Julien Boureau, conservateur des Antiquités et Objets d’art de la Vendée
endée, labeur, honneur, douleur Une double passion : la sculpture et le Moyen Âge
40 42
Christophe Vital
nnexes Liste des œuvres exposées à l’Historial de la Vendée
68 71
Marie-Élisabeth Loiseau, assistante de conservation, conseil général de la Vendée
Bibliographie
77
•
réface
D
ans un petit cimetière de Toscane, non loin de la ville de Florence, une dalle funéraire placée dans une chapelle porte gravée l’inscription suivante : « Vendée, Labeur, Honneur, Douleur », devise d’une femme sculpteur, Félicie de Fauveau, décédée le 12 décembre 1886. Mais qui était donc cette artiste affirmant ainsi, jusque dans la mort, son attachement pour la Vendée ? À la chute de Charles X, Félicie de Fauveau se lie d’amitié avec la comtesse de La Rochejaquelein et suit cette dernière en Vendée, au château de Landebaudière. Là, les deux femmes préparent un soulèvement afin de renverser Louis-Philippe au profit du jeune duc de Bordeaux, fils de la duchesse de Berry et héritier de la branche aînée des Bourbons. Dans ce pays qui porte encore les blessures des guerres de Vendée, les deux amazones se jettent à corps perdu, avec quelques fidèles, dans une aventure sans lendemain qui se termine par l’arrestation de la duchesse et par leur condamnation à l’exil. La jeune sculptrice quitte pour toujours la France pour l’Italie, mais emporte avec elle le souvenir lancinant de la Vendée. C’est ainsi que commence pour Félicie de Fauveau une nouvelle vie, fondée sur les trois derniers piliers de sa devise. Labeur d’abord, car cette nouvelle vie est entièrement consacrée à la sculpture. Fascinée par le Moyen Âge, inspirée par la Renaissance italienne, Félicie produit dans son atelier florentin des chefs-d’œuvre qu’elle destine aux grandes familles princières d’Europe. Son œuvre romantique est unique et étrange.
Honneur, ensuite, celui de rester fidèle à ses principes. Selon le serment que l’écuyère prêta jadis à la comtesse de La Rochejaquelein, elle lui garde son dévouement. Son exil, d’abord subi, devient ainsi un exil revendiqué. Douleur, enfin, au cours d’une vie de souffrance et de déception, et d’abord celle de ne jamais voir l’« enfant du miracle », dont elle sculpta souvent les traits, accéder au pouvoir. Vendée, Labeur, Honneur, Douleur : ces quatre mots gravés par Félicie de Fauveau elle-même sur sa pierre tombale résument toute une vie. Cependant, qui connaît aujourd’hui cette artiste ? Que savait-on encore il y a peu de son œuvre ? De son rayonnement ? L’Historial de la Vendée, avec le concours prestigieux du musée d’Orsay, répond à ces questions à l’issue de longues et passionnantes recherches. Selon les historiens de l’art, nous assistons là à une résurrection. Le cas n’est pas si fréquent car on a beaucoup exploré, étudié, exposé les artistes de ce grand siècle ; peu de grands talents ont donc été totalement ignorés. Félicie de Fauveau reconquiert son nom et il est fort à parier que l’originalité de sa production, son style très personnel mais aussi son statut de femme – ce qui est une rareté chez les sculpteurs – seront salués par le public. Je suis heureux de voir ainsi la Vendée rendre hommage à cette femme d’exception qui l’a tant aimée, en réunissant cet ensemble inédit provenant de France, des États-Unis, d’Angleterre, d’Écosse, d’Allemagne, d’Autriche, de Russie et d’Italie. runo
Fig. 1 Félicie de Fauveau Autoportrait à la levrette Marbre, 1846 Postdam, Stiftung Preussische Schlösser und Gärten, Berlin-Brandeburg
1
etailleau
9
•
vant-propos
L’
intérêt que nous portons depuis près de trente ans à Félicie de Fauveau doit son origine à une dague conservée dans les collections du musée de Fontenay-le-Comte, provenant sans doute des collections d’Eugène de Mouillebert, donateur du musée, qui fut élève sans grand talent de Gros. La dague, ornée d’un manche ayant pour thème Othello, était attribuée à cette artiste. Si cette attribution est aujourd’hui remise en doute, c’est elle néanmoins qui marque le point de départ d’une longue quête afin de découvrir qui était exactement cette sculptrice plongée dans l’oubli. La visite au musée d’un arrière-petitneveu de Félicie de Fauveau, fasciné par la personnalité de cette parente et qui cherchait à en répertorier les œuvres, fut le début d’une relation épistolaire longue et suivie entre nous. Plus tard, c’est Amblard de Guerry qui, ayant trouvé une version des Mémoires de Félicie et cherchant à les publier, organisait au château de Landebaudière, alors propriété privée, une modeste exposition. Nous lui prêtâmes main-forte en mettant à sa disposition quelques vitrines. Malheureusement, la disparition de ce descendant des La Rochejaquelein laissait ce projet sans lendemain. En 2004, le département, devenu propriétaire du château, y aménagea à l’issue d’importants travaux une médiathèque : à l’occasion de son ouverture, nous produisîmes un documentaire qui retraçait l’histoire de ce monument et évoquait les
épisodes de 1831 et 1832, et le rôle que joua l’artiste aux côtés de la comtesse de La Rochejaquelein. Au fil des années, le hasard voulut que plusieurs œuvres de Félicie nous fussent proposées pour enrichir les collections de l’Historial : une vue de l’atelier en 1995, un dessin anonyme représentant la sculptrice en 2004, le hausse-col de la duchesse de Berry en 2007, le portrait d’Henri V en marbre en 2008 et enfin une lithographie reproduisant le projet de monument en hommage à Charles de Bonnechose en 2009. En même temps se dessinait de plus en plus l’idée d’une exposition rétrospective, la première consacrée à ce qui devenait à nos yeux une grande artiste, presque unique, une grande romantique, passionnée de Moyen Âge, attachée à la Vendée et au duc de Bordeaux jusqu’à l’obsession. Un autre hasard voulut alors que, croisant à Paris Sylvain Bellenger et évoquant avec lui ce projet, il m’informât du dépôt par la famille à l’Institut national d’histoire de l’art d’une très importante série de lettres de la main de l’artiste grâce à l’intervention de Jacques de Caso. Elles étaient en attente d’un lourd travail de transcription. Nous proposâmes alors de prendre en charge ce travail et de nous associer pour mener à bien un projet d’exposition. L’étude de la correspondance documenta considérablement la production de la sculptrice et permit d’enrichir le corpus des œuvres. Il fallait trouver au moins un partenaire pour faire aboutir un tel projet, d’autant que les recherches démontraient que les œuvres étaient dispersées dans de nombreux pays étrangers. Guy Cogeval, président de l’établissement public d’Orsay, accepta de s’associer à cette entreprise. C’est donc ainsi que nous avons pu mener à bien cette réalisation, qui constituera à n’en pas douter une révélation pour le public et un grand moment pour l’histoire de l’art du xixe siècle. hristophe
3
2
ital
Fig. 2 Anonyme Félicie de Fauveau sculptant le bénitier de la comtesse de La Rochejaquelein Huile sur vélin, vers 1841 Collection particulière Fig. 3 Félicie de Fauveau (faussement attribuée à) Dague Othello et Desdémone et son fourreau Bronze, vers 1845 Fontenay-le-Comte, musée municipal
11
aix religieuse et ordre des familles
Voir fig. 13, p. 20
13
antidote à l’aventure politique en Vendée (1815-1840)
L’
Fig. 4 Anonyme Portrait de GabrielLaurent Paillou (1735-1826), évêque de La Rochelle (1805-1826) Huile sur toile, copie de Joachim de Sotta Coll. Association diocésaine de Luçon Fig. 5 Anonyme Voyage de la duchesse de Berry en Vendée en 1828 (Sur l’arbre décoré, le H en l’honneur d’Henri, duc de Bordeaux) Lithographie Les Lucs-surBoulogne, Historial de la Vendée
aventure menée en 1832 dans l’Ouest par la duchesse de Berry, à laquelle s’est trouvée mêlée Félicie de Fauveau, a tourné court. Pouvait-il en être autrement ? En se fiant aux apparences, un soulèvement était possible. Le pays conserve alors les marques d’un passé révolutionnaire, une fraction de la noblesse refuse d’accepter le régime instauré par Louis-Philippe, la politique départementale est l’apanage d’une bourgeoisie héritière de la Révolution, éligible grâce au mécanisme censitaire, un vent anticlérical souffle notamment depuis 1830, l’évêque de Luçon affiche un passé contre-révolutionnaire, et le passage de la duchesse de Berry en 1828 (fig. 5, p. 15) a tranché avec les voyages officiels des membres de la famille royale au cours de la Restauration… Le brillant a éclipsé les ambiances compassées1. Mais la Vendée ne s’est pas soulevée, ou marginalement, et les apparences ont été balayées par l’émergence d’évidences qui se sont imposées aux yeux de toutes les parties concernées. Les représentants du pouvoir, à Paris et dans l’Ouest, ont fini par comprendre que leurs craintes, pourtant fortes, étaient exagérées. Quant aux insurgés, appartenant à la faction royaliste légitimiste, ils ont découvert à leur détriment qu’une politique insurrectionnelle ne se fonde pas sur une somme d’impressions et une geste, fût-elle dans le goût artistique du temps. Plusieurs facteurs, plus ou moins mesurables, ont été avancés : les Vendéens ont pardonné, les anciens ne tenaient plus à revivre les horreurs connues dans un passé dont ils refusaient de parler, le devoir d’oubli arrêté dans l’article 11 de la Charte de 1814 a été entendu. Sans dénier le bien-fondé de ces explications, elles relèvent toutefois d’approches impalpables. Il est, en revanche, des réalités que les opposants à la monarchie de Juillet auraient pu prendre en compte. Cet article brosse une esquisse de la situation religieuse et économique du département de la Vendée
autour de la période pendant laquelle Félicie de Fauveau a participé à la tentative de soulèvement des populations locales. Il évoque les incidences de l’intervention étatique, soucieuse du respect de l’ordre public. La Vendée de 1832 diffère du Bas-Poitou et de son partage en élections, augmentées de marches, références prégnantes en 1793. La départementalisation, alors toute récente, est devenue réalité. La division territoriale départementale s’est stratifiée, l’institution préfectorale est devenue opérationnelle, et les dispositifs militaires, et plus largement de maintien de l’ordre, avec l’organisation de la gendarmerie, se révèlent d’une certaine efficacité. Les insurgés, qui interviennent sur quatre départements (Deux-Sèvres, Loire-Inférieure, Maine-et-Loire et Vendée), ont face à eux des forces fonctionnellement structurées. En outre, si l’on observe le seul département vendéen, l’aire d’intervention des auteurs des troubles est partielle et circonscrite, et partant plus facilement contrôlable. Quant à la population de 1832, elle ressemble peu à celle de 1793. Son nombre a chuté et elle a singulièrement rajeuni. La saignée des temps révolutionnaires a modifié la composition sociale. Près de quarante ans se sont alors écoulés, une nouvelle génération est née et, comme d’ordinaire, elle n’entend pas emprunter les chausses de la précédente. Dans ses choix politiques, elle est divisée. Le parti légitimiste ne représente qu’une faible partie des habitants, compensée par les opposants politiques – orléanistes, bonapartistes et républicains – ou, tout simplement, et plus
4
•
5
15
16 • F
élicie de
Fauveau et la Vendée
encore, par les gens sages qui n’entendent pas s’engager dans des aventures aux finalités incertaines. En outre, la population a pu éprouver les fruits d’une politique voulue par Napoléon lorsqu’il avait déclaré en prenant le pouvoir le 18 brumaire vouloir mettre un terme à la Révolution. Les gouvernements des régimes ultérieurs en ont alors assuré la continuité. Cette politique porte sur deux points essentiels : l’apaisement religieux et l’organisation civile. Elle est scellée par la promulgation du Concordat en 1801-1802 et du Code civil en 1804. Paix religieuse et ordre des familles. Ces deux textes n’ont pas, ou si peu, été retouchés pendant la Restauration, y compris au cours de la Seconde, en dépit des annonces maintes fois énoncées par le parti ultra. Ils donnent une clef d’explication, comme l’a souligné Alain Gérard à propos des mouvements de 1815 : « Et puis les Vendéens, qui ne sentent plus leur religion ni leur existence menacées par la dérive révolutionnaire, ne se mobilisent guère pour une cause devenue politique2. » Au cours de la monarchie de Juillet, ces textes fondamentaux sont demeurés sans modification, conférant un cadre stable, propice à la conduite de projets structurants dans la sphère tant religieuse que civile.
Esquisse de la situation religieuse Le rétablissement du culte, arrêté par le Concordat, officialise des reprises qui jusqu’alors n’étaient que tolérées. Désormais, des directives sont adressées aux préfets et aux maires pour faciliter son exercice dans un cadre législatif et réglementaire (articles organiques). De nombreuses églises paroissiales sont rouvertes, nettoyées et souvent réparées à la hâte. La paroisse retrouve alors une urbanité sur une base communale. Il s’en faut de beaucoup pour que les prêtres soient en nombre suffisant et que le clergé soit uni après des années de séparation, de choix politiques divergents et de proscriptions. Il y a tant à reconstruire. Sous l’autorité de l’évêque de La Rochelle, monseigneur Paillou (fig. 4, p. 14), qui administre alors une circonscription concordataire couvrant l’étendue des départements de la Charente-Inférieure et de la Vendée, le Concordat est accepté progressivement par une majorité de la population. Les refus, connus sous le nom de Petite Église, s’amenuisent, du moins en Vendée départementale, avec toutefois de sérieuses résistances dans la région de Fontenay-le-Comte et de La Châtaigneraie. Monseigneur Paillou, ancien vicaire général du diocèse de Luçon avant la Révolution, use de toute son autorité pour convaincre ses administrés d’éviter les divisions politiques et religieuses. En 1817, le diocèse de Luçon est rétabli sur des bases départementales. Son premier évêque, monseigneur Soyer (fig. 6), installé en 1821 en dépit de ses engagements contre-révolutionnaires pendant le soulèvement 6
L’antidote à l’aventure politique en Vendée (1815-1840)
de 1793, veille à faire régner la concorde dans le clergé et à construire sa circonscription à partir de l’ancien territoire de Luçon et d’une fraction du diocèse de MaillezaisLa Rochelle. Il lui faut agir avec pugnacité pour installer une nouvelle organisation, mobiliser les forces vives et prévoir la relève d’un clergé peu nombreux et vieillissant3. À son tour, il invite les ultimes récalcitrants à accepter le Concordat, résultat qu’il obtiendra4. Alors que s’installe le régime de la monarchie de Juillet, l’évêque s’emploie à soutenir la cause de la canonisation de Louis-Marie Grignion de Montfort, geste par essence fédérateur. Avec l’aide inlassable du père Louis-Marie Baudouin (fig. 8), il invite à l’appel des vocations presbytérales. Grâce à ses efforts, un petit séminaire s’ouvre aux Sables-d’Olonne, le grand séminaire est rétabli à Luçon et un établissement de formation accueille des jeunes gens se destinant au sacerdoce à Chavagnes-enPaillers. Ceux qui s’engagent progressivement dans cette voie sont issus de la strate paysanne, marginalement du monde de la bourgeoisie, alors marquée par des choix voltairiens5. Au même moment, les vocations religieuses féminines renaissent, notamment dans le cadre de congrégations restaurées, comme les sœurs de la Sagesse à Saint-Laurent-sur-Sèvre et les sœurs de l’Union chrétienne à Fontenay-le-Comte. D’autres instituts voient le jour, comme les ursulines de Chavagnes, puis les sœurs des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie de Mormaison. Ils permettent à de nombreuses jeunes filles de donner un sens à leur vie à travers un apostolat défini : l’éducation de la jeunesse et les soins à apporter aux pauvres et aux malades. Le père Gabriel Deshayes (fig. 9), alors supérieur des congrégations monfortaines, autorise les frères
7
8
dits de Saint-Gabriel à se consacrer à l’enseignement. Les jeunes gens peuvent alors choisir entre une vocation presbytérale et religieuse apostolique. Avant la promulgation de la loi du 28 juin 1833 relative à la liberté d’enseignement primaire (loi Guizot), instamment demandée depuis 1830, quelques pionniers multiplient les initiatives pour que naisse un enseignement primaire mêlant savoirs académiques et religieux. Les efforts à déployer pourraient décourager plus d’un aspirant tant la tâche semble immense6. Les jeunes filles et garçons, issus de la campagne, qui s’y emploient, le plus souvent dans le cadre d’instituts religieux, jouent un rôle essentiel dans la double reconstruction de la société civile et religieuse. Alors que le diocèse renaît en même temps que l’environnement économique et social du département, les deux actions étant menées de pair, les bourgs ruraux et les petites villes reprennent vie. Chacun veille à édifier maisons individuelles et bâtiments communs, dont des églises. Les paroissiens s’emploient à restaurer, à embellir ou à reconstruire les lieux de culte qui ont souffert des outrages du temps et de la guerre civile. L’inventaire établi par l’abbé Louis Delhommeau témoigne de l’importante campagne de travaux au cours de la Restauration et des premières années de la monarchie de Juillet. Elle se poursuivra à partir de 1840 et quelques belles réalisations sortiront de terre, empruntant la forme basilicale, comme les églises de Sainte-Hermine ou de Brétignolles7 (fig. 7). La reconstruction religieuse à laquelle s’activent, en dépit de nombreuses difficultés, des gens zélés issus de toutes les strates de la population connaît une traduction non moins volontaire dans toutes les manifestations de la vie civile et économique. Sur la base renouvelée qu’offre le Code civil, l’agriculture, première industrie du pays, se réorganise.
•
9
Fig. 6 Gustave Marquerie Arrivée de monseigneur Soyer devant la cathédrale de Luçon le 10 novembre 1821 Huile sur toile, 1877 Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée
Fig. 7 Église de Brétignollessur-Mer, la façade, un bas-côté et son clocher Fig. 8 Anonyme Portrait du vénérable Louis-Marie Baudouin (1765-1835) Huile sur toile (v. 1816) Collection particulière Fig. 9 Francis Ayreaudeau Gabriel Deshayes Huile sur toile, 1954, d’après un portrait peint du xixe siècle Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée
17
18 • F
élicie de
Fauveau et la Vendée
10
Les initiatives économiques
Fig. 10 Rojsel Portrait de JeanFrançois Merlet (1761-1830), préfet de la Vendée (1801-1809) Miniature Collection particulière Fig. 11 Berry, lithographe Thierry frères, lithographes Portrait de monseigneur René François Soyer Lithographie, 1834 Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée
Dès l’Empire, il est aisé de mesurer les premiers efforts engagés. Les propriétaires bourgeois ayant acquis des biens nationaux se lancent dans des opérations de remembrement de leurs domaines. Ils redistribuent les terres en métairies cohérentes, aisées à cultiver. Ils investissent dans l’amélioration des races bovines et ovines et dans un matériel de labours performant. Sur leur domaine, ils songent à la construction d’une maison de maître qui vient parfaire l’ensemble et marquer le point d’ancrage de l’« amenage ». Le modèle connaîtra une amplification au cours du xixe siècle8. La noblesse retrouve progressivement ses biens, du moins ceux qui n’ont pas été vendus. Le préfet d’Empire Merlet (fig. 10) veille à restituer aux propriétaires ou à leurs héritiers les biens-fonds qui demeurent sous séquestre. Au fur et à mesure de leur retour d’émigration, les réattributions de terres s’opèrent dans un cadre légal ou volontaire, des prête-noms ayant acquis quelques biens dans l’attente d’une éventuelle rentrée. Quelques pressions sur des acquéreurs de biens nationaux donnent lieu à des récriminations et sont sources de tensions que surveille particulièrement l’administration préfectorale de Louis XVIII. Le sujet est sensible. En 1825, la loi dite du « milliard des émigrés » apporte son lot d’apaisement. Les marchés en témoignent. Les descendants des familles ayant quitté la France, plus rarement les anciens propriétaires, reçoivent des subsides pour corriger les effets matériels des lois de proscriptions. Leur dévolution, remarquablement établie par l’administration préfectorale, permet de régler des successions pendantes qui patientaient depuis deux ou trois générations et d’honorer des engagements financiers au sein
même des familles. Cet ensemble de procédures offre la possibilité, par voie d’échange et de partage, de constituer ou de rétablir des domaines agricoles cohérents qui ne manqueront pas de bénéficier de tous les apports de la recherche agronomique, alors fort en vogue9. Dans ces domaines fonciers, quels que soient les propriétaires et l’origine des biens, les métairies, unités d’exploitation, donnent lieu à des baux désormais réglés par le Code civil. En dépit de la liberté des conventions, deux systèmes coexistent : le bail à ferme et le bail à métayage (ou colonat partiaire). Cette deuxième formule, souvent utilisée pendant la période de restauration des exploitations, aboutit à la création d’une société unissant le bailleur au preneur. Chacun d’eux, comptant sur les profits tirés de ses apports, veille à la production et, notamment en terre bocaine, au développement d’un élevage dont la rentabilité est assurée. Les baux ruraux attestent des clauses d’amélioration et, les protagonistes ayant partie liée, ces contrats s’uniformisent, qu’ils soient conclus par des propriétaires bourgeois ou nobles10. Les avancées ne suivent toutefois pas toutes le même rythme. Question de disponibilité d’investissement, de communication, de pénétration des idées nouvelles, mais aussi de contraintes physiques. La terre du Bocage et de la Gâtine vendéenne se travaille plus difficilement que celle du Marais poitevin desséché et de la Plaine. Si le chaulage connaît ses premières utilisations pour alléger les terres lourdes, les engrais industriels, comme le noir animal, ne sont pas encore connus. Il faudra attendre 1840 pour que la révolution agricole, fort attendue et préparée depuis 1800, soit nettement perceptible, y compris dans le paysage avec
11
L’antidote à l’aventure politique en Vendée (1815-1840)
la disparition des landes, transformées en terres de culture et de pâture. Pour l’heure, la carte des fortunes, telles qu’appréciées pour calculer le cens sous la monarchie de Juillet, témoigne des disparités au détriment du Bocage11. Accompagnant les efforts de restructuration foncière, l’ordre des campagnes s’instaure avec un contrôle judiciaire renforcé. Sous l’Empire, les juridictions ont été rationalisées, le recrutement des magistrats resserré, les codes répressifs et de procédures réécrits. Le Code civil a affirmé l’absolutisme du droit de propriété, principe défendu par la Cour de cassation. La paix civile est assujettie à la puissance des propriétaires. Les délits ruraux et les entorses au Code forestier, refondé par l’ordonnance de 1827, sont sanctionnés par les justices de paix et les tribunaux correctionnels. La consultation des archives judiciaires montre que les propriétaires ruraux se sont dotés de moyens pour contrer tout agissement qui irait à l’encontre d’un ordre établi. Aux voleurs et maraudeurs de rentrer dans le rang ! L’audience hebdomadaire, dite forestière, du tribunal de police correctionnelle de Fontenay-le-Comte, instaurée à partir de 1820, traite annuellement entre cent trente et deux cent quarante affaires, là où l’ancienne maîtrise des eaux et forêts dudit lieu, pour un territoire d’attribution trois fois moins étendu, en administrait une quinzaine12. En se limitant à ces seuls points de repère, caractéristiques d’une situation économique mobilisant tant de forces et de volontés, il est légitime de se demander quels puissants ressorts auraient pu pousser les paysans à quitter leurs exploitations et les artisans leurs ateliers, à voir ruinés en peu de temps des efforts patiemment cumulés. Quelques nuages sombres sont néanmoins perceptibles. Les ruptures politiques, en 1815 comme en 1830, entretiennent autour de la conscription des effets déclencheurs. Elle est détestée, fait augmenté par son caractère inégalitaire, et partant profondément injuste. Indépendamment de ces deux dates, elle suscite des émotions en 1817 et en 1833 : la contestation relève de l’habitude. En outre, si la Vendée, comme la Loire-Inférieure, a grandement échappé à la Terreur blanche lors de la Seconde Restauration13, l’adhésion au régime est loin d’être acquise. Une grande partie de la noblesse et nombre de personnes dans les diverses strates de la population se défient de la monarchie de Juillet en ce qu’elle véhicule de libéralisme et de concepts constitutionnels ambigus14. En outre, l’image du descendant d’un prince régicide parvenu sur le trône est de nature à susciter distance et inquiétude. Que des manifestations soient recensées dans un arc bocager jouxtant les départements de la Loire-Inférieure, du Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres, soit un bon tiers de la Vendée, ne surprendra guère en raison d’une somme de craintes et de ressentiments15. Elles restent néanmoins circonscrites et d’ampleur mesurée, renvoyant à l’image sociale diversifiée de la campagne bocagère.
•
12
L’impact d’une paix publique armée La reconstruction de la Vendée par une génération qui n’a pas connu la guerre de 1793 constitue une dynamique qui ne peut être brutalement interrompue, sauf cas de puissance irrésistible. La méconnaissance de cette situation témoigne de l’impréparation d’un soulèvement, de l’approche perfectible des forces vives constituant la société vendéenne et du lien qui unit foi en des idéaux, religieux ou profanes, et réalisations économiques et sociales. Pour autant, les événements de 1832, pour médiocres qu’ils soient au chapitre militaire, constitueront des réactifs entendus, chacun à leur manière, par l’État, la noblesse légitimiste et la majeure partie de la population vendéenne. L’État va manier pression et sanction. Des maladresses sont commises pour tenter de rompre avec la Restauration et ses symboles. Cette attitude vise particulièrement monseigneur Soyer (fig. 11, p. 18), qui passe pour être l’âme ou du moins l’un des chefs du parti légitimiste16. Pourtant, l’évêque a su discerner l’attitude qu’il convient d’adopter
Fig. 12 Félicie de Fauveau Émile Jeannest (1813-1857), bronzier Hausse-col de la duchesse de Berry (détail) Bronze doré, 1831 Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée
19
20 • F
élicie de
Fauveau et la Vendée
Fig. 13 Félicie de Fauveau Christ en croix pour l’église de Saint-Aubinde-Baubigné Dessins préparatoires au crayon rehaussé d’aquarelle extraits de l’album Ouvrages The Earl of Crawford and Balcarres
pour maintenir l’ordre et éviter les débordements. La lettre du 12 octobre 1830 qu’il adresse à son clergé est marquée du sceau de la prudence et de la sagesse17. Elle était nécessaire. Quoique en distance avec le régime de LouisPhilippe, il cherche à éviter les tensions inutiles18. Il déplore la manière dont le maintien de l’ordre a été établi, comme il l’écrit au général Lamarque19. Quelques mois plus tard, il est tenu de déférer à une convocation du juge d’instruction du tribunal de Fontenay-le-Comte réuni en section correctionnelle, et ce en qualité de témoin20. De lourdes suspicions pèsent sur lui, ainsi qu’il résulte des échanges avec le magistrat instructeur21. Il lui est demandé s’il connaît Félicie de Fauveau22 et Tancrède de Beauregard23. En juin 1832, l’évêque, qui passe pour être l’âme de la conspiration, est retenu à l’évêché sur ordre du préfet, le comte de Sainte-Hermine. Il s’en plaint dans une lettre du 20 juin 1832 au ministre des Cultes, en soulignant que ce sont les préjugés de fonctionnaires, augmentés des dires des membres de sociétés secrètes, qui ont conduit à cette situation. Il se plaint également de l’attitude des membres du conseil général, qui désirent la suppression de l’évêché de Luçon et le retour à la situation antérieure à 181724. L’idée relève manifestement de la méconnaissance de la politique conduite par l’État et Rome. L’échec de la révision du Concordat de 1801, à partir de 1817, notamment en raison de l’hostilité romaine, rend en effet vaine toute retouche à un aggiornamento qu’il a été difficile d’établir25. La pression pèse également sur les populations civiles. Les fouilles domiciliaires se multiplient dans les propriétés de la noblesse et chez des personnes de toutes conditions,
suspectées de cacher des armes et d’être à l’origine de tentatives de soulèvement. À compter du 3 juin 1832, date à laquelle le département de la Vendée est placé en état de siège, des garnisaires viennent loger dans des habitations repérées et des troupes sont cantonnées dans les principales communes vendéennes. Le symbole échappe totalement à l’administration, qui apprécie médiocrement la situation et confond, sous le même vocable de « chouan », toute personne rétive au régime et celle engagée dans une lutte active. Les efforts déployés par les juridictions répressives se révèlent d’une efficacité relative. Les correspondances entre le procureur général de la cour royale de Poitiers et le parquet de Fontenay-leComte témoignent de la volonté de la justice de ne pas être dépossédée d’une fraction de ses prérogatives au bénéfice des militaires dans le cadre de l’état de siège26. Les jeux de concurrences affaiblissent le dispositif de contrôle. Si les résultats ne sont guère spectaculaires, au pied des condamnations prononcées, la surveillance, avec ce qu’elle peut revêtir de pesanteur, induit un climat délétère avec son lot de dénonciations. Les contrôles qui en sont la conséquence aboutissent le plus souvent à des échecs cuisants. Les fonctionnaires repartent bredouilles, ils sont humiliés et ont humilié la population. Aussitôt, les journaux, dont la presse légitimiste, s’emparent du fait et poursuivent la publication de listes d’interventions mal à propos. L’administration doit se justifier, comme le font régulièrement les chefs de parquet27. L’occupation se poursuit de manière inconsidérée audelà de la période de l’état de siège. Elle donne lieu à des réclamations des maires transmises au préfet du dépar-
13
L’antidote à l’aventure politique en Vendée (1815-1840)
tement de la Vendée28. Nul, pourtant, ne peut ignorer la situation de la duchesse de Berry et l’échec de son équipée dès novembre 183229. Ces cantonnements, outre leurs effets vexatoires et leurs habituels débordements, interviennent de surcroît dans des périodes de fragilité économique affectant l’agriculture, notamment en 1834 et 1835. Dans le même temps, dès 1833, le gouvernement veille à majorer les concours financiers afin de moderniser la Vendée. Ils portent sur le développement du réseau routier ; l’effort est étendu par l’effet du vote d’un crédit de 12 millions de francs destiné à l’Ouest et par l’adoption simultanée de la loi du 7 juillet 1833 sur l’expropriation pour cause d’utilité publique, très favorable aux expropriés. Les routes, les voies navigables et les ports mis en service facilitent ainsi la circulation des militaires mais également des habitants et des marchandises. Le progrès économique doit apporter l’accalmie politique : il est en effet patent que l’essor agricole des années 1840 découlera de la facilitation du transport des engrais et des produits, avant que le chemin de fer ne prenne le relais. Par ailleurs, l’ordonnance du 10 décembre 1833 concernant les haras aboutira en 1842 à la création du dépôt de La Roche-sur-Yon. Le projet tant attendu de stabilisation des dunes côtières par engazonnement et la plantation de forêts littorales devient réalité en 1836, réglé exclusivement sur le budget de l’État. Une accélération des levées des plans cadastraux est également au programme. La mise en œuvre de ces chantiers apporte à l’administration d’État, établie sur le modèle consulaire, une connaissance des lieux, une force et une autorité qui désormais ne se démentiront plus. Le temps des tâtonnements est révolu. Aux efforts d’ordre économique consentis correspond une sévérité contre les fauteurs de troubles et ceux qui se réclament, notamment dans la sphère publique, d’un légitimisme affiché. Telle est l’attitude du préfet Jacques Paulze d’Ivoy, qui exercera ses fonctions pendant une durée inhabituelle, de 1833 à 1841 : il souffle le chaud et le froid en vue de ramener la paix civile et, ce faisant, il n’accorde pas sa confiance aux maires. La plupart des opérations d’envergure conduites par l’État sont menées par les agents de l’administration placés sous contrôle préfectoral : Napoléon l’a conçu, Louis-Philippe le fait. Dans ce mélange de sévérité et de concorde, la réconciliation que symbolisent la réappropriation du château de Versailles, alors très dégradé, et son projet muséographique marque pour tout le territoire national le refus des aventures politiciennes. En dépit de ces efforts notables, la population vendéenne conserve en mémoire la suspicion généralisée dont elle a été l’objet. Monseigneur Soyer le fait remarquer au juge lors de son interrogatoire. Cette posture, qui se trouve en germe dans plusieurs rapports contenus dans la documentation administrative des années 183030,
•
Fig. 14 Félicie de Fauveau Christ en croix Bois, [Florence, 1857] Collection particulière 14
21
22 • F
élicie de
Fauveau et la Vendée
deviendra l’habitude d’une administration qui, pendant des décennies, usera d’images négatives, rejouant à chaque période de tension la scène du chouan particulariste contre la raison incarnée par l’État centralisateur. Elle conduira l’évêque à inviter son clergé à redoubler de prudence31. En outre, elle encouragera à long terme la production d’initiatives locales oublieuses des contraintes posées par un État tenu à distance. De son côté, la noblesse légitimiste prend nettement conscience de la place qui lui échoit dans la sphère politique nationale. La Seconde Restauration a veillé à ne pas donner de signes trop marqués en direction des Vendéens et des chouans : la monarchie a changé de visage et se veut, y compris sous Charles X, de son temps. L’image véhiculée par la Vendée apparaît alors comme passéiste. Cette impression est confirmée lors de la révolution de 1830 et, plus encore, marquée de manière indélébile par l’épisode de l’équipée de la duchesse de Berry. La noblesse qui refuse de servir Louis-Philippe n’a plus qu’une issue : abandonner toute velléité insurrectionnelle pour s’engager dans l’action locale sous des angles civils, économiques, sociaux et politiques. Cet engagement est réel à partir de 1840 – une attitude encouragée par les inflexions du préfet Paulze d’Ivoy. L’économie de la Vendée en tire bénéfice. Le soutien à l’Église diocésaine est accordé généreusement par le biais des œuvres paroissiales et de l’enseignement. Les légitimistes, qui se fondent progressivement dans un mouvement monarchiste plus vaste, ne manquent pas d’initiatives, de pugnacité, d’esprit d’invention et de désintéressement. Leur investissement est fort dans les collectivités communales et cantonales, et dans les structures représentatives nationales. La noblesse trouve une place et des fonctions nouvelles dans une société que la Révolution et les régimes ultérieurs ont profondément modifiée, et sait s’entourer de nombreux fidèles partageant les mêmes approches. L’histoire vendéenne de la seconde moitié du xixe siècle et des deux premiers tiers du xxe en témoigne dans sa vitalité, ses modes de fonctionnement et la conduite de projets innovants. Que reste-t-il de cette césure de 1832 ? Pour certains, des souvenirs transmis de génération en génération, des objets pieusement conservés, un réseau de relations familiales, un maillage lignager et social, des associations ou des cercles où l’on aime à se retrouver, une presse que l’on apprécie, des références littéraires usuelles, un style médiéval troubadour… Ce sont également des valeurs personnelles et sociales, des tournures de langage transmises, des expressions entretenues – l’ensemble fondé sur Fig. 15 Anonyme Félicie de Fauveau Fusain, estompe sur papier, vers 1840 Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée
15
un kaléidoscope des mémoires32. Pour la plupart, l’idée ancrée d’une difficulté majeure d’entente et de concorde avec les sphères nationales. La mémoire sacrée, sacralisée, sublimée, devient source d’inspiration : écrivains, poètes, musiciens, peintres, graveurs, sans oublier conteurs et historiens s’en saisissent tour à tour33. Dans ce creuset naissent les créations de Félicie de Fauveau, unissant dans son œuvre l’art des choses et de l’esprit (fig. 12, p. 19 et fig. 14). La mémorisation quintessenciée d’une aventure quelque peu insensée, vécue brièvement par une personne exaltée, se coule dans les formes travaillées de la statuaire. Curieuse et heureuse issue, sans doute peu prévisible, de la chevauchée de la duchesse de Berry dans l’Ouest des années 1830. ierre
egal
L’antidote à l’aventure politique en Vendée (1815-1840)
1. Avec beaucoup de légèreté, la duchesse a reçu, sans discernement, de nombreux placets de personnes désireuses d’obtenir des pensions ou des marques tangibles de reconnaissance de leur action pendant le soulèvement de 1793. Remises à l’administration royale, ces demandes posent d’infinis problèmes dont s’ouvre l’intendant général de la maison du roi au procureur général de la cour royale de Poitiers et aux chefs de parquet placés sous sa direction dans les termes suivants : « La masse énorme des demandes renvoyées par Madame et qui toutes paraissent mériter de l’intérêt fait naître un embarras réel et des réflexions affligeantes. Je n’ai pas besoin de vous dire, Monsieur, que ce ne sont point des moyens d’existence que le roi peut fournir dans l’état actuel des choses, mais seulement un petit dédommagement, et surtout un témoignage honorable de son souvenir et de sa satisfaction royale » (note de l’intendant général de la maison du roi du 27 septembre 1828). Le procureur de Fontenay, après enquête, montre dans sa réponse du 18 octobre 1828 que plusieurs des demandeurs ont déjà perçu des pensions et subsides (archives départementales de la Vendée, désormais ADV, 3U2/2). Qui, donc, manipule qui ? 2. In « Préface », Mémoires de la marquise de La Rochejaquelein, édition critique établie et présentée par Alain Gérard, La Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historique, 2010, p. 46-47. 3. La lecture de ses mandements en atteste. Ils seront prochainement disponibles en ligne sur le site des archives départementales de la Vendée. 4. Sur la situation des cultes en Vendée en 1800 et sur l’épineux dossier de la contestation concordataire, voir Auguste Billaud, La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres (1800-1830), Paris, Nouvelles Éditions latines, 1982. Voir également JeanFrançois Tessier, « Le clergé vendéen au sortir de la tourmente. La Vendée ecclésiastique et la Constitution civile du clergé », in Actes du colloque La Vendée. Après la Terreur, la reconstruction, Paris, Perrin, 1997, p. 351-373. 5. Yves Chaillé, Le Clergé d’après la Révolution (1804-1960), in Livre d’or du clergé vendéen, s.l., 1964, t. 2, p. 165-168. 6. Marguerite Vrignaud, « L’enseignement catholique au xixe siècle », in L’Enseignement catholique de Vendée : au fil de l’histoire, La Roche-sur-Yon, Siloë, 1999, p. 119-134. 7. Louis Delhommeau, Églises de Vendée. Vocables, titulaires et liste des documents relatifs à leur construction et à leurs travaux du xie à nos jours, 2 tomes ronéotypés, 2000-2001. 8. Sur l’histoire du renouveau agricole, on se reportera au catalogue édité à l’occasion de l’exposition consacrée à l’histoire de l’agriculture vendéenne (Historial de la Vendée, décembre-mai 2011) : Pierre Legal (dir.), L’Agriculture en terre vendéenne, de l’Empire à la Seconde Guerre mondiale, 18001945, Paris, Somogy, 2011. Sur ce point, voir Julien Boureau, « De la basse-cour à la “réserve”. Évolution des formes de la ferme du château en Vendée au xixe siècle », ibid., p. 186-199. 9. Philippe Bossis, Pierre Legal, « De la reconstitution des domaines fonciers… », ibid., p. 86-89. 10. Les matériaux sont toujours fournis par le bailleur. Pierre Legal, « Le poids d’une ville. Bourgeoisie et contrôle de la campagne à Fontenay-le-Comte (17801830) », Recherches vendéennes, 2002, p. 525-526. 11. Jean-Luc Sarrazin (dir.), La Vendée des origines à nos jours, Saint-Jean-d’Angély, Éditions Bordessoules, 1982, p. 308.
12. Les statistiques établies par le parquet du tribunal de Fontenay-le-Comte à la demande du procureur général de Poitiers montrent que les délits forestiers et ruraux sont autrement plus nombreux et sanctionnés que les autres infractions pénales, y compris politiques (ADV, 3U2/9, parquet de Fontenay, statistiques, années consultées 18301835). Voir également Pierre Legal, « Réprimer les délits forestiers. De la sévérité d’une juridiction d’exception à la rigueur de la justice spécialisée (BasPoitou-Vendée, 1750-1830) », in Benoît Garnot, Bruno Lemesle (dir.), Autour de la sentence judiciaire du Moyen Âge à l’époque contemporaine, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2012, p. 215-224. 13. Bertrand Barbeau, Cour prévôtale et répression politique au début de la Seconde Restauration (1815-1818). L’exemple de la Vendée, mémoire de DEA, université de Toulouse, dir. Jacques Krynen, 1996. Voir également « La restauration politique en Vendée au début de la Seconde Restauration, 18151818 », Recherches vendéennes, 1997, p. 351-387, et Nicolas Bachelet, Contrôle de l’esprit public et répression politique en France. L’exemple de la LoireInférieure, thèse de droit (histoire du droit), université de Nantes, 2002. 14. Yves Hello, Blancs, bleus, rouges. Histoire politique de la Vendée, 1789-2002, La Crèche, Geste Éditions, 2004, p. 34-72. 15. Jean-Luc Sarrazin (dir.), La Vendée des origines…, op. cit., p. 305. 16. Telle est l’opinion du procureur du tribunal de Fontenay, qui, en marge d’une note, écrit rageusement que l’évêque est « le chef avoué du parti carliste absolutiste » (ADV, 3U2/2). 17. « Lettre de monseigneur l’évêque de Luçon à MM. les archiprêtres, curés et desservants de son diocèse, sur les conjonctures présentes » (journées de juillet 1830), Fontenay-le-Comte, Impr. A.-V. Habert, s.d., 4 p. (ADV, 4 NUM 278/122). Voir également « Lettre aux prêtres leur demandant de ne pas traiter de sujets politiques en chaire », 11 décembre 1830 (ADV, 4 NUM 278/127). 18. « Lettre demandant la suppression des étendards blancs lors de la procession de la Fête-Dieu et de la communion des enfants afin d’éviter toute provocation politique », 14 mai 1831 (ADV, 4 NUM 278/135). 19. Lettre de monseigneur Soyer au général Max Lamarque à l’état-major général : « Vous savez, Monsieur le général, que la Vendée fut aigrie par ses malheurs aux jours de nos troubles civils. Si le pays eût toujours été traité comme vous l’avez fait, la guerre y eut été impossible, ou elle aurait été de courte durée. C’est par des bienfaits que le gouvernement se fera aimer. L’empereur Napoléon avait bien compris cette pensée », 8 février 1831 (archives diocésaines de Luçon, désormais ADL, carton monseigneur Soyer). 20. Les échanges de correspondances montrent que cette qualité a fait l’objet d’une demande expresse de l’évêque, d’où un délai assez long pour se rendre à la convocation, qui a été réitérée (ADL, carton monseigneur Soyer). 21. Convocation comme témoin par le juge d’instruction de Fontenay-le-Comte, 12 juillet 1831. L’interrogatoire du 13 décembre 1831 est relaté dans la Gazette d’Anjou, organe légitimiste (livraison du vendredi 23 décembre 1831). Parmi les questions posées : « Avez-vous connaissance de quelques faits relatifs à l’inculpation dirigée contre Madame la comtesse de La Rochejaquelein et les autres personnes compromises avec elle dans l’ins-
truction qui se suit à Bourbon ? » (ADL, carton monseigneur Soyer). 22. « Connaissez-vous Mademoiselle de Fauveau ? » Réponse : « Avant l’affaire de Madame la comtesse de La Rochejaquelein, je ne savais même pas qu’il existât une demoiselle de Fauveau » (ibid). 23. « Connaissez-vous Monsieur Tancrède de Beauregard ? » Réponse : « Oui, et depuis son enfance, époque où il voulait être prêtre, je lui ai voué une tendre affection. Encore qu’il ait changé de dispositions, comme il m’a inspiré beaucoup d’estime, je lui porte toujours le même intérêt » (ibid). 24. Abbé du Tressay, Vie de monseigneur Soyer, évêque de Luçon, Paris, Lecoffre fils et Cie, 1872, et notes in ADL, carton monseigneur Soyer. Une pétition à la Chambre des pairs et une adresse au pape Grégoire XVI sont expédiées avec pour intitulé : « Le clergé de la Vendée demande le maintien du diocèse de Luçon menacé de suppression comme grand nombre de diocèses rétablis par le Concordat de 1817 », 16 mars 1832 (ADV, 4 NUM 278/144-145). 25. Rémy Hême de Lacotte, « Seconde mort ou résurrection de l’Église gallicane. L’épiscopat français au défi du concordat de 1817 », Revue d’histoire de l’Église de France, juillet-décembre 2011, p. 291313. 26. Note du 8 juin 1832 du procureur général de la cour royale de Poitiers au procureur du roi à Fontenay : annonce de la mesure de l’état de siège, ordonnance du 3 juin 1832 et incidences sur le fonctionnement de la justice (ADV, 3U2/2). 27. Extrait de L’Ami de l’ordre n° 23 du mardi 22 janvier 1831 et n° 24 du 24 février 1831 concernant les visites domiciliaires : commentaires du procureur du parquet de Fontenay-le-Comte (ADV, 3U2/2). 28. Ensemble de lettres datées des mois de juillet et d’août 1833 : réclamations des maires pour faire cesser les cantonnements militaires (ADV, 1 MM 428). Ceux-ci ont été établis dans le courant du mois de juillet 1832, certains ne seront levés qu’en 1836. 29. « Proclamation du préfet aux habitants de la Vendée à la suite de l’arrestation de la duchesse de Berry pour mettre en garde la population contre les fauteurs de troubles », affiche du 19 novembre 1832 (ADV, 1 MM 426). 30. À titre d’exemple, lettre du procureur général de Poitiers au procureur de Bourbon du 28 avril 1832 : il se dit dans « le canton de Mortagne qu’on a la certitude qu’il y existe une grande quantité d’armes cachées. On va jusqu’à désigner le détenteur de cet arsenal. On cite plusieurs domiciles de chefs chouans » (ADV, 3U1/62). 31. « Lettre confidentielle à MM. les curés et les desservants » (mettant en garde les prêtres contre les menaces croissantes dont ils sont l’objet en raison du climat politique), 3 juin 1832, Fontenay-le-Comte, Impr. Gaudin fils, s.d., 3 p. (ADV, 4 NUM 278/149). 32. Amblard de Guerry, « De la mémoire immédiate à la mémoire retrouvée », in Actes du colloque La Vendée dans l’histoire, Paris, Perrin, 1994, p. 169-174. 33. Nombreuses entrées in Jean-Clément Martin (dir.), Dictionnaire de la Contre-Révolution, xviiiexxe siècle, Paris, Perrin, 2011.
•
23