© Somogy éditions d’art, Paris, 2014 © Véronique Brusini, 2014 © Aurélien Brusini, 2014 Ouvrage réalisé sous la direction de Work carried out under the editorial and technical direction of Somogy éditions d’art Conception graphique / Graphic design : Aurélien Brusini Fabrication / Technical production : Michel Brousset, Béatrice Bourgerie, Mélanie Le Gros Contribution éditoriale pour le français French proofreading : Françoise Cordaro Traduction et contribution éditoriale pour l'anglais Translation and english proofreading : Natasha Edwards Suivi éditorial / Editorial coordination : Astrid Bargeton, Sophie Durand ISBN Somogy éditions d’art 978-2-7572-0859-5 Dépôt légal / Copyright deposit : septembre 2014 Imprimé en Italie [Union Européenne] Printed in Italy [European Union] La photogravure a été réalisée par Photoengraving by Quat’Coul [Toulouse] Cet ouvrage a été achevé d’imprimer sur les presses de / The book was printed by O. G. M. [Italie] en août / in August 2014 Crédits photographiques / Photographic credits : Aurélien Brusini
Savourer la Fête des Cuisinières Contempler les irisations turquoise du lagon S’immiscer dans l’intimité des plantations de bananes Gravir la Soufrière et tutoyer ses fumerolles Écouter le grondement des gwoka au crépuscule Vibrer sur les conques à lambis du carnaval Explorer la luxuriante forêt tropicale Remonter aux sources amérindiennes Veiller la nuit des lucioles avec ferveur Pousser la porte d’un pitt-à-coqs Marcher dans les pas des coupeurs de canne Jauger les bœufs tirants avant la course Fouler la terre aux dix mille iguanes
Savor the Cooks’ Festival Contemplate the irridescent turquoise of the lagoon Infiltrate the intimacy of the banana plantations Climb La Soufrière among its fumeroles Listen to the grumbling of the gwoka at dusk Vibrate to the spider conch during carnival Explore the luxuriant tropical forest Trace American Indian origins Watch over the Night of the Fireflies with fervor Push the door of a cockfighting pit Walk in the steps of sugar cane cutters Yoke the draft oxen before the race Tread the land of ten thousand iguanas
To feel the heartbeat of guadeloupe islands
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arvenir en un seul ouvrage à laisser voir ce qui forme le « cœur » des îles de Guadeloupe, c’est l’ambition presque monumentale assumée par Véronique et Aurélien Brusini en réalisant Iles de Guadeloupe au cœur. Et c’est assurément une belle déclaration d’amour en images qu’ils signent à cet archipel, à ses paysages mais aussi à ses traditions et à son histoire.
Pour saisir le « cœur » du pays, ils se sont immergés dans son réel avec l’exigence d’en transmettre les pulsations et les vibrations. Ils ont contemplé et ils ont écouté, mais ils se sont aussi immiscés pour explorer et pour s’imprégner. De la mer à la montagne, des champs de canne aux plantations de bananes, des bœufs tirants aux pitts-àcoqs, en compagnie des lucioles et au son du gwoka, ce qu’ils restituent est une invitation à découvrir ce que l’on ne connaît pas, aussi bien qu’à redécouvrir ce que l’on croyait connaître. À la recherche du « cœur » des îles de Guadeloupe, ils auraient pu se perdre, tant les sentiers se détournent facilement en pays tourmenté, tant les chimen chyen parfois supplantent les routes officielles. Ils auraient pu aussi confondre images et clichés en livrant un pays fantasmé, aussi beau qu’irréel et irréaliste. Ils auraient pu, ils auraient pu… Et pourtant, en dépit de ce que la démarche suppose de difficultés et entraîne d’imperfections inévitables, il n’est pas impossible qu’en voulant toucher le « cœur » des îles de Guadeloupe, Véronique et Aurélien Brusini se soient approchés, près, tout près, de leur « âme ». L’âme des îles de Guadeloupe, ce grand mystère que même un Guadeloupéen « natif natal » ne résoudra jamais vraiment. À chacun de s’en approcher au fil des pages, au gré des impressions, des émotions et des sentiments qui se dégagent de chacun de ces instantanés du pays. Ce pays qui est le mien et qui s’est ancré en moi autant que moi en lui.
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Victorin Lurel Ministre des Outre-mer
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o succeed in a single work to make apparent what it is that forms the “heart” of the Guadeloupe Islands is the almost monumental task that Véronique and Aurélien Brusini have undertaken in realizing Guadeloupe Islands in the Heart. This is surely a magnificent declaration of love through images that they have dedicated to this archipelago, not only to its landscapes but also to its traditions and history.
To grasp the “heart” of the country, they have immersed themselves in its reality with the commitment to transmit its impulsions and its vibrations. They have contemplated and they have listened, but they have also immersed themselves to explore and impregnate themselves. From the sea to the mountain, from fields of sugar cane to banana plantations, draft oxen to fighting cocks, accompanied by fireflies or the sound of the gwoka, what they have recreated is an invitation to discover wath which one didn’t know as well as to rediscover what one thought one knew. They could have got lost in searching Guadeloupe’s “heart”, so easily do the trails detour in tormented country, so much do the “chimen chyen” sometimes replace official routes. They could have also confounded images and clichés in delivering a fantasized country, as beautiful as it is unreal and unrealistic. They could have, they could have... And yet, despite all that the process entails as difficulties leading to inevitable imperfections, it is not impossible that in wanting to reach the “heart” of the Guadeloupe Islands, Véronique and Aurélien Brusini have got close, very close, to their “soul.” The soul of the Guadeloupe Islands, that great enigma that even a “native-born” Guadeloupean can never truly resolve. It is up to everyone to get closer to it, over the pages, through passing impressions, emotions and feelings that each one of these instants of the country gives off. This country that is mine and which is as anchored as much in me as I in it.
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Victorin Lurel Minister of French Overseas Territories
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Cuisinières en fête The Cooks’ Festival
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haque année, le samedi le plus proche du 10 août1, les Cuisinières de Guadeloupe festoient pour honorer la mémoire des bon-amadanm, ces gardiennes symboliques de la gastronomie créole qui officiaient dans les grandes demeures du début du XXe siècle.
Le dixième tintement de cloche de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul résonne dans l’étonnante structure métallique signée des Ateliers Gustave Eiffel de cet élégant bâtiment de Pointe-à-Pitre. Une fourmilière flamboyante envahit les rues alentour pour s’y engouffrer dans un froufrou d’excitation festive. Le cortège, emmené par les « petites demoiselles et petits commissaires » – jeune génération à intégrer le mouvement, sur les pas de leurs aînés –, dépose sur les contreforts de l’autel la statue à l’effigie de leur patron : saint Laurent. Ce diacre espagnol sous Sixte II refusa de céder l’or de l’Église, qu’il préféra donner aux plus démunis. Il fut alors embroché et rôti sur un gril – aujourd’hui brodé de rouge sur les tabliers des Cuisinières – pour « apaiser » la colère de Rome. Une tour de délices sucrées, destinées à l’assemblée, symbole de l’esprit d’amitié et de partage cher aux Cuisinières, suivie d’une cascade de paniers de fleurs tropicales, ustensiles de cuisine, légumes, plats de crabes farcis, buissons d’écrevisses, gratins, acras, boudins, porc roussi et ouassous 2, attendent la bénédiction du Père au son du gwoka, le tambour traditionnel. Les teintes chatoyantes des robes à corps aux multiples jupons de dentelle anglaise amidonnée, les têtes coiffées de madras en tête plombière et parées d’or en chaîne forçat, maille concombre ou collier chou, irradient les rangs de l’église du seuil à la nef. De nombreuses délégations sont présentes, venues de l’archipel, de Martinique et de Guyane. Un flot chantant aux accents créoles enfle jusqu’au firmament. Leur communion en ce lieu sacré n’est pas sans rappeler la
portée originelle de ce que l’on appelait « Les Cuisinières ». Il y a une centaine d’années : le 14 juillet 1916, un groupe de femmes pointoises crée un tronc commun leur garantissant un enterrement décent avant de quitter ce monde. « Le Cuistot Mutuel », première mutuelle de Guadeloupe, est né. Ce n’est qu’à l’orée du XXIe siècle que celle-ci se mue en une solide association, forte de plus de deux cents membres parrainés, et devient l’étendard de la gastronomie traditionnelle créole, bien au-delà des frontières de l’arc antillais. Matété 3 de crabe, bébélé 4, migan5 de fruit à pain, riz madras, féroce d’avocat6, chiquetaille de morue ou chodo7 sont autant de recettes savoureuses qui forment ce patrimoine. Les mains battent la cadence des dernières envolées musicales, avant que les Cuisinières ne reprennent leur défilé à travers Pointe-à-Pitre, entonnant « Wouvè la rond, bèl kréyòl » et arrosant la foule de rhum dans une atmosphère de liesse populaire. Tap-tap8 et clochettes préviennent de l’arrivée imminente du cortège et drainent une assemblée improvisée vibrante d’émotion et de fierté.
............................................................ 1. Date anniversaire de saint Laurent, patron des Cuisinières. 2. Grosses écrevisses d’eau douce. 3. Recette traditionnellement préparée pour les fêtes de Pâques, à l’aide de crabe de terre, lard fumé, tomate, bouquet garni et piment. 4. Spécialité marie-galantaise à base de queue de porc, tripes de mouton, poitrine fumée, fruit à pain, giraumon, igname, navet, christophine, pâte à dombrés et épices. 5. Purée grossière de fruit à pain, giraumon, queue de cochon salée, bouquet garni, poivre et piment. 6. Morue séchée, avocat, manioc et piment. 7. Boisson à base de lait concentré sucré, œuf, zestes de citron vert, cannelle, vanille, amande amère, fleur d’oranger, noix de muscade. Servie lors des mariages, baptêmes ou communions. 8. Instruments destinés jadis à appeler le personnel de maison.
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very year on the Saturday nearest to August 10,1 the Cuisinières de Guadeloupe (Cooks of Guadeloupe) celebrate to honor the memory of the bon-a-madanm, these symbolic guardians of Creole gastronomy, who served in the grand residences at the start of the twentieth century.
On the tenth chime of the bell of the elegant Cathedral Saint Pierre et Saint Paul in Pointe-à-Pitre, with its astonishing metal structure by the Atelier Gustave Eiffel, a flamboyant hive of activity invades the surrounding streets plunging them into a buzz of festive excitation. The procession, led by the “little misses and little officers”—the young generation joining the movement in the footsteps of their elders—, places on the flank of the altar the statue of their patron saint: Saint Lawrence. This third-century Spanish deacon under Pope Sixtus II refused to renounce the Church’s riches, preferring to give them to the poor. He was then put on a spit and roast on a grid—today embroidered in red on Cook’s aprons—to “appease” Rome’s fury. A round of sugary delights destined for the assembly, symbol of the spirit of friendship and sharing dear to the Cooks, followed by a cascade of baskets of tropical flowers, cooking utensils, vegetables, dishes of stuffed crab, pyramids of crawfish, gratins, accras (fritters), black pudding, browned pork and ouassous,2 await blessing by the priest to the sound of the traditional gwoka drum. The clashing colors of the dresses with their multiple petticoats in starched English lace, heads dressed with madras cotton in tête plombière and adorned with gold in slave chain, cucumber mesh, or cabbage necklace, illuminate the church pews from the porch to the nave. Numerous delegations are present, from the archipelago, from Martinique and French Guiana. A torrent of song with Creole accents reaches to the heavens. Their communion in this sacred place recalls
the original impact a century or so ago of those who one called “The Cooks”. On July 14 1916, a group of women from Pointe-à-Pitre created a communal fund assuring them before leaving this world of a decent burial. Le Cuistot Mutuel (The Cook’s Mutual), Guadeloupe’s first mutual fund was born. It was only at the dawn of the twenty-first century that this evolved into an official association, with more than two hundred members, and became the flagbearer of traditional Creole gastronomy, well beyond the frontiers of the Caribbean arc. Crab matété,3 bébélé,4 breadfruit migan,5 madras rice, avocado féroce,6 cod or chodo chiquetaille7 are all flavorsome recipes that make up this patrimony. Hands beat the rhythm of the last drifts of music, before the Cooks continue their parade through Pointe-à-Pitre, chanting “Wouvè la rond, bèl kréyòl,” sprinkling the crowd with rum in an atmosphere of popular jubilation. Tap-tap8 and bells forewarn of the imminent arrival of the procession, drawing a lively spontaneous crowd vibrating with emotion and pride.
............................................................ 1. Birthday of Saint Lawrence, patron saint of cooks. 2. Large freshwater crayfish. 3. Recipe traditionally prepared for Easter with the help of land crab, smoked bacon, tomato, herbs and chilli pepper. 4. Speciality of Marie-Galante consisting of pig’s tail, sheep’s tripe, smoked bacon, breadfruit, pumpkin squash, yam, turnip, christophine, dombrés pastry, and spices. 5. Coarse purée of breadfruit, giraumon, salted pig’s tail, herbs, pepper, and chilli pepper. 6. Dried salt cod, avocado, manioc, and chilli pepper. 7. Drink made from sweet concentrated milk, egg, lime zest, cinnamon, vanilla, bitter almond, orange blossom water, nutmeg. Served during marriages, baptisms, and confirmations. 8. Instruments used in the past to summon the house staff.
Entre ciel et mer Between sky and sea
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ne myriade de rais de lumière strient d’éclats argentés les silhouettes dégingandées des palétuviers rouges. Les eaux saumâtres de la Rivière Salée, où dansent des étoiles de mer à la robe d’un orange insolent, ondoient sous l’avancée feutrée du bateau et des bancs de pagres ou de tarpons qui fraient en abondance. La plus vaste mangrove des Caraïbes tisse son labyrinthe végétal aux méandres mouvants sur 6 000 hectares, de Sainte-Rose en Nord Basse-Terre jusqu’à Port-Louis en Grande-Terre. Un craquement de rhizophore trahit la fuite d’un raton laveur, disparu en quelques bonds sous un envol de parulines jaunes. Là-bas, à moins d’une dizaine de mètres du rivage, le sous-bois inextricable devient arbustif : la salinité des eaux est tellement élevée qu’y pousser devient un défi que seuls les palétuviers noirs relèvent, véritables dessalinisateurs. En s’éloignant encore davantage, la canopée des palétuviers blancs ou gris de la haute mangrove frôle les vingt mètres. À leurs pieds, entre les pneumatophores à demi immergés, se joue un étrange ballet aux millions de protagonistes silencieux : les parades imperceptibles des crabes nageurs, crabes à barbe et crabes violonistes, rythmées par les coups de semonce d’un pic de Guadeloupe, seule espèce endémique de l’archipel. Si cet environnement bruissant foisonne d’une vie animale et végétale discrète, il est aussi vulnérable qu’indispensable au macrocosme îlien. Zone tampon entre le lagon et la forêt marécageuse d’eau douce dominée par le mangle médaille, la mangrove freine l’érosion côtière, filtre les apports terrestres à la mer et transforme en matière vivante végétale l’eau et les sels minéraux contenus dans les eaux de ruissellement ; majestueux abri de bois et de feuilles dont se délecte la faune. Le huis-clos de la mangrove s’ouvre soudain sur les tons de turquoise infinis du lagon du Grand Cul-de-Sac marin ; une baie de 24 500 hectares classée réserve de biosphère par l’Unesco, ourlée sur 29 kilomètres de la plus grande barrière corallienne des Petites Antilles. Le récif multicolore est l’œuvre squelettique de milliers de colonies aux minuscules polypes sécrétant du carbonate
de calcium pour le bâtir, en symbiose avec des millions d’algues unicellulaires. Refuge des murènes, diodons, poissons-coffres, perroquets, chirurgiens ou anges, parmi des centaines d’espèces récifales, les coraux protègent la côte de la houle qui, en les érodant, fournit les plages en sable corallien. Mais ces constructions monumentales n’en restent pas moins fragiles : une brutale élévation de la température marine en 2005 provoque à retardement la mort de près de la moitié de la population corallienne, par blanchissement. Sous l’étrave, d’immenses langues olivâtres s’allongent sur le sable blanc : des herbiers de magnoliophytes marines, précieuses prairies aquatiques prisées des tortues vertes, raies aigles, oursins et lambis. Elles oxygènent l’eau de mer, maintiennent sa clarté, stabilisent les sédiments et ralentissent les courants. Eaux de prédilection des lamantins jusqu’au début du XXe siècle, ces siréniens herbivores, exterminés pour leur chair, y feront peut-être un jour leur grand retour dans le cadre d’un ambitieux projet de réintroduction… Pélicans et noddis bruns, frégates superbes, petites sternes et aigrettes neigeuses investissent les airs azurés, regagnant les îlets sauvages de Kahouanne, La Biche, Tête à l’Anglais ou Rousseau sur le lagon empourpré au couchant. Avec le recul du large, Karukera, la bien-nommée « île aux belles eaux » par ses découvreurs amérindiens, dévoile toute sa dichotomie. À tribord, Basse-Terre la volcanique. Verdoyante et élancée, coiffée de fumerolles, elle déroule ses plages de sable roux au nord, lieux de ponte privilégiés des tortues marines, alors qu’il se fait noir et brûlant au sud, à mesure qu’augmente la proximité avec la Soufrière. À bâbord, Grande-Terre au fard calcaire. Ses plages du sud, d’un blanc immaculé sous les cocotiers et la langueur océane, comme celles des îles satellites, sont emblématiques de l’univers tropical caribéen. Mais au nord et sur sa façade orientale, l’océan Atlantique balaie la côte de lames déferlantes, s’écrasant sur les falaises déchiquetées en gigantesques fracas d’écume, sous l’œil des paille-en-queue à bec rouge. Le littoral minéral, où la terre semble avoir été vaporisée, se crible d’anfractuosités acérées sous les embruns corrosifs, le vent incessant et un soleil mordant. La Porte d’Enfer et son Trou Madame Coco ou la pointe des Châteaux comptent parmi les sculptures naturelles dantesques nées de cette tourmente.
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yriad rays of light stripe the lanky silhouettes of the red mangrove trees with silvery shards. The brackish waters of the Rivière Salée (Salty River), where starfish with an insolent orange dress dance, undulating under the muffled advance of the boat and the shoals of porgy fish or tarpon, which spawn in abundance. The largest mangrove swamp in the Caribbean weaves its vegetal labyrinth around the changing meanders over 6,000 hectares, from Sainte-Rose in north Basse-Terre to Port-Louis in Grande-Terre. A crackle in the mangrove betrays a fleeing raccoon, disappeared in a few leaps under a flight of yellow warblers. There, less than ten meters from the bank, the inextricable undergrowth becomes bushy: the water is so salty that to grow there is a challenge only black mangrove trees can meet, real desalters. In going yet further, the canopy of white or gray mangroves of the high mangrove reaches close to twenty meters. At their feet, between the half-submerged pneumatophores, a strange ballet plays out with millions of silent protagonists: the imperceptible parades of swimming crabs, mangrove crabs, and fiddler crabs, cadenced by the warning shots of a Guadeloupe woodpecker, the archipelago’s only endemic species. If this rustling environment throngs with discreet plant and animal life, it is as vulnerable as it indispensable to the island macrocosm. A buffer zone between the lagoon and the marshy freshwater forest dominated by the pterocarpus officinalis tree, the mangrove slows down coastal erosion, filters the terrestrial input to the sea, and transforms the water and mineral salts contained in the run-off water into living plant matter; majestic shelter of wood and leaves in which the fauna delights. The closed world of the mangrove suddenly opens onto the infinite turquoise shades of the Grand Cul-de-Sac Marin lagoon; a bay of 24,500 hectares designated a biosphere reserve by Unesco, hemmed in along 29 kilometers by the largest coral reef in the Lesser Antilles. The multicolored reef is the skeletal work of thousands of colonies of tiny polyps secreting calcium carbonate to
build it, in symbiosis with millions of single-celled algae. Shelter for moray eels, porcupinefish, trunkfish, parrotfish, surgeonfish, and angel fish, among the hundreds of reef species, the corals protect the coast from the swell that, in eroding them, supplies the beaches with coral sand. But these monumental constructions remain fragile: a sharp rise in the sea temperature in 2005 provoked the delayed death of almost half the coral population, by whitening. Under the bow wave, immense olive-green tongues spread out on the white sand: herbariums of marine flowering plants, precious aquatic meadows prized by common green tortoises, common eagle ray, sea urchins, and spider conch. They oxygenate the seawater, preserve its clarity, stabilize the sediment and slow the currents. The water favored by manatees until the start of the twentieth century, these herbivorous sirens extinct for their flesh will perhaps one day make their return within the framework of an ambitous reintroduction project... Pelicans and brown noddies, magnificent frigate birds, least terns, and snowy egrets fill the blue skies, joining the wild islets of Kahouanne, la Biche, Tête à l’Anglais, or Rousseau on the lagoon purpled at sunset. With the retreat of the sea, Karukera, aptly named “island with beautiful water” by its American Indian discoverers, reveals all its dichotomy. To starboard, volcanic Basse-Terre. Verdant and slender, wispy smoke, it unrolls its red sand beaches to the north, favored hatching place for sea turtles, while it is black and burning to the south, increasing as it gets closer to La Soufrière volcano. Portside is Grande-Terre, composed of limestone. Its southern beaches, of an immaculate white under the coconut palms, and the languid ocean, like those of the satellite islands, are emblematic of the universe of the Caribbean tropics. But to the north and on its eastern side, the Atlantic Ocean sweeps the coast with unfurling blades crashing on the jagged cliffs in a gigantic roar of froth, under the watch of the red-billed tropicbird. The mineral coast, where the soil seems to have been vaporized, is riddled with crevices sharpened by the corrosive spray, the incessant wind and a biting sun. La Porte d’Enfer (Gate of Hell) and its Trou Madame Coco or the Pointe des Châteaux count among the Dantesque natural sculptures born from this torment.
La muse antillaise The Caribbean muse
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ux premières heures du jour, le sifflement des machettes dans le sous-bois de bananiers est entrecoupé des rires des coupeurs. Pourtant la tâche est rude et tout se fait à main ou à dos d’homme, bientôt sous un soleil de plomb. Dans cette étrange forêt où les arbres sont en réalité des herbes géantes, des norias de porteurs robustes emmènent les régimes à l’épaule. Chacun est glissé sur une treille matelassée, pour qu’aucun choc n’abîme les précieuses bananes à la robe vert tendre. Ainsi récoltées, c’est la coupe qui déclenche leur maturation : deux saignées fulgurantes pour faire plier le plant et atteindre le régime à bout de bras, puis le coup de grâce qui alourdit le porteur de près de 35 kg. Si les bananes restaient accrochées, elles grossiraient jusqu’à éclater, sans pour autant se gorger de sucre. Composé d’eau en grande majorité, le bananier se révèle très vulnérable et demande une attention perpétuelle. Le spectre des menaces qui planent sur sa culture est large et le recours à la chimie a longtemps été perçu comme la seule solution efficace : une stratégie aujourd’hui battue en brèche à cause des répercussions dramatiques sur les nappes phréatiques. Sur des terres soumises aux affres cycloniques où des vents d’à peine 80 km/h suffisent à le coucher, le bananier attise la convoitise des charançons qui s’y verraient bien creuser leurs galeries, s’ils n’étaient écartés par un faisceau de phéromones. Le chef d’exploitation veille sur la densité des plants. Minutieusement calculée, elle participe à lutter naturellement contre la prolifération de mauvaises herbes, aidée par des plantes de couverture développées en partenariat avec l’Institut national de recherche agronomique. Toutefois, les attaques les plus nuisibles émanent de champignons sur les feuilles, alors coupées et retournées face contre terre pour stopper leur prolifération. Quant à la lutte contre les piqûres d’insectes, des gaines de polyéthylène sont ensachées sur les régimes, ce qui leur garantit une température optimale propice à leur développement. La récolte se fait à l’année, mais une fois le régime prélevé, le pied meurt, coupé pour laisser place aux rejets alentour. La plante pousse en émettant une nouvelle feuille par semaine. Lorsqu’elle atteint sa taille adulte, entre
le sixième et le septième mois, une tige émerge au sommet, portant une inflorescence – le bourgeon mâle – ou pòpòt en créole. Il se recourbe vers le sol, couvert de spathes violacées qui se soulèvent une à une avant de tomber, dévoilant des fleurs jaune d’or. Fécondés, les longs ovaires se transforment en fruits, ou « doigts », dressés vers le ciel en quête de lumière. Le régime est alors dans sa forme définitive, composé de plusieurs groupes de fruits appelés métaphoriquement des « mains ». Les coupeurs à l’affût savent déceler, d’un regard circulaire, parmi les deux mille plants à l’hectare, les régimes matures. Et leur main ne tremble pas. Dans la pénombre de l’unité de conditionnement, en contrebas, les centaines de régimes de la récolte matinale, suspendus à de petits chariots hors d’âge, attendent en silence l’épistillage manuel. Étape minutieuse durant laquelle chaque reliquat de pistil à l’extrémité des bananes est retiré, de bas en haut pour ne pas souiller les fruits de latex. « L’heure de la manucure », murmure le préposé, le front perlant. Une tâche dont s’acquitterait volontiers un gros iguane vert peu farouche, dont l’œil brillant cerclé d’orange trahit un récent péché de gourmandise dans le manguier qui jouxte la propriété familiale. Ainsi préparés, les régimes poursuivent leur course pour être dépattés : séparés en bouquets. Plongés dans un bain d’eau et de poussière d’alun une vingtaine de minutes, trois hommes s’affairent à les brasser pour les nettoyer et en retirer le latex. Les gestes sont rapides et précis, car la sélection pour l’export est draconienne : ni déformation, ni tache, ni jumelles et une longueur maximale de 22 cm pour la reine des bananes douces : la « Planteur ». Les bouquets, délicatement disposés par taille sur des plateaux calibrés, passent de main en main pour l’essorage et l’étiquetage, avant une douche cicatrisante à l’eau. En bout de chaîne, deux responsables de la balance les empaquettent, encore luisants, par cartons de 18,5 kg. Dans l’embrasure de la porte, éclaboussée de lumière, la ronde des palettes emplit bientôt le conteneur réfrigéré à 13 °C, qui ralentira leur mûrissement durant les dix jours de transatlantique. 27 millions de bananes gagnent ainsi l’Europe chaque semaine, grâce à une liaison dédiée entre les Antilles et la métropole. Depuis la chute des cours de la canne à sucre dans les années 1960, le bananier est devenu la première richesse agricole locale.
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t daybreak, the whistle of the machetes in the undergrowth of the bananas is interspersed by the laughter of the cutters. However, the task is brutal and everything is done by the hand or the back of man, soon under a leadening sun. In this strange forest where the trees are in reality giant grasses, chains of sturdy porters carry the bunches on their shoulders. Each is slid onto a padded arbor, so that no shock spoils the precious bananas in their soft green coat. Thus harvested, it is the cutting that sets off maturing: two swift slashes to bend the plant and reach the end at arm’s length, then the coup de grâce that weighs down the bearer by almost 35 kg. If the bananas remain attached they will grow until they burst, without however filling with sugar. Composed largely of water, the banana plant turns out to be very fragile and requires constant attention. The fear of the threats to its cultivation is great and the resort to chemistry was long perceived as the sole efficient solution: a strategy contested today because of the dramatic effect on the phreatic nappe. On land subject to cyclones and where winds barely 80 km/hr are enough to fell them, the banana plants arouse the greed of weevils, who would happily dig their tunnels in them were they not put off by a cluster of pheromones. The head of the exploitation surveys the density of the plants. Meticulously calculated, it participates in fighting naturally against the proliferation of weeds, helped by ground-cover plants developed in partnership with the National Institute for Agronomic Research. Nevertheless, the most damaging attacks come from fungae on the leaves, which are then cut and turned face to the soil to stop their proliferation. As for the battle against insect bites, polyetheline sheaths are bagged on the bunches, which assures an optimum temperature for their development. Harvesting is done all year round, but once the bunch is picked, the foot dies, and is cut to leave room for the rejects around. The plant grows producing a new leaf per week. When it reaches adult size, in between six and seven months, a sprout emerges at the top, bearing a blossom—the male bud—or pòpòt in Creole. It bends towards the soil, covered in purplish-blue spars, which
rise up one by one before falling to reveal the goldenyellow flowers. Fertile, the long ovaries transform into fruits, or “fingers,” rising towards the sky in search of light. The system is then in its definitive form, composed of several groups of fruit, metaphorically called “hands.” Savvy cutters know how, with a circular glance, to spot the mature bunches among the two thousand plants per hectare and their hands don’t tremble. In the shade of the conditioning unit below, hundreds of bunches from the morning harvest, hanging from age-old carts, wait in silence to be depistilled by hand: a meticulous process during which each remnant of the pistil at the end of the banana is removed, from bottom to top so as to not stain the fruit with latex. “The time for manucure,” murmurs the employee, forehead beaded with sweat, a task which a large, bold, green iguana—whose gleaming eye ringed in orange betrays a recent sin of gourmandise in the mango grove abutting the family domain—would happily carry out. Thus prepared, the bunches continue their route to be “dépattés”—separated into bunches. Plunged in a basin of water and alun dust for around twenty minutes, three men stir them to clean them and remove the latex. Their gestures are rapid and precise, because the selection for export is strict: neither deformation, not stain, nor twins, and a maximum length of 22 cm for the queen of the sweet bananas: the “Planter.” Carefully arranged by size on calibrated trays, the bunches pass from hand to hand for rinsing and labeling, before a healing shower of water. At the end of the chain, two weighing officers, pack them, still glistening, by 18.5 kg boxes. In the door frame, spattered with light, the circle of pallets soon fills the container chilled at 13°C, which will slow down their ripening during the ten days across the Atlantic. 27 million bananas thus reach Europe every week, thanks to a dedicated liaison between the Caribbean and mainland France. Since the collapse of the sugar cane rate in the 1960s, bananas have become the leading local agricultural wealth.
Sulfureuse par nature Sulphurous by nature
S
ous son fard chlorhydrique et son dôme en robe plissée, la Soufrière, baptisée « la Vieille Dame » à travers l’archipel, se révèle être une toute jeune fille, âgée d’à peine 120 000 ans. En témoignent les solfatares, ces dépôts de dioxyde de soufre et de sulfure d’hydrogène jaune intense dont elle orne ses bouches. Empreinte d’un caractère bien trempé, les 8 à 10 m de précipitations annuelles dont elle est gratifiée en font l’un des lieux les plus arrosés de la planète. Ébouriffé par des vents soutenus et particulièrement frais pour la région, dans les brumes trois cents jours par an, le point culminant des Petites Antilles garde la tête froide depuis près de quatre décennies : aux alentours de 19 °C, soit dix de moins qu’au niveau de la mer, 1467 m plus bas. Mais la Soufrière, parmi les volcans les plus actifs de l’axe caribéen, vit une jeunesse tumultueuse, régulièrement prise de crises éruptives ces 13 000 dernières années. La plus récente a provoqué l’évacuation de 75 000 habitants du Sud Basse-Terre, cinq mois durant entre 1976 et 1977, sous un déluge phréatique de vapeur, de gaz acide, de boue, de cendre et de roche. 26 explosions majeures, 16 000 séismes dont 153 ressentis : le souvenir de sa colère donne le tournis au marcheur averti qui la gravit. D’autant que si son activité sismique, fumerollienne et thermale était stable, elle est repassée en lente augmentation depuis 1992… Au cœur de la forêt primaire des Bains-Jaunes étincelante de rosée, grenouilles, oiseaux et insectes orchestrent le concert perpétuel sous la crosse des fougères arborescentes, véritables fossiles vivants. Un entêtant parfum d’humus teinté de vapeurs soufrées parcourt l’air saturé d’humidité, au beau milieu d’un dédale de lianes et de plantes épiphytes entre les grands arbres à contreforts, bois-bandé, bois canon, balisiers et fraisiers sauvages. La terre transpire en ruisseaux ferrugineux orangés sur les pierres luisantes du sentier du Pas-du-Roy, bâti par les soldats de l’infanterie de marine à la fin du XIXe siècle. Les volées de marches serpentent jusqu’à une trouée végétale aveuglante de lumière : la dense forêt tropicale fait place à « la forêt de nuages » de la Savane-à-Mulets, au pied du dôme de la Soufrière. Une terre hostile, acide, nébuleuse, fouettée par les vents, où se battent en silence
pour exister une forêt rabougrie de mangles-montagne et palmistes blancs, une savane d’ananas-montagne rouges et jaunes turgescents, parsemée de siguine blanche et des tourbières où sphaignes, mousses et fougères rivalisent d’exubérantes colorations. Le Chemin des Dames dessine une saignée circulaire à l’assaut du dôme : cône de lave séchée aux pentes inclinées à 45 degrés apparu au XVIe siècle, suite à une puissante éruption magmatique. L’altitude, par temps clair, offre au regard un spectacle unique, embrassant, par-delà la cascade végétale en aval, le bourg de BasseTerre, l’archipel des Saintes et les lointains de l’île de la Dominique baignés des turquoise de la mer des Caraïbes. Paysage cataclysmique au sommet. Profondément fracturé, fissuré et poreux, le plateau de La Découverte est hérissé de pitons rocheux, entaillé de gouffres grondants, de bouches éruptives, de crevasses insondables dont certaines prennent naissance par plus de 100 m, criblé de fumerolles chargées d’hydrogène sulfuré potentiellement mortel et d’acide chlorhydrique brûlant toute végétation. Passée la Mare au Diable et le Jardin l’Herminier dont la riche flore a été réduite à l’état de désert par des pluies de cendres, franchie la Porte d’Enfer, un pont naturel étroit mène au chaudron du gouffre Tarissan d’où émanent de tonitruantes vociférations gutturales : marmite géante d’acide pur dont la température avoisine les 100 °C et la surface est à 70 m sous le niveau du pont. Telle se dévoile la Vieille Dame la plupart du temps, au gré de la course des nuages, préservant son jardin secret tourmenté, bouillonnant et acidulé derrière le paravent de ses nimbes toxiques. Mais sous les meilleurs auspices météorologiques et des vents propices, à la mise à nu du cratère sud se découvre un autre monde, une nouvelle planète minérale où le chaos originel pulvérise la matière dans un râle sourd ininterrompu. Des bulles d’argile gris bleuté et du soufre pur jaune poussin tapissent les bassins naturels des sources chaudes aux vapeurs irritantes et relents nauséabonds. Du soufre dont certaines variétés cristallines auraient été utilisées dans la poudre d’armes à feu, selon des missionnaires catholiques du XVIIe siècle, et à qui le volcan doit son nom. Hypnotique, mystique, terrifiante ou magnétique, la beauté intérieure de la Soufrière contraste avec ses flancs fertiles et ses généreuses réserves d’eau potable qui couvrent en grande partie les besoins d’une population à son chevet.
U
nder its hydrochloric makeup and its pleated dress dome, La Soufrière, known across the archipelago as “the Old Lady,” reveals herself to be a young girl, barely 120,000 years old, as the solfataras testify, these deposits of sulphur dioxide and deep yellow hydrogen sulphate with which she decorates her mouths. Marked by a strong personality, the eight to ten meters of annual rainfall with which she is blessed make it one of the wettest places on the planet. Disheveled by the strong winds and particularly cold for the region, covered in mist 300 days a year, the high point of the Lesser Antilles has kept a cool head for nearly four decades: at around 19°C, that is 10°C less than at sea level, 1,467 meters below. But La Soufrière, among the most active volcanies in the Caribbean arc, lives a tumultuous youth, regularly seized by eruptive crises over these past 13,000 years. The most recent caused the evacuation of 75,000 inhabitants in the south of Basse-Terre, for five months between 1976 and 1977, under a phreatic deluge of steam, acid gas, mud, ash, and rock. 26 major explosions, 16,000 quakes, 153 of them felt: the memory of her anger makes the forewarned walker who climbs her dizzy. All the more so, because if her sismic, fumarolean, and thermic activity used to be stable, it has slightly increased since 1992... At the heart of the primary forest of the Bains-Jaunes, sparkling with dew, frogs, birds and insects conduct a perpetual concert under the West Indian tree ferns, true living fossils. A heady perfume of hummus tinted by sulphury steam fills the humid air, in the middle of a maze of creepers and epiphyte plants between the large trees with buttress roots, bois-bandé, Schreber pumpwood, heliconia, and wild strawberries. The soil breathes in orangey iron rich streams over the glistening stones of the Pas-du-Roy path, built by naval troops at the end of the nineteenth century. The flights of steps snake until a hole in the vegetation blinding with light: the dense tropical forest gives way to “the forest of clouds” of the Savane-à-Mulets, at the foot of the dome of La Soufrière. A hostile, acid, nebulous land, beaten by the winds, where a stunted forest of mountain-mangles and Guadeloupe palms battle in silence for survival, a savannah of bloated red and yellow mountain pineapples, sprinkled with giant philodendrons and peat bogs where
sphagnum moss, mosses and ferns rival each other in exuberant colors. Le Chemin des Dames draws a circular scar in the assault of the dome: the cone of dry lava with 45° steep slopes that appeared in the sixteenth century, following a powerful eruption of magma. In clear weather, the altitude provides the view of a unique spectacle beyond the cascade of vegetation, taking in the town of Basse-Terre, the archipelago of Les Saintes and the distant island of Dominica bathed in the turquoise Caribbean sea. The summit is a cataclysmic landscape. Profoundly fractured, fissured, and porous, La Découverte plateau bristles with rocky pitons, gashed with rumbling chasms, erupting mouths, unfathomable crevasses some of which originate more than 100 meters deep, pocked with smokeholes full of potentially lethal hydrogen suplhate and hydrochloric acid that burns all vegetation. Past the Mare au Diable and the Jardin l’Herminier, whose rich flora has been reduced to a desertic state by showers of ash, by way of the Porte d’Enfer, a narrow natural bridge leads to the cauldron of the Tarissan chasm from which emerge thundering gutteral noises: a giant casserole of pure acid whose temperature approaches 100° C and whose surface is 70 meters beneath the bridge. This is how “the Old Lady” reveals herself most of the time at the mercy of the racing clouds, preserving its secret tormented garden, boiling and acid behind the screen of its toxic halo. But under the best auspices of the weather and propitious winds, the unveiling of the south crater reveals another world, a new mineral planet where the original chaos pulverizes the material in an uninterrupted muffled groan. Bubbles of blueish-gray clay and chicken-yellow pure sulphur carpet the natural basins of the hot springs with irritating steam and nauseating stench of sulphur, of which certain crystalline varieties were, according to seventeenth-century Catholic missionaries, used for gunpowder, and which gave the volcano its name. Hypnotic, mystical, terrifying or magnetic, the inner beauty of La Soufrière contrasts with its fertile slopes and the generous reserves of drinking water that fulfill most of the needs of the population at its bedside.
Anse-Bertrand Port-Louis
Petit-Canal
Grand Cul-de-Sac Marin Morne-à-l’Eau
Sainte-Rose Deshaies Rivière Salée
Lamentin
Aéroport Pôle Caraïbes
Baie-Mahault
Pointe-à-Pitre Le Gosier Pointe-Noire
Basse-Terre
Petit-Bourg
Petit Cul-de-Sac Marin
Ilet du Gosier
Goyave Bouillante
La Soufrière 1467 m Vieux-Habitants
Capesterre Belle-Eau Saint-Claude
Basse-Terre
Trois-Rivières
Vieux-Fort
Les Saintes Terre-de-Bas Ter rre de de Bas
Terre-de-Haut
Pointe de la Grande Vigie Porte d’Enfer Trou Madame Coco
grande-Terre Le Moule Beauséjour
La Désirade
Saint-François Pointe des Châteaux
Plage de Bois-Jolan Sainte-Anne
Terre de Haut Terre de Bas
Petite Terre
Marie-galante Saint-Louis
Capesterre
Grand-Bourg
Cuisinières en fête I
The Cooks’ Festival
« Petites demoiselles », attentives aux discours de leurs aînées, lors de la Fête des Cuisinières. “Little misses” attentive to the speeches of their elders, during the Cooks’ Festival.
Vue plongeante sur la cocoteraie de la plage du Souffleur, depuis le plateau, 260 m plus haut, à La Désirade. Plunging view of the coconut grove at Souffleur beach from the plateau at La Désirade, 260 meters above. La baie des Saintes, à Terre-de-Haut, classée parmi les plus belles au monde. La Dominique en arrière-plan.
Les Cuisinières attendent la bénédiction de leurs paniers remplis de délices traditionnelles. The Cooks wait for their baskets filled with delicacies to be blessed.
La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Pointe-à-Pitre et son étonnante structure métallique signée des ateliers Eiffel. Saint-Pierre-et-Saint-Paul Cathedral in Pointe-à-Pitre with its astonishing metal structure by the Ateliers Eiffel. Les paniers de mets traditionnels et les ustensiles de cuisine sont bénis par le prêtre. The baskets of traditional food and the cooking utensils are blessed by the priest. Des délégations arborant leur tenue traditionnelle sont venues de toutes les Antilles françaises. Delegations wearing traditional dress arrive from all over the French Caribbean.
Défilé dans les rues de Pointe-à-Pitre avec la statue de saint Laurent, saint patron des Cuisinières. Parade through the streets of Pointe-à-Pitre with the statue of Saint Lawrence, patron saint of cooks. Chaque année, une robe à corps, corps, différente est brodée tout spécialement pour ce jour de fête populaire. Each year a different “ceremonial robe” is embroidered specially for this day of popular festivity.
Entre ciel et mer I Between sky and sea
Les Saintes bay, at Terre-de-Haut, considered one of the most beautiful in the world. Dominica in the background. Coucher de soleil sur l’archipel des Saintes, depuis Terre-de-Bas. Sunset over Les Saintes archipelago from Terre-de-Bas.
Un homme tente d’amarrer son embarcation dans le Grand Cul-de-Sac Marin, avant l’arrivée d’un grain. A man attempts to moor his boat in the Grand Cul-de-Sac Marin, before the arrival of a squall. Vue aérienne de la chapelle sur l’îlet Macou, dans le lagon du Grand Cul-de-Sac Marin. Aerial view of the chapel on Macou islet, in the Grand Cul-de-Sac Marin lagoon.
Plus de six mille hectares de mangrove où dominent les palétuviers, ceinturent le Grand Cul-de-Sac Marin. More than six thousand hectares of mangrove swamp, dominated by mangrove trees, ring the Grand Cul-de-Sac Marin. Frégate mâle en parade amoureuse sur un palétuvier de l’îlet Rousseau, dans le Grand Cul-de-Sac Marin. Male frigate bird in a love parade on a mangrove on Rousseau islet, in the Grand Cul-de-Sac Marin. Sous-bois de palétuviers rouges de la mangrove bordant la rivière Gaschet dans le Grand Cul-de-Sac Marin. Undergrowth of the red mangroves in the mangrove swamp bordering the Gaschet river in the Grand Cul-de-Sac Marin.
L’îlet La Biche vu du ciel, sur le lagon du Grand Cul-de-Sac Marin, dans le Parc national de Guadeloupe.
Une tortue verte juvénile regagne la mer depuis la plage de Viard, à Petit-Bourg.
La Biche islet seen from the sky, on the Grand Cul-de-Sac Marin lagoon in the Guadeloupe National Park.
A young green turtle looks at the sea from Viard beach at Petit-Bourg.
Fenêtre ouverte sur le lagon de La Désirade, depuis La Paillotte, plage à Fifi.
Perspective infinie vers la chaîne volcanique de la Soufrière depuis la plage de Bois Jolan en Grande-Terre.
Window over the lagoon of La Désirade, from La Paillote, beach at Fifi.
Endless perspective towards the volcanic chain of La Soufrière from Bois Jolan beach in Grande-Terre
Vue aérienne de l’îlet La Biche, dont la grâce n’a d’égale que celle de son lagon, dans le Grand Cul-de-Sac Marin.
Sous-bois de trente mille bananiers à la plantation Grand Café de Capesterre-Belle-Eau, en Basse-Terre.
Aerial view of La Biche islet, whose gracefulness is equalled only by that of its lagoon, in the Grand Cul-de-Sac Marin.
The undergrowth of 30,000 banana trees at the Grand Café plantation in Capesterre-Belle-Eau, Basse-Terre.
Enchevêtrement de plages et salines à la pointe des Châteaux, extrémité est de la Grande-Terre.
Le sol fertile du volcan de la Soufrière confère à la banane son parfum d’exception.
A tangle of beaches and saltpans at the Pointe des Châteaux headland, the eastern extremity of Grande-Terre.
The fertile soil of La Soufrière volcano gives the banana its exceptional aroma.
Sur la côte déchiquetée de la pointe des Châteaux, les pêcheurs bravent les embruns de l’océan Atlantique.
Les travailleurs s’avancent vers les parcelles de la plantation Grand Café à récolter. La plantation s’étend sur 14 ha.
On the jagged coast of the Pointe des Châteaux, the fishermen brave the spray of the Atlantic Ocean.
The workers advance towards the parcels to be harvested at the Grand Café plantation. The plantation extends over 14 hectares.
Pêcheur dans le lagon de Sainte-Anne, en Grande-Terre, sous l’œil attentif de trois pélicans bruns.
Chaque inflorescence sur le sommet de la fleur a donné naissance à une banane sur le régime.
Fisherman in the Sainte-Anne lagoon, in Grande-Terre, watched attentively by three brown pelicans.
Each inflorescence on the top of the flower gives birth to a banana on the bunch.
Soleil et grains orageux se jouent des paysages tourmentés de la pointe des Châteaux, en Grande-Terre.
Chaque régime est porté à l’épaule à travers la parcelle, jusqu’à la remorque du tracteur.
Sun and stormy squalls compete in the tormented landscapes of the Pointe des Châteaux, in Grande-Terre.
Each bunch of bananas is carried by shoulder across the parcel as far as the tractor trailer.
Depuis la Porte d’Enfer, au nord de la Grande-Terre, un sentier mène à l’impressionnant Trou Madame Coco.
Pour récolter un régime, il faut être deux : un coupeur et un porteur. Le rhizome est tranché au coutelas.
From the Porte d’Enfer (Gate of Hell), in the north of the Grande-Terre, a footpath leads to the impressive “Madame Coco Hole.”
It takes two to harvest a bunch: a cutter and a porter. The rhizome is sliced with a cutlass.
Vue aérienne de la pointe des Châteaux, extrémité est de la Grande-Terre, au coucher du soleil.
Tous les dix rangs de bananiers, une ligne a été laissée libre pour le passage des tracteurs.
Aerial view of the Pointe des Châteaux, easternmost point of the Grande-Terre, at sunset.
Every tenth row of banana trees a line is left empty to allow tractors to pass.
Coucher de soleil sur la plage des Raisins Clairs, à Saint-François, sur la Grande-Terre.
Un régime pèse en moyenne 35 kg. La banane se récolte toute l’année.
Sunset on the Raisins Clairs beach, at Saint-François, on the Grande-Terre.
A bunch weighs on average 35 kg. Bananas are harvested all year round.
Transporter les régimes de bananes, sans les secouer ni les cogner, nécessite l’aménagement de chemins lisses.
La muse antillaise I
The Caribbean muse
To transport the bunches of bananas without shaking or bumping them necessitates the arrangement of smooth paths.
Les bananiers tropicaux, dont la fleur est appelée pòpòt en créole, font partie de la famille des musacées.
L’épistillage consiste à détacher manuellement le pistil persistant au sommet de chaque banane.
Tropical banana trees, whose flowers are known as pòpòt in Creole, are part of the musa family.
The depistilling consists of detaching the remaining pistil on the top of each banana by hand.
La sélection des bananes suit un cahier des charges draconien : aucune déformation ni tache, pas de bananes jumelles…
Piton hérissé et profonde entaille au sommet du dôme du volcan de la Soufrière.
The selection of the bananas follows an extremely strict set of regulations: no deformities, stains, or twin bananas.
Spiky piton and profound gash at the summit of the dome of La Soufrière volcano.
Les producteurs de Guadeloupe et Martinique se sont réunis face à la concurrence et partagent les mêmes emballages. The producers of Guadeloupe and Martinique unite against the competition and share the same packaging.
Sulfureuse par nature I Sulphurous by nature
En ka danse I Beat the Ka dance Une fois la peau tendue, le fabricant de gwoka teste la sonorité de l’instrument. Atelier Gwad’Art. Once the skin has been stretched, the gwoka maker tests the instrument’s sonority. Gwad’Art workshop.
Bouche éruptive bouillonnant sur le dôme du volcan de la Soufrière, dégageant des vapeurs de sulfure d’hydrogène.
Gwoka et djembé : le premier est un assemblage de lattes alors que le second est creusé d’une pièce. Atelier Gozié aw.
Bubbling eruptive mouth on the dome of La Soufrière volcano, emitting hydrogen sulphate gases.
Gwoka and djembé djembé:: the first is an assemblage of staves, while the second is hollowed from one block. Gozié aw workshop.
Au lever du soleil, panorama sur les chutes du Carbet et le volcan de la Soufrière.
Assemblage et collage des 24 douelles qui constituent la caisse de résonance du gwoka. Atelier Pablo.
Panorama of the Carbet falls and La Soufrière volcano at sunrise.
Vue panoramique sur l’archipel des Saintes et La Dominique, depuis le Chemin des Dames. Panoramic view of Les Saintes archipelago and Dominica, from the Chemin des Dames.
Assembling and glueing the 24 staves that compose the sound box of the gwoka gwoka.. Pablo workshop. Gravure du sceau de l’atelier sur le tonneau du gwoka avant le vernissage final. Atelier Pablo. Engraving the workshop’s mark on the barrel of the gwoka before its final varnishing. Pablo workshop.
Bouches éruptives, gouffres et entailles profondes jalonnent le dôme du volcan de la Soufrière.
Les peaux de kabrit sont lavées, trempées dans la chaux morte, leurs poils grattés, puis elles sont tendues pour sécher au soleil.
Erupting mouths, chasms, and deep gullies punctuate the dome of La Soufrière volcano.
The kabrit skins are washed, soaked in slaked lime, and their hairs scraped, then they are stretched out to dry in the sun.
Une cascade de fougères arborescentes inonde l’éboulement Faujas.
Une fois la peau de kabrit clouée, les restes de chair sont coupés avant le séchage. Atelier Gwad’Art.
A cascade of tree ferns inundates the Faujas rock slide.
Once the kabrit skin has been nailed, the remains of the flesh are cut before drying. Gwad’Art workshop.
Lichens, sphaignes, mousses et lycopodes colonisent le haut du volcan et égaient les abords du sentier.
La peau, une fois séchée, est tendue autour d’un arceau grâce à des ficelles. Atelier Pablo.
Lichens, sphagnum, mosses, and lycopods colonize the top of the volcano and brighten the edges of the footpath.
Once dried, the skin is stretched around a hoop with the help of strings. Pablo workshop.
Évent de dégazage tapissé de soufre natif jaune au fond d’une entaille sur le dôme de la Soufrière.
La peau de kabrit est découpée avant d’être trempée, pour gagner en élasticité avant sa fixation. Atelier Pablo.
Degassing carpeted in yellow sulphur at the bottom of a gash on the dome of La Soufrière.
The kabrit skin is cut out before being soaked to make it stretchier before it is fixed. Pablo workshop.
Mise en place du cordage autour du fût, une fois le zoban installé. Atelier Pablo.
Musiciens du groupe Restan La mettant à l’honneur la tradition des combats de coqs. Défilé du Dimanche gras à Pointe-à-Pitre.
Putting the strings around the barrel, once the zoban has been put in place. Pablo workshop.
Musicians from the group Restan La from Gosier. Sunday Gras parade at Pointe-à-Pitre.
Découpe du surplus de peau, une fois celle-ci ajustée au fût du gwoka. Atelier Gwad’Art.
Portrait d’une carnavalière du groupe PL Mass de Port-Louis. Défilé du Dimanche gras à Pointe-à-Pitre.
Cutting off the excess skin, once it has been adjusted on the gwoka barrel. Gwad’Art workshop.
Portrait of a carnivaler from the group PL Mass from Port-Louis. Sunday Gras parade at Basse-Terre.
Un artisan montre l’évolution de la conception des gwoka au fil des âges. Atelier Pablo.
Mouvman Kiltirèl Mas Douvan de Capesterre-Belle-Eau. Défilé du Lundi gras à Basse-Terre.
A craftsman shows the evolution of the conception of gwoka over the years. Pablo workshop.
Staging the Mouvman Kiltirèl Mas Douvan from Capesterre-Belle-Eau. Monday Gras parade at Basse-Terre.
Le groupe Voukoum lors d’un léwòz à Sainte-Anne.
Portrait d’une danseuse du groupe Guimbo All Stars de Pointe-à-Pitre. Défilé du Mardi gras à Basse-Terre.
The group Voukoum during a léwòz at the Sainte-Anne gwoka festival.
Les oiseaux rares du roi Vaval The rare birds of King Vaval
Portrait of a dancer from the group Guimbo All Stars from Pointe-à-Pitre. Mardi Gras parade at Basse-Terre. Danseurs du groupe K.I.S.S. Défilé du Dimanche gras à Basse-Terre. Dancers from the group K.I.S.S. Sunday Gras parade at Basse-Terre.
Danseuse du groupe Pikanga de Baie-Mahault. Défilé du Mardi gras à Basse-Terre. Dancer from the group Pikanga from Baie-Mahault. Mardi Gras parade at Basse-Terre.
Portrait d’une danseuse du groupe Avan Van du Moule. Défilé du Dimanche gras à Pointe-à-Pitre. Portrait of dancer from the group Avan Van from Le Moule. Sunday Gras parade at Pointe-à-Pitre. Portrait d’un carnavalier du groupe Mas Vieux-Fort. Défilé du Mardi gras à Basse-Terre. Portrait of a young carnivaler from the group Mas Vieux-Fort. Mardi Gras parade at Basse-Terre.
Danseuse du groupe Explosion V du Moule. Défilé du Dimanche gras à Pointe-à-Pitre. Dancer from the group Explosion V from Le Moule. Sunday Gras parade at Pointe-à-Pitre. Danseuse du groupe Waka de Basse-Terre. Défilé du Mardi gras à Basse-Terre. Dancer from the group Waka from Basse-Terre. Mardi Gras parade at Basse-Terre.
D’émeraude et de jade I Of emerald and jade
Danseuses du groupe Double Face de Pointe-à-Pitre. Défilé du Dimanche gras à Pointe-à-Pitre.
Canyon débouchant sur un bassin de la rivière Grosse Corde. Parc national de la Guadeloupe.
Dancers from the group Double Face from Pointe-à-Pitre. Sunday Gras parade at Pointe-à-Pitre.
Canyon opening onto a basin of the Grosse Corde river. Guadeloupe National Park.
Portrait d’une carnavalière du groupe Restan La du Gosier. Défilé du Dimanche gras à Pointe-à-Pitre.
Première chute du Carbet, haute de 115 m. Parc national de la Guadeloupe.
Portrait of a carnivaler from the group Restan La from Gosier. Sunday Gras parade at Pointe-à-Pitre.
The Carbet’s first waterfall, 115 meters high. Guadeloupe National Park.
Siguines blanches épiphytes dans la forêt hygrophile menant aux chutes de Moreau. Epiphyte giant philodendrons in the hygrophile forest leading to the Moreau falls. Saut d’eau du Matouba, sur les hauts de Saint-Claude, en Basse-Terre. Matouba waterfall, on the heights of Saint-Claude, in Basse-Terre.
Chute de Moreau, sur les hauteurs de Goyave en Basse-Terre. Parc national de la Guadeloupe. Moreau waterfall, on the heights of Goyave in Basse-Terre. Guadeloupe National Park. Anolis de la Guadeloupe, en posture de parade nuptiale, fanon déployé. Male green anole tree lizard, in mating parade stance, dewlap extended.
Rochers moussus bordant un bassin sur les hauts de la rivière Grosse Corde. Parc national de la Guadeloupe. Mossy rocks bordering a basin in the upper reaches of the Grosse Corde river. Guadeloupe National Park. Sous-bois de fougères arborescentes entremêlées aux bambous géants sur la trace du bassin Paradise. Undergrowth of tree ferns mingled with giant bamboos on the trace of the Paradise basin. La rivière Grosse Corde serpente en cascades jusqu’au bassin Paradise. Parc national de la Guadeloupe. The Grosse Corde river snakes in cascades until the Paradise basin. Guadeloupe national park. Une succession de vasques cristallines précède la cascade du bassin Paradise. Parc national de la Guadeloupe. A succession of crystalline pools lead up to the cascade of the Paradise basin. Guadeloupe National Park.
Esprits amérindiens I American Indian spirits Pétroglyphes des Capitaines, garde rapprochée du Cacique. Parc archéologique des Roches Gravées, à Trois-Rivières. Petroglyphs of the Capitaines, the guards of the Cacique. Engraved Rocks Archeological Park, at Trois-Rivières. La Roche Tortue semble présenter des défunts, ligotés dans leur linceul funèbre. Parc archéologique des Roches Gravées. The Tortue (tortoise) rock seems to represent the deceased, bound in their funerary shroud. Engraved Rocks Archeological Park. Le Cacique représenterait un homme chauve-souris dans la mythologie amérindienne. Parc archéologique des Roches Gravées. The cacique represents a man-bat in American Indian mythology. Engraved Rocks Archeological Park. Forêt de figuiers sur les hauts du Parc archéologique des Roches Gravées de Trois-Rivières, en Basse-Terre. Forest of fig trees on the heights of the Engraved Rocks Archeological Park at Trois-Rivières, Basse-Terre. Le Sorcier porte sur le visage des marques suggérant des peintures corporelles. Parc archéologique des Roches Gravées. The Sorcier (sorceror) bears marks on the face suggesting body painting. Engraved Rocks Archeological Park. « La Femme qui accouche »»,, à l’anse des Galets, est de facture unique par sa représention sexuée. Sud Basse-Terre. “The Woman who Gives Birth,” in the bay of the Galets, is unique for a sexuated representation. South Basse-Terre. Polissoirs servant au façonnage des outils, aux abords de la rivière. Parc archéologique des Roches Gravées. Polishers used to make tools, on the banks of the river. Engraved Rocks Archeological Park.
La nuit des lucioles I The Night of the Fireflies
Acomat boucan sur le sentier découverte de la Maison de la forêt. Parc national de la Guadeloupe.
Sépulture bordée de conques à lambis. Nuit de la Toussaint dans le cimetière de Terre-de-Haut, aux Saintes.
Acomat boucan on the discovery path of the Forest House. Guadeloupe National Park.
Tomb bordered with spider conch shells. All Saints’ Night in Terre-de-Haut cemetery, Les Saintes.
Cascade du Saut de la Lézarde et son généreux bassin, sur les hauts de Petit-Bourg.
Près de 2 000 sépultures carrelées de noir et blanc composent le vaste échiquier du cimetière de Morne-à-l’Eau.
The Saut de la Lézarde (lizard leap) cascade and its large basin, on the heights of Petit-Bourg.
Nearly two thousand tombs with black and white tiles make up the vast chessboard of Morne-à-l’Eau cemetery.
La Toussaint est appelée nuit des clindindins en créole, signifiant « nuit des lucioles ». Cimetière de Morne-à-l’Eau.
L’assemblée encourage avec ferveur les coqs combattants. Pitt-à-coqs Belair, Morne-à-l’Eau.
All Saints’ Night is called the night of the clindindins in Creole, meaning “night of the fireflies.” Morne-à-l’Eau cemetery.
The crowd encourages the fighting cocks fervently. Belair pitt-à-coqs pitt-à-coqs, Morne-à-l’Eau.
Cercle familial recueilli autour des ancêtres, parmi les chants au son du gwoka. Cimetière de Morne-à-l’Eau.
Avant le combat, le juge vérifie qu’aucun produit n’a été mis sur le col du coq pour éviter que son adversaire ne l’attaque.
Family circle gathered around the ancestors, among the songs to the sound of the gwoka gwoka.. Morne-à-l’Eau cemetery.
Before the combat, the judge checks that no products have been put on the cock’s neck to stop its adversary from attacking it.
Oratoire à la Vierge Marie tenant Jésus. Nuit de la Toussaint au cimetière de Terre-de-Haut, aux Saintes.
Les coqs, à l’orée du combat, sont confrontés dans les bras de leurs kokeleurs respectifs, pour les stimuler.
Oratory of the Virgin Mary holding Jesus. All Saints’ Night at Terre-de-Haut cemetery, Les Saintes.
On the fringes of the combat, the cocks confront each other in the arms of their respective kokeleurs to stimulate them.
Recueillement au cimetière de Terre-de-Haut. Archipel des Saintes.
Un assesseur sonne la cloche pour signifier la fin du combat et le droit pour les kokeleurs de rentrer dans le rond.
Full moon on the Terre-de-Haut cemetery for the All Saints’ Night vigil, Les Saintes.
A referee rings the bell to signal the end of the combat and the right of the kokeleurs to enter the ring. Ultime retour aux caloges. Pitt-à-coqs Belair, Morne-à-l’Eau.
Dans l’antre des lutteurs à plumes In the den of the feathered fighters
Last return to the shacks. Belair pitt-à-coqs pitt-à-coqs,, Morne-à-l’Eau.
Coqs combattant sur le pitt de Belair à Morne-à-l’Eau, en Grande-Terre. Cocks fighting in the Belair pitt-à-coqs at Morne-à-l’Eau, Grande-Terre.
Le pied en terre, la tête au moulin The feet in the ground, the head in the mill
La pesée des coqs se fait sur une balance à plateaux, déterminant leur répartition – ou mariage – pour les combats.
La canne à sucre coupée main est déposée en ligne pour être chargée par cane loader sur les terres de Bologne, Basse-Terre.
The weighing of the cocks is done on a pair of pan scales, determining their separation —or marriage—for the combats.
The sugar cane cut by hand is placed in rows to be loaded on the cane loader on the Bologne estate, Basse-Terre.
Chaque combat donne lieu à des paris. Pitt-à-coqs Belair, Morne-à-l’Eau.
Ancien moulin patrimonial sur le domaine de la distillerie Damoiseau au Moule, en Grande-Terre.
Each combat leads to wagers. Belair pitt-à-coqs pitt-à-coqs,, Morne-à-l’Eau.
Historic mill on the estate of the Damoiseau distillery at Le Moule, Grande-Terre.
Les combats de coqs se déroulent dans une arène en bois : le rond. Pitt-à-coqs Belair, Morne-à-l’Eau.
À Basse-Terre, sur la plantation Bologne, la coupe manuelle de la canne à sucre commence avant le lever du soleil.
The cockfights take place in a wooden area: the ring. Belair pitt-à-coqs pitt-à-coqs,, Morne-à-l’Eau.
At Basse-Terre, on the Bologne plantation, the manual cutting of the sugar cane begins before sunrise.
Les combats de coqs sont parfois violents mais vont rarement jusqu’à la mise à mort.
Sur les hauts de Basse-Terre, un coupeur de canne à sucre charge des fagots du feuillage des cannes.
The cockfights are sometimes violent but rarely go as far as the kill.
On the heights of Basse-Terre, a sugar cane cutter loads the bundles of sugar cane leaves.
Nuage d’aigrettes lors de la coupe de la canne à sucre Bologne sur les hauts de Capesterre-Belle-Eau, en Basse-Terre.
Entretien du moulin à canne à sucre de la distillerie Montebello de Petit-Bourg, en Basse-Terre.
A cloud of egrets during the cutting of the Bologne sugar cane on the heights of Capesterre-Belle-Eau, Basse-Terre.
Maintenance of the sugar cane mill at the Montebello distillery at Petit-Bourg, Basse-Terre.
Une poignée de tonnes récoltées à la main à Marie-Galante contre dix fois plus ailleurs grâce aux camions, mais les puristes savent faire la différence.
Mesure du degré d’alcool dans les cuves de fermentation de la distillerie Bielle de Marie-Galante.
A handful of tonnes harvested by hand at MarieGalante compared to ten times more elsewhere thanks to lorries, but purists can tell the difference.
Measuring the alcohol content in the fermentation tanks at the Bielle distillery on Marie-Galante.
La récolte de la canne se fait généralement au lever ou au coucher du soleil pour éviter les chaleurs harassantes. Marie-Galante.
Calage de la marqueuse de numéro de lot sur la chaîne d’embouteillage de la distillerie Montebello. Petit-Bourg, en Basse-Terre.
The sugar cane harvest generally takes place at dawn or sunset to avoid the stifling heat.
Adjusting the lot number marker on the bottling chain at the Montebello distillery, Petit-Bourg.
Les livraisons de canne en chars à bœufs se font généralement les premières, au lever du jour. Distillerie du Père Labat, à Marie-Galante.
Unité de vieillissement en fûts de chêne de la distillerie Bielle, à Marie-Galante.
Deliveries of sugar cane by ox cart generally begin at sunrise. Père Labat distillery.
Livraison de canne au petit matin, à la distillerie Bielle de Marie-Galante. Une des spécialités de l’île est le rhum à 59°. Delivery of sugar cane in the early morning to the Bielle distillery on Marie-Galante. One of the island’s specialities is rum at 59°. Contrôle qualité des brins de canne à la distillerie Bielle de Marie-Galante. The quality control of the sugar cane stalks at the Bielle distillery on Marie-Galante.
Oak cask ageing unit at the Bielle distillery, Marie-Galante.
Sous le joug des tirants Under the yoke of pullers L’attelage des bœufs tirant le cabrouet s’élance dans la montée finale de la piste du Lamentin, en Basse-Terre. The team of oxen pulling the cart embark on the final ascent of the track at Lamentin, Basse-Terre.
La chaudière à bois de la distillerie du Père Labat à Marie-Galante est un monument. Elle date de 1933.
Entraînement des bœufs en pleine eau, en bordure de la plage de Viard. Petit-Bourg, en Basse-Terre.
The wood-fuelled boiler at the Père Labat distillery on Marie-Galante is a monument dating from 1933.
Training the oxen in water, alongside Viard beach at Petit-Bourg, Basse-Terre.
La distillerie Séverin de Sainte-Rose dans le Nord Basse-Terre et sa roue à aubes patrimoniale.
Le conducteur dirige ses bœufs grâce à des cordes reliées à un anneau métallique passé dans leurs naseaux.
Séverin distillery at Sainte-Rose in north Basse-Terre and its patrimonial water mill.
The driver steers his oxen thanks to strings connected to a metal ring that goes through their nostrils.
Coursive d’accès au moulin à canne à sucre de la distillerie Damoiseau du Moule, en Grande-Terre.
En catégorie A, les bovidés dépassent les 800 kg sur la balance. Ici, sur le parcours du Lamentin, en Basse-Terre.
Access gangway to the sugar cane mill of the Damoiseau distillery at Le Moule, Grande-Terre.
In category A, the bovines exceed 800 kg on the scales. Here on the Lamentin course, Basse-Terre.
Contrôle du degré d’alcool à la sortie des alambics de distillation, à Montebello. Petit-Bourg, en Basse-Terre.
L’attelage marque la pause dans la pente raide, espérant, dans un regain d’énergie, parvenir à finir dans les temps.
Controlling the alcohol content as it leaves the distillation alambics at Montebello at Petit-Bourg, Basse-Terre.
The team takes a pause on the steep slope, hoping to recover enough energy to be able to finish within the time limit.
Un juge arbitre chronomètre la course. Le but de la compétition est de gravir une pente d’une centaine de mètres en moins de 6 minutes.
Tournepierre à collier cherchant sa nourriture parmi les algues de la plage sur Terre de Bas.
A judge times the course. The aim of the competition is to scale about a 100 meters slope in less than six minutes.
Ruddy turnstone seeking food among the seaweeds on the beach on Terre de Bas.
Tout l’art de la conduite de l’attelage consiste à motiver les bœufs pour les faire avancer sans les injurier ni les faire courir.
Le gaïac compte parmi les espèces végétales les plus rares et protégées de la réserve naturelle de Petite Terre.
The art of driving the team consists of motivating the oxen to make them advance without insulting them or making them run.
Guaiacwood counts among the rarest protected plant species in the Petite Terre nature reserve. Portrait d’un iguane juvénile des Petites Antilles, reconnaissable à ses écailles d’un vert acide. Terre de Haut.
Terre d’iguanes I Land of the iguana
Portrait of a Lesser Antillean iguana sunbathing on a white balm. Petite Terre nature reserve.
La réserve naturelle de Petite Terre est un sanctuaire pour l’iguane des Petites Antilles, espèce endémique.
La réserve naturelle de Petite Terre compte près de 10 000 iguanes des Petites Antilles.
The Petite Terre nature reserve is a sanctuary for the Lesser Antillean iguana, an endemic species.
The Petite Terre nature reserve numbers almost 10,000 Lesser Antillean iguanas.
L’archipel de Petite Terre compte deux îles : Terre de Haut, dont l’accès est interdit, et Terre de Bas où l’on peut débarquer.
Combat d’iguanes mâles des Petites Antilles sur le sentier menant au phare de Terre de Bas.
The Petite Terre archipelago numbers two islands: Terre de Haut, which is prohibited from access, and Terre de Bas where one can land.
Combat between male Lesser Antillean iguanas on the footpath leading to the Terre de Bas lighthouse.
Un sucrier vient butiner les fleurs d’Agave karato, plante endémique des Petites Antilles pouvant atteindre 8 m de haut.
Relique d’un iguane des Petites Antilles séché par le soleil ardent, au sud-ouest de la façade de Terre de Bas.
A honeycreeper gathers pollen on the flowers of the karato agave, agave, an endemic plant of the Lesser Antilles, which can reach 8 meters high.
Relic of a Lesser Antillean iguana dried by the powerful sun, on the southwest of the side of Terre de Bas.
L’iguane des Petites Antilles au pied du phare de Terre de Bas. Réserve naturelle de Petite Terre.
Vue aérienne de la cocoteraie de Terre de Bas, essentiel point de mouillage. Réserve naturelle de Petite Terre.
Lesser Antillean iguana at the foot of the Terre de Bas lighthouse. Petite Terre nature reserve.
Aerial view of the Terre de Bas coconut grove, an essential anchoring point. Petite Terre nature reserve.
Le plateau littoral calcaire à l’est de Terre de Bas, dominé par le phare, subit les assauts de la houle atlantique. The limestone coastal plateau on the east of Terre de Bas, dominated by the lighthouse, suffers the assault of the Atlantic swell. Vue aérienne du phare et de la façade est de Terre de Bas, battue par la houle. Réserve naturelle de Petite Terre. Aerial view of the lighthouse and the east side of Terre de Bas, battered by the spray. Petite Terre nature reserve. Un iguane des Petites Antilles niché dans les anfractuosités de la falaise calcaire à l’extrémité est de Terre de Bas. A Lesser Antillean iguana niched in the crevices of the limestone cliffs on the eastern edge of Terre de Bas.
Remerciements Aknowledgments
Victorin Lurel, ministre des Outre-mer
Minister of French Overseas Territories Bernard Guillaume, chef de cabinet du ministre des Outre-mer
Chief of Staff of the Minister of French Overseas Territories
Nous tenons à remercier très chaleureusement l’équipe de Somogy éditions d’art pour son implication, son professionnalisme et sa disponibilité. We would like to warmly thank the team at Somogy éditions d’art for its commitment, professionalism, and receptiveness.
Cet ouvrage a été réalisé grâce au soutien de nos partenaires :
This work has been realized with the help of our partners: Comité du tourisme des îles de Guadeloupe Conseil régional de la Guadeloupe Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement Électricité de France Archipel Guadeloupe Office national des forêts Orange Caraïbe Parc national de la Guadeloupe Société d’Économie Mixte d’Aménagement de la Guadeloupe
Atelier Pablo Atelier Gosier aw Atelier Gwad’Art Avan Van Awak Bel’Mangrov Be ’Mangrov Comité guadeloupéen de bœufs tirants Conseil général de la Guadeloupe Conservatoire du littoral Distillerie Bielle Distillerie Bologne Distillerie Carrère / Montebello Distillerie Damoiseau Distillerie Poisson / Père Labat Dolorès Bélair Domaine de Séverin Double Face Explosion V Guimbo All Stars Karukera International Stars System Kontak Les Cuisinières de la Guadeloupe Mas Douvan Mas Vieux-Fort Musée Edgar Clerc Office du carnaval de la Guadeloupe Orizon ULM Parc archéologique des Roches Gravées (propriété du Conseil général) Pikanga PL Mass Plantation Grand Café Restan La Réserve naturelle des îlets de Petite Terre Ti-Tè ULM Caraïbes Voukoum, Mouvman kiltirèl Gwadloup Waka Sylvie et Patrice Brusini Ghislaine et Benoît Gueudet Madeleine, Jean-Claude Lhuissier Caroline et Sébastien Robineau Merci à toutes les communes de l’archipel, à tous les groupes carnavalesques, ainsi qu’à tous ceux que notre chemin a croisés, pour leur hospitalité, aux femmes et hommes de l’ombre que nous n’avons pu citer et sans lesquels cet ouvrage n’aurait pu naître. With thanks to all the communes of the archipelago and all the carnival groups, as well as all those who our path crossed, for their hospitality, and to the women and men in the shadows whose names we haven’t been able to mention and without whom this work could not have come into being.