La Grande Motte. Patrimoine du XXe siecle

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Remerciements Cet ouvrage est issu des travaux de recherche et de valorisation du patrimoine de La Grande Motte conduits de 2013 à 2015 à la demande de la Ville de La Grande Motte et de son office de tourisme. Chacune de ces actions a constitué une étape dans la connaissance de ce patrimoine de qualité. Qu’il nous soit permis en premier lieu de remercier le maire de la Ville de La Grande Motte de nous avoir confié ces missions. Nos remerciements s’adressent à l’office de tourisme de la Ville de La Grande Motte, qui depuis 2013 a initié chacun de ces projets et constitué un acteur incontournable pour la réalisation de chacun d’eux, notamment pour l’édition de cet ouvrage. Qu’il nous soit également permis de remercier le directeur de la station ainsi que le service municipal des archives et du patrimoine. Cet ouvrage doit également beaucoup à la disponibilité et aux apports précieux d’acteurs de la construction de La Grande Motte qu’il m’a été permis de rencontrer à l’occasion de ces recherches. Ma gratitude va tout particulièrement à : Mme Claire Segura-Balladur, fille de Jean Balladur ; Mme Michèle Goalard, sculptrice et peintre ; M. Albert Marchais, sculpteur et peintre ; M. Pierre Pillet, paysagiste. Je tiens également à remercier le personnel des institutions qui conservent des archives relatives à la construction de La Grande Motte ou à la mission Racine pour les facilités mises à ma disposition pour conduire ces recherches dans les meilleures conditions, en particulier les Archives d’architecture du XXe siècle de la Cité de l’architecture et du patrimoine ainsi que les archives départementales de l’Hérault. Merci enfin à mes proches, à Jeanne Ragot pour la retranscription de l’entretien d’Albert Marchais et à Mathilde Dion pour sa patience et sa compréhension.

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L’office de tourisme de La Grande Motte œuvre à la promotion du patrimoine architectural moderne en apportant son soutien à la publication d’ouvrages de référence. © Somogy éditions d’art, Paris, 2016 © Office de tourisme de La Grande Motte, 2016 © Adagp, Paris, 2016, pour l’œuvre de Jean Balladur Photographes expositions © Stéphane Herbert / Globe Vision, 2016 © Maia Flore / Agence VU’, 2016 © Patrizia Mussa / Studio Livio, 2016 Œuvres représentées © Albert Marchais ; © Joséphine Chevry ; © Michèle Goalard ; © Gorges Saulterre ; © Routier ; © Ilio Signori ; © André Sancerry Brasília : © Fondation Lucio Costa ; © Fondation Oscar Niemeyer Chandigarh : © Fondation Le Corbusier ; © Pierre Jeanneret Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coordination et suivi éditorial : Sarah Houssin-Dreyfuss Conception graphique : Arnaud Roussel Contribution éditoriale : Sandra Pizzo Fabrication : Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros Collecte de l’iconographie : Chloé Fouquet ISBN : 978-2-7572-0946-2 Dépôt légal : juin 2016 Imprimé en Union européenne

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Gilles Ragot

LA GRANDE MOTTE Patrimoine du xxe siècle

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Cliché Olivier Maynard

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villes nouvelles en bord de mer pour les logements de vacances sont contemporains des villes nouvelles créées pour désenclaver la capitale et de la politique de logement des grands ensembles, interrompue en 1973. Le pari consiste à créer près de 170 000 lits et à accueillir à terme dans cette « nouvelle Floride de l’an 2000 » plus d’un million de touristes 4. La Grande Motte, première des huit stations nouvelles, d’une superficie de 750 hectares (dont 300 hectares d’étangs), aura une capacité de plus de 43 000 lits répartis théoriquement à l’origine par quarts en campings et villages familiaux, logements collectifs, logements individuels et hôtels. Racine nomme Balladur comme architecte et urbaniste en chef pour conduire l’ensemble du projet. L’architecte et son agence se chargent de la conception d’ensemble de la ville nouvelle, jusqu’au détail du mobilier, dans un vaste projet qui intègre l’aménagement paysager, l’architecture et l’art urbain pour former une œuvre d’art totale, dans un processus savamment planifié et contrôlé d’une grande exemplarité malgré la diversité des écritures. Cette ville de loisirs offre un nouvel art de vivre au soleil : baignade et voile, shopping et station aux terrasses de café, soirées en discothèque remplacent le mode de vie balnéaire de la génération précédente, fondé sur des pratiques liées essentiellement à la plage, à la promenade et au casino. L’aménagement de la côte touristique languedocienne répond à des principes généraux fonctionnels : « Dégagement des bords de mer, approche automobile en doigts de gant, diversité des densités de construction, concentration des équipements et dispersion des résidences 5. » L’urbanisme spécifique de la station de La Grande Motte, créée ex nihilo, est fondé sur de nombreux travaux d’infrastructures parfois titanesques comme les canaux d’irrigation, les barrages de retenue, les stations de pompage, la désalinisation des terres ou la création du port. Celui-ci est positionné par rapport aux vents dominants et aux courants marins, ce qui fonde la trame orthonormée en dents de peigne du centre-ville, dont l’orientation protège les estivants. Mais le chantier le plus fou, qui a duré près de quatre décennies, concerne l’espace paysager pour transformer une terre aride et sauvage en « ville-parc » dont le couvert végétal occupe un tiers de la surface de la station, pour atteindre en 2003 28 000 conifères, 10 000 feuillus, 206 000 arbustes, 340 000 vivaces, 68 hectares de pelouse et 39 hectares de surface arbustive. La cité-parc de La Grande Motte, conçue par Balladur

Après la découverte des « utopies réalisées » dans la région urbaine de Lyon, Gilles Ragot nous invite à porter un nouveau regard sur un site exceptionnel de l’architecture du XXe siècle, La Grande Motte. Cette utopie, réalisée par Jean Balladur pour une ville nouvelle balnéaire, est aussi emblématique que la création de Chandigarh (Inde) par Le Corbusier ou de Brasília (Brésil) par Lúcio Costa et Oscar Niemeyer. Symbole du renouveau de la seconde génération des stations françaises, issue de la démocratisation des loisirs 1 avec l’extension des congés payés, de l’augmentation démographique de l’après-guerre, du développement du parc automobile et de la création des autoroutes dans l’Hexagone, de l’extension du nautisme et des ports de plaisance, la station balnéaire est née d’une volonté de l’État d’aménager le territoire pour le tourisme de masse 2. Une station exceptionnelle de loisirs pour tous au bord de mer La Grande Motte est le modèle le plus abouti des stations édifiées pour cette « civilisation des loisirs » des Trente Glorieuses, dans la tradition des stations balnéaires du XIXe siècle, créées alors pour les élites aristocratiques et bourgeoises. Elle est née du concept de la « station intégrée » des années 1960, conçue et développée dans les différents services ministériels chargés de la planification économique et de l’aménagement touristique du territoire, de la création des nouvelles stations de sports d’hiver comme celles du bord de mer. La bataille pour transformer les cent quatre-vingts kilomètres de littoral languedocien le plus souvent inhospitalier et sauvage en une agglomération composée de six « unités touristiques », créées ex nihilo ou appuyées sur des cités ou stations existantes intégrées à des « unités paysagères », est menée par la Mission interministérielle d’aménagement du littoral LanguedocRoussillon (MIALR). Créée le 18 juin 1963, date symbolique pour le régime gaullien, elle est dirigée par Pierre Racine, fondateur avec Michel Debré de l’École nationale d’administration (ENA) et habile négociateur, placé à la tête d’un commando pour cette « mission impossible 3 » qui doit rivaliser avec les stations à la mode de la Côte d’Azur, mais aussi de la Costa Brava espagnole et de la Riviera italienne. Ce chantier pharaonique est à l’échelle des grands projets gaulliens comme le Concorde ou le nucléaire civil et militaire. Ces projets de 6

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silien, conçu une décennie auparavant à Royan, sur la côte atlantique, dans la tradition orientale qui a connu son plein essor au XIXe siècle avec le casino de la jetée-promenade de Nice, sur la Méditerranée, ou le pavillon indien de Brighton (Angleterre), avec sa décoration chinoise, sur les côtes de la Manche. Cet exotisme propre au dépaysement balnéaire est ici renforcé par un recours à l’allégorie poétique dans une invention formelle continue. Des immeubles s’élèvent en forme de pyramide, de conque de Vénus ou de mitre d’évêque, dont les figures et les courbes, associées à une modénature empruntée au répertoire naturaliste aux silhouettes animales ou humaines, produisent une architecture-sculpture affranchie des angles droits de la « boîte » moderne, ouvrant la voie transgressive de l’architecture postmoderne, libérée des interdits. L’abandon de l’angle droit au profit de courbes ou de formes plus complexes qualifiées parfois de baroques – une des caractéristiques de l’architecture-sculpture – s’accommode bien du contexte balnéaire, où la fantaisie et l’invention formelle sont attendues des vacanciers. Les innovations des pyramides et des conques de La Grande Motte sont contemporaines d’autres recherches formelles pour l’architecture de loisirs : les « maisons-sculptures » de Jacques Couëlle dans le domaine de Port-laGalère à Théoule-sur-Mer, les « maisons-igloos » de l’agence AAM, associée au sculpteur Pierre Székely pour le village de vacances Renouveau de Beg-Meil à Fouesnant. Balladur impose à ses confrères le dessin des pyramides et des modénatures, sources d’une grande homogénéité architecturale qui donne son identité à la ville, mais aussi d’une grande diversité d’effets plastiques dont la variété est propre au balnéaire. Les architectes improvisent et déclinent des résilles de béton blanc qui contrastent avec les couleurs fortes du fond des loggias à partir d’un canevas imposé limité à deux composantes par immeuble, par souci d’économie pour la préfabrication : losanges et cercles tronqués, profils sculpturaux et ondulations de vague, effets de virgule et collerettes, rectangles arrondis et moustaches stylisées. La juxtaposition des formes de cette modénature moderne produit souvent des « accords dissonants » propres à l’architecture cinétique : effets optiques virtuels de mouvements ou de vibrations comparables à ceux des tableaux de Victor Vasarely. La construction du Point Zéro, qui signe l’acte de naissance de la station, inaugure aussi une collaboration féconde entre l’architecte et

avec l’aide des paysagistes Élie Mauret et Pierre Pillet, renoue ainsi avec la tradition de l’urbanisme des villes thermales et balnéaires, de la ville d’hiver d’Arcachon à la ville nouvelle du Touquet-ParisPlage, créées dans les bois de pins plantés dans les dunes, ou de la cité nouvelle de Milano Marittima (Italie), édifiée dans la pinède de Cervia selon les principes de la cité-jardin. Les concepteurs privilégient les espèces locales de l’écosystème régional, adaptées au climat méditerranéen et aux vents violents, loin des clichés exotiques des palmiers et autres plantations exogènes de la Côte d’Azur. Les végétaux sont plantés selon leur capacité à résister aux embruns et aux vents, et selon l’éloignement du littoral. L’architecte-urbaniste et ses associés paysagistes définissent également un accompagnement végétal et paysagé pour chaque catégorie de voirie, des voies primaires de liaison inter-quartiers jusqu’aux différentes allées-promenades, comme celles des dunes et du front de mer. Leur largeur, la présence ou non de contre-allées, le choix des essences végétales, la nature du mobilier urbain sont l’objet d’une réflexion adaptée. Les voies de La Grande Motte sont ainsi proportionnées à l’identique des voies parisiennes. L’architecture et les tracés urbains sont pensés simultanément, « organiquement », pour composer un univers balnéaire formel et varié, onirique et symbolique. Balladur et son équipe conçoivent les différents types d’accueil (immeubles et logements individuels, hôtels et villages de vacances, campings) et les grands équipements publics de cette ville de vacances, des commerces à la mairie et aux écoles, des établissements culturels et sportifs aux lieux de culte, toutes constructions marquées du sceau de la fantaisie et de l’exotisme, propre à susciter l’imaginaire collectif des vacanciers. La ville nouvelle est divisée en quartiers qui possèdent chacun leur expression architecturale. Le centre-ville concentre les principaux services publics et les commerces mêlés à des immeubles d’habitat collectif pyramidaux ; au nord, le quartier des maisons individuelles, réparties en grappes ; à l’est, le quartier du Ponant, articulé autour de la presqu’île où s’installe le Village Vacances Familles (VVF) ; au nord-ouest, le quartier des campings ; enfin, à l’ouest, le quartier du Couchant, où les immeubles prennent la forme de « conques de Vénus », qualifiée de féminine en opposition à la virilité supposée des pyramides du Levant. L’exotisme onirique sud-américain et mexicain de La Grande Motte rejoint celui, bré-

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dans l’histoire des stations languedociennes 10. Des étudiants canadiens en master d’architecture moderne et patrimoine (École de design de l’université de Québec à Montréal) se rendent sur le site après avoir visité la station labellisée au titre du patrimoine du XXe siècle de Port Grimaud et rencontrent le nouveau maire de La Grande Motte, élu un an plus tôt 11. Quelques jours plus tard, le représentant de la commune, ayant rapidement compris tout l’intérêt médiatique d’un tel label, est en phase avec la direction régionale des affaires culturelles, qui lui propose la labellisation de sa ville. Quelques mois plus tard, la ville est labellisée ; la commune s’empare de ce label pour opérer sa conversion patrimoniale médiatique en faveur d’un nouveau tourisme, alliant le patrimoine du XXe siècle aux opérations de promotion du design contemporain. Aujourd’hui, face à la fragilité de ce patrimoine et aux pressions foncières et immobilières exercées sur une ville proche de Montpellier, entraînant une mutation des populations et des usages comme la fermeture des campings ou de certaines piscines, la ville est confrontée à des enjeux urbanistiques importants, notamment sur le port, et à un vieillissement de plusieurs bâtiments publics désaffectés, comme le Point Zéro. Une nouvelle étape a été franchie le 29 décembre 2015 avec l’inscription au titre des monuments historiques de ce premier bâtiment. Mais la ville ne peut se gérer ponctuellement, elle doit intégrer à l’approche patrimoniale et urbaine les objectifs du développement durable, notamment ceux liés aux risques d’inondations. Il reste à souhaiter que la commune puisse se doter au plus vite, en concertation avec les habitants, d’un outil de gestion tel que celui de l’AVAP (Aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine) pour transmettre aux générations futures les éléments remarquables de cette nouvelle ville du XXe siècle consacrée à la villégiature balnéaire.

un groupe d’artistes sculpteurs, plasticiens et peintres pour « substituer des arrière-plans symboliques au déficit historique » par des productions intégrées à l’architecture. Balladur regroupe autour de lui Michèle Goalard, Albert Marchais, Joséphine Chevry et Yves Loyer, mais également Ilio Signori, sculpteurs, peintres et plasticiens, ou encore le maître verrier Jacques Loire. Au contact de l’architecture de Balladur, Michèle Goalard développe le concept paradoxal de « sculptures à valeur d’usage », donnant au Point Zéro un superbe mur-sculpture actuellement en mauvais état. Ces œuvres sont fragiles, souvent menacées et parfois disparues, comme les écritures dessinées par Joséphine Chévry pour remodeler la dune au pied du bâtiment précurseur. Toutes ces productions offrent une dimension symbolique ou ésotérique propre au vent de liberté chargé de poésie, de littérature et de philosophie qui guide ces artistes sous la houlette de l’architecte en chef : cette cité balnéaire destinée au plus grand nombre est une « œuvre d’art totale ». Une fabrique exemplaire du patrimoine Si, selon Balladur, « l’homme ne peut exister que comme “habitant” d’un lieu 6 », le patrimoine de ce lieu appartient à ceux qui l’habitent 7. Comment passer d’une réception mitigée de cette architecture, icône d’une certaine modernité, à un patrimoine urbain d’abord marginalisé 8 puis partagé par ses habitants ? L’aventure de la constr uction de La Grande Motte, commencée en 1967, s’achève en 1983. Il faut compter ensuite une décennie pour voir fleurir les premières études sur la ville. Balladur lui-même édite en 1994 son ouvrage La Grande Motte. L’architecture en fête ou la naissance d’une ville, pendant que trois historiens, Claude Prélorenzo, Antoine Picon et René Borruey, commencent à publier le résultat de leurs recherches sur le territoire et l’architecture balnéaire de cette ville nouvelle 9. En une vingtaine d’années, une dizaine d’ouvrages et plusieurs mémoires et thèses seront édités sur le sujet, permettant d’approfondir les connaissances à partir des fonds d’archives et des témoignages des nombreux acteurs de cette aventure. L’année 2009 marque un tournant dans la reconnaissance patrimoniale de la ville. Un numéro spécial de la Revue de l’art consacré à l’architecture balnéaire replace La Grande Motte

Bernard Toulier Conservateur général honoraire du patrimoine

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1. Joffre Dumazedier, Vers une civilisation du loisir ?, Paris, Seuil, 1962. 2. Bernard Toulier (dir.), Architecture et urbanisme. Villégiature des bords de mer. XVIIIe-XXe siècle, Paris, Éditions du Patrimoine, Centre des monuments nationaux, 2010. 3. Pierre Racine, Mission impossible ? L’aménagement touristique du littoral Languedoc-Roussillon, Montpellier, Midi libre, 1980. 4. Marc Heimer, « Voici la Floride de demain. Le Languedoc. L’aventure des hommes qui révolutionneront vos vacances », enquête Florence Portès, reportage J. Durieux, Paris Match, no 799, 1er août 1964, p. I-XVI. 5. Pierre Racine et Pierre Raynaud, « L’aménagement touristique du littoral du LanguedocRoussillon », Économie méridionale, no 44, 1963, p. 2-3. 6. Jean Balladur, Le Dedans et le Dehors ou Qu’est-ce que l’architecture ?, tapuscrit inédit, juillet 1990, p. 3. 7. Bernard Toulier, Architecture et patrimoine du XXe siècle en France, Paris, Monum/Éditions du Patrimoine, 2010. 8. Bernard Toulier, « L’architecture des bains de mer. Un patrimoine marginalisé », Revue de l’art, no 101, 1993. 9. Claude Prélorenzo, Antoine Picon et René Borruey, « Territoire, ville et architecture balnéaires : l’exemple de La Grande Motte », Les Carnets du paysage, nos 32-33, 3e trimestre 1993, p. 59-72. La synthèse des recherches est publiée six ans plus tard : Claude Prélorenzo et Claude Picon, L’Aventure du balnéaire. La Grande Motte de Jean Balladur, Marseille, Parenthèses, 1999. 10. Jean-François Pinchon, « Les stations nouvelles du Roussillon. Un patrimoine balnéaire, image exemplaire des Trente Glorieuses », Revue de l’art, no 165, 2009, p. 39-47. Voir aussi, du même auteur, « Les unités touristiques du Languedoc-Roussillon de la mission Racine (1963-1982). Retour sur la genèse des partis pris urbains et l’observation des modèles étrangers pour la conception des stations nouvelles », in Philippe Duhamel, Magali Taillandier et Bernard Toulier (dir.), Le Balnéaire. De la Manche au monde, actes du colloque de Cerisy, 2013, Rennes, PUR, 2015. 11. Marc Doré, « La Grande Motte, le moderne joyeux », voyage d’études des étudiants du DESS architecture moderne et patrimoine de l’École de sesign de l’université de Québec à Montréal (UQUAM), mai 2009, en ligne, http://dessarmopauqam.blogspot.fr/2009/05/la-grande-mottele-moderne-joyeux.html.

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Sommaire

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Introduction Le culte du soleil

Une ville verte 86 Un chantier pharaonique 96

Annexes 226

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Une station de la civilisation des loisirs 24

Vers une civilisation des loisirs De la villégiature aux vacances pour tous La station balnéaire des Trente Glorieuses

25 27 33

La cité du soleil 104

Le choix de l’hérésie contre 106 l’orthodoxie moderne La modernité de 109 l’antique pyramide La modénature 119 balladurienne Le rôle de l’architecte 128 en chef

Mission impossible

La fin des interdits

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Aménager le territoire 43 La mission Racine 47 La Grande Motte, projet pilote du plan d’urbanisme 53 d’intérêt régional

L’invention au service de la diversité Vers une architecturesculpture Du Point Zéro à l’absence de limites Art et architecture : vers une œuvre d’art totale

Un « urbanisme organique » à l’échelle de l’homme et de la nature

Principaux protagonistes de la construction de La Grande 227 Motte (1962-1992) Principales réalisations architecturales et sculptées 229 de la Grande Motte Bibliographie 234 Sources 237

137 147 164

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Patrimoine du XXe siècle Jean Balladur : un parcours atypique Pour un urbanisme organique Le plan d’urbanisme de La Grande Motte Le génie du lieu On n’arrête pas le vent Un zonage mesuré

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190 65 70

Un nouvel art de vivre 192 La réception de La Grande 197 Motte

74 76 79

Regards d’artistes

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Avertissement : afin de distinguer le site avant l’intervention de Jean Balladur de la station qu’il a construite, le nom du lieu-dit est typographié en italique (la Grande Motte), celui de la ville avec une majuscule à l’article et en romain (La Grande Motte).

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Le culte du soleil

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Le port de La Grande Motte dominé par la Grande Pyramide de Balladur (1972-1974). Cliché Christian Nouzillet

« La Grande Motte est en quelque sorte un lieu saint : les hommes et les femmes viennent y adorer le soleil. C’est là une religion vieille comme le monde qui, de nos jours, connaît un regain de ferveur. Tous les ans, une foule de pèlerins se met en marche vers le sud dès le début de l’été. Hommes, femmes, enfants, vieillards, descendent s’unir à la mer et au soleil. » Jean Balladur, Œuvre, Chiasso, Éditions Score, s.d. [1976], p. 50

Sur le littoral méditerranéen, près de Montpellier, l’architecte et urbaniste Jean Balladur invente une ville balnéaire dont la modernité s’incarne en formes pyramidales d’inspiration précolombienne. Ce n’est pas le moindre paradoxe de cette station surgie des sables et des marais dans un site improbable d’une grande beauté sauvage. Imaginée en 1963, elle est réalisée en trois décennies dans le cadre d’une vaste opération d’aménagement du territoire qui transforme les cent quatre-vingt-trois kilomètres de côte du Languedoc-Roussillon, économiquement sous-développée, en une zone d’attraction touristique majeure destinée à concurrencer la Costa Brava espagnole.

Une utopie réalisée La Grande Motte appartient au cercle restreint des utopies réalisées, dont font partie notamment Chandigarh de Le Corbusier, en Inde, ou Brasília, la capitale administrative du Brésil, sortie de l’imagination fertile de l’urbaniste Lúcio Costa et de l’architecte Oscar Niemeyer 13

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Cliché Christian Nouzillet

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Une station de la civilisation des loisirs

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Jean Balladur et Jean-Bernard Tostivint. Résidence Le Grand Pavois, sur l’actuel quai Georges-Pompidou, l’une des premières réalisées dès 1968. Cliché Jacques Sourioux

« Les palaces à fanfreluches pour grands-ducs sont dépassés, les camps de toile inconfortables également. Autre chose doit naître, basé sur l’industrie de l’eau comme il existe déjà celle de la neige. Les stations nouvelles vont devoir être une synthèse de la cité et de la nature, leurs habitants pourront réapprendre à flâner, à utiliser leur voiture comme un serviteur et non comme un bourreau… » Marc Heimer, « Voici la Floride de demain. Le Languedoc », Paris Match, no 799, 1er août 1964, p. III

Vers une civilisation des loisirs Alors que, en mai 1962, Abel Thomas 1, commissaire à l’aménagement du territoire de 1959 à 1963, confie à l’architecte Georges Candilis la mission de diriger une équipe d’urbanistes, d’architectes et de paysagistes chargée d’établir un avant-projet de plan d’expansion touristique de la côte Languedoc-Roussillon, paraît l’ouvrage Vers une civilisation du loisir ?. L’auteur, le sociologue Joffre Dumazedier, observe les mutations profondes de la société qu’engendre l’augmentation du temps accordé aux loisirs, jusque-là réservés à une minorité de la population. Le loisir, explique Dumazedier, « est un ensemble d’occupations auxquelles l’individu peut s’adonner de plein gré, soit pour se reposer, soit pour se divertir, soit pour développer son information ou sa formation désintéressée, sa participation

1. Abel Thomas (1920-2003), polytechnicien, ingénieur général du génie maritime, député UDF de Paris (1978-1981).

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Mission impossible

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Regard d’artiste en 2013­: La Grande Motte vue par Patrizia Mussa, photographe. La rencontre de l’architecture et de la mer MĂŠditerranĂŠe. ClichĂŠ Patrizia Mussa, 2013, pour l’exposition Le Temple du Soleil

ÂŤ Tout ĂŠtait nouveau et se prĂŠsentait comme un pari audacieux. Jamais jusque-lĂ l’État, qui a l’expĂŠrience sĂŠculaire des grands travaux publics, ne s’Êtait aventurĂŠ lui-mĂŞme dans le domaine de l’amĂŠnagement touristique et, pour son premier essai, il prĂŠtendait transformer une rĂŠgion tout entière, un littoral de cent quatrevingts kilomètres de long. Et quel littoral ! Une cĂ´te ingrate d’apparence, sans relief et dĂŠnudĂŠe, infestĂŠe de moustiques. Des millions de touristes la traversaient sans mĂŞme y jeter un regard. Âť Pierre Racine, Mission impossible ?, Montpellier, Midi libre, 1980, p. 13

Le 18 juin de l’annĂŠe 1963, Georges Pompidou, Premier ministre du gĂŠnĂŠral de Gaulle, signe le dĂŠcret instituant la Mission interministĂŠrielle d’amĂŠnagement du littoral LanguedocRoussillon (MIALR) 1. Cette date – ô combien symbolique pour le rĂŠgime gaullien â€“ n’a probablement pas ĂŠtĂŠ arrĂŞtĂŠe au hasard tant il s’agit alors de partir Ă la reconquĂŞte d’un territoire abandonnĂŠ, cent quatre-vingt-trois kilomètres de cĂ´tes de la Camargue Ă la frontière espagnole, un littoral insalubre, sauvage, balayĂŠ de vents violents, infestĂŠ de moustiques, jugĂŠ impropre Ă toute activitĂŠ ĂŠconomique et encore moins Ă l’accueil de touristes qui plĂŠbiscitent alors les rivages plus accueillants de la Riviera italienne, de la CĂ´te d’Azur ou de la Costa Brava espagnole. C’est un dĂŠfi considĂŠrable qu’il convient de relever, une vĂŠritable bataille contre des ĂŠlĂŠments a priori dĂŠfavorables qui s’engage. S’inspirant des annĂŠes plus tard d’une cĂŠlèbre sĂŠrie tĂŠlĂŠvisĂŠe amĂŠricaine, Pierre Racine, conseiller d’État, nommĂŠ le mĂŞme jour prĂŠsident de la MIALR, ĂŠvoquera une ÂŤ mission impossible 2 Âť. Comme dans la 1. DĂŠcret no 63-580 du 18 juin 1963 portant crĂŠation d’une mission interministĂŠrielle pour l’amĂŠnagement touristique du littoral Languedoc-Roussillon. 2. Pierre Racine, Mission impossible ? L’amĂŠnagement touristique du littoral Languedoc-Roussillon, Montpellier, Midi libre, 1980. La sĂŠrie Mission impossible, crĂŠĂŠe aux États-Unis en 1966, est diffusĂŠe en France dès 1967.

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Un « urbanisme organique » à l’échelle de l’homme et de la nature

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Plan maquette de La Grande Motte, non daté, datable entre mai 1964 et 1973.

« Il s’agit donc pour l’urbaniste de trouver d’abord les lieux de la vie commune et les lieux de son silence ; l’équilibre de l’arbre qui se penche sur les pierres ; la vue des espaces qui appartiennent à tous ; et la beauté des biens qui appartiennent à chacun. Il s’occupera ensuite des circulations, du zonage et des équipements. Il n’est jamais trop tard pour raisonner après. » Jean Balladur, Œuvre, Chiasso, Éditions Score, s.d. [1976], p. 30

La fondation ex nihilo de La Grande Motte, dont Jean Balladur commence les études en 1964, est engagée parallèlement à celle de neuf villes nouvelles construites en France pour désenclaver la capitale, canaliser le développement de grandes agglomérations – Lille, Lyon, Marseille et Rouen – et promouvoir une politique d’aménagement du territoire équilibrée 1. À la différence de ses confrères engagés dans la réalisation de ces villes, Balladur bénéficie d’une extraordinaire longévité dans sa mission d’architecte et d’urbaniste en chef de La Grande Motte, dont l’autorité sera assurée et confirmée pendant plus de vingt ans par Pierre Racine d’une part et par les Premiers ministres successifs, de Georges Pompidou à

1. La politique des villes nouvelles, décidée en 1965, concerne cinq villes en Île-de-France – Sénart, Saint-Quentin-enYvelines, Évry, Cergy et Marne-la-Vallée – et quatre en province : Berre-l’Étang, près de Marseille, L’Isle-d’Abeau, à l’est de Lyon, Villeneuve-d’Ascq, à l’est de Lille, et Le Vaudreuil, entre Paris et Rouen.

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La Cité du Soleil

L’entrée du domaine de La Grande Motte vers 1965. Cliché Jean-Pierre Jos

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La Grande Motte

Jean Balladur et Jean-Bernard Tostivint. Première mise en forme architecturale de La Grande Motte, plan GM5, non daté mais datable de janvier 1964. Le front de mer ne présente aucune pyramide mais un alignement d’immeubles et de tours relevant d’une écriture orthodoxe de l’architecture moderne.

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La cité du soleil

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Le port de La Grande Motte. Au premier plan, de droite à gauche, les pyramides Fidji d’André Malrait (1974), l’Éden (1974) et la Grande Pyramide (1973) de Jean Balladur et Jean-Bernard Tostivint. Cliché Régis Mortier Photography

« Je passais de longues heures, un crayon et un carnet à dessin à la main, assis sur les dunes qui bordaient la plage, couvrant du regard le territoire qui venait d’être confié à mon savoir-faire. Je me laissais bercer par la rumeur régulière du flux et du reflux de la mer et les soupirs du vent. J’étais bien décidé à trouver une nouvelle voie. Je voulais qu’elle me conduise, par-delà les doctrines fonctionnalistes à la mode, vers une architecture de loisir qui plante sur ce lieu aux traits fragiles les formes inconnues d’un monde découvert. Ma rêverie caressait le site, cherchant à lui faire dire ses propres penchants. » Jean Balladur, La Grande Motte. L’architecture en fête ou la naissance d’une ville, Saint-Jean-de-Védas, Éditions Espace Sud, s.d. [après 1984], p. 29

Nourrie de culture architecturale, de savoir-faire et du genius loci, la réponse de Balladur prend les formes inattendues des pyramides. Mais ces formes ne s’imposent pas d’emblée. Le dépassement des doctrines fonctionnalistes qu’il assimile sans nuance avec l’ensemble de la production de l’architecture moderne dominante de l’après-guerre, dont il est pourtant nourri et l’un des acteurs, prend quelques mois, entre la fin de l’année 1963, au cours de laquelle la répartition des sites confiés aux membres de l’AALR semble se dessiner, et janvier 1965, lorsque apparaissent les premières silhouettes de pyramides à degrés 105

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La Grande Motte

Clichés Caroline Geolle

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La cité du soleil

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La fin des interdits

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Jean Balladur et Jean-Bernard Tostivint. Dessin d’une conque de Vénus pour la résidence Les Jardins de la Mer dans le quartier du Couchant. Jean Balladur est l’inventeur des formes de la station. Il définit le modèle de chaque type de logements­: les pyramides, les conques de Vénus, les mîtres d’évêque.

« Il ne faut pas confondre raideur des formes et fermeté, indigence et simplicité, […] même si la matière a été utilisée avec une stricte économie. La tartufferie du fonctionnalisme, ce faux dévot de la vérité, consiste à faire croire que la beauté naît toujours de l’économie du décor. La nudité peut être belle. Elle peut aussi être difforme et triste à pleurer. » Jean Balladur, Œuvre, Chiasso, Éditions Score, s.d. [1976], p. 27

Deux ouvrages publiés en France la même année, en 1979, dans des champs disciplinaires différents, ceux de la philosophie et de l’architecture, annoncent l’avènement d’une « condition postmoderne ». Le Langage de l’architecture postmoderne du critique américain Charles Jencks sort dans une traduction française deux ans après sa première édition en anglais 1. Jencks y déclare que « l’architecture moderne est morte à Saint Louis, Missouri, le 15 juillet 1972 à quinze heures trente-deux (ou à peu près) 2 », lorsque les immeubles de la cité de logements tant décriée de Pruitt-Igoe sont dynamités. Ce « grand ensemble », pour reprendre une terminologie française, présenté lors de sa construction en 1952-1955 par l’architecte Minoru Yamasaki comme exemplaire des théories de l’urbanisme et de l’architecture modernes, était devenu à force d’abandons et de renoncements l’un des 1. Charles Jencks (né en 1939) est architecte et critique de l’architecture contemporaine. The Language of Postmodern Architecture est publié pour la première fois en 1977 (Londres, Academy Editions). 2. Charles Jencks, Le Langage de l’architecture postmoderne, Paris, Dunod, 1984, 4e éd., p. 9.

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La fin des interdits

Jean Balladur. Étude aquarellée pour les conques de Vénus (1974).

Jean Balladur et Jean-Bernard Tostivint. Perspective d’ambiance de la résidence Les Jardins de la Mer (1975).

Jean Balladur et Jean-Bernard Tostivint. Modénature en trois dimensions de la résidence Le Paradis du Soleil (1975). Cliché Olivier Maynard

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Jean Balladur et Jean-Bernard Tostivint. La Grande Pyramide (1972-1974)­: plan à trois branches, en forme de «­patte de poule­». Cliché Michel Étienne

Jean Balladur, Gilles Balladur et Jean-Bernard Tostivint. Résidence Les Dunes et Les Belles Plages, allée de l’Iliade (1985). Cliché Olivier Maynard

J. Massota. Façade arrière de la résidence Le Viking (1980). Cliché Laurent Vilarem

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La fin des interdits

Albert Marchais et Michèle Goalard, sculpteurs. Patio des fontaines au VVF (1969-1971). Cliché Olivier Maynard

Le Grand Charles, sculpture-balançoire d’Albert Marchais, au sein du patio de la garderie du VVF, réalisé avec Michèle Goalard (1969-1971). Cliché Stéphane Herbert / Globe Vision

Albert Marchais et Michèle Goalard, sculpteurs. Patio de la crèche du VVF (1969-1971). Cliché Olivier Maynard

Albert Marchais, Le Guetteur, sculpture en acier Cor-Ten, sur la presqu’île du Ponant. Cliché Stéphane Herbert / Globe Vision

«­Formes féminines­» à usage de siège, en acier Cor-Ten, œuvre de Michèle Goalard sur la presqu’île du Ponant, à proximité du Guetteur d’Albert Marchais. Cliché Olivier Maynard

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Michèle Goalard, sculptrice. Le jardin des Vagues au pied de la Grande Pyramide (1974).

Albert Marchais, sculpteur. Le jardin des Médailles au pied de la Grande Pyramide (1974). Cliché Stéphane Herbert / Globe Vision

Ouvriers réalisant les médaillons sculptés d’Albert Marchais dans le jardin des Médailles.

Michèle Goalard, sculptrice. Détail du jardin des Vagues. Cliché Olivier Maynard

Albert Marchais, sculpteur. Détail du jardin des Médailles. Cliché Olivier Maynard

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Patrimoine e du XX siècle

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L’eau, le soleil, la végétation, le vent sont les éléments premiers avec lesquels Jean Balladur a composé la station balnéaire. Cliché Christophe Baudot

« La Grande Motte, qui, à l’origine, a suscité tant de réticences, de scepticisme, voire d’hostilité (dont Jean Balladur ne semble pas avoir perçu toute l’ampleur), est maintenant acceptée et admirée. Ce n’est plus le “corps étranger” dont çà et là on prophétisait le rejet. Les craintes que j’avais formulées en 1976 ne se sont pas matérialisées. » Jean Joubert, préface de Jean Balladur, La Grande Motte, Saint-Jean-de-Védas, Éditions Espace Sud, s.d. [après 1984], p. 11

Les années 1960, 1970 et 1980 sont des décennies contrastées. Les premières pyramides grand-mottoises voient le jour en 1968 alors que la France est secouée par les événements de mai, qui remettent en cause la vie politique, mais aussi et surtout les fondements comportementaux de notre société. La jeunesse est à la recherche d’une plus grande indépendance ; les femmes revendiquent une reconnaissance de la place qu’elles occupent dans la société. La libération des mœurs est celle de la libération des corps et d’une revendication du droit à en disposer : droit à la contraception, droit à l’avortement, droit au respect. Les années 1970 verront une partie de ces revendications aboutir. Elles sont celles de l’expérimentation dans tous les domaines, les mœurs, mais aussi les arts et les techniques. La prospérité économique, qui est toujours au rendez-vous malgré le premier choc pétrolier en 1973, perpétue la foi héritée d’après-guerre dans la modernité, le confort, la technologie, les nouveaux matériaux. La fin des années 1960 est celle de la conquête de l’espace, les années 1970 celles de l’avènement de l’ère du numérique, dont Jean-François Lyotard a compris l’importance dans l’émergence d’une condition postmoderne. 191

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Patrimoine du XXe siècle

Vie nocturne de la station au XXIe siècle sur le quai Charles-de-Gaulle. Cliché Olivier Maynard

Carte postale de La Grande Motte. La mode des seins nus sur les plages se développe au milieu des années 1970. À cette époque, 76 % des femmes s’y déclarent favorables.

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Patrimoine du XXe siècle

Jean Balladur et Jean-Bernard Tostivint. Perspective sur le port et les résidences Commodore, Concorde et Acapulco, non datée.

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Le succès du port de La Grande Motte accompagne le développement spectaculaire de la navigation de plaisance en France, après les victoires d’Éric Tabarly puis d’Alain Colas dans les grandes courses transatlantiques des années 1960-1970.

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Dessin de Tanguy de Rémur­: vue d’ensemble imaginaire et fantaisiste de l’opération Racine publiée dans Paris Match du 1er août 1964.

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Regards d’artistes

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Playground. La Grande Motte by Maia Flore Photographie extraite de l’exposition Playground. La Grande Motte by Maia Flore Pour la série de photographies Playground. La Grande Motte by Maia Flore, l’étoile montante de la photographie française – lauréate du prix pour la photographie HSBC – produit vingt-neuf visuels qui revisitent et réinterprètent la Cité des sables. L’artiste s’empare de la ville, de ses espaces naturels et de son patrimoine, mais également de ses aspects plus contemporains, à l’image de la collection de mobilier design «­La Grande Motte by Oxyo­», inspirée par l’architecture de la ville. Elle joue avec. Tour à tour étonnantes, amusantes, tendres ou absurdes, les photographies de Maia invitent à découvrir un univers d’une rare intensité. Dans ce véritable «­terrain de jeu­», l’artiste nous amène à réfléchir à la place de l’humain dans une cité comme La Grande Motte, où l’architecture de la ville a été construite pour l’homme. Cette exposition questionne les usages des vacances, le dépaysement mais aussi le potentiel créatif et innovant inscrit dans l’identité même de La Grande Motte. Exposition produite par l’office de tourisme de La Grande Motte en partenariat avec l’agence VU’ et Trois Ailes.

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Annexes

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Principaux protagonistes de la construction de La Grande Motte (1962-1992)

Mission interministérielle d’aménagement du littoral Languedoc-Roussillon (MIALR) Pierre Racine, président Pierre Raynaud, secrétaire général adjoint (construction, urbanisme) Alphonse Bariseel, secrétaire général adjoint (construction, équipement) Édouard Bonnaud, directeur du service régional (construction, urbanisme) Roger Vian (travaux publics et équipement) Société d’aménagement du département de l’Hérault (SADH) Jean Bène, président Compagnie nationale d’aménagement du Bas-Rhône et du Languedoc Jean-Philippe Lamour, président Élie Mauret, paysagiste, chef du service des aménagements communaux Pierre Pillet, paysagiste B. Tanton, ingénieur en chef du génie rural et des forêts, chef du service forestier Architecte et urbaniste en chef Jean Balladur, architecte Agence de Jean Balladur : Jean-Bernard Tostivint, architecte ; Pierre Dezeuze, architecte ; Paul Gineste, architecte ; Gilles Balladur ; Jean Pierre Mascré

Architectes Jean-Pierre Agniel, G. Allée, Y. Almairac, Jacques Arnihac, F. Astruc, R. Azais, Jean Balladur, Gilles Balladur, D. Barthélémy, J. Bedeau, P. Bonna, M. Bouscarem, Albert Cane, R. Carboni, Philippe Cardin, J. Carrot, Henri Castella, P. Causse, F. Chambon, M. Charrier, Alain Clauzel, A. Crivelli, Marc Couderc, Robert Crouzet, C. Delfante, H. Delrieu, Pierre Dezeuze, P. Druz, Robert Dussud, T. Fayeton, Michel Fremolle, Christian de Galéa, Lucien Gerra, J. Gleyze, G. Gregori, Guy Guillaume, G. Guntz, R. Forestier, Édouard Gallix, Paul Gineste, Louis Hoym de Marien, R. Jahan, J. Lacombe, J. L’Hernault, François Lopez, Jean-Louis Michel, André Malrait, J. Massota, J. Mazel, Monestier, J.-R. Nègre, Paul d’Outreligne, L. Ouvier, P. Phippen and Associates, M. Pigeire, R. Pomier, G.-M. Présenté, C. Rameau, P. Raoux, S. Rathle, Maurice Revel, P. Rey, Michel Roucaute, Jean-Charles de Richemond, R. Sacristan, M. Schruoffeneger, F. Sczot, M. Serrado, Claude Seyssan, R. Sidoli, Albert Teillaud, G. Theillier, René Terral, Pierre Tourré, G. Vachon, Alain Vincent, André Zanassi, A. Vales Artistes Joséphine Chevry, sculptrice ; Michèle Goalard, sculptrice ; Yves Loyer, sculpteur ; Albert Marchais, sculpteur et peintre ; Jacques Loire, maître verrier ; Ilio Signori, sculpteur

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