Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coédition et développement : Véronique Balmelle Coordination éditoriale : Sarah Houssin-Dreyfuss et Lore Gauterie Conception graphique : Marie-Noëlle Heude Contribution éditoriale pour le français : Françoise Cordaro et Gaëlle Vidal Contribution éditoriale pour l’anglais : Katharine Turvey et Adam Rickards Fabrication : Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros Traduction du français vers l’anglais de la 4e de couverture : Barbara Mellor
© Somogy éditions d’art, Paris, 2017 © Galerie Olivier Waltman, Paris, 2017 © Weegee (Arthur Fellig) / International Center of Photography
ISBN 978-2-7572-1184-7 Dépôt légal : septembre 2017 Imprimé en Union européenne
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préface
foreword
François Bard Propagande du réel Propaganda of the real
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sommaire
remerciements
content
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FRANÇOIS BARD
préface L’insoutenable certitude
FRANÇOIS BARD
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ROMAIN GOUPIL
de sang- froid
acknowledgments
foreword the Unbearable certainty ROMAIN GOUPIL
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RENAUD FAROUX
in cold blood RENAUD FAROUX
lignes d’ombre
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shadow lines
du beau et de l’ordinaire
96
of beauty and banality
WENDY M . BLAZIER
WENDY M . BLAZIER
poses heroïques
110
heroics poses
CONVERSATION
174
CONVERSATION
STÉPHANIE PIODA
STÉPHANIE PIODA
les combattants
192
the fighters
Biographie
238
BIOGRAPHY
Un plaisir égoÏste
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a selfish pleasure
OLIVIER WALTMAN
OLIVIER WALTMAN
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Remerciements
acknowledgments
Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce livre, à commencer par l’équipe des éditions Somogy pour l’intérêt qu’elle a porté à mon travail. Je remercie également les auteurs : Romain Goupil, mon ami bienveillant pour sa préface intime, Renaud Faroux pour son regard enthousiaste et son analyse originale, Wendy M. Blazier qui, depuis Miami, s’est intéressée à ma peinture pour en livrer une lecture enrichissante et Stéphanie Pioda pour son implication et ses conseils toujours avisés. Je remercie bien évidemment Fabienne, mon épouse, pour son attention et son soutien indéfectibles, ainsi que l’équipe de la galerie : Olivier Waltman pour son professionnalisme et son engagement passionné, Aliona Ortega pour la qualité de ses expositions aux États-Unis, Emma Nussbaum, Solène Gravier et Garry White, sans oublier Minh-Chau Le pour son travail rigoureux. Je voudrais enfin rendre hommage à l’ensemble des collectionneurs et entreprises mécènes qui ont cru en moi et m’ont soutenu depuis le début de ma carrière.
I would like to thank the contributors to this book, starting with the Somogy Éditions d’Art team for showing interest in my work. I would also like to thank the authors: Romain Goupil, my very dear friend, for his intimate foreword; Renaud Faroux for his enthusiastic insight and pertinent analysis; Wendy M. Blazier who, in Miami, became interested in my painting and delivered such an enriching interpretation; and Stéphanie Pioda for her involvement and most wise advice. I am deeply grateful to Fabienne, my wife, for her unwavering support and care, as well as to the gallery team: Olivier Waltman for his professionalism and passionate commitment, Aliona Ortega for the quality of her exhibitions in the U.S., Emma Nussbaum, Solène Gravier, Garry White, and Minh-Chau Le for her rigorous work. Finally, I want to honor all the collectors and corporate patrons who have believed in me and supported me from the beginning of my career.
François Bard
François Bard
Pour Paulette et pour Simone
2017, huile sur toile, 150 × 130 cm Oil on canvas, 59 × 51 in
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L’insoutenable certitude the unbearable certainty
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préface
foreword
Romain Goupil Cinéaste
Romain Goupil Film director
Il se débat. Il, c’est François. Cette « insoutenable certitude », c’est François Bard.
He is struggling. He, François. The “unbearable certainty,” François Bard.
Une agitation frénétique, de toile en toile. Des tableaux aux fonds sombres se font et se refont sans répit. Il se bat contre le temps qui s’écoule inexorablement. Il peint sans cesse, espérant que toutes les couches de peinture craquelées feront bandelettes de momie et le protégeront pour l’éternité. Mais Bard doute, se débat, il ne croit pas, il sait, de manière désespérée, mélancolique… « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres », comme l’écrivait Antonio Gramsci.
A frenetic agitation, from canvas to canvas. Paintings with dark backgrounds are ceaselessly made and unmade. He is relentlessly fighting the passage of time. He paints continuously, hoping that all the layers of paint will be like the bandages of mummies and protect him forever. But Bard is doubting himself, struggling, he does not believe, he knows, desperately, sadly… “The old world is dying, the new world takes time to arise and monsters suddenly appear in the chiaroscuro,” as Antonio Gramsci put it.
Il résiste, essayant de construire une pyramide de châssis en châssis, tournant perpétuellement la crémaillère de son chevalet, dans la pâle lumière de la verrière aux carreaux translucides, debout dans les lueurs du Nord. Il peaufine, affine, détaille la texture du Chien au pansement (2016).
He resists, trying to build a pyramid out of stretcher bars, endlessly turning the cog of his easel in the pale light of the translucent glass roof, there, in the glimmer of the North. He is retouching, refining, detailing the texture of his Chien au pansement [Dog with a bandage, 2016].
Comme il est certain de ne pas être épargné, il s’applique avec une précision maniaque pour peindre ce qu’il cache. Peintre de l’inquiétude, de l’intranquillité. Trop tard (2016).
As he is assured not to be spared, he uses a meticulous precision to paint what he hides. Painter of the anxiety, of the untranquility. Trop tard [Too Late, 2016].
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préface
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Tentatives permanentes de se redresser contre l’effondrement, que ce soit Sur la route (2012) ou sur Les Sentiers de la gloire (2017). Vanité.
Permanent attempts to stand up straight in order not to collapse, be it Sur la route [On the Road, 2012] or on Les Sentiers de la gloire [The Paths of Glory, 2017]. Vanity.
Sa main fébrile brosse Les Ombres (2015). Souvent il décapite ses personnages. Parfois de rouges capuches dissimulent les visages. Mais nombre de modèles, affalés, étendus, morts, agonisant ou gisant sont de précis autoportraits.
His frantic hand paints Les Ombres [The Shadows, 2015]. His characters are often beheaded. Red hoodies sometimes hide their faces. But many models—slumped, lying, dead, lifeless— are accurate self-portraits.
Les Romains avaient une expression : Taedium vitae. Regardez Séraphin (2016). cet archange aux ailes de grisaille, cet homme aux noirs tatouages, tricot de corps, corps de brute. La tête baissée vers le sol, vers la terre. Il signe un découragement sans borne envers la Terre et… le Ciel. Une immense tristesse que Sénèque le Jeune précisa pour caractériser le sentiment perceptible de la fin d’une époque et d’une civilisation.
The Romans had an expression for this: Taedium vitae [“disgust with life”]. Look at Séraphin (2016), this archangel with grey-toned wings, this man with black tattoos, an undershirt, the body of a brute. His head looking down to the ground, to the earth. It shows infinite despondency towards the Earth and … the Sky. An immense sadness which Seneca the Younger defined as describing the imperceptible sentiment of the end of an era or of a civilisation.
Taedium vitae, c’est ce sentiment vertigineux d’avoir conscience d’une évidence sans plus aucune solution : la fin d’un monde. C’est cette lucidité aveuglante, ce désespoir raisonné qui habite l’œuvre de Bard. Un monde s’écroule mais, de portrait en portrait, il identifie cette crise intérieure. Son Chien au pansement nous fixe du regard : il sait.
Taedium vitae, the vertiginous feeling when one knows about a definitive obviousness: the end of a world. Bard’s œuvre is inhabited by such blinding lucidity and rational despair. A world is falling apart but, one portrait after another, he clearly identifies this inner crisis. His Chien au pansement watches us: he knows.
François sait, et nous, en admirant ses tableaux, nous pouvons savoir aussi.
François knows and, as we admire his paintings, we too are given the chance to know.
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De sangfroid in cold blood
« Ce qui frappe dès les premières toiles et jusqu’à aujourd’hui, ce sont les gros plans, le cadrage, l’approche toute particulière dans le rendu de certains fragments, la tension scrupuleuse à peindre le costume qui n’est pas un épiphénomène mais bien le révélateur du moi intime des personnages.»
“What strikes the viewer from the very first canvases, right up to present works, is the use of close-ups, the framing, the particular approach in the depiction of certain fragments, and the scrupulous tension in the painting of the garments, which is not an epiphenomenon but which indeed reveals the characters’ inner selves.”
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de sang-froid
in cold blood
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de sang-froid
in cold blood
Soudain l’été dernier
2016, huile sur toile, 195 × 150 cm Oil on canvas, 77 × 59 in Retiens mon nom
2017, huile sur toile, 195 × 150 cm Oil on canvas, 77 × 59 in
Renaud Faroux Historien d’art
« …On n’inflige que les souffrances que l’on peut soi-même supporter, on ne craint que les souffrances qu’on n’est pas soi-même capable d’infliger. » Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton
Renaud Faroux Art historian
“…One only inflicts the suffering that one can bear oneself, one only fears the suffering that one is incapable of inflicting oneself.” Bernard-Marie Koltès, In the Solitude of the Cotton Fields
L’univers pictural de François Bard est polymorphe. Tantôt il plonge dans un véritable roman noir où se découvrent gangsters, bandits, prisonniers, femmes fatales et évidemment armes automatiques. Non content de la société, il la peint en noir. C’est à son exécution capitale qu’il nous fait assister. Par là il se situe dans une sorte de continuité de Jacques Monory mais à la différence du peintre des Meurtres saturés de bleu, François Bard ne laisse pas beaucoup de place aux rêves et aux fantasmes. Le monde est cruel et il le représente comme tel. Incertitudes politiques, menaces environnementales, crises économiques, explosions de la violence… il y a de quoi sombrer dans l’abattement. Sa peinture nous interroge : peut-on aller bien dans un monde qui va mal ? Si elle ne guérit pas de la souffrance, elle s’attaque en revanche à la « souffrance de la souffrance », à toutes les idées noires qui accompagnent nos maux réels.
The pictorial universe of François Bard is polymorphic. At times it plunges into real detective story territory, with gangsters, bandits, prisoners, femmes fatales and of course automatic weapons. Not content with society, he paints it black. He makes us witness its execution. He consequently places himself in a sort of continuity with Jacques Monory, but, unlike the painter of the bluesaturated Murders, Francois Bard does not leave much room for dreams and fantasies. The world is cruel, and he represents it as such. Political uncertainties, environmental threats, economic crises, explosions of violence … it’s enough to make one utterly despondent. His painting questions us: can we be well in a world that is unwell? While it does not heal suffering, his painting takes on all the “suffering of suffering” and all the dark ideas that accompany our real ills. The other facet of his creative output, in which he frequents both the animal and the plant world, seems more at peace. But let there be no mistake: the flowers and smiles have a predatory air to them, and even his little dogs or his paintings of big trees in the forest are part of a fantasised universe of fear and domination.
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de sang-froid
in cold blood
« Il y a une fissure en toute chose C’est ainsi qu’entre la lumière. » Léonard Cohen, Anthem, 1992
“ There is a crack in everything That’s how the light gets in.” Leonard Cohen, Anthem, 1992
Le Dissident
2016, huile sur toile, 195 × 150 Oil on canvas, 77 × 59 in
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lignes d’ombre shadow lines
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lignes d’ombre
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Les images s’enchaînent, poussées par l’action. Les cadrages se resserrent, les gros plans se nimbent d’un éclairage de plateau. Ils ont conclu un pacte. Elle n’a pas le choix : elle va devoir le descendre. Écran noir. Le tournage commence.
The images come one after another, pushed by the action. The framings narrow, close-ups are bathed by the stage lighting. They made a pact. She doesn’t have a choice: she is going to gun him down. Black screen. The shoot is beginning.
Après l’horizon
2013, huile sur toile, 120 × 190 cm Oil on canvas, 47.5 × 75 in
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Winners
2016, huile sur toile, 160 × 160 cm Oil on canvas, 63 × 63 in
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Les Ombres
2015, huile sur toile, 150 × 195 cm Oil on canvas, 59 × 77 in
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ligne d’ ombre
La guerre est déclarée
2016, fusain sur papier, 80 × 110 cm Charcoal on paper, 31.5 × 43.5 in
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ligne d’ ombre
shadow lines
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ligne d’ ombre
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Le Bain III
2014, huile sur toile, 161 × 130 cm Oil on canvas, 63.5 × 51 in
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ligne d’ ombre
shadow lines
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ligne d’ ombre
shadow lines
Chinatown
2014, huile sur toile, 130 × 161 cm Oil on canvas, 51 × 63.5 in
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ligne d’ ombre
shadow lines
J’accuse
2011, huile sur toile, 161 × 130 cm Oil on canvas, 63.5 × 51 in
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du beau et de l’ordinaire Of beauty and banality
« Comme un reflet du cycle de vie, les sujets de Bard passent aisément d’un monde rassurant et prévisible à un monde de lendemains incertains. […] Entre le visible et le mystérieux, ces peintures s’apparentent à des poèmes, qui nous invitent à découvrir l’universel dans le singulier. »
“Like reflections of the cycle of life, Bard’s subjects transition from a world of safety and predictability to a world of uncertain tomorrows. […] With their dual focus on the obscure and the known, these Bard paintings function like poems, inviting us to discover the universal in the specific.”
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du beau et de l’ordinaire
of beauty and banality
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Le Pacte
2015, huile sur toile, 130 × 161 cm Oil on canvas, 51 × 63.5 in
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poses héroïques heroic poses
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poses héroïques
heroic poses
C’est le héros que nous croisons tous les jours. Magnifique et sombre, inquiétant et séduisant, il se tient face à nous. Nous appelle. Nous interroge. Nous dérange et nous engage.Grandeur spectaculaire d’un sujet ordinaire, voici l’icône contemporaine.
This is the hero we pass by every day. Splendid and dark, worrisome and charming, he stands in front of us. Calls us. Asks us. Disturbs and engages us. The flamboyant grandeur of an ordinary subject, here is the contemporary icon.
Pose héroïque
La Condition humaine (séraphin)
2015, huile sur toile, 150 × 220 cm Oil on canvas, 59 × 87 in
2016, huile sur toile, 195 × 150 cm Oil on canvas, 77 × 59 in
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Nicole
2015, huile sur toile, 130 × 161 cm Oil on canvas, 51 × 63.5 in
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conversation
conversation
«L’atelier est un lieu de renoncement pour recréer le monde» Conversation avec François Bard
“The studio is a place of renouncement to recreate the world” Conversation with François Bard
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conversation
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par stéphanie pioda Historienne de l’art et journaliste S.P.Que racontez-vous au fil de vos tableaux ? F.b.Je raconte toujours mon histoire, mais aussi l’être humain tel qu’il est, avec ses imperfections – c’est pour cela que je prends des termes génériques comme les Sans titre, Le Kilt, Dealer, Les Sentiers de la gloire… Je travaille autour du thème de la vanité qui est un des lieux communs dans l’histoire de l’art : la représentation des princes, des rois, du pouvoir, des Médicis, les batailles gagnées… Il y a aussi la vanité religieuse avec tous ces saints qui méditent face à des crânes et questionnent l’au-delà, les vraies vanités somme toute. S.P.Vous questionnez ce thème appartenant à la peinture classique, mais vous lui donnez une forme terriblement contemporaine … F.b.Oui, il reste actuel et je le traite dans une forme classique qui est la peinture. J’aime m’inspirer de photographies iconiques que je recrée à ma manière en faisant poser des gens proches. Ces photographies-là, que je repère dans la presse ou dans les magazines, sont pour moi des vanités contemporaines, comme Kennedy en train de fumer le cigare, cette très belle photo où il est recueilli… Ce sont autant de poses de la société, du monde et des médias. Les images sont faciles d’accès mais personne ne les regarde vraiment, c’est pour cela que je veux faire des images spectaculaires pour que les gens soient appelés à regarder.
with stéphanie pioda Art historian and journalist S.P.What do you express through your paintings?
S.P.You explore this subject, which belongs
F.b. I always tell my own story but I also talk about
to classical art, but you give it a terribly strong contemporary form.
the human being as he is, with his imperfections—that is why I use general terms such as Sans titre [Untitled], The Kilt, Dealer, Les Sentiers de la gloire [The Paths of Glory]… I work from and around vanity, which is one of the most common subjects in art history: representations of princes, kings, power, the Medicis, battles won… There is also religious vanity, with its saints meditating in front of skulls and questioning the hereafter, the true vanities in the end.
f.b.Yes, it is still a subject for today and I deal with it with a classical approach—painting. I like finding inspiration from iconic photographs, which I recreate by adding my personal touch, asking close friends and relatives to pose for me. These photographs, which I find in the press or in magazines, are modern vanities to me, such as Kennedy smoking a cigar—a beautiful photograph of him, so contemplative… All these poses come from the society, the world and the media. They are easily accessible, but no one really looks at them. That is why I create spectacular images, to invite people to look.
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les combattants the fighters
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les combattants
the fighters
L’horizon est imperceptible dans ces bois aux bruits étranges et aux odeurs amères. Mais l’aventure est trop tentante et le goût du danger bien trop délicieux. Entraînés par les émotions intenses de leur jeunesse tendre, les enfants sont perdus dans un labyrinthe vert. Le loup n’est plus très loin…
The horizon is imperceptible in these woods with strange noises and bitter scents. However, the adventure is too tempting and the appetite for danger far too delectable. Driven by the intense emotions of their tender age, children get lost in the midst of a green labyrinth. The wolf is not so far away…
L’Excursion
2017, huile sur toile, 161 × 130 cm Oil on canvas, 63.5 × 51 in
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biographie
biography
Originaire de Lille, François Bard (né en 1959) a fait ses études à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris de laquelle il sort diplômé en 1980. À cette époque, on assiste à un retour de la peinture en France et en Europe avec des mouvements tels que la Figuration libre, la Trans-avant-garde italienne, ou des artistes comme Georg Baselitz, Jörg Immendorff…
Born in 1959 in Lille, France, François Bard studied at the École nationale supérieure des Beaux-Arts in Paris and graduated in 1980. At the time, painting was being rediscovered in France and Europe, with artistic movements such as the French Figuration Libre and the Italian Transavantgarde, and artists such as Georg Baselitz and Jörg Immendorff…
François Bard continue ses recherches en tant que pensionnaire à la Casa de Velázquez à Madrid de 1988 à 1990. Depuis, il poursuit une carrière internationale avec de nombreuses expositions et participations à des foires d’art contemporain à Paris, Londres, Bordeaux, New York, Houston ou Miami. Il est représenté par la galerie Olivier Waltman depuis 2011.
François Bard continued his research as a resident of the Casa de Velázquez, Madrid, from 1988 to 1990. Since then, he has pursued an international career with numerous solo and group exhibitions and participated in contemporary art fairs in Paris, London, Bordeaux, New York, Houston and Miami. He has been represented by the Galerie Olivier Waltman since 2011.
Il vit et travaille entre Paris et le sud de la France.
He lives and works in Paris and in the South of France.
Collections Collection Tarek et Myrna Khalife (Beyrouth & Paris) Collection Philippe Langenieux-Villard (Paris) Collection Ralph Lauren (New York, NY, Paris & Londres) Angelo M. Collection (Milan) Collection Bernard Magrez (Bordeaux) Collection Marc et Marian Milgram (Miami, FL) Collection D. O’Neal (New York, NY) Collection Collins et Liz Powell (Atlanta, GA) Collection Mark et Arlys Raymond (Miami, FL, & Madison, CT) Collection Joy Eber et John Sachs (Boca Raton, FL) Collection Jean-Yves et Régine Schapiro (Paris) Collection John A. Smetanka (Chicago, IL) Collection Société Générale (Paris) Collection Thierry Vaast (Paris) Collection Kris Van Assche (Paris)
Collection Fran Aiken (Melbourne & Londres) Collection William et Judith Bollinger (Singapour) Collection Philippe Chambon (Paris & New York, NY) Collection Olivier Cavé et Aris d’Ambrogio (Moutier) Collection Lord et Lady Davies of Abersoch (Londres) Christian Dior (Paris) Collection Jean-Louis et Marie-Christine Dulucq (Bordeaux) Collection Bruno et Anne Dumont (Paris) Collection James et Myriam Duncan (Key Biscayne, FL) Collection Jim et Nancy Duncan (Key Biscayne, FL) Collection Dana Hamilton et Ralf Fahrenbach (Santa Fe, NM & New York, NY) Firmdale Hotel Group (Soho Hotel, Londres & Crosby Street Hotel, New York, NY) Collection John et Deb Harris (Toronto)
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Un plaisir égoÏste
A selfish pleasure
La peinture de François Bard offre une magnifique occasion de plonger dans un geste ample, généreux de ses matières, de ses couleurs, plus encore de sa puissance narrative. Des mondes se révèlent, des histoires affleurent, humaines et mystiques à la fois. Pour moi, comme pour d’autres d’entre nous, réside ici un troublant plaisir qui semble goûter au vertige : on est bien dans l’ici et le maintenant et, simultanément, on navigue dans une tout autre dimension, intérieure et fantasmée.
François Bard’s painting offers viewers a magnificent opportunity to immerse themselves in an expansive art, generous in its materials, its colors and even its narrative power. Worlds are revealed, and stories, at the same time human and mystical, come to the surface. For me, as for others, this painting holds a disturbing pleasure that seems to teeter on the edge: one is both in the here and now and, simultaneously, one is drawn into another, inner and fantasized dimension.
C’est sur l’œuvre d’art même que se fonde in fine notre rapport singulier à l’art : avant d’être partagé, il se vit seul – non seulement pour l’artiste mais aussi pour l’amateur. Il faut s’y donner, s’y abandonner totalement pour faire pleinement l’expérience intellectuelle et sensible de l’œuvre d’art. Elle nous rend plus pleins, plus riches, plus vivants au moment de revenir au monde ordinaire.
It is ultimately on the work of art itself that our unique relationship to art is founded: before being shared, it is experienced alone – not only for the artist but also for the art lover. One must give oneself over to it, surrender totally to the intellectual and sensory experience of the work of art. It makes us fuller, richer and more alive when we return to the ordinary world.
Mon compagnonnage avec François Bard a débuté bien avant que ses tableaux ne rejoignent les murs de nos galeries. Il ne le savait même pas. Je l’observais au fil des ans et son travail faisait déjà partie de mon esthétique personnelle. Puis j’ai eu le privilège de devenir son marchand. Notre aventure commune redéfinit le plaisir jubilatoire que j’éprouve à exercer mon métier : la peinture d’abord et avant tout, mais aussi la littérature, le cinéma, la photographie, la mode, tout interagit constamment quand il s’agit de son travail et innerve sa production.
My journey with François Bard began well before his paintings were displayed on the walls of our galleries. He wasn’t even aware of it. I followed him over the years, and his work was already part of my personal aesthetic. Then I had the privilege of becoming his dealer. Our shared adventure is redefining the jubilant pleasure I experience in the pursuit of my profession: painting first and foremost, but also literature, cinema, photography, fashion – all are in constant interaction when it comes to his work, innervating his production.
On a tant écrit sur l’inaccessibilité du sens chez François Bard, d’une image d’autant plus lisible en surface que le message reste savamment dissimulé dans les profondeurs de la peinture. Et s’il n’en était rien ? Se pourrait-il que l’artiste ne nous cache rien ? Si sa démarche n’avait pour toute ambition que de nous faire apprécier ce qu’il est – juste cela : forme et geste, couleur et lumière, profondeur et texture. La peinture pour la peinture. Voilà qui ne semble pas fondamentalement moderne ! François Bard a toujours assumé le classicisme de son travail. Ne parlons pas du retour de la peinture, ni de la revanche de l’art de figuration, mais constatons ensemble que les vertus classiques en art savent traverser les époques et leurs modes, depuis Jérôme Bosch – au moins – jusqu’à Lucian Freud, Michaël Borremans ou Adrian Ghenie. Le classicisme ne signifie en rien le passéisme. François Bard est un artiste éminemment contemporain : son œil, ses questionnements, ses recherches formelles parlent du monde d’aujourd’hui. Il nous livre une œuvre dense, puissante et subtile – un vocabulaire pour appréhender le présent.
So much has been written about the inaccessibility of meaning in François Bard’s art, of images that are highly legible on the surface while the message remains skillfully concealed in the depths of painting. And what if this were not the case, if the artist was not hiding anything from us? If the sole ambition of his approach was to make us appreciate what his painting is – just that: form and gesture, colour and light, depth and texture. Painting for painting’s sake. Now that is not only a modern idea! François Bard has always acknowledged the classicism of his work. Let us not talk of the return of painting, or of figuration, instead we may note together that in art the classical virtues know how to find a way through periods and their fashions, from Hieronymus Bosch – at least – to Lucian Freud, Michaël Borremans or Adrian Ghenie. Classicism does not mean attachment to the past. François Bard is an eminently contemporary artist: his eye, the questions he asks and his formal research speak of the world today. He offers us a dense, powerful and subtle oeuvre – a vocabulary with which to interpret the present.
Olivier Waltman
Olivier Waltman
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