Les Étrusques et la Méditerranée. La cité de Cerveteri (extrait)

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Les Étrusques et la Méditerranée. La cité de Cerveteri Lens, musée du Louvre-Lens, 5 décembre 2013-10 mars 2014  Rome, Palais des Expositions, 14 avril-20 juillet 2014

L’exposition bénéficie du soutien exceptionnel d’Eiffage et de la Fondation d’entreprise Total.

© musée du Louvre-Lens, Lens, 2013 © Somogy éditions d’art, Paris, 2013 ISBN musée du Louvre-Lens : 978-2-36838-015-4 ISBN Somogy éditions d’art : 978-2-7572-0762-8 Dépôt légal : décembre 2013 Imprimé en Italie (Union européenne)


Les

Étrusques et la

Méditerranée

La cité de

Cerveteri


EXPOSITION Les Étrusques et la Méditerranée. La cité de Cerveteri Lens, musée du Louvre-Lens, 5 décembre 2013-10 mars 2014 Rome, Palais des Expositions, 14 avril-20 juillet 2014

Une exposition organisée par le MUSÉE DU LOUVRE-LENS Président Jean-Luc Martinez

la RÉGION NORD - PAS-DE-CALAIS Président Daniel Percheron

Administratrice générale Catherine Ferrar

COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION ET DIRECTION DE L’OUVRAGE

Chef du service Conservation Luc Piralla et

Presidente f.f. Daniela Memmo d’Amelio Direttore generale Mario De Simoni Responsabile Attività Scientifiche e Culturali Matteo Lafranconi Direttore operativo Daniela Picconi

la SAPIENZA, UNIVERSITÀ DI ROMA Direttore del Dipartimento di Scienze dell’Antichità Enzo Lippolis

Directeur Xavier Dectot

l’AZIENDA SPECIALE PALAEXPO – PALAZZO DELLE ESPOSIZIONI

avec la participation exceptionnelle de

en collaboration avec le MUSÉE DU LOUVRE Président-directeur Jean-Luc Martinez Administrateur général Hervé Barbaret Administrateur général adjoint Charlotte Lemoine Directeur par intérim du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines Françoise Gaultier le CONSIGLIO NAZIONALE DELLE RICERCHE

Françoise Gaultier et Laurent Haumesser, musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines Paola Santoro et Vincenzo Bellelli, Consiglio Nazionale delle Ricerche – Istituto di Studi sul Mediterraneo Antico Alfonsina Russo Tagliente et Rita Cosentino, Soprintendenza per i Beni Archeologici dell’Etruria Meridionale COMITÉ SCIENTIFIQUE Maria Paola Baglione Gilda Bartoloni Dominique Briquel Luca Cerchiai

en association avec

Presidente Luigi Nicolais

Giovanni Colonna

le MINISTERO DEI BENI E DELLE ATTIVITÀ CULTURALI E DEL TURISMO

Direttore del Dipartimento Scienze Umane e Sociali, Patrimonio Culturale Riccardo Pozzo

Michel Gras

Ministro Massimo Bray Segretario generale Antonia Pasqua Recchia Direttore generale per le Antichità Luigi Malnati Direttore regionale per i Beni Culturali e Paesaggistici del Lazio Federica Galloni le MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION Ministre Aurélie Filippetti Directeur général des Patrimoines Vincent Berjot

Direttore dell’Istituto di Studi sul Mediterraneo Antico Paola Santoro

Filippo Delpino Volker Kästner Paolo Liverani Antonella Magagnini Adriano Maggiani Alessandro Naso

la SOPRINTENDENZA PER I BENI ARCHEOLOGICI DELL’ETRURIA MERIDIONALE Soprintendente Alfonsina Russo Tagliente

Francesco Roncalli Maurizio Sannibale Judith Swaddling Mario Torelli Stéphane Verger Nancy A. Winter SCÉNOGRAPHIE BGC Studio, agence d’architecture Margaret Gray, graphiste


ÉDITION

PRÊTEURS

MUSÉE DU LOUVRE-LENS

ALLEMAGNE

Coordination et suivi éditorial Lucie Streiff-Rivail Iconographie Charles-Hilaire Valentin

Berlin, Staatliche Museen zu Berlin, Antikensammlung Würzburg, Universität Würzburg, Martin-von-Wagner Museum, Antikensammlung BELGIQUE

Personnel des archives photographiques et des archives historiques de la Soprintendenza per i Beni Archeologici dell’Etruria Meridionale ayant collaboré à la recherche, l’acquisition et la coordination de l’iconographie : Recherche et acquisition de la documentation photographique et coordination Maria Laura Falsini et Massimiliano Piemonte Recherche et acquisition de la documentation historique graphique Simonetta Massimi

SOMOGY ÉDITIONS D’ART Directeur éditorial Nicolas Neumann Coordination et suivi éditorial Sarah Houssin-Dreyfuss, assistée d’Astrid Bargeton Conception graphique François Dinguirard Contribution éditoriale Marion Lacroix, avec la collaboration de Colette Malandain Traduction de l’italien vers le français Renaud Temperini et Geneviève Lambert Traduction de l’anglais et de l’allemand vers le français Élisabeth Agius d’Yvoire Bibliographie Renaud Bezombes Index Céline Guichard et Aidal’Ed Fabrication Michel Brousset, Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros

Bruxelles, musées royaux d’Art et d’Histoire CITÉ DU VATICAN Museo Gregoriano Etrusco Museo Gregoriano Profano DANEMARK Copenhague, Ny Carlsberg Glyptotek FRANCE Antibes, musée d’Archéologie Marseille, département des Recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) Marseille, musée d’Histoire de Marseille Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, Médailles et Antiques Paris, Institut national d’histoire de l’art (INHA), bibliothèque, collections Jacques-Doucet Paris, musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines ITALIE Cerveteri, Soprintendenza per i Beni Archeologici dell’Etruria Meridionale, Museo Nazionale Archeologico Cerite Milan, collection particulière, Ing. Virginio et Rita Battanta Rome, Musei Capitolini Rome, Soprintendenza per i Beni Archeologici dell’Etruria Meridionale, Museo Nazionale Etrusco di Villa Giulia Rome, Soprintendenza al Museo Nazionale Preistorico Etnografico Luigi-Pigorini Rome, Università degli Studi di Roma la Sapienza, Polo Museale, Museo delle Antichità Etrusche e Italiche Santa Severa, Soprintendenza per i Beni Archeologici dell’Etruria Meridionale, Antiquarium di Pyrgi PAYS-BAS Amsterdam, Universiteit van Amsterdam, Allard Pierson Museum ROYAUME-UNI Londres, The British Museum


AUTEURS

Maria Paola Baglione (M. P. B.)

Volker Kästner (V. K.)

Barbara Belelli Marchesini (B. B. M.)

Jan Kindsberg Jacobsen (J. K. J.)

Vincenzo Bellelli (V. B.)

Paolo Liverani (P. L.)

Enrico Benelli (E. B.)

Antonella Magagnini (A. M.)

Dominique Briquel (D. B.)

Adriano Maggiani (Ad. M.)

Paolo Brocato (P. B.)

Natacha Massar (N. M.)

Stefano Bruni (S. B.)

Laura Maria Michetti (L. M. M.)

Ida Caruso (I. C.)

Helen Nagy (H. N.)

Karine Casal (K. C.)

Alessandro Naso (A. N.)

Luca Cerchiai (L. C.)

Laura Petacco (L. P.)

Katerina Chatziefremidou (Ka. C.)

Christoph Reusser (C. R.)

Raffaella Ciuccarelli (R. C.)

Francesco Roncalli (F. R.)

Fabio Colivicchi (F. C.)

Alfonsina Russo Tagliente (A. R. T.)

Cécile Colonna (C. C.)

Maurizio Sannibale (M. S.)

Rita Cosentino (Ri. C.)

Paola Santoro (P. S.)

Filippo Delpino (F. D.)

Jean-Christophe Sourisseau (J.-C. S.)

Flavio Enei (F. E.)

Judith Swaddling (J. S.)

Lucio Fiorini (L. F.)

Ellen Thiermann (E. T.)

Françoise Gaultier (F. G.)

Mario Torelli (M. T.)

Maria Donatella Gentili (M. D. G.)

Flavia Trucco (F. T.)

Michel Gras (M. G.)

Stéphane Verger (S. V.)

Laurent Haumesser (L. H.)

Nancy A. Winter (N. A. W.)

Gilles van Heems (G. v. H.)

Paolo Xella (P. X.)

Vincent Jolivet (V. J.)

Les œuvres exposées uniquement à Lens sont signalées dans les notices par un astérisque (*) ; les œuvres exposées uniquement à Rome sont signalées par deux astérisques (**).


REMERCIEMENTS

Les commissaires souhaitent remercier les prêteurs : Maria Paola Baglione, directeur, Museo delle Antichità Etrusche e Italiche, Polo Museale, Università degli Studi di Roma la Sapienza Virginio et Rita Battanta, collection particulière, Milan Éric Delaval, conservateur, musée d’Archéologie, Antibes Michel Draguet, directeur général, musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles Flemming Friborg, directeur, Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague Francesco di Gennaro, surintendant, Soprintendenza al Museo Nazionale Preistorico Etnografico Luigi-Pigorini, Rome Jochen Griesbach, conservateur, Martin-von-Wagner Museum, Antikensammlung, Universität Würzburg, Würzburg Wim Hupperetz, directeur, Allard Pierson Museum, Universiteit van Amsterdam, Amsterdam Antoinette Le Normand-Romain, directrice générale, Institut national d’histoire de l’art, Paris Michel L’Hour, directeur, département des Recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, Marseille Neil MacGregor, directeur, The British Museum, Londres Antonio Paoluccci, directeur, Musei Vaticani, Cité du Vatican

au service des Publics, Juliette Guépratte, Sylvie Lantelme, Arnaud Debève, Alexandre Estaquet-Legrand, Céline Marot, Erell Piette, Fabien Dufoulon, Géraldine Blutte, Gunilla Lapointe, Julie Decoin, Loraine Vilain, Ludovic Demathieu, Miryam Pol, Perrine Butz, Stéphanie Peichert, Stéphanie Vergnaud, Marine Lazarecki, Julie Lech, Évelyne Reboul, Virginie Labroche, Grégory Mortelette, Pascal Laffuma, Angélique Prévost, Isabelle Dupont et l’ensemble de l’équipe de réservation au service Communication et Relations extérieures, Raphaël Wolff, Karine Desombre, Karine Janowski, Bruno Cappelle, Anne Fauquembergue, Luc Herchin, Valérie Chevalier et Marie D’Agostino au service Maintenance et Exploitation, Vincent Fourmestraux, Rémi Miquet, Michael Baugnies, Bertrand d’Hennin, Éric Cassou-Ribéhart, Arnaud Nourry, Nicolas Froment, Florent Varupenne, Betty Pruvost et l’ensemble de l’équipe de la cafétéria au service Administratif et Financier, Audrey Cieniewski, Pierre-Olivier Delroisse, Alexandre Catrysse, Florence Dhaenens, Stéphanie Da Nazaré Parreira, Sylvie Ousselin et Debbora Guffroy les restaurateurs qui sont intervenus dans les ateliers de restauration du Louvre-Lens : Sandrine Gaymay, Jeanne-Marie Setton, Christine Verwaerde, Frédérique Berson, Catherine Lepeltier et Fabrice Rubiella

Claudio Parisi Presicce, président-directeur, Musei Capitolini, Rome Christine Poullain, directrice des musées, Marseille

au musée du Louvre

Bruno Racine, président, Bibliothèque nationale de France, Paris

Henri Loyrette et Jean-Luc Martinez, qui ont soutenu ce projet

Andreas Scholl, directeur, Staatliche Museen zu Berlin, Antikensammlung, Berlin

au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, Katerina Chatziefremidou, dont la collaboration a été particulièrement précieuse, Annabel Remy, Inès Cabanne, Christelle Brillault, Nathalie Brac de La Perrière, Christine Desse et Christophe Piccinelli, qui ont assuré la régie des œuvres, Sophie Saint-Amans, pour le suivi des campagnes photographiques, ainsi que Karine Casal et tous ceux qui ont apporté leur aide : Anne Coulié, Marie-Françoise Irissin, Ludovic Laugier, Giovanna Leo, Sophie Marmois, Néguine Mathieux, Daniel Roger et Arnaud Trochet

Ils remercient en outre tous ceux qui ont rendu possible cette exposition : Iva Berthon Gajsak et Giovanna Comana, de l’agence BGC Studio la graphiste Margaret Gray à l’Azienda Speciale Palaexpo – Palazzo delle Esposizioni Mario De Simoni, Matteo Lafranconi, Daniela Picconi, Francesca Ercole, Flaminia Bonino, Eva Francaviglia et Flaminia Nardone au musée du Louvre-Lens Xavier Dectot et Catherine Ferrar au service Conservation, Lucie Streiff-Rivail, Charles-Hilaire Valentin, Laurence Marlin, Raphaëlle Baume, Caroline Chenu, Marie-Clélie Dubois, Quentin Imbrecht, Anne Lamalle, et l’ensemble de l’équipe du Centre de ressources, en particulier Guilaine Legeay et Noël Rouvrais, Alexandra Jalaber, Anne-Sophie Haegeman, Justine Vambre, Ariane Aujoulat, Élodie Couécou et Luc Piralla

à la Direction générale, Benoît de Saint Chamas, Anne Solène Rolland, Alberto Vial et Catherine Damay à la direction de la Communication, Anne-Laure Beatrix, Adel Ziane, Sophie Grange et Laurence Roussel à la Direction juridique et financière, Valérie Game, Anne Dubile et tout particulièrement Anca Iliutu à la direction de l’Architecture et des Travaux muséographiques, Jean-Charles Rossi et l’atelier d’installation d’œuvres, ainsi que Jean-René Liénard et Stéphane Penaud de l’atelier de montage au service des Expositions, Soraya Karkache et Laurence Petit Shéhérazade Bentouati, Christine Devos, Anne-Sophie Drouet, Christine Merlin, Paolo Nadalini et Célestine Ousset, pour les restaurations


à la Soprintendenza per i Beni Archeologici dell’Etruria Meridionale Maria Anna De Lucia, ainsi que Rossella Zaccagnini, Letizia Arancio, Luca Mercuri, Patrizia Aureli et Ida Caruso, pour leur assistance scientifique

ainsi que toutes les personnes qui ont aidé à rassembler l’importante iconographie de cet ouvrage, et parmi elles en particulier Fatima Louli, Céline Rebière-Plé, Katie Anderson, Angela Carbonaro, Zeno Colantoni, Lionel Pernet, Leonardo Bochicchio, Nikoline Sauer Petersen et Rosanna Di Pinto

Daniela Matticoli, Marina Angelini, Antonella Di Giovanni, Antonella Catalano, Maria Grazia Farina, Maria Grazia Cordelli, Francesca Mizzoni et Mario Paternesi, pour les restaurations

Les commissaires souhaitent en outre remercier très chaleureusement :

Laura Falsini, Fulvio Fugalli, Massimiliano Piemonte et Mauro Benedetti, pour la documentation photographique et iconographique Francesca Guarneri, Simonetta Massimi, Alessandro Dello Russo, Ennio Tirabassi, Walfranco Morbidelli, Gabriella Serio et Fabrizio Paganelli, pour leur assistance technique Giulio Di Giorgio, Stefano Frusone et Leonardo Bochicchio, à la régie des œuvres Marco Sala, à la communication au Consiglio Nazionale delle Ricerche – Istituto di Studi sul Mediterraneo Antico Giuliana Nardi, pour sa contribution au travail en cours sur la topographie de Cerveteri Roberto Bellisario et Marcello Ricci, pour les restaurations Marcello Bellisario, pour la documentation photographique et iconographique Laura Attisani, pour l’assistance technique à la Sapienza, Università di Roma Enzo Lippolis, Barbara Belelli Marchesini, Claudia Carlucci et Sergio Barberini

Les commissaires souhaitent également remercier pour la réalisation du catalogue : les éditions d’art Somogy Élisabeth Agius d’Yvoire, Aidal’Ed, Véronique Balmelle, Marc-Alexis Baranes, Astrid Bargeton, Renaud Bezombes, Béatrice Bourgerie, Michel Brousset, François Dinguirard, Stéphan Duysens, Céline Guichard, Sarah Houssin-Dreyfuss, Marion Lacroix, Geneviève Lambert, Mélanie Le Gros, Colette Malandain, Stéphanie Méséguer, Nicolas Neumann, Renaud Temperini, et le reste de l’équipe, qui a également permis la mise en place d’une version italienne

Bruno D’Agostino, Alessandro Maria Barelli, Hélène Franchi, Margareta Gleba, Claire Lebouteiller, Jim Manning-Press, Raffaele Scillieri et Jean Trinquier à la mairie de Cerveteri, le maire, Alessio Pascucci, et l’adjoint à la culture, Lorenzo Croci à l’École française de Rome, Catherine Virlouvet

Ils tiennent enfin à adresser des remerciements tout particuliers au professeur Louis Godart, Consigliere del Presidente della Repubblica Italiana per la Conservazione del Patrimonio Artistico, pour le soutien qu’il a apporté à ce projet.


PRÉFACE

Quel plus beau sujet, pour la première exposition archéologique du Louvre-Lens, que la civilisation étrusque, et plus particulièrement la ville de Cerveteri ? Cerveteri, l’antique Caere, est au cœur de la civilisation étrusque. Notre connaissance de cette ville riche, bordée de trois ports, en liaison permanente avec les mondes phénicien et hellénique, s’est profondément transformée au cours des dernières décennies ; une grande exposition s’imposait donc pour permettre au public de porter un regard nouveau sur cette cité et de mieux comprendre son histoire. Pour la première fois, une exposition au Louvre-Lens fait l’objet d’une coorganisation internationale, étape fondamentale dans le développement du musée. Pour l’organiser, le Louvre, qui possède l’une des plus belles collections étrusques hors d’Italie, et le Louvre-Lens ont été rejoints par le Consiglio Nazionale delle Ricerche, la Soprintendenza per i Beni Archeologici dell’Etruria Meridionale et le Palais des Expositions de Rome. Le travail des commissaires, Françoise Gaultier, Laurent Haumesser, Paola Santoro, Vincenzo Bellelli, Alfonsina Russo Tagliente et Rita Cosentino, et des nombreux auteurs de ce catalogue est le reflet des connaissances accumulées sur Cerveteri ces dernières décennies. Sur la nécropole de la Banditaccia, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, véritable cité des morts excavée dans le tuf face à la ville, mais aussi sur la vie des habitants tout au long de l’histoire de ce site majeur. La civilisation étrusque a joué un rôle fondamental dans le développement de l’Europe occidentale. Riche des métaux précieux de ses terres, elle a commercé avec l’ensemble du monde méditerranéen et est devenue un carrefour des grandes civilisations de son temps, mêlant leurs influences et créant une culture originale. Les Romains regardaient les Étrusques, et en particulier les Cérétains, comme une élite culturelle à laquelle ils confiaient, notamment, l’éducation de leurs enfants. Ce sont aussi les Étrusques qui, amateurs de bonne chère, transmirent aux Romains le goût du bien-manger. C’est une civilisation féconde, diverse et fascinante que l’exposition du Louvre-Lens et du Palais des Expositions de Rome vous invite à découvrir.

Xavier Dectot Directeur du Louvre-Lens Mario De Simoni Direttore generale di Azienda Speciale Palaexpo


SOMMAIRE

CARTE DE LA MÉDITERRANÉE ANTIQUE [p. 13] CARTE DE L’ITALIE ANTIQUE [p. 14] CARTE DE L’ÉTRURIE [p. 15] INTRODUCTION Vincenzo Bellelli, Rita Cosentino, Françoise Gaultier, Laurent Haumesser, Alfonsina Russo Tagliente et Paola Santoro [p. 16] CARTE DU TERRITOIRE [p. 18] CARTE DE LA CITÉ [p. 19]

I - HISTOIRE D’UNE DÉCOUVERTE 1 - LA REDÉCOUVERTE DE CERVETERI AU XIXe SIÈCLE Françoise Gaultier et Laurent Haumesser [p. 24] 2 - LA FORMATION DES COLLECTIONS AU XIXe SIÈCLE Cerveteri dans les collections du Musée grégorien étrusque Maurizio Sannibale [p. 38] Le don Torlonia et les collections étrusques du Cabinet des médailles Cécile Colonna [p. 40] Les objets étrusques de Cerveteri à l’Antikensammlung de Berlin Volker Kästner [p. 43] Les collections cérétaines du musée du Louvre Françoise Gaultier [p. 45] Cerveteri et le British Museum Judith Swaddling [p. 48] Les collections étrusques des musées du Capitole : le rôle d’Augusto Castellani Antonella Magagnini [p. 52] La formation de la collection étrusque de la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague : les antiquités cérétaines Jan Kindberg Jacobsen [p. 54] L’acquisition de matériel provenant de Cerveteri par les musées américains à la fin du XIXe siècle Helen Nagy [p. 56] Cerveteri dans les collections du musée national étrusque de Villa Giulia Alfonsina Russo Tagliente [p. 57]. 3 - L’HISTOIRE DES FOUILLES RÉCENTES Cerveteri : la cité antique et la recherche archéologique des XXe et XXIe siècles Alfonsina Russo Tagliente [p. 60] Pyrgi : six décennies de fouilles et de recherches Maria Paola Baglione [p. 63] Les fouilles du CNR dans la zone urbaine Paola Santoro [p. 65]

II - LA NAISSANCE D’UNE CITÉ 1 - LE CADRE TOPOGRAPHIQUE Laura Petacco [p. 70] 2 - LES ORIGINES DE CERVETERI, ENTRE MYTHE ET HISTOIRE Dominique Briquel [p. 72] 3 - LES NOMS DE LA CITÉ Dominique Briquel [p. 75] 4 - D’AGYLLA À CAERE Filippo Delpino [p. 77]

III - LA CERVETERI DES PRINCES LES PRINCES DE CERVETERI ET LEUR MONDE Vincenzo Bellelli [p. 88] 1 - L’ARCHITECTURE FUNÉRAIRE CÉRÉTAINE À L’ÉPOQUE ORIENTALISANTE Alessandro Naso [p. 95] 2 - L’ESPACE DE LA TOMBE Françoise Gaultier et Laurent Haumesser [p. 99] La tombe des Cinq Sièges Rita Cosentino [p. 101] Les urnes cinéraires Laurent Haumesser [p. 103]


3 - LES MOBILIERS FUNÉRAIRES La tombe Regolini-Galassi Maurizio Sannibale [p. 104] Le tumulus de Montetosto Raffaella Ciuccarelli [p. 112] Le tumulus de Monte dell’Oro Raffaella Ciuccarelli [p. 114] La tombe 4 de Monte Abatone Raffaella Ciuccarelli [p. 116] 4 - L’ADOPTION DES MODÈLES ARISTOCRATIQUES Le banquet Laurent Haumesser [p. 120] La céramique de Cerveteri à l’époque orientalisante Françoise Gaultier [p. 121] La circulation des objets, des modèles et des techniques Karine Casal [p. 126] Les insignes de statut Laurent Haumesser [p. 130] L’épigraphie de Cerveteri à l’époque orientalisante Enrico Benelli [p. 131] 5 - LES ÉTRUSQUES, MAÎTRES D’IMAGES Luca Cerchiai [p. 134]

IV - CERVETERI ARCHAÏQUE LA CITÉ ARCHAÏQUE Vincenzo Bellelli [p. 142] Caere et Pyrgi : la figure de Thefarie Velianas Paola Santoro et Maria Paola Baglione [p. 149] 1 - LES SANCTUAIRES URBAINS Le panthéon cérétain à l’époque archaïque Adriano Maggiani [p. 151] L’architecture monumentale de Cerveteri à l’époque archaïque Barbara Belelli Marchesini [p. 154] Les systèmes décoratifs des édifices cérétains : les terres cuites architecturales Nancy A. Winter [p. 156] La Vigna Marini-Vitalini Lucio Fiorini et Nancy A. Winter [p. 162] Le secteur archéologique de la Vigna Parrocchiale : des origines à la construction du temple toscan Vincenzo Bellelli [p. 170] Le sanctuaire du lieu-dit Sant’Antonio : la phase archaïque Adriano Maggiani [p. 176] 2 - LES NÉCROPOLES DE L’ÉPOQUE ARCHAÏQUE Les tombes archaïques de la nécropole de la Banditaccia Rita Cosentino [p. 179] La sculpture funéraire à l’époque archaïque Françoise Gaultier [p. 185] Les mobiliers Ida Caruso et Laurent Haumesser [p. 190] 3 - L’ESPACE DE LA CITÉ : LE TERRITOIRE Le territoire de la cité Paolo Brocato [p. 195] Les nécropoles de Tolfa Laurent Haumesser [p. 196] Le littoral cérétain Flavio Enei [p. 198] Le site de Ceri Rita Cosentino [p. 200] Le cippe de Tragliatella Enrico Benelli [p. 201] Le sanctuaire de Montetosto sur la voie Caere-Pyrgi Laura Maria Michetti [p. 202] 4 - PYRGI, UN SANCTUAIRE AU CŒUR DE LA MÉDITERRANÉE Maria Paola Baglione [p. 204] Les lamelles de Pyrgi : le texte punique Paolo Xella [p. 220] Pyrgi submergée : le port de Caere à la lumière des découvertes récentes Flavio Enei [p. 221] 5 - L’ESPACE DE LA CITÉ : LA MÉDITERRANÉE Cerveteri et la Méditerranée à l’époque archaïque Stéphane Verger [p. 224] La bataille de la mer de Sardaigne Michel Gras [p. 227] Épaves et amphores dans le sud de la Gaule Jean-Christophe Sourisseau [p. 228] Les vases attiques à Cerveteri, de la fin du VIIe siècle au Ve siècle av. J.-C. Christoph Reusser [p. 231] 6 - L’ARTISANAT CÉRÉTAIN À L’ÉPOQUE ARCHAÏQUE Françoise Gaultier [p. 241] Les plaques peintes Francesco Roncalli [p. 242] La céramique cérétaine à figures noires Françoise Gaultier [p. 250] Pithoi et braseros à décor estampé Katerina Chatziefremidou [p. 259] Les bronzes Vincenzo Bellelli [p. 263]


V - LE RENOUVEAU DE LA CITÉ CERVETERI ET ROME Mario Torelli [p. 268] 1 - LES SANCTUAIRES Le sanctuaire de Pyrgi au IVe siècle : le décor du temple A Maria Paola Baglione [p. 276] Le sanctuaire du lieu-dit Sant’Antonio : la phase hellénistique Adriano Maggiani [p. 277] La Vigna Parrocchiale : les phases récentes Vincenzo Bellelli [p. 281] La Vigna Marini-Vitalini en 273 av. J.-C. Lucio Fiorini [p. 282] Le sanctuaire de la Vignaccia Helen Nagy [p. 284] Le « temple d’Héra » Vincenzo Bellelli [p. 286] Le temple du Manganello à Cerveteri Maria Donatella Gentili [p. 288] 2 - LES NÉCROPOLES CÉRÉTAINES DU IVe SIÈCLE AV. J.-C. : LES GRANDES TOMBES ARISTOCRATIQUES Laurent Haumesser [p. 293] La tombe des Sarcophages Ellen Thiermann [p. 296] La tombe de Greppe Sant’Angelo Laurent Haumesser [p. 298] La tombe des Têtes votives Rita Cosentino [p. 300] Les mobiliers funéraires Laurent Haumesser [p. 304] 3 - LES PRODUCTIONS ARTISANALES : LA CÉRAMIQUE À FIGURES ROUGES Vincent Jolivet [p. 306]

VI - CERVETERI ROMAINE 1 - CAERE À L’ÉPOQUE ROMAINE. LES TÉMOIGNAGES ARCHÉOLOGIQUES Rita Cosentino [p. 314] 2 - LA VIGNA PARROCCHIALE : LA FLORAISON JULIO-CLAUDIENNE Vincenzo Bellelli [p. 317] 3 - LA VIGNA MARINI-VITALINI : LA PHASE LA PLUS RÉCENTE Fabio Colivicchi [p. 318] 4 - LA LATINISATION DE CERVETERI Gilles van Heems [p. 319] 5 - LA FIGURE DE MÉZENCE À L’ÉPOQUE ROMAINE Dominique Briquel [p. 322] 6 - LE THÉÂTRE ET LE CYCLE JULIO-CLAUDIEN DE CERVETERI Paolo Liverani et Paola Santoro [p. 324]

ANNEXES CERVETERI DANS LES TEXTES ANTIQUES [p. 330] BIBLIOGRAPHIE [p. 333] INDEX DES ŒUVRES EXPOSÉES [p. 350] INDEX DES AUTEURS ET DES TEXTES ANTIQUES [p. 353] INDEX DES NOMS DE LIEUX ET DE MONUMENTS [p. 354] INDEX DES NOMS [p. 358]


9 Carte de la Méditerranée antique.

13

Sciences-Po – Atelier de cartographie, 2013


9 Carte de l’Italie antique.

14

Sciences-Po – Atelier de cartographie, 2013


9 Carte de l’Étrurie.

15

Sciences-Po – Atelier de cartographie, 2013


INTRODUCTION

Le fondateur de l’étruscologie moderne, Massimo Pallottino, considérait que dans une époque comme la nôtre, où les images ont un pouvoir de diffusion et de conviction bien supérieur à celui de l’écrit, les expositions constituent l’instrument le plus efficace pour transmettre des informations et des connaissances au public, en particulier quand il s’agit d’évoquer les grandes civilisations du passé. Dans le cas de l’Étrurie, ce type de communication a pris le plus souvent la forme d’un panorama de la civilisation étrusque ; bien plus rares ont été les tentatives de restituer l’histoire concrète des Étrusques, c’est-à-dire l’histoire de leurs cités, l’expression majeure de leur civilisation. L’exposition Les Étrusques et la Méditerranée. La cité de Cerveteri, conçue par le musée du Louvre, par la Soprintendenza per i Beni Archeologici dell’Etruria Meridionale et par l’Istituto di Studi sul Mediterraneo Antico du Consiglio Nazionale delle Ricerche (CNR), souhaite retracer un chapitre de cette histoire des cités étrusques et illustrer la place qu’elles occupèrent dans la Méditerranée antique, en prenant pour exemple l’une des métropoles les plus importantes d’Étrurie : Cerveteri. Elle en raconte la vie depuis les phases les plus anciennes jusqu’à la romanisation et à la commémoration du passé étrusque de la cité par les empereurs Auguste et Claude. La Méditerranée, propice aux échanges, a toujours été un carrefour de civilisations. Au cours des siècles, elle a favorisé, dans un espace géographique et culturel en constante évolution, la circulation des hommes et des idées, les échanges technologiques et commerciaux entre les groupes humains, de cultures différentes, établis sur ses rives. Caere, l’antique Cerveteri, fut certainement une des cités les plus importantes à avoir pris part à cette aventure méditerranéenne. Comme en témoignent les données archéologiques et les sources antiques, Caere fut en effet une métropole dynamique et florissante, comparable à Athènes, Syracuse ou Carthage. Elle a, tout au long de son histoire, joué un rôle central dans les échanges culturels et commerciaux, que ce soit avec le monde grec ou phénicien, avec les populations italiques ou avec Rome. Elle a joué le rôle de médiatrice et d’intermédiaire dans les rapports culturels de l’Étrurie avec l’Orient, avec la Grèce propre, la Grèce orientale et insulaire, dont elle a adopté et adapté les modèles, mais a aussi été la plus grecque des cités étrusques (la seule, avec Spina, à posséder un thésauros dans le sanctuaire panhellénique de Delphes), et en même temps un interlocuteur privilégié de Rome. Raconter l’histoire de cette cité, qui a pris part à une série d’événements politiques et militaires décisifs pour l’histoire de l’Occident, revient en réalité à raconter l’histoire de la Méditerranée au cours du Ier millénaire avant notre ère. Il y a vingt-cinq ans, Mauro Cristofani, un des pionniers de l’archéologie urbaine en Étrurie, affirmait : « la connaissance archéologique que l’on a de Cerveteri apparaît très lacunaire, comparée au rôle joué par la cité dans la Méditerranée occidentale entre le viie et les débuts du iiie siècle av. J.-C. ». Depuis le xixe siècle et la redécouverte des grands sites étrusques, la recherche s’était en effet essentiellement consacrée aux nécropoles – les collections des grands musées italiens, et plus largement européens, qui se sont formées à cette époque en témoignent. Raniero Mengarelli, responsable des fouilles de Cerveteri jusque dans les années 1930, sans délaisser la zone urbaine avait lui-même consacré la plus grande part de son activité aux nécropoles, s’attachant notamment à rendre à la nécropole de la Banditaccia l’aspect qu’elle présentait dans l’Antiquité et créant le parc archéologique, inscrit depuis 2004 au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais les campagnes de fouilles systématiques menées, depuis les années 1980, dans la zone ont profondément renouvelé

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9 Restitution de la nécropole avec vue de la cité (Canina 1838) (cat. 13).

notre connaissance de l’antique Caere. Il est désormais possible de mettre en regard les renseignements donnés par les fouilles des nécropoles et de la cité, et de rendre compte de l’évolution sociale, politique et culturelle de cette grande métropole. L’exposition entend donc dresser le bilan des recherches effectuées à partir des collections des musées européens et américains comme sur le terrain au cours des dernières décennies, et confronter pour la première fois de manière systématique les découvertes anciennes et les résultats des études les plus récentes. Elle trace ainsi un portrait renouvelé de la cité antique, qui ne se limite d’ailleurs pas aux nécropoles et au centre urbain, mais présente également les découvertes faites sur le territoire, et en particulier les recherches conduites par l’université de Rome la Sapienza à Pyrgi, le plus important port de la cité, qui continue à livrer des témoignages décisifs sur son histoire. La présence, dans l’exposition, d’amphores cérétaines et d’autres objets restitués par les épaves découvertes près des côtes françaises rappelle enfin l’importance des fouilles menées sur les différents sites du Bassin méditerranéen, qu’il s’agisse de la Provence ou du Languedoc, de Carthage ou du monde grec, dans la connaissance de Cerveteri et de son rayonnement en Méditerranée. Le site de Cerveteri constitue un des terrains d’action privilégiés de la Surintendance et du principal institut d’études antiques du CNR. Les recherches ont impliqué tour à tour des instituts universitaires, des instituts de recherche, des archéologues italiens mais aussi étrangers, et de jeunes archéologues de formations et de spécialités différentes. Les associations de bénévoles ont joué elles aussi un rôle considérable et témoignent de la prise de conscience, de la part de la société civile, de l’importance du patrimoine archéologique, en tant qu’élément de l’identité commune. Les travaux se poursuivent : en proposant un bilan d’étape, l’exposition entend également ouvrir la voie à de nouvelles recherches. Nous remercions les différentes personnes qui, au sein de nos institutions et de nos institutions partenaires, ont contribué à la réalisation de cette exposition et à sa présentation au Louvre-Lens et au Palais des Expositions de Rome. Nous espérons qu’elle permettra à ses visiteurs de découvrir un site majeur du monde antique et une page importante de notre histoire commune, et leur donnera l’envie de parcourir un territoire qui doit une grande part de son attrait au souvenir encore vivant de la civilisation étrusque.

Vincenzo Bellelli, Rita Cosentino, Françoise Gaultier, Laurent Haumesser, Alfonsina Russo Tagliente et Paola Santoro

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9 Carte du territoire (Canina 1846-1851, pl. XLI).

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9 Carte de la cité (Canina 1846-1851, pl. XLII).

qq Reconstitution idéale de la cité (détail) (Canina 1846-1851, pl. XLIV) (fig. p. 142).

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Histoire d’une découverte 1 LA REDÉCOUVERTE DE CERVETERI AU XIXe SIÈCLE F. Gaultier et L. Haumesser 2 LA FORMATION DES COLLECTIONS AU XIXe SIÈCLE Cerveteri dans les collections du Musée grégorien étrusque M. Sannibale Le don Torlonia et les collections étrusques du Cabinet des médailles C. Colonna Les objets étrusques de Cerveteri à l’Antikensammlung de Berlin V. Kästner Les collections cérétaines du musée du Louvre F. Gaultier Cerveteri et le British Museum J. Swaddling Les collections étrusques des musées du Capitole : le rôle d’Augusto Castellani A. Magagnini La formation de la collection étrusque de la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague : les antiquités cérétaines J. Kindberg Jacobsen L’acquisition de matériel provenant de Cerveteri par les musées américains à la fin du XIXe siècle H. Nagy Cerveteri dans les collections du musée national étrusque de Villa Giulia A. Russo Tagliente

3 L’HISTOIRE DES FOUILLES RÉCENTES Cerveteri : la cité antique et la recherche archéologique des XXe et XXIe siècles A. Russo Tagliente Pyrgi : six décennies de fouilles et de recherches M. P. Baglione

Les fouilles du CNR dans la zone urbaine P. Santoro

t Détail du cat. 19.


I HISTOIRE D’UNE DÉCOUVERTE

La redécouverte de Cerveteri au XIXe siècle Au Moyen Âge, les habitants de la cité de Caere délaissèrent l’habitat ancien pour se transférer sur le site plus sûr de Ceri, la Caere Nova dont parlent les documents d’archives 1. L’antique Caere devint ainsi la Caere Vetus, dont dérive le nom moderne de Cerveteri. La mémoire du site ne fut pourtant jamais tout à fait oubliée, d’autant que le plateau urbain, du moins le secteur de l’ancienne acropole de la cité, ne fut pas totalement abandonné et fut même rapidement réoccupé. Les premières recherches sur la topographie de la cité antique et de son territoire au début du XIXe siècle dissipèrent d’ailleurs rapidement les derniers doutes sur l’identification du site, comme le rappelle Luigi Canina, qui consacra dès 1838 une publication fondamentale à Caere 2. Cette publication rend compte des premières années d’exploration archéologique de la cité et de son territoire, qui réserva des découvertes extraordinaires. Ces dernières suscitèrent un large écho et constituèrent, avec celles qui avaient été faites un peu plus tôt dans les autres grandes cités étrusques (Tarquinia, Vulci ou Chiusi), un moment fondateur de l’histoire de l’archéologie moderne. Si des trouvailles sporadiques n’avaient pas manqué à Cerveteri comme ailleurs en Étrurie jusqu’au début du XIXe siècle, l’intensification et l’importance des découvertes dès le milieu des années 1820 marquèrent en effet un tournant : les tombes peintes de Tarquinia de même que les nécropoles de Vulci et de Chiusi suscitèrent un intérêt nouveau pour l’Étrurie dans le monde savant et auprès du public cultivé. Ces découvertes contribuèrent à la création, à Rome, de l’Institut de correspondance archéologique, qui se fixa pour tâche la publication et l’analyse des monuments, et joua de ce fait un rôle décisif dans l’institutionnalisation de l’archéologie au XIXe siècle : fondé par des savants allemands, mais animé d’un esprit européen et faisant appel à de nombreux correspondants sur le terrain, l’Institut publiait chaque année un Bulletin, des Annales et des Monuments illustrés, qui représentent une documentation fondamentale sur les découvertes faites au cours de ce siècle en Étrurie et dans le reste de l’Italie. C’est pour une bonne part à travers ces publications que l’on peut suivre l’histoire des fouilles menées à Cerveteri. Il convient également de mentionner l’importance des archives, où sont conservés les documents relatifs aux fouilles, en particulier les comptes rendus que les fouilleurs devaient transmettre à l’administration des États pontificaux, où était située Cerveteri jusqu’en 1870, puis à l’administration italienne après l’unité. Publications savantes et documents d’archives ne permettent toutefois de connaître qu’une partie des découvertes faites à une époque où les fouilles alimentaient le commerce vivace des antiquités et enrichissaient les collections particulières comme les musées, en Italie, dans le reste de l’Europe et jusqu’aux États-Unis. Les pièces archéologiques ont ainsi facilement perdu leur contexte d’origine, qu’il est souvent difficile, et dans bien des cas impossible, de retrouver. Les recherches sur l’histoire des découvertes et sur l’histoire des collections visent ainsi à restituer, autant qu’il est possible, à la cité antique une partie de son patrimoine dispersé. La première grande découverte documentée illustre bien ces incertitudes. En 1826, l’archiprêtre Alessandro Regolini effectua des fouilles sur le plateau urbain, où il mit au jour un dépôt d’environ huit cents terres cuites votives, qui aboutirent dans les collections vaticanes (cat. 342 à 355). La découverte, traditionnellement située près de la route des Vignali, pourrait en réalité avoir eu lieu plus près des bords du plateau, à proximité du temple dit du Manganello, fouillé un siècle plus tard par Raniero Mengarelli 3. Cette incertitude sur

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1. Voir Proietti 1986, p. 19. Pour l’histoire de la redécouverte de Cerveteri, voir Proietti 1986, p. 20-25 ; Caere 1, p. 31-33 ; Nardi 1989a, passim ; Cristofani 1993b, p. 25-26 ; Cosentino 1995, p. 29-31 ; Drago Troccoli 2006, p. 16-30. 2. Canina 1838, p. 44. 3. Nardi 1989a, p. 65-66 ; Nardi 2005a. Voir infra p. 40 (M. Sannibale) et 288 (M. D. Gentili).


9 Tombe des Animaux peints (Gailhabaud 1845). 0 Tombe des Boucliers et des Sièges (Gailhabaud 1845).

4. Kamper 1834, p. 97-101, qui rappelle que les cinquante et une autres tombes avaient déjà été réenterrées sans être documentées ; MonInst II, 1834-1838, pl. XIX ; Poletti 1835, p. 177-186. 5. Voir infra p. 40 (C. Colonna). Voir également la torchère du Musée grégorien étrusque (cat. 111). 6. Voir infra p. 38 (M. Sannibale). 7. Canina 1838 ; Grifi 1841. 8. Voir infra p. 63 (M. P. Baglione). 9. BullInst 1831, p. 210 (E. Gerhard) ; Naso 1993, p. 56-57 ; Brocato 2000, p. 12. 10. Outre les comptes rendus publiés dans le Bulletin (BullInst 1839, p. 81-85 [O. Jahn] ; BullInst 1840, p. 113-115, 133-134 [G. Abeken]), voir notamment Micali 1844, p. 372-384 ; Naso 1996, p. 134-142, en particulier p. 135-138. Les fouilles de la villa romaine de Cn. Domitius Ulpianus à Santa Marinella sont signalées par Stendhal, alors consul de France à Civitavecchia, dans le Mémorial bordelais du 19 mars 1838 : Exposition Tarquinia 1996, p. 38, avec bibliographie. 11. Szilágyi 1991, p. 520-521, no 19 ; Naso 1996, p. 138. Le Cabinet des médailles conserve également une caryatide appartenant à un calice en bucchero découvert à Monteroni, donné cette fois par P. E. Visconti en 1840 (voir infra p. 41, note 81 [C. Colonna]) et qui provient probablement, à en juger par la date, des fouilles Sermoneta.

la localisation précise est une constante de la plupart des fouilles qui ont suivi au cours du siècle ; mais l’épisode est aussi doublement significatif des recherches conduites à Cerveteri à l’époque. D’une part parce que cette découverte est due à une figure locale : les fouilles ont été la plupart de temps entreprises par des notables, souvent des propriétaires terriens, comme le prince Ruspoli, le prince Torlonia ou Paolo Calabresi. D’autre part parce qu’elle a eu lieu sur l’emplacement même de la ville antique : le plateau urbain de l’antique Caere était à la fois bien délimité et largement épargné par l’habitat moderne, qui s’est concentré, comme nous l’avons vu, sur le site de l’ancienne acropole. Si ce secteur crucial de Caere n’est malheureusement pas accessible aux fouilles, le reste du plateau, occupé par des terrains agricoles – les vigne – a été largement exploré : la Caere antique, davantage que les autres cités d’Étrurie, a ainsi livré des données précieuses sur la structure et le décor des grands édifices urbains. Mais, à l’instar des autres cités étrusques, Cerveteri a aussi rapidement montré la richesse de ses nécropoles. En 1834, cinquante-trois tombes furent mises au jour dans la nécropole de la Banditaccia, dont la tombe des Animaux peints (fig. ci-dessus) et la tombe des Boucliers et des Sièges (fig. ci-dessus) 4. Ces découvertes poussèrent les propriétaires locaux à entreprendre des fouilles dans les autres nécropoles. En 1835, le prince Alessandro Torlonia, duc de Ceri, confia à l’archéologue Pietro Ercole Visconti le soin de fouiller sur ses terres la nécropole de Monte Abatone. L’entreprise fut couronnée de succès, puisque P. E. Visconti découvrit deux grandes tombes, la tombe du Siège Torlonia (fig. p. 26) et la tombe Torlonia, ainsi que plusieurs mobiliers funéraires, qui enrichirent la collection du prince et, quelques années plus tard, le Cabinet des médailles à Paris (cat. 5 à 12) 5. P. E. Visconti prit soin de faire paraître un compte rendu de ces découvertes (cat. 4), que l’on peut considérer comme la première grande publication archéologique sur Cerveteri. En 1836, l’archiprêtre A. Regolini, associé au général Vincenzo Galassi, obtint des autorités des États pontificaux l’autorisation de fouiller dans la nécropole du Sorbo : il y découvrit non seulement l’extraordinaire tombe qui porte le nom de ses inventeurs, mais également plusieurs autres tombes majeures. La richesse inédite des mobiliers funéraires (cat. 53 à 62), qui intégrèrent les collections vaticanes, suscita l’ouverture en 1837 du premier musée consacré à l’Étrurie, le Musée grégorien étrusque 6. Elle consacra aussi définitivement l’importance archéologique de la cité de Cerveteri et de ses nécropoles, comme en témoignent les publications de L. Canina (cat. 13) et de Luigi Grifi 7. Le territoire de la cité, où le site de Pyrgi était déjà bien connu 8, fut aussi largement exploré dans ces premières années et plusieurs sites mineurs furent découverts. Outre la brève campagne conduite dès 1831 par Pietro Manzi, un amateur local, dans la zone de Tolfa 9, il convient surtout de rappeler les fouilles effectuées par Teresa de’ Rossi Caetani, duchesse de Sermoneta, dans les années 1830 et jusqu’en 1842, en plusieurs endroits du territoire, notamment dans les secteurs de Zambra et de Monteroni, où furent mises au jour plusieurs tombes étrusques 10. Le sort des objets découverts n’est généralement pas connu : l’œnochoé étrusco-corinthienne du Peintre du Sphinx barbu, passée par la collection FejérváriPulszky et conservée à la Bibliothèque nationale (cat. 129), provient des fouilles menées à Zambra 11 ; peut-être les anses de l’hydrie en bronze conservées à Bruxelles (cat. 16 et 17) ,

LA REDÉCOUVERTE DE CERVETERI

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découvertes à Cerveteri en 1842 d’après Giuseppe Micali, font-elles, elles aussi, partie d’un des mobiliers funéraires mis au jour par la duchesse. On sait en revanche que le musée de Berlin a acquis au début des années 1840 un lot d’un millier de pièces provenant, au moins pour partie, des fouilles entreprises à la même époque par la duchesse sur le plateau urbain : outre un petit coq en bronze (cat. 14), il s’agit surtout de fragments de terres cuites architecturales étrusques (cat. 15) et romaines 12. Les fouilles qui ont eu lieu sur le plateau urbain, comme sur le territoire, n’ont évidemment pas manqué de mettre au jour des monuments datant de la période romaine de la cité 13. À côté des trouvailles sporadiques d’inscriptions latines, qui ont apporté des informations précieuses sur les structures politiques et sociales de la Cerveteri romaine, la découverte majeure demeure celle que fit, en 1840, Paolo Calabresi au centre du plateau urbain : une série de portraits impériaux et le relief avec les personnifications des cités (cat. 396 et 397) 14. L’importance de cette zone a été confirmée par la mise au jour en 1846 des structures du théâtre romain. Les années 1840 furent marquées par l’arrivée sur le terrain cérétain de Giovanni Pietro Campana 15, banquier, amateur d’objets d’art et d’antiquités. G. P. Campana obtint au moins dès 1844 l’autorisation de fouiller sur les terres appartenant au prince Giovanni Ruspoli, dans les nécropoles et dans la zone urbaine, aux lieux-dits Monte Abatone, Banditaccia, Vignali, Quarto della Terra, Porta Coperta 16. Le produit de ces fouilles enrichit quelques années plus tard les collections archéologiques du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, du musée du Louvre à Paris, et plus modestement des musées de Bruxelles et Florence. On rappellera, parmi les découvertes de 1845, celle de la tombe dite précisément Campana, dans la nécropole de Monte Abatone, et celle de la tombe des Deux Pilastres, dans la nécropole de la Banditaccia, puis dans l’hiver 1845-1846 celle de quatre grandes tombes dans la même nécropole (tombes de l’Alcôve, des Sarcophages, des Inscriptions et du Triclinium). Ces découvertes furent présentées par L. Canina dans le Bulletin de 1845 et dans l’ouvrage qu’il consacra en 1846 à L’antica Etruria marittima ; elles ont été encore décrites dans le Bulletin de 1847 par George Dennis 17, qui les a fait connaître l’année suivante à un plus large public dans son récit de voyage, The Cities and Cemeteries of Etruria 18. La tombe des Reliefs, parfois simplement dite « Tomba Bella », a été mise au jour pendant l’hiver 1846-1847 19, trop tard pour être incluse dans la première édition de l’ouvrage de G. Dennis. Elle n’a été publiée qu’en 1854 dans le Bulletin 20, mais rapidement célébrée pour son décor de stucs polychromes et reproduite dans un esprit très romantique par Cesare Berzotti (cat. 18) ou Samuel James Ainsley (cat. 19), avec un souci plus documentaire par l’égyptologue anglais Sir John Gardner Wilkinson, qui l’a visitée dans l’hiver 1849-1850 sur le chemin de retour d’un voyage en Égypte (fig. ci-contre) 21. Cerveteri faisait à cette époque partie des sites du Grand Tour d’Italie et attirait aussi, à l’instar de Tarquinia, les architectes français qui séjournaient à Rome (fig. p. 28). Après la faillite et la condamnation à l’exil du marquis Campana, une grande partie du matériel archéologique découvert à Cerveteri dans les années 1860-1870 passa entre les

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HISTOIRE D’UNE DÉCOUVERTE

9 Tombe du Siège Torlonia au moment de la découverte (Visconti 1836, pl. XIII).

0 J. G. Wilkinson, Tombe des Reliefs (Oxford, Bodleian Library, MS. Wilkinson, Dep. D.32, fol. 18v-19r).

12. Voir Kästner 1993 ; infra p. 43 (V. Kästner). 13. Voir par exemple les fouilles de la duchesse de Sermoneta à Santa Marinella (BullInst 1837, p. 1-4 ; BullInst 1839, p. 85) ou les découvertes de P. Calabresi (BullInst 1839, p. 21). 14. Canina 1840a, p. 92-94 ; Canina 1840b, p. 5-8 ; Braun 1842, p. 37-40, pl. C. Sur cette découverte et celle du théâtre, voir Caere 2, p. 3-41 (P. Santoro) ; infra p. 324 (P. Liverani et P. Santoro). 15. Sur les fouilles de G. P. Campana, voir Briguet 1972 ; Colonna 1978 ; Sarti 2001, p. 22-23. 16. Archivio di Stato di Roma (ASR), Camerlengato, p. II, t. IV, B. 214, fasc. 1543 ; Briguet 1988, p. 25 ; Sarti 2001, p. 22. 17. Canina 1845 ; Dennis 1847. 18. Dennis 1848, p. 33-45, 57-58. 19. Archäologische Zeitung, VI, 1848, Beilage 6, juin, fol. 92 (E. Braun, W. Henzen) ; Briguet 1972 ; Colonna 1978 ; Blanck, Proietti 1986, p. 11-12. 20. Braun 1854. 21. Wilkinson 1856.


22. Sur l’activité des frères Castellani dans les années 1860-1870 et les achats Castellani aux frères Calabresi, voir Moretti Sgubini 2000a, p. 12 ; Magagnini 2004-2005, p. 287-290. 23. Helbig 1866, p. 177-178. 24. Voir par exemple Colonna 1982b ; Colonna 1992a. 25. Augusto affirme dans ses mémoires inédits avoir acheté en 1861 toutes les antiquités fouillées à Cerveteri par les frères Calabresi : ASR, fonds Castellani, 17/1. Sur les fouilles réalisées par les frères Calabresi à Cerveteri entre 1861 et 1869, voir Helbig 1866 ; Buranelli 1985, p. 18-22 ; Bonaudo 2004, p. 16-17 ; sur l’achat de la collection Calabresi par Augusto Castellani, voir Moretti Sgubini 2000a, p. 12. 26. Sur ces ventes et dons, voir Magagnini 2004-2005, en particulier p. 255. D’autres pièces provenant de ces fouilles ont pu aussi parvenir au musée du Louvre, être données au Cabinet archéologique de Reggio Emilia, déposées au Musée artistique et industriel de Rome ou encore léguées plus tard à l’État italien par Alfredo Castellani, le fils d’Augusto. Comme exemple des pièces ayant transité par le marché des antiquités avant de rejoindre un grand musée, on pourra signaler l’amphore du Groupe de la Tolfa aujourd’hui au musée de Boston, inv. 76.39 (voir en dernier lieu Rallo 2009, p. 761 ; Gaultier 2012, p. 134, 143, avec bibliographie), reconnaissable dans Helbig 1866, p. 180-181. 27. Sur les fouilles Boccanera à Cerveteri, la découverte du sarcophage et son acquisition pour le musée national étrusque de Villa Giulia, voir Barnabei, Delpino 1991, p. 197-199 ; Cianferoni 1991, p. 100-101. Une partie du matériel des fouilles Boccanera de 1881 a été acquis en 1893 par Luigi Milani pour le Musée archéologique de Florence ; voir Cristofani 1980a ; Cianferoni 1991 p. 100-101, 108-125. 28. Roncalli 1965, p. 38, no 20. 29. Naso 1993. 30. Sur ces fouilles, voir la bibliographie dans Gaultier 2008, p. 1481. 31. Voir Gaultier 2008, p. 1481-1482, avec bibliographie, et infra p. 163-169. 32. Borsari 1886. 33. Barnabei, Delpino 1991, p. 456-457 ; Nagy 2008, p. 101-102 ; infra p. 56 (H. Nagy).

mains des frères Augusto et Alessandro Castellani, qui appartenaient à une célèbre famille d’orfèvres et d’antiquaires 22 et comptaient alors parmi les principaux acteurs du marché des antiquités. Le nom des Castellani est associé à quelques-unes des plus importantes découvertes de l’époque, comme celle, en 1865, de la tombe des Cinq Sièges, dans la nécropole de la Banditaccia (cat. 49 et 50) 23, ou celle, la même année, de la tombe des Chiens (cat. 225 à 227), dans la nécropole de Pian della Conserva, à Tolfa. Les fouilles de cette période furent malheureusement menées, comme du temps de G. P. Campana, avec l’accord du gouvernement pontifical mais sans souci véritable des associations de matériel : les objets d’un même mobilier furent dispersés au gré des ventes et des dons faits par les Castellani aux grands musées d’Italie et d’Europe 24. Une partie des importantes acquisitions faites par Augusto auprès des frères Calabresi, en 1861, 1866 et 1867 25, ont en effet été revendues par Augusto lui-même au k. k. Österreichisches Museum für Kunst und Industrie de Vienne, telle la célèbre hydrie de Busiris (fig. p. 250), ou au British Museum, ou encore données aux musées du Capitole 26. Les fouilles menées dans la nécropole de la Banditaccia dans la seconde moitié du XIXe siècle et jusque dans les années 1880 par les frères Boccanera enrichirent également, et parfois de pièces majeures, les collections des grands musées : on leur doit notamment la mise au jour en 1881 du sarcophage des Époux du musée national étrusque de Villa Giulia (fig. p. 185) 27 et des grandes plaques peintes du British Museum (fig. p. 242) 28. D’autres personnages moins connus ont aussi contribué à la redécouverte de Caere et de son territoire dans la seconde moitié du XIXe siècle. On citera par exemple le nom du lieutenant de l’armée française Giovanni Antomarchi, qui, en garnison à Tolfa, découvrit en 1865 et fouilla l’année suivante avec quelques Italiens la nécropole de Pian della Conserva 29, et y mit au jour près d’une trentaine de tombes, dont la tombe des Chiens évoquée plus haut (cat. 225 à 227) On rappellera encore les noms de l’« antiquaire » Agostino Jacobini et de l’avocat Antonio Lauri, qui mirent au jour en 1869-1870 un important lot de terres cuites architecturales dans la zone de la Vigna Marini-Vitalini (cat. 142 à 163) 30, propriété de l’archiprêtre de Cerveteri Mariano Lazzari. Retrouvées pour une part dans une fosse ou une citerne creusée dans le tuf, ces terres cuites proviennent très vraisemblablement des édifices qui s’élevaient alentour. Elles sont aujourd’hui partagées entre de nombreux musées d’Europe et d’Amérique. Elles ont rejoint les collections des musées de Berlin, Copenhague, Londres, Philadelphie et New York, celles du musée national étrusque de Villa Giulia à Rome et peut-être du Musée grégorien étrusque du Vatican 31. En décembre 1885, un très riche dépôt votif, de près de mille pièces, a encore été mis au jour par Don Mariano Lazzari dans le secteur de la Vignaccia sur les terres de Francesco Rosati 32 : ces terres cuites sont aujourd’hui elles aussi largement dispersées dans les collections d’Europe, des États-Unis et jusqu’en Nouvelle-Zélande 33. Les fouilles se sont poursuivies dans les dernières décennies du XIXe siècle, à l’initiative le plus souvent de notables du lieu et sans grand contrôle de l’administration du jeune État unitaire. Au début du XXe siècle, il faut signaler en 1906 la reprise par Giovanni Pinza de l’exploration de la tombe Regolini-Galassi, dans la nécropole du Sorbo, et la découverte dans cette même

LA REDÉCOUVERTE DE CERVETERI

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nécropole du tumulus Giulimondi, du nom du propriétaire du terrain 34, mais surtout en 1908 la nomination de R. Mengarelli comme directeur des fouilles du district de Civitavecchia et Tolfa, qui comprenait le territoire de Cerveteri, un poste qu’il occupa jusqu’en 1933 : ce fut le début d’une nouvelle période dans l’histoire de la redécouverte de Cerveteri, qui passa désormais sous la direction et le contrôle effectifs de l’administration de l’État. F. G. et L. H.

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HISTOIRE D’UNE DÉCOUVERTE

9 L.-F.-P. Boitte, vue de la nécropole de la Banditaccia, vers 1860 (Paris, musée d’Orsay). 34. Pinza 1906 ; Pinza 1907.


1826, LES DÉCOUVERTES DE VIGNALI

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1. Tête de statue masculine

2. Tête de statue d’enfant

Production : Cerveteri IIIe siècle av. J.-C. Terre cuite H. 30 cm ; l. 19,5 cm Provenance : Cerveteri, lieu-dit Vignali ou temple du Manganello Cité du Vatican, Musée grégorien étrusque, inv. 13848

Production : Cerveteri IIIe siècle av. J.-C. Terre cuite H. 19,5 cm ; l. 14 cm Provenance : Cerveteri, lieu-dit Vignali ou temple du Manganello Cité du Vatican, Musée grégorien étrusque, inv. 13761

Bibl. : Helbig 1963, p. 585, no 793 ; Hafner 1966-1967, p. 47, pl. 18,1-2 ; Exposition Florence 1985, p. 387, no 17.2.9 (E. Talamo) ; Buranelli 1992, p. 90, no 50 ; Papini 2004, p. 252-255, fig. 168-169 ; Exposition Haltern am See 2009, p. 224, no 1.11 (M. Sannibale).

Bibl. : Helbig 1963, p. 591, no 802 ; Hafner 1966-1967, p. 46, pl. 17,1-2 ; Exposition Florence 1985, p. 387, no 17.2.8 (E. Talamo) ; Buranelli 1992, p. 90, no 49 ; Sannibale 2003a, p. 167-168, fig. p. 194.

Ce portrait en terre cuite, où de nombreux signes de modelage direct apparaissent clairement, présente des traits physionomiques, tout à fait spécifiques, qui ont contribué à son identification traditionnelle avec un personnage inconnu d’origine celtique. Parmi les éléments de caractérisation individuelle, on note surtout le front bas, les oreilles décollées, les rides, les moustaches courtes et les mèches épaisses coiffées en avant, qui encadrent frontalement le visage et laissent deviner une chevelure abondante. Cette suggestive effigie de « Barbare » fait converger les styles de l’art du portrait du début de l’époque hellénistique et la tradition médio-italique contemporaine, qui tendaient à privilégier l’accentuation des traits individuels et une certaine expressivité. On a cité (Papini 2004) comme exemples le célèbre portrait en bronze du Brutus du Capitole, en raison de sa bouche aux lèvres serrées et étirées, mais aussi le « portrait » peint de Vel Saties (Vulci, tombe François), où l’on retrouve la même connotation physionomique des moustaches. On a par ailleurs reconnu des affinités avec les meilleures œuvres en terre cuite attestées en Italie centrale dans le rendu des yeux, éloignés et très grands, dotés de paupières fortement marquées et découpées, à l’image de ce que l’on peut observer sur la Déméter d’Ariccia. L’intention manifeste de créer un portrait rapproche cette terre cuite d’autres têtes présentes dans le même dépôt votif de Cerveteri, où l’on a découvert des œuvres d’une grande qualité. M. S.

Cette tête d’enfant, qui présente une légère torsion, des mèches de cheveux ondulées et plastiques descendant sur un large front et des lèvres délicatement entrouvertes, se distingue par son haut degré d’expressivité, que lui confère aussi un modelé de haute qualité. On a reconnu sur cette sculpture, de même que sur d’autres têtes produites à Cerveteri et en Italie centrale, l’influence manifeste de l’art de Lysippe, filtrée par la Grande Grèce, en particulier par Tarente, mais souvent réélaborée et réadaptée aux exigences de la production locale. La tête est en effet assimilable à l’Éros à l’arc du type de celui des musées du Capitole, qui dut constituer son modèle savant de référence. Des versions d’aussi bonne qualité que celle-ci exercèrent sans doute une forte influence, dont les résultats sont reconnaissables non seulement dans la production locale de terres cuites à Rome et dans le Latium (Lavinium), mais aussi sur des œuvres en bronze provenant de l’Étrurie intérieure (tel le Putto Graziani) ou du lac Trasimène, et enfin sur des couvercles d’urnes en terre cuite datant de la même époque et fabriquées à Chiusi (Sannibale 2006). M. S.

LA REDÉCOUVERTE DE CERVETERI

29


3. Portrait de femme en buste Production : Cerveteri Première moitié du IIIe siècle av. J.-C. Terre cuite recomposée à partir de trois fragments H. 34,7 cm ; l. max. cons. 28 cm ; pr. du buste 15,3 cm ; l. de la tête 16 cm ; pr. de la tête 20 cm Provenance : Cerveteri, lieu-dit Vignali ou temple du Manganello Cité du Vatican, Musée grégorien étrusque, inv. 14107 Bibl. : Musei Etrusci… monimenta 1842, pl. XLVIII (en bas au centre) ; Kaschnitz-

Weinberg 1924-1925, p. 346-347, pl. XXIV ; Bianchi Bandinelli 1950, p. 100, 295, fig. 102-103 ; Banti 1960, p. 346-347, pl. 117 ; Helbig 1963, p. 589-590, no 799 (T. Dohrn) ; Hafner 1965, p. 58-60, pl. 25,3-4 ; Kaschnitz von Weinberg 1965, p. 17, 51-52, 106, pl. 10,1-2 ; Kilmer 1977, p. 228-229, no 112, fig. 183-185 ; Exposition New York, Chicago, San Francisco 1983-1984, p. 199, no 121 (F. Roncalli) ; Exposition Florence 1985, p. 386, no 17.2.4 (E. Talamo) ; Hofter 1985, p. 103, 211, no 260 ; Buranelli 1992, p. 103, no 71 ; Sannibale 2003a, p. 162-163, fig. p. 175 ; Papini 2004, p. 265-267, fig. 191-193 ; Sannibale 2011a, p. 384, no 6.1.

À côté d’une production standardisée de terres cuites votives destinées à la sphère du culte, qui représentaient des têtes et des demi-têtes, des produits agricoles ou des animaux, des organes ou des parties du corps, on trouve aussi des réalisations plus exigeantes et originales, destinées à des commanditaires de rang plus élevé. C’est le cas du buste examiné ici : fabriqué par modelage direct, il figure une femme relativement jeune (à peine vingt-cinq ou trente ans, selon les critères du début du XXe siècle ; voir par exemple Kaschnitz-Weinberg 1924-1925, p. 346), aux traits physionomiques bien caractérisés, et relève clairement d’une intention de créer un portrait. Il s’agit de toute évidence d’une œuvre originale, très différente de celles qu’on réalisait en série à l’aide de matrices : elle fut modelée directement à partir d’une cavité interne préparée d’avance, grâce à l’ajout progressif de morceaux et de feuilles d’argile qui ont constitué des parois assez épaisses et irrégulières. Ces phases d’élaboration sont bien visibles sur la surface interne des parois, qui n’a pas fait l’objet de finitions supplémentaires. La surface du visage et du cou est très lisse, car elle a été traitée encore humide, par le biais de coups de pinceau très fins, de manière à rendre au mieux la luminosité de l’incarnat. Les rides tracées sur le cou et sous le menton marquent le passage du temps sur un visage plus pensif qu’idéalement détaché. Le modelé présente des creux profonds, dus à un travail à la lame qui a entaillé de manière réaliste les détails des paupières, de la bouche et des oreilles au profond conduit auditif, ornées de boucles d’oreilles à protomés de lion ; les iris et les pupilles ont en revanche été incisés. La chevelure, où une raie centrale aboutit à deux mèches de cheveux relevées sur le front, est coiffée vers l’arrière et partiellement rassemblée en chignon sur la nuque ; elle est très en relief sur la partie frontale et plus aplatie sur la partie arrière, traitée sous forme de hachures sommaires. Le rendu de la fine tunique plissée, à décolleté en V, et du manteau qui la recouvre, trahit un travail plus rapide sur une surface plus rugueuse, qui

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HISTOIRE D’UNE DÉCOUVERTE

crée un contraste efficace avec la luminosité de l’incarnat lisse. Ce buste est conçu comme un objet autonome, comme le montrent la coupe nette, intentionnelle, qui le délimite à la hauteur des aisselles, ainsi que sa disposition nettement frontale, à peine atténuée par la légère inclinaison de la tête vers la gauche. Cela a autrefois conduit certains auteurs à supposer qu’il aurait pu être mis en valeur par un cadre « monumental », telle une niche, sur le modèle des monuments funéraires de l’époque républicaine tardive (Kaschnitz-Weinberg 1924-1925, p. 346). En l’absence de tout contexte, sa datation a été très débattue. Daté, pendant toute la première moitié du XXe siècle, entre la fin du IIe et le début du Ier siècle av. J.-C. (voir par exemple Kaschnitz-Weinberg 1924-1925 ; Bianchi Bandinelli 1950 ; Banti 1960 ; Helbig 1963, p. 589-590, no 799 [T. Dohrn]), il a par la suite été daté du début de l’époque hellénistique, sur la base d’éléments matériels. Parmi ceux-ci, on notera avant tout les boucles d’oreilles à protomés léonines : elles se rattachent en effet à un type de bijoux caractérisé par des protomés animales ne comprenant pas seulement des lions, très répandu à Tarente et en Italie du Sud, adopté ensuite en Étrurie et qu’on date entre le dernier quart du IVe et le IIIe siècle av. J.-C. (Cristofani, Martelli 1983, p. 66, 312-313, nos 247-248 ; Guzzo 1993, p. 96-97, 255257, classe VI ; Sannibale 2004, p. 48-49, nos 30-31, fig. 15 ; voir Exposition Florence 1985, p. 386, no 17.2.4 [E. Talamo]). Du reste, outre le détail de la boucle d’oreille, la disposition même des mèches autour du pavillon auriculaire avait en son temps évoqué un rapprochement avec les terres cuites votives hellénistiques du dépôt cérétain (Hafner 1965, p. 58, pl. 25,1-2 ; Papini 2004, p. 266, fig. 194-195). Enfin, on a aussi suggéré, pour la tunique à décolleté en V et son ourlet hachuré, des points de comparaison dans la céramographie étrusque et dans des terres cuites d’Italie du Sud (Canosa, Lucera) et de Sicile (Morgantina), datées entre la seconde moitié du IVe siècle et le IIIe siècle av. J.-C. (Papini 2004, p. 265-267). Le buste examiné ici est une œuvre exceptionnelle ; il s’insère à bon droit dans la tradition du portrait médio-italique, influencée en partie par les conquêtes formelles de l’art grec, qui sut élaborer, au début de l’époque hellénistique, les premiers portraits dynastiques. Le portrait constitue en effet un élément très présent dans la culture italique : adopté dans des contextes aussi bien votifs que funéraires, il fut repris à leur compte par les aristocrates romains, en raison de l’importance qu’ils accordaient à l’image de l’individu. Passé, à travers l’art romain, dans la culture figurée occidentale, au point d’apparaître comme allant autant de soi que la représentation incomplète du corps humain, il marque l’épilogue, sous des aspects particuliers, des formes de portraits initialement mûries au sein de l’art grec. M. S.




1835, LES FOUILLES TORLONIA 4*. Pietro Ercole Visconti Antichi monumenti sepolcrali scoperti nel ducato di Ceri negli scavi eseguiti d’ordine di Sua Eccellenza il signor D. Alessandro Torlonia, Rome, 1836 Tombe Torlonia (planche II, FOL VA 4) Paris, Institut national d’histoire de l’art, bibliothèque, collections Jacques-Doucet

Le volume publié en 1836 reprend la présentation que l’auteur avait faite à l’Académie pontificale des fouilles exécutées en 1835 pour le compte du prince Torlonia. Outre la relation de fouille et la mention des objets découverts, dont plusieurs ont été donnés au département des Monnaies, Médailles et Antiques, le volume vaut par ses gravures de la tombe du Siège Torlonia et de la tombe Torlonia, qui constituent encore, en dépit de quelques approximations, une documentation précieuse sur ces deux monuments. L. H.

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5. Modèle de barque Production : Cerveteri Première moitié du VIIe siècle av. J.-C. Impasto H. 4,9 cm ; L. 43,1 cm ; l. 13 cm Provenance : Cerveteri, nécropole de Monte Abatone, tombe du Siège Torlonia, chambre du fond Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, Médailles et Antiques, inv. 165

5

Bibl. : De Ridder 1901-1902, p. 67, no 165.

6. Alabastre Production : Cerveteri Fin du VIIe-début du VIe siècle av. J.-C. Bucchero H. 48,5 cm ; diam. 5 cm Provenance : Cerveteri, nécropole de Monte Abatone Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, Médailles et Antiques, inv. 161 Bibl. : De Ridder 1901-1902, p. 66, no 161.

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7. Calice à caryatides Production : Cerveteri Seconde moitié du VIIe siècle av. J.-C. Bucchero H. 16,4 cm ; diam. 17,6 cm Provenance : Cerveteri, nécropole de Monte Abatone, tombe du Siège Torlonia, chambre du fond Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, Médailles et Antiques, inv. 150 Bibl. : De Ridder 1901-1902, p. 63-64, no 150.

8. Olpè protocorinthienne Décor : frises d’animaux et sphinge Production : Corinthe, Peintre du Cabinet des médailles 630-615 av. J.-C. Terre cuite H. 47,3 cm ; diam. 24,7 cm Provenance : Cerveteri, nécropole de Monte Abatone, tombe du Siège Torlonia, chambre du fond Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, Médailles et Antiques, inv. 83 Bibl. : De Ridder 1901-1902, p. 36, no 83 ; Flot 1928, pl. 8.11.13, 9.2-3 ; Amyx 1988, p. 75, no 2. 6

t Détail du cat. 7.

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LA REDÉCOUVERTE DE CERVETERI

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9. Œnochoé corinthienne Décor : frises d’animaux, sphinges ; deux bustes féminins et deux coureurs Production : Corinthe 620-590 av. J.-C. Terre cuite H. 36 cm ; diam. 26,2 cm Provenance : Cerveteri, nécropole de Monte Abatone Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, Médailles et Antiques, inv. 90 Bibl. : De Ridder 1901-1902, p. 40-41, no 90 ; Flot 1928,

pl. 8.12, 9.1.6-7, 10.5-6, 16.3.5 ; Payne 1971, no 730A, p. 298, no 129, p. 277, no 734A, p. 298.

10. Amphore corinthienne

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10

Décor : frise d’animaux Production : Corinthe 620-590 av. J.-C. Terre cuite H. 20,6 cm ; diam. 15,8 cm Provenance : Cerveteri, nécropole de Monte Abatone Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, Médailles et Antiques, inv. 78 Bibl. : De Ridder 1901-1902, p. 34, no 78 ; Flot 1928, pl. 9. 4-5 ; Payne 1971, p. 316, no 1142.

11. Skyphos corinthien Décor : frises d’animaux, sphinges et sirènes Production : Corinthe 620-590 av. J.-C. Terre cuite H. 17,5 cm ; l. 30,7 cm Provenance : Cerveteri, nécropole de Monte Abatone Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, Médailles et Antiques, inv. 98 Bibl. : De Ridder 1901-1902, p. 45, no 98 ; Flot 1928,

pl. 10.1.3 ; Payne 1971, p. 295, no 697.

12. Coupe à yeux attique à figures noires

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Décor intérieur : gorgonéion au centre ; cinq bateaux sur le pourtour Décor extérieur : entre les grands yeux, Dionysos entouré de satyres et Héraclès combattant un géant ; sous les anses, deux satyres Production : Athènes, attribuée au Groupe de Léagros 520-510 av. J.-C. Terre cuite H. 16,2 cm ; l. 47,4 cm Provenance : Cerveteri, nécropole de Monte Abatone, lieu-dit « Monte dell’Oro » Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, Médailles et Antiques, inv. 322 Bibl. : De Ridder 1901-1902, p. 219-223, no 322 ; Flot 1931, pl. 52.3-6, 53.1-5, 54.1-2 ; ABV 380.296. 12

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HISTOIRE D’UNE DÉCOUVERTE


1836, LA DÉCOUVERTE DE LA TOMBE REGOLINI-GALASSI

LES FOUILLES DE LA DUCHESSE DE SERMONETA

13*. Luigi Canina Descrizione di Cere antica ed in particolare del monumento sepolcrale scoperto nell’anno MDCCCXXXVI da S. E. il Sig. Generale Vincenzo Galassi, e Rmo Arciprete D. Alessandro Regulini per servire di preliminare illustrazione degli oggetti in esso rinvenuti e collocati nel nuovo Museo Gregoriano del Vaticano, Rome, 1838

14. Coq

Tombe Regolini-Galassi (en haut) Restitution de la nécropole avec vue de la cité (en bas) Paris, Institut national d’histoire de l’art, bibliothèque, collections Jacques-Doucet, 4 VA 1206

Dès 1838, l’architecte et archéologue Luigi Canina publiait la première véritable monographie consacrée à Cerveteri. Elle rassemble les découvertes des premières années de fouille, en particulier la tombe Regolini-Galassi, mise au jour deux ans plus tôt et dont le mobilier était exposé dans le nouveau Musée grégorien étrusque, inauguré en 1837. L. Canina a publié une dizaine d’années plus tard une étude sur Cerveteri et son territoire, dans l’ouvrage, plus vaste, intitulé L’antica Etruria marittima (Rome, 1846-1851), où figurent les découvertes faites depuis 1838. L. H.

Production : Cerveteri ? Ve siècle av. J.-C. Bronze H. 6,9 cm ; l. 8 cm ; pr. 2,5 cm Provenance : Cerveteri, zone urbaine Berlin, Staatliche Museen zu Berlin, Antikensammlung, inv. Fr. 2315 Bibl. : BullInst 1840, p. 134 (G. Abeken) ; Friederichs 1871, p. 494, no 2315 ; Hoffmann

1974, p. 212, note 4, 3 ; Franken, Heilmeyer 2011, p. 45, fig. 6.

Comme le montre le compte rendu des fouilles de la duchesse de Sermoneta publié dans le Bulletin de l’Institut de correspondance archéologique, cette statuette a été découverte dans la zone urbaine de Cerveteri. Représentant un petit coq de combat, selon une iconographie bien attestée à l’époque en Grèce (par des petits bronzes comparables, mais également sur le décor de vases), il avait sans doute été consacré dans un sanctuaire de la cité. L. H.

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15. Fragment de décor architectural : pied Production : Cerveteri Fin du VIe siècle av. J.-C. Terre cuite H. 15,6 cm ; L. 22,7 cm ; l. 9,2 cm Provenance : Cerveteri, zone urbaine Berlin, Staatliche Museen zu Berlin, Antikensammlung, inv. TC 3980 Bibl. : Exposition Berlin 1988, p. 169, no B. 6.1.15 ; Kästner 1993, p. 114-115, no 9, fig. 10-12 ; Cristofani 2000, p. 400, fig. 9 ; Winter 2009, p. 468-469.

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Ce pied droit, posé sur une plinthe, appartient vraisemblablement à une figure d’acrotère d’un des édifices sacrés de la cité ; le pied gauche correspondant, fragmentaire (inv. TC 3973), a été découvert lors des mêmes fouilles, ainsi peut-être que d’autres fragments, difficilement identifiables, du même décor. La position des deux pieds, chaussés de calcei repandi rouges, aux détails rendus en blanc, jaune et noir, montre que la figure, probablement féminine, était représentée marchant de profil vers la droite. L. H.

13

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LA REDÉCOUVERTE DE CERVETERI

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16*-17*. Anses d’hydrie Production : Laconie Vers 570-560 av. J.-C. Bronze Anse verticale : H. 18 cm ; l. 21 cm (entre les pattes des lions). Anses horizontales : L. 19 cm ; l. 10,3 cm Provenance de l’anse verticale : Cerveteri (1842) Bruxelles, musées royaux d’Art et d’Histoire, inv. R.1179 (anse verticale) et R.1183 (anses horizontales) (collection Ravestein) Bibl. : Micali 1844, p. 117-118, pl. 19, 3 (anse verticale) ; De Meester de Ravestein

18842, no 1179, p. 340, no 1183, p. 342 ; Hoffmann 1964, 185-188, pl. 63 ; von Bothmer 1965, p. 600 (anse verticale) ; Jucker 1966, p. 64, 88, 91-95, 117-119, pl. 28, 33-34 ; Rolley 1982, p. 44 (anse verticale) ; Gauer 1991, p. 101-102 (anse verticale) ; Stibbe 1992, p. 27-28, no G 7, fig. 37, no G 8, fig. 38 ; Stibbe 2000, p. 114, fig. 72, 115 (anse verticale) ; Szilágyi 1991, p. 510-511 ; Bieg 2002, p. 57 (anse verticale) ; Stibbe 2006, p. 246, nos 35 a-b.

Au sommet de l’anse verticale, le long du bord, se trouve une paire de lions couchés, leur queues rejoignant la partie verticale de l’anse. La crinière des lions est soigneusement gravée et se prolonge par de délicates lignes ondulées. La poignée est ornée de bordures et d’un grand V, hachurés, et est surmontée de cannelures verticales qui devaient prolonger le décor de la lèvre du vase, aujourd’hui perdu. Son attache inférieure porte une palmette à douze pétales centrés sur une double spirale. De part et d’autre émerge un serpent. Attachés à la palmette et aux serpents apparaissent deux démons en position de « course agenouillée » (Knielauf ), une convention archaïque qui suggère la course rapide. Leurs tresses et les bords de leurs ailes présentent un motif soigné de hachures. Leur identification reste incertaine. Parmi de nombreuses suggestions, on peut mentionner les serviteurs du dieu de la guerre Arès, Deimos et Phoibos, ou les fils du dieu du vent du nord, Boréas. Nettoyée par électrolyse dans les années 1950, cette anse a malheureusement perdu sa patine antique. Les anses horizontales se terminent par une paire de protomés de cheval et par deux palmettes opposées (de huit et quatre pétales). Les têtes des chevaux sont modelées en ronde bosse et les crinières sont délicatement ornées de lignes ondulées. Une partie de l’épaule et une jambe avant de chaque équidé sont également représentées. L’anse verticale a été très tôt reconnue comme appartenant à une hydrie (Meester de Ravestein 18842), un vase à eau avec une anse verticale et deux anses horizontales. Dans la littérature ancienne, cependant, ces trois anses ne sont pas associées. C’est en 1964 seulement que Herbert Hoffmann, sur des bases stylistiques, suggère qu’elles peuvent provenir du même vase. Cette proposition est suivie par Conrad M. Stibbe (1992). Cette parenté stylistique se marque notamment au niveau des fines lignes ondulées qui dessinent les crinières des chevaux et des lions, ainsi que par la similitude que l’on observe entre les palmettes. Aux rapprochements stylistiques faits par ces savants, on peut ajouter des arguments plus techniques : toutes les anses présentent encore certains de leurs tenons de fixation d’origine dont la technique de fabrication et d’attache est identique sur les différentes pièces. En outre, l’arrière de l’anse verticale et celui d’une anse horizontale montrent le même signe gravé (une pointe de flèche fendue d’une ligne verticale), une marque d’assemblage pour faciliter la fixation des anses sur le vase.

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HISTOIRE D’UNE DÉCOUVERTE

Ces anses ont été attribuées à divers ateliers : laconien (Hoffmann, Rolley, Stibbe), de Grande Grèce (Jucker), étrusque (Gauer). Cependant, les lions couchés au sommet de l’anse verticale et les protomés de cheval sur les anses horizontales correspondent à une typologie bien identifiée de décor des anses d’hydries en bronze laconiennes. Ce constat renforce d’ailleurs la probabilité que ces anses proviennent du même vase. Le style général des anses, et notamment les protomés de cheval, s’inscrit bien dans la tradition laconienne (Stibbe 1992, p. 27-28). En outre, les démons ailés de l’anse verticale, inconnus sur d’autres anses en bronze, trouvent des parallèles fort proches sur les vases laconiens en céramique peinte où de telles figures sont souvent représentées (Stibbe 1992, p. 27). Selon la classification de C. M. Stibbe, ces anses représentent la transition entre un groupe ancien (Group D-F), où les lions, la grande palmette et les chevaux sont déjà présents, et la série Grächwil-Treia, où les figures se multiplient : la partie verticale de l’anse peut alors être remplacée par une figure humaine souvent flanquée d’une paire d’animaux (Stibbe 1992, p. 20-30). L’ensemble des arguments typologiques et stylistiques invite donc à situer ces anses parmi l’abondante production laconienne d’hydries en bronze du VIe siècle av. J.-C. Ces vases de très belle qualité furent exportés en nombre dans le monde grec et au-delà. N. M.

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LES FOUILLES DE GIOVANNI PIETRO CAMPANA

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18. Cesare Berzotti Visite à la tombe des Reliefs de Cerveteri Vers 1850 Huile sur toile H. 78 cm ; l. 110 cm Milan, collection Virginio et Rita Battanta Bibl. : Bruni 2011, p. 43, fig. 34 ; Bruni sous presse.

L’hypogée des Matuna, plus connu sous le nom de tombe des Reliefs, fut fouillé par le marquis Giovanni Pietro Campana au début de l’hiver 1846-1847, dans la nécropole de la Banditaccia de Cerveteri. Son extraordinaire ensemble de stucs attira aussitôt l’attention des archéologues, mais aussi des artistes et des voyageurs qui parcouraient l’Italie ; plusieurs de ces derniers s’en inspirèrent, durant la décennie qui suivit leur découverte, pour des dessins et des aquarelles. Campana lui-même avait d’ailleurs fait réaliser des fac-similés, aujourd’hui perdus, du décor de la tombe ; il les avait exposés dans sa villa-musée du Latran, à Rome, et les avait utilisés lors de la présentation de la tombe qui s’était tenue le 20 mars 1851 à l’Académie pontificale romaine d’archéologie (sur la tombe et sa mise au jour, voir Blanck 1986, p. 11 sqq., avec bibliographie antérieure ; sur Campana, voir Sarti 2001 et Exposition Frascati 2006-2007, p. 249 sqq.). La toile de l’artiste bolonais Cesare Berzotti, récemment réapparue à Florence, où elle était parvenue lorsque Campana s’y installa (Pianazza 1993, p. 473 sqq.), se place dans la même lignée ; elle fut exécutée dans les années qui ont suivi la découverte, comme le confirment, entre autres, des analogies de style et de construction des compositions avec les dessins de C. Berzotti figurant dans la Raccolta dei principali monumenti di Roma (Recueil des principaux monuments de Rome) ; ces dessins, transposés par l’artiste napolitain Michele Danesi sous forme de lithographies, furent en vente dans sa boutique située à l’angle de la Via della Vite et de la Via del Gambero, durant les années qui suivirent l’éphémère expérience de la République romaine. S. B.

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19-20. Samuel James Ainsley Tombe des Reliefs Vers 1850 Crayon et aquarelle H. 26,6 cm ; l. 36,1 cm Londres, British Museum, Department of Prints and Drawings, inv. 1874,0711.2240 Bibl. : Blanck, Proietti 1986, p. 11, pl. III.

Tombe de l’Alcôve Vers 1850 Crayon et encre H. 26,2 cm ; l. 36,9 cm Londres, British Museum, Department of Prints and Drawings, inv. 1874,0711.2233* Bibl. : Exposition Paris, Berlin 1992-1993, p. 399, no 475.

Samuel James Ainsley a réalisé de nombreux dessins des différents sites d’Étrurie, témoignant de l’intérêt nouveau pour cette civilisation au cours du XIXe siècle. Ces dessins, qui sacrifient peu au pittoresque (les quelques vases représentés à terre dans les tombes), constituent une documentation précieuse sur des monuments découverts de fraîche date : c’est le cas en particulier pour la nécropole de Cerveteri, dont S. J. Ainsley a su capter à la fois l’intérêt archéologique et le pouvoir évocateur. L. H.

LA REDÉCOUVERTE DE CERVETERI

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