Monnaies Objets d'échange (extrait)

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OCÉANIE

M nnaies objets d’échange Afrique-Asie-Océanie

Anne Vanderstraete

Musée Barbier-Mueller Genève

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Frontispice : Parure cérémonielle. Berbères, Maroc. Argent, corail et poils de chèvre. A : larg. 50 cm ; B : L. 60 cm ; C : L. 80 cm. Inv. 1000-38A-B-C. Cat. 3.

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OCÉANIE

SOMMAIRE Avant-propos de Laurence Mattet

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Remerciements

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Introduction

12

Afrique

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Asie

76

Océanie

98

Catalogue

150

Notes

200

Bibliographie

204

Cartes

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introduction

AVANT-PROPOS LAURENCE MATTET

Depuis près de quarante ans, année après année,

nous présentons des armes et outils en métal, des

dans sa collection pour présenter, à chaque

constitués de matériaux considérés comme précieux

la composent.

fonction première, ces objets deviennent instruments

le musée Barbier-Mueller puise uniquement

objets en bois ou en vannerie, des textiles et des bijoux

exposition, une lecture nouvelle des pièces qui

(coquillage, plumes, pierre, perles). Détournés de leur d’échange et peuvent revêtir un caractère symbolique, socio-politique et religieux.

Nous avons publié plus de cent catalogues et organisé à Genève autant d’expositions qui ont circulé

Ils sont parfois cachés au regard et considérés comme

en Europe et sur tous les continents, à une cadence

« sacrés » pour réapparaître lors de grands évènements

effrénée : Francfort, Milan, Los Angeles, New York

de la vie sociale. On les montre, on les exhibe, on se

(Metropolitan Museum), Boston (Museum of Fine Arts),

les passe. Ils changent de mains particulièrement lors

Seattle, Canberra, Hong Kong, Taïwan, Le Cap, etc.

des grandes étapes de la vie telles que les naissances, les rites de passage à la vie d’adulte, les mariages et

Nos commissaires sont des spécialistes, conservateurs

les funérailles.

de musée, anthropologues, historiens de l’art mais aussi des personnalités réputées pour leur savoir ou

Nous nous sommes employés ici à mettre en lumière

leur « coup d’œil ». Après avoir visité nos réserves

un thème universel, montrant des pièces souvent

et soufflé sur la poussière de pièces achetées il y a

inédites qui, si elles ne font pas partie des grands

parfois plus de cent ans, ils se voient libres d’associer

chefs-d’œuvre de la collection, se distinguent par

un

dans

leur expressivité formelle, la rareté et la richesse de

leur contexte d’origine, une fonction quotidienne,

leurs matériaux et leur finesse d’exécution. Tout ce qui

« secondaire », cérémonielle, ou faisant partie de rites

attire l’œil et l’intérêt du visiteur humaniste, cultivé et

plus ou moins secrets. Exercice passionnant ! Mais

curieux.

certain

nombre

d’objets

remplissant,

surtout exercice didactique, où nous en apprenons parfois… autant que nos visiteurs.

Belle-fille et épouse de collectionneurs aussi célèbres que discrets, Anne Vanderstraete a été formée à bonne

Nous inaugurons aujourd’hui une exposition consacrée

école. Commissaire de l’exposition, elle a été chargée

aux monnaies et objets d’échange d’Afrique, d’Asie

de la rédaction de l’ouvrage qui l’accompagne. Elle a

et d’Océanie montrant la diversité des formes

sélectionné les objets présentés pour leur pertinence par

qu’adoptent ces pièces dans différentes cultures. Ainsi

rapport au propos de l’exposition, a anticipé la difficulté

Fig. 1. Kenya, Masaï. Jeune femme arborant fièrement ses perles d’origine européenne, obtenues par échanges. Ce produit fini très convoité permettait d’éviter la collecte de graines et le processus de fabrication laborieux de perles en métal ; leurs couleurs vives constituaient un attrait supplémentaire. abm-archives barbier-mueller.

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de mettre en vitrines des artefacts assez disparates et a réussi à offrir un aperçu des différents types de monnaies dans des sociétés non-occidentales. Nous ne doutons pas que vous serez conquis par les vastes connaissances et le goût très sûr de l’auteur. Je profite de cet avant-propos pour remercier Cornèrcard,

le

partenaire

de

notre

exposition,

représenté par son directeur Alessandro Seralvo et par l’instigatrice de ce projet, la pétillante Alix Lerebourg dont l’enthousiasme n’a d’égal que la compétence. Maintenant, laissez-vous surprendre par cet ensemble inattendu d’objets dont la variété dépasse notre imagination.

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introduction

Remerciements Nos remerciements les plus vifs s’adressent à Jean Paul Barbier-Mueller, homme passionné et passionnant car curieux de tout, pour l’optimisme dont il fit preuve en nous confiant la réalisation de ce projet ! Ce dernier n’aurait jamais pu aboutir sans l’aide complice de la directrice du musée Laurence Mattet, assistée d’Anne-Joëlle Nardin et de Ludovic Jacquier, ainsi que de l’ensemble des collaborateurs externes du musée. Notre gratitude s’adresse à tous. Nous manifestons également notre reconnaissance aux amis qui mirent leur bibliothèque et photothèque à disposition : Jean-Édouard Carlier, Kevin Conru, Bernard de Grunne, Jean-Pierre et Colette Ghysels, Pierre Loos, François Neyt, Christian Van Osselaer ainsi que Christiane FalgayrettesLeveau et Nathalie Meyer, du musée Dapper, pour leurs conseils avisés. Merci infiniment à René pour les découvertes et les émotions esthétiques partagées depuis tant d’années… Anne Vanderstraete

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introduction

MONNAIES ET OBJETS D’ÉCHANGE DES TERRES LOINTAINES

De longue date familières aux Occidentaux, les

Ainsi,

des

millénaires

durant,

les

caravaniers

et « compte en banque » restèrent étrangères

embranchements de la mythique route de la soie reliant

notions de « papier-monnaie », « numéraire »

empruntèrent-ils, au prix de mille dangers, les

siècle.

la ville chinoise de Chang’an (l’actuelle Xi’an) aux rives

métaux, pierres semi-précieuses ou non, textiles,

donnèrent l’occasion aux patriciens d’obtenir, à prix

Depuis toujours, les échanges se déclinaient

secrets de fabrication, et des épices. Les risques liés

à de nombreuses cultures jusqu’au

XX e

Aliments, dents, coquillages, plumes, ambre,

de la Méditerranée. Déjà sous la Rome antique, ils

outils, objets sculptés finis ou semi-finis…

d’or, la précieuse soie, dont les Chinois détenaient les

sous toutes ces formes.

aux écueils naturels et aux conflits armés, de même que les progrès en matière de navigation poussèrent les Européens à rejoindre les Indes par la mer et

Poussés par la nécessité de se nourrir, les hommes

stimulèrent les « Grandes découvertes » des Temps

partirent à la recherche des denrées indisponibles

modernes.

dans leur environnement. À l’aube de leur histoire, ils vivaient, comme on le sait, selon le mode

La fascination de l’or est millénaire. Ce métal a séduit

d’une économie d’autosubsistance, de la chasse,

par sa couleur chaude, semblable à celle de l’astre du

de la pêche et de la cueillette. Des révolutions

jour. Son éclat, sa rareté et ses propriétés physiques

technologiques telles que celle du feu puis, au

(inaltérable, ductile, malléable) lui ont conféré une

néolithique, de l’agriculture, de l’élevage et de la

haute valeur symbolique d’éternité, de signe de

poterie permirent de conserver et de stocker des

richesse. Il fut longtemps réservé aux divinités, à

aliments et entraînèrent en partie la sédentarisation.

une élite religieuse, politique ou sociale. Masques

Le troc favorisa, quant à lui, une répartition plus

et bijoux d’or accompagnaient également les morts

égale des ressources vivrières et remédia quelque

dans leur ultime voyage. En Asie mineure, les Lydiens

peu aux disettes périodiques variant selon les

de l’Antiquité disposaient d’abondantes ressources

latitudes et les biotopes. Les populations du littoral

minières sous forme d’électrum, mélange naturel

échangeaient souvent le produit de leur pêche

d’or et d’argent, et de dépôts aurifères dans la rivière

contre celui de la terre des agriculteurs de l’intérieur.

Pactole. Le roi Gygès (avènement vers 687 avant J.-C.)

Les surplus accumulés étaient monnayables au

fut le premier à battre monnaie, substituant aux lingots

sein d’une même communauté, dans le voisinage

de petites unités aisément transportables, de poids

ou dans des circuits à longue distance, par voie

invariable, de forme identique et marquées d’un signe

terrestre ou maritime.

authentifiant leur étalonnage. Ces caractéristiques

Fig. 2. Inde du Sud. Femme-enfant en tenue d’apparat, parée à profusion de bijoux d’or recouvrant un sari en brocart. abm-archives barbier-mueller.

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AFRIQUE

AFRIQUE

La terre d’Afrique a toujours connu de vastes

de pièces de toute beauté. Outre le sarcophage en

changements climatiques, tels que l’aridifica-

fermait une profusion d’objets précieux : mobilier en

aux conflits interethniques causés par les raz-

le trône sacerdotal, bijoux rehaussés de gemmes.

mouvements de populations consécutifs aux

or massif qui contenait la dépouille, la sépulture ren-

tion du Sahara, à la pression démographique,

ivoire ou en ébène incrusté d’ivoire et plaqué d’or tel

zias, à la traite à partir du XVI siècle afin de faire e

travailler les victimes dans les plantations du

Au VI e siècle, Cosmas Indicopleustès, établi à Alexan-

Nouveau Monde.

drie, fut le premier à mentionner l’existence de mon-

L’or du royaume indépendant de Nubie a attisé la

des nombreux voyageurs du deuxième millénaire

convoitise des pharaons d’Égypte et, sous l’Ancien

d’évoquer non seulement celles de formes variées,

Empire (2720-2300 av. J.-C.), des expéditions com-

lourdes et encombrantes, en fer ou en cuivre, selon

merciales y avaient déjà été menées. Le pays fut

le minerai disponible mais aussi des étoffes, des co-

conquis sous le Nouvel Empire (1580-1085 av. J.-C.),

quillages et des perles. La liste des produits péris-

facilitant dès lors la pénétration des Égyptiens en

sables intervenant dans les échanges est longue :

Afrique profonde. Les royaumes koushites dévelop-

miel, noix de cola, vin de palme, mais aussi bétail et

pèrent les échanges tant vers le nord que vers le sud.

esclaves qui représentaient une force de travail. Plu-

Les régions équatoriales fournissaient des captifs, de

sieurs types de transactions suscitaient l’emploi de

l’encens, de l’ivoire, du bois, de l’or et des animaux.

monnaies : scellement d’une alliance entre individus

Depuis les plus hautes époques, les Égyptiens impor-

tel le mariage, ou entre groupes, paiement du tribut

taient des produits rares du fabuleux pays de Pount,

au chef de la terre ou d’une amende après un délit,

situé au bord de la mer Rouge, et dont l’arrière-pays

offrandes aux ancêtres censés assurer la protection

pouvait être atteint par le Nil et ses affluents. De ma-

de leurs descendants.

naies en fer et en sel en Éthiopie. Puis ce fut au tour

gnifiques reliefs du temple de Deir el-Bahari, montrant la livraison de grandes quantités d’or et des arbres

Le modus operandi des débuts du commerce entre

à encens, ont pérennisé l’expédition qu’y organisa la

les Arabo-Berbères et les populations d’Afrique sub-

reine Hatshepsout (XVIII dynastie). À Thèbes, dans

saharienne reste inconnu. Josette Rivallain – qui,

la vallée des Rois, le trésor découvert dans la tombe

durant les années 1980, consacra la majeure par-

de Toutankhamon (XVIII e dynastie) témoigne éga-

tie de ses recherches à l’étude des monnaies afri-

lement de l’importance de ces échanges. En 1922,

caines – suggère que le troc d’un matériau contre un

l’archéologue Howard Carter y mit au jour des milliers

autre précéda l’introduction progressive d’articles au

e

Fig. 6. Féticheuse de Savé, Bénin (ex-Dahomey) parée d’un collier de pièces de monnaie et brandissant un sceptre orné de cauris pour la danse. Carte postale ancienne. abm – archives barbier-mueller.

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Fig. 7. Peseur d’or assisté de ses aides avec une série de poids étalés à leurs pieds. Photographie de Marcel Monnier probablement prise vers 1892 dans la région lagunaire de la Côte d’Ivoire. Publiée dans France Noire, Paris, 1894. abm – archives barbier-mueller.

Lorsque les Européens pénètrent à l’intérieur du continent au XIXe siècle, ils découvrent dans certaines régions – Côte d’Ivoire, nord et est du Nigeria et du Cameroun, sud et est du Gabon, Républiques populaire et démocratique du Congo, République centrafricaine – pléthore de monnaies métalliques de forme, encombrement et poids très divers (fig. 11).

Le fer

À Napata, capitale du royaume nubien éponyme, le fer fut travaillé dès 750 avant J.-C., tandis que dans l’antique Méroé, dont les métallurgistes étaient répudouble rôle de marchandise et d’unité de compte tels

tés, on date son utilisation de 550 avant J.-C. De la

que les plats en cuivre, les étoffes, les vêtements et

première cité partaient les routes commerciales qui

les ornements . L’acte de pesée (fig. 7) de même que

reliaient le royaume au cœur du continent, à la mer

1

les cauris sont un apport du monde arabe dans les

Rouge et donc à la voie maritime menant aux Indes.

régions de Sénégambie et du Sahel ainsi que chez les Akan qui lui procuraient de l’or. Fréquemment

Le minerai de fer affleurait généralement sous forme

intégrés dans des systèmes internes anciens, les

de pierres. Après l’avoir concassé, on le faisait fondre

objets monétaires importés étaient souvent perçus

dans des hauts-fourneaux, en alternant couches de

comme des monnaies divisionnaires coexistant avec

métal et de charbon de bois. Suivre un processus ri-

celles produites localement, comme les bandes de

tuel strict comprenant l’offrande de sacrifices, l’ob-

coton tissées. Les critères d’appréciation pouvaient

servation de l’abstinence et d’autres interdits était

varier d’une ethnie à l’autre, et la loi de l’offre et de

indispensable à la réussite de l’opération. La masse

la demande changeait selon les saisons, les lieux et

obtenue était fragmentée afin d’en tirer des barres et

les époques. Quoi qu’il en soit, plusieurs systèmes

de forger des outils agricoles (fig. 12), des armes, des

d’échange ou de monnaie existaient de façon concomitante au sein des groupes.

monnaies (fig. 13), des objets cultuels et des parures. On estime généralement que le travail du fer apparut

LES MÉTAUX Comme le métal représentait un moyen d’échange

en Afrique tropicale, centrale et orientale, il y a environ 2 000 ans, notamment dans la région de Nok, dans le nord du Nigeria. Les outils de fer permirent un travail du sol plus efficace et donc un meilleur rendement.

quasi universel sur le continent, la plupart des objets tels que houes (fig. 8), lances (fig. 9), couteaux,

Les textes anciens font état de la présence de fer dans

cloches étaient des monnaies potentielles. Selon Alice

les chargements caravaniers. D’Afrique occidentale,

Quiggin, cette constatation se vérifie davantage en-

on connaît des tiges de fer du XIXe siècle et du début

core avec les ornements (fig. 10) qui se prêtent aisé-

du XXe siècle. Leur partie supérieure comporte une

ment au troc2.

bande ajoutée à chaud et martelée qui garantissait

Fig. 8. Monnaie en forme de houe. Angas, Nigeria. Fer. H. 82 cm. Inv. 1014-152. Cat. 33. Inédite.

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Fig. 9. Monnaie en forme de pointe de lance, liganda. Topoke, Lokele, Wagenia et Mbole, République démocratique du Congo. Fer. L. 174 cm. Anc. coll. Josef Mueller. Inv. 1026-235. Cat. 78. Inédite.

la qualité monétaire, et, afin qu’elles conservent

ethnie. Cela favorisa une large diffusion des

leur valeur, il était nécessaire que leurs extré-

formes, des techniques et des variantes tout en

mités soient intactes. En Guinée du Sud, ainsi

permettant leur coexistence dans une même

que dans le nord de la Sierra Leone et du Libe-

région4. Si ces individus sont souvent asso-

ria, elles sont connues sous le nom de guinzé

ciés à la fabrication des outils et des armes,

et, dans l’ouest et le centre de la Côte d’Ivoire,

ils créaient également des ornements corporels

sous celui de sompé. Les guinzé permettaient,

tels que bracelets, bagues et autres, dont la

à l’unité ou par botte de vingt, l’achat de riz, de

fonction n’était pas seulement esthétique, mais

noix de cola, de tabac, d’étoffes et d’esclaves.

aussi magique, religieuse ou rituelle. Leurs

Lors des étapes jalonnant le parcours d’une vie,

formes assez simples étaient souvent reprises

elles interviennent toujours dans les compensa-

par les fondeurs et les orfèvres. Mais, lorsque

tions matrimoniales et, chez les Toma, au décès

le laiton devint plus abondant au XIX e siècle, cer-

d’un chef de famille, un lot de guinzé est enterré

tains forgerons le travaillèrent également.

à proximité de la pierre tombale sur laquelle, les jours fastes, est répandu le sang sacrificiel 3.

Au tournant des XVII e et XVIII e siècles, dans la

S’établissant un temps en dehors du village ou

région d’Accra (Ghana), la tige de fer, de faible

en fondant un autre, le fils de famille empor-

valeur sur les marchés, jouait le rôle de mon-

tera ces tiges qui, signes d’appartenance à une

naie divisionnaire.

communauté, incarnent les mânes et la force vitale du groupe et lui assurent une protection.

Présents dans toute l’Afrique, les fers de houe aratoires observent des proportions et des

Si, dans les zones forestières du sud de la Côte

types d’emmanchement variés selon la qualité

d’Ivoire, l’art de la fonte commença à décliner à

des sols à travailler et l’âge ou le sexe des uti-

partir du XVII siècle, époque à laquelle du fer

lisateurs. Lorsqu’elles font office de monnaie

fut importé d’Europe, il se maintint plus longue-

– fonction rarement attestée avant le deuxième

ment dans le nord. Souvent itinérants, fondeurs

tiers du XIXe siècle d’après J. Rivallain –, les

et forgerons se déplaçaient dans des régions

lames adoptent une forme soit usuelle soit non

où le combustible et le minerai abondaient et

fonctionnelle 5 comme des spécimens interve-

où les marchés étaient favorables à l’écou-

nant dans la compensation matrimoniale chez

lement de leur production. Ils s’établissaient

les Mambila (fig. 14 et 15).

e

fréquemment comme étrangers au cœur de communautés agraires auxquelles ils fournis-

Les Chamba du Nigeria oriental disposent

saient des objets en métal en échange de

d’une monnaie-sistre constituée d’un ovale

nourriture. De nombreux forgerons étaient aussi

fondeurs.

Comme

l’indique

Timothy Garrard, ces artisans voyageurs d’origines diverses

en fil épais auquel sont suspendus des éléments de longueur variable et de valeur distincte ; détachables, ils peuvent servir de pièce de troc indépen-

visitaient différents groupes et

dante tandis que l’ensemble a

se fixaient parfois au sein d’une

beaucoup de valeur. La pièce

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Fig. 10. Bracelet akal-e-ngo et torque. Fang, Gabon. Alliage cuivreux. H. 6,5 et Diam. 10,5 cm. Anc. coll. Josef Mueller, avant 1942. Inv. 1031-109 et 1031-110. Cat. 52.

était également utilisée comme instrument de per-

et central, les gongs ou cloches en fer font clairement

cussion et produisait un son qu’on ne pouvait man-

partie des monnaies. Ils permettaient d’acheter des

quer d’entendre . Dans le nord-est du Nigeria et le

vivres et des esclaves, servaient aussi de compen-

nord du Cameroun, les Kirdi – regroupant de petites

sation matrimoniale et accompagnaient les défunts

ethnies païennes ainsi nommées avec mépris par les

éminents. De forme simple ou double, ils sont alors

musulmans par opposition aux fidèles de l’islam –

munis d’une anse reliant les deux éléments. Leur taille

disposent d’une monnaie composée d’un bouquet de

varie de 15 à 50, 60 cm de haut7. Des exemplaires

tiges spiralées (fig. 16).

proviennent des fouilles au Zimbabwe mais aussi d’un

En Afrique centrale, les monnaies de fer originaires

d’insignes aux chefs lunda ; convoitées, ces pièces

du Haut Ubangui intégraient des houes, des cloches

occasionnèrent parfois des guerres.

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passé récent de la Zambie où les lukano servaient

simples et doubles, ainsi que des épingles à cheveux. Les cloches et les gongs – qui ne comportent pas de

Dans la région de Bangui, le terme guindja, qui vien-

battant –, qu’ils soient en bois ou en fer, ont connu

drait d’Afrique occidentale (la graphie guinza existe

une vaste aire de distribution du Togo jusqu’en Afrique

également), désigne tant les cloches que les mon-

orientale. Souvent dotés d’une signification rituelle,

naies en forme de houe. En 1899, une guinza valait

on les employait comme instruments de musique lors

cinquante centimes selon le rapport de l’Union Colo-

de danses et de cérémonies, et comme signalisation

niale Française. Par ailleurs, elle correspondait à cinq

ou insigne de pouvoir. Les cloches les plus anciennes

cuillerées de petites perles rouges, aussi appréciées

datent du début de notre ère, quelques-unes ayant

en guise de monnaie dans l’ensemble de la région,

été exhumées à Nok (Nigeria). Au Congo septentrional

alors qu’il n’en fallait que trois en 1893. Leur taux

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pouvait aussi s’évaluer par rapport au mitako, fil de laiton qui connut une large diffusion en Afrique centrale. À partir de documents d’archives conservés au musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren, J. Rivallain affirme qu’au début du XXe siècle, les cloches servaient de compensation matrimoniale, notamment chez les Nzakara, les Ngbaka et les Ngbandi. Pour obtenir un esclave, il en fallait une centaine à la même époque chez les Medjombo, et pour un poisson ou une coupe de vin de palme, on en exigeait cinq 8. Les épingles agrémentaient, tout comme des cauris et des perles le plus souvent blanches, la chevelure très soignée dans la région de Bangui mais aussi des perruques et des chapeaux9. Ces éléments décoratifs pouvaient en outre tenir lieu de moyen de paiement. Les Zande possédaient également de belles épingles à cheveux auxquelles les femmes conféraient parfois un usage monétaire. Au Congo, le minerai de fer était extrait de la latérite ferrugineuse qui abonde dans les roches, et le commerce du métal sous forme de barres et de lingots était depuis longtemps très intense. Aux XVe et XVIe siècles, les Européens commencèrent par explorer les côtes

Fig. 12. Monnaie en forme de houe. Chamba, Mambila, Nigeria et Cameroun. Fer. H. 43 cm. Inv. 1014-153. Cat. 34. Inédite.

africaines avant d’y causer des changements conséquents. Ils procurèrent progressivement de grandes

À l’instar de la corbeille aux reliques sacrées, ces

quantités de fer aux populations et des forgerons ha-

insignes témoignent du lien existant entre le mfumu,

biles les transformaient en outils et en armes.

terme générique désignant plusieurs catégories de chefs, sa terre et les esprits chtoniens. Raoul Le-

Les Teke ne se limitaient pas à la production du fer,

huard précise qu’il en existe deux types : l’otieni, de

ils le commercialisaient aussi en pratiquant le négoce

forme oblongue, s’achève en pointe tandis que l’autre

à longue distance en direction de la côte Atlantique.

extrémité adopte l’apparence d’un éventail, l’en-

Les chefs de la terre, ngaa tsie, accumulaient des

semble mesure une quarantaine de centimètres ; en

sortes de lingots de fer natif, pour asseoir leur pou-

revanche, le djunu albalgi, également cylindrique, est

voir ; lingots qui faisaient office de monnaie et cir-

surmonté d’une énorme tête en forme de pyramide

culaient durant la période précoloniale. Au moment

tronquée (ressemblant à un énorme clou). Ce dernier

de leur investiture, ces dirigeants devaient mettre ces

modèle se rencontrait également chez les Fang (Ga-

objets en contact avec un autre maître de la terre .

bon) où il faisait partie des biens de la compensation

10

Fig. 11. Monnaies en forme de couteau de jet, kul ou keul. Ngama et Madjingaye, Tchad et République centrafricaine. Fer. H. 49,9 cm ; 51,4 cm et 48,8 cm. Inv. 1026-351. Cat. 51.

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OCEANIE ASIE

ASIE

Ne pouvant être exhaustive dans le cadre de ce

vases rituels tripodes jue et ceux en forme de calice ku,

plus un axe majeur au sein des collections du

même qu’un récipient contenant des milliers de cauris

projet, et les arts asiatiques ne représentant

destinés à contenir le vin et les boissons fermentées, de

musée Barbier-Mueller depuis qu’il a cédé ses

en signe d’opulence.

à Paris, nous évoquerons plus particulièrement

L’approvisionnement en coquillages s’étant montré

d’objets qui jouèrent un rôle de premier plan

Shang et sous la dynastie Zhou (1121-222 avant J.-C.)

internationaux.

mis en circulation. C’est pourquoi les Chinois peuvent

ensembles d’Insulinde au musée du quai Branly,

les textiles et les bijoux (fig. 57), deux catégories

insuffisant vers 1100 avant J.-C., à la fin de la période

dans les échanges, qu’ils fussent locaux ou

qui lui succéda, des substituts en os et en bronze furent être considérés comme les précurseurs de la monnaie fiduciaire. Ces imitations eurent cours à l’époque des

Nous ferons néanmoins une exception pour la Chine

Royaumes Combattants (481-221 avant J.-C.). Quant

qui nous permet de dresser une mise en perspective

à celles en jade et autres matériaux précieux, elles

avec l’Afrique. Vers 3000 avant J.-C., des populations

ne remplissaient probablement pas le rôle de moyen

chinoises se servirent de cauris. Leur valeur en tant que

d’échange2. Au

numéraire est avérée sous les Shang, dynastie florissante

petits globules de bronze sur lesquels était apposé

durant le deuxième millénaire avant J.-C., qui les utilisait

l’idéogramme pei signifiant « cauris ». De plus, de

comme instrument pour les transactions et rétribuait ses

nombreux signes se rapportant à l’argent comportent le

ministres avec ces coquilles1. Les dates précises de la

caractère qui représente ce gastéropode.

Ve

siècle avant J.-C., apparurent des

période de l’âge du bronze ancien durant laquelle cette dynastie domina une partie du territoire dans la plaine

Au terme de la dynastie Shang, d’autres objets en bronze

centrale du fleuve Jaune (Henan actuel) divergent selon

sans utilité fonctionnelle, à l’instar de certaines armes, et

que l’on se réfère à la chronologie traditionnelle (1767

dépourvus de la valeur légale des pièces de monnaie

à 1122 avant J.-C.) ou à la sinologie moderne (1570 à

frappées, permirent d’évaluer de manière relative des

1045 avant. J.-C.). La pratique du commerce à longue

biens et des services. Ni leur valeur intrinsèque ni le

distance permit aux Shang d’accumuler des richesses

poids n’entraient en jeu 3. Citons le bubi, aussi appelé

dont témoigne la culture matérielle. Ainsi exhuma-t-on

« monnaie-pelle », dont la forme évolua durant les quinze

des centaines d’objets de la sépulture de la reine Fu

cents ans de son utilisation dans la plaine centrale de

Hao, épouse de Wu Ding (règne vers 1200 avant J.-C.)

la Chine. Il trouva son origine dans le monde agricole

où l’on dénombra de remarquables bronzes, tels les

comme le firent à une époque ultérieure, nous l’avons

Fig. 57. Thaïlande. Femmes hmong parées d’un torque en argent accompagné d’une chaîne souvent portée dans le dos avec un contrepoids finement gravé et d’un costume indigo (voir cat. 111). Carte postale ancienne. abm – archives barbier-mueller.

77

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Fig. 58. Chine. Femme et enfant miao revêtus d’un costume de fête richement brodé. Carte postale ancienne. abm – archives barbier-mueller.

vu, les paléo-monnaies africaines en forme de houe. Les pelles ou bêches n’auraient pas été liées à un système pondéral mais furent dotées plus tardivement d’une valeur faciale. Quant au daobi, la « monnaie-couteau », il connut aussi des stades successifs sur le plan formel depuis son apparition sous les Shang. Il fut inspiré du couteau, utilisé tant par les chasseurs que les pêcheurs et qui, dans un premier temps, servit de moyen d’échange à l’occasion de transactions d’importance et perdit ensuite son utilité pratique à l’instar de l’évolution également constatée, des millénaires plus tard, en Afrique subsaharienne. Grâce à la mise au jour de deux plaques en or comportant des marques, les archéologues purent établir que ce métal précieux servit de monnaie. Leurs poinçons se lisent « Ying yuang ». La principauté de Chu avait Ying pour capitale ; quant au vocable « yuang », il désigne une unité de poids. Il s’agit là du seul exemple connu dans l’empire du Milieu de l’utilisation de l’or comme moyen d’échange entre 689 et 504 avant J.-C.4. Inventeurs du papier, les Chinois en firent au IV e siècle un support pour l’écriture. Au début du

IX e

siècle, apparut

une forme primitive de monnaie de papier. Le numismate J. Schoonheyt indique que les notes de crédit qui circulaient dans le Sichuan sous les Sung (960-1279) devinrent des monnaies d’échange et firent donc des Chinois les précurseurs du papier-monnaie 5. À la fin du règne des Tang (618-907), des marchands déposèrent auprès

des

corporations

dont

ils

dépendaient

d’importantes sommes d’argent en garantie et utilisèrent pour leurs transactions des billets au porteur, hequan. À partir de 1023, l’État s’assura le monopole d’émission du papier-monnaie, qian-yin. Et la dynastie mongole des Yuan (1276-1368) imposa le bao-chao. Bien que de forme définie, l’objet n’était lié à aucun système pondéral, et sa valeur intrinsèque n’était pas garantie mais une légende

78

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ASIE

mentionnait entre autres une valeur faciale donnée par

conquérants han les repoussèrent de régions en

convention .

régions, souvent inhospitalières et reculées. Ainsi les

6

Miao se réfugièrent-ils dans le Guizhou montagneux, Au

siècle, apparut le qian chou, appelé « monnaie

leur foyer principal, comme dans le Yunnan et le Hunan.

de bambou ». Ce moyen d’échange de substitution,

Ils conservèrent longtemps un mode de vie basé sur

sans valeur intrinsèque ni lien avec un système pondéral,

une économie de subsistance. Des peuples apparentés

devait pallier la pénurie de cuivre qui eut lieu vers 1735.

émigrèrent dans le Triangle d’or, aux confins du Myanmar,

Au XIX siècle, à l’époque des Qing, des banques privées,

de la Thaïlande et du Laos, car l’une des sources de

et non l’État, mirent en circulation des lingots d’argent

leurs revenus fut la culture du pavot qui y poussait.

XVIII

e

e

pour lesquels l’unité pondérale prise en compte était le taël dont le poids variait d’une cité à l’autre7.

Après sa prise de pouvoir en 1949, Mao Zedong encouragea le relâchement de l’emprise des Han

Outre les Chinois, diverses populations de pays

sur les minorités. Une pression économique moindre

asiatiques limitrophes utilisaient des briques ou tablettes

permit notamment aux Miao et aux Dong de s’adonner

de thé comme moyen d’échange. Citons celles de

à la broderie et à l’orfèvrerie, passions séculaires.

Mongolie, du Tibet, du Myarnmar, de Russie, de Sibérie

L’ouverture de la Chine à la fin du

et du Turkménistan . La Chine impériale détenait le

monde médusé un patrimoine riche de traditions

monopole du thé, puis en 1949, ce fut au tour du pouvoir

transmises depuis des générations. Les jupes plissées

communiste de l’exercer.

indigo, moirées couleur bronze ou sang de bœuf et les

8

XX e

siècle révéla au

vestes assorties brodées de fils de soie de couleurs Des marques distinctives garantissaient les différentes

vives constituent la mémoire des femmes (fig. 58). Les

qualités de thé noir – fermenté, séché au soleil, brisé,

orfèvres, pour leur part, imaginèrent mille et une formes

passé au tamis et à la vapeur puis pressé dans des

pour forger des signes identitaires et la dot des filles à

moules – qui sont au nombre de cinq. Les unités pèsent

marier. À l’occasion des fêtes ponctuant le calendrier –

de deux livres et demi à cinq livres. Leur valeur fluctuait

celle des Jeunes Filles, des Lusheng ou du Nouvel An

non seulement selon la qualité de la substance mais

par exemple –, elles apparaissaient joyeuses, revêtues

aussi la quantité disponible et la distance du marché, tel

de leurs plus belles jupes plissées et de leurs somptueux

Hankou. La provenance apparaît sur le recto tandis que

atours, pesant jusqu’à une vingtaine de kilogrammes, et

le verso est sillonné de traits permettant de fractionner

accomplissaient des danses de séduction.

la brique pour de petites transactions ou pour la consommation de la boisson, également considérée

La morte saison agricole était propice aux unions. Peu

comme un remède. En Mongolie, on évaluait tant le

avant les noces, les parents du fiancé choisissaient un jour

bétail que la laine en briques de thé et au Tibet, ces

faste pour aller offrir les cadeaux de fiançailles à la famille

dernières permettaient l’acquisition de plusieurs types

de la future épouse qui, en retour, les accueillait autour

de biens ou de services 9.

d’une bonne table. Après avoir vu bijoux et textiles, l’oncle de la fiancée brandissait au vu de l’assemblée « le bambou

En sus des Han, la Chine comporte de nombreuses

gravé » dont les extrémités comportaient des signes

populations globalement désignées sous le vocable

correspondant au contenu, au nombre et à la valeur des

de « minorités ». Durant plus de deux mille ans, les

présents. Ensuite l’objet était coupé en deux, une moitié

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Fig. 59. Torque. Dong, frontière du Guizhou et du Guangxi, Chine. Argent. Larg. 31,5 cm. Inv. 2506-50. Cat. 100.

revenant à chacun des protagonistes en témoignage de

du vol ou d’un pillage éventuel ; et, de nos jours, des

leur union future. La veille du mariage, trois représentants

paysans retrouvent encore de ces trésors oubliés. Le

de la communauté du village du candidat se rendaient

commerce de l’opium permit l’enrichissement en lingots

dans celui de sa promise pour l’y chercher accompagnée

d’argent. Au début des années 1950, pour enrayer ce

de trois déléguées. Après l’accomplissement de quelques

trafic, le gouvernement central alloua aux ethnies du

rituels au moment de l’entrée dans la demeure de ses

Guizhou un quota de métal précieux. La parure d’argent

beaux-parents, la mariée et ses compagnes se rendaient

complète, d’un poids de vingt kilogrammes environ, était

dans la salle de mariage où deux femmes chantaient « le

indispensable aux jeunes filles pour trouver un conjoint

duo de l’ouverture de la caisse de la dot » en attendant

et obligeait leurs parents à accomplir de gros sacrifices

que l’assistance arrivât au complet et en admirât le

pour parvenir à doter leur progéniture11. Toutes à leur joie

contenu dévoilé pièce par pièce10.

de resplendir sous l’éclat de leurs épingles à cheveux, boucles d’oreilles, torques (fig. 59), bracelets et bagues,

La matière première des bijoux provenait autrefois de

celles-ci ne semblaient nullement entravées dans

taëls d’argent qui servaient de monnaie et d’épargne. Les

leurs mouvements lorsqu’elles dévalaient les pentes

économies étaient enfouies dans le sol pour les protéger

montagneuses pour se rendre aux fêtes villageoises.

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ASIE

INDE À la recherche d’une voie maritime vers les Indes, et à l’instigation d’Henri le Navigateur (1394-1460), les Portugais explorèrent d’abord les côtes africaines atlantiques. Puis Bartolomeu Dias et Vasco de Gama doublèrent le cap de Bonne Espérance pour pénétrer dans l’océan Indien. Après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, la route continentale de la soie et des épices fut fermée aux Européens. Pour les hindous, le mariage est l’événement le plus marquant de ceux qui ponctuent le cycle de la vie. Traditionnellement, il était arrangé. Après une rencontre entre les parties, un astrologue comparait les horoscopes du couple, souvent très jeune, de manière à voir si planètes et signes auguraient d’un futur heureux. Des discussions sans fin permettaient d’établir un contrat qui portait sur la compensation matrimoniale à verser par la famille du candidat au mariage, la dot offerte par les parents de la jeune fille, le nombre de fêtes à organiser, les cadeaux à donner lors des noces aux parents et amis des deux côtés. Les dépenses variaient en fonction du statut social, et chaque caste adoptait des dispositions spécifiques en ces matières. Quelle que fût sa condition sociale, toute femme se devait de posséder des ornements censés lui être bénéfiques. L’or est le métal de prédilection mais comme il est loin d’être à la portée de toutes les bourses, les bijoux d’argent sont les plus répandus, sans oublier ceux en alliage cuivreux. La plupart des bracelets de chevilles, souvent volumineux comme les anneaux du Shekhawati au Rajasthan (cat. 102), sont en argent car, par respect à l’égard de la déesse Lakshmi supposée habiter l’or, les hindous – hormis les membres de l’entourage royal – ne portent pas d’or sous la ceinture.

Fig. 60. Pendentif de mariage, manda thali. Tamil Nadu, Inde du Sud. Or et rubis. H. du pendentif 34 cm. Inv. 2504-105. Cat. 104. Pages suivantes :

Fig. 61 au centre. Inde du Sud, couple chettiar fêtant les 60 ans du mari. Tous deux sont parés des colliers propres à l’événement : gowrishankaram et kali thiru en graines, or et gemmes. abm – archives barbier-mueller. Fig. 62 à gauche. Collier d’homme, gowrishankaram. Chettiar nattukottai, Tamil Nadu, Inde du Sud. Graines rudraksha, or, émeraudes, rubis et diamants. L. 40 cm. Inv. 2504-102. Cat. 106. Fig. 63 à droite. Collier de mariage, kali thiru « parure de cou de bon augure ». Chettiar nattukottai, Tamil Nadu, Inde du Sud. Or. H. 105 cm. Inv. 2504-121. Cat. 105.

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OCÉANIE

OCÉANIE

Les insulaires de l’océan Pacifique entretiennent

dépendaient leur autorité et leur renommée. Les Big

dépassant de loin les frontières de leur région

une partie des richesses accumulées à l’occasion

ont-ils laissé des traces de leurs pérégrinations

fêtes, notamment funéraires, réunissant l’ensemble

depuis longtemps des relations commerciales

men « hommes éminents » redistribuaient souvent

d’implantation. Ainsi les peuples dits « Lapita »

de repas pantagruéliques organisés lors de grandes

dans les archipels mélanésiens et de la Polynésie

de la communauté dont le mode de vie était le plus

occidentale.

souvent frugal.

Les échanges concernent les produits alimentaires

Bien que le troc fût le mode d’échange le plus

variant selon les biotopes, tels le sel et les ignames

courant, les insulaires recouraient aussi à des objets

se prêtant à un stockage assez long. Les matériaux

qui n’avaient pas de valeur de rapport en soi mais qui

bruts, comme la pierre, l’obsidienne, l’argile, l’écaille

étaient considérés – sans tenir compte de leur fonction

de tortue (fig. 76) et les coquillages entraient aussi

utilitaire – comme étalons. C’était le cas en Polynésie

(armes, outils, poteries, sculptures en bois, écorces

et des petites plumes rouges et jaunes d’espèces

battues et parures) (fig. 77 et 78). Dans les grandes

déterminées utilisées pour la confection de capes et

îles mélanésiennes, les populations côtières et de

de manteaux particulièrement prisés. En Mélanésie,

l’intérieur faisaient généralement du troc au niveau

le nombre d’espèces différentes de coquillages

local, les femmes concluant parfois leurs affaires au

ayant servi de monnaie est important. Ils étaient

marché. Les habitants de la côte de ces îles, de même

utilisés à l’état naturel et à la pièce ou transformés

que l’ensemble de la population des plus petites,

en grands fragments (fig. 80), en gros anneaux mais

en lice de même que des objets manufacturés

entreprenaient aussi des expéditions en haute mer

avec des nattes très finement tressées (fig. 79)

principalement en petits disques enfilés par centaines

dans de grandes embarcations. Par exemple, les

sur des fibres végétales. Certaines coquilles ont été

Papous du golfe éponyme, en négociants hors pair,

largement diffusées alors que la valeur reconnue à

tenaient compte des vents saisonniers favorables

d’autres spécimens était limitée à un territoire restreint

pour l’aller-retour de leurs voyages . La finalité de ce

au-delà duquel ils n’en avaient que peu ou prou.

1

commerce à longue distance ne visait pas seulement l’obtention de produits consommables et utilitaires, il

Comme nous avons pu le constater dans maintes

générait aussi des alliances et du prestige. Ce dernier

régions d’Afrique pour les cauris et les cônes, la valeur

était fondamental dans la conception du pouvoir

des monnaies de coquillage n’était pas constante ou

des chefs de village et de clan, car c’est de lui que

absolue. Elle variait en fonction de la distance de leur

Fig. 75. Papouasie-Nouvelle-Guinée. Femme roro en tenue de fête. Elle est parée d’un panache de plumes rehaussé d’ornements en Cymbium et écaille de tortue, de colliers en nacre et dents de chien, d’un pectoral en dents de cochon et de bracelets en Conus. Photo M. Dauncey, Customs of the World, 1913. abm – archives barbier-mueller.

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Fig. 76. Bracelet. Région côtière entre l’embouchure du Sepik et la baie de l’Astrolabe, Papouasie-Nouvelle-Guinée. Écaille de tortue (Caretta imbricata), fibres végétales et chaux. H. 16,7 cm. Anc. coll. Hubert Goldet. Inv. 4093. Cat. 136.

lieu de collecte, de leur rareté, de leur taille, de leur

intervenant dans les négociations matrimoniales. Ce

état et du statut ou de la renommée de leurs anciens

rôle était aussi attribué aux haches, mesurant jusqu’à

détenteurs, en somme du degré de convoitise qu’elles

cinquante centimètres, et aux lames d’herminette

suscitaient .

de pierre par les insulaires du nord de Buka et de

2

Bougainville, ou à celles sculptées dans le bivalve Dans les mers du Sud, il existait une multitude d’autres

communément appelé bénitier (Tridacna gigas) dans

types de moyens d’échange : pierres de Yap (archipel

divers archipels des Salomon. En Nouvelle-Calédonie,

des Carolines), taillées en forme de meule dans un

les jupes de femme en fibres végétales et poils de

large éventail de dimensions (fig. 112), canines de

roussette tressées et enroulées avaient, elles aussi,

chien et de porc, dents de roussette, plumes de

un usage monétaire 3.

nombreuses espèces d’oiseaux, crochets de pêche, anneaux de nez ou pendentifs en écaille de tortue,

Contrairement à celles des autres continents, les

perles de verre (fig. 81), étoffes, connues sous le nom

populations océaniennes n’ont pas développé une

générique de tapa dans les archipels polynésiens et

tradition ancienne du travail du métal. Cela surprend

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Fig. 77. Pectoral. Région d’Aitape (Berlinhafen), côte nord, Papouasie-Nouvelle-Guinée. Fibres végétales, rotin, dents de cochon, coquillage Nassarius, graines d’Abrus precatorius. H. 23 cm. Inv. 4099-24. Cat. 130.

d’autant plus qu’à l’âge du bronze, des flux migratoires en provenance du sud-est de la Chine et d’Indochine ont essaimé dans le Sud-Est asiatique et au-delà. Des lames de haches en bronze de la culture de Dông Son, datant approximativement de 2300 ans, ont même été retrouvées en Nouvelle-Guinée dans la région du lac Sentani où elles ont pu avoir été échangées contre des plumes de paradisier (fig. 89) ou des esclaves.

Pour expliquer la quasi absence de la culture du métal, certaines hypothèses ont vu le jour. Ainsi les artisans spécialisés dans la métallurgie n’auraientils pas été assez nombreux à entreprendre les longs voyages vers l’est. De plus, la mise en œuvre des processus d’extraction et de fonte des minerais exige une main-d’œuvre abondante et beaucoup de combustible. La présence de métal en quantité limitée

Fig. 78. Brassards, abagwaro. Langalanga, Malaita, îles Salomon. Fibres végétales et coquillage. L. 19,5 cm. Inv. 4586-A-B. Cat. 160.

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Fig. 79. Îles Samoa. Aristocrate parée d’une fine natte et d’un collier en ivoire de cachalot. Photo d’Augustin Krämer, Die Samoa Inseln. abm – archives barbier-mueller.

est attestée dans plusieurs localités de la NouvelleGuinée. Au

XVI e

siècle, des forgerons originaires des

Moluques (Indonésie orientale) ont introduit des lingots d’alliage cuivreux, d’argent et des barres de fer de même que leur savoir-faire dans la péninsule de la tête d’oiseau (Vogelkop). À la fin du XVIII e et au début du

XIX e

siècle, l’île de Biak et Doreh, dans la baie de

Cenderawasih, sont mentionnés dans la littérature, notamment par l’explorateur Jules Dumont d’Urville, comme étant des centres de production du fer. Les relations commerciales entre la Micronésie et le continent asiatique, les galions espagnols naviguant entre le continent américain et les Philippines, de même que les navires naufragés représentaient d’autres opportunités d’approvisionnement4. Tout au long du

XIX e

siècle, les navires anglais qui croisaient

dans le Pacifique ont fourni, en échange de vivres par exemple, des lames en acier trempé qui ont été montées par les insulaires du Vanuatu, des Salomon et de Nouvelle-Zélande sur des manches en bois pour en faire des haches de guerre ou de prestige, monnayables à leur tour. Les boucliers servaient de monnaie d’échange notamment en Australie occidentale dans le territoire compris entre les fleuves Gascoyne et Murchinson à partir duquel ils furent dispersés par la voie des échanges tant au nord qu’au sud (fig. 82). Michael

Rockefeller aurait fait le même constat lors de

son expédition en pays asmat (Province Papua, anciennement Irian Jaya)5. Dans l’archipel des Salomon également, les insulaires de Guadalcanal et de Santa Isabel s’étaient spécialisés dans la fabrication des tako en vannerie. Les boucliers elliptiques tressés en rotin n’étaient pas uniquement utilisés pour parer les coups mais intervenaient dans les échanges, et avaient une valeur monétaire oscillant entre une et trente livres. Par ailleurs, on obtenait une femme contre l’un d’eux.

102

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Fig. 80. Collier. Dani, Hautes Terres centrales, Province Papua, Indonésie. Fibres végétales, coquillage (Cymbium/Melo, Nassarius et cauris). H. 65 cm. Inv. 4099-10. Cat. 124.

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Fig. 81. Cache-sexe (inversé), sireu ou sirewu. Baie de Cenderawasih, aire korwar, Province Papua, Indonésie. Perles de verre, fibres végétales et coton. L. 56 cm. Inv. 3462-6. Cat. 125.

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PAPOUASIENOUVELLE-GUINÉE En Papouasie-Nouvelle-Guinée, de multiples types de monnaies avaient cours. Celles qui étaient manufacturées étaient souvent façonnées dans les matériaux rares. Nous évoquerons des coquillages pêchés en eaux profondes tel le Turbo marmoratus, obtenu par la voie des échanges, et qui, associé à un masque tressé par les Boiken, donne la surprenante monnaie cérémonielle de mariage, talipun (fig. 83),

la pierre, l’écaille de tortue, les plumes et les dents. Le plus souvent, au lieu de posséder des biens, les habitants des Hautes Terres en privilégient l’accumulation pour alimenter leurs échanges. Au nombre de ceux-ci se détachent les porcs, les coquillages (fig. 84), en particulier les nacres, les pierres telles la hache rui wanuna de la vallée de Mont

Hagen (fig. 85) et celle appelée je en schiste vert

de la vallée de la Wamena (cat. 123), les plumes de

paradisier et de casoar, de même que les fourrures et les poteries sans oublier les barres de sel et l’huile végétale dans certaines régions 6.

Les Papous ont mis au point plusieurs systèmes d’échange sophistiqués dont celui du moka, par les Melpa de la vallée Waghi dans les Hautes Terres, et celui de la kula, dans le Massim au sud-est de l’île, sont les plus connus. Les cérémonies moka sont comparables au potlatch des Indiens haida de la Colombie britannique (Canada). Les partenaires masculins impliqués dans le premier rituel sont soit apparentés soit amis. Les transactions portant sur les nacres en forme de croissant, moka kina7, se distinguent de celles concernant les porcs. Dans le premier cas, des hommes formant un groupe de donneurs ou un seul Homme éminent (Big man en pidgin) offrent des ensembles de nacres montées à

Fig. 82. Bouclier, wunda. Territoire compris entre les fleuves Gascoyne et Murchinson, Australie occidentale. Bois d’eucalyptus et pigments. H. 78 cm. Anc. coll. René Rasmussen. Inv. 6000-6. Cat. 182.

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1.

AFRIQUE

1.

Fibules

reliées

par

une

parure

fibules sont probablement originaires.

pectorale, tizerzaï. Berbères ida ou

Cette somptueuse parure qui faisait partie

semlal, Anti-Atlas occidental, Maroc.

de la corbeille de la mariée indiquait son

Argent, émail filigrané et pièces de

rang social et reflétait l’opulence de sa

monnaie. L. 117 cm. Inv. 1000-35.

famille.

Fig. 39.

2.

Servant à fixer les épaisseurs de tissu

2. Collier. Berbères ida ou semlal,

drapées autour du corps, les fibules

Anti-Atlas occidental, Maroc. Ambre,

– toujours portées par paire – sont un

argent, émail filigrané et pièces de

héritage de la présence romaine dans le

monnaie.

Maghreb au début de notre ère. Comparé

Fig. 40.

L.

60

cm.

Inv.

1000-45.

à l’éclat de la lune, l’argent est un symbole

3.

de pureté. La forme triangulaire, la pointe

Symboles de prospérité, les pièces de

en bas, de cet exemplaire évoque le sexe

monnaie authentiques ou factices ont été

féminin. Mais, transmis de génération en

fréquemment incorporées aux colliers et

génération, le savoir-faire séculaire des

aux parures de tête par de nombreuses

artisans a donné aux fibules bien d’autres

populations du monde arabo-musulman.

configurations.

Une fois fondues dans un creuset avec des

Les Almoravides et les Almohades avaient

bijoux abîmés ou rejetés, elles ont aussi

établi leur royaume sur les deux rives de la

servi de matière première. La grosse perle

Méditerranée (1091-1237), ce qui favorisa

centrale, tagmout, suggérant la fécondité,

la pénétration de la culture andalouse

agrémente certains colliers et des fibules

dans les pays du soleil couchant. Les

reliées par une chaîne.

attaques répétées du royaume musulman

L’ambre onéreux est de la résine fossile

d’Espagne par les chrétiens provoquèrent

venant de la mer Baltique.

la fuite de nombreuses familles juives et musulmanes vers les sites côtiers d’Afrique du Nord. Puis la prise de Grenade par la

3. Parure cérémonielle comprenant

Castille et l’Aragon en 1492, et l’Inquisition,

une coiffe, un collier et une ceinture.

particulièrement ravageuse au XVI e siècle,

Berbères, Maroc. Argent, corail et

occasionnèrent de nouvelles vagues de

poils de chèvre. A : larg. 50 cm ; B : L. 60

migration qui repoussèrent les premiers

cm ; C : L. 80 cm. Inv. 1000-38A-B-C.

arrivants vers l’intérieur du pays jusque

Inédite. Frontispice.

dans l’Anti-Atlas. Héritiers des traditions

4.

et des techniques hispano-mauresques,

Cet

les Juifs maintinrent leur monopole sur le

mariage est extrêmement rare. Outre le

ensemble

porté

à

l’occasion

du

travail et le négoce des métaux précieux.

coût de fabrication, l’abondance de coraux

L’émaillage et le niellage représentaient

contribuait à son prix de revient élevé. Le

les principaux apports de ces orfèvres.

corail rouge symbolise la vie, car sa couleur

Les Juifs du Sud marocain gardèrent

l’apparente au sang. Il offre également la

également la mainmise sur le commerce

particularité de faire coïncider en sa nature

caravanier transsaharien jusqu’à la prise

trois règnes distincts, à savoir animal,

de Tombouctou par les Français en 1894.

végétal par la forme de ses branches,

Différents facteurs tels que la croissance

et, étant souvent assimilé aux gemmes,

démographique et un faible rendement

minéral.

agricole poussèrent les villageois berbères à rivaliser avec eux1, notamment dans des centres urbains tels que Tiznit d’où ces

152

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5.

4. Parure de tête/pectoral, tabzimt.

7. Entrave de chevilles. Bambara, Mali.

Berbères,

Fer. L. 40,5 cm. Inv. 1004-248.

Grande

Kabylie,

Algérie.

Argent, émail et corail. H. 19,5 cm. L’esclavage de la côte orientale alimentait

Inv. 1000-10.

principalement la péninsule arabique. La Traditionnellement, la femme recevait la

traite atlantique organisée par les négriers

plupart de ses bijoux en guise de dot, mais

noirs et occidentaux, d’abord destinée

les Aït iraten n’arboraient cet ornement

à approvisionner en main-d’œuvre les

qu’après avoir donné le jour à un garçon.

plantations de canne à sucre créées par

Les Beni Yenni auraient emprunté cette

les colons dans les Caraïbes et au Brésil,

forme de parure aux Beni Abbès, pour la

prit ensuite une ampleur considérable

porter sur la poitrine. Autrefois, les femmes

avec la conquête des futurs États-Unis.

se paraient d’un diadème articulé souvent

Cette odieuse entreprise, qui allait souvent

décoré d’émaux sur ses deux faces à

de pair avec le trafic de l’ivoire, se mua

l’instar du tabzimt. Elles y ont renoncé au

en commerce triangulaire. Les navires

profit de fibules miniatures fixées sur le

européens

foulard à hauteur du front ou latéralement.

humaine rapportaient des denrées telles

Cf. de Cerval 1998, p. 345 ; van Cutsem

que cacao, sucre et rhum, tabac et coton

2005, p. 27

du

affrétés

Nouveau

Monde

en

6.

marchandise

dans

leurs

pays

d’origine tandis que haricots, manioc et tabac furent importés en Afrique. 5. Paire de fibules. Berbères, Grande Kabylie, Algérie. Argent émaillé et corail. H. 17,5 cm. Inv. 1000-11A-B.

8. De haut en bas : Bracelet. Dan ou We,

Inédite.

région du Haut-Cavally, Côte d’Ivoire ou Liberia. Alliage cuivreux. Diam. 11,5

Éblouissante pour la célébration de ses

cm. Anc. coll. Josef Mueller, acquis

noces, la femme berbère était parée

avant 1942. Inv. 1031-50. Bracelet de

de tous ses atours reçus d’une part de

cheville. Sud de la Côte d’Ivoire. Alliage

son soupirant et de sa famille lors des

cuivreux. Diam. 8,2 cm. Inv. 1031-312.

fiançailles, d’autre part de ses parents lors

Deux bracelets de cheville creux ja

du mariage, sa mère lui ayant transmis ceux

nga ou nga ngbli et kpere ou nga ngbli.

que sa propre mère lui avait offerts en cette

Baule, Côte d’Ivoire. Alliage cuivreux.

même circonstance.

Diam. 12,5 et 16,5 cm. Inv. 1031-350

7.

et 1031-147 (anc. coll. Josef Mueller, acquis avant 1942). Bracelet de cheville 6. Collier. Berbères, Grande Kabylie,

creux ovoïde. Baule, Côte d’Ivoire.

Algérie. Argent émaillé et corail. L. 57

Alliage cuivreux. L. 22,5 cm. Inv. 1007-

cm. Inv. 1000-9.

189.

Deux

bracelets

de

cheville.

Dan ou We, Côte d’Ivoire ou Liberia. Les Kabyles se plaisaient à agrémenter

Alliage cuivreux. Diam. 11,5 et 12,5 cm.

leurs bijoux de cabochons de corail rouge,

Inv. 1031-286 et 1031-46 (anc. coll. Josef

matière qui connote la vie et donc symbole

Mueller).

idoine pour les futures mères. Lorsque les

kekle-kekle. Kru, Côte d’Ivoire. Alliage

Pseudo-anneau

à

grelot,

réserves furent épuisées, on leur substitua

cuivreux. H. 21 cm. Inv. 1031-150.

des

Pseudo-anneau de cheville-monnaie,

matières

couleur.

synthétiques

de

même

8.

nitien. Kru, région du Bas-Cavally, Côte d’Ivoire ou Liberia. Alliage cuivreux. Diam. 17.5 cm. Inv. 1031-296. Fig. 26.

153

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99.

ASIE

99. Costume de femme composé d’une

102. Paire de bracelets de chevilles.

veste et d’une jupe. Miao, ville de Libo,

Shekhavati,

Guizhou méridional, Chine. Toile de lin et

Argent. Larg. 14 cm. Inv. 2504-144.

Rajasthan,

Inde

du

Nord.

satin. H. totale du costume 115 cm. Inv. 2509La dot comporte différentes formes de bijoux, et

3. Inédit.

notamment des bracelets de pieds, de formes cérémonie

splendides et diversifiées selon les régions. En

nuptiale, on exhibait fièrement les ensembles

Inde, comme en Chine, le pied féminin a une

qui faisaient partie du trousseau. Puis les

connotation érotique particulière. Il est entouré

femmes pourvoyaient de leurs mains expertes à

de respect car c’est par lui que le corps touche la

l’habillement de la maisonnée.

terre. D’après certaines croyances, spécialement

Avant d’être plissée, l’étoffe fut teinte à l’indigo

lorsque les humains marchent pieds nus, force

par le procédé de la réserve à la cire, batik,

et vigueur peuvent leur être transmises.

technique également pratiquée par les Hmong

Cf. Van Cutsem 2002, p. 177

Traditionnellement,

100.

lors

de

la

de Thaïlande, tout aussi douées que leurs sœurs chinoises, qui concevaient des costumes très proches. La veste est brodée avec art de fils de

103. Torque, vadlo ou vaidlah. Meghval,

soie aux couleurs vives.

Rabari ou Harijan, Kutch, Gujarat, Inde du Nord. Argent. Larg. 20 cm. Inv. 2504-145.

100. Torque. Dong, frontière du Guizhou et

Les femmes de différentes communautés,

du Guangxi, Chine. Argent. Larg. 31,5 cm.

d’obédience hindouiste comme musulmane, se

Inv. 2506-50. Fig. 59.

parent de cet imposant collier. Il fait habituellement partie de la dot accordée par

101.

Trois torques plats de taille décroissante sont

un père à sa fille, mais son futur beau-père peut

reliés par des fils pour former un plastron

aussi le lui offrir. Traditionnellement, la valeur d’un

imposant que ne renieraient pas les créateurs de

bijou dépendait de la nature de son matériau et

bijoux contemporains occidentaux.

de son poids.

Cf. Foissy 2004, p. 114, n°82 ; Mattet 2009,

Pour les hindous, le thème du fil est attaché aux

p. 85

idées de lien, de continuité et d’infini car d’un point de vue technologique lorsqu’on file des fibres, tant qu’on ajoute de la matière on peut

101. Torque. Miao, Guizhou, Chine. Argent.

en fabriquer sans fin. De ces conceptions de lien

Diam. 26 cm. Inv. 2506-51A. Inédit.

et d’infini dérive l’analogie entre le fil sacré et le cordon ombilical, nabhi en sanskrit, symbolisant

102.

Tous types de bijoux confondus, les variations

la corde de l’existence humaine qui permet à

sur le thème du fil abondent tant chez les Miao

l’humanité de maintenir la continuité avec les

que chez les Dong. Étirés, repliés, torsadés,

ancêtres1.

spiralés, traités en aplats ou formant des

Cf. Untracht 1997, p. 229

entrelacs, ils enserrent le corps des jeunes filles dont ils rehaussent la beauté et les rendent désirables pour les candidats au mariage.

104. Pendentif de mariage, manda thali.

Cf. Xianyang 1988, pp. 85, 87 et 128 ; Foissy

Tamil Nadu, Inde du Sud. Or et rubis. H. du

2004, p. 117, n°93

pendentif 34 cm. Inv. 2504-105. Fig. 60. Le thali représente la parure nuptiale par excellence des Indiennes du Sud et est le gage d’un mariage heureux pour les Kongu velalar, communauté d’agriculteurs qui vénère les dieux

178

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103.

de la nature. D’un groupe à l’autre, les modèles

aux directions cardinales.

en sont diversifiés. Bien que la forme générale

Cf. Mattet 2004, p. 140, n°22 ; Untracht 1997,

de la pièce soit d’apparence géométrique,

p. 159, n°284

elle suggère l’image stylisée à l’extrême d’un humain ou celle d’une divinité. De surcroît, on y distingue, dans la partie supérieure, une tête

106. Collier d’homme, gowrishankaram.

de cobra munie des points caractéristiques de

Chettiar nattukottai, Tamil Nadu, Inde du

son capuchon ainsi qu’une fleur dont le rubis

Sud. Graines rudraksha, or, émeraudes,

en cabochon constitue le cœur. Les orfèvres

rubis et diamants. L. 40 cm. Inv. 2504-102.

évoquent effectivement souvent la nature dans

Fig. 62.

leurs créations par des motifs empruntés aux règnes végétal et animal.

Pour les soixante ans d’un homme censé en

Cf. Mattet (dir.) 2004, p. 142, n°23

vivre cent-vingt et donc parvenu à la moitié

104.

de son parcours de vie selon une conception hindoue, la communauté chettiar organise une 105. Collier de mariage, kali thiru « parure de

fête réunissant sa famille et ses amis. À cette

cou de bon augure ». Chettiar nattukottai,

occasion, il porte un gowrishankaram en graines

Tamil Nadu, Inde du Sud. Or. H. 105 cm.

rudraksha avec un pendentif très élaboré en or

Inv. 2504-121. Fig. 63.

dont l’élément principal montre Shiva dansant tandis que l’inférieur est censé contenir un

Anciens marchands de sel, les Chettiars

lingam et des cendres sacrées. Shiva et ses

nattukottai appartiennent à une caste de

adeptes s’enduisent le corps de ces dernières

négociants aisés, jadis établis sur la côte de

qui ont été prélevées sur un lieu d’incinération ou

Coromandel et ayant ensuite migré à l’intérieur

dans un feu rituel.

des terres.

Comme les noces sont commémorées lors

Ce collier est composé de cinq pendants très

de cette célébration, son épouse se pare du

finement orfévrés et disposés en alternance

collier kali thiru qu’elle a reçu dans sa corbeille

avec des perles cylindriques pour la plupart.

de mariée et éventuellement d’un nouveau du

Sur le pendentif central, se distinguent un

même type commandé pour la circonstance.

temple miniaturisé, le couple de divinités

Cf. Mattet 2004, pp. 22-23 et 122, n°13 ;

Shiva (patron des Chettiars) et Parvati, déesse

Untracht 1997, p. 39

105.

de l’amour et de la fécondité, assis sur leur monture et le taureau Nandi ; des rinceaux, des fleurs et des oiseaux complètent le tableau.

107. Boucles d’oreilles, pampadam ou

Les autres pendentifs donnent lieu à deux

nagapadam. Tamil Nadu, Inde du Sud.

interprétations différentes. Selon Usha Bala

Feuille d’or et laque. H. 3,9 cm. Inv. 2504-

Krishnan, spécialiste de la culture indienne

160-A-B.

ancienne, ils évoquent les pinces de crabe et les coquillages que les Chettiars portaient en

Malgré la quantité d’or limitée, ces ornements

guise d’ornements. D’après l’Américain Oppi

provoquent une élongation du lobe.

Untracht, qui voua sa vie à l’étude des bijoux du

Maints

sous-continent, ils représentent les mains des

revendiquer la paternité de ce spectaculaire

mariés. Cet ornement fait effectivement partie de

imbroglio de formes géométriques comprenant

la dot offerte par les parents à leur fille et, lors de

sphères, carrés et triangles ! Mais le nom

la cérémonie, le marié le lui attache autour du

vernaculaire des pampadam dérive de la

cou. Semblable à un stupa, la tour formée d’une

présence d’une petite tête de cobra, appelé

série de cercles concentriques décroissants

pambu ou naga dans la région. L’on se

sur chacun de ces éléments s’achève par une

souviendra que dans de nombreuses cultures,

pyramide dont les quatre faces correspondent

et singulièrement en Inde, les ophidiens sont

artistes

contemporains

aimeraient

106.

179

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123.

OCÉANIE

123. Pierre d’échange, je. Dani, vallée de

d’où elles étaient diffusées dans différentes

la Wamena, Province Papua, Indonésie.

localités de la baie. Leurs couleurs et

Schiste vert, fibres de bananier et

dimensions varient, les motifs géométriques

d’orchidée, plumes de loriquet (famille

dominent mais l’on rencontre aussi des

des

cochon,

figures stylisées. Dans cet exemplaire, les

nid d’insecte et cauris. L. 45,5 cm. Inv.

représentations du centre sont humaines

4099-9.

tandis

psittacidés),

queue

de

que

les

latérales

pourraient

constituer une enfilade de lézards. Des Certaines

124.

de

ces

je

polies

étaient

marchands

indonésiens

en

quête

de

emmanchées pour servir de hache ou

plumes de paradisier, de bois de santal et

d’herminette. L’ajout d’une tresse en fibre

d’écaille de tortue de la région procuraient,

d’orchidée et d’une ceinture de paille, faisant

probablement depuis le XVIIIe siècle, les perles

référence aux jupes de femmes, constituent

de traite – obtenues des colons hollandais

une allusion au caractère féminin de ces

– nécessaires à leur confection et prêtes à

lames sur lesquelles la gent masculine garde

l’emploi contrairement à celles en coquillage

la haute main de manière à montrer son

utilisées jusque-là.

pouvoir politique. Disposées en série sur des

Tout

filets à l’occasion des échanges cérémoniels,

promise un sireu, un collier et un brassard

elles font aussi office de douaire. Associant

en coquillage à arborer simultanément.

des pierres mâles et femelles, elles incarnent

Au décès de sa propriétaire, le cache-

à ce moment-là l’image de la famille idéale1.

sexe revient à l’aîné des hommes de sa

Cf. Peltier et Morin 2006, cat. 124 ; Meyer

famille qui le cède à un jeune homme de

1995, p. 408

la sienne afin qu’il en comble sa future

prétendant

se

doit

d’offrir

à

sa

femme. Actuellement, le sireu matrimonial

125.

est monnayable dans une fourchette de prix 124.

Collier.

Dani,

Hautes

Terres

correspondant à 500/1000 dollars, montant

centrales, Province Papua, Indonésie.

très élevé pour la population locale.

Fibres végétales, coquillage (Cymbium/

Les femmes revêtaient cet ornement tantôt

Melo, Nassarius et cauris). H. 65 cm.

sur le devant tantôt sur les reins. Néanmoins,

Inv. 4099-10. Fig. 80.

les hommes s’en paraient également lors de certaines cérémonies.

Une grande section de Cymbium entourée

Cf. Peltier et Morin 2006, cat. 6 ; Newton

de fragments plus petits sert de parure au

1998, p. 176 ; Neich et Pereira 2004, p. 66 ;

quotidien aux jeunes hommes. La valeur

Edmundson et Boylan 1999, pp. 53 et 106

des coquillages, venus étape par étape du littoral, est proportionnelle à la distance de

126.

leur lieu d’origine.

126. Hache cérémonielle, rui wanuna

Cf. Peltier et Morin 2006, cat. 161 ; Neich et

ou me panda anuna. Vallée de Mont

Pereira 2004, p. 14

Hagen, Hautes Terres du centre-ouest, Papouasie-Nouvelle-Guinée. Pierre, bois et fibres végétales. L. 75 cm. Inv. 4159.

125. Cache-sexe (inversé), sireu ou

Fig. 85.

sirewu. Baie de Cenderawasih (Geelvink), aire korwar, Province Papua, Indonésie.

En l’absence de carrières dans la vallée du

Perles de verre, fibres végétales et

Mont Hagen, la matière première provenait

coton. L. 56 cm. Inv. 3462-6. Fig. 81.

surtout des vallées de la Jimi et de la Waghi. Les haches étaient ensuite distribuées dans

L’île d’Ambai, au large de celle de Yapen,

un vaste territoire. La qualité de la pierre

était le centre de fabrication de ces parures,

déterminait la valeur de la pièce. Celle-ci

184

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127.

dépendait de sa couleur, allant du gris-vert

Les cauris faisaient office de monnaie

pâle au noir, et de son grain ; il fallait aussi

d’échange dans une vaste zone. Leur

que le matériau soit dur de manière à rester

nombre

intact.

particulièrement harmonieux, en faisait un

Après un long polissage de la lame,

ornement de grand prix.

le fabricant la fixait au manche par un

Cf. Peltier et Morin 2006, cat. 162

élevé

dans

cet

exemplaire,

superbe travail de tressage aux motifs géométriques. Relativement fragiles, ces haches cérémonielles ne sont que rarement

129. Pectoral/ornement dorsal, fofona

utilisées

un

et siripya. Bena Bena, Hautes Terres

contexte rituel. Elles sont alors portées sur

orientales, Papouasie-Nouvelle-Guinée.

le côté ou fichées dans la ceinture d’écorce

Fibres végétales, pigments, porcelaines

du danseur. Elles représentent un moyen

(Ovula ovum), Nassarius. H. 34,5 cm.

d’échange et de paiement très apprécié,

Inv. 4099-15. Fig. 84.

comme

armes

sauf

dans

128.

notamment à l’occasion des funérailles d’un homme éminent. Dans le cadre de mariages

Acheminés

interclaniques, le fiancé en offre un certain

déterminent la valeur de ce fofona. Hommes

de

loin,

les

coquillages

nombre aux parents de l’épousée. Elles

et femmes contribuent à sa réalisation.

équivalaient à un porc ou s’échangeaient

Il incombe à ces dernières d’effectuer le

contre des biens rares dans la région à

tressage et à leurs partenaires d’appliquer

l’instar des colliers de cyprées.

les pigments ainsi que les coquillages.

Cf. Peltier et Morin 2006, cat. 122 ; Newton

Jadis parure de guerre, cet insigne de

1998, p. 167 ; Hodgins 2005, vol. 2, p. 189

l’initiation masculine sert de nos jours de moyen de paiement régional reconnu et compensatoire lors de diverses transactions,

127. Collier. Hautes Terres, Papouasie-

notamment matrimoniales.

Nouvelle-Guinée. Dents de cochon et

Cf. Peltier et Morin 2006, cat. 146 ;

fibres végétales. Diam. 17 cm. Anc.

Edmundson et Boylan 1999, pl. 16, p. 102 ;

coll. Josef Mueller, acquis avant 1939.

Neich et Pereira 2004, p. 53 ; Meyer 1995,

Inv. 4259.

p. 310

129.

Dans cette région, les cochons n’étaient que rarement pourvus de grandes canines

130.

courbes, aussi leur y attribuait-on une

(Berlinhafen),

valeur conséquente. Afin d’obtenir une

Nouvelle-Guinée. Fibres végétales, rotin,

Pectoral.

Région

côte

nord,

d’Aitape Papouasie-

forme enserrant bien le cou, les dents ont

dents de cochon, coquillage Nassarius,

été sectionnées et reliées par des fibres

graines d’Abrus precatorius. H. 23 cm.

tressées. Les Lotha du Nagaland (Inde) ont

Inv. 4099-24. Fig. 77.

conçu une parure similaire mais rehaussée de fragments de coquillage et de perles en

Bien que confectionnée dans la région

cornaline.

d’Aitape,

Cf. Peltier et Morin 2006, cat. 160

d’échanges le long de la bande côtière du

cette

parure

faisait

l’objet

130.

bassin du Sepik, entre la baie de Humboldt et le cap Croisilles. Les hommes initiés avaient 128. Collier. Asaro, Hautes Terres du Sud,

l’apanage de cet ornement de prestige,

Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Lygodium,

hautement valorisé par ses nombreuses

moneta).

sections de dents, et arboré pour la guerre

liane

et

cauris

(Cypraea

Diam. 20 cm. Inv. 4267.

et les fêtes. Cf. Peltier et Morin 2006, cat. 144 ;

185

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204

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