LES JIYE DU SOUDAN DU SUD (extrait)

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GUSTAAF VERSWIJVER

LES JIYE DU SOUDAN DU SUD


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Nadikyo Lokwanga, un riche informateur toposa (NgiMogos).


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GUSTAAF VERSWIJVER

LES JIYE DU SOUDAN DU SUD


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Table des matières

06 INTRODUCTION 08 10 13 14 15

Carte 1 Les Jiye du Soudan du Sud Remerciements Le contexte Présentation des « Ateker »

16 CHAPITRE I Ethnogenèse des Jiye et des Toposa 18 Carte 2 19 Cartes 3 et 4 20 Ethnogenèse des Jiye et des Toposa 21 Les Jiye commencent leur voyage 22 Les Jiye au Soudan du Sud 24 Genèse des Toposa-Nyangatom 26 Affrontements et leurs répercussions 31 Le temps de la dispersion 34 Les Jiye poursuivent leur voyage… 36 Complications récentes

40 CHAPITRE II Relations et guerres intertribales 42 Relations et guerres intertribales 42 Les Toposa 43 Carte 5 45 Les Nyangatom 47 Les Murle 52 Les Baale 55 Conflits intertribaux

60 CHAPITRE III Organisation spatiale 62 Carte 6 63 Carte 7 64 Organisation spatiale 64 Les sections territoriales

80 CHAPITRE IV Organisation des générations 82 Organisation des générations 82 Les clans et l’identité personnelle 92 Les groupes générationnels 99 Les classes d’âge 104 Le festin nyepeyo pour nourrir les anciens

108 CHAPITRE V Mode de subsistance des Jiye et des Toposa 110 Carte 8 111 Mode de subsistance des Jiye et des Toposa 111 Vivre avec le bétail 115 Le bœuf favori 117 Le mariage et le « prix de la fiancée » 129 Exploiter la production du troupeau 133 Le nyakiriket 136 L’utilisation des peaux de bêtes 140 L’agriculture 147 Autres modes de subsistance

154 ANNEXE 156 Le calendrier NgiTarakabun

158 BIBLIOGRAPHIE

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Paysage autour de la rivière Kengen (nord-ouest du pays jiye).


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Introduction


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Carte 1 Situation géographique générale.

Bor

Bahr El Jebel R.

EAST

WESTERN EQUATORIA CENTRAL EQUATORIA So nR .

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REPUBLIC OF SOUTH SUDAN Torit

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BUHEYRAT Introduction

09

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Fig. 1 Paysage près du massif du Moruankipi (sud-est du pays toposa).

Les Jiye du Soudan du Sud « Témoigner des peuples oubliés » : tel est l’objet de la série de monographies publiée par la Fondation culturelle Musée Barbier-Mueller. Or, « oubliés », les Jiye du Soudan du Sud le sont assurément. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, ils apparaissent vaguement dans les écrits des premiers explorateurs occidentaux, qui les fréquentent brièvement. Par la suite, les spécialistes les rattacheront invariablement au

cercle karamojong (ou groupe des Ateker). Mais alors que les branches ougandaises, kenyanes et éthiopiennes de ce groupe suscitent l’intérêt croissant des anthropologues, les Jiye du Soudan n’ont jamais fait l’objet de la moindre recherche1. On connaît un peu mieux leurs voisins, les Toposa. Le 5 janvier 1927, le capitaine Knollys s’établit sur la rive est de la rivière Thingaita, en plein pays toposa, dans l’État de l’Équateuroriental. Ce poste, baptisé Kapoeta, donnera naissance à la seule véritable ville de la région.


Introduction

Un missionnaire combonien, Augusto Pazzaglia, y séjourne dans les années 1950 et au début des années 1960. Ses observations sur les Toposa seront partiellement publiées en 1973. Mais c’est seulement au début des années 1980 que les chercheurs commencent à s’intéresser à ce peuple, à l’instar de Martin Schroeder et de son épouse Helga, du Summer Institute of Linguistics, qui s’installent à Kapoeta pour étudier la langue toposa, ou d’Harald Müller et de son épouse Martina Dempf, deux anthropologues allemands qui entament des recherches dans la région. La seconde guerre civile au Soudan du Sud (1983–2005) mettra un terme à ces entreprises. Si Harald Müller est retourné récemment auprès des Toposa pour poursuivre ses recherches, personne ne s’est aventuré plus au nord, chez les Jiye. Dans le cadre d’un projet de recherche en anthropologie que je coordonnais et qui portait sur les décorations corporelles dans les sociétés pastorales africaines2, j’ai eu la chance de travailler brièvement avec les Toposa, en 1997 et en 2000. C’est en 2000 que j’ai rencontré les Jiye pour la première fois, au pied du plateau de Boma, où un nombre d’entre eux s’étaient réfugiés pour fuir un épisode de sécheresse particulièrement sévère. Fasciné par cette petite tribu pastorale, je suis retourné parmi eux en 2006, 2007 et 20093, puis une dernière fois en 2013, grâce à un financement de la Fondation culturelle Musée Barbier-Mueller. Hélas, c’est un groupe de Jiye turbulents et, contre toute attente, agressifs, que j’ai retrouvé. Certes, « Jiye » signifie « querelleur », « fauteur de troubles4 », mais j’avais toujours été reçu chaleureusement et avec gentillesse. J’ai donc été complètement pris de court. Manifestement, je me trouvais au mauvais endroit, au mauvais moment. J’ai appris plus

tard que la région était en proie à des tensions, notamment parce que les Jiye avaient tué une femme toposa et que les Toposa cherchaient à se venger. Les NgiTarabakun (une section jiye) rejetaient apparemment la faute sur une autre section, les NgiMokodol. Quoi qu’il en soit, emmenés par des camarades sous l’emprise de l’alcool, de jeunes hommes et des adolescents ont décidé d’afficher ouvertement leur hostilité – un prétexte, à mon avis, pour exhiber leur force à l’aube de l’âge adulte. L’incident, qui a dégénéré en un simulacre d’attaque, a duré environ deux heures. Résultat : en 40 ans de carrière, ce fut ma plus courte mission sur le terrain ! Bien que profondément marqué par cet événement, je n’en ai pas pour autant perdu mon estime pour les Jiye et leur culture. C’est à eux que je dédie cet ouvrage. L’on comprendra que je n’ai pas pu étudier tous les aspects de la culture jiye et que j’englobe donc les Toposa dans mon étude. À vrai dire, les deux groupes parlent la même langue et sont très proches culturellement : leurs systèmes sociaux, leur économie, leur culture matérielle et leurs expressions rituelles présentent maintes caractéristiques communes. En fait, les ressemblances entre les deux tribus sont si frappantes que l’administration locale de l’Équateur-oriental a eu tendance à considérer les Jiye comme une simple subdivision des Toposa. Eriksen (1977b), qui a travaillé dans la région au milieu des années 1970, indique en effet qu’à des fins administratives, les Jiye étaient rattachés aux Toposa. Tornay (2009) confirme que les fonctionnaires locaux faisaient encore de même en 1980. Aujourd’hui, les administrations des États de l’Équateur-oriental et du Jonglei reconnaissent les Jiye comme une tribu indépendante. C’est pourquoi je me concentre

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sur les Jiye, mais en élargissant la portée de mon étude aux Toposa (et à leurs voisins de l’est, les Nyangatom) pour une meilleure compréhension. Cet ouvrage se veut une première introduction au peuple jiye. Malgré ses limites et peut-être même ses erreurs, j’ose espérer qu’il ouvrira la voie à d’autres recherches sur les Jiye et les Toposa.

Fig. 2 Jeune fille profitant de la pluie à Namoropus (Toposa-NgiKor).

Notes 1. En 2012, Christian Bader a publié la première publication consacrée exclusivement aux Jiye. 2. Ces travaux de recherche ont été financés par le Fonds national de la recherche scientifique (NFWO/FNRS – subvention G.0319.95 pour la période 1995-1998), le Fonds Léopold III pour l’exploration et la conservation de la nature (Bruxelles) et le Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren). 3. À chaque fois, mes travaux portaient aussi sur les Toposa. Au total, j’ai passé environ six mois sur le terrain auprès des Jiye et des Toposa. 4. Dans la littérature, « Jiye » est généralement traduit par « combattant ». Je dois à Serge Tornay ces termes plus appropriés.


Introduction

Remerciements J’ai commencé mes recherches sur le terrain en 1997 dans le cadre d’un projet financé par le Fonds national de recherche scientifique (NFWO/FNRS – subvention G.0319.95 pour la période 1995-1998). Le Fonds Léopold III pour l’exploration et la conservation de la nature (Bruxelles), le Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren) et la Fondation culturelle Musée Barbier-Mueller m’ont aussi apporté leur concours. J’ai été autorisé à mener mes recherches dans les États de l’Équateur-oriental et du Jonglei, au Soudan du Sud, par la Sudan Relief and Rehabilitation Association (SRRA, Nairobi), les commissaires de districts locaux, M. Louis Lobong (commandant de l’Armée populaire de libération du Soudan – APLS – pendant la seconde guerre civile, et gouverneur de l’Équateur-oriental depuis l’indépendance) et Mme Paska Hifita Oduho (anciennement ministre de l’Égalité homme-femme, de la Culture et du Développement social et maintenant ministre de l’Éducation). Je leur sais gré de l’aide qu’ils m’ont apportée et de la confiance qu’ils m’ont témoignée. Cette étude se fonde principalement sur mes notes de recherche et sur des données tirées de diverses publications. Je tiens à exprimer ma gratitude à Serge Tornay pour ses multiples et édifiants ouvrages sur les Nyangatom et les Ateker, mais aussi pour son hospitalité. Combien de conversations stimulantes n’avons-nous pas eues ! Mon cher ami Patrick Berben m’a accompagné à l’occasion de plusieurs missions et m’a apporté un soutien précieux, que ce soit sur le terrain ou lors de nos échanges, en brousse ou chez nous. Je remercie Laurence Mattet, directrice générale du Musée Barbier-Mueller,

Fig. 3 L’auteur avec une famille jiye à Naperedey (Jiye-NgiTarakabun).

pour sa générosité et sa compréhension, et pour sa contribution à l’élaboration de cette monographie. Je tiens également à remercier Guido Gryseels, directeur général du Musée royal de l’Afrique centrale, et Anne-Marie Bouttiaux, ma collègue dans ce même musée, pour l’aide qu’ils m’ont apportée dans mes recherches sur les sociétés pastorales d’Afrique de l’Est. Toute ma reconnaissance également à Mark T. Laki, mon chauffeur au Soudan du Sud, qui est devenu un ami au fil des ans, et à Mary Amodoi, de la tribu karimojong, qui est devenue mon assistante lors de mes missions en Ouganda et s’est par la suite considérablement investie pour traduire mes entretiens avec les Jiye et les Toposa. Il m’est impossible d’exprimer ma gratitude à tous ceux qui m’ont aidé d’une manière ou d’une autre, mais je ne saurais clore ce chapitre sans remercier mon épouse, Martine, pour sa patience et son soutien inconditionnel. Enfin, et surtout, je remercie tous les Jiye et les Toposa que j’ai eu le plaisir de rencontrer et avec lesquels j’ai travaillé, en particulier Angelo Lokae Loreka, mon informateur jiye le plus dévoué, et Peter Lopeta, mon fidèle traducteur toposa. Gustaaf Verswijver Division Patrimoines Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren, Belgique)

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Fig. 4 Précipitations annuelles à Lokitaung (nord du pays turkana, Kenya), 1935-1990. On note la diminution graduelle, processus en vigueur depuis plusieurs décennies.

500

0 1920

1930

1940

1950

1960

1970

1980

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2000

Le contexte Pour comprendre les Jiye et les Toposa, il convient d’abord de saisir les particularités de l’environnement dans lequel ils vivent. Le pays jiye se situe à la frontière des États de l’Équateur– oriental et du Jonglei, au Soudan du Sud. Il s’agit d’une plaine sise à une altitude moyenne de 420-480 m, bordée à l’est par le plateau de Boma (1 100 à 1 500 m d’altitude) et au nord par les monts Maruwa (800 m d’altitude). Au centre trônent les monts Kassangor, à 800 m d’altitude également. Le climat est chaud et sec, et la plaine est couverte d’une savane aride à herbe rase, parsemée d’arbres et d’arbustes épineux. Des forêts galeries ourlent les rives des cours d’eau saisonniers. D’après Bjørtuft (1984, in Oyhus 2000), durant la période 1980–1984, les précipitations annuelles à Kapoeta s’établissaient en moyenne à 695 mm, avec un minimum de 372 mm en 1984 et un maximum de 818 mm en 1982. Toutefois, ce n’est pas tant les faibles précipitations qui sont problématiques pour les populations mais plutôt leur caractère imprévisible. Ainsi, dans la vallée de la rivière Kibish, qui sépare le Soudan du Sud de l’Éthiopie, les précipitations totales enregistrées en 1984-1985 s’élevaient à 372 mm, dont presque 30 % étaient tombés en un seul jour. S’il n’est pas rare d’enregistrer une absence totale de précipitations certaines années, lorsque plusieurs années sèches se succèdent, surviennent alors la sécheresse et, dans son sillage, la famine et la

multiplication des conflits. Même dans un petit périmètre, il peut y avoir une grande variation des précipitations au cours d’une même année. En général, les pluies sont attendues entre mars et mai et, certaines années, des averses surviennent en octobre et en novembre. La température quotidienne moyenne est élevée (25 à 40 °C, voire plus) et les fluctuations annuelles de température sont très faibles. Les cours d’eau ne sont rien de plus que des rivières saisonnières qui traversent la région selon un axe nord-sud essentiellement. Les rivières principales sont la Kurun-Kengen, née sur le plateau de Boma, et la Lokalyan, qui prend sa source dans les monts Didinga. Elles sont en crue au plus fort de la saison des pluies et rejoignent la zone marécageuse située au sud des monts Kassangor. Quand elles le peuvent, les populations puisent l’eau de ces cours d’eau saisonniers pour leur usage domestique. Pour abreuver le bétail, en revanche, elles sont obligées de creuser des puits dans les lits sablonneux des rivières ou de construire manuellement des barrages pour retenir l’eau. À la saison sèche, les sources situées près des montagnes, et en particulier sur l’imposant plateau de Boma, leur procurent de l’eau. Mais lors des épisodes de sécheresse particulièrement sévères, elles deviennent difficiles à trouver, sauf pour quelques initiés. Ce n’est pas un hasard si les colons britanniques ont baptisé l’habitat des Jiye et des Toposa la « grande soif 5 » (Lythe 1951)… Le tableau 8 (p. 156) présente le calendrier d’une section territoriale des Jiye, les NgiTarakabun. Les Jiye et tous les groupes apparentés ont pour coutume d’identifier chaque année par un ou parfois même plusieurs termes ou expressions décrivant un événement majeur survenu cette année-là. L’un de nos principaux informateurs a


Introduction

ainsi cité 59 qualificatifs de ce type (voir tableau 8, p. 157). Dans 14 cas, on ne peut pas véritablement déterminer l’événement d’origine, mais dans les 45 autres, il est frappant de constater que plus de 70 % renvoient à des événements néfastes – guerre, maladie, catastrophe… (voir également le tableau 9 p. 157). Sans vouloir en tirer de conclusions hâtives, ce constat montre que la souffrance et les épreuves sont des facteurs importants dans la vie des peuples de l’État de l’Équateur-oriental et des régions voisines.

Présentation des « Ateker » Les Jiye et les Toposa font partie du « cercle karamojong », constitué de sept tribus très proches linguistiquement et culturellement. Ce groupe est aussi connu sous le nom de « Paranilotes du Centre » ou encore « Ateker ». L’on doit à Webster (1981) ce dernier terme, que Lamphear (1988 et suiv.), Müller (1989) et d’autres chercheurs ont adopté. Tornay (1989 et suiv.), en revanche, le rejette car « ateker », qui signifie « clan », n’est pas employé dans ce sens par tous ces peuples. Toutefois, au Soudan du Sud, les Jiye comme les Toposa l’utilisent pour désigner les sept tribus qui constituent le « cercle karamojong ». Peut-être est-ce là une adaptation récente à des nécessités socio-politiques. Quoi qu’il en soit, je m’alignerai sur cette pratique dans la présente étude. En langue jiye et toposa, tous les noms de groupes portent le préfixe ngi (« ceux de… », « les gens de… »). Puisque cette règle s’applique à différents groupements sociaux, j’appliquerai les principes suivants : – à des fins de facilité, je n’utilise pas la forme ngi- lorsqu’il s’agit de noms de tribus appartenant

au groupe des Ateker. Ainsi, Ngijiye = Jiye ; Ngitoposa = Toposa ; Nginyangatom = Nyangatom ; etc. ; – les noms des sections territoriales portent une majuscule à la première lettre du préfixe et une majuscule à la première lettre du suffixe, ce qui donne NgiTarakabun, NgiMokodol, etc. ; pour éviter toute confusion, le préfixe ngi- est laissé de côté lorsqu’il s’agit des noms des deux grands groupes toposa (Ngikor = Kor et Ngimosingo = Mosingo), car ces mêmes noms servent à désigner des sections territoriales toposa. Ainsi, « NgiKor » désigne la section territoriale, « Kor » le groupe en général ; – les noms des générations ou des classes d’âges se caractérisent par une majuscule à la première lettre du préfixe, par exemple : Ngikaleeso, Ngingoletyang, etc. ; – les noms des clans figurent en italique (ngilobal, ngitoromugyo, etc.). Au cours de mes missions sur le terrain, outre de nombreux échanges de vues informels, 115 entretiens ont été enregistrés et, pour la plupart, traduits. Ces entretiens ont été réalisés auprès de différentes sections territoriales. Afin de les distinguer dans mes citations, j’utilise les abréviations suivantes : JM (Jiye-NgiMokodol) ; JR (Jiye-NgiRisae) ; JT (Jiye-NgiTarakabun) ; TB (Toposa-NgiBunyo) ; TK (Toposa-NgiKor) ; TM (Toposa-NgiMogos) ; TP (ToposaNgiPeymong) ; TR (Toposa-NgiRiwoto) ; NK (Nyangatom-NgiKapung) ; MT (MurleTangajon). Ces suffixes sont suivis d’un renvoi à l’année durant laquelle l’entretien a été réalisé et d’un nombre chronologique. Ainsi, JT09-66 renvoie au 66e entretien réalisé en 2009 auprès de la section jiye des NgiTarakabun. Note 5. « Great Thirst ».

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Filles et jeunes femmes jiye en route pour rendre visite Ă un camp de bĂŠtail (Jiye-NgiTarakabun).


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Chapitre I Ethnogenèse des Jiye et des Toposa


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Carte 2 Migrations anciennes (XVIIIe-XIXe siècle).

Lot il

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.

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Lake Turkana


Chapitre I Ethnogenèse des Jiye et des Toposa

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Carte 3 Le temps de la dispersion (1880-1950).

Pibor

Lot il

la R

.

ETHIOPIA n Ke

Toposa (NgiNyangea) Toposa (NgiMogos)

nR

ge

MARUWA HILLS

.

Boma

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Jiye (JR+JK) Jiye (JR) Jiye (JK)

Kurun

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REPUBLIC OF SOUTH SUDAN

PL

Kur un R .

JONGLEI

EASTERN EQUATORIA

Jiye (JT+JM) Jiye (JT) Jiye (JM)

BO

R.

Lotomai

MORUANKIPI HILLS Loole

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Thin gaita R.

.

LOKWANAMORU RANGE . Loyoro R

Omorate

.

nR

Kapoeta BOYA HILLS

Kibish*

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Omo R

Lokalyan R.

Mogos

LOTIKIPI PLAINS

Narus Torit

MOGILLA HILLS

DIDINGA HILLS

KENYA

Carte 4 Migrations récentes (1950-2010).

po R

Lokichoggio

LA ZU t M

.

R.

MA

PL

KASSANGOR HILLS Kotido

AU

ETHIOPIA Lodwar

LOKWANAMORU RANGE

.

Kapoeta

. Loyoro R

LOTIKIPI PLAINS

Narus Nadapal DIDINGA HILLS

MOGILLA HILLS

KENYA

.

nR

Lokalyan R.

MORUANKIPI HILLS Omo R

So

BOYA HILLS

Lake Turkana

AT E

Kur un R .

Dopeth R.

Kaabong

Th ing ait aR .

Toposa (Mosingo) Toposa (Kor) Jiye Nyangatom

Boma BO

en

ng

Ke

MORUNGOLE MARUWA HILLS HILLS NYANGEYA HILLS

REPUBLIC OF SOUTH UGANDA SUDAN

Lokitaung

SONGOT HILLS

Lot il

la R

.

Kide

Kibish R.

Pibor


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Ethnogenèse des Jiye et des Toposa Toutes les tribus du groupe des Ateker sont originaires du nord-est de l’Ouganda. Il y a quelque trois siècles, plusieurs branches se sont détachées du groupe-souche, ont quitté le creuset natal et ont constitué des tribus distinctes. Alors que les Jie et les Karimojong sont demeurés dans le pays ancestral, les groupes suivants se sont constitués : les Dodos en Ouganda ; les Turkana au Kenya ; les Toposa et les Jiye au Soudan du Sud ; et les Nyangatom au Soudan du Sud et en Éthiopie. John Lamphear (1976a, 1976b, 1988, 1992) a étudié l’ethnogenèse des groupes proto-ateker ainsi que l’histoire « récente » des groupes ateker vivant en Ouganda et au Kenya.

Serge Tornay (1979, 2001, 2009) a fait de même concernant les Nyangatom. En revanche, peu d’ouvrages s’intéressent à la naissance du peuple toposa, et encore moins à celle des Jiye, une lacune que le présent chapitre s’efforce de combler. L’ethnohistoire des Jiye et des Toposa est une succession de migrations motivées notamment par la quête constante d’une contrée propice, la nécessité de se reconstruire après des catastrophes naturelles et la volonté d’échapper aux attaques d’autres tribus. Une analyse détaillée de cette genèse sortirait du propos de cette étude et fera donc l’objet d’un autre ouvrage. Pour l’heure, je me limiterai aux étapes les plus importantes du « voyage1» des Jiye et des Toposa.

Fig. 5 L’auteur interrogeant les anciens à Naperedey (Jiye-NgiTarakabun).


Chapitre I Ethnogenèse des Jiye et des Toposa

épizooties, est probablement à l’origine de l’exode des Jiye, des Toposa et des Nyangatom.

Fig. 6 Angelo Lokae Loreka, un vieil homme jiye atteint de cécité, principal informateur de l’auteur. Naperedey (Jiye-NgiTarakabun).

Les Jiye commencent leur voyage L’expansion des Ateker commence au début du XVIIIe siècle. À cette époque, ce peuple essentiellement pastoral est divisé en deux groupes : au sud, les Magos, dont descendent les Karimojong actuels, les Dodos et une partie des Toposa ; au nord, les Koten, groupe-souche des Jie2, de la majorité des Turkana, des Jiye du Soudan, des Nyangatom et du reste des groupes toposa. Divers facteurs (sécheresse et famine, épizooties, accroissement de la population et du bétail et pressions écologiques subséquentes, etc.) contraignent les Koten-Magos à se disperser. Lamphear (1976a) et Knighton (2005) évoquent une terrible famine, baptisée Laparanat, qui ravage la région pendant une vingtaine d’années à partir de 1780 environ. Cette catastrophe, associée ou non à des

Les informateurs jiye confirment à l’unanimité s’être séparés des Jie du nord-est de l’Ouganda, en expliquant que les jeunes bergers emmenaient le bétail dans de lointains campements, le long du cours supérieur de la rivière Loyoro, et que les Toposa, dans leur migration vers l’ouest3, s’établirent entre ces camps et les principaux villages jie, empêchant ainsi les jeunes bergers de rentrer chez eux. Pour reprendre les termes d’un de ces informateurs, « les Toposa ont migré et se sont installés au milieu, empêchant les bergers jie de rentrer chez eux. Leurs grand-mères, grandspères et pères biologiques vivaient tous là-bas, au pays. C’est à cause des Toposa que nous avons dû rester sur une terre aride, sans eau potable » (JM09-60). Certaines sources citent également la famine et une épizootie majeure au pays ancestral comme obstacles au retour des jeunes bergers (cf. Knighton 2005). Quelles que soient la ou les raisons, le fait est que, quand les pluies sont enfin arrivées et que la sécheresse et la famine ont cessé, les bergers ne sont pas rentrés chez eux. Le camp de bétail devait être relativement important puisque ses occupants purent y fonder ce qui deviendra un groupe distinct, indépendant. Indignés par cet abandon, les Anciens restés au pays maudirent les jeunes bergers. « Vous refusez de rentrer ? Alors vous ne rencontrerez que des problèmes et ne trouverez jamais d’endroit convenable pour vivre » (JR09-05). C’est ainsi que les Jiye se croient condamnés à errer et à s’établir dans les endroits les plus inhospitaliers qui soient, étant chassés dès lors qu’ils trouvent une terre propice.

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Fig. 7 Jesup Lalar, informateur toposa (NgiRiwoto) à Kurun.

Les quelques ouvrages qui évoquent la genèse du peuple jiye affirment invariablement que ce sont les premiers à avoir quitté les terres ancestrales, suivis des Toposa et de leurs alliés nyangatom, ce que corroborent les Jiye. Toutefois, la littérature indique également que les Jiye ont été repoussés ou chassés vers le nord et le nord-est par les Toposa–Nyangatom. Les informateurs jiye ne confirment pas cette information, insistant sur le fait que leurs ancêtres, bloqués par les Toposa, ont simplement continué à avancer. Rien n’est dit sur une quelconque pression qu’auraient exercée les Toposa ; de surcroît, les contacts avec les Toposa et les Nyangatom ont eu lieu beaucoup plus tard. La migration des Jiye au Soudan du Sud doit donc être appréhendée comme un processus lent et naturel d’un groupe en mouvement, en quête de pâtures et de points d’eau. Les informateurs ajoutent que les Jiye

ont traversé des terres quasi-inoccupées, même s’ils ont rencontré d’autres populations dont ils ont, à l’occasion, absorbé des familles ou des petits groupes – mais je reviendrai sur ce point ultérieurement.

Les Jiye au Soudan du Sud Les informateurs jiye précisent qu’après avoir quitté le creuset natal, leurs ancêtres se sont d’abord acheminés vers le mont Mogilla, aux confins nord-ouest du Kenya, où ils ont passé de nombreuses années. De là, ils ont poursuivi en obliquant légèrement vers le nord-est, dépassant la région de Nadapal et avançant au gré des cours d’eau. Ils ont ainsi traversé les rivières Narus, Loyoro4 et Lokalyan, s’arrêtant quelque temps à Lochoa5, sur les flancs occidentaux des monts Nachua, pour


Chapitre I Ethnogenèse des Jiye et des Toposa

finalement s’établir à Lodongosike, juste au nord du village actuel des NgiMogos, une section toposa. Lodongosike deviendra leur pays tribal et ils y demeureront longtemps. C’est le temps de l’essor. Les Jiye, qui comptaient une ou deux sections territoriales à leur naissance, sont beaucoup plus nombreux lorsqu’ils atteignent Lodongosike. Les années précédentes ont donc dû être relativement prospères et épargnées par les famines et les épizooties. À Lodongosike, forts de cette croissance démographique, ils se divisent en quatre sections territoriales : les NgiTarakabun6, les NgiMokodol, les NgiRisae7 et les NgiKurono. Ces deux dernières sections partiront par la suite s’installer près de la rivière Kurun. Les informateurs jiye ne l’interprètent pas comme une scission, puisque les deux groupes continueront à vivre dans des régions voisines. Cette double implantation a dû prévaloir pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Austin (1902) et Gwynn (1911) mentionnent tous deux la présence des « Karuno » ou « Kurono » le long de la rivière Kurun – désignant clairement la section jiye des NgiKurono. De son côté, Donaldson-Smith (1900) situe les « Magois » (NgiMogos, une section toposa) le long du cours d’eau qui coule au nord du « mont Agabi » (Moruankipi), tandis qu’Austin (1902) les place plus au sud-ouest. D’une manière générale, donc, les premiers explorateurs semblent confirmer que la rivière Kurun et la région qui la borde au sud constituent l’habitat des NgiKurono (Jiye) et des NgiMogos (Toposa). Selon Austin, les NgiMogos avaient récemment été repoussés plus à l’ouest par les puissants Turkana, ce qui corrobore les récits de nos informateurs (voir ci-après).

Fig. 8 Lowosyo Nangorakori, informateur jiye (NgiRisae) à Loyapuru.

Fig. 9 Nadikyo Lokwanga, un riche informateur toposa (NgiMogos).

Fig. 10 Femmes jiye cheminant (NgiTarakabun).

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Fig. 11 Vestiges de Loelli, un poste britannique stratégique implanté au sommet de l’arête sud des monts Moruankipi. De là, on pouvait suivre les mouvements des Turkana et des Nyangatom dans le Triangle d’Ilémi.

C’est à Lodongosike et dans la région de la Kurun que les Jiye rencontrent les Murle pour la première fois. À cette époque, ces derniers vivent autour des monts Kassangor8. Mais Arensen (1992) montre que certains groupes murle (« tête » de la migration et de l’expansion) s’étaient déjà installés plus au nord, autour des rivières Lotilla et Pibor, ce qui signifie que les Jiye rencontrent la « queue » de cette migration9. C’est également à cette période que les Jiye rencontrent les Nyangatom et les Toposa. Ces premiers contacts sont pacifiques. Quelques

années plus tard toutefois, les Nyangatom lancent leur première attaque contre les Jiye à la suite d’un conflit au sujet du bétail. Les NgiKor10 (Toposa) leur emboîtent bientôt le pas. C’est donc une période particulièrement périlleuse qui s’ouvre pour les Jiye, victimes, en quelques années seulement, de plusieurs attaques d’envergure (JT09-08, JM09-21). Celles-ci marquent la fin de leur migration pacifique. À partir de là, les déplacements des Jiye seront principalement motivés par la volonté d’éviter les affrontements avec leurs voisins ateker du sud ou de nouer des alliances temporaires avec d’autres voisins. Pour comprendre cette recrudescence d’attaques, une brève présentation de la genèse des peuples toposa et nyangatom s’impose.

Genèse des Toposa-Nyangatom Les Toposa-Nyangatom sont un agglomérat de groupes qui se sont détachés des proto-Jie et des proto-Karimojong plus ou moins au moment où les Jiye se séparaient et entamaient leur migration vers le nord-est. À l’origine, les Toposa étaient composés de deux sections territoriales, les Kor et les Mosingo. Ces deux noms sont toujours Fig. 12 Nakube Lomaryakol, informateur toposa (NgiKor) à Lochoa.


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employés aujourd’hui : au sens strict, pour désigner la section territoriale toposa éponyme et, au sens large, pour désigner les groupes formés respectivement par l’ensemble des sections territoriales des Toposa de l’Est (« Toposa Kalokide » ou « Gens de l’Est ») et des Toposa de l’Ouest (« Toposa Kalotoo » ou « Gens de l’Ouest »). À la suite d’un raid des Dodos, les Toposa (et les Nyangatom) ont entamé une migration progressive vers le nord, plus ou moins comme les Jiye avant eux, à la recherche de meilleures pâtures et de points d’eau. Tornay (2001) situe le début de cette migration à la fin du XVIIIe siècle. Ainsi, quittant leurs terres ancestrales, les Toposa-Nyangatom s’acheminent vers le nord, pour s’installer dans la région au sud du mont Morungole. Là, ils se divisent : les Mosingo partent les premiers, suivant les flancs orientaux de la montagne avant de se diriger vers la rivière Kidepo, qu’ils atteignent probablement dans les années 1780 (Mayo s.d.). Poursuivant leur route, ils contournent les monts Didinga et pénètrent dans la vallée située entre les Didinga et les monts Boya, pour finalement atteindre la rivière Thingaita, où ils s’établissent. Aujourd’hui, les Mosingo comptent quatre sections territoriales : les NgiMosingo, les NgiMaci, les NgiKarengak et les NgiRiwoto. Parallèlement, les Kor et les Nyangatom partent vers le nord en direction des plaines situées à l’est du mont Zulia (Losolya pour les Ateker). Une scission s’opère alors. La majorité des Kor poursuit vers le nord et s’établit autour de la rivière Loyoro, se dispersant progressivement vers le nord et occupant les alentours du cours supérieur de la rivière Lokalyan. Pendant des

Fig. 13 Napuyo Tapaongole, informateur toposa (NgiKor) à Dedemoy, représentant la migration des Toposa (voir fig. 16).

Fig. 14 Peter Lopeta, dévoué traducteur toposa (NgiKor). Photo prise dans la région de Naperedey (Jiye-NgiTarakabun).

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Fig. 15 Lowoyo, vieil informateur nyangatom (NgiKapung) à Lotuko-Mbaale, décédé en 2011.

Affrontements et leurs répercussions Pendant que les Jiye vivent dans la région de Lodongosike et de la rivière Kurun, ils subissent des attaques de leurs nouveaux voisins ateker. La plupart des informateurs jiye s’accordent sur le fait que ces raids sont lancés par les Nyangatom,

MU RL E

(Kassangor)

GO MOSIN

Tandis que les NgiNyangea s’arrêtent dans la région de Mogilla (TR09-73 ; Tornay 2009), les Nyangatom et les NgiMogos poursuivent leur route vers les prairies de la plaine de Lotikipi, en direction de la lointaine chaîne de Lokwanamur11. C’est là que les NgiMogos et les Nyangatom se séparent, les premiers se dirigeant droit vers le nord pour s’installer à Loole12, en bordure sud du massif du Moruankipi13, les seconds poursuivant vers l’est pour finalement s’établir autour de la rivière Kibish, qu’ils baptisent Nakua.

(Lopet)

JIY E

décennies, cette région constitue le cœur du pays kor. Ceux qui ne les ont pas suivis – le reste des Kor (les NgiNyangea et les NgiMogos), ainsi que les Nyangatom – se dirigent vers le nord-est, traversant la vallée sise entre les monts Mogilla et Thongut (Songot pour les Ateker) pour s’installer quelque temps aux flancs de ce dernier.

accompagnés par la suite des Toposa, du moins occasionnellement. Les Jiye comme les Nyangatom confirment que les générations en titre sont alors celles des Ngibokoy et des Nguwana, ce qui nous replace à la fin du XIXe siècle (Tornay 2001), alors que sévit la « Triple catastrophe » qui anéantira de nombreux peuples d’Afrique de l’Est (Lamphear 1992). Cette catastrophe commence par une terrible épidémie de peste bovine (pestis bovina), qui frappe toute la corne de l’Afrique en 1890-1893 (AU-IBAR 2001). Elle est rapidement suivie d’une grave sécheresse et d’une épidémie de variole. Il faut savoir – j’y reviendrai – que durant

R KO

M TO GA N A NY

(Koten)

TURKANA

JIE-KARIMOJONG

Fig. 16 Carte tracée dans le sable par Napuyo Tapaongole (Toposa-NgiKor) pour illustrer les premières migrations des Jiye-Toposa (voir fig. 13).


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Fig. 17 L’expédition du capitaine Kelly se liant d’amitié avec les Toposa (1913). Photo H. H. Kelly : SAD. A63/45, reproduite avec l’aimable autorisation de la Durham University Library.

Fig. 18 L’expédition du capitaine Kelly achetant de la farine aux Toposa (1913). Photo H. H. Kelly : SAD. A63/52, reproduite avec l’aimable autorisation de la Durham University Library.

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Groupe de femmes se préparant à danser à l’occasion d’un mariage (Toposa-NgiKor).


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Publication de la

Directrice d’édition

Laurence Mattet

Assistante d’édition

Anne-Joëlle Nardin Relecteurs

Caroline Kaspar-Nebel Antoine Marcé Traduction en français

Magali Grantham

Conception graphique, cartes et production

Helder Da Silva

Photolithogravure et impression

Musumeci SpA, Quart (Aosta), Italie (Union européenne)

Cet ouvrage a été achevé d’imprimer en octobre 2015. Dépôt légal : octobre 2015. ISBN 9782757210499


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Coucher de soleil Ă Naperedey (Jiye).





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