© Somogy éditions d’art, Paris, 2016 Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coordination et suivi éditorial : Anna Bertaccini Tadini Conception graphique : Nelly Riedel Contribution éditoriale : Renaud Bezombes Fabrication : Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros ISBN Somogy éditions d’art : 978-2-7572-1071-0 Dépôt légal : septembre 2016 Imprimé en … (Union européenne)
LYDIA HAR AMBOURG BRIG IT TE HUMBLOT
1907-1962
Je dédie ce livre à Jacqueline, ma mère, qui a consacré sa vie à soutenir, promouvoir et pérenniser l’œuvre de Robert Humblot, interrompue par une mort prématurée. BRIGITTE HUMBLOT
Portrait de Jacqueline, 1951 Huile sur toile, 92 × 65 cm Prix Comté Carrière 1952
Avant-propos
C’est en avril 1935 que Robert Humblot,
première pour les sciences naturelles et la
Henri Jeannot et Georges Rohner, élèves
mycologie, comme celui d’être un peintre
de Lucien Simon à l’École des beaux-arts,
témoin de son temps, traitant de sujets
ont exposé pour la première fois avec Jean
modernes. Usant parfois d’un humour grin-
Lasne, Alfred Pellan et Pierre Tal Coat dans
çant, il développa une esthétique person-
une galerie parisienne, rue La Boétie. Ce
nelle, caractérisée par une acuité du trait qui
groupe créé et baptisé « Forces Nouvelles »
se fit plus incisive encore dans les années
par le critique Henri Héraut, exprimait un
1950, une grande rigueur constructive et
désir de retour à l’humain, au cœur d’une
une palette austère qui sut s’éclaircir lors-
décennie cruciale et mouvementée. Face aux
qu’il s’adonna aux plaisirs du paysage en
persistantes déconstructions du cubisme et
Bretagne ou aux Baux-de-Provence.
aux multiples tendances de l’art abstrait, ces
C’est un certain regard sur l’art des
peintres étaient convaincus de la nécessité
années 1930 à 1950 que nous propose ce
d’un retour au dessin et au métier conscien-
livre. Grâce à un mélange de témoignages
cieux de la tradition, soutenus en cela par de
personnels et de textes d’historiens, il
grands critiques de l’époque, Eugenio d’Ors,
nous invite à redécouvrir l’œuvre solide et
Raymond Cogniat ou Gaston Diehl.
belle d’un peintre, révélant magnifiquement
Stimulé par la découverte des « Peintres
l’une des sensibilités essentielles de cette
de la réalité en France au XVII siècle » et des
période. Il est du devoir de la critique, en
frères Le Nain – deux expositions majeures
dehors des aléas de l’histoire du goût et des
qui se tinrent à Paris, au musée de l’Orangerie
modes, de montrer l’une des expressions
et au Petit Palais, en 1934-1935 – Humblot,
de ces réalismes que Robert Humblot sut
comme ses camarades, ne se contenta
élever à un très haut degré, face à l’abstrac-
cependant pas de réaliser des portraits clas-
tion et au pop art triomphants.
e
siques et des natures mortes silencieuses,
Que Brigitte Humblot et Lydia Harambourg
usant de glacis et d’une lumière contras-
soient ici remerciées pour la publication de
tée. À travers des violences de Minotaures
cet ouvrage qui permettra au lecteur, par sa
– contemporains de ceux de Picasso –, des
riche iconographie, de connaître la diversité
massacres et des nus sans concession, il
et la puissance de cette œuvre dans laquelle
peignit « l’inquiétude moderne » selon l’ex-
j’eus moi-même le plaisir de pénétrer lors-
pression de René Huyghe et fut, depuis, à la
qu’il y a quelques années nous entreprîmes,
constante recherche d’un ordre humain.
avec la famille de l’artiste, le catalogage de
Car bien après l’éclatement du groupe, il
ses peintures.
resta fidèle à ses principes, celui du contact
DOMINIQUE GAGNEUX
fervent avec la nature né de sa passion
Conservatrice en chef du patrimoine
L’Enfant mort, 1936, détail
Sommaire 11
Préface Bob Humblot, une peinture libre et sans concession Emmanuel Bréon
15
Humblot de roc et de taille Lydia Harambourg
47
Peintures
211
Biographie Témoignages Brigitte Humblot
241
Expositions personnelles
242
Expositions collectives
248
Œuvres dans les musées
250
Bibliographie sélective
254
Critiques ayant écrit sur Humblot
255
Remerciements
Bob Humblot, une peinture libre et sans concession Bob Humblot, artiste libre et généreux, n’a vécu que pour peindre et pour mener le combat de sa vie, proposer sa vision du réel sans se soucier le moins du monde de la mode et de ce que Nicolas de Staël appela, dans une lettre à Bernard Dorival, le « gang de l’abstraction avant1 ». Toute la peinture de Bob Humblot, à la fois intransigeant et débonnaire selon ses amis, est franche, crue, sans fioritures, parfois âpre mais toujours juste. En entomologiste, en géologue, en adepte de la mycologie — sa première passion —, il a analysé au plus près la nature pour mieux la dessiner et la peindre, ne laissant rien au hasard, selon une démarche scientifique qui caractérise son travail. L’humain ou l’animal, sans différence à ses yeux et traité de la même manière objective, le végétal sauvage ou domestiqué, la nature dans sa globalité, tout était sujet à observation, voire même à dissection. En 1931, alors que la crise touche la France avec retard et dans l’inquiétude d’un possible nouveau conflit mondial — lui qui n’avait que sept ans au commencement du premier — Bob Humblot cherche sa voie avec quelques-uns de ses amis de l’atelier Lucien Simon2. Le choix de ce maître avait été judicieux car l’enseignement, chez le plus illustre membre de la « bande noire »3, était placé sous les auspices d’une admiration partagée par le professeur et ces jeunes rapins pour des artistes tels que Frans Hals, Diego Vélasquez ou bien encore Édouard Manet. À l’École des beaux-arts, il perfectionne une solide technique mais l’élève, avec l’ingratitude qui caractérise parfois la jeunesse, quitte bien vite ce maître, trop marqué par l’esprit du siècle précédent, celui des tableaux très achevés, celui des compositions brillantes mais trop bavardes. Bob Humblot, libre-penseur, s’envole donc pour louer désormais un atelier personnel avec l’artiste ami qui partage ses convictions, Georges Rohner. Avec ce dernier, de six ans son cadet, il est indispensable de penser à réinventer et à refonder quelque chose sur des bases solides. Adieu les impressionnistes, les néoimpressionnistes, les fauves criards. Adieu les formules avant-gardistes qui ont ouvert bien des portes mais qui se répètent avec plus ou moins de succès. Il semble que tout se soit affadi dans un entre-deux-guerres que certains ont qualifié de « grandes vacances de la peinture ». À Paris, où les lumières de Montparnasse se sont éteintes, on ne rencontre plus dans les galeries que des cubistes attardés et l’on s’ennuie. D’où peut venir le salut ? En 1934, Bob Humblot redécouvre les réalistes du XVIIe siècle proposés à l’Orangerie des Tuileries par Paul Jamot et Charles Sterling : les frères Le Nain, Lubin Baugin et les caravagesques français Jean Valentin, Nicolas Tournier et Philippe de Champaigne4. La révélation de l’exposition fut surtout Georges de La Tour, revenu à la lumière après trois siècles de purgatoire, de quoi faire méditer le jeune artiste sur la réception et la postérité de son travail. De retour à l’atelier, il se met immédiatement à peindre et Les Joueurs de cartes du jeune homme de vingt-sept ans sera la réponse au Tricheur du grand peintre
Les Horreurs de la guerre, 1937, détail
11
Humblot de roc et de taille par Lydia Harambourg
Robert Humblot, dit Bob, a rêvé dans son adolescence d’être naturaliste, mycologue ou encore entomologiste. La peinture l’a rejoint par sa passion qu’il portait à la nature. Elle l’attendait par des chemins détournés. Il avait caressé du regard et palpé de ses mains les coléoptères, les champignons, les minéraux et discerné leur beauté incluse qu’il s’est pris à rêver de transcrire en exerçant un art qui a pour mission de magnifier et transmettre la splendeur intrinsèque par un instinct créateur. Il y mit la rigueur et la constance qui caractérisent ses premiers travaux illustrés de planches naturalistes très précises publiés en 1926 dans le Bulletin de la Société mycologique de France, pour atteindre l’essentiel de l’expression intérieure du réel. L’homme est puissant, solide, exigeant envers le but qu’il s’est fixé et d’une discipline de travail implacable. Son art est à son image, âpre, tendu jusqu’à la crudité mais d’une sensibilité profonde et fervente. L’autorité et la précision du « métier » contribueront à construire une œuvre enracinée dans la tradition qui n’en est pas moins l’expression d’un peintre et d’un homme de son temps. Ses nus puissamment découpés, ses compositions allégoriques d’un primitivisme délibéré issu des profondeurs d’un subconscient prémonitoire, expriment le drame d’une humanité inquiète. Quant à ses natures silencieuses où les objets quotidiens familiers se mêlent à un bestiaire volatile et marin, elles frappent par une absence volontaire de séduction mais dont la cohérence physique leur confère une étrangeté poétique, empreinte parfois d’une dimension tragique. L’autre constante de son œuvre est le paysage. Préoccupé par le rôle joué par l’éclairage, il le résout progressivement en l’intégrant au dessin et au volume. Cette attirance pour la luminosité l’oriente vers les régions aux lumières tranchées qui renforcent les plans en modulant les vides et les pleins pour des contrastes de clair-obscur à partir d’une gamme rapprochée des valeurs. Sur les barques à marée basse en Bretagne ou sur l’ossature crayeuse inquiétante des Baux, sur les formes nouées des oliviers en Provence, sur la géométrie des architectures de San Giorgio ou d’Amsterdam, la fonction vivante de la lumière agit de tout son poids sur une composition dont l’irrationnel habilement inséré dans la réalité lui confère une vérité. D’imagination ou d’observation, le naturel l’emporte. Sans truquages et sans emphase, la sobriété de la composition et l’exécution toujours contrôlée prévalent dans un art qui revendique l’exactitude et l’originalité du sujet et leur force suggestive. Cet esprit janséniste, épris d’ordre et de vérité, sait dompter tout romantisme auquel il préfère la gravité du sentiment. À l’encontre de son temps, il refuse les grandes mutations esthétiques auxquelles il reste étranger, se sentant plus proche d’un néo-classicisme méditatif qui prend en compte l’homme et révèle son âme. René Huyghe ne s’y trompe pas lorsqu’il écrit de la peinture de Humblot que dans « la recherche d’un nouveau classicisme, d’un nouvel équilibre entre l’imitation de la nature et la confession des sentiments subjectifs, subsiste toujours l’inquiétude moderne ». Face au bavardage, l’interprétation prime sur le contenu, et l’honnêteté morale du peintre impose sa grandeur à un art qui a toujours su évincer toute compromission. Humblot s’est préservé d’un académisme sclérosé, comme des dérives et des simulacres du réel comme parodies à la mode en refusant les succès trompeurs.
Autoportrait à la pipe blanche, 1937, détail
17
Robert Humblot
L’œuvre austère et dépouillée, mais non moins ardente, de Robert Humblot s’inscrit dans un double temps. Le temps court d’une vie brusquement interrompue en 1962. Il est âgé de cinquante-quatre ans. Le temps long dans lequel s’écrit sa peinture héritière des « peintres de la réalité » du
XVIIe
siècle, celui des humanistes du
grand siècle des âmes. Un temps ininterrompu que n’a pas désavoué sa profession de foi d’être fidèle à l’éternelle vocation de l’art en restant aussi humain, aussi vrai, afin que les générations qui suivent ne puissent douter de la valeur irremplaçable de sa peinture. Dans un siècle où l’abstraction a triomphé, il est singulier d’observer que sa véritable conquête avec la disparition du sujet tué par l’objet a été au profit de son contenu, de sa configuration qui a retrouvé toute sa plénitude plastique. Toute vraie création n’est-elle pas celle qui tend à dépasser la réalité ? Voilà une des qualités plastiques fortes d’Humblot qui donnera ses propres réponses au problème de la réalité et de sa représentation dans ces années qui précèdent la guerre et jusque dans les années 1950 où la peinture est une affaire de qualité et non plus d’apparence. Entre les « abstraits » et les « figuratifs », un conflit oppose les protagonistes des deux camps aussi déterminés à imposer un diktat qui ne fera qu’aggraver la confusion entre un prétendu « passéisme » et une aussi discutable « modernité ». Seule la vision du peintre oriente notre perception pour une prétendue réalité. Il lui incombe d’exprimer, ou non, une possible ressemblance avec son modèle au cœur d’un espace prétendument « abstrait » tout en restant fidèle aux grands principes du dessin, d’une construction savamment agencée avec une grande simplicité de moyens et de la couleur. L’improvisation n’est pas de mise. Avec d’autres de ses contemporains, Humblot est conscient que les modalités de la figuration et de l’abstraction ne se posent plus en termes contradictoires, et qu’il revient au seul acte de peindre de déterminer les pouvoirs de la « manière » (au sens donné par le
XVIe
siècle à ce mot : bella maniera opposée à la règle d’imitation de la nature)
en associant toutes les perceptions du réel à l’origine du tableau jusqu’au tableau réalisé dans la libre expression de l’imagination de l’espace et de la transcription du sujet. Le regard aigu porté sur la nature affranchit le peintre d’une soumission trop radicale pour libérer une expression « se signifiant » en dehors de tous principes théoriques restrictifs. La nouvelle génération à laquelle appartient Humblot entend réagir à la disparition de la primauté de l’homme au début du
XXe
siècle, par un retour à l’huma-
nisme et à la nature. Inébranlable, il est resté fidèle à la peinture moins comme une possible réponse métaphysique que comme incarnation d’une pénétration spirituelle autant que d’une délectation visuelle. Cependant, conscient des écueils comme des tentations, il procède par intuition en exerçant son art épaulé par un métier solide, une imagination et une poésie de l’espace au service d’une vision de l’homme et du monde en prise sur ses incertitudes et ses inquiétudes. En cela il est résolument moderne. Robert Humblot est né en 1907 à Fontenay-sous-Bois. Lorrain par son père, entrepreneur de peinture (comme le père de Georges Braque), et bourguignon par 18
Peintures
47
Robert Humblot
56
Les Joueurs de cartes, 1935 Huile sur toile, 97 × 130 cm
57
Robert Humblot
L’Enfant mort, 1936 Huile sur toile, 114 × 146 cm Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
58
59
Robert Humblot
Les Horreurs de la guerre, 1937 Huile sur toile, 97 × 130 cm Musée des Années 30, Boulogne-Billancourt
62
63
Robert Humblot
Les Carpes, 1938 Huile sur panneau, 65 × 100 cm
La Sardinière, 1938 Huile sur contreplaqué, 27 × 46 cm
70
71
Robert Humblot
Les Hauts de Noisy-sur-École, 1943 Huile sur toile, 65 × 100 cm
La Chapelle de la Joie en Pays bigouden, 1943 Huile sur toile, 33 × 55 cm
78
79
Robert Humblot
80
Oppède, 1942 Huile sur toile, 65 × 100 cm
81
Robert Humblot
90
Enfants dans la neige, 1945 Huile sur toile, 81 Ă— 130 cm
91
Robert Humblot
Le Peintre dans l’atelier, 1947 Huile sur toile, 46 × 65 cm
10 2
10 3
Robert Humblot
Nature morte aux oiseaux, 1946 Huile sur panneau, 34,5 × 77 cm.
Nature morte à la jatte de lait, 1946 Huile sur toile, 40 × 92 cm
10 4
10 5
Robert Humblot
12 8
Les Baux-de-Provence, 1951 Huile sur toile, 60 × 92 cm
12 9
Robert Humblot
Venise, campo San Barnaba, 1954 Huile sur toile, 60 × 92 cm
14 8
14 9
Robert Humblot
La Fête du Rédempteur à Venise ou La Nef des fous, 1955 Huile sur toile, 142 × 174 cm
15 2
15 3
Robert Humblot
16 6
La Mante (nu), 1957 Huile sur toile, 114 × 162 cm
16 7
Robert Humblot
Brigitte au divan rouge, 1958 Huile sur toile, 97 Ă— 146 cm
16 8
16 9
Robert Humblot
La Corrida espagnole, 1961 Huile sur toile, 181 Ă— 230 cm
204
205
Biographie TĂŠmoignages par Brigitte Humblot
Souvenirs de rires, d’humour, de bonheur. Enfant élevée différemment des autres, je fus, au fil des saisons, bercée de promenades en forêt, de chasses aux papillons et autres insectes, de cueillettes de champignons, de recherches de fossiles et de cailloux de toutes sortes. Souvenirs également de marches sur la lande bretonne, de son goût pour la force des tempêtes des îles de Sein et d’Ouessant ou de Saint-Guénolé. Souvenirs de le voir touché et ébloui par la lumière des Alpilles et de la Provence. Cet amour essentiel de la nature l’entraîna vers le dessin et la peinture, et régla le déroulement de notre existence. C’est ce qu’il a laissé à la petite fille qui a vécu, depuis sa mort, enveloppée de la même atmosphère picturale. Présence d’un homme, un colosse pour moi, qui donnait du goût à la vie et l’amour de l’existence.
Robert Humblot (1907-1962) 1907
Naissance de Robert Humblot le 13 mai 1907 à Fontenay-sous-Bois. D’origine lorraine par son père et bourguignonne par sa mère, il connaît une enfance triste et austère, rythmée de deuils et d’enterrements au sein d’une famille meurtrie par la guerre de 14, dans la ville de Fontenay-sous-Bois. Cet enfant sensible, toujours habillé de noir, suivant tous les cortèges funèbres, en fut sans doute si marqué qu’on peut y voir l’empreinte dans son œuvre à venir, une peinture sombre ponctuée de clair-obscur.
Robert Humblot en 1912 à l’âge de cinq ans.
Portrait de Pauline Humblot (mère de l’artiste), vers 1931 Huile sur toile, 92 × 73 cm
210
Robert Humblot à vingt ans, lors de son incorporation au 18e régiment du génie à Nancy, 1927.
211
Robert Humblot
Très jeune, il se passionne pour les sciences naturelles et étudie la mycologie au Muséum national d’histoire naturelle. Encouragé par un éminent spécialiste, Narcisse Théophile Patouillard, pharmacien de formation et assistant à la chaire de cryptogamie du Muséum national d’histoire naturelle, le futur peintre poursuit des études au même Muséum et à la Sorbonne. En 1926 , à l’âge de dix-neuf ans, il publie dans le Bulletin de la Société myco-
logique de France ses premiers articles scientifiques, qu’il illustre lui-même. L’époque de Montparnasse
Incompris par son père qui désirait faire de lui un peintre en bâtiment et qui détruisait ses premières expériences scientifiques de mycologue et de botaniste, il fuit cette atmosphère hostile dès que possible et se retrouve en 1930 à Montparnasse où il suit des cours dans les académies libres de la Grande Chaumière et Colarossi. En 1931, Humblot intègre l’atelier Lucien Simon aux Beaux-Arts où il fait la
connaissance de Georges Rohner, Henri Jannot et Jacques Despierre. Il se lie Original du Bulletin de la Société mycologique de France, 1926.
d’amitié avec Georges Rohner avec lequel il partage d’abord un premier atelier rue Asseline, puis rue Daguerre dans le 14e arrondissement. Il vit de petits boulots divers, jouant du piano au College-Inn, à la Rotonde et à la Coupole, ou montant les échafaudages des Galeries Lafayette.
Humblot et Rohner à la Rotonde, à Montparnasse, 1936.
212
Humblot et Rohner à la Rotonde, à Montparnasse, autour de leur amie peintre hongro-indienne Amrita Sher-Gil, 1936.
Robert Humblot
240
Expositions personnelles 1936
Paris, galerie Billiet-Vorms
1937
Paris, galerie Billiet-Vorms
1945
Paris, galerie Barreiro « Humblot, œuvres récentes », Paris, galerie Claude
1946
Paris, galerie Chabanon
1949
Philadelphie, galerie Georges de Braux
1951
« Humblot, œuvres récentes », Paris, galerie Framond
1953
Paris, galerie Framond
1955
Paris, galerie Romanet
1958
Genève, musée de l’Athénée
1961
Paris, galerie Romanet
1964
Rétrospective, Paris, musée Galliera
1966
Cagnes-sur-Mer, château-musée Grimaldi Avignon, musée Calvet Paris, Galerie de Paris
1968
Albi, musée Toulouse-Lautrec
Bronze d’Humblot par Robert Couturier Cire perdue Bisceglia
Quimper, musée des Beaux-Arts 1970
Paris, galerie Emmanuel David
1973
Genève, galerie des Granges
1976
Paris, galerie Jaubert-Art moderne
1979
Antibes, musée du Bastion Saint-André Lunéville, galerie Le Parvis des Arts
1980
Fontainebleau, musée d’Art figuratif contemporain Paris, Galerie de Paris
1988
« Robert Humblot », Paris, Bernheim-Jeune
1991
Issoire, Centre culturel Nicolas Pomel
1998
« Robert Humblot – Peintures, les années 30-40-50… », Paris, Bernheim-Jeune
2007
« Robert Humblot, Rétrospective du centenaire », Paris, Bernheim-Jeune
2011
« Robert Humblot », Crécy-la-Chapelle
2016
Rétrospective, Paris, Bernheim-Jeune
2 41
Robert Humblot
Expositions collectives 1931
Paris, Salon des indépendants
1933
Paris, galerie Carmine
1934
« La vie de Madame Vénus », Paris, galerie Carmine « Peintures », Paris, galerie Carmine Paris, Salon des Tuileries
1935
1re exposition du groupe Forces Nouvelles, Paris, galerie Billiet-Vorms
1936
1er Salon de la Nouvelle Génération, Paris, galerie Jean Charpentier 2e exposition du groupe Forces Nouvelles, Paris, galerie Billiet-Vorms
1937
« Premier Salon des jeunes artistes », Paris, galerie des Beaux-Arts
1938
Exposition du groupe Nouvelle Génération, Paris, galerie Billiet-Vorms
1939
Exposition du groupe Forces Nouvelles, galerie Berri-Van der Klip Paris, Salon des Tuileries « 30 artistes : Jeunes d’aujourd’hui/Maîtres de demain », Paris, galerie Matières et Formes « The Paris Painters of Today », Washington, musée d’Art moderne de Washington
1941
Paris, galerie Friedland
1942
« Les étapes du nouvel art contemporain », Paris, galerie Berri-Raspail
1943
Paris, Galerie de France Paris, galerie Van der Klip
1946
Paris, 57e Salon des indépendants Paris, galerie de Berri Paris, galerie Charpentier
1947
New York, Whitney Museum « Eaux et paysages », Paris, galerie Framond « Intimités », Paris, galerie Framond « Exposition de l’art français contemporain », Canada, Ottawa, Galerie nationale du Canada
1947-1948
Paris, galerie Chabanon
1948
« La Bretagne », Paris, galerie Framond
1949
« Île-de-France », Paris, galerie Framond
1950
« Humblot-Oudot », Paris, galerie Framond Salon de mai, Société nationale des beaux-arts, Paris « Natures-mortes », Paris, galerie Framond « Paysages du Midi », Paris, galerie Framond
1951
« Les peintres témoins de leur temps : Le travail », Paris, musée Galliera « Portraits dans un miroir ou La Compagne du peintre », Paris, galerie Framond
1952
XXVIIe Salon des Tuileries, Paris, galerie Charpentier « Èves », Paris, galerie Framond
242
Robert Humblot
La Vallée de la Mée, forêt de Fontainebleau, 1950
Dans La Vallée de la Mée, paysage de la forêt de Fontainebleau, toute la blondeur du sable blanc immaculé contraste avec la force des rochers gris, solides, révélant la puissance et le roc qu’était Humblot.
Brigitte au divan rouge, 1958
Poser pour Brigitte au divan rouge, appelé par le peintre également À quoi rêvent les jeunes filles, fut une joie et en même temps une expérience périlleuse. Se tenir tranquille, sans bouger (alors que Bob écoutait à la radio des retransmissions de matchs de football) était éprouvant mais aussi, fascinant. Quand le tableau était dessiné et composé sur la toile, les superpositions des couleurs et, spécialement dans ce cas les différents rouges, paraissaient évidentes. 246
Les Amies de pension, 1959
Pendant que le modèle qui posa pour la série des nus (Les Amies de pension, La Mante religieuse, Le Silence) attendait, le calme régnait dans l’atelier. Bob préparait un quadrillage sur papier calque fixé sur ces tableaux de très grands formats, afin de mettre en place la composition et d’agencer parfaitement ses personnages. Quand cette composition primordiale pour lui était là, installée, le tableau était réalisé. Ces peaux blanches, diaphanes, ces grands yeux ouverts et dramatiques, ces longs cous tendus semblaient alors dévoiler une inquiétude et annoncer une violence prémonitoire de la vie future. Brigitte Humblot
247
Robert Humblot
Œuvres dans les musées Œuvres appartenant aux musées nationaux La Sardinière, 1938, Musée national d’art moderne – déposé à Calais Le Port de Villefranche-sur-Mer, 1941, Musée national d’art moderne La Fortune du berger, 1942, Musée national d’art moderne Evenos et port de pêche, vers 1935, Fnac Œuvres appartenant à la Ville de Paris L’Enfant mort, 1936, MAMVP. Acquis en 2003 Saint-Yvoine, 1952, MAMVP La Faim et la Peur, 1956, MAMVP Portrait de Juliette Gréco, 1956, Carnavalet Nature morte aux poires, 1959, MAMVP Œuvres conservées dans les musées de province Les Horreurs de la guerre, 1937, Musée des années 30, Boulogne-Billancourt. Acquis en 1996 Nu couché, 1937, musée de Grenoble Port de pêche, 1939, musée des Beaux-Arts de Quimper Le Raz de Sein, 1945, musée des Beaux-Arts de Lille Le Fort National vu des remparts de Saint-Malo, 1950, musée de Saint-Malo Noisy-sur-École, 1950, musée de l’Île-de-France, Sceaux Le Village de Perrier en Auvergne, 1952, musée de Menton Paysage d’Auvergne, 1952, musée de Louviers Paysage de Provence, 1953, musée Denys Puech, Rodez Le Baou de Saint-Jeannet, 1954, déposé au Palais de la préfecture de Nice Le Château de Vincennes, 1954, musée de l’Île-de-France, Sceaux La Raie, 1957, musée Toulouse-Lautrec, Albi Le Village, vers 1959, musée des Beaux-Arts d’Angers Œuvres appartenant aux musées étrangers Le Naufragé, 1946, Musée de Montevideo Paysage du midi de la France, 1953, musée de San Francisco L’Écuyère, 1954, anciennement musée du Petit Palais à Genève Les Poulets, 1955, anciennement musée du Petit Palais à Genève Œuvres achetées par l’État et déposées dans les administrations Le Phare d’Ouessant, 1946, Légation de France à Vienne Renard et oie, 1947, Ambassade de France à Rio de Janeiro Les Péniches à Amsterdam, 1947, Ambassade de France à New Delhi La Musique, vers 1948, Conservatoire national de musique, Rectorat de Rouen 248