Mythique Route des Alpes - Mythical Route des Alpes (extrait)

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MYTHIQUE ROUTE DES ALPES

© Somogy éditions d’art, Paris, 2016 © Ville d’Évian, 2016

Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Coordination et suivi éditorial : Ana Jiménez Conception graphique : Marie Gastaut Contribution éditoriale pour le français : Marion Lacroix Traduction du français vers l’anglais : David and Jonathan Michaelson (JD-Trad) Contribution éditoriale pour l’anglais : Katharine Turvey Fabrication : Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros

ISBN Somogy éditions d’art : 978-2-7572-1060-4 Dépôt légal : mars 2016 Imprimé en République tchèque (Union européenne)

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Franรงoise Breuillaud-Sottas

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SOMMAIRE 6 • Préface

Marc Francina, maire d’Évian, député de la Haute-Savoie

7 • Mythique Route des Alpes

Alain Guiraud, adjoint à la culture et au patrimoine

8 • Remerciements Un projet ambitieux La plus belle route de montagne du monde Une nouvelle approche du voyage Évian et Thonon, étapes de la Route des Alpes La Route des Alpes se conjugue au pluriel À la découverte de la Route des Alpes avec une caravane de journalistes anglais. Été 1922 86 • La Route des Alpes aujourd’hui 90 • Repères chronologiques 91 • English texts 12 20 28 40 48 60

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Page de gauche Autocars P.-L.-M., Société A.T.A.M., Ets Repellin & Traffort, 1933 Guide horaire [timetable], 21,6 × 13,4 cm Fondation Berliet, Lyon, 6983

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PRÉFACE Bien longtemps après le voyage d’Hannibal et de ses éléphants à travers les Alpes, je vous propose de découvrir l’histoire de l’une des plus belles routes de montagne : la Route des Alpes. Cet itinéraire routier, réalisé au début du XXe siècle, a permis de relier les routes des vallées existantes grâce à de nouvelles voies d’accès par les cols alpins. Il constitue un véritable lien qui met en valeur le patrimoine culturel, naturel et gastronomique de toute une région et les paysages de montagne des Alpes. Destinée au développement touristique, cette voie routière offre à tous ceux qui l’empruntent désormais près de 700 km de découverte. Du lac Léman à la Côte d’Azur, en passant par les massifs alpins et les plus grands parcs naturels, beauté et diversité des paysages ponctuent ce voyage. Cette voie revêt également un intérêt sportif, notamment pour les amateurs de cyclisme et de courses de voitures. C’est une invitation à l’escapade qui vous est proposée, grâce à un ensemble de documents d’archives, de photographies et d’affiches, qui témoignent de l’histoire de cette route. Je tiens à remercier Mme Françoise Breuillaud-Sottas, commissaire de l’exposition, pour son travail et son implication dans le récit des prémices de la mythique Route des Alpes. Je souhaite également remercier l’ensemble des prêteurs publics et privés qui nous permettent de présenter, au sein de la Maison Gribaldi, une exposition patrimoniale riche et variée. Enfin, j’exprime toute ma gratitude à nos partenaires institutionnels, le conseil régional et le conseil départemental, qui continuent de soutenir les actions culturelles d’Évian. Vous découvrirez, au fil de cet ouvrage, les différentes étapes qui ont rendu possible la réalisation de ce superbe itinéraire touristique : vous commencerez votre périple par Évian et notre Chablais, puis les odeurs de citron de Menton signifieront que vous êtes arrivés à destination. Bonne traversée à toutes et à tous. Marc Francina Maire d’Évian Député de la Haute-Savoie

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MYTHIQUE ROUTE DES ALPES Mythique peut être synonyme de légendaire : on pense que cette route fut parcourue par des personnages illustres, même s’il se sont révélés plutôt envahissants. Il en est ainsi d’Hannibal et de ses gros porteurs, de César qui, pour coloniser les Gaules, serait passé au pied du mont César ! Il en est de même de Napoléon, que l’on a vu un peu partout, que l’on crut même voir à Meillerie – alors qu’il s’agissait en fait d’un régiment du génie composé d’Autrichiens dont certains ont fait souche –, ou encore à La Vernaz, dont le blason est orné d’un N pour rappeler son passage sur ce territoire. Mythique aussi grâce aux paysages traversés. Sur les cartes anciennes, les zones de montagne étaient représentées comme des lieux mystérieux peuplés d’êtres monstrueux, tels le loup du Grésivaudan et, plus drôle, le dahu, à l’anatomie adaptée au plan incliné ! Durant des siècles, franchir les Alpes pour rejoindre l’« outre-monts » fut un exploit pour les pèlerins, les marchands ou les soldats. Alors que notre Route des Alpes, qu’elle escalade ou longe la montagne, constitue un véritable trait d’union entre les deux extrémités de notre ancien duché. Aujourd’hui, c’est grâce au Tour de France que nous pouvons la redécouvrir, avec son point culminant au col de l’Iseran. Bonne route, depuis Évian, via Chamonix, Briançon, Barcelonnette, jusqu’à Nice et à sa baie des Anges ! Alain Guiraud Adjoint à la culture et au patrimoine

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REMERCIEMENTS Marc Francina, député-maire d’Évian, Alain Guiraud, adjoint à la culture et au patrimoine, et l’ensemble du conseil municipal expriment toute leur gratitude à : Françoise Breuillaud-Sottas, commissaire de l’exposition et auteur des textes, ainsi qu’à toutes les personnes et les institutions qui, à divers titres, ont collaboré et apporté leur soutien à ce projet, de même qu’à toutes les municipalités et à tous les départements qui ont grandement facilité le travail. Qu’ils soient tous ici remerciés pour leur bienveillance et leur confiance : Académie chablaisienne, Thonon-les-Bains, Joseph Ticon, président Archives départementales de la Haute-Savoie, Annecy, Hélène Maurin, directrice, et Marianne Bescond, pôle valorisation Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap, Gaël Chenard, directeur Archives municipales de Briançon, Aurélie Laporte, archiviste Archives municipales de Cannes, Marie Brunel, archiviste Archives municipales de Chamonix - Mont-Blanc, Sandrine Becel, archiviste Archives municipales de Thonon-les-Bains, Lucie Hugot, archiviste Bibliothèque municipale de Grenoble Bibliothèque municipale de Lyon Bibliothèque nationale de France, Paris Conservatoire d’art et d’histoire d’Annecy, François Épinard, directeur des Affaires culturelles du conseil départemental de la Haute-Savoie, Corinne Chorier, responsable des collections,Valérie Grosset-Janin, service collections, et Brigitte Pélissier, régisseure des collections départementales Écomusée Paysalp/Maison de la mémoire,Viuz-en-Sallaz, Monique Louvrier, présidente, Roger Desbiolles, directeur, et Julie Croquet, chargée du service scientifique Éditions Francou, Briançon, Catherine Francou Éditions Giletta, Nice Éditions Jean Combier, Mâcon

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Fondation de l’automobile Marius Berliet, Lyon, Philippe Brossette, président, Monique Chapelle, présidente de l’Association des amis de la Fondation de l’automobile Marius Berliet, et Anne Carrière, documentaliste Gaumont Pathé archives, Saint-Ouen, Nathalie Sitko Geopark Chablais U.N.E.S.C.O, Jean-Yves Moracchini, président du syndicat intercommunal d’aménagement du Chablais (S.I.A.C.), et Sophie Justice, coordinatrice remplaçant Geopark Chablais Gorges du Pont-du-Diable, Le Jotty, La Vernaz, Jean-Pierre Bouvet, directeur Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, Amélie Beaujouan, responsable Musée dauphinois, Grenoble, Jean Guibal, directeur et conservateur en chef du patrimoine, et Fabienne Pluchart, responsable des collections et des ressources documentaires, Département de l’Isère Musée savoisien, Chambéry, Marie-Anne Guérin, directrice, et Sébastien Gosselin, directeur adjoint et conservateur du patrimoine, Département de la Savoie Wagons-Lits Diffusion Ainsi que tous les prêteurs particuliers : Jean-Marc Bolle Didier Dutailly Jean-Pierre Hancy Patrick Lenormand Robert Prunier Arlette Savoy Delphine Sédallian Auteur des textes et commissariat de l’exposition : Françoise Breuillaud-Sottas, docteur en histoire et chercheur associé au Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (L.A.R.H.R.A.), Lyon Ce catalogue accompagne l’exposition « Mythique Route des Alpes. Du Léman à la Méditerranée », présentée à la Maison Gribaldi, à Évian, du 9 avril au 13 novembre 2016.

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LA ROUTE DES ALPES ET SES VARIANTES

Les altitudes des cols, telles qu’elles sont indiquées dans le texte, sur la carte et le profil de la Route des Alpes, proviennent de documents anciens. Il est possible qu’elles diffèrent légèrement des altitudes actuelles, en particulier lorsque des rectifications de routes ont été opérées.

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UN PROJET AMBITIEUX La Route des Alpes peut se prévaloir d’une double paternité. La première, administrative et peu connue, revient au conseil général du département de la Savoie, qui évoque pour la première fois en 1903 l’idée d’une route nationale allant de Thonon-les-Bains à Nice et en présente un descriptif très abouti. La seconde est celle du Touring Club de France, dont le président, Abel Ballif, s’intéresse au projet, imagine comment celui-ci pourrait s’inscrire dans une dynamique de développement touristique et, à partir de 1908, mène une action décisive en faveur de sa réalisation.

du Mont-Genèvre, de la Madeleine et de Tende mais ne sont pas rattachées entre elles par un axe nord-sud. Le tracé de la future route passe au plus près de la ligne de crête par les cols des Gets, de Megève, de l’Iseran, du Galibier, du Lautaret, de Vars et de la Cayolle. Il n’emprunte pas le département de l’Isère, qui profite cependant de sa proximité. Au total, un peu plus de 600 km de voies, déjà construites à 90 %. Les sections restant à ouvrir sont celle du col de la Cayolle,

Page de gauche Roger Broders, Paris-Lyon-Méditerranée. La Route des Alpes. De la mer à la haute montagne [Paris-Lyon-Méditerranée. The Route des Alpes. From the sea to the high mountains], 1920 Affiche publicitaire [advertising poster], 118 × 87 cm Archives municipales de Thononles-Bains, 11 Fi 545 © PLM/Wagons-Lits Diffusion/Adagp, Paris, 2016

UNE INITIATIVE DES CONSEILS GÉNÉRAUX À la suite de démarches entreprises auprès des ministères de la Guerre et des Travaux publics par deux députés et trois sénateurs de la Savoie, le conseil général de ce département, réuni le 17 août 1903, émet le vœu que soit classé sous le nom de « Route nationale des Alpes » un ensemble de voies et de chemins d’importance variable, assurant une route carrossable ininterrompue du Léman à la Méditerranée : « Cette voie relierait d’une façon continue les départements alpins, Haute-Savoie, Savoie, Isère, Hautes-Alpes, BassesAlpes et Alpes-Maritimes, formant ainsi le long des Alpes un grand boulevard aussi utile à l’intérêt national qu’attrayant pour les voyageurs 1.» Elle contribuerait à pallier les carences de communication entre les cinq grandes vallées alpines, qui aboutissent en Italie par les cols du Petit-Saint-Bernard, du Mont-Cenis,

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Le Mont Viso et Rochebrune vus du Galibier [Mont Viso and the Pic de Rochebrune seen from the Col du Galibier], 1922 Négatif sur verre [glass negative], 13 × 18 cm Bibliothèque nationale de France, Paris, IFN-53084314/Agence Rol

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LA PLUS BELLE ROUTE DE MONTAGNE DU MONDE La presse française et étrangère rend hommage au geste généreux du Touring Club de France. De son côté, celui-ci s’empresse de donner à son action la plus large publicité. Dans chaque numéro de sa revue mensuelle figure un article sur la Route des Alpes, qui décrit avec lyrisme les paysages traversés, présente des photographies des sites les plus pittoresques et détaille les bienfaits qui découleront bientôt de leur fréquentation. Les superlatifs ne manquent pas : « route de montagne incomparable 1 », « voie triomphale 2 », « voie sans pareille 3 ». L’accent est surtout mis sur son caractère exceptionnel, sa supériorité sur tout ce qui existe déjà en matière de tourisme : avec 615 km de longueur, neuf cols à franchir, dont cinq dépassant 2 000 m, et une altitude cumulée de plus de 10 600 m, la Route des Alpes apparaît comme celle de tous les records : « Elle montera et descendra les monts les plus grandioses de notre chère patrie ; elle s’élèvera jusqu’au col le plus élevé de l’Europe, au col de l’Iseran, situé à 2.769 mètres, 10 mètres au-dessus du col tyrolien de Stelvio, et de la région des neiges et des glaces viendra aboutir sur les rivages méditerranéens, parmi les roses et les orangers. Elle constituera une route de tourisme merveilleuse 4 », s’enthousiasme Abel Ballif.

UNE ORIENTATION TOURISTIQUE MARQUÉE Le Touring Club s’approprie le projet des conseils généraux en lui donnant des inflexions en cohérence avec sa vocation touristique. Le glissement est perceptible dès 1909 au travers des articles de presse : « C’est un nouveau projet imaginé par le Touring Club de France 5 » affirme la Gazette de Lausanne. Le Journal de Genève renchérit : « la Route des Alpes allant de

Page de gauche Chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée. La Route des Alpes. Évian-Nice [The Paris-Lyon-Méditerranée Railway Company. The Route des Alpes. Evian–Nice], 1911 Affiche publicitaire [advertising poster], 104 × 75 cm Archives municipales d’Évian-les-Bains, 9 Fi 9453 © PLM/Wagons-Lits Diffusion

Glaciers et dôme du Monêtier, près de Briançon [Glaciers and the Dôme du Monêtier, near Briançon], 1922 Négatif sur verre [glass negative], 13 × 18 cm Bibliothèque nationale de France, Paris, IFN-53084327/Agence Rol

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UNE NOUVELLE APPROCHE DU VOYAGE Initialement découpée en cinq étapes d’une journée par la Compagnie P.-L.-M., la Route des Alpes s’effectue en six étapes 1 dès 1919, année qui marque le retour à la normale après les bouleversements de la guerre. Durant celle-ci, les services automobiles s’étaient trouvés désorganisés par la mobilisation d’une partie des chauffeurs et mécaniciens et par la réquisition de matériel pour les besoins de la défense nationale. Des cars alpins avaient participé à l’acheminement vers le front des combattants ; d’autres avaient servi au transport de blessés légers. Partiellement rouverts en 1915 sur la portion la plus fréquentée du tracé, Évian-Briançon, les services de la Route des Alpes ne sont totalement rétablis qu’en 1919. Le 22 juillet, l’obligation de détenir un sauf-conduit pour circuler en automobile dans les départements frontière est levée. Une simple carte d’identité est désormais requise pour les voyageurs français et un passeport pour les étrangers, ce qui facilite grandement la reprise des activités touristiques dans les départements alpins.

UNE ROUTE VAGABONDE La création de la Route des Alpes est le prolongement de la révolution qui s’est accomplie dans le monde des transports au tournant du XXe siècle, d’abord par la diffusion de la bicyclette, puis par celle de l’automobile. Les touristes en bicyclette avaient ouvert la

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Groupe du Vélo-Touriste, région de Bonneville [A group of cycling tourists in the Bonneville region], 1893 Tirage papier à partir d’un négatif sur plaque de verre au gélatino-bromure d’argent [Print from a silver bromide-gelatin glass negative], 12 × 17 cm Fonds Ernest Sédallian, musée Nicéphore-Niépce, Chalon-sur-Saône

voie dès les années 1890, en faisant tomber les barrières qui réservaient la montagne aux marcheurs chevronnés et aux alpinistes : « Faire le tour d’un massif constitue pour le vélocipédiste de force moyenne une excursion agréable et sans fatigue sérieuse ; la fatigue augmentera à mesure qu’on se rapprochera de la montagne ; enfin, il faudra que le cycliste ait les jarrets et les poumons solides aux montées, du sang-froid et de la prudence aux descentes s’il veut pénétrer dans

Page de gauche Julien Lacaze, Paris-Lyon-Méditerranée. Évian-les-Bains, c. 1930 Affiche publicitaire [advertising poster], 106 × 78 cm Archives municipales d’Évian-les-Bains, 9 Fi 9449 © PLM/Wagons-Lits Diffusion

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Émile Duchemin, Route de La Grave, tunnel du Dauphin [The Route de La Grave, the Le Dauphin tunnel], fin XIX e siècle-début XX e siècle [end of the 19th to the beginning of the 20th century] Négatif sur verre [glass negative], 13 × 18 cm Société dauphinoise d’amateurs photographes, bibliothèque municipale de Grenoble, H.2.24

l’intérieur des massifs et goûter l’intimité des paysages proprement alpestres 2.» Les cyclotouristes qui s’attaquent aux routes de montagne disposent d’un arsenal de cartes et de guides pratiques spécialement conçus pour eux, indiquant le pourcentage des pentes, les virages dangereux et l’état des chaussées. Certains sont édités sous le patronage du Touring Club de France, comme les itinéraires établis par Dolin et Revel pour la Savoie. Les revues spécialisées publient des articles sur le matériel, l’équipement et l’alimentation recommandés. Elles livrent aussi des astuces pour gravir les côtes les plus raides : trouver un gamin pour pousser sa machine, la faire tirer par un mulet ou s’accrocher aux cars alpins qui desservent la route. Quant aux descentes vertigineuses, elles « s’adoucissent et cessent d’être dangereuses par l’emploi d’un petit fagot, qui s’accroche à la bicyclette, traîne sur le sol à quelques mètres en arrière et remplit l’office de frein 3 ». Mais, très vite, freins et dérailleur deviennent incontournables pour tout cyclotouriste sérieux évoluant en montagne. En 1911, année où la Route des Alpes est inaugurée, il y a en France 60 000 automobiles et 12 000 motocyclettes en circulation. Vingt ans plus tard, on dénombre 1 520 500 automobiles, 440 500 motocycles et 23 500 cyclecars 4, voitures légères et bon marché à une ou deux places et souvent trois roues seulement, bénéficiant d’un régime fiscal spécial. Pour les propriétaires de ces véhicules, la Route des Alpes représente un terrain de jeu unique, un nouvel espace de liberté et de loisirs, une promesse de sensations inédites. Il faut une bonne dose de courage, d’esprit d’aventure et de confiance dans son automobile pour se lancer sur les routes de haute

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montagne ! Il est fortement recommandé de suivre les indications des guides et les conseils de conducteurs expérimentés pour éviter pannes, mauvaises surprises ou accidents, comme lorsqu’on aborde le tunnel du Galibier : « D’abord, j’estime qu’il vaut mieux allumer les lanternes, au moins une ; j’ajouterais bien que ce conseil s’applique surtout aux débutants, mais alors, personne ne voudrait les allumer ! Le tunnel n’est pas trop long, à peine 400 m ; mais il n’est pas éclairé du tout, et fort glissant. On ne saurait se douter de la facilité avec laquelle on se plaque contre la paroi, dans l’obscurité 5.» La Route des Alpes est cependant en constante amélioration. Chaque année voit l’atténuation de pentes excessives, la suppression de virages en épingle à cheveux, la réfection des chaussées, l’augmentation des possibilités de croisement et de retournement, la mise en place d’une signalisation appropriée. La coexistence des automobiles particulières et des cars alpins n’est pas chose facile. En 1913, un écriteau déconseille de s’aventurer sur la route du col de Vars à certaines heures : « ATTENTION. Les cars automobiles d’Évian à Nice passent au col de Vars de 9 h 30 à 11 h 30 matin et de 2 h 30 à 4 h 30 soir. Route étroite. Croisements et virages impossibles. Avant de s’engager, s’assurer que le car est passé 6.» Au fil du temps, partout où c’est possible, les routes sont portées à 7 m de plate-forme dont 5 de chaussée, ce qui permet le croisement théorique de deux autocars. C’est le cas du nouveau tronçon entre le tunnel du Galibier et le Lautaret, aménagé au milieu des années 1930. La démocratisation du voyage d’agrément est renforcée par la mise en place des services de la Route des Alpes. L’autocar ouvre de nouveaux horizons aux catégories moyennes qui peuvent réaliser, « moyennant une somme modeste, ce qui n’était jusqu’à présent qu’un plaisir réservé aux privilégiés de la fortune 7 ».

LE TRIOMPHE DU VOYAGE EN AUTOCAR Le but de la Compagnie P.-L.-M. est de combiner les services de la Route des Alpes avec le réseau automobile ou ferré existant, pour offrir des possibilités quasiment illimitées qui s’adaptent au goût et au caprice de chacun et sont modulables à l’infini : voyage complet de Nice à Évian articulé sur un aller ou un retour

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ÉVIAN ET THONON, ÉTAPES DE LA ROUTE DES ALPES La partie septentrionale de la Route des Alpes possède un double terminus, ou un double point d’entrée, selon le sens dans lequel le voyage est effectué. Les villes de Thonon et Évian-les-Bains, distantes d’environ 10 km, se partagent en effet l’honneur de figurer sur les affiches P.-L.-M., les dépliants publicitaires et les guides, souvent alternativement et parfois ensemble. La Route des Alpes va généralement de Nice à Évian, mais parfois de Nice à Thonon et de temps en temps de Nice à Thonon et Évian. Cette particularité, assez déroutante de prime abord, se justifie par la genèse du projet. Dans l’esprit des conseils généraux, il s’agissait d’emprunter des voies existantes, dont la nationale 202 partant de Thonon. Lorsque le Touring Club reprend l’idée à son compte en privilégiant une approche touristique, faire aboutir la Route des Alpes à Évian est devenu incontournable. La station accueille chaque année plus de 12 000 visiteurs et sa réputation comme ville d’eaux à la mode n’est plus à faire ; Thonon n’en étant encore, par comparaison, qu’à ses débuts. Sur le plan administratif, la route commence donc à Thonon, sur les quais du port de Rives, où une borne de pierre matérialise son point de départ, le kilomètre zéro. Sur le plan touristique, elle débute à Évian, ce « rendez-vous annuel de toutes les élégances, qui mire ses luxueux palaces dans les flots azurés du Léman 1 ».

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RIVES LÉMANIQUES ET CÔTE D’AZUR, UNE VISION DU TOURISME EN SYNERGIE La Route des Alpes met en relation deux régions emblématiques de la villégiature hexagonale. Depuis le début du XIXe siècle, la Riviera bénéficie de l’engouement des élites pour les séjours d’hiver. Mise à la mode par une clientèle britannique séduite par la douceur du climat, elle connaît avant la Première Guerre mondiale un véritable âge d’or. Les séjours répétés de la reine Victoria et du prince de Galles, futur Édouard VII, ceux des familles régnantes russe, suédoise, danoise et belge attirent des colonies d’aristocrates hivernant puis des milliers de touristes fortunés. Nice est lancée la première, Cannes dans la décennie 1840 et Menton vers 1860. La « Côte

Page de gauche Géo Dorival, Paris-Lyon-Méditerranée. Évian-les-Bains et le lac Léman. Services automobiles de la Route des Alpes [ParisLyon-Méditerranée. Evian-les-Bains and Lake Léman. The Route des Alpes automobile services], 1922 Affiche publicitaire [advertising poster], 108 × 78 cm Archives municipales d’Évian-les-Bains, 9 Fi 9452 © PLM/Wagons-Lits Diffusion/Adagp, Paris, 2016

Nice. Vue de la promenade des Anglais [Nice. View of the Promenade des Anglais], c. 1920 Tirage papier noir et blanc [black-andwhite paper print], 6,2 × 10,7 cm Collection J.-M. Bolle – Famille Léon

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Chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée. Littoral de la Méditerranée. Saison d’hiver 1912-1913 [The Paris-Lyon-Méditerranée Railway Company. Mediterranean coastline, winter 1912–1913], 1912 Brochure, 18,5 × 11,1 cm Archives départementales de la HauteSavoie, Annecy, 2 T 10

d’Azur », terme qui apparaît à la fin des années 1880, reste une référence absolue et inégalée. Toutes proportions gardées, Thonon et surtout Évian reçoivent le même type de clientèle privilégiée, éprise de loisirs et de mondanités. S’appuyant sur les vertus de ses eaux minérales alcalines, dont la plus célèbre est la source Cachat, découverte à l’extrême fin du XVIIIe siècle, Évian acquiert une renommée internationale à partir de 1882. Tous les équipements, buvette, institut hydrothérapique, casino, grands hôtels, font l’objet d’une prestigieuse rénovation entre 1898 et 1912. Sur les listes d’étrangers que publient les journaux Évian-Mondain, Évian-Programme ou Thonon-Villégiature, on relève des noms appartenant à l’aristocratie, à la grande bourgeoisie d’affaires, aux milieux politiques ou artistiques. À l’inverse de la Côte d’Azur, la rive française du Léman pratique un tourisme estival, essentiellement entre le 15 juin et le 15 septembre. Les hôtels ne sont d’ailleurs pas équipés pour être chauffés et sont fermés durant l’hiver.

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Il existe une forte complémentarité entre la Côte d’Azur et les stations lémaniques. La clientèle, qui vit partout selon les mêmes codes, apprécie d’y retrouver, outre un niveau de confort identique, des distractions semblables. Ce n’est pas un hasard si, dans les années 1910, les casinos municipaux de Nice et d’Évian ont le même directeur général : Henri de Farçonnet. M. Gervasio, le chef d’orchestre de la Jetée-Promenade de Nice, quitte les rivages méditerranéens pour diriger pendant l’été les trente-cinq musiciens du casino d’Évian. Certains médecins, comme le docteur François Chiaïs, de Menton, suivent leurs patients en cure et donnent des consultations à Évian. Enfin, nombreux sont les hôtels qui fonctionnent en doublon, avec la même administration et le même personnel. À Évian, au début du siècle, l’équipe de l’hôtel Beau-Site et du Lac, rue du Port, se transporte l’hiver à Monaco, au Rives d’Or hôtel ; celle de l’hôtel Bedford gère aussi le Bedford et le Savoy de Beaulieu-sur-Mer. Dans les années 1920, le Grand Hôtel du Parc, à Thonon, et le Grand Hôtel du Cap-Ferrat sont placés sous la même direction. Dans un souci de rentabilité, les sites hôteliers associés exploitent en alternance des équipements communs, comme les voitures qui effectuent le transport de la clientèle des gares aux hôtels. La Route des Alpes apparaît dès lors comme l’occasion d’allonger, grâce au séjour des touristes itinérants, une saison mondaine trop courte : « Après avoir parcouru la belle Route des Alpes, reposez-vous quelques jours à Évian-les-Bains 2 » suggère une brochure. À Nice, qui connaît un pic de fréquentation au mois de février avec les fêtes du Carnaval, il s’agit plutôt de promouvoir la saison estivale : « On s’imagine volontiers que Nice ainsi que les autres villes de la Riviera sont pendant l’été des villes mortes où les rayons d’un soleil brûlant règnent en maître dans les rues et les places désertes, bordées de magasins aux stores baissés et de maisons aux fenêtres hermétiquement closes. Erreur ! […] Que le touriste s’arrête quelques jours sur la Riviera avant de partir pour les Alpes, il n’aura pas à le regretter 3.» Les grands acteurs de l’industrie touristique que sont la Société anonyme des eaux minérales d’Évian (S.A.E.M.E.) et la Compagnie P.-L.-M. entretiennent des liens étroits par l’intermédiaire de leurs conseils d’administration. À titre d’exemple, le baron Jean de

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LA ROUTE DES ALPES SE CONJUGUE AU PLURIEL Au mois de mars 1933, dans sa préface à la nouvelle édition de La Route des Alpes françaises d’Henri Ferrand, Léon Auscher, alors vice-président du Touring Club de France, écrivait à propos de la Route des Alpes : « Dans ce livre, en effet, il va être question, de la première à la dernière page, de la Route des Alpes et cependant… elle n’existe pas encore ou plutôt il en existe plusieurs mais la vraie, celle qui a été tracée sur la carte dès les premiers projets, n’est pas terminée 1.» Loin d’être un handicap, le non-achèvement des derniers tronçons des cols de l’Iseran et du Bonhomme encourage l’apparition de variantes, parmi lesquelles la Route d’hiver des Alpes et la Route Napoléon. La Route des Alpes est également, depuis sa création, une source d’inspiration pour la mise en valeur touristique des zones de montagne, un modèle transposable presque à l’identique dans d’autres massifs français, les Pyrénées, le Massif central, le Jura et les Vosges, mais aussi à l’étranger, particulièrement dans la Suisse voisine.

principaux cols : l’Aubisque (1 710 m), le Tourmalet (2 122 m) et le col de Puymorens (1 918 m). Après l’étude d’une dizaine de tracés possibles, la construction de cinq raccordements entre les voies existantes, d’une longueur totale de 119 km, est validée : « Nous nous déclarons prêts à consacrer à cette Route des Pyrénées une somme égale à celle que nous avons fournie pour la Route des Alpes, supérieure même s’il le faut 2 » déclare Abel Ballif. Le Touring Club envisage de l’inaugurer en 1918, après avoir consacré une année à la conception du plan définitif et cinq ans aux travaux. Cependant, si les autocars de la Compagnie des chemins de fer du Midi desservent plusieurs sections de la route à partir de 1913, ce

Page de gauche Chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée. La Route des Alpes et du Jura. BesançonGenève-Évian-Thonon-Nice [The ParisLyon-Méditerranée Railway Company. The Route des Alpes and the Route du Jura: Besançon–Geneva–Evian-Thonon– Nice], 1914 Affiche publicitaire [advertising poster], 107 × 75,5 cm Archives municipales d’Évian-les-Bains 9 Fi 9454 © PLM/Wagons-Lits Diffusion

P.-L.-M. Les Plus Hautes Routes de l’Europe. Excursions en Savoie et dans le Haut-Jura [P.-L.-M. The Highest Routes in Europe. Excursions in Savoie and in the Haut-Jura], 1913 Brochure, 14,7 × 20,7 cm Fondation Berliet, Lyon, 6961

LES DÉCLINAISONS D’UN FORMAT À SUCCÈS Fort de la réussite de la Route des Alpes, le Touring Club envisage à la fin de l’année 1911 de reprendre le concept de route touristique de montagne pour l’adapter aux Pyrénées. Il s’agit de relier l’océan Atlantique à la Méditerranée en passant par les

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À LA DÉCOUVERTE DE LA ROUTE DES ALPES AVEC UNE CARAVANE DE JOURNALISTES ANGLAIS. ÉTÉ 1922

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a Compagnie P.-L.-M.organise à plusieurs reprises des voyages à caractère promotionnel sur le parcours de la Route des Alpes. Il s’agit de la faire mieux connaître et apprécier par des invités, personnalités influentes appartenant aux milieux touristiques français ou étrangers, qui sont autant de relais auprès du grand public. Séduire par la beauté des paysages, le confort des cars alpins, le luxe et la bonne tenue des hôtels, c’est s’assurer en retour des articles de presse élogieux susceptibles d’attirer des milliers de touristes. Un voyage d’études est programmé dans cet esprit du 27 juin au 2 juillet 1922, au départ de Nice. Il réunit les principaux représentants de la presse et des grandes compagnies de transport britanniques. Dans le contexte d’une forte rivalité avec la Suisse, la Compagnie P.-L.-M. s’efforce en effet de drainer vers les Alpes françaises une clientèle anglo-saxonne très exigeante en matière de confort et d’hygiène hôtelière, mais dont on ne saurait se passer, parce qu’elle a toujours joué un rôle moteur dans le développement touristique : « Rentrés dans leur pays, les uns et les autres diront simplement ce qu’ils ont vu ; il leur sera aisé de réfuter de trop faciles calomnies et de démontrer que nos sites alpestres constituent un cadre de tourisme absolument unique au monde 1.» Le groupe est composé d’une trentaine de participants, parmi lesquels on relève les noms de Harry Cooper, agent général en France des Chemins de fer britanniques, de Douglas Crawford, adjoint à la

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Une partie des participants au col du Lautaret [Some of the participants standing on the Col du Lautaret], 1922 Négatif sur verre [glass negative], 13 × 18 cm Bibliothèque nationale de France, Paris, IFN-53084326/Agence Rol

Page de gauche Chamonix. Vue du col des Montets [Chamonix. View of the Col des Montets], 1922 (détail) Négatif sur verre [glass negative], 13 × 18 cm Bibliothèque nationale de France, Paris, IFN-530845719/Agence Rol

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n 1938, lors du banquet célébrant l’adhésion du 300 000e membre du Touring Club de France, le président de la République Albert Lebrun, membre de l’association depuis 1902, déclarait à propos de la Route des Alpes : « Quelle audace n’a-t-il pas fallu pour la concevoir, quelle témérité pour l’entreprendre, quel génie pour l’exécuter 1 ! » Trait d’union entre les régions alpines, facteur de prospérité économique, d’échanges, de connaissance des populations et du territoire, la Route des Alpes bouleverse les codes. Elle substitue au voyage alpin, traditionnellement orienté d’ouest en est, un déplacement nord-sud ou sudnord, selon un axe très inhabituel. Elle met en relation des entités géographiques et culturelles dont le seul point commun est d’appartenir à des espaces de montagne ayant une représentation symbolique forte. Réalisation visionnaire, elle anticipe et accompagne les grandes mutations sociales et touristiques de la première moitié du XXe siècle : diffusion rapide de l’automobile, engouement pour la haute montagne et les sports d’hiver, développement d’une saison d’été sur la Côte d’Azur, démocratisation des vacances et goût pour les voyages collectifs en autocars. La Route des Alpes a noué dès ses débuts des relations étroites avec le monde du sport. Il est vrai que les routes de montagne, et celle-ci plus que d’autres, se prêtent au défi, à la performance, voire à l’exploit mais aussi, en contrepartie du plaisir qu’elles procurent, à l’effort et à la souffrance. C’est ce dont l’écrivain et réalisateur José Giovanni témoignait en 1998 dans les colonnes du magazine Alpes loisirs, en évoquant le

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périple qu’il fit en vélo le long de la Route des Alpes, avec trois amis : « Avant de monter sur mon vélo pour relier le lac de Genève à Menton, je n’aurais jamais dû regarder une carte […]. Voilà. Il restait à franchir une vingtaine de cols et environ 170 km par jour, pour réussir ce brevet alpin. Les cartes n’indiquaient que les cols aux grands noms. Nos muscles nous soulignèrent les autres : les sans grades, les surprenants, les pires 2.» D’innombrables sportifs professionnels ou amateurs, débutants ou confirmés, célèbres ou anonymes ont sillonné la Route des Alpes et ce sont les grandes compétitions sportives, plus particulièrement le Tour de France cycliste, qui, en lui conférant une vraie notoriété populaire, l’ont définitivement ancrée dans l’imaginaire collectif.

Kilomètre zéro de la Route des Alpes, Thonon-les-Bains [The ‘kilometre zero’ mark of the Route des Alpes, in Thononles-Bains], 2012 Office du tourisme de Thonon-les-Bains

Page de gauche Georges Arou, Chemins de fer ParisLyon-Méditerranée. Sports d’hiver [The Paris-Lyon-Méditerranée Railway Company. Winter Sports], 1931 Affiche publicitaire [advertising poster], 104,8 × 73 cm Conservatoire d’art et d’histoire, Annecy, conseil départemental de la HauteSavoie, 91-01-176 © PLM/Wagons-Lits Diffusion

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LA ROUTE DES ALPES AUJOURD’HUI

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Tour de France cycliste, 13 juillet 1936, 6e étape, Évian - Aix-les-Bains : la montée du col des Aravis par deux coureurs échappés [Evian-Aix-lesBains, stage 6 of the Tour de France, on 13 July 1936: the ascent of the Col des Aravis by two riders who broke away from the field], 1936 Négatif sur verre [glass negative], 13 × 18 cm Bibliothèque nationale de France, Paris/Agence Meurisse

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MYTHIQUE ROUTE DES ALPES

REPÈRES CHRONOLOGIQUES 1891 • Percement du tunnel du Galibier par les troupes alpines.

Printemps 1912 • Classement de la Route des Alpes sous le nom de route nationale 212.

1893 • Réalisation par les troupes alpines de la route du col de Vars (2 115 m).

1913-1914 • Construction de la route du col de la Cayolle (2 352 m) par les troupes alpines.

1897 • Ouverture de la route du col d’Izoard (2 360 m) par les troupes alpines.

Juillet 1914 • Lancement des services automobiles de la Route des Alpes et du Jura (1 200 km de Nice à Belfort).

11 avril 1903 • Inauguration de la Route de la corniche de l’Estérel entre Saint-Raphaël et Cannes. Août 1903 • Le conseil général de la Savoie émet le vœu de voir classer un ensemble de routes et chemins allant de Thonon à Nice sous le nom de Route nationale des Alpes.

1919 • Les services automobiles de la Route des Alpes effectuent désormais le parcours Nice-Évian en six étapes d’une journée. 1924 • Mise en service de la Route d’hiver des Alpes entre Nice et Aix-les-Bains.

1904 • Le Touring Club de France commence à s’intéresser au projet.

1er-4 juillet 1932 • Caravane officielle d’inauguration de la Route Napoléon.

26 avril 1909 • Le conseil d’administration du Touring Club de France décide de se substituer au département des Hautes-Alpes jusqu’à concurrence de 188 000 francs pour aider à la réalisation de la Route des Alpes.

12 août 1934 • Inauguration au col d’Izoard de la stèle commémorant le rôle des troupes alpines dans la construction de la Route des Alpes.

Juillet 1910 • Lancement des services automobiles de la Route des Alpes, rattachés à la Compagnie des chemins de fer P.-L.-M. sur le tronçon Évian-Albertville.

10 juillet 1937 • Inauguration de la route du col de l’Iseran (2 769 m) par le président Albert Lebrun. 31 août 1938 • Le premier coup de pioche du tronçon de la route du col du Bonhomme est donné par le sénateur savoyard Antoine Borrel.

3-8 juillet 1911 • Caravane inaugurale de la Route des Alpes. Octobre 1911 • Projet de Route des Pyrénées, élaboré par le Touring Club de France, sur le modèle de la Route des Alpes.

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ENGLISH TEXTS 93 • Acknowledgments 94 • Preface Marc Francina, Mayor of Evian, Member of the French Parliament for Haute-Savoie

94 • Mythical Route des Alpes Alain Guiraud, Deputy Mayor for Culture and Heritage (Évian-les-Bains)

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An Ambitious Project The Finest Mountain Route in the World A New Approach to Travel Evian and Thonon: Stages on the Route des Alpes The Plurality of the Route des Alpes Discovering the Route des Alpes with a Group of English Journalists in the Summer of 1922 110 • The Route des Alpes Today 111 • A Chronology of Important Events

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A CHRONOLOGY OF IMPORTANT EVENTS

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A CHRONOLOGY OF IMPORTANT EVENTS 1891 • The Galibier Tunnel is constructed by the Alpine troops 1893 • The Alpine troops complete the Col de Vars (alt. 2,115 m) route

Spring 1912 • The Route des Alpes is officially called the ‘Route Nationale 212’ 1913–1914 • The Alpine troops construct the Col de la Cayolle (alt. 2,352 m) route

1897 • The Alpine troops open the Col d’Izoard (alt. 2,360 m) route 11 April 1903 • Inauguration of the Corniche de l’Estérel between Saint-Raphaël and Cannes August 1903 • Savoie’s General Council expresses the wish that an ensemble of roads and routes between Thonon and Nice should be known as the ‘Route Nationale des Alpes’ 1904 • The Touring-Club de France (French social club devoted to travel) begins to take an interest in the project 26 April 1909 • The Touring-Club de France’s Board of Directors decides to supplement the funding of the Hautes-Alpes département with a contribution of 188,000 francs, to help with construction work on the Route des Alpes July 1910 • Launch of the Route des Alpes motor car service, associated with the Compagnie des Chemins de Fer P.-L.-M. (The P.-L.-M. Railway Company) on the Evian–Albertville section 3 to 8 July 1911 • The inaugural caravan for the Route des Alpes

July 1914: launching of the automobile services of the Route des Alpes and the Jura Mountains (1,200 km from Nice to Belfort) 1919 • The Route des Alpes motor car service can now complete the Nice–Evian route in 6 stages over one day 1924 • The Route d’Hiver des Alpes (Winter Route des Alpes) is opened between Nice and Aix-les-Bains 1 to 4 July 1932 • Official caravan for the opening of the Route Napoléon 12 August 1934 • Inauguration on the Col d’Izoard of the stone commemorating the role of the Alpine troops in constructing the Route des Alpes 10 July 1937 • Inauguration of the Col de l’Iseran (alt. 2,769 m) route by the French President Albert Lebrun 31 August 1938 • Antoine Borrel, the senator of the Savoie département, strikes the first blow with a pickaxe for the Col du Bonhomme section of the Route

October 1911 • A project for a ‘Route des Pyrénées’—based on the model of the Route des Alpes—is developed by the Touring-Club de France

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