La cathédrale de Mende. Commanditaires et bâtisseurs (extrait)

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Le Pays d’art et d’histoire Mende & Lot en Gévaudan remercie : Philippe Vignes, Hervé Malherbe, préfets de la Lozère ; Alain Bertrand, sénateur-maire de Mende ; François Jacolin, évêque de Mende ; Jean-Marc Chevalier, président du Pays d’art et d’histoire Mende & Lot en Gévaudan ; Alain Erlande-Brandenburg, conservateur général honoraire du patrimoine ; Jean-Michel Leniaud, directeur de l’École nationale des chartes ; Olivier Poisson, conservateur général du patrimoine, inspecteur général des Monuments historiques ; Delphine Christophe, directrice de la Conservation des Monuments et des Collections, Centre des Monuments nationaux ; Laurent Barrenechea, conservateur régional du patrimoine, Drac Occitanie ; Laurent Hugues, conservateur du patrimoine, inspecteur des Monuments historiques ; Isabelle Darnas, conservateur du patrimoine, conservateur des Antiquités et Objets d’art de la Lozère ; Jackie Estimbre, chargée de la valorisation du patrimoine & de l’architecture, Conservation régionale des Monuments historiques, Drac Occitanie – site de Montpellier ; Agnès Bos, conservateur du patrimoine, musée du Louvre, Paris ; Hélène Rousteau-Chambon, professeur d’histoire de l’art moderne à l’université de Nantes ; Joan Domenge i Mesquida, professeur d’histoire de l’art à l’université de Barcelone ; Jacques Dubois, maître de conférences à l’université de Toulouse – Jean Jaurès ; Florian Meunier, conservateur en chef du patrimoine, musée du Louvre, départements des Objets d’art ; Samuel Drapeau, docteur en histoire de l’art ; Benoît Dusart, historien de l’art.

Ainsi que : Aurélie Jalouneix, conservatrice du musée Ignon-Fabre, Mende ; Aimé Akmel, musée Ignon-Fabre, Mende ; Emmanuelle Soulier, Oit Cœur de Lozère ; Hugo Calmels, Pays d’art et d’histoire Mende & Lot en Gévaudan ; Michel Desdouits, collectionneur de cartes postales ; Jean Villemagne, Société des lettres, sciences et arts de la Lozère ; Office intercommunal de tourisme Cœur de Lozère ; Jean-Christian Garlenc, photographe ; Jean-François Salles, photographe.

Drac Occitanie Pays d’art et d’histoire Mende & Lot en Gévaudan © Somogy éditions d’art, Paris, 2017 © Drac Occitanie, 2017 Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Conception graphique intérieur : Guillaume Dairou Fabrication : Béatrice Bourgerie, Mélanie Le Gros Contribution éditoriale : Nathalie Chevalier Suivi éditorial : Salomé Dolinski isbn 978-2-7572-0719-2 Dépôt légal : septembre 2017 Imprimé en Union européenne


La cathédrale de Mende Commanditaires et bâtisseurs Colloque international de Mende des 18-19-20 octobre 2012, organisé par le Pays d’art et d’histoire Mende & Lot en Gévaudan, la Drac Languedoc-Roussillon et la Société des lettres, sciences et arts de la Lozère. Sous la direction de Nelly Lafont et Samuel Drapeau Coordinatrice scientifique : Delphine Christophe



Hervé Malherbe Préfet de la Lozère

Préface « La cathédrale de Mende, commanditaires et bâtisseurs » 5

Entre le Lot au nord et le causse de Mende au sud, la cathédrale surplombe la ville-préfecture de la Lozère. Dans le prolongement de la place Urbain V, les deux clochers de la façade occidentale sont cantonnés de puissants contreforts. La partie supérieure de la tour nord est ornée d’un décor flamboyant. La tour sud plus massive est moins ouvragée. Couronnés par les flèches, les clochers s’inscrivent dans le paysage de la vallée depuis plus de cinq siècles. La cathédrale de Mende, monument classé appartenant à l’État, est affectée à la direction générale des patrimoines du ministère de la Culture et de la Communication, suivant les dispositions de l’article 13 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État : « Les édifices servant à l’exercice public du culte, ainsi que les objets mobiliers les garnissant, seront laissés gratuitement à la disposition des établissements publics du culte, puis des associations appelées à les remplacer auxquelles les biens de ces établissements auront été attribués. » L’État assure l’entretien et la conservation de la cathédrale : – l’architecte des Bâtiments de France, conservateur du monument, est responsable unique de sécurité. Il assure également la veille sanitaire et la maîtrise d’œuvre des travaux d’entretien et de réparation ; – l’architecte en chef des Monuments historiques territorialement compétent est chargé de la maîtrise d’œuvre des travaux de restauration ; – le conservateur régional des Monuments historiques exerce la maîtrise d’ouvrage des travaux en concertation avec l’ensemble des acteurs. À cet égard, le bilan sanitaire de 2010, commandité par la direction régionale des Affaires culturelles (Drac), a mis en exergue des altérations liées au vieillissement d’éléments de maçonnerie et de décors, entraînant la programmation de travaux sur la cathédrale malgré l’entretien courant qui en est assuré.

En préambule à cette importante campagne de restauration, la célébration en 2012 du cincentième anniversaire d’achèvement de la construction des clochers a été l’occasion de rappeler la fierté et l’attachement des Lozériens pour la cathédrale. De nombreuses manifestations artistiques et culturelles, organisées par le Pays d’art et d’histoire Mende & Lot en Gévaudan en partenariat avec la Drac, ont façonné l’événement clôturé par le colloque d’historiens « La cathédrale de Mende, commanditaires et bâtisseurs ». Les différentes rencontres ont permis de s’adresser au public le plus large possible par la connaissance mais aussi par la dimension sensible et culturelle d’un lieu aux richesses exceptionnelles. Le lancement du chantier qui a suivi témoigne de l’attention portée par l’État à la conservation de la cathédrale : restauration du clocher sud et de la terrasse centrale, puis restauration du clocher nord et des couvertures de la nef et du porche. Le démontage de l’échafaudage en 2015 a révélé la qualité du travail effectué et l’excellence des savoir-faire mis en œuvre. Car faire vivre la cathédrale est avant tout une responsabilité partagée qui participe à la qualité de notre cadre de vie autour d’un patrimoine commun, vecteur d’émotions et de cohésion sociale. Souvenons-nous en visitant ce lieu chargé d’histoire de la pensée de Victor Hugo sur l’architecture gothique dans Notre-Dame de Paris : « Produit prodigieux de la cotisation de toutes les forces d’une époque, où sur chaque pierre on voit saillir en cent façons la fantaisie de l’ouvrier disciplinée par le génie de l’artiste ; […] tout se tient dans cet art venu de lui-même, logique et bien proportionné… » À travers le partenariat que vient illustrer la publication de cet ouvrage, qu’il me soit permis de remercier tous les acteurs qui contribuent à la valorisation et à l’appropriation collective de la cathédrale de Mende.



Jean-Marc Chevalier Président fondateur du Pays d’art et d’histoire Mende & Lot en Gévaudan

Éditorial 7

Célébrer en 2012 le cincentième anniversaire des clochers de la cathédrale de Mende fut un événement festif, historique et scientifique à la fois. Festif dès septembre avec le premier acte de ce programme quand, avec la population mendoise, le plasticien de renommée internationale Olivier Grossetête a érigé un troisième clocher éphémère en carton, sur la place Urbain V, devant ses deux aînés de pierre calcaire. Festif encore avec l’exceptionnel spectacle Gargouilles et réverbères, qui a investi les flèches et le parvis d’une création acrobatique et funambulesque à couper le souffle des très nombreux spectateurs rassemblés dans la nuit le 19 octobre 2012. Festif car rien plus que la bonne humeur et la disposition de l’esprit qu’elle engendre ne contribuent mieux à susciter l’intérêt et la curiosité. C’est là justement la mission des Villes et Pays d’art et d’histoire : sensibiliser les populations résidentielles au caractère particulier, à la beauté exclusive, des monuments de leur quotidien qui portent souvent une grande part de l’âme des territoires. Célébrer le cincentième anniversaire de nos clochers incitera demain chacun à lever le regard vers eux d’un œil plus averti sur ces remarquables témoins, passeurs de tant de messages. Sans doute sont-ils d’abord au cœur de Mende, au centre de l’ancien Gévaudan, au milieu de la Lozère d’aujourd’hui, l’émanation de la vive foi catholique de cette province montagnarde, sorte de principauté épiscopale sur le toit du Languedoc. Le gigantisme de notre cathédrale étonne toujours le visiteur quand lui apparaît soudain le panorama de la ville. Pourquoi ici, au fond de cette haute vallée du Lot, entre Cévennes et Margeride, un tel édifice ? Si haut, si gracieux, si équilibré, aux confins d’une France qui ne compte alors que seize millions d’habitants mais autant de chrétiens !

Célébrer le cincentième anniversaire de nos clochers a rappelé qu’ils sont les dignes contemporains de la tour Saint-Jacques à Paris, que leurs pinacles de calcaire blond sont les remarquables cousins des pinacles de granite breton du mont Saint-Michel. Cela a rappelé qu’en 1508 Chambord et Chenonceau n’existent pas encore, que le futur Francois Ier n’a que 18 ans, que Léonard de Vinci, âgé de 56 ans, vient tout juste d’achever La Joconde. Notre grand témoin de 84 mètres de haut est l’évidente preuve que le vent de la Renaissance a soufflé jusqu’au cœur du Gévaudan. Et pour cause ! N’a-t-il pas pour commanditaire un Italien, François de La Rovère ? Évêque de Mende de 1504 à 1524. En un temps où le népotisme fait loi, François est le successeur de son frère Clément et surtout le neveu de Julien de La Rovère, lui-même ancien évêque de Mende. Devenu pape sous le nom de Jules II en 1503, commanditaire de la basilique Saint-Pierre, il embellit alors Rome tandis que son neveu magnifie Mende. La concomitance des chantiers est étonnante ! Dans le même temps, durant quatre années, dès 1508, tandis que Michel Ange peint le dôme de la chapelle Sixtine sur ses échafaudages, les bâtisseurs des clochers de la cathédrale sont à l’œuvre à Mende pour achever ensemble ces périlleux travaux en 1512. C’est cette remarquable aventure que les différents conférenciers ont bien voulu étudier autour du professeur Erlande-Brandenburg. Il a accepté d’ouvrir ce colloque, volet scientifique de cet anniversaire consacré au début du xvie siècle en Europe, à l’architecture comparée des grands édifices religieux, à leurs commanditaires et bâtisseurs, à des révélations inédites sur le chantier mendois. Grâce à la présence d’historiens venus de toute la France et même d’Espagne, à l’invitation du Pays d’art et d’histoire Mende & Lot en Gévaudan, maître d’œuvre de ce programme, durant deux jours, notre grand clocher fut un peu moins isolé de ses frères européens et, grâce à vous tous, au terme de cinq siècles, en amont d’un vaste chantier de restauration de deux années mené par son propriétaire, l’État, Mende a été pour quelques heures la capitale de l’art gothique.



Alain Erlande-Brandenburg Conservateur général honoraire du patrimoine

Avant-propos Les maîtres d’ouvrage des cathédrales gothiques 9

La tradition romaine Les Romains s’appuyaient sur la tradition architecturale grecque, qu’ils avaient transformée en constructions majestueuses grâce au recours à l’arc et au béton. Constantin, proclamé Auguste par l’armée en 306, envahit l’Italie, marcha sur Rome, battit Maxence au pont Milvius en 312 et attribua cette victoire au dieu des chrétiens. L’édit de tolérance de Milan, qu’il promulgua avec Licinius en 313, reconnut ainsi la religion chrétienne. Constantin lança peu après un programme de construction d’édifices religieux, dont la cathédrale de Rome, SaintJean-de-Latran, établie sur un terrain donné par l’empereur à l’intérieur de la ville ; il compléta sa fondation par le don de pièces de mobilier d’argent, comme le ciborium décoré de scènes figurant le Christ pour la cathédrale, le Christ et saint Jean-Baptiste pour le baptistère. Les premières cathédrales (Paris, Trèves) restèrent fidèles à cette tradition de somptuosité. L’évêque du ive siècle dirigeait la communauté chrétienne grâce à un triple pouvoir : juridictionnel, d’enseignement et hiérarchique. Les biens de l’Église étaient réputés sacrés et inaliénables. Les revenus de l’évêque étaient divisés en trois parts : l’une destinée à sa domus et à celles de son clergé ; une autre à la construction des édifices sacrés et à leur entretien ; une autre encore aux œuvres de charité.

La cathédrale de l’Antiquité tardive Constantin s’était donc chargé d’édifier la première cathédrale de Rome, suivant le programme mentionné par le Liber pontificalis. Complétée par un baptistère, elle fut dédiée à saint Jean de Latran en souvenir du palais cédé par l’empereur. Ce premier groupe servit de référence aux chrétiens pendant des siècles. Une cathédrale fut ainsi construite dans chacune des civitates de l’empire. D’après une inscription datée du 29 novembre 445 sur le linteau qui surmontait à l’origine la porte de la cathédrale de Narbonne, construite par l’évêque Rusticus, le montage financier pour en arriver à la somme de 3000 sous d’or fut le suivant : Marcellus, préfet de Gaule, donna 2100 sous d’or, complétés par un certain nombre d’évêques – Venerius, 100 sous ; Dynamius, 50 sous ; Oresius, Agroecius, Decumius, Salutius, 200 sous chacun.


La cathédrale des vie et viie siècles Les évêques de cette période eurent à cœur d’entretenir, d’agrandir ou de reconstruire les bâtiments cultuels – ainsi Eumérius à Nantes, Léonce à Bordeaux, Venance à Viviers, Agricola à Chalon-sur-Saône, Palladius à Saintes, Dalmatius à Rodez, Grégoire à Tours, Agericus à Verdun, Avitus à Clermont, Didier à Cahors. 10

La cathédrale carolingienne L’exposition consacrée à Charlemagne qui s’est tenue en 2014 à Aix-la-Chapelle a donné lieu à un recensement précis des cathédrales alors existantes : entre 768 et 855, vingt-sept nouveaux édifices furent construits, sans tenir compte de ceux qui furent modifiés dans des proportions difficiles à apprécier. Ces cathédrales sont compliquées à analyser ; celle de Cologne a fait l’objet d’un essai de restitution de son plan. Cette difficulté est amplifiée par le fait que la réforme de Chrodegang (754-756) occasionna d’importants bouleversements pour pouvoir construire un enclos canonial (réfectoire, dortoir, cloître, bâtiments de service) (de règle canon) à proximité du lieu de culte. L’extension de cette mesure à l’empire aboutit à la restructuration de la ville sainte, l’espace autour de l’église où se structure la vie des clercs, et à une expansion territoriale de celle-ci facilitée par les décisions impériales. Pour créer des enclos canoniaux, alors que le terrain était généralement très occupé, il fallut détruire, parfois même sacrifier des lieux de culte hérités des premiers temps du christianisme. L’évêque qui fut chargé d’appliquer ces réformes veilla à respecter l’indépendance des chanoines. Un partage des ressources fut réalisé à leur profit en mense épiscopale et en mense canoniale. Les évêques, soucieux du confort des religieux, facilitèrent les opérations. Ils en profitèrent pour se décharger de certaines de leurs responsabilités, comme celles de charité, qui se révélèrent aussi lourdes en investissement qu’en fonctionnement en raison de la construction d’un hôtel-Dieu.

La cathédrale romane En France, les maîtres d’ouvrage des cathédrales de Cahors, d’Angoulême et de Saint-Étiennede-la-Cité de Périgueux optèrent pour la coupole de pierre pour couvrir la nef. Il s’agissait là d’une décision audacieuse qui engageait leur responsabilité, remettant en cause la formule traditionnelle de la basilique par ses conséquences inédites sur les retombées et les poussées. L’architecte eut donc à imaginer une formule nouvelle pour y faire face et les contenir. La solution fut d’isoler les unes et les autres de l’enveloppe et des supports pour assurer leur autonomie réciproque : la faiblesse d’un élément ne remettait pas en cause l’équilibre général. Cette dissociation des organes fut généralisée par l’architecte gothique au prix d’un surcoût majeur en raison de la réalisation de dessins précis et détaillés – une erreur pouvait en effet se révéler fatale. Outre-Manche, la conquête de l’Angleterre par Guillaume en 1066 remit en cause la tradition anglo-saxonne au profit de l’orthodoxie romaine. Des évêques furent remplacés, de nombreux sièges épiscopaux furent déplacés au profit de localités plus importantes ou bien subdivisés lorsqu’elles étaient surdimensionnées. Il s’ensuivit une vaste campagne de construction de cathédrales dont les premières s’inspirèrent de la tradition de la Normandie. Les constructions plus récentes se montrèrent plus indépendantes. Leur financement s’inscrivait dans le traditionnel partage des charges.


La cathédrale gothique La révolution gothique eut de lourdes répercussions sur les budgets épiscopaux : si les dimensions des nouvelles cathédrales rivalisaient en longueur avec celles de l’époque paléochrétienne, en revanche, leur hauteur, modeste au départ, augmenta au fur et à mesure pour atteindre, en 1160, 33 mètres à Paris, 42,30 mètres à Amiens, 46,67 mètres à Beauvais. L’occupation au sol de la cathédrale de Paris atteignit 5500 mètres carrés : l’architecte avait dû démolir toute la partie orientale de la cité pour réaliser le programme de l’évêque Maurice de Sully. L’accord sur le partage des coûts élaboré à l’époque carolingienne et confirmé par la charte signée en 1225 entre l’évêque de Beauvais, Milon de Nanteuil et les chanoines, charte validée par le légat du pape, fut dénoncé par ces derniers. Les évêques du Midi continuèrent quant à eux à puiser dans leurs revenus, dont ils avaient la libre disposition, pour la reconstruction de leur cathédrale. La croisade des Albigeois permit une remise en ordre de leur pouvoir et un accroissement de leurs ressources grâce à la restitution des dîmes. Dans la France du Nord, les évêques imaginèrent une autre solution devant le refus des chanoines de financer le mobilier liturgique. À Paris, Maurice de Sully se substitua à eux. À Chartres, un accord fut trouvé entre les religieux et les corporations pour que celles-ci prennent en charge le coût des quarante-deux verrières. Celui-ci dut être très lourd si on le calcule à partir des chiffres donnés par l’abbé Suger dans ses écrits : en effet, les cinquantedeux ou cinquante-quatre verrières exécutées pour la basilique de Saint-Denis entre 1140 et 1144 lui coûtèrent 700 livres. L’Angleterre offre le témoignage exceptionnel d’une cathédrale conçue et construite au xiiie siècle sur un sol vierge : Salisbury. La décision d’y transférer la cathédrale d’Old Sarum fut prise en 1219 par le pape Honorius III, après étude de l’évêque Richard, qui voulait appliquer les recommandations du concile de Latran IV (1215). Les travaux commencèrent en 1220 sur un terrain appartenant à la couronne et partagé en deux parts égales : au sud, la « cité épiscopale » ; au nord, les habitations, situées au-delà d’un rayon de 120 mètres depuis la flèche de la cathédrale afin d’éviter son ombre. Le transfert de la population d’Old Sarum et la création d’un marché et d’une foire suscitèrent un afflux d’habitants qui donna lieu à l’établissement de trois paroisses. Les travaux furent conduits très rapidement : ils étaient très avancés en 1266, achevés en 1284. Il avait été fait appel à de remarquables architectes pour édifier la cathédrale, implantée avec une grande régularité grâce au terrain entièrement dégagé, et la chapelle de la Vierge. Le maître d’œuvre distingua les différents espaces par un traitement spécifique. Ainsi, la chapelle de la Trinité, par laquelle les travaux débutèrent, offre des tirants de métal. Quant à la chapelle de la Vierge, isolée sur la galerie orientale du cloître, elle fit l’objet d’une attention particulière. De plan octogonal, elle est inondée de lumière grâce aux baies ménagées dans les huit pans. Un pilier central reçoit les ogives dégageant le déambulatoire. L’emploi du marbre de Purbeck apporte la bichromie indispensable.

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Sommaire

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Préface. Hervé Malherbe Éditorial. Jean-Marc Chevalier Avant-propos. Alain Erlande-Brandenburg

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Urbain V, commanditaire privilégié en Gévaudan Isabelle Darnas

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Visite intérieure de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende Laurent Hugues

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Pere Morey, un maître lapicide entre Mende et Majorque (vers 1371-1374) Joan Domenge i Mesquida

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L’achèvement de la cathédrale sous les della Rovere Jacques Dubois

89

Travaux et commandes artistiques chez les grands prélats du Midi, vers 1470-1520 Jacques Dubois

105

Les tours et flèches flamboyantes, de Mende à la France septentrionale : essai de dialogue Florian Meunier

119

Le Grand clocher de Mende et les clochers-tours flamboyants : modèles et symboliques dans le grand Sud-Ouest à la fin du Moyen Âge Samuel Drapeau

145

La cathédrale de Mende, un exemple du gothique des Temps modernes Hélène Rousteau-Chambon

155

Travaux et valorisation d’une restauration exemplaire Jackie Estimbre

163

Conclusion. Laurent Barrenechea

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Planches

205 208 212 216

Glossaire Index des lieux Index des noms Crédits


Clef de voĂťte de la chapelle Saint-Privat, cathĂŠdrale de Mende.


Isabelle Darnas

Conservatrice en chef du patrimoine au département de la Lozère. Conservatrice des antiquités et objets d’art – Lozère

Urbain V, commanditaire privilégié en Gévaudan 15

1. Jean-Bernard Elzière et Hélène Duthu, « Autour de Raymond de Montaut (env. 1340-1374), ‹ seul neveu › du pape Urbain V (1362-1370) », Liens des Chercheurs cévenols, 1994, p. 73-110. Cet article démontrait magistralement l’apparition de la particule seulement au xviie siècle et apportait des informations inédites sur la famille du pape.

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Élu pape en 1362 sous le nom d’Urbain V, Guillaume Grimoard joua un rôle majeur en cette seconde moitié du xive siècle alors que la France et l’Angleterre se déchirent, que la papauté est installée à Avignon et que la société féodale connaît d’importants bouleversements. Né en Gévaudan à Grizac près du Pont-de-Montvert, aux environs des années 1309-1310, il est le fils aîné d’une famille seigneuriale influente. Il se destine très jeune à entrer dans les ordres et, après de brillantes études de droit canon, il devient moine bénédictin. Peu à peu remarqué pour ses talents de négociateur, il est nommé légat du pape Clément VI, puis de son successeur, Innocent VI. Depuis son élection et jusqu’à sa mort en 1370, il œuvre pour la paix et met des moyens financiers considérables dans les causes qu’il défend. L’objet de cet article n’est pourtant pas de revenir sur l’histoire de cet homme hors du commun, assez bien étudiée d’ailleurs, ni sur ses actions, dont l’une des principales fut de ramener la papauté à Rome. Il est surtout l’occasion de mettre en lumière son action de commanditaire dans son Gévaudan natal où il finance la construction d’importants monuments, dont la cathédrale de Mende, siège du diocèse. Il fait aussi réaliser de nombreux objets liturgiques, reliquaires, croix… qu’il offre aux églises. Le texte qui suit entend faire un point sur son œuvre en Gévaudan à travers les monuments qu’il a contribué à édifier et qui sont parvenus jusqu’à nous. Le patrimoine bâti présente des témoignages encore bien visibles de son action. En revanche, le patrimoine mobilier du département ne possède plus qu’une croix de procession médiévale que la tradition orale, mais pas seulement, relie à Urbain V. Cette contribution s’achèvera sur quelques œuvres qui, parfois très tôt, ont perpétué son souvenir sur la terre qui l’a vu naître.


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Fig. 3 Vue générale de la collégiale Notre-Dame de Bédouès.


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Fig. 4 Décor néogothique de l’arc triomphal de la chapelle Saint-Saturnin à Bédouès, représentant les armes du pape Urbain V.


Mende, vue intĂŠrieure de la nef de la cathĂŠdrale.


Laurent Hugues

Conservateur général du patrimoine, conservation régionale des monuments historiques, Drac Occitanie – site de Montpellier

Visite intérieure de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende 31

1. Cet inventaire ainsi qu’une description du mobilier de la cathédrale ont été publiés par Joseph Ignon, « Étude sur les antiquités et objets d’art du département de la Lozère : mobilier sacré », Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Lozère, 1939, p. 8-26.

La reconstruction de la cathédrale de Mende, décidée en 1368-1369 par le pape Urbain V, fut interrompue par les malheurs du temps à la fin du xive siècle. La nef était achevée, avec ses chapelles latérales. Les travaux d’édification du chœur reprirent en 1452 et durèrent jusqu’en 1468. Ce vaste édifice gothique, complété au début du xvie siècle par les clochers-tours flanquant la façade ouest, abritait de nombreux objets d’art, notamment des reliquaires 1 offerts par Urbain V, connus par un inventaire dressé en 1380. La prise de la ville par les troupes protestantes du capitaine Merle en 1579 entraîna, outre la destruction des deux tiers de l’édifice, la disparition de tout le mobilier liturgique, exception faite de la statue vénérée de Notre-Dame, sauvée in extremis du bûcher. La réédification des parties détruites fut menée entre 1600 et 1620. Pendant tout le xviie siècle, les évêques et le chapitre entreprirent de remeubler leur cathédrale. Ces aménagements, malmenés pendant la période révolutionnaire, subsistent en partie et constituent un ensemble remarquable. Pendant la période concordataire, plusieurs types d’interventions eurent lieu. Au début du xixe siècle, le mobilier ancien préservé de la cathédrale ainsi que celui provenant de chapelles des ordres conventuels supprimés par la loi de 1789 furent redistribués dans le chœur et les chapelles (pl. i). À partir des années 1820, les commandes des évêques et les dépôts de l’État meublèrent en particulier les chapelles latérales de grilles, d’autels et de tableaux. Pour la période récente, on retiendra que, depuis 1980, trois dons importants d’œuvres d’art ancien sont venus enrichir la cathédrale.


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Fig. 2 Mende, cathédrale, la Vierge noire. Fig. 1 Mende, cathédrale, la Vierge noire sans ses ornements.

Fig. 3 Mende, cathédrale, retable de la chapelle Notre-Dame-de-Mende.


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Fig. 15 Mende, cathédrale, intérieur, élévation nord du vaisseau principal.


Palma de Majorque, cathĂŠdrale, portail du Mirador, dĂŠcor achitectural du socle.


Joan Domenge i Mesquida Professeur titulaire en histoire de l’art médiéval, université de Barcelone

Pere Morey, un maître lapicide entre Mende et Majorque (vers 1371-1394)* 51

* Cette contribution s’inscrit dans le cadre du projet har2013-46400-p, « Arquitectura gótica en la corona de Aragón : la concepción del espacio y su ornato » (ministerio de Economía y Competitividad), mené au sein de l’Institut de Recerca en Cultures Medievals (ircvm) de l’université de Barcelone. Quelques aspects développés sont déjà avancés dans nos précédents travaux : Joan Domenge, L’Obra de la seu : el procés de construcció de la catedral de Mallorca en el tres-cents, Palma de Majorque, Institut d’Estudis Baleàrics, 1997, p. 205-211 ; Joan Domenge, « Le portail du Mirador de la cathédrale de Majorque : du document au monument », dans Philippe Bernardi et al., Texte et archéologie monumentale : approches de l’architecture médiévale, Montagnac, Mergoil, 2005, p. 10-26 (voir surtout la partie titrée « Les documents et l’activité de Pere Morey : des évidences et quelques problèmes », p. 19-21). 1. Charles Porée, « La construction de la cathédrale de Mende », Bulletin de la Société d’agriculture, industrie, sciences et arts de la Lozère, série des Archives gévaudanaises, t. iv, 1908-1919, p. 173-174. Selon l’auteur, il faut traduire le mot bordonum par colonnette. La datation du document n’est pas précisée. L’intervention de Petrus Morelli à Mende est citée dans d’autres publications comme : Jean Nougaret, « Mende », dans Ernesto Brivio, Repertorio delle cattedrale gotiche, Milan, ned, 1986 ; Isabelle Darnas, Hélène Duthu, La Cathédrale de Mende, Carcassonne, Centre d’archéologie médiévale du Languedoc, 1993, p. 15. 2. Joseph Valez, « La Cathédrale de Mende : construite, détruite, reconstruite », Bulletin du Centre d’études et de recherches littéraires et scientifiques de Mende, no 20-21, 2002, p. 26-33, 38-39. Dans cette dernière page, l’auteur signale sur le plan du chevet de la cathédrale les modifications subies par les travaux de 1452 par rapport à ceux de 1369-1371. 3. Charles Porée, « La construction de la cathédrale de Mende », op. cit., p. 131.

1371 : magister Petrus Morelli de Majoricis à Mende Il y a cent ans que Charles Porée a attiré l’attention sur un document, datable vers 1371, concernant la livraison des pierres taillées pour le chantier de la cathédrale de Mende. Des maçons de provenances diverses (Arles, Cambrai, Vernon, Valence en Espagne) y sont nommés à côté d’ouvriers de la région : il s’agit donc d’un chantier, sinon international, du moins ouvert aux influences extérieures. Parmi les maçons, il est mention d’un Petrus Morelli de Majoricis, aidé par son fils. Ils reçoivent 23 florins pour des pièces qui semblent appartenir aux piliers d’une partie non spécifiée de la cathédrale : des bases, quelques pans de piliers – avec un nombre différent de colonnettes – et le chapiteau d’un pilier à sept bordonum. Un deuxième paiement de 10 florins est fait pour les deux chapiteaux d’un pilier 1 à trois colonnettes (fig. 1). Les indications sont très sommaires pour ce qui concerne la destination de ces pièces ; en plus, les changements subis par la cathédrale au cours de son histoire, et en particulier ceux du chevet au milieu du xve siècle (1452), en compliquent la compréhension. Cependant, 2 Joseph Valez, reprenant les hypothèses de l’abbé Bosse et critiquant les interprétations documentaires de Porée, propose que la substitution de l’ancienne cathédrale romane ait commencé par le chevet autour de 1369 à l’initiative du pape Urbain V. Il est vraisemblable, donc, que les chapelles pentagonales du chœur, soit par leur caractère architectural, soit par la présence des armes du pontife, gardent le souvenir du début de la construction gothique. En plus, « les chapiteaux à double rang de feuillages, les bases des colonnettes, offrent en effet le style du xive siècle ». Cependant il est impossible d’élucider les parties exécutées par Petrus Morelli et son fils au sein d’un chantier collectif où interviennent plusieurs maçons, connus d’après les comptes. Si les piliers fasciculés aux nombreuses colonnettes cités dans le premier paiement ne sont plus visibles, il faut souligner que dans les chapelles pentagonales nous pouvons encore voir les piliers à trois bordonum et à chapiteaux proches de ceux que taillait le lapicide majorquin (fig. 2 et 3). Porée a déjà souligné que Morelli semble avoir été le plus habile de ces tailleurs de pierre, parce que c’est à lui qu’était confiée l’exécution des chapiteaux, mais surtout parce que le procureur de la fabrique fait précéder son nom du titre de magister, ce qui indique qu’il est maître d’œuvre : le premier architecte de la cathédrale de Mende, conclut l’érudit. Il rappelle aussi qu’à la fin du xiiie siècle est créé le royaume indépendant de Majorque, qui regroupe les îles Baléares, le Roussillon et Montpellier. Il propose, enfin, qu’Urbain V a fait venir Pierre Morel de cette dernière ville pour diriger les travaux de Mende ; après, le lapicide aurait mené une vie nomade – comme d’autres grands artistes du Moyen Âge – car un Pierre Morel sculp3 teur est documenté à Lyon, au chantier des Célestins d’Avignon et ne meurt qu’en 1402.


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Fig. 8 Palma de Majorque, cathédrale, salle capitulaire, console avec le symbole de l’évangéliste Mathieu. Fig. 7 Palma de Majorque, cathédrale, salle capitulaire.

Fig. 9 Palma de Majorque, cathédrale, portail du Mirador.


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Fig. 11 Palma de Majorque, cathédrale, portail du Mirador, anges musiciens du trumeau. Fig. 10 Palma de Majorque, cathédrale, portail du Mirador, décor architectural du socle.

Fig. 12 Palma de Majorque, cathédrale, portail du Mirador, console avec buste humain.


Mende, cathĂŠdrale, clocher nord, ĂŠcus aux armes des Della Rovere.


Jacques Dubois

Maître de conférences en histoire de l’art médiéval, université de Toulouse – Jean-Jaurès

L’achèvement de la cathédrale sous les della Rovere 69

1. Charles-Louis Richard et al., Dictionnaire universel, dogmatique, canonique, historique, géographique et chronologique des sciences ecclésiastiques, t. iii, Paris, Jacques Rollin (impr.), 1760, p. 915. Dans l’article consacré à Mende, l’auteur précise que la « cathédrale Notre-Dame et Saint-Pierre est un édifice assez beau et célèbre par ses deux clochers dont l’un est un excellent morceau d’architecture ». 2. Charles Porée, Études historiques sur le Gévaudan, Paris, Picard, 1919. Le texte de l’article intitulé « Notice sur la construction de la cathédrale de Mende », publié en 1903 dans le Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques, p. 72-127, est intégré à cet ouvrage, mais dans une version légèrement revue. 3. Trois autres références s’imposent : Jean-Baptiste Étienne Pascal, Gabalum christianum ou recherches historico-critiques sur l’église de Mende (ancien Gévaudan, aujourd’hui département de la Lozère), Paris, Dumoulin, 1853 ; Louis Bosse, De la cathédrale de Mende et de ses clochers, Mende, 1858 (il s’agit là de la reprise du texte de la communication donnée l’année précédente à l’occasion du Congrès archéologique de France, mais dans une version augmentée) ; P. Jérôme Charbonnel, Origine et histoire abrégée de l’église de Mende, Mende, Privat (impr.), 1859. 4. Ad Lozère, G 1092, fo 177 r. 5. Ad Lozère, G 699, un cahier non folioté.

La connaissance que les historiens de l’art ont de la cathédrale de Mende repose avant tout sur sa façade occidentale à deux clochers, dont la célébrité est en grande partie due à celui 1 construit au nord-ouest (fig. 1). Admiré depuis longtemps, l’ouvrage est attribué à l’évêque François de La Rovère (1504-1524) et vient compléter l’œuvre d’achèvement du bâti engagée par son frère Clément (1483-1504) peu après son élection en agrandissant la cathédrale de deux travées à l’ouest. La construction du clocher sud serait due, quant à elle, au seul financement du chapitre. Encore répétée aujourd’hui, cette idée est devenue un fait acquis depuis la monographie de la cathédrale menée par l’ancien archiviste départemental, Charles Porée (1872-1940), devenue l’incontournable référence pour qui s’intéresse au monu2 ment. Avant lui, au milieu du xixe siècle, d’autres auteurs, principalement des ecclésiastiques, ont rédigé des travaux aux conclusions quelque peu différentes, voire très éloignées, 3 de celles de Charles Porée. Pour étayer leur propos, les chercheurs du xixe et du début du xxe siècle, qui ont consacré de longues pages à la construction de la cathédrale, ont largement mis à profit les sources manuscrites conservées. Aussi, comparé à d’autres chantiers, celui de la cathédrale de Mende apparaît-il particulièrement bien documenté. Sur la question des clochers élevés sous l’épiscopat de François de La Rovère, les textes les mentionnant n’ont pas été exploités de la même façon. Dans les écrits du xixe siècle, ils s’intègrent dans un discours plus général sur la fin des travaux et le rôle tenu par l’évêque dans ce chantier et sont alors vus superficiellement, pourrait-on dire, et par rapport aux informations qu’ils délivrent, l’intérêt ayant plutôt été porté sur les datations et les différents intervenants. À l’inverse, Charles Porée fait de ces sources une lecture bien plus attentive qui lui permet d’élaborer un discours plus riche et argumenté que ceux de ses prédécesseurs. Ce sont justement cette rigueur scientifique et le travail fait sur le document qui ont assis son travail comme la grande référence à laquelle tout chercheur se réfère. Ces auteurs ont ainsi pu s’appuyer sur le compte-rendu de la délibération capitulaire du 26 mai 1508 4 – qui fixe l’aspect général et financier de la future façade occidentale, – et sur l’accord définitif du programme architectural conclu le 9 juillet qui, en outre, décrit précisément le 5 déroulement des événements depuis la fin du mois de mai précédent.


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Fig. 1 Mende, cathÊdrale, façade occidentale.


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Fig. 3 Mende, cathédrale, clocher nord, écu des Della Rovere flanqué du monogramme de François. Fig. 4 Mende, cathédrale, première culée nord, écu des Della Rovere au monogramme de Clément.


DĂŠtail du clocher nord de la cathĂŠdrale de Mende.


Jacques Dubois

Maître de conférences en histoire de l’art médiéval, université de Toulouse – Jean-Jaurès

Travaux et commandes artistiques chez les grands prélats du Midi, vers 1470-1520 89

1. Pour les plus importantes : Louis de Lacger, Louis d’Amboise, évêque d’Albi (1474-1503) : l’homme d’État et le protecteur des arts, t. 1, Albi, Imprimerie coopérative du Sud-Ouest, 1950 ; Le Réformateur religieux, t. ii, 1954 ; Geneviève Souchal, « Le mécénat de la famille d’Amboise », Bulletin de la Société des antiquaires de l’Ouest et des musées de Poitiers, t. xiii, 1976, p. 511-519 ; Jean-Louis Biget, Sainte-Cécile d’Albi : sculptures, Graulhet, Éditions Odyssée, 1997 ; Jacques Dubois, « Les commandes artistiques de Louis Ier d’Amboise, évêque d’Albi (1474-1503) », conférence tenue au musée Toulouse-Lautrec, palais de la Berbie, Albi, 17 juin 2010. 2. P. Rouleau, « Jean Marre, évêque de Condom (1436-1521). Étude biographique suivie de l’Instruction au roi Louis XII », Revue de Gascogne, t. xxv, 1930, p. 5-23, 49-71 et 108-122. 3. Parmi les études qui lui ont été consacrées : T. de Champelays, « Notes sur l’ancienne église cathédrale de Mirepoix. Épiscopat de Philippe de Lévis (1493-1537) », Bulletin monumental, t. xii, 1884, p. 591-619 ; Clémence-Paul Duprat, « Les travaux de Philippe de Lévis, évêque de Mirepoix (1497-1537). L’ancien palais de l’évêché de Mirepoix », Bulletin monumental, t. xcvi (4), 1937, p. 409-423 ; et plus récemment, Bruno Tollon, « Le mécénat de Philippe de Lévis », dans Auger de Gogenx (1279-1309) : les cahiers de Lagrasse, Sète, Nouvelles Presses du Languedoc, 2010, p. 225-239.

Le Midi occidental souffre encore de l’absence d’une étude générale consacrée à l’activité artistique vers 1500. Le renouvellement de la recherche en histoire de l’art sur la fin du Moyen Âge, plutôt centré sur la partie septentrionale du royaume, justifie la nécessité de combler cette lacune scientifique, alors même que la production artistique a été des plus intenses dans le Midi. À l’examen bibliographique, le rôle de l’Église dans les commandes apparaît essentiel. Les grandes familles de la noblesse qui avait pu s’illustrer auparavant dans ce rôle sont alors relayées par les prélats. Les quelques rares études monographiques consacrées à certains grands ecclésiastiques abordent la question de leur investissement en matière d’art mais sont, pour ce qui est de cet aspect-là, largement dépassées, car trop souvent anciennes. Les dépouillements bibliographiques font ressortir trois personnalités dominantes qui s’illustrent par l’importance de leurs commandes – tant en nombre qu’en qualité – et la diversité des domaines touchés : Louis Ier d’Amboise (vers 1433/1435-1503), Jean Marre (14361521) et Philippe de Lévis (1466-1537). Le premier, qui a fait l’objet du plus grand nombre 1 d’études, a été évêque d’Albi de 1474 à sa mort. Le deuxième, moins connu malgré la notoriété dont il a bénéficié de son vivant, a un parcours très différent du précédent, mais a connu une ascension tout aussi rapide. Après avoir été moine à Simorre, il est nommé prieur 2 d’Eauze de 1463 à 1496, puis évêque de Condom de cette année-là à sa mort. Enfin, Philippe de Lévis, issu de la noblesse locale, obtient les bénéfices qui lui permettent de se rapprocher de sa terre familiale de Lagarde en devenant définitivement évêque de Mirepoix en 1497, prieur de Camon en 1498 et abbé de Lagrasse en 1501 ; bénéfices qu’il conserve jusqu’à sa 3 mort. Dans une moindre mesure, sont à signaler d’autres prélats, à la biographie plus ou moins bien connue et cernée, tels Pierre d’Abzac (1427-1502), entre autres abbé de Lagrasse (1465-1495 ; 1498-1501), évêque de Rieux à partir de 1480, évêque de Lectoure à partir de 1487, puis archevêque de Narbonne à partir de 1495 ; Antoine Alaman, évêque de Cahors de 1465 à 1474, puis de 1476 à 1497 ; Jean de Foix, évêque de Comminges de 1466 à 1499 ; Jean Vigier, évêque de Lavaur de 1469 à 1497 ; Jean d’Auriole, évêque de Montauban de 1491 à 1519 et Jean III de Cardailhac, abbé de Belleperche de 1485 à 1543.


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Fig. 1 Cahors, cathédrale Saint-Étienne, cloître, galerie orientale ouvrant sur la chapelle Saint-Gausbert, vers 1495-1500.


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Fig. 2 Condom, cathédrale Saint-Pierre, vue intérieure depuis le sud-ouest.


Hans Hammer, élévation de la flèche de la cathédrale de Strasbourg, avant 1490, musée de l’Œuvre Notre-Dame de Strasbourg.


Florian Meunier Conservateur en chef du patrimoine au musée du Louvre, département des objets d’art

Les tours et flèches flamboyantes, de Mende à la France septentrionale : essai de dialogue 105

1. Bruno Penna, Les Manuscrits de Louis-François Le Sage (1762-1851) sur Caudebec et ses environs, Rouen, Musée de la marine de Seine, 2000 (édition du manuscrit Monuments civils et religieux et maisons particulières de Caudebec et de ses environs, 1827-1839, conservé à la bibl. mun. de Rouen). 2. Le projet de Justin Taylor et Charles Nodier d’éditer leurs Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France date de 1820. Voir en dernier lieu le cat. d’exp. : Lucie Goujard (éd.), Voyages pittoresques : Normandie 1820-2009, Milan, Silvana Editoriale, 2009.

L’air de famille que présentent les flèches des cathédrales françaises des xve et xvie siècles, plus marqué qu’aux siècles précédents, peut-il être confirmé par les sources d’archives et les échanges artistiques ? Les traits communs sont parfois évidents d’un point de vue monumental, mais certaines constructions sont mieux documentées que d’autres. Dans ce domaine, les églises normandes et les cathédrales de Rouen, Beauvais et Troyes éclairent la connaissance des conditions qui ont présidé, autour de 1500, à la construction de ces grandes tours, aussi solides et massives à leur base qu’ajourées dans leurs parties hautes et dont Mende possède deux très beaux exemples.

Les flèches, objets de constantes restaurations L’étude des flèches et des tours passe par une critique d’authenticité qui n’est pas toujours simple à établir, les nombreux remaniements n’ayant pas tous laissé une trace dans les archives. À Mende, une inscription figurant à l’intérieur de la flèche nord de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat confirme qu’elle fut endommagée par un incendie et reconstruite à l’identique au xixe siècle. Soumises à la foudre et aux tempêtes, exposées à des incendies accidentels, les flèches ont souvent changé d’aspect, mais leur état avant le xxe siècle est rarement connu par des documents figurés. La Normandie est avantagée à cet égard par la relative fréquence de vues romantiques réalisées par les artistes anglais et français du début du xixe siècle et 1 certains érudits locaux, tels Eustache Hyacinthe Langlois et Louis-François Lesage, plus conscients qu’ailleurs qu’un monde ancien était en train de disparaître. C’est ainsi que l’on 2 peut observer, dans de belles vues de « voyages pittoresques », les flèches bordant le cours de la Seine qu’empruntaient les artistes sur le chemin vers Paris : Harfleur, Norville, Caudebec-en-Caux et surtout Rouen, dont la flèche de croisée de la cathédrale fut souvent illustrée avant son incendie en 1822.


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Fig. 2 Saint-Maurice-d’Ételan (Seine-Maritime), flèche du xixe siècle ornée d’une couronne.

Fig. 3 Caudebec-en-Caux (Seine-Maritime), flèche dotée de couronnes mariales, vers 1490-1500, restaurée à l’identique au xixe siècle. Vue de l’est.


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Façade est du Grand clocher de la cathÊdrale de Mende.


Samuel Drapeau Docteur en histoire de l’art médiéval. Umr 5607 Ausonius, université Bordeaux Montaigne

Le Grand clocher de Mende et les clochers-tours flamboyants : modèles et symboliques dans le grand Sud-Ouest à la fin du Moyen Âge

1. Ad Lozère, G 1092, fo 177, 26 mai 1508.

Présentation des clochers mendois

2. Annuaire de la Lozère, année 1832, p. 122. Antoine de la Roquette, chanoine et prieur d’Aumont, semble un proche de l’évêque François de La Rovère. Il est prévôt de l’évêque lorsqu’il pose la première pierre du clocher nord. En tant que chanoine, il est symboliquement, auprès du collège cathédral, le garant de l’investissement financier de l’évêque. L’official de l’évêque Pierre Capelle pose, lui, la pierre du second clocher. Il est également vicaire. L’attachement de l’un au collège et de l’autre à l’évêque participe de la différenciation des deux clochers depuis le xixe siècle. Le clocher de l’évêque (nord) était symboliquement commencé par un chanoine, assurant la bienveillance du chapitre sur l’œuvre dite épiscopale ; l’official de l’évêque représentait le prélat et garantissait son engagement dans le deuxième clocher exigé par les chanoines.

Un acte capitulaire du 26 mai 1508 garde en mémoire la décision du chapitre de la cathédrale de Mende de lancer le chantier des deux clochers, grâce à la puissance financière de 1 l’évêque François de La Rovère. La même année, un document daté du 9 juillet nous informe que l’on a formé une commission pour étudier l’implantation des clochers sur la façade occidentale. À cette date, certains chanoines sont opposés à l’évêque qui souhaite édifier les clochers directement sur les chapelles occidentales des bas-côtés de la nef. Bernard Anthony, architecte de la cathédrale de Rodez, est appelé pour participer à l’expertise. C’est un architecte de formation gothique très classique, remplacé trois ans plus tard par Antoine Salvanh pour la réalisation du clocher ruthénois. La commission confirme les craintes de certains chanoines et conclut que les bas-côtés ne peuvent supporter seuls une telle charge. Les clochers de Mende seront donc fixés en avant des façades latérales pour ne pas s’appuyer entièrement sur les bas-côtés ; c’est-à-dire qu’ils feront saillie en plan sur les façades nord et sud. Dans nombre de ces grands clochers de la fin du Moyen Âge, les questionnements autour du branle des cloches et de la robustesse des fondations sont prépondérants. Ainsi, pour établir les deux clochers, l’évêque, au nord, comme les chanoines, au sud, voient leur territoire rogné ; au sud, on doit même détruire la bibliothèque des chanoines. La première pierre du clocher nord, surnommé aujourd’hui « le Grand clocher », est posée le 2 août 1508 par le chanoine Antoine de la Roquette ; le clocher sud, plus communément appelé « Clocher des chanoines », voit sa première pierre posée le 13 juillet 1509 par Pierre 2 Capelle, official de l’évêque. Chacun de ces deux représentants est impliqué auprès du chapitre et de l’évêque. Ils garantissent l’union du chapitre avec l’évêque dans l’établissement des deux œuvres. Le chantier est toujours actif en 1515, car l’inventaire des archives 3 du chapitre cite le maître Jean Macel comme architecte des clochers. C’est donc à tort 4 qu’on fixe la fin du chantier à l’année 1512. Les noms de deux autres maîtres d’œuvre sont 5 6 également cités, celui d’Antoine Maurin, en 1508, et celui de Jean Peytavin. Rien ne prouve que le premier ait travaillé aux clochers tandis que le second est annoncé comme le 7 successeur de Jean Macel.

3. Ad Lozère, G 1417, fo 336, 1515. Cité par Charles Porée comme provenant de l’Inventaire des archives du chapitre dans Charles Porée, Études historiques sur le Gévaudan, Paris, Picard, 1919. 4. Cette date, avancée par l’abbé Bosse en 1857, comme terminus ante quem pour l’édification du clocher nord, est alors reprise durant tout le xxe siècle. Aujourd’hui, de nombreux éléments contredisent cette date, bien évidemment erronée.

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Mende, façade occidentale de la cathÊdrale.


Hélène Rousteau-Chambon Professeur en histoire de l’art moderne, université de Nantes

La cathédrale de Mende, un exemple du gothique des Temps modernes 145

1. Louis Bosse, « La cathédrale de Mende et ses clochers », Congrès archéologique de France, Mende, Valence, Grenoble, 1858, p. 45-63 ; A. Ferdinand, « Travaux exécutés à la cathédrale au xviie siècle », Bulletin de la Lozère, 1865, p. 23-30 ; Charles Porée, Notice sur la construction de la cathédrale de Mende, Paris, Imprimerie nationale, 1903 ; Léon Costecalde, Monographie illustrée de la cathédrale de Mende, Mende, 1932 ; J. Nougaret, « La cathédrale de Mende », dans Ernesto Brivio, Repertorio delle cattedrali gotiche, Milan, 1986 ; Isabelle Darnas et Hélène Duthu, La Cathédrale de Mende : guide du visiteur, Carcassonne, Centre d’archéologie médiévale du Languedoc, 1993. 2. Sur ce sujet, voir Olivier Christin, Une révolution symbolique : l’iconoclasme huguenot et la reconstruction catholique, Paris, Les Éditions de Minuit, 1991 ; Janine Garrisson, Nouvelle Histoire de la France moderne : guerre civile et compromis, 1559-1598, t. ii, Paris, Seuil, 1991. 3. Certaines pièces ont été publiées par l’abbé Bosse, « Reconstruction de la cathédrale de Mende en 1599 », Bulletin de la Lozère, 1860 (prix-fait avec J. Despeisse) ; A. Ferdinand, op. cit. ; et Charles Porée, « La construction de la cathédrale de Mende », Bulletin trimestriel de la société d’agriculture, industrie et arts du département de la Lozère, t. iv, 1808-1809, p. 125-194.

Le 25 décembre 1579, les protestants menés par le capitaine Merle s’emparaient de la ville de Mende. Deux ans plus tard, ils exigèrent des habitants la somme de 4000 écus (somme demandée par les troupes de Condé pour se retirer du Gévaudan) pour que la cathédrale soit épargnée. Les habitants repoussant cette proposition, des étais de bois auxquels les soldats de Merle mirent le feu furent placés dans la partie inférieure des piliers de la nef, ce qui 1 entraîna la chute des voûtes du xive siècle. La cathédrale de Mende s’est donc trouvée au cœur des conflits religieux dans la seconde moitié du xvie siècle. Dans ces années, le cas de Mende est loin d’être unique : les cathédrales de Lodève, de Bazas ou encore d’Orléans, sont détruites par les troupes des huguenots tandis que la cathédrale de Lectoure est dévastée par les armées « royalistes ». Il existe alors une 2 véritable stratégie destructive. Après l’édit de Nantes (1598), commencent les reconstructions. Nous connaissons assez précisément les travaux menés à Mende grâce au prix-fait de 1599 et à quelques autres 3 pièces d’archives complémentaires parfois publiées. En 1599, il est ainsi décidé de voûter le vaisseau central et les bas-côtés, de reconstruire les piliers détruits, de rebâtir les chapelles méridionales, de refaire les culées et les arcs-boutants, de réédifier les arcades, de percer une 4 rosace dans un mur occidental à édifier, et de reconstruire la charpente et la toiture. Seuls les clochers du xvie siècle, le mur et les chapelles septentrionales ainsi qu’une partie du chœur ne sont pas cités dans cette campagne de travaux ; ils subsistent donc. Dans ce prixfait, les commanditaires insistent sur la reprise indispensable des formes anciennes pour cette reconstruction. Mais cette permanence formelle existe-t-elle réellement à Mende ? Pour répondre à cette question, il convient de commencer par cerner le rôle des commanditaires, évêques et chapitre, avant de s’intéresser aux artisans locaux plus ou moins consciencieux, plus au moins honnêtes qui ont œuvré dans la cathédrale au xviie siècle. L’architecture de la cathédrale dans ses formes « gothiques » pourra ainsi être mieux appréhendée.


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Fig. 1 Mende, façade occidentale de la cathédrale.


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Fig. 2 Mende, façade sud de l’abside de la cathédrale.


DĂŠtail du couronnement de faĂŽte de la nef.


Jackie Estimbre

Chargée de la valorisation du patrimoine & de l’architecture, Crmh, Drac Occitanie – site de Montpellier

Travaux et valorisation d’une restauration exemplaire 155

Au moment où la ville de Mende célébrait solennellement les « 500 ans des clochers », la direction régionale des Affaires culturelles lançait un vaste programme de travaux d’environ deux ans pour les restaurer. L’édifice n’avait pas connu d’intervention d’une telle envergure – même si elles étaient d’une tout autre nature – depuis la fin du xixe et au tout début du xxe siècle. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 9 août 1906, propriété de l’État et, à ce titre, relevant des services patrimoniaux du ministère de la Culture et de la Communication, la cathédrale de Mende a toujours fait l’objet d’un entretien régulier qui l’a maintenue dans un état général satisfaisant. Cependant, si aucun problème majeur d’ordre structurel n’affectait directement les deux clochers asymétriques, ils ont subi, au cours des dix dernières années, d’importants désordres essentiellement liés au vieillissement de certaines maçonneries ou de décors. Par ailleurs, la terrasse centrale qui les relie, au-dessus de la façade occidentale, présentait de graves défauts d’étanchéité. L’état préoccupant de ces parties les plus hautes et les plus exposées aux intempéries exigea l’élaboration d’un programme de restauration ambitieux regroupant toutes les interventions jugées les plus urgentes à la fois pour la conservation de l’édifice et la sécurité publique. Ce diagnostic précis a pu être établi grâce à l’étude préalable réalisée en 2010 par JeanLouis Rebière, architecte en chef des monuments historiques (Acmh), à la demande de la conservation régionale des monuments historiques (Crmh). Le bilan sanitaire complet de l’édifice a ainsi pu être dressé, en évaluant les interventions prioritaires à réaliser. Les nombreux relevés (plans, coupes, élévations, etc.), réalisés à cette occasion, comme les mesures conservatoires exécutées, dès l’année suivante, par une société de travaux acrobatiques, permirent de mettre en place le programme des travaux effectués entre 2012 et 2015. Sous la maîtrise d’œuvre de Christophe Amiot, Acmh, et la maîtrise d’ouvrage de la Crmh, les travaux ont été réalisés par six entreprises en deux phases. La première tranche (2012-2014) s’est attachée au traitement du clocher du chapitre et de la terrasse de la façade occidentale ; la seconde tranche (2013-2015) portait sur le clocher de l’évêque et traitait conjointement la couverture de la nef, le porche ouest et le paratonnerre.


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Planches


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Planche i Plan de la cathÊdrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende, avec vocable des chapelles.


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Planche xv Mende. Plan de la cathédrale, projet de porche, élévation, échelle 0,02 pour mètre, no 34, dessin architecte, 1889, plan sur papier, 1 Fi 146, archives départementales de la Lozère.



Glossaire 205

Abside (n. f.) : dans une église, volume architectural semi-circulaire ou polygonal, situé à l’extrémité orientale et où s’effectue une partie importante du culte. Absidiole (n. f.) : abside secondaire, située à proximité de l’abside. Anniversaire (n. m.) : voir Obit. Arc brisé (n. m) : arc formé par la réunion de deux segments de cercle opposés se rejoignant à la clef en formant un angle. Forme que l’on associe souvent à l’esthétique gothique. Arc en accolade (n. m.) : Aarc formé par la réunion de deux segments de cercle d’abord opposés puis devenant tangents pour se rejoindre à la clef. Architrave (n. f.) : partie inférieure d’un entablement et qui repose sur des colonnes ou sur des piliers. Archivolte (n. f.) : tout ou partie de la mouluration du front d’un arc ou d’une voussure. Bahut (mur) (n. m.) : maçonneries basses sur lesquelles reposent des piliers, des grilles, des panneaux de bois, etc. Bandeau (n. m.) : moulure ornementale horizontale, en saillie sur un pan de mur.

Baptistère (n. m.) : édifice des premiers siècles du christianisme où l’on pratique le baptême par immersion dans un bassin appelé piscine. Dans certaines régions d’Europe, il continue d’être utilisé durant le Moyen Âge et la période moderne. Bas-côté (n. m.) : dans un édifice dont le plan est organisé en plusieurs vaisseaux longitudinaux, vaisseau latéral de plus faible hauteur et de plus faible largeur que le vaisseau principal. Basilique (n. f.) : dans l’architecture religieuse chrétienne, type spatial qui se caractérise par une longue nef distribuée par un vaisseau central, encadré de chaque côté d’un ou deux vaisseaux latéraux moins élevés, et terminé à l’est par une abside semi-circulaire. Ce plan peut s’accompagner d’un transept, un vaisseau transversal qui vient séparer la nef de l’abside. Bâtière (n. f.) : toit formé de deux versants à forte pente et s’appuyant sur deux murspignons. C’est également un motif décoratif fréquent au sommet des contreforts ou des culées d’arcs-boutants. Berceau (n. m.) : couvrement d’un espace au moyen d’une voûte continue, en pierre ou en bois, et qui suit le même profil sur toute la longueur du volume voûté.

Bourdon (n. m.) : nom donné aux grosses cloches dans les beffrois, qui peuvent peser jusqu’à plusieurs tonnes. Le bourdon est également le son émis par la cloche après le fondamental. Le fondamental est quant à lui le son produit au moment où le battant frappe la cloche. Calice (n. m.) : coupe sacrée utilisée au cours de la consécration eucharistique. Civitates (n. f.) : durant l’Antiquité romaine, unité administrative désignant à la fois un territoire et son chef-lieu, et qui ont généralement une même occupation ethnique. Avec la christianisation, les villes-centres sont généralement dotées d’un siège épiscopal et, par la suite, la civitas (cité en latin) va désigner la partie d’une ville où se situe la cathédrale, par opposition au bourg. Chambre des cloches (n. f.) : salle d’un clocher aménagée pour accueillir le beffroi, la structure charpentée à laquelle on fixe les cloches. Chanoine (n. m.) : clerc attaché au service liturgique d’une cathédrale ou d’une collégiale et vivant généralement selon une règle. Il vit la journée parmi les autres chanoines mais possède sa propre habitation à proximité de l’édifice où il officie.


Index des lieux 208

Agen 71, 72, 91, 99, 101, 103, 122 Cathédrale Saint-Étienne 36, 48, 92, 124, 150 Collégiale Saint-Caprais (puis cathédrale) 68, 121, 167 Aix-la-Chapelle (Allemagne) 10 Alan (Haute-Garonne) 96, 99 Château,22, 96 Chapelle castrale 24, 59, 79 Albi 79, 89, 90, 95, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 110, 124, 125, 133, 142, 153 Ancienne église Sainte-Martianne 99 Cathédrale Sainte-Cécile 97 Collégiale Saint-Salvi 99 Palais de la Berbie 89, 95, 102

Avignon 15, 16, 27, 28, 29, 51, 53, 54, 59, 62, 67, 101, 133 Église des Célestins 51 Palais des papes 53, 59 Chapelle Saint-Michel 53 Grande Audience 59 Grande Chapelle 59 Palais du cardinal Aubert (puis Livrée d’Albano, puis hôtel de Ville) 8

138, 141, 142 Cathédrale Saint-André 124, 125, 130, 137 Clocher Pey-Berland 125, 130, 135, 137 Collégiale Saint-Seurin 137 Église Sainte-Eulalie 137 Église Saint-Michel 137 Bordelais 124, 129, 130, 137, 138

Baléares (îles) 51

Bouilhonnac (Aude) 96 Château 96

Balsièges (Lozère) 79 Château 79

Bourges 53, 72, 110, 146 Cathédrale Saint-Étienne 110

Barcelone (Espagne) 51, 53, 61, 64 Palais d’Éléonore de Sicile 56

Bourgogne (duché) 53 Bourgs-sur-Colagne (Lozère) 16 Chirac (ancienne commune) 16 Prieuré Saint-Sauveur 16

Alès (Gard) 147, 148, 153 Cathédrale Saint-Jean-Baptiste 147

Baron (Oise) 135 Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul 135

Amiens 11, 99, 110 Cathédrale Notre-Dame 11, 99, 110

Batalha (Portugal) 62 Monastère de Sainte-Marie 62

Angleterre (royaume) 10, 11, 15

Bayeux (Calvados) 114 Cathédrale Notre-Dame 114

Bruges (Belgique) 54

Bazas (Gironde) 130, 137, 145, 164 Cathédrale Saint-Jean-Baptiste 137

Caen 95, 114, 124 Église Saint-Pierre 124

Beaumarchés (Gers) 130, 133, 141 Collégiale Notre-Dame 130, 133, 141

Cahors 10-, 89, 91, 92, 93, 102 Cathédrale Saint-Étienne 92

Beauvais 11, 72, 105, 110, 114, 115 Cathédrale Saint-Pierre 11, 72, 105, 110, 114, 115

Cambrai (Nord) 51, 53

Angoulême 10, 129, 141 Cathédrale Saint-Pierre 10, 129, 141 Anvers (Belgique) 116 Cathédrale Notre-Dame 116 Aragon (royaume) 53, 54, 56 Arles (Bouches-du-Rhône) 51 Armagnac (comté) 53, 54, 56 Arras 102, 116 Ars-en-Ré (Charente-Maritime) 135 Aubusson (Creuse) 38 Manufacture royale de tapisseries 38 Auch 91, 101, 124, 125, 130, 135, 141, 142, 148, 150 Cathédrale Sainte-Marie 91, 148, 150 Aunis 124 Auvergne (comté) 17, 32, 146, 150, 164 Auxerre 16 Abbaye Saint-Germain 16

Bédouès-Cocurès (Lozère) xx-xx Bédouès (ancienne commune) 19, 20, 29 Chapelle Saint-Saturnin 21 Collégiale Notre-Dame 19, 20, 21, 29

Brabant (duché) 61, 116 Bretagne 84, 124

Camon (Ariège) 89, 93, 98, 100 Prieurale Notre-Dame 98 Prieuré 93 Carcassonne 53, 54, 96

Bellegarde-Marsal (Tarn) 101

Carentan (Manche) 114

Berne (Suisse) 106, 115 Collégiale Saint-Vincent 115

Carrare (Toscane, Italie) 44

Berry (duché) 53

Catalogne (principauté) 53, 61, 62, 67

Béthisy-Saint-Pierre (Oise) 84, 135 Église Saint-Pierre 135

Caudebec-en-Caux (Seine-Maritime) 84, 105, 106, 107 Église Notre-Dame 84, 105, 107

Bologne (Italie) 56

Causse de Mende (relief) 5

Bordeaux 10, 72, 124, 125, 126, 127, 130, 135, 137,

Cévennes (massif montagneux) 7, 19, 25, 29


Index des noms 212

Abadie, Paul, architecte du xixe siècle, 126

comte de Ribagorce et Empúries, 56

Beaumarchais, Eustache de, sénéchal de Toulouse, 141

Abounenc, Joseph, sculpteur pour les stalles de la cathédrale de Mende, 38

Armagnac, famille noble de seigneurs gascons, 130, 133, 141

Abzac, Pierre d’, évêque de Rieux, de Lectoure puis archevêque de Narbonne, 89, 93, 95, 96, 98, 103

Arvei, Pere, maître-maçon barcelonais du xive siècle, 64

Beaune de Semblançay, Renaud de, évêque de Mende, puis archevêque de Bourges et Sens, 146

Agericus, évêque de Verdun, 10 Agricola, évêque de Chalon-sur-Saône, 10 Agroecius, notable de Narbonne, 9 Alaman, Antoine, évêque de Cahors, 89, 91, 93 Alamant, Rich (Henri l’Allemand), sculpteur à la cathédrale de Palma 61 Alavoine, Jean-Antoine, architecte des xviiie et xixe siècles, 114 Alguaire, Bernat d’, maître-maçon à la cathédrale de Tortosa, 53 Amboise, famille noble française, 79, 89, 90, 91, 95, 97, 98 ,99, 100, 101, 102, 103, 111, 141 Amboise, Georges d’, archevêque de Rouen, 111, 114 Antony, Bernard, maître d’œuvre de la cathédrale de Rodez, 78 Aragó, Pere d’ (Pierre d’Aragon et Anjou),

Aubert, Audouin, cardinal et évêque de Paris, puis Auxerre, puis Maguelone, 53 Auriole, Jean d’, évêque de Montauban, 89, 91, 97, 99, 100, 102 Avitus, évêque de Clermont-Ferrand, 10 Balaguer, Pere, maître-maçon à la cathédrale de Valence, 53

Becquet, Robert, architecte à la cathédrale de Rouen, 114 Bérault, Antoine, maître-charpentier de la cathédrale de Mende, 83 Berenguer II, Ramon, comte de Barcelone, 64 Berland, Pey, archevêque de Bordeaux, 124, 137 Berry, Jean de, duc de Berry, 53

Barjon, Antoine, marchand de tapisseries d’Aubusson, 38

Berthomé, Mathurin, maître-maçon à l’église Notre-Dame de Niort, 129

Barton II, Jean, évêque de Limoges, 72

Bigot, Joseph, architecte du xixe siècle, 106

Bastit, Jean, notaire de Mende, 32

Blanc, doreur pour le jubé de la cathédrale de Mende, 48

Bastonnier, Pierre, menuisier de Mirepoix, 98 Baudry de Piencourt, François-Placide de, évêque de Mende, 38 Beau Soleil, Simon de évêque de Lavaur, 98 Beauce, Jean de(Jean Texier), architecte des xve et xvie siècles, 108, 114, 115

Bleuet, Florent, maître-maçon à la cathédrale de Troyes, 110 Bondifflart, Robin, lissier de Garganvillar, 102 Borromée, Charles, archevêque de Milan, 153 Bourbon-Condé, Henri Ier de, prince de Condé, 145

Brulley de La Brunière, Claude-Jean-Joseph, évêque de Mende, 44 Cabanel, Pierre, entrepreneur à la cathédrale d’Alès, 147 Cabizel, Antoine, menuisier pour le buffet d’orgues de la cathédrale de Mende, 36 Camprodon, Arnau de, sculpteur du xive siècle, 53 Canet, Antoni, lapicide catalan du xve siècle, 61 Capelle, Pierre, official de l’évêque de Mende, 119 Cardailhac, Jean III de, abbé de Belleperche, 89, 96 Catherine de Médicis, reine de France et régente, 146 Cénaret, Bernard de, prévôt du chapitre cathédral de Mende, 84 Chambiges, Martin, architecte des xve et xvie siècles, 114, 115 Chapelier, Jean, entrepreneur à la cathédrale d’Alès, 147 Chaptal, Jean-Antoine, chimiste et ministre de l’Intérieur de la 1re République française, 49 Charlemagne, empereur franc, 10 Charles VIII, roi de France, 103 Charles IX,



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