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MONNAIES ET MÉDAILLES D’OR DE L’HISTOIRE DE FRANCE — Le cabinet numismatique de Stéphane Barbier-Mueller
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Note aux lecteurs
L’intégralité des monnaies et médailles reproduites appartient à la collection Stéphane Barbier-Mueller. Dans cette première partie de l’ouvrage, la partie historique, les monnaies et les médailles sont agrandies. Dans la seconde partie, le catalogue, elles sont représentées en taille réelle. Les textes publiés reflètent l’opinion personnelle de chacun des auteurs.
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Sommaire
AVANT-PROPOS
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PRÉFACE
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INTRODUCTION
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DES MÉROVINGIENS AUX CAPÉTIENS
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LES VALOIS ET LA GUERRE DE CENT ANS
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DES GUERRES D’ITALIE AUX GUERRES DE RELIGION
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RÈGNE DE LOUIS XIII
101
RÈGNE DE LOUIS XIV
125
RÈGNE DE LOUIS XV
143
RÈGNE DE LOUIS XVI
165
CONSULAT ET EMPIRE
187
RESTAURATION ET MONARCHIE DE JUILLET
213
SECOND EMPIRE
241
CATALOGUE
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COLOPHON
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76 – Double henri d’or de François II – Paris 1559 Avers D. 28,3 mm ´´p. 323
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Avant-propos
C’est il y a plus de cent ans que mon grand-père Joseph Müller, jeune étudiant à l’École polytechnique de Zurich, acquit son premier tableau, se découvrant ainsi une passion qui devait l’habiter toute sa vie, celle de collectionner. Fréquentant assidûment artistes et marchands, il débuta avec la peinture, de Ferdinand Hodler, puis de Paul Cézanne, Pablo Picasso, Henri Matisse notamment, avant de s’intéresser à l’art africain, puis à bien d’autres domaines encore, dépensant toujours l’intégralité de ses revenus pour posséder de nouvelles pièces. Parce qu’il a su réunir dans sa collection des œuvres d’artistes considérés de nos jours comme les maîtres de la peinture moderne et qu’il fait figure de pionnier dans l’intérêt qu’il a porté très tôt aux arts dits primitifs, il est aujourd’hui perçu comme un des grands collectionneurs du XXe siècle. Il transmit aussi les gènes du collectionneur à sa fille, ma mère, Monique Barbier-Mueller, si bien qu’elle épousa ellemême un autre collectionneur acharné, en la personne de Jean Paul Barbier-Mueller, mon père. En un siècle, mon grand-père puis mes parents ont constitué un ensemble de plus de sept mille œuvres d’art, qui regroupe de la peinture, des arts primitifs (Afrique, Océanie), des arts de l’Antiquité, de rares éditions originales de la Renaissance, ainsi que de l’art pré-colombien. Dès 1977, mes parents ouvrirent, à Genève, le musée Barbier-Mueller, institution privée, pour partager les émotions que l’on peut ressentir devant tant de beauté et de génie créatif humain. Simultanément, des collaborations furent développées avec les plus grands musées du monde pour en faire voyager les expositions. Mes deux frères, Gabriel et Thierry, et moi-même avons donc grandi avec cet exemple de deux générations de collectionneurs, toujours plus avides de parcourir tant les galeries et salles de ventes, à la recherche de nouvelles pièces, que le monde, à la rencontre des cultures et peuples étrangers. Et, bien évidemment, nous avons entendu et tenu pour principe des discours sur l’importance de « faire son œil » et de prendre des risques pour ce qui est du choix des objets tout en restant rigoureux. Josef Müller et Stéphane Barbier-Mueller jouant aux échecs, Soleure, août 1968
Mon frère Gabriel a ainsi, presque naturellement oserais-je dire, fondé, avec son épouse, The Ann and Gabriel Barbier-Mueller Museum, à Dallas, qui abrite leur magnifique collection d’armures de samouraï, dont on a pu admirer une grande partie dans nombre de musées, tel le musée du quai Branly, à Paris. Quant à Thierry, il a rassemblé une impressionnante collection d’art contemporain. Bien que descendant d’une lignée de collectionneurs, longtemps je n’ai pas ressenti l’obligation de collectionner pour perpétuer une passion familiale. Tout en me passionnant depuis l’enfance pour l’Histoire, en particulier de certaines grandes nations (la France et la Russie en particulier), je m’épanouissais pleinement dans l’exercice de mon métier, dans le domaine de l’immobilier. Il y a vingt ans pourtant, j’achetai au Louvre des Antiquaires, à Paris, un premier double louis d’or. Je tombai amoureux de cette matière, de son éclat et surtout de sa chaleur. La finesse du portrait de Louis XVI m’avait confondu. Dès cet « incident », je me mis à acquérir de temps à autre quelques monnaies, toujours figuratives : mon goût me portait vers ce qui représentait à mes yeux un support, une image, à l’instar des tableaux et sculptures qui emplissent nos musées et nous aident à nous représenter périodes et rois, que même les plus grands écrivains ou historiens peinent parfois à nous faire visualiser. Un jour, un ami collectionneur de tableaux et de sculptures me confia que sa maison n’était pas assez grande pour contenir toute sa collection, et que, par conséquent, il devait limiter ses achats. Un autre ami présent avait répondu, avec humour, que je n’aurais sans doute jamais ce problème. Je crois que je garderai en mémoire longtemps la réponse du premier : « Même si ta collection de monnaies devient la plus importante du monde, elle ne te prendra jamais beaucoup
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Avant-propos
De gauche à droite et de bas en haut Caroline, Lucienne, Ann, Monique, Stéphane, Jean Paul, Gabriel et Thierry Barbier-Mueller Genève, Noël 2014
de place. Tu n’auras besoin que d’un second coffre au fond d’un bureau… Mais tu n’y parviendras pas sans une immense bibliothèque. Et tu verras, si tu poursuis dans cette voie que tu auras un jour avec tes livres le même problème que moi. » L’affirmation de mon ami s’est avérée. C’est, sans nul doute, ma passion pour l’Histoire qui m’a conduit à collectionner les monnaies et médailles. Plus j’ai collectionné, plus ma bibliothèque s’est accrue. Tandis que je dévorais des livres d’histoire pour constituer ma collection, ma collection elle-même me poussait à chercher davantage et à découvrir continuellement de nouveaux horizons de connaissance. Ma rencontre avec le numismate et grand marchand Alain Baron s’est révélée décisive dans la constitution de cette collection. À travers nos discussions, nos partages de lectures et les ventes auxquelles nous assistions, il m’a conseillé, aidé et amené à devenir un véritable collectionneur. Je me souviens même de pièces qu’il a réussi à me convaincre d’acheter alors qu’elles ne trouvaient à ce moment-là aucun intérêt à mes yeux. Quasiment toutes mes acquisitions ont été apportées ou approuvées par lui. Il est tout à fait incontestable que ma collection n’aurait jamais pris une telle ampleur ni atteint un tel niveau de qualité sans ses conseils avisés. Qu’il en soit ici remercié. Peu à peu, mon intérêt s’est affiné et par là mes choix d’acquisition. J’ai élargi ma collection aux prémices de la monnaie en France, d’abord aux premiers Capétiens, puis jusqu’à rien moins que Vercingétorix, tout en voulant ne pas donner une importance significative au premier millénaire de notre ère, pour lequel mon intérêt est moindre. Je m’étais aussi cantonné dans un premier temps aux monnaies, avant d’y ajouter un certain nombre de médailles : qu’elles soient de purs chefs-d’œuvre ou simplement incontournables.
Monique et Jean Paul Barbier-Mueller devant une sculpture de Jean Tinguely provenant de leur collection, Genève, décembre 1994
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L’intérêt pour la numismatique aura été, au cours de l’histoire, chose d’intellectuels ou d’hommes de pouvoir. Une belle collection permettait d’attester son érudition, sa connaissance du passé ou de témoigner de sa souveraineté. Des démonstrations au reste souvent admirables, que recèlent des médailliers dans nombre de palais anciens : la découverte de celui du prince Menchikov dans son palais de Saint-Pétersbourg demeure pour moi un remarquable souvenir. Je dois avouer avoir pris un plaisir immense à contempler mon médaillier en solitaire, à compléter ma collection au fil des années en ne la dévoilant qu’au cercle restreint de ma famille ou de mes proches amis. Je n’avais jamais émis le souhait de la montrer au grand public ou de la publier. Sans doute, comme beaucoup de numismates, par crainte de ne jamais atteindre la satisfaction totale de l’avoir complétée comme je l’aurais désiré. Et peut-être aussi parce que la numismatique ne jouit pas d’un intérêt aussi grand que par le passé, au profit d’autres formes d’art.
Avant-propos
Stéphane, Henri, Caroline, Diane et Alix Barbier-Mueller devant le temple d’Hatchepsout, Louxor, octobre 2010
L’idée de publier ma collection dans un ouvrage m’a été soufflée par mes proches. Je dois ici remercier ma femme, Caroline Barbier-Mueller, qui m’a encouragé à le faire, et en a élaboré avec moi le concept. Mes remerciements vont également à toute l’équipe de mes collaborateurs ainsi qu’aux auteurs qui m’ont fait l’honneur de leur temps et de leur investissement. Sans leur contribution, ce catalogue n’aurait jamais vu le jour. J’ai souhaité que ces pages s’adressent autant aux spécialistes et amateurs de numismatique qu’au grand public, et j’espère vivement qu’elles susciteront auprès de lui l’intérêt que ce domaine mérite, et que je lui porte. Aussi ai-je choisi d’illustrer le contexte de ces pièces en contant l’histoire de leurs époques respectives par des chroniques historiques ainsi que par des gravures, des tableaux et des photographies. Enfin, je profite de saluer ici mes trois enfants, Diane, qui a déjà débuté une prometteuse collection d’éditions originales de livres français des XVIIe et XIXe siècle, avec une passion qui démontre qu’une quatrième génération est en marche, ainsi qu’Alix et Henri. Vers eux trois va toute ma fierté, car, par leurs activités et leurs personnalités, ils illustrent ce que je souhaiterais, entre autres, transmettre avec cette publication : l’importance de rester toujours curieux de tout.
Stéphane Barbier-Mueller
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2 – Statère d’or des Parisii de classe V Avers D. 23,6 mm ´´p. 269
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Préface
Une nouvelle occasion, très originale, m’est offerte aujourd’hui de témoigner mon amitié à la famille Barbier-Mueller. Mes relations avec Jean Paul Barbier-Mueller remontent aux conversations que nous avons échangées à Paris pour la préparation de l’exposition, au musée Jacquemart-André, des chefs-d’œuvre de sa collection, « L’homme et ses masques » (inaugurée en 2005), évoquant le monde des civilisations européennes, africaines et indonésiennes, thème immense commenté par Michel Butor. J’avais été surpris, lors de nos rencontres, des profondes connaissances de mon interlocuteur dans un tout autre domaine, celui du choc des religions durant le XVIe siècle français, au temps de la Satyre Ménippée, et j’ai moi-même préfacé, en 2006, son ouvrage sur La parole et les armes. Chronique des guerres de religion en France, 1562-1598. Il a par ailleurs eu la bonté d’écrire un article sur Henri IV et la marquise de Verneuil dans le volume de Mélanges qui m’a été offert en 2014. J’ai également appris à connaître le goût très éclairé pour la peinture moderne et contemporaine de son épouse, Monique, transmis à leur troisième fils, Thierry. L’aîné, Gabriel, a présenté à Paris en 2012, au musée du quai Branly, sa collection d’armures japonaises de samouraï avec un grand succès. Quant à Stéphane, il s’inscrit brillamment et se distingue dans cette lignée de collectionneurs en réunissant un magnifique ensemble d’objets d’art antique et surtout de monnaies et médailles. Enfin, les collections de Joseph Müller poursuivies par son gendre, pour devenir la plus importante collection d’art primitif au monde, justifient l’existence à Genève d’une institution familiale ouverte au public, le musée Barbier-Mueller. Le présent catalogue décrit une remarquable collection, d’une richesse sans doute inégalée, et il me renvoie non pas à mes études personnelles, mais à mes racines familiales. Petit-fils et fils de numismates qui dirigèrent le cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale de France, Ernest (1854-1924), puis Jean (1889-1978), je ne suis pas numismate et je me contente d’admirer les productions universelles de cet art qui constitue en quelque sorte la seule matérialisation absolue de la chronologie de tous les pays, de toutes les civilisations. Mon grand-père, Ernest, qui s’était illustré notamment par ses fouilles en Tunisie, avait écrit une Histoire de la gravure sur gemmes en France dès 1902. Mon père, Jean Babelon, avait, dans une perspective d’histoire universelle, intitulé l’un de ses ouvrages : Les monnaies racontent l’Histoire (1963). On lui devait déjà : La Médaille et les médailleurs (1927), Le Portrait dans l’Antiquité d’après les médailles (1942), La Numismatique antique (1944), La Médaille en France (1949)… J’ai donc fréquenté assidûment le cabinet des Médailles dans ma jeunesse en allant voir mon père, pour contempler les vitrines de monnaies et médailles (le médaillier de Louis XIV), les trésors de la glyptique (Le Grand Camée de France) et les richesses de la collection de Luynes… Plus tard, lorsque j’ai été appelé à diriger le musée du château de Versailles, je pouvais admirer, dans le fastueux cabinet intérieur de Louis XV, la magnifique commode-médaillier de l’ébéniste Antoine Robert Gaudreaux (1738), qui témoignait du goût très vif de la dynastie des Bourbons pour les monnaies et médailles. Les rois portaient un intérêt extrême à l’invention de l’artiste nécessaire pour rendre fidèlement par l’habile conjonction de l’image et de l’inscription qui la cerne l’essence même de la personne représentée, et j’ai moi-même consacré un article de la Revue de l’Art à l’« Architecture et emblématique dans les médailles de Henri IV » (1982). Je n’oublie pas le somptueux palais de la Monnaie de Paris, splendide manufacture des productions métalliques, qui a été érigé par Jacques Denis Antoine sous Louis XV sur le quai de la Seine. Il est mitoyen du palais de l’Institut, où siègent les cinq académies. La deuxième, à laquelle j’appartiens, a été fondée par Colbert pour le conseiller dans le choix de l’emblématique la mieux appropriée aux actions de son maître et souverain, Louis XIV : c’était la Petite Académie (1663), devenue ensuite, dans la même perspective, l’Académie des inscriptions et médailles (1701) et plus tard des inscriptions et belles-lettres. C’est dans ce cadre institutionnel que Racine et Boileau ont défini le programme de l’« Histoire métallique de Louis XIV » en 1693, une série de médailles qui devait éterniser les hauts faits du roi, à l’image des peintures décorant la voûte de la galerie des Glaces, de Versailles.
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Reprenant la lecture de l’ouvrage pédagogique de mon père, Les monnaies racontent l’Histoire, je me suis rappelé une citation qui nous avait amusés, lui et moi. Elle figure sur un ducat d’or que Louis XII avait ordonné de frapper à son effigie à Naples lors des guerres d’Italie dans les premières années du XVIe siècle, avec l’étrange devise « PERDAM BABILLONIS NOMEN » (« J’anéantirai le nom de Babylone »). Ce ducat figure d’ailleurs dans le catalogue de la collection ici présentée. Cette citation d’Isaïe était-elle destinée à flétrir les scandales de la cour pontificale, comparée à Babylone, nous le supposons… Mais elle n’appelait point, pensions-nous, mon père et moi, et toute notre famille originaire de laboureurs champenois, à abandonner notre nom de Babelon. Ces quelques mots sont destinés à célébrer la qualité de la collection de monnaies et médailles de Stéphane Barbier-Mueller, et je salue la science des grands historiens qui ont été conviés à en présenter les périodes chronologiques durant lesquelles ces pièces ont été frappées.
Préface
Jean-Pierre Babelon
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57 – Ducat d’or de Louis XII – Naples Avers D. 22,8 mm ´´p. 310
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Introduction
LES MONNAIES ET LES MÉDAILLES FRANÇAISES EN OR DE LA COLLECTION STÉPHANE BARBIER-MUELLER Le roi de France portait le titre de Fils aîné de l’Église. Par son monnayage, il aurait tout aussi bien pu revendiquer la paternité de Rome. Depuis leur début et jusqu’aux périodes les plus récentes, les monnaies françaises sont le reflet exact ou idéalisé du pouvoir, son message proféré le plus direct. Comme sous l’Empire romain et auparavant dans les royaumes hellénistiques, la monnaie sera durant la royauté, la République ou l’empire un support de propagande, un outil destiné à valoriser au mieux les objectifs, les principes et les actes de ceux qui gouvernent, dirigent et parfois abusent de la France. Mais croire que la monnaie en France n’a été qu’un simple moyen de communication politique reviendrait à se priver de l’essence même de sa fonction : faciliter les échanges entre les hommes. La monnaie sera donc à l’image de la France et la servira parfaitement dans cette destination première. S’il est un domaine où elle pourra aisément et spectaculairement le faire, c’est celui de la guerre. Payer les troupes, les rançons et les tributs mais aussi acheter les avis, les protections ou les alliances sera, au long des siècles, une de ses principales fonctions. Les grandes crises s’accompagnant de dépenses colossales comme de besoins nouveaux et imprévus, les systèmes monétaires devront s’adapter, se mettre au service du seigneur, du prince et de l’État, qu’il soit traditionnel voire réactionnaire ou au contraire révolutionnaire et libéral. Chacun n’hésite pas à montrer, à travers son monnayage, la réalité de ses prérogatives et par là même celle de sa puissance. L’histoire de la monnaie en France est donc intimement liée à celle de ses dirigeants et de leurs besoins. Cependant, elle ne se limite pas à cela. Si la monnaie a dû en permanence s’adapter aux circonstances, elle a su aussi prendre ailleurs ce qu’il y avait de meilleur, de plus utile et même innover quand les systèmes monétaires en usage devenaient obsolètes ou montraient leurs limites. Cet équilibre entre héritage, adaptabilité et innovation caractérise les monnaies françaises et explique que leurs choix ne relèvent pas du hasard ou de la seule nécessité mais s’insèrent dans un champ beaucoup plus vaste. Elles sont le miroir de la France et de son histoire. Elles constituent de fait un élément essentiel de son patrimoine, la collection Stéphane Barbier-Mueller (S. B.-M.) en étant la parfaite illustration.
L’héritage romain Les Gaules, monétarisées dès l’époque celtique, ont sur leur sol de nombreux ateliers monétaires romains. Les plus importants sont situés dans les « capitales » successives, Lyon puis Trèves à partir de la fin du IIIe siècle et Arles aux IVe et Ve siècles. Ces villes sont celles où l’empereur installe sa résidence et contrôle ses troupes. Ces ateliers sont implantés en Gaule pour des raisons politiques, économiques et surtout stratégiques. Quand Auguste partage son empire entre provinces sénatoriales et provinces impériales, il choisit de délocaliser la frappe des monnaies d’or, les aurei, de Rome à Lyon. Il s’agissait de se garantir une totale indépendance vis-à-vis du Sénat, qui aurait pu priver le jeune prince de monnaies destinées au paiement des légions d’Occident. Lyon est remplacée sous la Tétrarchie par Trèves, car la ville se trouve plus proche des champs d’actions militaires de Germanie, de Bretagne et du nord des Gaules. Arles devient l’atelier principal gaulois à partir du moment où les grandes villes septentrionales ne peuvent plus être suffisamment sécurisées face à des poussées barbares de plus en plus intrusives et massives. Il en restera de profondes et durables pratiques monétaires qui serviront de base aux monnayages des siècles suivants. Traditionnellement, nous faisons remonter le début du monnayage français au règne de Clovis. Ces monnaies existent même si elles ne sont pas explicitement émises en son nom mais en celui de l’empereur Anastase. Pourtant, dès la fin du IVe siècle, les peuples barbares implantés en Gaule du sud frappent des monnaies en or. Celles-ci copient la monnaie officielle au point qu’il est parfois difficile de distinguer le prototype de l’imitation. Les solidi suèves puis wisigoths frappés à Toulouse et à Narbonne tout au long du Ve siècle et après peuvent être similaires à ceux qui sont
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Introduction
produits dans les ateliers impériaux sous Honorius, Valentinien III ou Libius Severus. Ces émissions locales, nommées par les Romains solidi gallici (« sous d’or gaulois »), ont largement contribué au maintien du système monétaire romain dans des territoires progressivement abandonnés par le pouvoir central. Elles sont ipso facto les premières monnaies françaises.
Du chaos mérovingien au vide carolingien La fin de l’Empire romain ne s’accompagne pas de véritable rupture dans le monnayage. Les principaux changements dans les systèmes monétaires ont déjà eu lieu et les premiers Mérovingiens veilleront à les maintenir en place. La mise sous tutelle, dès le début du Ve siècle, d’une partie de plus en plus grande des Gaules et de la Bretagne, a pour conséquence la fermeture ou le déplacement de nombreux ateliers occidentaux, trop exposés ou plus simplement conquis. La disparition progressive de productions en argent ou en bronze étant effective et quasi générale depuis près d’un siècle en Occident, les monnaies des royaumes barbares sont presque exclusivement en or.
5 – Solidus de Constantin Ier – Trèves Revers D. 18,0 mm ´´p. 270
Comme les Celtes avant eux ont imité les statères d’or de Philippe II de Macédoine, les princes barbares se sont contentés de copier plus ou moins habilement les monnaies romaines et byzantines. La question n’était pas d’affirmer son autorité personnelle mais au contraire de proclamer sa fidélité à l’empereur, fidélité qui bien sûr disparaissait à la première occasion venue. Ce n’est que progressivement, à partir des premières années du VIe siècle, que les rois burgondes se singulariseront sur leurs monnaies, généralement sous forme de monogramme ou d’acronyme ajouté en fin de légende. Mais si l’on prend pour exemple le monnayage de Gondebaud et plus particulièrement celui des tremisses d’or, on s’aperçoit que l’origine de cette marque distinctive n’est pas uniquement politique. Elle est avant tout économique et légale. Au lendemain de la bataille de Vouillé, en 507, il fallait distinguer les monnaies burgondes de celles des Wisigoths, vaincus, puis, à partir de la promulgation de la loi Gombette sous sa forme complète en 517, de décrier toute monnaie non conforme au modèle burgonde en usage. Ses successeurs immédiats, Sigismond et Gondemar, feront de même. Il faut attendre la conquête de l’Italie du nord en 540 par le franc Théodebert Ier pour voir le nom entier du roi apparaître sur une monnaie d’or. Par manque de moyens, les rois francs abandonnent progressivement leurs prérogatives monétaires au profit des rares détenteurs d’autorité. Incapables de rétribuer leurs cadres hérités de la Gaule romaine, les villes doivent alors émettre de l’or à leur place, à l’exception notable de Paris et d’une grande partie de la Provence, où des monnaies au nom de Clotaire II sont produites à partir de 612-613. Ses successeurs, Dagobert Ier et Sigebert III font de même et confient la tâche de les fabriquer à Eligius, le célèbre saint Éloi. Vers 575-578, la typologie des monnaies rompt avec les anciens prototypes. Les poids sont modifiés ainsi que les types monétaires. Sur une face est inscrit le lieu d’émission et sur l’autre le nom du monétaire chargé de sa frappe. Au revers figure
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Chapitre 1
DES MÉROVINGIENS AUX CAPÉTIENS — Symboles de l’État médiéval
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« Philippe V le Long recevant les impôts », 1471, Grandes Chroniques de France, folio 294vo, manuscrit à peinture, enlumineur Robinet Testard, Paris, Bibliothèque nationale de France
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18 – Masse d’or de Philippe IV le Bel Avers D. 30,4 mm ´´p. 278
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Des Mérovingiens aux Capétiens
Le 1er janvier 2002, la France passait à l’euro. Elle abandonnait là une monnaie, le franc, qui remontait à la lointaine époque de la guerre de Cent Ans, au temps où il avait fallu payer rançon à l’Anglais pour libérer Jean II le Bon. Cette réforme mettait fin à un élément majeur de la souveraineté, à savoir l’affirmation de l’autorité nationale sur la pièce de référence. Et rompait avec un droit régalien qui existait depuis le Moyen Âge.
13 – Solidus mérovingien de Marseille D. 20,0 mm ´´p. 275
Certes, mais quel Moyen Âge ? Durant le long millénaire médiéval, le monopole de l’émission n’eut rien d’une évidence et la centralisation de la frappe représenta, au mieux, un épiphénomène. Ce que l’on appelle la régale monétaire n’était pas un droit absolu de la royauté, mais une revendication qui devait sans cesse se confronter aux réalités du moment. À ce titre, une collection numismatique offre un bon poste d’observation pour comprendre les formes assumées par le pouvoir souverain. Évidemment, toutes les monnaies ne présentent pas le même intérêt. Entre toutes, la monnaie d’or donne assurément le meilleur point de vue, dans la mesure où elle constituait le symbole de l’État sous l’Empire romain tardif. Or, plus de mille ans, la Rome de Constantin ou de Théodose demeura la référence constante des gouvernants médiévaux, lesquels rêvaient à un maintien ou à un rétablissement de cette respublica chrétienne décrite par saint Ambroise et saint Augustin. Au même titre que les codes de droit et les traités politiques antiques étaient recopiés, compilés et commentés, les monnaies furent précieusement conservées et collectionnées. Rêver au passé ne suffit cependant pas à le faire renaître. En dépit de quelques permanences, l’État médiéval vit sa nature varier au gré d’une discussion permanente entre les dirigeants, les élites locales et les pouvoirs environnants. LES MÉROVINGIENS : UN ÂGE D’OR ? Après quelques figures nébuleuses, le premier roi franc clairement documenté est Childéric, père de Clovis, mort vers 481. Dans sa tombe, qui fut retrouvée à Tournai en 1653, le roi avait emporté un volumineux trousseau funéraire, qui comptait plusieurs dizaines de monnaies d’or. Toutefois, celles-ci n’avaient été frappées ni par ses ateliers, ni sous son autorité. Ces pièces provenaient de l’Empire romain, dont Childéric était un subordonné en tant que roi barbare fédéré. En somme, la monnaie déposée à ses côtés ne constituait pas le symbole de son indépendance, mais un signe de soumission envers son employeur romain ; ce dernier était d’autant plus courtisé qu’il était un bon payeur. Au cours des trois siècles de la dynastie mérovingienne, les descendants de Childéric ne cessèrent jamais de reconnaître la supériorité nominale de l’Empire romain. Que cet empire ait eu désormais Constantinople pour capitale et non Rome ne changeait rien : c’était toujours le même Empire romain, éternel quoique chrétien, invincible quoique quelque peu affaibli. Les chroniqueurs byzantins s’en déclaraient d’ailleurs convaincus : le Mérovingien ne frappait monnaie que parce qu’on le lui permettait, de même qu’il n’était maître de la Gaule que parce qu’on lui
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Monnaies de 507 à 1326
octroyait une délégation de pouvoir. Il y avait là une part de vérité. Childéric, avant d’être roi, était gouverneur de la province de Belgique Seconde. À partir de 508, la dignité principale de son fils fut celle de consul honoraire. Au même moment, les rois burgondes de la vallée du Rhône étaient également décorés du titre de « maître de la milice », c’est-à-dire généralissimes d’Occident. Autant dire que ces royaumes barbares ne formaient pas de véritables États, mais les appendices occidentaux de l’Empire romain universel, dont le siège était à Constantinople. Dans la mesure où le monnayage d’or restait un monopole de cet État, seule la figure de l’empereur apparaissait sur les solidi et autres trientes dont les Francs commençaient à encadrer la frappe. Nous ne saurons ainsi jamais à quoi ressemblaient les premiers Mérovingiens. Bien entendu, il s’agit de distinguer le discours des réalités. Si les Francs avaient passé un traité qui leur permettait d’occuper légalement le nord de la Gaule, leur expansion territoriale échappa au contrôle de Byzance. Durant son règne, Clovis (481-511) parvint à s’emparer du grand Bassin parisien, de la Rhénanie ainsi que de toute la rive sud de la Loire jusqu’aux Pyrénées. L’empereur se contenta d’entériner une situation qui, dans l’ensemble, lui convenait : soutenir les menées des
« Couronnement de Childéric », 1415 ?, Trésor des histoires, Paris, folio 296, enlumineur Maître de Boucicaut, Paris, Bibliothèque nationale de France
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14 – Solidus carolingien à l’effigie de Louis le Pieux Avers D. 20,6 mm ´´p. 276
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Chapitre 2
LES VALOIS ET LA GUERRE DE CENT ANS — La représentation du pouvoir durant la guerre de Cent Ans
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« Retour de Jean II Le Bon en Angleterre », vers 1375-1380, Grandes Chroniques de France de Charles V, Paris, folio 438, manuscrit à peinture, Paris, Bibliothèque nationale de France
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32 – Mouton d’or de Jean II le Bon Avers D. 29,9 mm ´´p. 289
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Les pièces de monnaie réunies dans ce chapitre s’échelonnent de 1328 à 1435, du règne de Philippe VI à celui de Charles VII. Elles s’inscrivent dans une période charnière qui voit la naissance du franc et durant laquelle les Valois, nouveaux détenteurs de la couronne de France, cherchent à légitimer leur lignée, notamment face aux Anglais pendant la guerre de Cent Ans. Elles jouent ainsi un rôle tout particulier dans les stratégies par lesquelles les monarques diffusent l’image de leur pouvoir1.
Les Valois et la guerre de Cent Ans
PHILIPPE VI DE VALOIS : LA QUÊTE DE LÉGITIMITÉ Le 1er février 1328, Charles IV le Bel, le dernier des Capétiens, meurt à l’âge de trente-trois ans, terrassé par un mal inconnu. Sa jeune veuve, Jeanne d’Évreux, donnera naissance deux mois plus tard à une fille, Blanche, qui ne peut pas devenir reine en vertu d’une loi édictée douze ans plus tôt, lors de la succession de Louis X le Hutin, mort lui aussi sans héritier mâle. C’est ainsi que le régent, Philippe VI de Valois, cousin des fameux Rois Maudits, monte sur le trône, en mai 13282. Il doit d’abord imposer sa légitimité face au jeune roi d’Angleterre Édouard III Plantagenêt, âgé à l’époque de seulement quinze ans. Ce dernier est issu du roi Édouard II, qui a été déposé l’année précédente entre autres raisons pour son homosexualité notoire – ses amours avec le favori Gaveston seront immortalisées par Christopher Marlowe –, et Isabelle de France, fille de Philippe IV le Bel, qui joue le rôle de régente. Avec l’aide de son amant, Roger V Mortimer, Isabelle revendique avec force, mais sans résultat, le trône de France pour son fils. Édouard III doit faire hommage au nouveau roi de France pour la Guyenne. Sa mère oppose un refus catégorique : elle clame qu’un fils de roi ne saurait se soumettre à un fils de comte, signifiant ainsi au roi de France une forme de mépris. Au même moment, les Flamands se soulèvent contre le comte de Flandre Louis de Nevers, vassal de Philippe VI. Celui-ci les écrase en remportant une retentissante victoire à Cassel, le 23 août 1328. Le nouveau roi de France impose ainsi son pouvoir par les armes. Intimidé, Édouard III n’a plus de choix que de lui rendre hommage. Lors de la cérémonie qui se déroule à la cathédrale d’Amiens le 6 juin 1329, il refuse cependant, sur les conseils de Mortimer et de sa mère, de joindre les mains, selon le rituel de l’hommage lige, devant le roi de France, qu’il ne reconnaît de fait pas comme son suzerain absolu. Ce n’est qu’après avoir fait pendre Mortimer et exiler sa mère, qu’Édouard III Plantagenêt demande à Philippe VI, en février 1331, d’accepter son hommage lige3.
24 – Parisis d’or de Philippe VI D. 31,8 mm ´´p. 284
1
Patrick Van Kerrebrouck, Christophe Brun et Christian de Mérindol, Les Valois, Villeneuve-d’Ascq, 1990 ; Robert J. Knecht, The Valois : kings of France, 1328-1589, Londres, 2004. 2
Sophie Petit-Renaud, « Faire loy » au royaume de France de Philippe VI à Charles V : (1328-1380), Paris, Éditions de Boccard, 2001 ; Ivan Gobry, Philippe VI 1328-1350, père de Jean II le Bon, Paris, Flammarion, 2011. 3
Clifford J. Rogers, War Cruel and Sharp : English Strategy under Edward III, 1327–1360, Woodbridge, 2000 ; James S. Bothwell, The Age of Edward III, Woodbridge, 2001.
Dans ce contexte, l’émission de monnaies revêt une importance toute particulière. Elle permet non seulement de financer les campagnes militaires, mais aussi d’asseoir, sur un plan symbolique, la légitimité des Valois, en soulignant la continuité dynastique à travers l’usage de codes iconographiques largement éprouvés. Ainsi, le royal d’or (mai 1328) et le parisis d’or (septembre 1329) adoptent-ils la formule traditionnelle du souverain perçu de face, soit debout dans un palais stylisé soit assis sur son trône. Cette formule, qui s’apparente à l’iconographie du Seigneur – elle aussi définie par une stricte frontalité –, insiste sur l’essence divine du pouvoir royal.
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Monnaies de 1328 à 1435 « Couronnement de Philippe VI de Valois à Reims », 1375-1400, Grandes Chroniques de France, Paris, folio 412vo, manuscrit à peinture, Paris, Bibliothèque nationale de France
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27 – Couronne d’or de Philippe VI Avers D. 31,4 mm ´´p. 286
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Chapitre 3
DES GUERRES D’ITALIE AUX GUERRES DE RELIGION — Le portrait du roi « sur le vif », une nouveauté marquant un profond changement qui s’inscrira désormais dans les usages de la frappe monétaire
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« Louis XII sortant de la ville d’Alexandrie pour aller reprendre Gênes », 1508 ?, Le Voyage de Gênes, Tours, folio 15vo, manuscrit à peinture, enlumineur Bourdichon, auteur Jean Marot, Paris, Bibliothèque nationale de France
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57 – Ducat d’or de Louis XII – Naples Avers D. 22,8 mm ´´p. 310
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Des guerres d’Italie aux guerres de religion
Le 7 avril 1498, le roi de France Charles VIII, âgé seulement de vingt-sept ans, mourait au château d’Amboise. De son union avec Anne de Bretagne, célébrée à Langeais, en décembre 1491, étaient nés quatre enfants dont trois fils, mais aucun n’avait vécu plus de trois ans. Le roi décédait donc sans hériter direct et avec lui s’éteignait la branche aînée des Valois, qui gouvernait la France depuis 1328. Cette absence de fils n’était pas catastrophique pour la monarchie française. La loi successorale du royaume offrait toujours un héritier certain au trône, le plus proche parent du roi défunt en ligne collatérale, par les hommes. Louis II duc d’Orléans, arrière-petit-fils de Charles V, était celui-là, qui régna sous le nom de Louis XII.
58 – Médaille en or de Louis XII D. 37,9 mm ´´p. 311
LOUIS XII (1498-1515) Sitôt roi, ce prince de trente-cinq ans souhaita régler un problème tant privé que politique. Il engagea une procédure pour faire annuler son mariage avec Jeanne de France, sœur du roi défunt, inapte à donner la vie, pour épouser la veuve de son prédécesseur : Anne de Bretagne. Ce choix, qui pouvait étonner, s’explique aisément : le contrat de mariage que Charles VIII avait signé avec son épouse, en 1491, stipulait que la jeune femme était dans le devoir de se remarier avec le successeur du roi, si celui-ci décédait avant elle sans héritier de leur union. Une précaution qui avait été imposée par les juristes afin que la Bretagne fût définitivement attachée au domaine royal. Cet arrangement qui permettait de conserver la paix dans le royaume fut rapidement mené, notamment grâce au soutien du pape Alexandre VI, qui, contre quelques gratifications pour son fils César, accorda non seulement la tenue du procès en annulation, mais aussi les dispenses nécessaires au remariage du roi. Le 8 janvier 1499, Anne de Bretagne devenait une seconde fois reine de France. Quant à son nouvel époux, il put se consacrer entièrement à ses ambitions : recouvrer dans la péninsule italienne les terres sur lesquelles la monarchie française revendiquait des droits. Charles VIII avait précédemment tenté l’aventure, entreprenant la conquête du royaume de Naples en 1494 : après un début éclatant, l’entreprise se révéla être un échec. Une nouvelle expédition était programmée, lorsque la mort emporta le souverain. Louis XII reprit donc cette politique expansionniste, mais, à la différence de son prédécesseur, n’alla pas à Naples. Déjà maître du comté d’Asti, porte de l’Italie pour les Français et où il faisait frapper monnaie en son nom, il préféra conquérir d’abord le duché de Milan, domaine qu’il pouvait revendiquer en vertu de droits échus à sa famille par sa grand-mère Valentine Visconti. Cette terre était alors dirigée par l’un des représentants de la famille qui avait succédé aux Visconti au milieu du XVe siècle : Ludovico Sforza. L’armée royale envahit le duché durant l’été de 1499. La conquête fut rapide. Louis XII, qui n’avait pas participé à l’aventure militaire, se présenta à Milan à l’automne, comme duc légitime, et commença la « francisation » de son héritage. S’adaptant aux coutumes du duché, il fit apparaître son portrait sur l’avers du nouveau monnayage et y associa le titre de roi de France et de duc de Milan dans la légende, affirmant ainsi à la fois sa légitimité à gouverner cet État et la domination française. Cette tradition italienne ne fut pas reprise en France immédiatement.
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« Atelier monétaire. Encadrement orné des armes et emblèmes de Louis XII », 1485 ?, Traité des monnaies (De origine, natura, jure et mutationibus), Gand, manuscrit à peinture, enlumineur Maître du Boèce flamand, auteur Nicole Oresme, copiste Jan van Kriekenborch, Paris, Bibliothèque nationale de France
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Monnaies de 1499 Ă 1608 81
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91 – Médaille en or d’Henri IV par Philippe Danfrie – 1594 Avers D. 47,3 mm ´´p. 334
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Chapitre 4
RÈGNE DE LOUIS XIII — L’affirmation du pouvoir
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Philippe de Champaigne (1602-1674), Louis XIII couronné par la Victoire, 1635, huile sur toile, H. 2,28 m, L. 1,75 m, Paris, musée du Louvre
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103 – Double louis d’or à la mèche courte de Louis XIII – Paris 1640 Avers D. 28,5 mm ´´p. 341
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Règne de Louis XIII
Les préférences de l’Histoire et de son récit concernant les rois de France ne placent généralement guère Louis XIII comme un monarque des plus valorisés. Le charisme de son père, Henri IV, les fastes du règne de son fils Louis XIV ou la fin tragique de Louis XVI retiennent plus souvent notre attention. Et, avec Alexandre Dumas, nous sommes souvent tentés de lui préférer Richelieu, à qui l’on accorde les grandes idées et la gestion politique de ce règne. Comment expliquer alors que les monnaies de la première moitié du XVIIe siècle imposent ce profil d’un monarque et symbolisent son entière souveraineté ? Pour arriver à ces représentations, il aura fallu à ce roi toute une vie, combattre son entourage et en réunir un autre sur lequel s’appuyer. Ces images frappées sont bien sûr l’apanage de sa condition royale, mais elles reflètent surtout la construction d’une certaine vision de la monarchie dans la façon de gouverner le royaume et de la volonté de l’imposer dans tous les esprits. UN TRÈS JEUNE ROI À la veille de sa mort, Henri IV est comme saisi par son funeste destin, et la fortune semble l’avoir déjà amené à s’effacer au profit de la reine et de leur fils. Afin de préparer son départ en guerre, il accepte, à la demande de la reine, que celle-ci soit sacrée et lui accorde la régence du Conseil durant son absence. Le jour du sacre, les regards se sont déjà détournés de lui, et, à Saint-Denis, c’est la reine et ses deux enfants que la foule admire. Le 14 mai 1610, le convoi d’Henri IV est à l’arrêt, rue de la Ferronnerie à Paris. Cette halte et un carrosse ouvert offrent à un certain Ravaillac de grimper et de porter les coups de couteau qui se révéleront rapidement fatals au roi. Le Parlement le juge comme fou et ordonne, comme châtiment, qu‘il ne reste plus rien de son corps. Le fils aîné du roi, Louis, n’a alors que neuf ans. Pour l’heure, l’affliction de l’orphelin et son jeune âge ne lui permettent guère de comprendre cette brutale disparition. Il ne peut saisir pourquoi cet assassin justifierait son geste par l’accusation envers le roi de se détourner du pape, ni même se forger une opinion quant aux rumeurs d’un complot organisé, aux intérêts plus larges encore que les motivations du fanatisme religieux. Louis XIII devient dès lors roi, sans avoir eu le temps de recevoir les essentielles leçons que seul son père aurait été à même de lui donner : diriger le Parlement, son royaume, gouverner. Il est pourtant très conscient du rôle qu’il doit endosser désormais, de la dynastie qu’il incarne et de la sacralité de son pouvoir : sa dignité royale. À cet âge, ce sentiment ne relève pas tant de sa personnalité propre, mais est une disposition que l’on a forgée depuis sa naissance à travers une éducation, ou plutôt, comme on le dit au début du XVIIe siècle, de l’institution du prince.
Pierre Paul Rubens (1577-1640), Henri IV part pour la guerre d’Allemagne, en présence de son fils Louis (futur Louis XIII) et de son épouse, Marie de Médicis, huile sur toile, H. 3,94 m, L. 2,95 m, Paris, musée du Louvre
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Monnaies de 1635 à 1643 105
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99 – Dix louis d’or à la tête laurée de Louis XIII – Paris 1640 Avers D. 44,3 mm ´´p. 339
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Chapitre 5
RÈGNE DE LOUIS XIV — La grandeur : maître mot de celui que l’Europe, en 1715, désigne depuis longtemps comme étant le Grand Roi
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Charles Le Brun (1619-1690), Le roi gouverne par lui-même, 1661, huile sur toile marouflée, H. 1,03 m, L. 0,99 m, Versailles, musée des châteaux de Versailles et de Trianon
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158 – Médaille de N. Röettiers et J. Dollin commémorant l’érection de la statue de la place des Victoires en 1686 Avers D. 64,1 mm ´´p. 374
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Règne de Louis XIV
L’ÉTAT DEMEURERA TOUJOURS À la fin de l’été de 1715, dans la soixante-treizième année de son règne – dont cinquante-neuf de gouvernement personnel – le roi Louis XIV sent la mort approcher. Le mal qui le torture depuis tant d’années a maintenant gangrené ses jambes ; il est contraint de s’aliter. Au lendemain de la Saint-Louis, dont il n’a pu honorer les cérémonies de sa présence, commencent les adieux du roi ; ils seront – comme tout ce qui a jamais regardé ce prince – publics et solennels. Louis reçoit tour à tour ses ministres et ses officiers, ses courtisans et ses parents ; il leur tient fermement – mais non sans tendresse – le discours d’un roi très chrétien à ses derniers instants. « Je sens que je m’attendris et que je vous attendris aussi. Je vous demande pardon. Adieu, Messieurs, je compte que vous vous souviendrez quelquefois de moi… » Et de préciser : « Je m’en vais, mais l’État demeurera toujours. » Testament politique d’un monarque dont chaque effort, au bout du compte, n’aura tendu qu’au renforcement de cette entité souveraine, dotée par lui de toutes les vertus : l’État.
155 – Essai de l’écu sur flan or aux effigies de Louis XIII et de Louis XIV D. 39,1 mm ´´p. 371
À son lit d’agonie l’on conduit l’arrière-petit-fils qui doit lui succéder. Louis XIV avait à peine cinq ans à la mort de son père, Louis XIII ; celui qu’on appellera bientôt Louis XV a cinq ans révolus. L’aïeul se revoit-il en cet enfant roi qui s’efforce bravement de surmonter son tremblement ? Il s’émeut de sa fragilité, dépose un baiser sur son petit front et lui dit : « Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d’être soumis à Dieu […]. Ne suivez pas le mauvais exemple [faire la guerre] que je vous ai donné […]. Ne m’imitez pas, […], et que votre principale application soit de soulager vos sujets. » Le conseil ne portera que trop ; et l’on verra plus tard le Bien-Aimé commettre des erreurs pour avoir trop tenté de le suivre… Quant à la plupart des commentateurs, ils voudront voir en ces humbles paroles de contrition, prononcées à l’article de la mort, un accès de sagesse et de lucidité ; j’y verrais plutôt l’effet d’un relâchement ultime. Car ce que Louis XIV paraît ici regretter, c’est ce que la postérité retient de son règne et qui en aura fait la principale grandeur. La grandeur. Voilà le maître mot de celui que l’Europe, en 1715, désigne depuis longtemps comme étant le Grand Roi. Aux yeux de l’Histoire, son siècle sera le Grand Siècle, son règne, le grand règne… N’est-ce pas le propre d’un apogée que de donner à tout une autre dimension ? « D’où vient l’Âge d’or, se demande Erik Orsenna, cette sorte de vague qui soudain hisse tous les arts d’un pays jusqu’à l’excellence ? » Le terme art doit être ici compris dans son acception la plus large. « Comment expliquer cette mobilisation générale venue du tréfonds d’un peuple pour faire d’un siècle – ou d’un morceau de siècle – un chef-d’œuvre collectif ? Le génie de quelques-uns n’y suffit pas. Il doit reposer sur le talent et le savoir d’innombrables. Des hommes et des femmes, nés dans les mêmes années. Au lieu de s’ignorer, ils se voient, ils se parlent, ils s’apprécient ou se détestent, ils projettent ensemble ou se défient. Bref, un âge d’or, c’est l’enfant commun de toute une génération. » À condition, pourrait-on ajouter, que cette génération trouve son aiguillon, son modèle, son pasteur, son chef d’orchestre… Nul doute que le Grand Roi fut un peu tout cela.
Henri Testelin (1616-1695), Louis XIV âgé de 10 ans (1638-1715), 1648, huile sur toile, H. 2,05 m, L. 1,52 m, Versailles, musée des châteaux de Versailles et de Trianon
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Monnaies de 1644 à 1712 129
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157 – Médaille en or commémorant le pacte avec les Suisses en 1663 Avers D. 55,8 mm (sans la bélière) ´´p. 373
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Chapitre 6
RÈGNE DE LOUIS XV — Vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d’être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples
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François Lemoyne (1688-1737), Louis XV donnant la paix à l’Europe, 1729, huile sur toile, H. 3,82 m, L. 2,95 m, Versailles, musée des châteaux de Versailles et de Trianon
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187 – Écu au bandeau de Louis XV Paris 1740 Avers D. 41,8 mm ´´p. 390
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Règne de Louis XV
PERSONNALITÉ ET FORMATION Le duc d’Anjou, futur Louis XV, est né le 15 février 1710 à Versailles. Il était l’arrière-petit-fils de Louis XIV (1638-1715). Entre 1711 et 1712, la maladie ayant emporté successivement le fils de Louis XIV, l’aîné de ses petits-fils – le père de Louis XV – et l’aîné de ses arrière-petits-fils, seul ce duc d’Anjou pouvait succéder au Roi-Soleil en ligne directe.
160 – Double louis d’or aux insignes de Louis XV – Lyon 1716 D. 31,6 mm ´´p. 376
L’enfant, qui perdit aussi sa mère en 1712, fut marqué à vie par cette accumulation de malheurs. De là un caractère timide et mélancolique, volontiers renfermé sur lui-même, des préoccupations souvent morbides, un désir ardent et insatiable d’être entouré et aimé. Avant de mourir, Louis XIV s’adressa en ces termes à son arrière-petit-fils : « Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d’être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre : c’est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela : j’ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l’ai soutenue par vanité. Ne m’imitez pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets. » La Régence proclamée, le jeune Louis XV, après un court séjour à Vincennes, fut installé en décembre 1715 à Paris, où il reçut la visite du tsar Pierre Ier de Russie, en 1717 et, en 1721, l’ambassade de Mehemet Effendi. À partir de 1720, le jeune Louis XV fut régulièrement associé par le duc d’Orléans, le Régent, aux séances du Conseil. Cette formation appliquée aux affaires du gouvernement sut créer et renforcer son désir de s’impliquer dans l’exercice du pouvoir. Toute sa vie, Louis XV s’acquitta avec conscience des obligations du métier de roi : tenue du Conseil, mais aussi travail avec les ministres. Son esprit vif et alerte lui donnait une intelligence particulière des situations, mais il souffrait d’un manque d’assurance et de confiance en soi. Louis XIV avait qualifié le métier de roi de « grand, noble et délicieux ». On ne peut pas affirmer que Louis XV ait partagé ce sentiment, mais il ne répugnait pas pour autant à l’exercice de l’autorité souveraine. Il n’aimait pas certaines contraintes de représentation associées au pouvoir, comme les audiences publiques d’ambassadeurs ou les séances du Conseil, mais il s’y astreignit durant son règne, tout en développant d’autres manières de traiter les affaires du gouvernement. C’est ainsi qu’il consacra beaucoup plus de temps que Louis XIV à l’étude personnelle des dossiers.
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Monnaies de 1715 à 1772
Louis XV bénéficia des leçons de son précepteur, André Hercule de Fleury, évêque de Fréjus, qui sut aussi lui apporter le réconfort affectif dont il avait besoin. Doté d’une grande curiosité intellectuelle, Louis XV reçut de solides bases en écriture, en latin, en histoire, en géographie, mais aussi en mathématiques, en dessin et en perspective. Il s’adonna avec passion à l’étude de la géographie, de la topographie, de la cartographie et de l’astronomie. Il s’intéressa aussi à l’art des fortifications, à la navigation, à l’anatomie et à la chirurgie.
Hyacinthe Rigaud (1659-1743), Louis XV, roi de France (1710-1774) représenté assis en grand manteau royal à l’âge de cinq ans, vers 1715, huile sur toile, H. 2,08 m, L. 1,54 m, Versailles, musée des châteaux de Versailles et de Trianon
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178 – Louis d’or au bandeau de Louis XV Paris 1740 Avers D. 24,0 mm ´´p. 385
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Chapitre 7
RÈGNE DE LOUIS XVI — Des fastes aux bruits et fureurs
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Joseph Siffred Duplessis (1725-1802), Louis XVI, roi de France et de Navarre (1754-1793) représenté en 1778, 1778, huile sur toile, H. 0,80 m, L. 0,62 m, Versailles, musée des châteaux de Versailles et de Trianon
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199 – Médaille en or commémorant le mariage de Louis XVI en 1770 Avers D. 41,9 mm ´´p. 399
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Règne de Louis XVI
Plus que dans beaucoup d’autres épisodes célèbres, les histoires de la Révolution et de la monnaie sont étroitement liées. Née d’une crise financière, inventant une monnaie de papier, l’assignat, qui fit disparaître les bonnes pièces d’or et d’argent au fond des bas de laine, la Révolution fut aussi marquée par l’anecdote de l’arrestation du roi à Varennes, lorsqu’un garçon de poste reconnut Louis XVI parce que son profil ornait les fameux louis d’or. Quelques révolutionnaires, Danton ou Robespierre, partagèrent avec le souverain cet honneur incertain d’illustrer la France, avant de poser, eux aussi, leur tête entre les montants de la guillotine. Les frappes monétaires, apparents symboles de stabilité et de confiance, renvoient néanmoins à des moments dramatiques, dont il faut retracer le cours tumultueux. La collection de pièces ici présentée donne ainsi l’opportunité d’évoquer, cavalièrement, deux décennies qui rompirent l’histoire de France. L’ÉCART ENTRE PRINCES ET SUJETS Quand, en 1770, le Dauphin de France, Louis-Auguste, petit-fils et héritier du roi Louis XV, épouse Maria-Antonia, fille de l’impératrice d’Autriche, Marie-Thérèse, l’événement a une portée considérable, qui vaut bien des médailles commémoratives. La princesse, partie de Vienne dans un convoi de quarante-six voitures à six chevaux chacune, est accueillie dans toutes les villes traversées par des réceptions somptueuses, avant d’arriver à Versailles au terme d’un mois de voyage. Le mariage est fêté du 16 au 19 mai 1770 dans des bâtiments temporaires décorés avec un luxe exceptionnel et conclu par une illumination qui stupéfie la jeune Dauphine. Des milliers de lampions disposés tout le long du grand canal éclairent une foule immense où se produisent des bateleurs, des danseurs et des voltigeurs. Selon les comptes officiels, le coût du mariage excède deux millions de livres, somme exorbitante qui ne scandalise personne alors que le royaume est pourtant entré dans une crise qui ne fait que s’aggraver. Nul ne réagit non plus lorsque, le 30 mai, une bousculade, due à un feu d’artifice grandiose tiré place Louis-XV à Paris, future place de la Révolution, en l’honneur du Dauphin et de la Dauphine, provoque la mort d’une centaine de personnes. La charité royale alloue aussitôt de l’argent aux familles, clôturant l’événement. L’écart entre princes et sujets est devenu sensible dans un pays où la proportion des lettrés ne cesse d’augmenter, peuplant les administrations, lisant les journaux dans lesquels ils écrivent, discutant de tout, à commencer par les prix des grains. La politique a déjà saisi la France, quadrillée dorénavant de rouages administratifs et judiciaires ayant engendré des groupes cohérents d’individus investis de la marche de l’État, sans que le Dauphin et sa jeune femme en mesurent encore toutes les conséquences. Alors que ses sœurs ont été mises à la tête de royaumes ou de duchés encore peu développés, l’arrivée de Marie-Antoinette dans un pays en pleine mutation détonne d’autant plus qu’elle a été élevée dans la certitude de son bon droit d’exercer un pouvoir auquel elle n’entend rien et qu’elle demeure portée par la seule conviction de sa destinée de reine. Mais dans l’immédiat, le couple qu’elle forme avec Louis-Auguste suscite la sympathie et attise les espérances, contrastant avec la dure réalité.
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199 – Médaille en or commémorant le mariage de Louis XVI en 1770 Revers D. 41,9 mm ´´p. 399
Les Français sont en effet lassés du vieux roi, choqués de ses frasques et heurtés par l’omnipotence de la maîtresse en titre, la comtesse du Barry. Ils sont de plus en plus nombreux à refuser l’autorité du roi et de ses ministres, qui entament précisément à ce moment-là des réformes du royaume pour en rationaliser les institutions. En rognant les pouvoirs de la noblesse et du clergé, en alourdissant les impôts et en renforçant les prérogatives du roi, Louis XV est accusé de faire une « révolution » et doit bientôt renoncer. Une partie de la cour, dont le Dauphin lui-même, s’était opposée au roi, et avait accepté, contrainte et forcée, le mariage avec cette princesse autrichienne, négocié entre les deux pays pendant une dizaine d’années. Certes, celle-ci est séduisante, avec son grand front et malgré sa poitrine encore enfantine, comme le constate d’emblée le vieux monarque, veuf depuis deux ans et qui aurait sans doute envisagé un temps l’épouser ! Le Dauphin, grand gaillard gauche ne manifeste, lui, aucun empressement, réprouvant la conduite de son grand-père et marquant son hostilité à l’alliance de la France avec l’Autriche. Alors que les coteries et les familles structurent les pays, l’arrivée de Marie-Antoinette en France s’inscrit donc dans des luttes politiques complexes, plaçant involontairement la Dauphine dans une position embarrassée, qui lui demeure incompréhensible dans l’immédiat.
Monnaies de 1774 à 1786
L’AVERS DES MÉDAILLES
Marie-Antoinette, à Vienne comme ensuite en France, n’a certainement rien pensé de son envoi dans une cour étrangère. Elle est soumise à une mère autoritaire, qui a établi ses filles dans toutes les cours d’Europe pour affirmer la puissance autrichienne. Ses sœurs avaient connu le même sort, parfois même tragiquement, lorsque deux d’entre elles promises au roi de Naples moururent lors des préparatifs de l’union. Elle a appris le français et tenté de réparer les lacunes d’une éducation bâclée. A-t-elle traversé, nue, la frontière entre la France et l’Empire romain germanique, dans une île du Rhin, comme le dit une légende tenace ? Sans doute pas, mais, arrivée en France, elle s’est pliée à toutes les exigences de l’étiquette, même si elles ont commencé rapidement à peser sur ses épaules d’enfant habituée à danser, à jouer et à chasser librement au sein d’une famille unie et aimante. Le contraste est brutal avec la famille royale, partagée à propos de la maîtresse officielle, la fameuse Du Barry, et divisée en factions rivales. Dans cette ambiance délétère, le mariage n’est pas consommé ; il faudra même attendre sept ans qu’il le soit, laissant la jeune épousée dans une situation inattendue et délicate. Son mari, très respectueux des préceptes religieux n’a aucune maîtresse, mais privilégie la chasse, la géographie et les activités manuelles, et ne partage pas les goûts de son épouse pour le jeu, la danse et le théâtre. Les fastes de Versailles recouvrent ainsi
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204 – Médaille en or commémorant le début des travaux d’ouverture des trois canaux de Bourgogne en 1783 Revers D. 50,2 mm ´´p. 403
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Chapitre 8
CONSULAT ET EMPIRE — Les deux faces d’une domination
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Pel Joseph (1re moitié du XXe siècle), d’après Jean-Auguste Dominique Ingres (1780-1867), Napoléon Bonaparte, Premier consul, 1929, huile sur toile, H. 2,20 m, L. 1,20 m, Rueil-Malmaison, musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau
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230 – Médaille en or commémorant la bataille de Marengo gravée par Auguste et Brenet – An 8 Avers D. 49,7 mm ´´p. 422
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Consulat et Empire
Toute médaille a son revers, répète-t-on. L’historiographie napoléonienne a pris en tout cas l’adage au pied de la lettre. Les libéraux ont opposé le Consulat et l’Empire, les républicains Bonaparte à Napoléon. Et combien de synthèses ont-elles joué de ces effets d’ombre et de lumière, en exhibant la face cachée du régime, en pointant le monstre derrière le génie ? N’est-ce pas en présentant dos à dos le rêve et la blessure (Traum und Trauma), le Feu et les Lumières, que de grandes expositions ont trouvé leur titre et leur public ? Les bilans privilégient désormais le clair-obscur, ce qui, en soi, pourrait être considéré comme un signe de maturité de la part d’études qui ont mis longtemps à se défaire des partis pris, condamnées dès lors à des jugements sans nuances, entre admiration et aversion.
233 – Essai en platine à l’effigie de Lavoisier – An 9 D. 21,7 mm ´´p. 424
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Thierry Lentz (dir.), Quand Napoléon inventait la France. Dictionnaire des Institutions politiques, administratives et de cour du Consulat et de l’Empire, Paris, Tallandier, 2008, 770 p.
La persistance de l’exercice assez suranné du bilan pour l’ère napoléonienne en dit toutefois long sur un rapport à l’homme et à son œuvre qui demeure singulier. À la gloire du régime et d’une belle finesse d’exécution tant en leur avers qu’en leur revers, les médailles exposées ici, émises de 1800 à 1811, ne présentent nullement les deux faces d’une domination ni même toutes ses facettes, mais plongent au cœur de son système de valeurs et donnent à voir la manière dont leurs commanditaires ont voulu fixer le sens des événements autant pour leurs contemporains que pour la postérité. Réunies en collection, elles rappellent les fastes de la période tout en invitant à la parcourir de façon originale. Porte de sortie de la Révolution puis de la République, porte d’entrée de l’Empire, le Consulat n’a pourtant rien d’un sas de transition puisque c’est alors que sont posés les fondements de la France contemporaine (préfets, Code civil ou lycées1), dans le souci de faire œuvre durable en jetant des masses de granite pour ressouder une société pulvérisée par le droit de la Révolution et par les luttes fratricides. C’est cependant là se tourner vers l’avenir, savoir gré au Consulat d’institutions que le temps consacrera, tandis que les contemporains étaient plus sensibles à tout ce qui distinguait le Consulat d’un passé proche et jugé destructeur : Concordat, amnistie des émigrés, pacification de l’Ouest, extirpation du brigandage, etc. Cette dimension est également en jeu sur des terrains plus inattendus. LE PROJET RÉPARATEUR DU CONSULAT Associer les noms d’Antoine Laurent de Lavoisier et de Napoléon Bonaparte peut sembler artificiel. Il n’y a bien que les moteurs de recherche pour en faire une paire pertinente : il est vrai que Lavoisier, érigé en refondateur de la chimie, a sa place parmi les statues des Français illustres qui garnissent la cour Napoléon du Louvre. Datant du second Empire, cet hommage n’en est pas moins significatif. Nichée entre l’astronome Jérôme de Lalande et Sébastien Vauban, la statue de Lavoisier est l’une des quatre-vingt-six effigies enrichissant le décor du palais, prolongé alors jusqu’aux Tuileries. Artistes, écrivains et juristes y forment une galerie à la fois pédagogique par les costumes d’époque ou les attributs de leur état et politique en ce qu’elle rassemble
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Monnaies de 1792 à 1815
dans une cour du nom de Napoléon les illustrations du passé français, en une fusion des talents que l’Empereur n’aurait pas reniée, pour l’avoir initiée. La Légion d’honneur ne rassemble-t-elle pas des serviteurs de l’Ancien Régime et des acteurs de la Révolution pour peu qu’ils aient servi la France ? Sans doute le poids des guerres a-t-il abouti à surreprésenter les militaires aux dépens des civils, mais on aura soin de souligner les ambitions initiales de l’ordre qu’incarne son Grand Chancelier, le naturaliste Bernard Germain de Lacépède.
Antoine François Callet (1741-1823), Tableau allégorique du 18 brumaire an VIII ou La France sauvée, 1800, huile sur toile, H. 1,01 m, L. 1,25 m, Vizille, musée de la Révolution française
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232 – Médaille en or coulée à l’effigie du général Kléber – An 8 Avers D. 52,6 mm ´´p. 424
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Chapitre 9
RESTAURATION ET MONARCHIE DE JUILLET — L’avènement d’une monarchie libérale
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Louis Philippe Crépin (1772-1851), Allégorie au Retour des Bourbons le 24 avril 1814 : Louis XVIII relevant la France de ses ruines, 1814, huile sur toile, H. 0,46 m, L. 0,55 m, Versailles, musée des châteaux de Versailles et de Trianon
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267 – Médailles commémorant l’inhumation des restes de Louis XVI – 1815 Avers D. 49,8 mm ´´p. 455
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LE RETOUR DES BOURBONS
Restauration et monarchie de Juillet
Les choix politiques mais aussi économiques qui guideront la France de 1814 à 1848 ont été définis très tôt, dès le printemps de 1814. En quelques semaines, à un moment où les armées alliées viennent d’entrer dans Paris sous la conduite du tsar Alexandre Ier, le destin de la France est négocié entre Talleyrand et les Alliés. Les conditions d’un retour des Bourbons n’étaient alors nullement acquises. Les royalistes avaient accumulé les échecs et restaient très divisés entre ceux qui rêvaient de coups de main chevaleresques pour mobiliser la France des châteaux et ceux qui, ralliés à l’Empire, étaient beaucoup plus prudents dans leurs ambitions politiques.
256 – 40 francs de Louis XVIII – 1815 Essai par Michaut D. 26,0 mm ´´p. 445
Le prétendant, le comte de Provence, était loin de constituer un point d’ancrage. Les alliés ne croyaient guère en son destin. Alexandre Ier n’avait pas caché ses sentiments à l’égard du roi : « Je viens de rencontrer l’homme le plus nul d’Europe et le plus insignifiant. Il ne montera jamais sur le trône. » Seuls les Anglais étaient prêts à épauler une initiative de l’opinion française qui permettrait d’installer sur le trône un monarque clairement favorable au retour de la France dans ses anciennes frontières et éviterait une domination trop éclatante de l’Autriche et de la Russie sur l’Europe. Alors que l’Empereur était contraint d’abdiquer, le 6 avril, Talleyrand pensa trouver une issue à la crise en inspirant au Sénat napoléonien une « constitution », qui restera lettre morte. Elle dessine pourtant le profil d’une monarchie contractuelle, synthèse entre les principes libéraux de la Révolution et la tradition monarchique. En rupture avec l’idée de monarchie absolue de droit divin, cette constitution fonde la souveraineté sur une référence à l’ancienneté de la famille appelée au trône, mais aussi à sa capacité de « garantir le repos et le bonheur des peuples ». Cette notion qui définit une société dans laquelle la hiérarchie du pouvoir est acceptable et acceptée alimentera désormais la réflexion politique de tous ceux qui veulent faire du rétablissement de la monarchie une garantie contre le retour de la Révolution et celui des guerres en Europe. Talleyrand croyait encore possible d’arrimer cette légitimité au principe de souveraineté de la nation. C’était sous-estimer l’habileté tactique du comte de Provence appelé sur le trône. Ce frère de Louis XVI, installé dans l’émigration au château de Mitau, au fond du golfe de Riga, est devenu obèse au point que lord Grenville, méchamment, note que ses déplacements font penser aux « virages d’un navire ». On le dit égoïste et épicurien, ayant peu d’idées générales, mais de la finesse d’esprit. Il s’est engagé à plusieurs reprises à conserver un mode de gouvernement qui a fait « pendant quatorze siècles la gloire de la France », mais il existe chez lui un versant très « réaliste ». Sensible aux changements de société, il se prononce en faveur de l’égalité d’accès à tous les emplois et écarte l’idée d’une restitution au clergé et aux émigrés des biens vendus au fil de l’épisode révolutionnaire. Redoutant la contestation d’une noblesse française désireuse de revenir sur l’absolutisme, Louis XVIII refuse un retour à la France des parlements et des provinces.
Baron Gros (Antoine-Jean Gros, dit ; 1771-1835), Louis XVIII, roi de France et de Navarre (1755-1824), vers 1817, huile sur toile, H. 2,92 m, L. 2,05 m, Versailles, musée des châteaux de Versailles et de Trianon
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Monnaies de 1795 Ă 1840 217
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279 – 5 francs de Charles X Paris 1824 Avers D. 37,4 mm ´´p. 464
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Chapitre 10
SECOND EMPIRE — Un président de la République porté par la légende napoléonienne
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D’après Franz Xaver Winterhalter (1805-1873), Portrait en pied de Napoléon III, huile sur toile, H. 0,78 m, L. 0,56 m, Compiègne, palais de Compiègne
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317 – Médaille en or pour la visite des ambassadeurs du Siam – 1861 Avers D. 72,6 mm ´´p. 491
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Le second Empire commence par un coup d’État, le 2 décembre 1851. Paradoxe : il est conduit par le président de la République lui-même contre la République, que symbolise l’assemblée législative. Un coup d’État qui est la réplique de celui de Napoléon Bonaparte, oncle du président, en 1799. LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE
Second Empire
Le président de la République, en 1851, s’appelle Louis-Napoléon Bonaparte, un nom prestigieux qui lui a valu, le 10 décembre 1848, une élection triomphale à la tête de la République après la chute de Louis-Philippe, dernier monarque des Français. Né en 1808, fils de Louis Bonaparte et Hortense de Beauharnais et donc neveu de Napoléon, il a mené, après la fin de l’Empire, la vie d’un exilé puis d’un conspirateur sous la monarchie de Juillet. Arrêté, s’évadant en 1846 de la forteresse de Ham, où il était incarcéré, il est revenu en France en mai 1848. Porté par la légende napoléonienne, il est élu député puis président de la République. Il a un physique curieux – grosse moustache et barbiche – qui ne le fait ressembler en aucune manière à Napoléon. Comme on lui reproche de n’avoir rien de son oncle, il réplique : « Oh ! si, j’ai sa famille ! », allusion aux demandes de faveurs des Bonaparte. Le reproche était-il fondé ? Un test d’ADN effectué en 2013 laisse supposer qu’il n’avait pas de sang des Bonaparte. Soit Louis ne serait pas le fils de Charles Bonaparte, soit Hortense, son épouse, aurait eu Louis-Napoléon d’une liaison adultérine. Mais en 1851 la question ne se pose pas, sauf pour son demi-frère, le duc de Morny, qui est bien le fils de la reine Hortense, mais qu’elle a eu de son amant Charles de Flahaut. L’ÉTABLISSEMENT DE L’EMPIRE S’inspirant du précédent du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), lorsque Bonaparte avait soumis la nouvelle constitution à un référendum, Louis-Napoléon Bonaparte demande au peuple d’approuver son coup d’État. Il obtient 7 338 216 oui contre 647 747 non. En attendant la rédaction d’une constitution, Louis-Napoléon gouverne par décrets. C’est l’époque des révocations et des proscriptions. Adolphe Thiers et Victor Hugo en sont les plus illustres victimes. Louis-Napoléon hésite à rétablir l’empire. La nouvelle constitution confie le pouvoir à un président de la République désigné pour dix ans. Mais on voit renaître les trois assemblées du premier Empire : le Sénat, le Corps législatif, élu au suffrage universel, et le Conseil d’État.
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Monnaies de 1853 à 1868
Si le mot « empire » n’est inscrit nulle part, c’est que Louis-Napoléon craint une réaction de l’Europe, qui garde un mauvais souvenir des guerres napoléoniennes. Pour la rassurer, Louis-Napoléon proclame à Bordeaux : « Certaines personnes disent : l’Empire c’est la guerre ; moi je dis : l’Empire c’est la paix. » En définitive, un sénatus-consulte du 7 novembre 1852 rétablit la dignité impériale dans la famille de Louis-Napoléon Bonaparte. Nouveau référendum qui mérite bien le nom de plébiscite puisque l’on vote pour un homme et non pour une idée. Le 21 novembre, le sénatus-consulte obtient 7 824 000 oui contre 253 000 non, mais on compte 2 000 000 d’abstentions.
Guillaume Alphonse Cabasson (1814-1884), L’Apothéose de Napoléon III, 1854, huile sur toile, H. 0,65 m, L. 0,81 m, Compiègne, palais de Compiègne
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CATALOGUE
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Note aux lecteurs
Dans cette seconde partie de l’ouvrage, le catalogue, toutes les monnaies et médailles sont reproduites à l’échelle 1/1. Elles ont été classées par grandes périodes historiques et par règnes. À l’intérieur de chaque groupe, l’organisation suivante a été observée : – les monnaies émises en France, du plus grand au plus petit module ; – les monnaies émises à l’étranger, du plus grand au plus petit module ; – les médailles, par ordre chronologique. Les monographies référencées dans le catalogue ont été citées par des abréviations. La bibliographie de ces références se trouve à la fin du catalogue.
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LA GAULE ET L’ÉPOQUE GALLO-ROMAINE (IIe siècle av. J.-C. – ve siècle apr. J.-C.)
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STATÈRE D’OR DES ARVERNES ÉPOQUE DE VERCINGÉTORIX
p. 14
Bien qu’anépigraphe, ce statère arverne est contemporain de Vercingétorix. Son style le rattache clairement aux monnaies à la légende VERCINGETORIXS de la classe I (statères à l’amphore et au S couché). S’il est impossible d’établir une chronologie précise des différentes émissions, on peut néanmoins supposer que l’émission anépigraphe est de peu antérieure à ou juste contemporaine de celle de la classe I. Ces statères constituent une illustration saisissante de l’évolution économique et politique de la Gaule à la veille de la conquête romaine. Certains peuples en contact avec la province romaine s’enrichissent grâce au commerce, échangeant notamment des esclaves contre du vin romain. Cet enrichissement renforce la position de certains notables qui ambitionnent parfois le pouvoir suprême. Selon Jules César, Celtill, le père de Vercingétorix, aurait lui-même brigué la royauté avant d’être exécuté par les nobles arvernes. Cette filiation rendra Vercingétorix suspect aux yeux de certains peuples gaulois, le privant ainsi de précieux alliés lors de son combat final. Références
D.& T. 3575.
Type Date Métal Poids Diamètre
Statère d’or Non daté Or 7,46 g 19,3 mm
Avers Revers
Tête laurée de tradition apollinienne, à gauche. Cheval au galop à gauche. Au-dessous, une amphore. Au-dessus, un S couché aux extrémités enroulées.
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LES ÉPOQUES MÉROVINGIENNE ET CAROLINGIENNE (Ve siècle – Xe siècle apr. J.-C.)
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SOLIDUS FRANC AU NOM D’ANASTASE
Frappé entre 491 et 507, ce rarissime solidus est contemporain du règne de Clovis (481-511). Il s’agit apparemment du second exemplaire connu de ce type. Lenormant (RN, 1853, p. 311 et pl. VI, 4) attribuait le premier exemplaire à l’atelier de Bordeaux, ce qui reste conjectural. Clovis Ier, héritier du royaume des Francs Saliens, réussit à unifier les différents royaumes francs sous son autorité. Il est par conséquent considéré comme le premier roi de France. Il est également connu pour avoir reçu le baptême à Reims, faisant ainsi de la France le plus puissant royaume chrétien d’Occident. Références
B. 5029. / Dep.-. / P.-. / J. Lafaurie, « Monnaies frappées en Gaule à l’époque de Clovis », Clovis, histoire et mémoire, colloque à Reims du 19 au 25 septembre 1996, Paris, 1997, p. 793, 5 (même coin de revers).
Type Date Métal Poids Diamètre
Solidus Non daté (avant 507 apr. J.-C.) Or 4,46 g 17,9 mm
Avers
Revers
DN ANASTA – SIV – SPPAVG Buste casqué de face, tenant une lance sur l’épaule droite. VICTORIE – AAVCCCA Victoire marchant à gauche et tenant une longue croix. Étoile dans le champ droit. CONOB à l’exergue.
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DES CAPÉTIENS À LA FIN DU MOYEN ÂGE
PHILIPPE IV LE BEL (1285-1314)
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MASSE D’OR DE PHILIPPE IV LE BEL
p. 29
La masse d’or, émise selon l’édit du 10 janvier 1296, est la première grande monnaie d’or frappée par Philippe IV. Elle se différencie fortement du petit royal d’or émis en 1290. Alors que ce dernier s’inspirait des monnaies italiennes (florins et ducats) par le diamètre et le poids, la masse d’or se rapproche de l’exceptionnel écu d’or frappé par Saint Louis à la fin de son règne. L’avers, présentant le roi assis en majesté, s’inscrit cependant dans le prolongement direct du petit royal d’or. Cette émission de prestige d’une monnaie extrêmement lourde pour l’époque cache toutefois une inflation marquée. Le petit royal d’or de 3,547 grammes circulait pour 10 sous tournois, alors que la masse, pesant le double et d’un titre de 0,916 seulement, s’échangeait contre 25 sous tournois. Références
C. 196. / D. 208. / L. 212.
Type Date
Masse d’or Non daté (1re émission, 10 janvier 1296) Or 6,88 g 30,4 mm
Métal Poids Diamètre
Avers
Revers
+ PHILIPPVS : DEI : GRA : FRANCHORVM : REX Le roi assis de face, couronné, tenant un sceptre et une fleur de lis. Au pourtour, un polylobe tréflé cantonné d’annelets. + XP’C : VINCIT : XP’C : REGNAT : XP’C : IMPERAT Croix feuillue et fleuronnée, cantonnée de quatre lis dans un quadrilobe aux quatre angles extérieurs tréflés.
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DES GUERRES D’ITALIE À LA FIN DES GUERRES DE RELIGION
LOUIS XII (1498-1515)
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ÉCU D’OR AU PORC-ÉPIC DE LOUIS XII
Le monnayage de Louis XII fut d’abord semblable à celui de Charles VIII. La création des monnaies au porc-épic (ordonnance du 19 novembre 1507) n’apportait aucun changement autre que stylistique. Ce porc-épic était l’emblème spécial de la maison d’Orléans, dont descendait Louis XII. Le point placé sous la douzième lettre, accompagnée d’un trèfle en fin de légende au revers, est le signe de l’atelier monétaire de Lyon. Références
C. 909. / D. 655. / L. 598.
Type Date Métal Poids Diamètre Atelier
Écu d’or au porc-épic Non daté (19 novembre 1507) Or 3,34 g 27,5 mm Lyon
Avers
Revers
+ LVDOVICVS : DEI : GRACIA : FRANCORVM : REX Écu de France couronné, soutenu par deux porcs-épics. + XP’S : VINCIT : XP’S : REGNAT : XP’S : IMPERAT - Croix tréflée, cantonnée de deux L onciales et de deux porcs-épics.
307
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17.11.15 11:44
LOUIS XIV (1643-1715)
124
PIÉFORT DU DOUBLE LOUIS D’OR À LA MÈCHE COURTE DE LOUIS XIV PARIS 1644
Ce rare piéfort portant sur la tranche + PONDERE SANCTVARII a été émis en 1644 à Paris. Il pèse le quadruple du poids du double louis d’or normal. Celui-ci avait été émis pour la première fois à l’effigie du jeune roi en 1643. Références
C. 1783. / D.- (cf. 1418). / G. (royales) 257.
Type
Piéfort du double louis d’or à la mèche courte 1644 Or 53,91 g 28,3 mm Paris
Date Métal Poids Diamètre Atelier
Avers
Revers
LVD . XIIII . D . G . – FR . ET . NAV . REX . Tête enfantine du roi à droite, laurée, les cheveux courts. Date à l’exergue. . CHRS . – . REGN . – . VINC . – . IMP . Croix formée de huit L, une couronne au bout de chaque bras, le tout cantonné de quatre lis. Lettre d’atelier A dans un cercle en coeur.
354
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10.11.15 18:01
LOUIS XV (1715-1774)
160
DOUBLE LOUIS D’OR AUX INSIGNES DE LOUIS XV LYON 1716
p. 146
Frappé uniquement en 1716, le double louis d’or aux insignes circulait pour un cours légal de 40 livres tournois (42 en Alsace). Cette pièce, porte exceptionnellement le millésime sous le buste du roi et non en fin de légende. Références
C.- (cf. 2072). / D. 1627A. / G. (royales) 343 (cet exemplaire photographié).
Type Date Métal Poids Diamètre Atelier
Double louis d’or aux insignes 1716 Or 16,31 g 31,6 mm Lyon
Avers
Revers
LVD . XV . D . G . – FR . ET . NAV . REX * Buste nu du jeune roi à droite. Date au-dessous. CHRS . REGN – VINC . IMP * Écu de France ovale, couronné, brochant sur une main de justice et un sceptre posés en sautoir. Lettre d'atelier D de Lyon dessous.
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10.11.15 18:02
LOUIS XVI (1774-1792)
192
DOUBLE LOUIS D’OR AUX LUNETTES DE LOUIS XVI LILLE 1782
Références
C. 2178. / D. 1703. / G. (royales) 362.
Type Date Métal Poids Diamètre Atelier
Double louis d’or aux lunettes 1782 Or 16,28 g 29,0 mm Lille
Avers
Revers
LUD . XVI . D . G . FR . – ET . NAV . REX . Buste du roi à gauche, en habit brodé, portant l’ordre du Saint-Esprit, les cheveux noués sur la nuque par un ruban. CHRS . REGN . VINC . IMPE - 1782 Écus ovales inclinés de France et de Navarre sous une couronne. Lettre d'atelier W de Lille au-dessous.
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17.11.15 11:48
LE MONNAYAGE CONSTITUTIONNEL (1791-1793)
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MONNAYAGE CONSTITUTIONNEL : LOUIS D’OR DE 24 LIVRES PARIS 1792 – AN 4
p. 183, 185
Sur ce louis d’or émis en 1792, Louis XVI porte le titre de « Roi des François », une appellation qu’il a dû adopter le 14 septembre 1791, et qui remplaça dès lors l’ancien titre de « Roi de France ». La différence est fondamentale : en tant que roi de France, en effet, Louis est maître du pays et de ses ressources, ce qu’un roi des Français n’est pas. Plébiscité par le peuple, celui-ci n’en est plus que le représentant légal. Il devient par conséquent révocable en tout temps… Références
C. 2236. / D. 1717. / G. (françaises) 61.
Type Date Métal Poids Diamètre Atelier
Louis d’or de 24 livres 1792 (an 4) Or 7,58 g 25,1 mm Paris
Avers
Revers
LOUIS XVI ROI DES FRANÇOIS . Tête du roi à gauche, les cheveux noués par un ruban sur la nuque. Millésime à l’exergue. REGNE DE LA LOI . À l’exergue : L’AN 4 DE LA LIBERTÉ. Le génie de la France gravant le mot CONSTITUTION sur une table de la loi reposant sur un autel, accosté d’un faisceau à gauche, d’un coq et de la lettre A de l’atelier de Paris à droite.
405
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10.11.15 18:03
NAPOLÉON BONAPARTE LE CONSULAT ET L’EMPIRE (1799-1814)
209
40 FRANCS DE NAPOLÉON BONAPARTE PARIS AN XI – FRAPPE DE PRÉSENTATION
p. 23, 192 Références
G. (françaises) 1080. / M. 402.
Type Date Métal Poids Diamètre Atelier
40 francs An XI (1802-1803) Or 12,91 g 26,2 mm Paris
210
40 FRANCS DE NAPOLÉON IER PARIS AN 13
Références
G. (françaises) 1081. / M. 404.
Type Date Métal Poids Diamètre Atelier
40 francs An 13 Or 12,87 g 26,1 mm Paris
Avers Revers
Avers Revers
BONAPARTE – PREMIER CONSUL . Tête nue à gauche. REPUBLIQUE FRANÇAISE . Valeur dans une couronne de laurier. Date et lettre d’atelier A de Paris au-dessous.
NAPOLEON – EMPEREUR . Tête nue à gauche. REPUBLIQUE FRANCAISE . Valeur dans une couronne de laurier. Date et lettre d’atelier A de Paris au-dessous.
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10.11.15 18:03
CHARLES X ET SON TEMPS (1824-1830)
275
100 FRANCS DE CHARLES X ESSAI EN OR (1824)
Charles X ayant succédé à son frère, le 16 septembre 1824, un concours fut ouvert pour le choix de l’effigie du nouveau souverain. Ce fut Auguste-François Michaut qui l’emporta. Une ordonnance du 1er mai 1825 prescrivit les nouvelles frappes à partir du 20 mai, pour la Monnaie de Paris, et du 1er juillet suivant pour les autres ateliers. Cet essai rarissime est l’œuvre de Nicolas Pierre Tiolier, dont l’initiale figure sous le portrait du roi à l’avers. Cet essai ne fut pas retenu et aucune pièce de 100 francs ne fut finalement frappée pour la circulation sous le règne de Charles X. Il faudra attendre 1855 pour voir de telles pièces circuler. Références
G. (françaises)-. / M. 886. / Exemplaire de la collection Farouk (1954), no 528.
Type Date Métal Poids Diamètre Atelier
100 francs – Essai Non daté (1824) Or 32,70 g 35,0 mm Paris
Avers
Revers
CHARLES X – ROI DE FRANCE Tête nue du roi à droite. Initiale du graveur au-dessous. Écu de France couronné. Valeur de part et d’autre. Mot ESSAI au-dessous. Le tout dans une couronne de laurier.
462
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10.11.15 18:05
LOUIS-PHILIPPE IER (1830-1848)
292
40 FRANCS DE LOUIS-PHILIPPE IER PARIS 1831 – ÉPREUVE SUR FLAN BRUNI
p. 237
La pièce de 40 francs fut frappée pour la première fois sous le Consulat, en l’an 11 de la République (1802-1803). Sa frappe se poursuivit sous l’Empire et pendant la Restauration. Sous Louis-Philippe, elle fut frappée de 1831 à 1839. Références
G. (françaises) 1106. / M. 928 var.
Type Date Métal Poids Diamètre Atelier
40 francs 1831 Or 12,89 g 26,3 mm Paris
Avers
Revers
LOUIS PHILIPPE I – ROI DES FRANÇAIS Tête du roi couronné de chêne à gauche. Nom du graveur au-dessous. Valeur et date dans une couronne de laurier et d’olivier. Différent et lettre d’atelier à l’exergue.
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10.11.15 18:05
304
1 FRANC AU NOM D’HENRI V 1832 – ESSAI EN OR (PIÉFORT)
Références
G. (françaises)-. / M. 912 d.
Type Date Métal Diamètre
1 franc – Essai (piéfort) 1832 Or 23,3 mm
Avers Revers
HENRI V ROI – DE FRANCE Buste en uniforme à gauche. Écu de France couronné. Valeur de part et d’autre. Le tout dans une couronne de laurier. Date à l’exergue entre deux petites fleurs de lis.
NAPOLÉON III ET SON TEMPS (1851-1870)
305
100 FRANCS DE NAPOLÉON III PARIS 1858
Références
G. (françaises) 1135. / M. 1408.
Type Date Métal Poids Diamètre Atelier
100 francs 1858 Or 32,30 g 34,8 mm Paris
Avers
Revers
NAPOLEON III – EMPEREUR Tête nue de Napoléon III à droite. Nom du graveur au-dessous. EMPIRE – FRANÇAIS Écu impérial disposé sur un manteau couronné. Valeur de part et d’autre. Lettre d’atelier et date au-dessous.
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Bibliographie des références citées
Les monographies ci-dessous ont été consultées pour la rédaction du catalogue de la collection. Nous y renvoyons le lecteur souhaitant approfondir ses connaissances.
G. (françaises) Victor GADOURY et ALII, Monnaies françaises 1789-2013, 21e édition, Monaco, Éditions V. Gadoury, 2013.
B. Auguste de BELFORT, Description générale des monnaies mérovingiennes par ordre alphabétique des ateliers, publiées d’après les notes manuscrites de M. le Vte de Ponton d’Amécourt, 5 volumes, Paris, ouvrage publié au siège de la Société française de numismatique, 1892-1895.
G. & B. Philip GRIERSON et Mark BLACKBURN, Medieval European Coinage, with a Catalogue of the Coins in the Fitzwilliam Museum, Cambridge, vol. 1, « The Early Middle Ages (5th-10th centuries) », Cambridge University Press, 1986.
LMN. Stéphane BERTSCH, Laurent FABRE et Claude METAYER, Les Monnaies napoléoniennes (1795-1815), Poses, Éditions Monnaies d’Antan, 2010.
L. Jean LAFAURIE et Pierre PRIEUR, Les Monnaies des rois de France, 2 volumes, Paris et Bâle, ouvrage édité par Émile Bourgey et Monnaies et Médailles, 1951-1956.
MNG. Ludwig Ernst BRAMSEN, Médaillier Napoléon le Grand ou description des médailles, clichés, repoussés et médailles-décorations relatives aux affaires de la France pendant les Consulat et l’Empire, 3 volumes, Paris et Copenhague, ouvrage édité par Alphonse Picard et Fils et Gyldendalske Boghandel Nordisk Forlag, 1904-1913. C. Louis CIANI, Les Monnaies royales françaises de Hugues Capet à Louis XVI, avec indication de leur valeur actuelle, Paris, ouvrage édité par Jules Florange et Louis Ciani, 1926. Collignon Jean-Pierre COLLIGNON et musées de Charleville-Mézières, La Médaille française au XIXe siècle et l’histoire, Musées de Charleville-Mézières, 1989. D. & T. Louis-Pol DELESTRÉE et Marcel TACHE, Nouvel Atlas des monnaies gauloises, 4 volumes, Saint-Germain-en-Laye, Éditions Commios, 2002-2008. Dep. Georges DEPEYROT, Le Numéraire mérovingien – L’âge de l’or, 4 volumes, Wetteren, Éditions Moneta, 1998. Divo (Louis XIV) Jean-Paul DIVO, Catalogue des médailles de Louis XIV, Zurich, ouvrage édité par Spink & Son Numismatics Ltd., 1982. D.T. Jean-Paul DIVO et Edwin TOBLER, Die Münzen der Schweiz im 19. Und 20. Jahrhundert, 2e édition, Zurich et Lucerne, ouvrage édité par Bank Leu AG et Adolph Hess AG, 1969. Dr. Frédéric DROULERS, Répertoire général des monnaies de Louis XIII à Louis XVI (1610-1793), 5e édition, La Rochelle, Frédéric Droulers Éditeur, 2012. D. Jean DUPLESSY, Les Monnaies françaises royales de Hugues Capet à Louis XVI (987-1793), 2 volumes, 2e édition, Paris, Maison Platt, 1999.
Lec. Jean LECOMPTE, Monnaies et jetons des colonies françaises, 2e édition, Monaco, Éditions V. Gadoury, 2007. RIC. Harold MATTINGLY, Edward SYDENHAM et ALII, The Roman Imperial Coinage, 10 volumes, Londres, ouvrage édité par Spink & Son Ltd., 1923-1994. M. Jean MAZARD, Histoire monétaire et numismatique contemporaine 1790-1967, 2 volumes, Paris et Bâle, ouvrage édité par Émile Bourgey et Monnaies et Médailles, 1965-1968. Mazerolle Fernand MAZEROLLE, Les médailleurs français du XVe siècle au milieu du XVIIe, 2 volumes, Paris, Imprimerie Nationale, 1902. RMN. Jean de MEY et Bernard POINDESSAULT, Répertoire des monnaies napoléonides, Bruxelles et Paris, 1971. Page-Divo (Louis XV) Françoise PAGE-DIVO et Jean-Paul DIVO, Médailles de Louis XV, Corzoneso et Paris, Fiorino d’oro et Bibliothèque nationale de France, 2009. Page-Divo (Napoléon III) Françoise PAGE-DIVO et Jean-Paul DIVO, Médailles de Napoléon III – Catalogue des principales médailles historiques émises sous la présidence de Louis Napoléon Bonaparte et sous le règne de Napoléon III, Zurich, ouvrage édité par Hess Divo, 2001. P. Maurice PROU, Les Monnaies mérovingiennes, Paris, ouvrage édité chez C. Rollin & Feuardent, 1896. HMZ. Jürg RICHTER et Ruedi KUNZMANN, Neuer HMZ-Katalog, vol. 2, « Die Münzen der Schweiz und Liechtensteins 15./16. Jahrhundert bis Gegenwart », 7e édition, Regenstauf, Gietl Verlag et Publikationsservice GmbH, 2011.
G. (royales) Victor GADOURY et ALII, Monnaies royales françaises – Louis XIII à Louis XVI, 1610-1792, 4e édition, Monaco, Éditions V. Gadoury, 2012.
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