La chape de Saint-Louis-d'Anjou. Trésor textile du XIIIe siècle de l'opus anglicanum (extrait)

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Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Conception graphique Arnaud Roussel Fabrication Michel Brousset, Béatrice Bourgerie, Mélanie Le Gros Contribution éditoriale Sandra Pizzo Coordination éditoriale Camille Aguignier © Somogy éditions d’art, Paris, 2013 © Association des Amis de la basilique Sainte-MarieMadeleine, 2013 ISBN 978-2-7572-0689-8 Dépôt légal : mai 2013 Imprimé en Italie (Union européenne)

En couverture Femmes au tombeau (médaillon 20, détail). Sur le rabat La basilique Sainte-MarieMadeleine


La chape de saint Louis d’Anjou Trésor du xiiie siècle de l’opus anglicanum Basilique Sainte-Marie-Madeleine Saint-Maximin-la-Sainte-Baume

Françoise Sur


Présentation de Jésus au Temple (médaillon 10, détail). La servante portant le panier des colombes.


Sommaire 6

Remerciements

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Éditorial

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De l’objet de l’art à la dimension de l’histoire

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Tout est paradoxe dans la vie de Louis d’Anjou

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Une histoire d’amour en Provence

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Un ornement liturgique d’exception

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Saint Louis d’Anjou

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L’opus anglicanum

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Annexes

Alain Pénal

Yves Cranga

Jacques Paul

Jean-Pierre Ravotti

Travaux d’aiguille en terre chrétienne La chape du xiiie siècle Les codes de lecture De la prière à la lumière Un point stylistique

Une enfance princière Sa vocation religieuse Son idéal franciscain Une iconographie politique

L’art religieux et le mécénat Les artisans brodeurs Les secrets de la chape Un trésor pour la basilique


Remerciements D Je voudrais tout d’abord rendre hommage au frère Philippe Devoucoux du Buysson, en ce jour disparu. Dominicain, « père gardien » durant quinze ans de la grotte de sainte Marie-Madeleine à la Sainte-Baume en Provence, il m’a épaulée avec pertinence, encouragée et soutenue avec un enthousiasme sans faille tout au long de ce travail. C’est ensuite à monseigneur Jean-Pierre Ravotti que je souhaite adresser des remerciements pour son attention, son efficacité et sa bienveillance. Je voudrais rendre hommage à Jacques Paul, maître de conférences honoraire à l’université de Provence, pour sa patience et son aide tant sur le plan historique que bibliographique. À Michel Roy, président fondateur de l’Association des amis de la basilique, j’offre ma profonde gratitude pour m’avoir guidée et permis de rencontrer des personnes extraordinaires. Thérèse Franque, conservateur honoraire des sanctuaires de Notre-Dame de Lourdes et conférencière des Monuments historiques, c’est à vous que je dois la modestie de ce travail, qui n’est qu’une petite goutte d’eau dans l’océan des recherches que nous avons tissé. Marie Schoepfer, je vous suis infiniment reconnaissante de l’accueil que vous m’avez fait dans votre laboratoire de restauration des textiles anciens de Lyon ; votre connaissance de la chape conservée à SaintMaximin a été pour moi une révélation qui n’a cessé de me suivre tout au long de cette aventure. Je voudrais aussi remercier Yves Bridonneau, qui m’a invitée à travailler sur cet ornement liturgique du Moyen Âge. Merci également à ma famille et à mes amis : Mariane Berlocher, Julie Lionti, Lucie Jager, Daniel Bauza, intervenant culturel des musées de Marseille, qui m’a fait découvrir la peinture italienne, les trésors des églises de Rome, Naples, Florence, Orvieto, Assise… J’adresse enfin des remerciements au père Florian Racine, curé de la basilique Sainte-Marie-Madeleine, gardien de la chape et de la spiritualité d’un patrimoine hors du commun. Je voudrais également mentionner le travail efficace des services de documentation du musée des Textiles anciens de Lyon et du musée Cluny de Paris ainsi que le service des archives du Pays brignolais. Toute ma reconnaissance aux amis de la basilique, au conseil général du Var, à la Direction régionale des affaires culturelles de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi qu’à la mairie de SaintMaximin pour leur implication dans la réalisation de cet ouvrage. A

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Éditorial D La basilique de Saint-Maximin renferme d’inestimables trésors. Bien sûr, le plus précieux est la relique principale de sainte Marie-Madeleine. Mais dans la sacristie se trouve un chef-d’œuvre jalousement conservé : la chape de saint Louis d’Anjou. Ce vêtement sacerdotal date du xiiie siècle. Une tradition atteste qu’il appartenait au deuxième fils de Charles II d’Anjou, Louis, mort à Brignoles à l’âge de vingt-trois ans et canonisé quelque vingt ans plus tard. Cette chape aurait été donnée à l’église de Saint-Maximin en hommage à sainte Marie-Madeleine. Beaucoup d’interrogations ont toujours entouré cet ornement. La chape appartenait-elle vraiment à saint Louis, et d’où lui venait-elle ? Le vêtement a-t-il toujours été une chape, pourquoi et comment en a-t-on changé les dimensions ? Et, enfin, comment admettre que le jeune Louis, qui a fait vœu de pauvreté, ait pu porter un habit si extraordinairement précieux ? C’est sans doute toutes ces questions que Françoise Sur a dû se poser. Et c’est à la découverte de leurs réponses qu’elle nous entraîne dans ce livre riche et documenté. Il nous faut avec elle apprendre à déchiffrer l’étoffe, à trouver la symbolique des images filées d’or et d’argent, à pénétrer le secret des gestes qui ont tissé formes et couleurs pour nous raconter les plus beaux moments de la vie du Christ. Merci pour ce voyage initiatique à travers l’une des plus belles œuvres d’art de notre exceptionnelle basilique. A Alain Pénal Maire de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume

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De l’objet de l’art à la dimension de l’histoire « Faire de l’histoire, c’est faire revenir ce qui n’est plus par l’intermédiaire de ce que l’on est » (Laurent Lemire, 2012).

D Investie du poids de l’histoire et de la renommée d’un personnage à la destinée hors du commun, la chape de saint Louis d’Anjou reçut l’onction d’un classement au titre des Monuments historiques le 31 mai 1897 ; de manière très précoce, donc, puisque les premières mesures de protection d’objets mobiliers ne remontent pas au-delà de 1891, en application d’une loi promulguée en mars 1887. C’est dire la prééminence qui lui fut accordée alors. Cette mesure attachée aux objets faisait suite à celles qui, depuis le milieu du xixe siècle et grâce à l’opiniâtreté d’un François Guizot et à l’activisme d’un Prosper Mérimée, présidaient aux destinées des immeubles. De la sorte, la basilique Sainte-MarieMadeleine appartient à la toute première campagne de protection de 1840. Ainsi nantis d’une reconnaissance accréditée au plan national, un monument historique comme un objet patrimonial conservent cette distinction en quelques mains qu’ils se trouvent, le détenteur se conformant alors à un ensemble de droits et de devoirs. Lorsqu’ils relèvent du domaine public, et afin d’en prévenir la disparition, les objets mobiliers sont de la même manière frappés du sceau de l’inaliénabilité et de l’imprescriptibilité. En sa qualité de propriété de la ville de Saint-Maximin, la chape lui reste indéfectiblement attachée, et elle ne peut s’en éloigner que d’une manière temporaire et réglementée. Il ne doit être procédé à aucune intervention autrement que dans un cadre étudié et autorisé s’appuyant sur l’ensemble des textes législatifs et juridiques qui composent la matière du Code du patrimoine. Il en va ainsi de tout déplacement, de toute opération de conservation, de restauration ou de mise en valeur. Ce tissu brodé eut les honneurs de cinq expositions de renom entre 1867, à Paris lors de l’Exposition universelle, et 2012, quand il se confronta au parement d’autel des Cordeliers de Toulouse, antependium de semblable facture. Il est par ailleurs l’objet de contrôles réguliers diligentés par les services du ministère de la Culture en charge du patrimoine (Direction régionale des affaires culturelles Provence-AlpesCôte d’Azur, Conservation régionale des monuments historiques). Ressortissant au patrimoine religieux, cette pièce d’habit liturgique appartient à l’une des catégories dominantes au sein du

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corpus national des objets classés au titre des Monuments historiques, totalisant à ce jour pas moins de 120 000 unités ou ensembles – 8 700 en Région PACA. Ménageant son aura de relique, elle a certes cessé d’être honorée en tant que telle, mais, par le truchement d’une vénérabilité de plus de sept siècles, elle y a graduellement surajouté la dimension de trésor d’histoire et d’art. À l’évidence, beaucoup d’objets du patrimoine vivent de cette dualité, et c’est tout le défi auquel ils doivent se mesurer, ayant de surcroît assignation à demeurer dans le contexte historique qui les porte depuis toujours. Cet enracinement institutionnel dans l’in situ n’offrant que très rarement des conditions optimales de préservation, comme celles que l’on peut observer dans les musées, on prend la mesure des enjeux auxquels sont confrontés les acteurs en charge d’un tel patrimoine dispersé en une multitude d’édifices et sur de vastes territoires. Ces inhérences sous-tendent le travail de l’historien comme celui de l’historien d’art, et l’essence même de cette investigation ne se concrétise qu’une fois résolument engagé un processus d’inter­ disciplinarité orienté vers l’exégèse d’objets insignes et de nature souvent complexe. Désormais innervée de connaissances nouvelles consignées dans cet ouvrage, cette parure se perçoit comme une alchimie subtile entre la matière tissée qui la compose, l’ornementation qui lui confère un sens théologique et révèle de délicats savoir-faire dans le domaine spécifique de l’opus anglicanum, le contexte historique et humain auquel enfin elle se lie intimement. Chacun de ces champs exploratoires relevant de compétences distinctes et interactives, en omettre ne serait-ce qu’un seul exposerait à l’imprécision voire à l’erreur durable d’interprétation. Bâtie selon ces principes, la présente approche se promeut dans le champ très codifié et très élitiste de la science historique, et l’on se prend à ambitionner qu’elle sache avec autant de passion et de spontanéité imprégner toutes les strates patrimoniales qui sédimentent l’histoire de la basilique Sainte-Marie-Madeleine. Riche d’une soixantaine d’objets protégés au titre des Monuments historiques, elle est en effet un des gisements les plus féconds de Provence, allant – si l’on fait abstraction d’éléments lapidaires relevant sans doute de l’époque gallo-romaine – de la fin du Moyen Âge à l’époque contemporaine. Gageons que, ainsi balisé, le chemin s’ouvre aux pas de ceux qui, curieux et passionnés, se montreront désireux de porter au plus haut les destinées du patrimoine de la cité saint-maximinoise. A Yves Cranga Conservateur des Monuments historiques

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Or, pour l’enfant, les mois s’ajoutaient aux mois. Et l’enfant eut deux ans, et Joachim dit : « Conduisons-la au Temple du Seigneur pour accomplir la promesse que nous avons faite, de peur que le Maître n’envoie la chercher et que notre offrande ne soit plus admise. » Et Anne dit : « Attendons sa troisième année, pour qu’elle ne cherche point son père et sa mère. » Et Joachim répondit : « Attendons. » Protévangile de Jacques, 7, 1.

Entrée de Marie au Temple (médaillon 3, détail). Joachim accompagne sa fille.


Tout est paradoxe dans la vie de Louis d’Anjou

D Tout est paradoxe dans la vie de Louis d’Anjou (1274-1297). Fils de Charles II, comte de Provence et roi de Sicile, il passe toute son adolescence en captivité. Dans les forteresses du roi d’Aragon, il est étroitement surveillé par des gardiens sans grande humanité. Est-ce là la vie d’un prince ? Ayant recouvré la liberté à vingt et un ans, il entreprend aussitôt de répondre à sa vocation religieuse. À Montpellier, quelques jours après sa libération, il veut prendre l’habit des Frères mineurs. Le ministre provincial refuse d’abord, car il ne convient pas de faire entrer dans un ordre religieux un personnage de ce rang sans accord préalable du roi, son père. Ce choix répond à son idéal. Comme les disciples de saint François, Louis entend vivre dans la pauvreté la plus complète. Il ne s’agit pas seulement de ne rien posséder, mais encore de vivre en mendiant et de parvenir à un détachement du monde qui fasse accéder aux plus hautes vertus, en allant de l’humilité à la plus fervente charité. Le roi admet qu’il opte pour le sacerdoce et une carrière d’Église, mais il voudrait un état honorable pour son fils et profitable à tous les princes capétiens. Louis d’Anjou entend devenir franciscain, c’est-à-dire renoncer jusqu’à son rang. Est-ce possible ? Avec une ténacité étonnante pour son âge, il persiste et finit par obtenir du pape Boniface VIII une prise d’habit secrète. Quelques jours plus tard, le 30 décembre 1296, il est sacré évêque de Toulouse par le pape lui-même. Ce compromis lui permet de prendre l’habit publiquement au début du mois de février suivant. Il est prince aux fleurs de lys, il est évêque, il est franciscain. Il vit cet incroyable paradoxe avec lucidité. Un frère mineur provençal, compagnon de tous les instants, raconte que, en ce début de 1297 à Rome, Louis lui a dit qu’il irait volontiers mendier son pain en allant, en ville, d’une porte à la suivante, comme le font les Franciscains, mais qu’il ne le pouvait, parce qu’un tel geste serait tenu pour une dérision. Sur le chemin de Paris, un autre compagnon lui fait remarquer avec humour qu’il se débarbouille la figure en prenant l’eau dans un baquet en bois qui sert à abreuver les chevaux alors qu’il use pour ses mains d’une vaisselle

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en métal précieux, faisant allusion au rite du lavabo de la messe. Or, ditil, la tête vaut plus que les membres. Sur le même ton enjoué, Louis lui répond qu’il se lave la figure en privé et les mains en public. Cette réponse permet d’expliquer comment un franciscain épris de pauvreté peut avoir dans son trousseau une chape qui est un trésor. Ce somptueux vêtement épiscopal, il ne l’a pas commandé luimême, car il faut plusieurs années pour le réaliser. Or Louis d’Anjou est décédé le 19 août 1297, moins de huit mois après sa consécration épiscopale. C’est un cadeau, don de ses parents ou de Boniface VIII. S’il a porté cette chape, c’est en public, pour faire honneur au culte. Dessous, il gardait l’habit qu’il tenait de saint François. L’œuvre d’art est restée, témoignant d’une sainteté qui va au-delà des apparences. A Jacques Paul Maître de conférences honoraire à l’université de Provence

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Descente de Croix (médaillon 18, détail). Saint Jean inclinant la tête sur sa main en signe de désespoir.


Femmes au tombeau (médaillon 20, détail). Marie-Madeleine tenant le linceul et le parfum.


Une histoire d’amour en Provence

D Tout ce qui, de loin ou de près, se rattache au passé religieux de SaintMaximin m’intéresse, me captive, me passionne. Il ne s’agit point d’une simple curiosité, mais d’un véritable élan d’amour qui engage la raison et la sensibilité. En cela, je me sens parfaitement intégré au paysage, vrai Provençal d’adoption et de cœur. Je reconnais ma chance d’avoir pu passer mon enfance dans ce lieu unique qu’est Saint-Maximin, à l’ombre de la fenestrado baselico, et près des Dominicains qui occupaient le couvent royal et avaient la charge de la paroisse. Enfant, ces lieux me paraissaient immenses et remplis de mystères. Ils le demeurent, puisque bien des choses restent sans doute à découvrir d’un passé aussi prestigieux… Au cœur de ces mystères, il y a bien sûr Marie-Madeleine. De nos jours, on en dit tellement sur cette femme que l’on finit par en faire un personnage irréel, alors que la Madeleine des Évangiles et de la tradition provençale apparaît si humaine, si proche de nous, si parlante à nos cœurs et à nos âmes. C’est bien ce qu’a perçu le peuple de Provence, qui reconnaît en elle sa bello santo, sa patronne céleste, sa protectrice, celle qui, sans cesse, poursuit en sa faveur la mission évangélisatrice reçue à l’aube radieuse de Pâques dans le jardin de la Résurrection. Depuis, la sainteté a fleuri dans nos contrées, car Madeleine y a enraciné l’amour du Christ. L’une des figures les plus attachantes est sans doute saint Louis d’Anjou, fils du comte de Provence et roi de Naples et de Sicile, Charles II, celui-là même qui a découvert les reliques de sainte Madeleine à Saint-Maximin, les a confiées aux Dominicains et a fait entreprendre la construction de la basilique et du couvent. On peut donc penser que la sainteté de celui que j’aime à appeler « le petit saint Louis » – pour le distinguer de son grand-oncle le roi Saint Louis de France – a germé dans le sillon tracé par Marie-Madeleine. Pourtant, de façon surprenante, ce n’est pas vers les Prêcheurs, très estimés de la maison d’Anjou, qui en a fait les gardiens du tombeau de Marie-Madeleine, que le jeune Louis va orienter sa vie, mais vers les Mineurs, fils de saint François. La ténacité que montre le jeune homme à embrasser envers et contre tout l’idéal franciscain a quelque chose de touchant. Promu sans tarder, et bien malgré lui, à l’évêché de Toulouse, Louis continuera à vivre en humble fils du Poverello, détaché des biens

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LA CHAPE DE SAINT LOUIS D’ANJOU

Or l’enfant eut trois ans, et Joachim dit : « Appelons les filles des Hébreux qui sont sans tache ; qu’elles prennent chacune une lampe, et que ces lampes soient allumées, pour qu’elle ne se retourne pas en arrière et que son cœur ne soit pas retenu captif hors du Temple du Seigneur. » Elles firent ainsi jusqu’à ce qu’elles fussent montées au Temple du Seigneur. Et le prêtre la reçut et, l’ayant embrassée, il la bénit et dit : « Le Seigneur Dieu a exalté ton nom dans toutes les générations. En toi, aux derniers jours, le Seigneur manifestera la rédemption aux fils d’Israël. » Et il la plaça sur le troisième degré de l’autel. Et le Seigneur fit descendre sa grâce sur elle. Et ses pieds se mirent à danser et toute la maison d’Israël l’aima. Et ses parents redescendirent, admirant, louant et glorifiant Dieu, le Maître, de ce qu’elle ne s’était pas retournée vers eux. Or Marie demeurait dans le Temple du Seigneur comme une colombe et recevait de la nourriture de la main d’un ange. Protévangile de Jacques, 7, 2-3 ; 8, 1.

de ce monde et prêchant par l’exemple d’une vie austère et joyeuse. Sous les riches ornements pontificaux, le jeune évêque Louis d’Anjou portera encore et toujours sa bure franciscaine, contredisant le fameux dicton qui affirme, peut-être un peu trop rapidement, que « l’habit ne fait pas le moine ». Je souhaite à l’ouvrage de Françoise Sur tout le succès qu’il mérite. Si elle nous livre dans ces pages si artistiquement illustrées tous les secrets de la chape de saint Louis d’Anjou, véritable trésor du xiiie siècle conservé dans la basilique de la Madeleine à Saint-Maximin, elle ne néglige pas pour autant celui à qui ce précieux vêtement liturgique était destiné, car, comme le disent les Saintes Écritures, « Dieu l’a couvert d’un vêtement de splendeur et l’a revêtu de gloire ». A Monseigneur Jean-Pierre Ravotti Chanoine d’honneur de la cathédrale de Toulon

Entrée de Marie au Temple (médaillon 3, détail). Sainte Anne, nimbée de rouge, suit sa fille Marie, nimbée de vert. Arrivée au pied des marches, elle l’accompagne du même geste de la main que son époux Joachim pour indiquer l’accomplissement des Écritures et le chemin du Temple. Elle porte un manteau rouge sur une robe bleue, semblable à celle que portera plus tard Marie. Toutes deux tiennent à la main le cierge allumé de la chandeleur en signe de purification. Cette fête se substitue à une ancienne tradition tirée de la fable des poètes que les femmes romaines célébraient ce jourlà. La mythologie rapporte que Proserpine était si belle

que Pluton, dieu des enfers, s’en éprit, l’enleva et en fit une déesse. Ses parents la cherchèrent longtemps dans les forêts et dans les bois avec torches et flambeaux : c’est cette tradition que perpétuaient les Romaines. Au viie siècle, le pape Sergius, voyant qu’il n’était pas facile d’abandonner une coutume, ordonne de célébrer chaque année, à pareil jour, par tout l’univers, une fête chrétienne en l’honneur de la Vierge Marie, avec cierges allumés et chandelles bénites. Cette procession se déroule encore aujourd’hui, le 2 février, en l’église SaintVictor de Marseille, avec des cierges verts allumés sur le Vieux-Port.

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Travail de Marie au Temple (médaillon 4). La Vierge brodant.

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