Cet ouvrage a été réalisé dans le cadre de l’exposition Napoléon, images de la légende présentée du 7 octobre 2017 au 4 novembre 2018 au musée des beaux-arts d’Arras, dans le cadre du partenariat entre la Région Hauts-de-France, la Ville d’Arras et le château de Versailles.
Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial Nicolas Neumann
Avec le concours de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles
Responsable éditoriale Stéphanie Méséguer
Coordination éditoriale Jean-Vincent Bacquart, chef du service des éditions Anne Carasso et Mathilde Dillmann
Coordination et suivi éditorial Sarah Houssin-Dreyfuss et Lore Gauterie
Photothèque Géraldine Bidault
Conception graphique et couverture François Dinguirard Montage de la maquette Larissa Roy
Avec le concours de Christophe Fouin, Thomas Garnier, Christian Milet et Didier Saulnier photographes
Contribution éditoriale pour le français Anne Chapoutot Contribution éditoriale pour l’anglais Katharine Turvey et Adam Rickards Traduction du français vers l’anglais Jonathan et David Michaelson Iconographie Flore Langlade Fabrication Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros © Somogy éditions d’art, Paris, 2017 © Musée des beaux-arts d’Arras, 2017
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ISBN 978-2-7572-1292-9 Dépôt légal : octobre 2017 Imprimé en Union européenne
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Images de la lĂŠgende Images of the Napoleonic Legend
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Commissariat
Muséographie
Frédéric Lacaille Conservateur en chef du patrimoine au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Scénographie Scénografiá : Nicolas Groult – Valentina Dodi
Marie-Lys Marguerite Conservateur du patrimoine et directrice du musée des beaux-arts d’Arras
Éclairage Ponctuelle Graphisme Graphica
Avec la collaboration de Vincent Bastien, docteur en histoire de l’art
Organisation VILLE D’ARRAS
ÉTABLISSEMENT PUBLIC DU CHÂTEAU,
RÉGION HAUTS-DE-FRANCE
DU MUSÉE ET DU DOMAINE NATIONAL DE VERSAILLES
Fabrice Bailleul Directeur général des services Christophe Serieys Directeur général adjoint des services Léa Baron Directrice du département Culture et Attractivité MUSÉE DES BEAUX-ARTS
Mélanie Lerat Directrice adjointe Allyson Roux Chef de projet, partenariat Versailles à Arras
Laurent Salomé Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon Denis Verdier-Magneau Directeur du développement culturel Silvia Roman Chef du service des expositions Claire Bonnotte, César Scalassara, Émilie Neau, Camille Lanciaux
Franck Milon Directeur adjoint en charge des projets d’initiative régionale, direction de l’Attractivité Daniel Feugas Chef de projet, direction de l’Attractivité
Laura Dubosc Chef de projet, partenariat Versailles à Arras Florence Cailliéret, Mélanie Rivault Régisseurs, et la participation de l’équipe des installateurs
Coordination VILLE D’ARRAS
ÉTABLISSEMENT PUBLIC DU CHÂTEAU,
RÉGION HAUTS-DE-FRANCE
DU MUSÉE ET DU DOMAINE NATIONAL DE VERSAILLES
Grégoire Catry Directeur de cabinet du maire
Olivier Josse Directeur des relations extérieures
Aleksandra Gaiffe Directeur général adjoint du pôle Rayonnement et service à la population
Avec la collaboration des services de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, ainsi qu’avec celle des services de la Ville d’Arras et des services de la Région Hauts-de-France. Cette exposition a bénéficié du mécénat du Crédit Agricole Nord de France et de Suez. MÉCÈNE PRINCIPAL
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Comité d’honneur Françoise Nyssen Ministre de la Culture et de la Communication Vincent Berjot Directeur général des Patrimoines Marie-Christine Labourdette Directrice des Musées de France
VILLE D’ARRAS
ÉTABLISSEMENT PUBLIC DU CHÂTEAU,
RÉGION HAUTS-DE-FRANCE
DU MUSÉE ET DU DOMAINE NATIONAL DE VERSAILLES
Frédéric Leturque Maire d’Arras Alexandre Malfait Adjoint au maire en charge de la culture et de l’attractivité du territoire Matthieu Lamoril Adjoint au maire en charge du patrimoine culturel, historique et immatériel
Catherine Pégard Présidente de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles Laurent Salomé Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Xavier Bertrand Président de la Région Hauts-de-France François Decoster Vice-président de la Région Hauts-de-France en charge de la culture
Thierry Gausseron Administrateur général de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles
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Le Crédit Agricole Nord de France, mécène principal de l’exposition Première banque du Nord et du Pas-de-Calais, le Crédit Agricole Nord de France se réjouit d’accueillir sur son territoire deux des plus beaux symboles de la culture française : le Louvre à Lens et Versailles à Arras. Convaincue du potentiel structurant de ces démarches de démocratisation culturelle, notre Caisse régionale a choisi de s’engager dès la première heure, auprès de la Région, dans chacun de ces projets de décentralisation culturelle. Partenaire de l’exposition Roulez carrosses ! en 2012, puis de l’exposition Le château de Versailles en cent chefs-d’œuvre en 2014, nous sommes fiers d’apporter notre soutien à ce troisième épisode de la collaboration décennale entre la Région, la Ville d’Arras et le château de Versailles. Cette exposition donnera à voir, dans le magnifique cadre de l’abbaye Saint-Vaast, l’une des pages les plus fascinantes de l’histoire de France, qui s’est aussi écrite à Versailles. Elle mettra surtout en images pour tous les publics des noms prestigieux qui émaillent nos rues et les livres d’histoire : Arcole, Montebello, Austerlitz, Iéna pour les pages les plus glorieuses… Nous y verrons aussi les traces du passage de l’Empereur dans notre région. Nul doute que cette exposition attirera un large public à Arras. Nous sommes fiers de contribuer par notre soutien à sa réalisation et à son ouverture au plus grand nombre, complétant ainsi les actions constantes auprès des musées et des initiatives culturelles de notre territoire portées par notre Banque et par notre Fondation d’entreprise. Nous sommes certains que cette exposition suscitera un vaste engouement auprès des admirateurs de Napoléon Bonaparte, nous sommes également convaincus que l’Empereur exercera une réelle fascination sur ceux qui le découvriront davantage…
François Macé Directeur général
Bernard Pacory Président
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REMERCIEMENTS Acknowledgements
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Cette exposition a bénéficié du soutien des institutions suivantes : Arras, office du tourisme Lens, musée du Louvre-Lens Malmaison, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau Paris, musée de l’Armée Paris, musée du Louvre Paris, Mobilier national
VILLE D’ARRAS
ÉTABLISSEMENT PUBLIC DU CHÂTEAU, DU MUSÉE ET DU DOMAINE NATIONAL DE VERSAILLES
Françoise Avignon, Maggy Bilde, Stéphane Derancourt, Virginie Dewisme, Bruno Dubuche, Marie Fouré, Sandrine Mesotten, Jean-Claude Verdin et l’ensemble des services Régie des œuvres, Médiation, Accueil, Surveillance et Entretien du musée des beaux-arts Léa Baron, Fabien Cousin, Martin Delcambre, Jean Favre, Ophélie Hugot, Xavier Van Rechem, Laurent Wiart et l’ensemble des équipes de la direction Culture et Attractivité Vanessa Domont et l’équipe du service Protocole Anthony Blondeau, Amélie Terlat et l’équipe de la direction de la Communication Marie Christine Delepine, Mohamed Sellani et l’ensemble des équipes de la direction Vitalité et Cohésion sociale Christian Delannay et l’ensemble des équipes du service Tranquillité publique Aurore Cauuet, Florence Denys et l’ensemble des équipes du département Ressources humaines et Moyens généraux Jean-Michel Zupan, Cyril Kulawik, Mahieddine Lattar, Julien Mombelli, David Denis et l’ensemble des équipes de la direction des Services techniques Serge Policante et l’ensemble des équipes du service Développement commercial Christine Strobbe, Christelle Lebrun, Meryll Hefti et l’ensemble des équipes des services Finances, Marchés publics et Informatique double page précédente cat. 9 (détail)
Natacha Akin, Lionel Arsac, Pierre Aziza, Valérie Bajou, Nathalie Bastière, Jérémie Benoît, Romain Beretti, LouisSamuel Berger, Morgane Bertho, Marie-Alice Beziaud, Géraldine Bidault, Céline Blondel, Éléonore Boscassi, Roland Bossard, Mathilde Brunel, Marion Buxtorf, Yves Carlier, Élisabeth Caude, Laure ChedalAnglay, Philippe Cuciniello, Hélène Dalifard, Olivier Delahaye, Christine Desgrez, Delphine Dubois, Virginie Estève, Handy Fernandez, Luis Fernandez, Gwenola Firmin, Danilo Forleo, Sébastien Forst, Christophe Fouin, Iona Gabriel, Violaine Garcia, Thomas Garnier, Aurélie GevreyDubois, Vanessa Godebout, Jacqueline Goncalves, Agnès Grelier, PierreXavier Hans, Jean-Philippe Harriague, Jean-Philippe Julien, Maïté Labat, Marie-Laëtitia Lachèvre, Thierry Lamouroux, Jérôme Lebouc, Mathias Le Galic, Jérémie Le Guillou, Anne-Laïs Lemarchand, Pierre-Yves Le Nir, Fanny Lesèche, Ariane de Lestrange, Carine Lopez, Karine McGrath, Élisabeth Maisonnier, Éric Manoncourt, Raphaël Masson, Alexandre Maral, Elsa Martin, Marylène Mercier, Éric de Meyer, Christian Milet, Sylvain Molfessis, Constance Nemitz, Isabelle Noël, Marc Nolibé, Agnès Ollier, Damien Peron, Marie-Laure de Rochebrune, Bertrand Rondot, Béatrice Sarrazin, Béatrix Saule, Didier Saulnier, Mélissa Schitt, Violaine Solari, Aurore Tisserand, Delphine Valmalle, Noémie Wansart, Thierry Webley, Sébastien Zimmerman L’Établissement public de Versailles tient à remercier plus particulièrement Sébastien Allard, le général Christian Baptiste, Hervé Barbaret, Rémy Brazet, Jean-Jacques Gautier, David Guillet, Julien Huet, Sophie Jugie,
Amaury Lefébure, Jean-Luc Martinez, Christiane Naffah-Bayle, Thibault de Noblet, Émilie Robbe, Jean-Pierre Samoyault, Grégory Spourdos ainsi que les restaurateurs qui ont travaillé sur les œuvres présentées ces dernières années : Brigitte Arbus, Quentin Arguillère, Béatrice Beillard, Bertrand Bedel de Buzareingues, Marie Bégué, Xavier Beugnot, Angélique Bigolet, Guillaume Bouchayer, Chantal Bureau, Christian Châtellier, Isabelle Chochod, Lydiane Chomienne, Cécile des Cloizeaux, Nelly Cochet, Sarah Destrez, Sophie Deyrolle, Marielle Doyon-Crimail, Dalila Druesnes, Ève Froidevaux, Cécile Gouton-Dellac, Lucia Guirguis, JeanFrançois Hulot, Luc Hurter, Emmanuel Joyerot, Marie-Ange Laudet-Kraft, Marie de Lauzon, Alix Laveau, Yves Lutet, Stéphanie Martin, Frédérique Maurier, Alice Mohen, Laurence Mugniot, David Prot, Amaël RivoalMourelot, Sabine Ruault-Paillard, Jean-Pascal Viala, France de ViguerieChâtellier, Colombe Watine-Durel RÉGION HAUTS-DE-FRANCE
Les équipes de la direction de la Communication et des Relations publiques : Pierre-Yves Hurtevent, Guillaume Krizek, Laurence Happe, Pierre Durteste, Catherine Lamaire, David Tabary, Sonia Grasset, Françoise Rouhier-Bonnelye, Loïc Marteau, Fanny de Rekeneire, Zineb Banneux, Peggy Collette, Sébastien Voisin, Christine Bué, Emmanuelle Cabille, Frédéric Renar, David Descatoire Les équipes de la direction des Moyens généraux : Éric Benisti, Nathalie Flament, Rémy Pierre, Christophe Dupont, Valérie Deporcq, Armand Vervacke
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PRÉFACES Prefaces
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Napoléon prend ses quartiers à Arras et les visiteurs des Hauts-de-France et d’ailleurs vont avoir tout le loisir, pendant ces treize mois d’une exposition exceptionnelle, de le voir sous un jour nouveau, loin des livres d’histoire qui retracent son épopée. Peintures, sculptures, mobilier et objets d’art d’époque nous content Bonaparte et Napoléon, l’une des grandes figures de l’histoire de France. C’est une chance pour notre région d’accueillir ces collections et une chance pour le public d’être invité à les découvrir. Tout cela est rendu possible grâce à notre partenariat avec le château de Versailles et la Ville d’Arras, qui fêtent cet automne leur troisième collaboration avec les Hauts-de-France, après deux expositions qui ont eu un fort retentissement dans notre région. Gageons que Napoléon connaîtra le même succès et plus encore. Les collaborations décentralisées amorcées avec « Versailles à Arras » ont révolutionné à leur façon l’accès à la culture : les œuvres se déplacent dans les territoires, se rapprochent des habitants. Il n’y a pour ainsi dire plus de distance et des collections rares qui ne pouvaient être admirées qu’à Versailles viennent jusqu’à nos publics. Les œuvres ne sont plus « sanctuarisées » dans un seul lieu, un seul musée, elles circulent et les émotions qu’elles suscitent n’en sont que plus intenses. Au-delà d’un partenariat, c’est un dialogue qui s’est engagé entre les territoires, les musées, les acteurs culturels et le public. Ce dialogue, nous avons souhaité l’amplifier et lui donner des échos partout dans les Hauts-de-France, à travers les projets « Hors les murs » et « Résonance ». La Région a impliqué tous les acteurs dans cette exposition ambitieuse afin qu’ils puissent s’inscrire dans son sillage. Avec « Hors les murs », le parcours du visiteur ne s’arrête pas à Arras mais se prolonge dans d’autres musées de la région, entretenant un lien et un dialogue ô combien nécessaires. Avec « Résonance », projet fédérateur et participatif, nous avons souhaité libérer toutes les initiatives en invitant les acteurs à s’emparer de l’exposition Napoléon pour la faire vivre autrement et la décliner sous de multiples formes : littérature, arts numériques, cinéma, arts plastiques, danse, théâtre, gastronomie, artisanat... Les Hauts-de-France accueillent Napoléon à l’unisson, dans un élan enthousiaste et créatif. Au troisième millénaire, cette invitation culturelle est d’une étonnante modernité.
Napoleon is ‘setting up his headquarters’ in Arras, and visitors from the Hauts-de-France region and elsewhere will have the opportunity, during this exceptional thirteen-month exhibition, to see him in a completely new light—one which is very different from that in the history books that recount the Napoleonic saga. Paintings, sculptures, furniture, and objets d’art from the period tell us about Bonaparte and the Emperor Napoleon, one of the greatest figures in the history of France. Our region is very fortunate to be able to exhibit these collections, and the general public is very fortunate to be invited to discover them. All this has been made possible through our partnership with the Château de Versailles and the City of Arras, which will be celebrating their third collaboration with the Hauts-de-France Region, after two exhibitions that generated great interest in our region. We hope that the Napoleon exhibition will achieve the same—and possibly even greater—success. The decentralised collaborations initiated by the ‘Versailles at Arras’ partnership have in their own way revolutionised access to culture: the works are made accessible to the inhabitants in the various regions. To all intents and purposes, this new access removes the notion of distance, and rare collections, which can only be viewed at Versailles, are made available to the general public. The works are no longer ‘restricted’ to a
Xavier Bertrand Président de la Région Hauts-de-France
François Decoster Vice President, responsible for culture
particular place or museum—they circulate, and the emotions generated by them are all the more intense. More than just a partnership, we have initiated a dialogue among the regions, the museums, the cultural actors, and the general public. We wished to maximise this dialogue and extend it throughout the Hauts-de-France region, via the ‘Hors les Murs’ and ‘Résonance’ projects. The Region has brought all its various cultural actors into this ambitious project, in order to enable them to follow in its footsteps. In the ‘Hors les Murs’ project, the visitor’s itinerary does not end in Arras but is extended to other museums in the region, maintaining a much-needed link and dialogue between them. In the unifying and participative ‘Résonance’ project, we wanted to use the full potential of these initiatives by inviting the cultural actors to become involved in the Napoleon exhibition to create an innovative and multifaceted exhibition incorporating literature, digital arts, the cinema, plastic arts, dance, theatre, gastronomy, arts and crafts, and so on. The Hauts-deFrance region is pulling together to host the Napoleon exhibition, in a spirit of enthusiasm and creativity. In this third millennium, this is an incredibly modern cultural invitation.
Xavier Bertrand President of the Hauts-de-France Region
François Decoster Vice-président en charge de la culture
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En 2012, un fabuleux cortège de carrosses sortait pour la première fois de Versailles. Cette procession inaugurait une série d’échanges féconds et pérennes entre l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, la Ville d’Arras et la Région Hauts-de-France. Ces objets magnifiques arrivèrent jusqu’aux portes des Arrageois, où ils attirèrent un public nombreux, venu du monde entier pour les contempler. Ce fut ensuite le château de Versailles, demeure des rois de France, qui, transposé au palais Saint-Vaast, se donna à voir sous toutes ses facettes en apportant avec lui ses richesses les plus précieuses. Cette fois-là aussi le public répondit présent. Aujourd’hui, un personnage emblématique de l’histoire mondiale, Napoléon, prend ses quartiers à Arras. Deux cents ans après avoir rattaché l’abbaye à la commune et donné à son église le statut de cathédrale, Napoléon revient au palais Saint-Vaast. À cette époque, l’Empereur confiait au maire : « Dis aux habitants d’Arras que je suis satisfait des sentiments que je leur ai vus. » En tant que maire d’Arras, je veux redire aujourd’hui la joie des Arrageois de voir cet hôte d’exception séjourner de nouveau dans notre ville. Grâce à sa présence au sein de cette magnifique exposition, la ville ne pourra que rayonner davantage, conformément à une dynamique culturelle qu’elle veut forte et qui est une part importante de son identité. Je suis très heureux de constater que les fondements du partenariat « Versailles à Arras » sont à nouveau réaffirmés. En parcourant les différentes salles où sera présentée la première collection au monde consacrée à Napoléon – celle du château de Versailles –, un public large et divers pourra marcher sur les traces de cette grande figure de notre histoire, du général Bonaparte à l’empereur déchu en passant par le personnage légendaire qui hante notre imaginaire collectif, et comprendre ainsi ce qui a fait de lui l’icône que nous connaissons tous. Ce sera aussi l’occasion de découvrir une autre facette de Versailles et d’admirer un ensemble d’œuvres de premier plan, peu visibles du grand public, et qui voyagent pour la première fois dans ces proportions. C’est pourquoi je tiens à adresser mes plus chaleureux remerciements à Catherine Pégard, à Frédéric Lacaille et à toutes les équipes de Versailles ainsi qu’à Xavier Bertrand, François Decoster et l’ensemble de la Région Hauts-de-France. Nous ne pouvons que nous féliciter de la qualité et de la réussite du partenariat qui nous unit.
In 2012, a wonderful procession of carriages made its way from Versailles for the first time. The procession inaugurated a series of fruitful and long-term projects among the Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles; the City of Arras; and the Hauts-de-France Region. These magnificent carriages eventually reached Arras, where they attracted a large crowd of people who had come from all over the world to see them. Transposed to the Palais Saint-Vaast, every facet of the Château de Versailles—the residence of the kings of France—was subsequently presented with its most valuable works. The exhibition also attracted large numbers of visitors. Napoleon, an emblematic figure in world history, is ‘setting up his headquarters’ in Arras. Two hundred years after making the abbey the property of the city and turning its church into a cathedral, Napoleon is returning to the Palais Saint-Vaast. At one time, the Emperor said to the mayor: ‘Tell the inhabitants of Arras that I am very pleased with their enthusiastic welcome.’ As the mayor of Arras, I would like to reaffirm that the inhabitants of Arras are very happy that this exceptional guest will be staying once again. Thanks to his presence in this wonderful exhibition, the city can only promote itself further, in accordance with the much-desired, strong cultural dynamic that is an important part of its identity. I am pleased to see that the foundations of the ‘Versailles at Arras’ partnership have been reaffirmed. As the wide-ranging and diverse public walks around the various rooms containing the largest collection in the world devoted to Napoleon, that of the Château de Versailles, they will be able to follow in the footsteps of this great figure in our history—from General Bonaparte to the fallen emperor and the legendary figure who is part of our collective imagination—and thereby understand what has made him into the icon whom we all know so well. It will also be an opportunity to discover another facet of Versailles and to admire a collection of major works which are little known to the general public and which are travelling in such large numbers to another venue for the first time. This is why I would like to express my heartfelt thanks to Catherine Pégard, Frédéric Lacaille, and all the staff at Versailles, and Xavier Bertrand, François Decoster, and the entire Hauts-de-France Region. We can only congratulate ourselves on the quality and success of the partnership that has brought us together.
Frédéric Leturque Mayor of Arras
Frédéric Leturque Maire d’Arras
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Napoléon à Versailles ? L’écrasante figure de Louis XIV et le souvenir iconique de Marie-Antoinette semblent l’avoir éclipsé. L’Empereur entretient pourtant un lien étroit avec le « château des rois », qui conserve la plus belle collection napoléonienne au monde. S’il renonce à s’installer au château de Versailles, encore marqué par les récents épisodes de la Révolution et dont les aménagements seraient trop dispendieux, il en atteste la grandeur en y recevant le pape un mois après son sacre et s’attache à la préserver, achetant des terres pour reconstituer le domaine, dont il contribue à maintenir l’intégrité. À la manière de ses prédécesseurs, il s’attache à garder au Grand Trianon son caractère intime et en fait le décor de sa nouvelle vie avec Marie-Louise, nièce de Marie-Antoinette. Versailles participe donc de cette légende napoléonienne que Louis-Philippe s’emploie à illustrer dans les Galeries historiques. C’est ce pan méconnu d’une double épopée – celle de Bonaparte et celle du château de Versailles – que Frédéric Lacaille, commissaire de l’exposition, éclaire à travers plus de cent chefs-d’œuvre souvent ignorés de nos collections. Nous sommes heureux de pouvoir présenter cette autre image de Versailles au musée des beaux-arts d’Arras, dans le cadre du partenariat qui nous lie à la Ville et à la Région des Hauts-de-France. Ce choix illustre notre conception partagée d’une décentralisation culturelle qui s’affirme exemplaire depuis 2011. Le musée des beaux-arts est devenu, après les salles dédiées au château de Versailles et au Grand Trianon, un nouveau lieu d’exposition pour nos collections. Il nous permet de les montrer au monde au-delà de leur succès en ces terres
What is the connection between Napoleon and Versailles? He appears to have been eclipsed by the overwhelming figure of Louis XIV and the iconic memory of Marie-Antoinette. Yet, the Emperor is closely connected with the ‘Château of the Kings’, which houses one of the finest Napoleonic collections in the world. Although he chose not to move into the Château de Versailles, which was still marked by the recent episodes of the Revolution and whose refurbishment would have been too expensive, he underlined its grandeur by receiving the Pope there one month after his coronation and committed himself to preserving it, by acquiring land to reconstitute the estate, thereby maintaining its integrity. Like his predecessors, he ensured that the Grand Trianon maintained its intimate character, and it was here that he lived with his consort Marie-Louise, Marie-Antoinette’s niece. Hence, Versailles is part of the Napoleonic legend that Louis-Philippe dedicated himself to recounting in his History Galleries. Frédéric Lacaille, the exhibition curator, focuses on this little-known period—the dual saga of Bonaparte and the Château de Versailles—in his analysis of more than one hundred masterpieces in our collections that are often overlooked. We are delighted to be able to present another image of Versailles in the Musée des Beaux-Arts in Arras, as part of our partnership with the City of Arras and the Hauts-de-France Region. This event attests to our shared conception of cultural decentralisation that has been exemplary since 2011. With the rooms dedicated to the Château de Versailles and the Grand Trianon, the Musée des Beaux-Arts has become a new exhibition venue for our collections. It will enable us to display them to a general public that extends well beyond the region of Arras. The first event, in which our carriages—which are amongst the finest in Europe—were presented, led us to restore the gallery of the Great Stables, which houses them today, a new ‘museum’ that opened in 2016. And the second event, dedicated
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arrageoises. La première, qui présentait nos carrosses, parmi les plus beaux d’Europe, nous a conduits à restaurer la galerie de la Grande Écurie qui les rassemble aujourd’hui, nouveau « musée » ouvert en 2016. La deuxième, consacrée aux chefs-d’œuvre de Versailles, a séduit les Australiens, venus retrouver dans les commémorations du centenaire des combats de 1914-1918 la terre du Nord à laquelle la Première Guerre mondiale les a tragiquement liés. Pour la première fois, en 2016, l’Australie a accueilli à Canberra cette grande exposition versaillaise. Je ne doute pas que cette nouvelle exposition, Napoléon, images de la légende, voyagera à son tour. À l’issue des différentes célébrations du bicentenaire de Napoléon, Arras devient en automne 2017 le rendez-vous des fidèles de l’Empereur comme de ceux qui vont découvrir la première collection publique rassemblée sur son nom. Mes remerciements vont à Frédéric Lacaille, conservateur des peintures du XIXe siècle au château de Versailles, à MarieLys Marguerite, directrice du musée des beaux-arts d’Arras, et aux équipes des deux musées pour leur collaboration étroite qui fonde la réussite de notre partenariat. Je veux remercier le maire d’Arras, Frédéric Leturque, pour son engagement sans faille qui en fait la force. Je tiens à dire ma gratitude au président de la Région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui, après Daniel Percheron, a voulu faire de ce lien original une priorité.
to the masterpieces in Versailles, was visited by many Australians, who had come to celebrate the commemorations of the First World War of 1914–1918, in which their ancestors had fought and tragically perished in the North of France. For the first time, in 2016, Australia hosted this major Versailles exhibition in Canberra. I am convinced that this new exhibition, Napoleon: Images of the Napoleonic Legend, will also travel abroad. After the various events celebrating the bicentenary of Napoleon, Arras will become—in the autumn of 2017—the focal point for the connoisseurs of the Emperor, along with all those who will discover the first and foremost public collection dedicated to his memory. I would like to express my deepest gratitude to Frédéric Lacaille, Curator of Nineteenth-Century Paintings at the Château de Versailles; MarieLys Marguerite, Director of the Musée des Beaux-Arts in Arras; and the staff of both museums for their close collaboration, which has led to the success of our partnership. I would like to thank the mayor of Arras, Frédéric Leturque, for his unfailing commitment and enthusiasm. I would also like to express my gratitude to the President of the Hautsde-France Region, Xavier Bertrand, who, along with Daniel Percheron, decided to prioritise this original partnership.
Catherine Pégard President of the Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles
Catherine Pégard Présidente de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles
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AUTEURS Authors
Sous la direction éditoriale de Frédéric Lacaille et Marie-Lys Marguerite Lionel Arsac ( L . A .) Conservateur du patrimoine, département des Sculptures Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon Vincent Bastien (V. B.) Docteur en histoire de l’art Jérémie Benoît ( J. B.) Conservateur en chef du patrimoine, chargé des châteaux de Trianon Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon Frédéric Lacaille (F. L .) Conservateur en chef du patrimoine, chargé des peintures du XIX e siècle Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon Alexandre Maral (A . M.) Conservateur général du patrimoine, chef du département des Sculptures Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon Marie-Lys Marguerite (M.-L . M.) Conservateur du patrimoine, directrice du musée des beaux-arts d’Arras Jean Tulard ( J. T.) Membre de l’Institut
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SOMMAIRE Contents AVANT-PROPOS 24 FOREWORD Laurent Salomé, directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
NAPOLÉON ET VERSAILLES Aux origines de la légende napoléonnienne, le « Mémorial de Sainte-Hélène »
27 28
NAPOLEON AND VERSAILLES The Origins of the Napoleonic Legend, the Mémorial de Sainte-Hélène
Jean Tulard Napoléon à Trianon
33
Napoleon at Trianon
Jérémie Benoît Napoléon et Louis-Philippe : l’Empire dans les Galeries historiques de Versailles
40
Napoleon and Louis-Philippe: the Empire in the History Galleries at Versailles
Frédéric Lacaille
CATALOGUE
49
CATALOGUE
Un général dans la Révolution
50
General Bonaparte and the Revolution
Napoléon Bonaparte, Premier consul, puis empereur des Français
82
General Bonaparte: From First Consul to Emperor of the French
L’Europe impériale
120
Imperial Europe
Paris, capitale de l’Europe et des arts
168
Paris, the Artistic Capital of Europe
La chute et la légende
238
The Fall of the Emperor and the Napoleonic Legend
ANNEXES
269
ANNEXES
François Gérard – esquisses et riccordi
270
François Gérard’s Sketches and Riccordi
Chronologie sommaire
272
Chronological Summary
Choix bibliographiques
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Bibliographical References
Crédits photographiques
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Photographic Credits
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AVANT-PROPOS Foreword
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On se fait souvent une idée assez simple des rapports entre l’art et l’histoire : d’un côté les chefs-d’œuvre de l’art expliqués par leur contexte historique, de l’autre l’histoire racontée par des œuvres ou des objets qui en disent parfois plus long que les textes, pour peu que l’on soit capable d’en faire une analyse critique savante. Mais les choses sont plus complexes et cette exposition nous le fait ressentir avec force. Les images ne viennent pas s’aligner comme des illustrations en marge du fil de l’histoire. Elles en sont partie intégrante, elles surgissent comme des événements, frappent les esprits et peuvent à l’occasion orienter le cours des choses. Les artistes comme leurs commanditaires, en ce tournant du XIXe siècle, en sont bien conscients et poursuivent des objectifs précis : témoignage, exaltation, glorification, méditation, utopie. Parfois l’œuvre absorbe d’un coup toute l’intensité de son temps et s’inscrit dans la conscience collective pour les siècles à venir. C’est le cas d’au moins deux des tableaux présentés à Arras, ces emblèmes que l’on a pris l’habitude de désigner en abrégé par le lieu qu’ils évoquent : le Pont d’Arcole et le Grand-Saint-Bernard. Sans chercher à établir qui de Gros ou de David a frappé le plus fort, on peut éprouver une fascination particulière pour le premier des deux. Cette effigie du jeune général de la République qui, dès la première campagne d’Italie, a l’idée de se faire représenter dans son élan, quasiment « en temps réel », comme s’il connaissait parfaitement les suites grandioses de son aventure, est presque inexplicable. Un tel tableau vibre de tout le mystère de l’épopée napoléonienne. Mais le château de Versailles conserve bien d’autres moyens de la faire revivre, et c’est toute l’originalité de ce musée que l’on perçoit ici : outre l’extraordinaire programme orchestré par Louis-Philippe, où Napoléon occupe la première place, il y a le siège symbolique du pouvoir dont l’Empereur a bien été forcé de s’emparer, non sans difficultés. Le Grand Trianon, depuis toujours protégé des solennités, lui a offert un terrain plus ouvert. Il est devenu un haut lieu du style Empire et un témoin de ce merveilleux clin d’œil de l’histoire, l’union de l’Empereur avec la nièce de Marie-Antoinette. La présente exposition incitera sans doute à retourner voir Versailles autrement, et peut-être à se rendre jusqu’au hameau de la Reine, où l’on pourra bientôt entrer pour la première fois mais, ô surprise !, dans le décor de l’impératrice Marie-Louise… Laurent Salomé Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
The relationship between art and history is often viewed in a simplistic way: on the one hand, masterpieces of art are seen in their historical context; on the other, history is recounted through works or objects that often reveal much more than written accounts, provided that one is able to make a scholarly critical analysis of them. But the relationship between them is much more complex, and this exhibition is a powerful reminder of this. The images in this exhibition are not a series of illustrations that merely complement history: they are an integral part of history. They are events in themselves—they move us today, and have occasionally steered the course of events. Artists and patrons, at the turn of the nineteenth century, were well aware of this and pursued specific objectives: testimony, exaltation, glorification, reflection, and utopia. Sometimes a work immediately embodied all the intensity of the period and became a part of the collective consciousness for centuries to come. This is the case with at least two of the paintings exhibited in Arras—emblematic works that are commonly referred to in a shortened form by the name of the place they evoke: the Pont d’Arcole and the Grand-Saint-Bernard. Without attempting to determine whether Gros or David produced the most effective work, one may say that the first of the two works is particularly fascinating. This image of the young General of the Republic, who, in the First Italian Campaign, had the idea of having himself represented in his upward course, almost ‘in real time’, as if he knew already that he was destined for greatness, is almost inexplicable. This painting reflects all the mystery of the Napoleonic saga. But the Château de Versailles has many other ways of bringing the saga alive, and this is what makes the museum so unique: in addition to the wonderful initiatives organised by Louis-Philippe, in which Napoleon was given a prominent place, it was the symbolic seat of power that the Emperor was obliged to take possession of, albeit not without difficulty. The Grand Trianon, which had always been less solemn, gave him greater freedom. It became a major centre for the Empire style and attests to the wonderful and interesting turn of events: the Emperor’s union with Marie-Antoinette’s niece. This exhibition will undoubtedly encourage visitors to revisit Versailles and see it from a new perspective, and possibly to visit the Queen’s Hamlet, which will soon be open to the public for the first time, but—and this will be a surprise—embellished with the Empress Marie-Louise’s decor.
Laurent Salomé Director of the Musée National des Châteaux de Versailles et de Trianon
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NAPOLÉON ET
VERSAILLES Napoleon and Versailles
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AUX ORIGINES DE LA LÉGENDE NAPOLÉONIENNE LE « MÉMORIAL DE SAINTE-HÉLÈNE » The Origins of the Napoleonic Legend The Mémorial de Sainte-Hélène
Jean Tulard, de l’Institut
Lorsque Napoléon meurt, le 5 mai 1821, l’image qu’il laisse à la postérité paraît bien noire. Il a rejoint dans l’histoire universelle ses concurrents sanguinaires qui portent les noms d’Attila, Gengis Khan ou Tamerlan. Pire, il a été vaincu et ses adversaires ne cessent d’alimenter, depuis ses défaites, la légende noire qu’ils ont eux-mêmes forgée. Cette légende noire avait-elle une chance de s’imposer de façon définitive ? Peut-être, malgré ses excès. Tout change à partir de 1823, avec la parution du Mémorial de Sainte-Hélène. La mort de Napoléon avait laissé une partie de l’opinion indifférente. Pasquier observe dans ses mémoires : « L’émotion fut moins grande qu’on l’eût pu croire. » On connaît le mot de Talleyrand : « Ce n’est plus un événement, c’est une nouvelle. » Viennet note dans son journal : « L’indifférence avec laquelle la nouvelle a été reçue par une nation qui s’est prosternée auprès de ce soldat couronné est vraiment surprenante. » Avec la parution du Mémorial, Napoléon revient sur la scène publique. Ce livre a pour auteur Emmanuel de Las Cases, qui s’était porté volontaire pour accompagner Napoléon dans son exil. D’une noblesse ancienne, officier de marine avant 1789, émigré à Londres et parlant anglais (ce qui le rendra indispensable à Sainte-Hélène), il s’était rallié à l’Empire, était devenu chambellan, puis conseiller d’État aux CentJours. Il ne s’est pas illustré sur les champs de bataille mais a su s’imposer dans l’entourage de l’Empereur, car il tranche face aux trois militaires, Montholon, Bertrand et Gourgaud, qui lassent Napoléon par leurs continuelles zizanies. De plus, à l’inverse de Montholon et de Bertrand, il n’est pas accompagné de son épouse, laissée en France, mais de son jeune fils.
When Napoleon died, on 5 May 1821, the image he left for posterity was dark indeed. In world history, he had been consigned to the ranks of such bloodthirsty tyrants as Attila, Genghis Khan, and Timur. To aggravate matters, he had been vanquished and after his defeats his adversaries constantly nurtured the dark legend that they had forged. Would this dark legend persist forever? Perhaps, despite its exaggerations. Everything changed in 1823, when the Mémorial de Saint-Hélène was first published. Certain sections of society were quite indifferent to Napoleon’s death. Pasquier observed in his memoirs: ‘There was less reaction than one might have expected.’ And Talleyrand’s remark is well known: ‘It is not an event. It is an item of news.’ Viennet noted in his diary: ‘The indifference with which the news has been greeted by a nation that prostrated itself before this crowned soldier is truly surprising.’ When the Mémorial was published, the subject of Napoleon became public once again. The book was written by Emmanuel de Las Cases, who volunteered to accompany Napoleon in his exile. Born into an ancient noble family, and a naval officer prior to 1789, he had emigrated to London and learned to speak English (an essential skill on St Helena); he had rallied in support of the Empire, and had become chamberlain, and then Counsellor of State during the One Hundred Days. Although he did not distinguish himself on the battlefield, he managed to play a leading role in the Emperor’s entourage, because he stood out from the three military men—Montholon, Bertrand, and Gourgaud—whose continual discords irritated Napoleon. Furthermore, unlike Montholon and de Bertrand, he was not accompanied by his wife, who had remained in France, but rather by his young son. Was Las Cases faithful to his outlawed master purely out of loyalty? He probably already had an idea for a book inspired by his acquaintance with such a famous man. Had he not already experienced success with his historical atlas for schoolchildren and the upper classes?
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Fig. 1. Louis Joseph Narcisse Marchand, Vue de Longwood, à Sainte-Hélène (détail), gouache, 1820, Rueil-Malmaison, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau
Est-ce simplement la fidélité qui attache Las Cases à son maître proscrit ? Sans doute a-t-il déjà l’idée d’un livre que pourrait lui inspirer la fréquentation d’un homme illustre. N’a-t-il pas déjà rencontré le succès avec un atlas historique à l’usage des écoliers et des gens du monde ? Et, de fait, à peine arrivé à Longwood, va-t-il prendre des notes. Gourgaud ne cessera de dire : « Las Cases n’était venu ici que pour faire un livre. » Un élément qui pourrait être à charge contre Las Cases : la manière dont il quitte l’île. Il est accusé en effet en novembre 1816 d’entretenir une correspondance clandestine avec l’Europe. C’est qu’il a fort imprudemment confié à un mulâtre dont il utilisait les services une lettre destinée à une amie londonienne. Rien de confidentiel, mais une imprudence peut-être calculée. Arrêté et mis au secret, Las Cases demande à rentrer en France. Napoléon s’en étonne mais ne peut s’y opposer. Après une quarantaine au Cap, il regagne l’Europe. Il lui reste à récupérer ses papiers, saisis par les Anglais, et notamment le précieux journal qu’il a tenu quotidiennement et où il a recueilli récits et confidences du grand homme. Opération réussie, même s’il a été devancé par le médecin O’Meara. Le voilà en mesure de livrer un témoignage de première main sur la captivité de Napoléon. Une première édition en 1823 rencontre aussitôt un énorme succès. En 1824, une nouvelle édition paraît, corrigée, en huit volumes, que l’on s’arrache. En 1830, Las Cases
Indeed, no sooner had he arrived in Longwood than he began to take notes. Gourgaud constantly remarked: ‘Las Cases only came here to write a book.’ There was indeed something for which Las Cases could be reproached: the way he left the island. In fact, in November 1816, he was accused of maintaining a secret correspondence with Europe. He had entrusted a mulatto in his employ with a letter to a lady friend in London. The letter contained nothing confidential, but his recklessness may have been deliberate. Arrested and detained incommunicado, Las Cases requested to return to France. Napoleon was surprised but was unable to prevent it. After enduring a period of quarantine in the Cape, Las Cases travelled to Europe. He had to recuperate his papers, confiscated by the English, and particularly the precious diary in which he wrote daily and in which he had noted down the great man’s accounts and revelations. This was a successful enterprise, even if Doctor O’Meara had beaten him to it. He was now in a position to write a first-hand account of Napoleon’s captivity. A first edition published in 1823 was an immediate success. In 1824, a new, revised edition was published in eight volumes, and it was highly popular. In 1830, Las Cases published a popular edition in twenty volumes. This was followed five years later by a luxury edition in two large-format volumes with portraits and vignettes. In 1842, the Mémorial was published in one hundred and twenty-six issues, and illustrated by Charlet with five hundred vignettes, twenty-nine reprints of major themes engraved on wood and printed on china, and two maps. Now Napoleon’s image was idealised.
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NAPOLÉON À TRIANON Napoleon at Trianon
Jérémie Benoît
« L’Empereur aimait la campagne et l’hiver des Tuileries lui paraissait long… Le mois de mars s’achevait rarement sans un voyage à Malmaison, du moins tant que l’union avec Joséphine a duré », écrit le baron Fain, dernier secrétaire de Napoléon, dans ses mémoires. Or, le 15 décembre 1809, le souverain ayant divorcé de sa première épouse et lui ayant laissé son château, il fut forcé de choisir une autre demeure de campagne, aussi proche de Paris. Les châteaux de Rambouillet ou de Fontainebleau gardaient un caractère trop officiel, et son choix se porta tout naturellement vers les deux châteaux de Trianon, résidences qui offraient un raffinement correspondant au mariage prestigieux qu’il envisageait désormais pour assurer sa succession. Le mariage avec l’archiduchesse Marie-Louise, petite-nièce de la reine Marie-Antoinette, accéléra en 1810 le remeublement des deux châteaux, ainsi que du hameau de la Reine, commencé l’année précédente. Napoléon avait visité les châteaux de Trianon dès mars 1805 et décidé alors de s’y installer avec sa famille. Le Petit Trianon fut octroyé à sa sœur préférée, Pauline Borghèse, qui se plut en ces lieux, tandis que l’impératrice Joséphine et lui-même devaient occuper les appartements de l’aile droite du Grand Trianon, l’aile gauche devant être réservée à sa mère, Letizia Ramolino. Or celle-ci, après s’être rendue sur place en mai, refusa de loger dans le palais, estimant qu’il n’offrait pas les commodités nécessaires. L’Empereur, agacé, lui répondit « qu’on n’habite pas un palais comme une petite maison », mais rien n’y fit, et Madame Mère refusa de s’installer à Trianon. Une somme de 300 000 francs avait été dégagée pour les travaux et l’ameublement, et l’architecte de Versailles, Guillaume Trepsat, commença à remettre l’ensemble en état. Quelques meubles et objets furent aussi livrés, dont les deux châteaux
Napoleon’s last secretary, Baron Fain, wrote in his Mémoires: ‘The Emperor liked the countryside and winters in the Tuileries seemed long to him…. The month of March rarely ended without a trip to Malmaison, at least while his marriage to Joséphine lasted.’ However, since the Emperor had divorced his first wife on 15 December 1809 and left her his château, he had been obliged to live in another country residence also close to Paris. The châteaux of Rambouillet and Fontainebleau were much too formal, so he quite naturally chose the two Trianon châteaux—residences which provided a level of sophistication that corresponded with the prestigious marriage that he was now planning in order to ensure his succession. His marriage with the Archduchess Marie-Louise, Queen Marie-Antoinette’s great-niece, accelerated the refurbishment of the two châteaux in 1810, and that of the Queen’s Hamlet, which had begun the previous year. Napoleon had visited the Trianon châteaux in March 1805 and decided to settle there with his family. He invited his favourite sister, Pauline Bonaparte, to stay at the Petit Trianon, which pleased her greatly, while he and the Empress Joséphine occupied the apartments in the right wing of the Grand Trianon, as the left wing was reserved for his mother, Letizia Ramolino. However, after visiting the residence in May, she refused to move into the palace, considering that it lacked the necessary facilities. Annoyed, the Emperor, told her ‘that one does not live in a palace in the same manner as one lives in a small house,’ but to no avail, and his mother refused to move into Trianon. A sum of 300,000 francs had been made available for the refurbishment and furnishings, and the architect at Versailles, Guillaume Trepsat, began the refurbishment of the residence. Several items of furniture and objects were also delivered, of which a certain number of elements—console tables, lighting, and chairs made by Boulard—remain in the two châteaux. But, in 1806, certain pieces of furniture were sent to Rambouillet, and Napoleon only went on a few walks with Joséphine at Trianon, without ever really moving into the residence, and went hunting on several occasions in the surrounding woods, between 1806 and 1808.
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Fig. 1. Le Grand Trianon, le Petit Trianon et leurs dépendances ; au fond à gauche, le hameau de la Reine
conservent encore un certain nombre d’éléments, consoles, feux, sièges fournis par Boulard. Mais, dès 1806, certains meubles furent envoyés à Rambouillet, et Napoléon ne fit que quelques promenades à Trianon en compagnie de Joséphine, sans jamais vraiment prendre possession des lieux, et participa à quelques chasses dans les bois environnants, entre 1806 et 1808. Pourtant, Trianon ne quittait pas ses pensées. Il envisageait toujours de s’installer au château de Versailles et avait besoin d’une résidence proche pour en suivre les travaux. C’est en 1808 que tout démarra vraiment. Cette année-là, les architectes Fontaine et Trepsat, auxquels on adjoignit bientôt Alexandre Dufour, commencèrent à réfléchir sérieusement au projet d’aménagement des Trianons. Il s’agissait de créer un appartement digne du souverain, conforme aux besoins imposés dès sa prise de pouvoir en 1800, à Malmaison. Pour ce faire, Fontaine alla jusqu’à envisager de construire une aile qui aurait doublé la galerie
However, Trianon remained in his thoughts. He still planned to move into the Château of Versailles and needed to live in a residence that was nearby to keep abreast of the refurbishment work. It was in 1808 that everything actually began to take shape. In that year, the architects Fontaine and Trepsat, who were soon joined by Alexandre Dufour, began to think seriously about the project of refurbishing the Trianon châteaux. Their aim was to create an apartment fit for the Emperor which would meet the requirements laid down when he had come to power in 1800, at Malmaison. To achieve this, Fontaine even considered building a wing that would have run alongside the gallery by enclosing the gardens and cutting off the view of the Grand Canal—a project that can be seen on a plan that was drawn up, and which, fortunately, was never implemented. Napoleon, who was very thrifty, wished to avoid any expenditure, so the projects at Versailles were not completed. At Trianon, the Emperor was simply installed in the right wing, in the former apartments of Louis XV and Madame de Pompadour. These appartments offered every possible advantage, because the Library—his Topographical Study—was located between
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NAPOLÉON ET LOUIS-PHILIPPE L’EMPIRE DANS LES GALERIES HISTORIQUES DE VERSAILLES Napoleon and Louis-Philippe: The Empire in the History Galleries at Versailles Frédéric Lacaille
Louis-Philippe et Napoléon Qu’avaient en commun Napoléon Ier, empereur des Français, et Louis-Philippe Ier, roi des Français ? C’est une question qui mérite d’être posée lorsque l’on parle de la place qui fut faite au premier par le second dans ses Galeries historiques de Versailles. Les deux hommes étaient de la même génération, nés à quatre ans d’intervalle, le premier en 1769, de moyenne noblesse corse, le second en 1773, de la branche cadette des Bourbons, premiers princes du sang. Tous deux avaient servi la Révolution avec l’enthousiasme de la jeunesse et la conviction de voir triompher les idées des Lumières, le premier dès 1789, en Corse puis en France, le second dans les armées du Nord entre 1791 et 1793. Mais alors que Bonaparte émergeait comme l’un des premiers généraux français lors du siège de Toulon, en novembre-décembre 1793, Louis-Philippe d’Orléans, duc de Chartres, qui avait combattu à Valmy et Jemmapes, et gagné là ses étoiles d’officier général, avait déjà quitté la France et sa Révolution, en avril de cette même année, suivant son général en chef, Dumouriez, suspecté de comploter contre la Convention. Jeté à l’âge de vingt ans dans une émigration forcée, il dut y oublier ses titres militaires, se cacher des émigrés de la première heure, puis se faire oublier, allant toujours plus loin en Europe, avant de gagner les États-Unis. De retour peu après Brumaire, il s’installa en Grande-Bretagne, d’où il suivit, impuissant, l’ascension de Bonaparte. Le coup d’État l’avait surpris, la proclamation de l’Empire l’indigna, l’exécution de son cousin le duc d’Enghien l’horrifia, et, dès lors, il ne cessa de manifester une opposition totale à la politique impériale, mais dans les principes, car il refusa toujours de servir dans une armée émigrée ou ennemie contre sa patrie. Il mit à profit ces deux
Louis-Philippe and Napoleon What did Napoleon I, Emperor of the French, and Louis-Philippe I, King of the French, have in common? This is a question that deserves to be raised when one considers the importance given to Napoleon in Louis-Philippe’s History Galleries at Versailles. The two men were of the same generation, born four years apart: the first was born in 1769 into a modest family of noble Tuscan ancestry, and the second was born in 1773 into a younger branch of the Bourbon family, the first princes of the blood. Both had served the Revolution with youthful enthusiasm and the belief that the ideas of the Enlightenment would flourish: Napoleon as of 1789 in Corsica and then in France, and Louis-Philippe in the Army of the North between 1791 and 1793. But, while Bonaparte emerged as one of the leading French generals during the siege of Toulon, in November–December 1793, LouisPhilippe d’Orléans, Duke de Chartres, who had fought at Valmy and Jemmapes, and received a commission as lieutenant general, had already left France when the revolutionary Terror set in, in April of the same year, joining his commander, Charles-François Dumouriez, who was suspected of plotting against the Convention. Obliged to emigrate at the age of twenty, he had to abandon his military rank, avoid those who had emigrated before him, and become unnoticed, travelling ever further in Europe; he eventually went to the United States. Returning to Europe shortly after Brumaire, he settled in Great Britain, where, powerless, he observed Bonaparte’s rise to power. The Coup d’État had taken him by surprise, the proclamation of the Empire angered him, and the execution of his cousin the Duc d’Enghien horrified him. Consequently, he continued to express his absolute opposition to the imperial regime, but only in principle, because he always refused to serve in an expatriate or enemy army against his country. He took advantage of the two decades in exile to develop his political philosophy, as he was firmly committed to returning to France one day and
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Fig. 1. Enfilade des salles de l’Empire au rez-de-chaussée de l’aile du Midi
décennies d’exil pour construire sa pensée politique, bien déterminé à proposer un jour à la France un nouveau mode de gouvernement, une monarchie parlementaire à l’anglaise, garante de la paix et de la stabilité de l’État. Lorsque enfin son destin s’accomplit et qu’il monta sur le trône, en 1830, il se mit en quête de la légitimité que la plus grande partie de l’opinion lui refusait. Outre les monarchistes légitimistes, qui ne l’acceptèrent jamais, les républicains, qu’il trahit par la mise à l’écart de leur figure tutélaire, La Fayette, Louis-Philippe porta ses plus gros efforts du côté des bonapartistes, pour la plupart fils de la Révolution. Il ne ménagea ni son temps ni les gestes d’ouverture envers les serviteurs de l’Empereur, dont certains, il est vrai, avaient contribué à son accession : maréchaux de l’Empire présents pour son intronisation, ou participant à ses gouvernements ; aides de camp, reprenant du service auprès de lui ; et jusqu’à son secrétaire, le baron Fain, puis le fils de celui-ci… Il y eut aussi des gestes symboliques liés à la mémoire impériale, mais après la mort du roi de Rome à Vienne en 1832, et alors même que le cousin germain de celui-ci, Louis-Napoléon Bonaparte, n’avait pas encore l’audience d’un chef de parti crédible. Ainsi, en 1833, on replaçait sur la colonne Vendôme une statue de l’Empereur, cette fois dans le costume du « petit caporal », une figure de bronze qui
proposing a new form of government—an English-style parliamentary monarchy, a guarantor of peace and stability for the State. When he finally fulfilled his destiny and ascended the throne, in 1830, he sought the legitimacy denied him by a significant proportion of the public. Apart from the right-wing monarchists (the Legitimists), who never approved of him, and the Republicans, whom he betrayed by excluding their symbolic figure, La Fayette, Louis-Philippe did everything he could to rally the Bonapartists, who were for the most part sons of the Revolution. He spared no time in reaching out to the Emperor’s supporters, some of whom had, in fact, contributed to his accession: Marshals of the Empire who were present at his enthronement, or who participated in his governments; aides-de-camp who then worked for him; and even his Secretary, Baron Fain, and subsequently Fain’s son. Symbolic gestures to preserve the imperial memory were also made, but only after the death of the King of Rome in Vienna in 1832, and because his first cousin, Louis-Napoleon Bonaparte, did not have the political standing of a credible party leader. Hence, in 1833, a statue of the Emperor was restored to the top of the Vendôme column, this time as the ‘Little Corporal’—a bronze figure that brought the imperial legend to the heart of Paris. Three years later, the Arc de Triomphe de l’Étoile—erected to commemorate the glory of the Grande Armée— was completed and inaugurated in Paris; and the obelisk of Luxor— given to France by Egypt as a tribute to the discovery of the land of the
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UN GÉNÉRAL DANS LA RÉVOLUTION General Bonaparte and the Revolution
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Napoléon Bonaparte à Brienne Louis Rochet (1813-1878)
1857, d’après un modèle de 1853 Bronze argenté H. 172 ; L. 55,5 ; Pr. 51,5 cm MV 5338
Ayant obtenu en 1771 la reconnaissance officielle du statut nobiliaire de sa famille, Charles Bonaparte fit en sorte que son fils Napoléon reçoive une bourse de pensionnaire du Roi dans l’un des douze collèges militaires provinciaux. Sur la réponse favorable de l’administration royale et après un passage éclair au collège d’Autun, où il apprit le français, l’enfant de dix ans fut admis à Brienne, dans l’Aube. Tenu par des religieux minimes, le collège accueillait cent dix élèves. Malgré son isolement et les moqueries à cause de son accent, le jeune Corse se montra particulièrement studieux et, en 1784, put entrer en qualité de cadet gentilhomme à la prestigieuse École militaire de Paris. Soucieux de réhabiliter, après la Restauration et la monarchie de Juillet, son glorieux oncle, Napoléon III commanda à Rochet cette œuvre illustrant une étape importante de l’épopée napoléonienne. L’Empereur, alors à Sainte-Hélène, n’avait-il pas déclaré : « Brienne est ma patrie. C’est là que j’ai ressenti les premières impressions de l’homme » ? Célèbre pour ses statues monumentales de personnages historiques, le sculpteur eut l’ambition de créer une œuvre iconique. En effet, le globe terrestre et l’exemplaire de La Vie des hommes illustres de Plutarque sont moins des allusions aux matières de prédilection qu’au destin grandiose de l’adolescent, debout, en uniforme de pensionnaire, le regard vaillamment porté au loin et la main dans le gilet, geste reconnaissable entre tous. Rochet exposa au Salon de 1853 l’original en plâtre de cette statue, dont il tira une version en bronze inaugurée à Brienne en 1859. Cette réplique en bronze argenté fut quant à elle placée au centre de la salle de l’Empire de l’éphémère musée des Souverains que Napoléon III avait fondé au Louvre. L . A.
After obtaining the official recognition of his family’s noble status in 1771, Charles Bonaparte ensured that his son Napoleon become a pensionnaire of the King in one of the twelve provincial military academies. After a favourable response from the royal administration and briefly attending the school at Autun, where he learned French, the ten-year-old child was accepted at Brienne, in the Aube. Run by the Minimes, the academy catered to one hundred and ten pupils. Despite his isolation and the mockery he suffered because of his accent, the young Corsican applied himself to his studies and, in 1784, entered the prestigious École Militaire de Paris as a cadet gentleman. Out of a desire to rehabilitate his glorious uncle—after the Restoration and the July Monarchy—Napoleon III commissioned Rochet to create this work, which illustrates an important step in the Napoleonic epic. The Emperor, on the island of St Helena at the time, had declared: ‘In my mind, Brienne is my country. It was there I felt the first impressions of being a man.’ Famous for his monumental statues of historic figures, the sculptor wanted to create an iconic work. Indeed, the globe and the copy of Plutarch’s Lives of Illustrious Men are less allusions to Napoleon’s favourite subjects than to the grandiose destiny of the teenager, standing in his pensionnaire’s uniform, gazing valiantly into the distance, with his hand inserted in his jacket—an instantly recognisable gesture. In the Salon of 1853 Rochet exhibited the plaster original of this statue, from which he cast a bronze version that was inaugurated in Brienne in 1859. This silver-plated bronze replica was placed in the centre of the Empire Room in the temporary Musée des Souverains that Napoleon III had established in the Louvre. L . A .
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Charles Bonaparte (1746-1785) Anne Louis Girodet (1767-1824) 1805 Huile sur toile H. 219,5 ; L. 138,5 cm MV 4557
Partisan convaincu de Paoli, Charles Bonaparte fit les campagnes de 1768 et 1769 à ses côtés contre les Français, mais passa dans leur camp après la bataille de Ponte-Novo. Marié depuis 1764 à Letizia Ramolino, il regagna alors sa ville natale d’Ajaccio juste avant la naissance de son second fils, Napoléon. Avocat en 1769, puis assesseur à la juridiction royale de la ville, il fut reconnu noble en 1771, ce qui lui permit d’être élu député de la noblesse aux États de Corse l’année suivante et d’assurer l’avenir de ses enfants. Nommé pour faire partie de la députation chargée par la Corse d’aller présenter l’hommage de l’île au roi, il fut reçu par Louis XVI, le 10 mars 1779, et fit entrer ses deux fils aînés, Joseph et Napoléon, à Autun et Brienne. À son retour en Corse, sa maison devint l’un des rendez-vous de la société de l’île et du parti français. Il fit un nouveau voyage à Paris, avec son épouse, en 1782, et repartit deux ans plus tard, mais ne put pas dépasser le Midi, en raison de son état de santé, et mourut à Montpellier en février 1785. Le portrait en pied « de feu M. Bonaparte, père de S. M. l’Empereur », fut présenté par Girodet au Salon de 1804. Il le montrait devant un paysage maritime, sans doute la baie d’Ajaccio, dans le costume qu’il avait porté pour sa réception par le roi en 1779, l’épée au côté. « Sur une table, auprès de lui, sont placés une Histoire de France et les Hommes illustres de Plutarque, avec un rouleau non écrit, où doit être tracée un jour la vie d’un héros. » L’œuvre aurait été commandée par sa veuve d’après une miniature, et en plusieurs exemplaires pour ses enfants. L’original est perdu, mais deux exemplaires sont aujourd’hui connus, celui de Versailles, daté de 1805, qui figurait au Palais royal d’Amsterdam sous le règne de Louis Bonaparte, et celui du musée Fesch à Ajaccio, daté de 1806. F. L .
A staunch advocate of Paoli, Charles Bonaparte fought in the 1768 and 1769 campaigns at his side against the French, but changed sides after the Battle of Ponte Novu. After marrying Letizia Ramolino in 1764, he returned to his native town of Ajaccio just before the birth of his second son, Napoleon. A lawyer in 1769, then an Assessor of the Royal Jurisdiction of Ajaccio, he was officially recognised as a noble in 1771, which led to his election as Deputy of the Nobility of the States of Corsica the following year, enabling him to ensure his children’s future. Appointed as part of the deputation tasked by Corsica to present the island’s tribute to the King, he was received by Louis XVI on 10 March 1779, and had his two eldest sons, Joseph and Napoleon, accepted to the schools of Autun and Brienne. Upon his return to Corsica, his house became a social hub on the island, dedicated to the French party. He travelled to Paris once again with his wife, in 1782, and returned two years later, but was unable to travel further than the Midi, due to poor health, and died in Montpellier in February 1785. The full-length portrait of ‘the late M. Bonaparte, father of HM the Emperor’, was exhibited by Girodet at the Salon of 1804. He is represented standing before a seascape, probably representing the Bay of Ajaccio, dressed in the costume he had worn for his reception by the King in 1779, with a sword hanging at his side. ‘On a table, next to him, are placed a Histoire de France and Plutarch’s Lives of Illustrious Men, with blank parchment leaves, which, one day, would recount the life of a hero.’ The work was believed to have been commissioned by his widow based on a miniature, and several copies were made for his children. The original has vanished, but two copies have survived, that of Versailles, dating from 1805, which was in the Royal Palace in Amsterdam during the reign of Louis Bonaparte, and the copy in the Musée Fesch in Ajaccio, dating from 1806. F.L .
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Le Général Bonaparte à Arcole
Antoine Jean Gros (1770-1835) 1796 Huile sur toile H. 130 ; L. 94 cm RF 271, MV 6314 Dépôt du département des Peintures du musée du Louvre, 1938
Parti pour l’Italie en 1793, en pleine tourmente, Antoine Jean Gros s’installa à Florence, puis à Gênes, où il vécut de ses portraits, protégé par un groupe de personnalités influentes, italiennes et françaises. Il rencontra là, en novembre 1796, Joséphine Bonaparte, l’épouse du général, et la suivit à Milan « dans la seule espérance de parvenir à faire le portrait du général dont la gloire et les détails [qu’on] donnait de sa physionomie ne faisaient qu’irriter ce désir ». La rencontre eut lieu au palais Serbelloni, où résidait Bonaparte, qui posa pour un dessin dont le jeune artiste tira ce fameux portrait. Terminé en février 1797, il représente le général Bonaparte au combat d’Arcole, le 15 novembre 1796. Si la légende veut que Bonaparte ait chargé, à la tête de ses troupes et le drapeau à la main, sur le pont, sous le feu de l’ennemi, on sait qu’il en fut autrement, qu’il fut repoussé et tomba du pont dans la rivière, dont il ne fut sauvé que grâce à la présence d’esprit de ses proches. Il lui fallut trois jours pour venir à bout de la résistance autrichienne. Malgré sa facture très libre et le sentiment de modernité qui s’en dégage, l’œuvre s’inspire beaucoup des portraits de généraux au combat des siècles précédents. L’énergie de la pose et le regard farouche du général l’en distinguent cependant et fixent, dès sa première campagne et pour longtemps, l’image du héros invincible. Exposé au Salon de 1801 et très vite gravé, le tableau connut une célébrité précoce. Passé du Premier consul à l’empereur Napoléon III, il fut donné par l’impératrice Eugénie au musée du Louvre en 1879, puis déposé par celui-ci à Versailles. Deux répliques d’atelier commandées par Joséphine de Beauharnais pour ses enfants sont conservées, l’une au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, l’autre au Napoleonmuseum à Arenenberg, en Suisse. F. L.
Having departed for Italy—which was in complete turmoil—in 1793, Antoine Jean Gros moved to Florence, and settled in Genoa, where he earned a living from his portraits, protected by an influential group of Italian and French figures. Here, in November 1796, he met Joséphine Bonaparte, the general’s wife, and followed her to Milan ‘with the sole hope of being able to paint the portrait of the general, whose glory and the details given [...] of his physiognomy only excited more this wish.’ The encounter took place in the Serbelloni Palace, where Bonaparte was living, and he posed for a drawing on which the young artist based this famous portrait. Completed in February 1797, it represents General Bonaparte fighting at Arcole, on 15 November 1796. Although the legend recounts that Bonaparte, holding the flag, charged at the head of his troops on the bridge under enemy fire, this was not the case: he was in fact forced back and fell from the bridge into the river, and he was only saved due to the quick reactions of his friends. It took him three days to overcome the Austrian resistance. Despite its expressive facture and the work’s impression of modernity, it was greatly inspired by portraits of battling generals from previous centuries. However, the general’s dynamic posture and fierce gaze were unusual and established—right from the first campaign and for many years to come—the image of an invincible hero. Exhibited in the Salon of 1801 and soon represented in engravings, the picture was an immediate success. It was initially owned by the First Consul and eventually by Emperor Napoleon III, and was donated by Empress Eugénie to the Musée du Louvre in 1879; it was transferred by the latter to Versailles. Two studio replicas were commissioned by Joséphine de Beauharnais for her children: one is held in the Hermitage Museum in Saint Petersburg, and the other in the Arenenberg Napoleonmuseum in Switzerland. F.L .
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NAPOLÉON BONAPARTE, PREMIER CONSUL, PUIS EMPEREUR DES FRANÇAIS General Bonaparte: From First Consul to Emperor of the French
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LE PASSAGE DU GRAND -SAINT-BERNARD THE CROSSING OF THE GREAT ST BERNARD PASS
Le passage des Alpes par l’armée de réserve, au mois de mai 1800, alors que les montagnes étaient encore très enneigées, reste l’un des événements les plus frappants de l’épopée napoléonienne du fait de l’audace extraordinaire de l’entreprise, qui stupéfia toute l’Europe. Thévenin, qui avait déjà livré une première composition de très grandes dimensions sur ce sujet (Versailles), présentée au Salon de 1806, la reprit dans un format plus modeste deux ans plus tard, sous le titre des « apprêts du passage du Saint-Bernard ». Le tableau montre le début de l’ascension de l’armée depuis Bourg-Saint-Pierre jusqu’au col, dans une vision qui distord l’espace afin d’en montrer toute l’ampleur topographique. Au premier plan, des soldats taillent des troncs d’arbre pour y poser les fûts des canons qui seront tractés comme des traîneaux pour leur éviter de s’enfoncer dans la neige. Au second plan, le Premier consul, de dos, en habit de général, encourage les troupes pour une ascension qui s’annonce difficile. Le tableau a été commandé pour l’un des dessus-deporte de la galerie de Diane aux Tuileries, où il était placé en pendant de celui de Taunay, rare vision d’une tempête de neige dans la peinture du temps. Celui-ci montre des soldats arrêtés au milieu des sapins, devant une cabane de bûcheron, et auprès d’un feu, pour soigner l’un de leurs camarades blessé à la jambe. Peintre de paysage, Taunay n’a pu résister au désir de représenter la nature hostile des montagnes avec une poésie particulière, malgré la gravité du sujet, qui passe au second plan, dans le registre de l’anecdote. F. L.
The crossing of the Alps by the reserve army in May 1800, when the mountains were still covered with snow, remains one of the most striking events of the Napoleonic saga, because of the extraordinary audacity of the venture, which amazed the whole of Europe. Thévenin, who had already delivered an initial composition with very large dimensions about this subject (Versailles), exhibited in the Salon of 1806, recreated it in a more modest format two years later, with the title of ‘Apprêts du Passage du Saint-Bernard’. The picture illustrates the beginning of the army’s ascent from Bourg-Saint-Pierre to the pass, in a view that distorts space in order to show the vast topographic scale. In the foreground, soldiers are shaping tree trunks to house the canon barrels, which will be hauled like sleds to prevent them from sinking into the snow. In the middle ground, the First Consul, viewed from behind, in his general’s uniform, can be seen encouraging the troops to undertake a difficult ascent. The picture was commissioned for one of the overdoors in the Galerie de Diane in the Tuileries Palace, where it was hung as a pendant to the painting by Taunay—a rare portrayal of a snowstorm in a painting of the period. Taunay’s work shows a group of soldiers who have stopped in front of a logger’s cabin—and who are by a fire—among the fir trees, in order to treat one of their comrades whose leg is injured. A landscape painter, Taunay took pleasure in representing the hostile appearance of the mountains with a certain poetry, despite the gravity of the subject, which becomes secondary and anecdotal. F.L .
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L’Armée de réserve passant à Bourg-Saint-Pierre, sur le chemin du Grand-Saint-Bernard, le 20 mai 1800 Charles Thévenin (1764-1838) 1808 Huile sur toile H. 162,5 ; 118 cm MV 1694 17b
L’Armée de réserve descendant le Grand-Saint-Bernard, le 20 mai 1800 Nicolas Antoine Taunay (1755-1830) 1808 Huile sur toile H. 162 ; L. 118 cm MV 1696
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Bonaparte, Premier consul, franchissant le Grand-Saint-Bernard, le 20 mai 1800 Jacques Louis David (1748-1825) 1802 Huile sur toile H. 273 ; L. 234 cm MV 1567
Il n’y a pas d’image plus emblématique de Napoléon chef de guerre que ce célèbre portrait de David, commandé au retour de la seconde campagne d’Italie. Le modèle aurait demandé à l’artiste de le représenter « calme sur un cheval fougueux » et David y parvint d’une manière magistrale. Il fixait l’image du héros des temps modernes, ouvrant une ère nouvelle, tout en le présentant comme l’héritier des grands héros du passé, Hannibal et Charlemagne, qui avaient franchi les Alpes avant lui et dont les noms sont gravés dans le rocher à ses pieds. Il faut rappeler que le premier exemplaire de cette œuvre extrêmement célèbre a été commandé, non par son modèle, mais par le roi d’Espagne Charles IV, par l’intermédiaire de son ambassadeur à Paris, avant même la paix signée entre les deux pays (1er octobre 1800), et exécuté à la fin de 1800. Le souverain espagnol le destinait au salon des grands capitaines du Palais royal de Madrid, où il aurait rejoint des œuvres de Titien, Rubens et Vélasquez. Pris par Joseph Bonaparte à Madrid, il fut légué par son arrière-petite-fille au musée de Malmaison. Quatre autres exemplaires autographes, exécutés sur commande du Premier consul, dispersés au hasard de l’histoire, sont conservés respectivement au château de Charlottenburg à Berlin (provenant de Saint-Cloud, remis à Blücher en 1815), au Kunsthistorisches Museum de Vienne (provenant du palais de la République cisalpine à Milan, emporté en 1834), et deux à Versailles. L’un, probablement peint en 1803 et resté dans l’atelier de David, qui l’emporta à Bruxelles, fut acquis du prince Napoléon en 1979 et placé à Versailles. Celui-ci, daté au revers de l’an XI, provient de la bibliothèque de l’hôtel des Invalides, à Paris, dans laquelle il fut placé en décembre 1802. Déposé en 1816 et mis en magasin au Louvre, il fut envoyé à Versailles sous Louis-Philippe. F. L.
There is no image that is more emblematic of Napoleon as a military leader than this famous portrait by David, commissioned after the Second Italian Campaign. Napoleon asked the artist to represent him ‘quietly sitting on a fiery horse’, and David did so in a masterful fashion. The painter introduced the notion of a modern-day hero opening a new era, while representing him as the inheritor of the great heroes of the past, symbolised by the names of Hannibal and Charlemagne—engraved in the rock at his feet—who had crossed the Alps before him. It is important to note that the first version of this extremely famous work was commissioned, not by the model but by the King of Spain Charles IV, through the intermediary of his ambassador in Paris, even before the peace treaty signed between the two countries (1 October 1800), and executed at the end of 1800. The Spanish king intended it to be placed in the ‘Salon of the Great Captains’ in the Royal Palace in Madrid, where it was added to works by Titian, Rubens, and Velasquez. Taken by Joseph Bonaparte to Madrid, it was bequeathed by his great-granddaughter to the Musée de Malmaison. Four other signed copies, commissioned by the First Consul and dispersed over the course of history, are held respectively in Charlottenburg Castle in Berlin (originating from Saint-Cloud and given to Blücher in 1815), the Kunsthistorisches Museum in Vienna (originating from the palace of the Cisalpine Republic in Milan, and removed in 1834), and two in Versailles. One of them, which was probably painted in 1803 and remained in the studio of David, who took it to Brussels, was acquired from Prince Napoleon in 1979 and transferred to Versailles. This painting, dated the year XI (1803) on the reverse, came from the library in the Hôtel des Invalides, in Paris, to which it was transferred in December 1802. Deposited and stored in the Louvre in 1816, it was transferred to Versailles under Louis-Philippe. F.L .
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L’EUROPE IMPÉRIALE Imperial Europe
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Napoléon distribue des croix de la Légion d’honneur au camp de Boulogne, le 16 août 1804 Philippe-Auguste Hennequin (1762-1833) 1804-1806 Huile sur toile H. 319 ; L. 483 cm MV 1502
Élève de David, ayant obtenu le Grand Prix du Salon de 1800, Hennequin fut un républicain convaincu. Il participa au complot du Camp de Grenelle en 1796, qui suivit la conspiration des Égaux de Gracchus Babeuf, et fut emprisonné. Opposé à Bonaparte, il fut encore poursuivi lors de l’affaire de la Machine infernale en 1800, mais Denon, directeur du musée Napoléon, tenta de le rallier à la cause de l’Empereur. En juillet 1804, il partit pour le camp de Boulogne, où se formait la Grande Armée destinée à l’invasion de l’Angleterre, pour assister à la cérémonie de remise des croix de la Légion d’honneur, Denon voulant lui commander une peinture commémorative. Hennequin rappela ce voyage dans ses mémoires. Il commença le tableau sur place, mais l’acheva à Paris et le fit graver. L’œuvre, exposée au Salon, déçut les tenants du nouveau régime, qui s’attendaient à voir l’Empereur mis en valeur. Si la topographie des lieux est exacte, si l’on reconnaît bien les différents corps d’armée, Napoléon est debout sur une estrade, noyé dans la masse des participants. À ses côtés est assis le naturaliste Lacépède, grand maître du nouvel ordre de chevalerie, institué en 1802. Au premier plan, Hennequin s’est plu à placer différents types de personnages populaires, rappelant ses choix politiques. On distingue sur la mer, à droite, un épisode qui eut lieu durant la cérémonie, lorsque les navires anglais attaquèrent la flottille rassemblée à Boulogne, simple démonstration de force que Napoléon observa à la lunette. Les Anglais, inquiets des mouvements français, suscitèrent bientôt une nouvelle coalition, et l’Empereur dut porter ses soldats vers l’Europe centrale. Hennequin ne fut pas le seul artiste opposant au régime impérial, mais il fut sans doute le plus radical et dut s’exiler en Belgique en 1806, au moment où il exposait son tableau. J. B.
A pupil of David, Hennequin, who won the Grand Prix in the Salon of 1800, was a staunch Republican. In 1796, he participated in the Camp de Grenelle conspiracy, which followed Gracchus Babeuf’s Conspiracy of the Equals, and was imprisoned. Opposed to Napoleon, he was arrested for being implicated in the ‘Machine infernale’ attempt on Napoleon’s life in 1800, but Denon, director of the Musée Napoléon, attempted to rally him to the Emperor’s cause. In July 1804, he went to the encampment at Boulogne—where a great army was being trained for an invasion of England—to take part in the Légion d’Honneur awards ceremony, as Denon wished to commission a commemorative painting of the event from him. Hennequin recounted the journey in his memoirs. He began the painting in situ, but completed it in Paris and had an engraving of it made. The work, which was exhibited at the Salon, disappointed the supporters of the new regime, who were expecting to see a painting that highlighted the Emperor. Although the topography of the site is exactly depicted and the various army corps are clearly identifiable, Napoleon is standing on a podium, barely visible in the crowd of participants. At his side is seated the naturalist Lacépède, grandmaster of the new order of chivalry, founded in 1802. In the foreground, Hennequin represents various popular figures, reflecting his political leanings. On the sea, on the right, can be seen an event that took place during the ceremony: English ships attacked the fleet assembled at Boulogne—a show of force that Napoleon observed with a telescope. The English, who were concerned about the French troop movements, promptly created a new coalition, and the Emperor had to send his troops to central Europe. Hennequin was not the only artist against the imperial regime, but he was probably the most radical, and was obliged to go into exile in Belgium in 1806, when he exhibited his painting. J. B .
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Napoléon Ier recevant la soumission d’Ulm, le 20 octobre 1805 Charles Thévenin (1764-1838) 1806-1815 Huile sur toile H. 260,5 ; L. 392 cm MV 1515
Le tableau illustre l’aboutissement de la première étape de la campagne d’Allemagne de 1805, première campagne de l’Empire, contre la troisième coalition (Angleterre, Suède, Russie, Autriche). Napoléon imagina de faire marcher son armée des côtes de l’Océan, où elle était stationnée dans les camps de la Manche, de Hanovre et de Hollande dans l’attente de l’invasion de l’Angleterre, vers l’est, vers le Danube, où la menace de la coalition était la plus importante. Rebaptisée « Grande Armée », et formée de sept corps, d’une réserve de cavalerie, d’un parc d’artillerie et de la Garde impériale, soit environ deux cent mille hommes, elle se mit en marche à la fin du mois d’août, et, par un mouvement tournant de grande ampleur, vint envelopper l’armée autrichienne du Danube, à Ulm, la coupant de ses bases. Le général en chef autrichien, Mack, qui avait choisi cette ville comme base d’opérations, fut sommé de capituler le 15 octobre, mais refusa de rendre la place, dans l’espoir d’être rejoint par les Russes. Un début de bombardement le décida à capituler, et après une entrevue avec Napoléon, il signait le 20 la reddition d’Ulm : vingt-cinq mille hommes, des drapeaux, des canons, tombaient aux mains des Français. En mars 1806, Denon commanda une série de tableaux sur les « faits mémorables de la dernière campagne ». Hennequin se vit attribuer « L’armée autrichienne, prisonnière de guerre, sortant d’Ulm, défilant devant Sa Majesté, et à l’instant où elle parle aux généraux vaincus ». Mais dans une situation financière difficile et poursuivi par ses créanciers, il quitta la France et disparut. La commande passa à Thévenin, qui termina le tableau en 1815. Il choisit un point de vue élevé et une vue panoramique permettant de montrer l’ensemble de l’action, la reddition de l’armée autrichienne, dont le commandant en chef et l’état-major sont reçus par l’Empereur, au premier plan. F. L .
The painting illustrates the end of the first stage of the German Campaign of 1805, the Empire’s first campaign, against the third coalition (England, Sweden, Russia, and Austria). Napoleon decided to march his Army of the Coasts of the Ocean—it was stationed in the camps on the Channel coast, Hanover, and Holland, in preparation for the invasion of England—towards the east, the Danube, where the threat from the Coalition was the greatest. Renamed the ‘Grande Armée’, and comprising seven corps, a cavalry reserve, artillery batteries, and the Imperial Guard, consisting of around two hundred thousand men, it started to march toward the end of August and made an enormous right wheel, managing to surround the Austrian army from the Danube to Ulm, cutting off its supply routes. The Austrian General-in-Chief, Mack, who had chosen the city as his operational base, was ordered to capitulate on 15 October, but refused to concede, hoping to be joined by the Russian reinforcements. Light bombardment convinced him to capitulate and after a meeting with Napoleon, he signed the surrender of Ulm on 20 October: twenty-five thousand men, along with flags and canons, fell into the hands of the French troops. In March 1806, Denon commissioned a series of paintings to record the ‘memorable deeds of the last campaign’. Hennequin was amongst those asked to depict ‘the Austrian army, as a prisoner of war, leaving Ulm, marching before His Majesty, at the point when he addresses the defeated generals’. But, in a difficult financial situation and pursued by his creditors, he left France and disappeared. The commission was handed to Thévenin, who completed the painting in 1815. He chose to view the scene from high ground and with a panoramic view that would show the entire event—the surrender of the Austrian army, whose commander-in-chief and staff are depicted meeting the Emperor in the foreground. F. L .
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PARIS, CAPITALE DE L’EUROPE ET DES ARTS Paris: the Artistic Capital of Europe
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La Députation du Sénat romain offrant ses hommages à Napoléon Ier, le 16 novembre 1809 Innocent Louis Goubaud (1780-1847) 1807 Huile sur toile H. 209 ; L. 290 cm MV 1506
Les relations de la France de la Révolution et de l’Empire avec le pape et ses États connurent de nombreuses difficultés, tant du temps de Pie VI qu’avec son successeur en 1800, Pie VII. Malgré le Concordat de 1801, qui marquait la paix religieuse, et l’invitation de l’Empereur à bénir son sacre, Pie VII se refusait à céder à l’autorité de Napoléon. Peu à peu, celui-ci en vint à occuper une partie des États de l’Église, avant de donner l’ordre de marcher sur Rome, où les troupes françaises entrèrent le 2 février 1808. En mai suivant, il ordonna l’annexion au royaume d’Italie des provinces d’Urbino et d’Ancône, puis, le 17 mai 1809, l’annexion de Rome, tandis que le pape était arrêté et emmené comme prisonnier à Savone. Une députation de la Consulta gouvernant les États de l’Église vint à Paris présenter à l’Empereur l’« hommage de fidélité et de soumission du peuple romain ». Conduite par le prince Onesti Braschi, elle fut reçue le 16 novembre 1809, en audience solennelle, dans la salle du Trône du palais des Tuileries. Le tableau de Goubaud est le seul connu qui montre une audience impériale dans cette salle, réaménagée par Percier et Fontaine au début de l’Empire. Le décor du plafond datait du règne de Louis XIV, les murs étaient couverts des grandes tapisseries de l’Histoire d’Esther, tissées aux Gobelins dans les années 1750, d’après des cartons de Jean-François de Troy, et les torchères, commandées sous Louis XV pour la galerie des Glaces de Versailles, avaient été apportées pour l’installation de la famille royale en 1789. Seuls le trône et son baldaquin étaient neufs, commandés par l’Empereur à la maison Jacob, et le tapis à la manufacture d’Aubusson. L’Empereur, assis sur son trône, porte le petit habillement du sacre, richement brodé, tandis que les membres de sa famille et les officiers de la Cour arborent leurs uniformes de fonction. F. L .
The relations between Revolutionary France and the Empire, and the Pope and his States were fraught with difficulty, both in the days of Pius VI and in those of his successor, Pius VII, in 1800. Despite the Concordat of 1801, which established religious peace, and the Emperor’s invitation to bless his coronation, Pius VII refused to submit to Napoleon’s authority. The latter gradually occupied parts of the Church’s States, and eventually gave the order to march on Rome, which the French troops entered on 2 February 1808. The following May, he ordered the annexation of the provinces of Urbino and Ancona to the Kingdom of Italy, then, on 17 May 1809, the annexation of Rome, and the Pope was arrested and taken to Savona as a prisoner. A deputation of the Consulta that governed the Papal States came to Paris to present the Emperor with ‘the pledge of the loyalty and submission of the Roman people.’ Headed by the Prince Onesti Braschi, it was received on 16 November 1809, in a solemn audience in the Throne Room in the Tuileries Palace. Goubaud’s picture is the only one that depicts an Imperial audience in this room, which was reorganised by Percier and Fontaine at the beginning of the Empire. The ceiling decorations dated from the reign of Louis XIV, and the walls were covered in great tapestries representing the Story of Esther, woven at the Gobelins Manufactory in the 1750s, after the cartoons by Jean-François de Troy, and the torchères, commissioned by Louis XV for the Gallery of Mirrors at Versailles, had been brought with the royal family when they moved into the Palace in 1789. Only the throne and its baldaquin were new, commissioned by the Emperor from the Maison Jacob, and the carpet from the Aubusson Manufactory. The Emperor, sitting on his throne, is wearing the richly embroidered coronation costume, while the members of his family and the officers of the Court are wearing their official attire. F. L .
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Lavabo de la chambre de l’Empereur au Grand Trianon Pierre Benoît Marcion (1769-1840)
1811 Acajou, bronze doré, porcelaine de Sèvres H. 86 ; L. 52 cm GME 1457 Dépôt du Mobilier national, 1982
Depuis le Consulat, Bonaparte utilisait des lavabos, dont celui de Biennais, aux Tuileries (Louvre). Ces lavabos, toujours tripodes, étaient dérivés des athéniennes découvertes à Pompéi, alors très à la mode. En 1807, l’Empereur ayant demandé qu’on lui fabriquât une grande cuvette dont il donna lui-même le diamètre, le Garde-Meuble commanda à Marcion un piètement susceptible de la recevoir. Ce fut l’origine de ce lavabo impérial, quadripode, dont les deux premiers exemplaires furent livrés en 1807 pour Rambouillet et Fontainebleau. Définitivement adopté par Napoléon, qui aimait à retrouver les mêmes meubles dans tous les appartements de ses palais, le lavabo fut alors livré aussi pour Saint-Cloud (1808), le Grand Trianon (1810), les Tuileries (1811) et Compiègne (1813), tant pour l’Empereur que pour l’impératrice et le roi de Rome. Toutefois, à partir de 1811, on abandonna l’acajou, en raison du Blocus continental dirigé contre l’Angleterre, et l’on mit à la mode des bois clairs, français, que Napoléon qualifiait d’« indigènes ». Ce meuble de l’ébéniste Marcion, d’une forme très simple, avec des montants en pilastres carrés maintenus par une tablette et un cercle en bronze doré, se distingue principalement par les têtes de naïades aux cheveux mouillés couronnés de roseaux, présentes sur tous les exemplaires. Les cuvettes, véritable tour de force technique, expliquent le prix de ces meubles. Généralement d’une couleur bleue caractéristique de Sèvres, elles sont dorées à l’intérieur de motifs de rinceaux sur fond blanc, dessinés par Brongniart, directeur de la manufacture. Le second lavabo du Grand Trianon était destiné à Marie-Louise. L’exemplaire présenté fut livré en 1811 pour le roi de Rome aux Tuileries, puis envoyé pour la chambre de l’Empereur au Grand Trianon. J. B.
As of the Consulate period, Bonaparte used washbasins, including one made by Biennais, in the Tuileries Palace (Louvre). These washbasins, which were always supported on a tripod, were derived from the ‘Athenian tables’ (tripod tables) discovered at Pompeii, which were very much in vogue. In 1807, the Emperor requested that a large washbowl—whose diameter he specified—be made for him, so the Garde-Meuble Impérial commissioned Marcion to make a stand to support it. This was the origin of this imperial four-legged washbasin; the first two washbasins were delivered in 1807 for the Châteaux of Rambouillet and Fontainebleau. Definitively adopted by Napoleon, who liked to have the same furniture in all the apartments in his palaces, washbasins were also delivered for Château de Saint-Cloud (1808), the Grand Trianon (1810), the Tuileries Palace (1811) and the Palace of Compiègne (1813)—for the Emperor, the Empress, and the King of Rome. However, as of 1811, mahogany was no longer used, due to the continental blockade against England; French light woods, which Napoleon called ‘indigenous’ woods, became fashionable. This piece of furniture made by the cabinetmaker Marcion, which has a very simple design and square pilaster legs held in place by a shelf and a gilt bronze circle, is primarily distinguished by the naiad heads with wet hair, crowned with reeds; they are present on all the pieces. The basins—a veritable technical tour de force—explain the high prices these pieces of furniture commanded. Generally in a blue colour that is characteristic of Sèvres porcelain, their interiors are ornamented with gilt foliage motifs on a white ground, designed by Brongniart, the manufactory’s director. The second washbasin in the Grand Trianon was intended for Marie-Louise. The piece presented here was delivered in 1811 for the King of Rome at the Tuileries Palace, and was then sent to the Emperor’s bedchamber at the Grand Trianon. J. B .
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LA CHUTE ET LA LÉGENDE The Fall of the Emperor and the Napoleonic Legend
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Défense du château du Burgos, en octobre 1812 François-Joseph Heim (1787-1865) 1801-1814 Huile sur toile H. 181,5 ; L. 261 cm MV 1764
À partir du printemps 1811, la situation des Français en Espagne devint de plus en plus difficile. Le départ de l’Empereur, l’incapacité du roi Joseph à asseoir son autorité, le manque de coordination des armées, l’évacuation du Portugal, favorisaient l’avancée des troupes britanniques de Wellington, si bien qu’en 1812 celui-ci avait l’initiative, repoussant inlassablement les Français hors de la Péninsule. Après avoir mis en déroute le général Marmont aux Arapiles (Salamanque), le 22 juillet 1812, Wellington marcha sur Madrid, que le roi Joseph abandonna le 10 août, et où il fit lui-même son entrée deux jours plus tard. Marmont évacua Valladolid en septembre, et Wellington entreprit de faire enlever le château de Burgos, devant lequel il mit le siège le 18 septembre, avec trente-cinq mille hommes. Une garnison française de mille six cents hommes, sous le commandement du général Dubreton, s’y était enfermée. Elle résista superbement à quatre assauts successifs, et les Anglais durent finalement se retirer, après trente-cinq jours de siège. Wellington se replia au Portugal et Burgos resta aux mains des Français, cela jusqu’en juin 1813. Dans cette guerre d’Espagne, qui voyait s’enchaîner les échecs de l’armée impériale, la défense du château de Burgos fut un moment d’exception. Dans la cour du château, dont l’architecture est traitée d’une manière intemporelle, et dans une lumière qui mêle le jour et la nuit, les troupes s’affairent aux travaux de défense, tandis que les combats font rage et que des projectiles tombent sans relâche. Le tableau est la première commande officielle au jeune Heim, et l’un de ses tableaux les plus dramatiques, qui annonce les clairs-obscurs puissants de Géricault et le solide réalisme des illustrateurs de la légende impériale, tels Charlet ou Raffet. F. L.
As of the spring of 1811, the situation of the French in Spain became increasingly difficult. The Emperor’s departure, King Joseph’s inability to assert his authority, the lack of coordination of the armies, and the evacuation from Portugal, all enabled Wellington’s troops to advance so successfully that by 1812 he had taken the initiative, relentlessly driving the French out of the Peninsula. After forcing General Marmont to retreat to Arapiles (Salamanca) on 22 July 1812, Wellington marched on Madrid, which King Joseph abandoned on 10 August, and he entered the city two days later. Marmont evacuated Valladolid in September, and Wellington decided to take the Castle of Burgos, to which he laid siege on 18 September, with thirty-five thousand men. A French garrison of one thousand six hundred men, under the command of General Dubreton, was trapped inside. It managed to valiantly beat off four successive assaults, and, after thirty-five days, the English eventually lifted the siege. Wellington retreated to Portugal and Burgos remained in the hands of the French until June 1813. During this Spanish War, which saw the Imperial army defeated on many occasions, the defence of the Castle of Burgos was an exception. In the courtyard of the castle, whose architecture is represented in a timeless manner, and with light that combines day and night, the troops are represented busily working on the defences, while the fighting rages and missiles are raining down relentlessly. The picture was Heim’s first official commission, and one of his most dramatic works, foreshadowing Géricault’s powerful contrasts of light and dark and the solid realism of the illustrators of the Imperial legend, such as Charlet and Raffet. F. L .
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Transbordement du cercueil de Napoléon Ier à bord de la Belle Poule, le 15 octobre 1840 Eugène Isabey (1803-1886) 1842 Huile sur toile H. 237,5 ; L. 369,5 cm MV 5124
Dès la révolution de 1830, des voix s’étaient élevées pour demander le rapatriement des restes mortels de Napoléon, mais ce n’est qu’après la mort à Vienne du roi de Rome (juillet 1832) que le roi Louis-Philippe mit en œuvre successivement plusieurs opérations de séduction vis-à-vis des bonapartistes et de l’opinion publique en général. On replaça une statue de l’Empereur sur la colonne Vendôme (1833), on termina les travaux de l’arc de triomphe de l’Étoile (1836 ; commencé en 1809), on fit la part belle à l’Empire dans les Galeries historiques de Versailles (1837), et finalement on demanda au gouvernement britannique l’autorisation d’exhumer l’Empereur et de rapporter sa dépouille mortelle à Paris. Londres ne fit pas de difficultés et l’annonce fut faite par le Premier ministre, Adolphe Thiers, qu’une expédition serait organisée, qui fut baptisée « Retour des Cendres ». Placée sous le commandant du prince de Joinville et du comte de Rohan-Chabot, elle partit de Toulon le 7 juillet 1840 et arriva à Sainte-Hélène le 8 octobre. Le 15, on procéda à l’exhumation et à l’ouverture du cercueil, qui fut ensuite transporté en cortège jusqu’au port de Jamestown, où il fut chargé sur la frégate la Belle Poule, dont le gaillard d’arrière avait été aménagé en chapelle ardente. Le lendemain, un service funèbre solennel fut célébré avant le retour. Fils d’un dessinateur et miniaturiste qui avait travaillé pour l’Empereur, Eugène Isabey fut surtout un peintre de paysages et de marines. N’ayant pas participé à l’expédition de Sainte-Hélène, il dut utiliser les dessins de son confrère Durand-Brager, le reporter officiel du voyage, et donna de l’événement cette magistrale et grandiose vision funèbre du cercueil hissé depuis la barque conduite par le prince de Joinville à bord de la frégate, entièrement repeinte en noir pour ce voyage singulier. F. L .
During the 1830 Revolution, increasing demands were made to repatriate Napoleon’s mortal remains, but it was only after the King of Rome (July 1832) had died in Vienna that King Louis-Philippe successively implemented several initiatives designed to appeal to the Bonapartists and public opinion in general. A statue of the Emperor was repositioned on the top of the column in Place Vendôme (1833), work on the Arc de Triomphe de l’Étoile (begun in 1809) was finally finished in 1836, the Empire had pride of place in the History Galleries of Versailles (1837), and eventually the British government was asked for permission to exhume the Emperor and bring his mortal remains back to Paris. London was happy to comply with this request and the French Prime Minister, Adolphe Thiers, declared that an expedition would be organised, called the ‘Return of the Ashes’. Placed under the command of the Prince de Joinville and the Comte de Rohan-Chabot, the expedition departed from Toulon on 7 July 1840 and arrived in St Helena on 8 October. On 15 October, the coffin was exhumed and opened, and then conveyed in a cortege to the port of Jamestown, where it was placed on the frigate Belle Poule, whose aft castle had been converted into a chapelle ardente. The following day, a solemn funeral service was held before the return. The son of a draughtsman and miniaturist who had worked for the Emperor, Eugène Isabey was primarily a painter of landscapes and seascapes. As he had not taken part in the expedition to St Helena, he had to use the drawings of his confrere Durand-Brager, the voyage’s official reporter, and represented the event in this masterful and grandiose, funereal vision of the coffin hauled up from the longboat piloted by the Prince de Joinville on board the frigate, which was entirely painted in black for this unique journey. F. L .
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ANNEXES Annexes
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FRANÇOIS GÉRARD ESQUISSES ET RICCORDI François Gérard’s Sketches and Riccordi
Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), peintre, et sa fille
Napoléon Ier (1769-1821), empereur des Français
MV 4853
MV 4866
Louis Marie de La Revellière-Lépeaux (1753-1824), directeur
Catherine de Talleyrand-Périgord (1761-1835), née Verlée
MV 4854
MV 4867
Henri Auguste (1759-1816), orfèvre, et sa famille
Joachim Murat (1767-1815), maréchal de l’Empire
1796
1805
1797
1808
1798
1805
MV 4855
MV 4868
Marie-Renée Élisabeth, vicomtesse Morel de Vindé (1763-1835), née Choppin d’Arnouville, et sa fille Claire Marie (1782-1806)
Sophie Czartoryska (1779-1837), comtesse Zamoyska, et ses enfants 1808
1799
MV 4869
MV 4856
Marie-Léopoldine Esterhazy de Galantha (1788-1846), princesse de Grassalcovich de Gyarak
Jean Victor Moreau (1763-1813), général 1799
1806
MV 4857
MV 4870
Joachim Murat (1767-1815), général
Louis Bonaparte (1778-1846), roi de Hollande
1801
1806
MV 4858
MV 4871
Caroline Murat (1782-1839), et ses enfants Achille et Laetitia
Hortense de Beauharnais (1783-1837), reine de Hollande, et son fils aîné, Napoléon-Charles (1802-1807)
1801
MV 4859
1806-1808 MV 4872
Joséphine de Beauharnais (1763-1814), impératrice des Français 1808
Joséphine Bonaparte (1763-1814), née Tascher de la Pagerie
MV 4860
1801
MV 4873
Letizia Bonaparte (1750-1836), née Ramolino, Madame Mère 1804
Marie-Julie Clary (1771-1845), reine de Naples, puis d’Espagne, et ses filles Charlotte (1802-1839) et Zénaïde (1801-1854)
MV 4861
1807
Katarzyna Jaworska (1782-1862), comtesse Starzenska
MV 4874
1804
MV 4862
Charles Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838), prince de Bénévent
Thérésa Tallien (1773-1835), née Cabarrus, future comtesse de Caraman-Chimay
1808
MV 4875
1802-1805 MV 4863
Hortense de Beauharnais (1783-1837), reine de Hollande, et son fils aîné, Napoléon-Charles (1802-1807)
Moritz, comte von Fries (1777-1826), banquier viennois, et sa famille
1806
1804 MV 4864
MV 4876
Stéphanie de Beauharnais (1789-1860), grande-duchesse de Bade
Juliette Récamier (1777-1849), née Bernard
1810
1802 MV 4865
MV 4877
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CHRONOLOGIE SOMMAIRE Chronological Summary
Les dates en doré sont celles d’événements liés à l’histoire de la Région Hauts-de-France et de la Ville d’Arras. Les dates en gris sont celles d’événements liés à l’histoire des châteaux de Versailles et de Trianon. Dates in gold indicate events connected with the history of the Hauts-de-France region and the city of Arras. Dates in grey indicate events connected with the Châteaux de Versailles et Trianon.
1769 Naissance de Napoléon Bonaparte à Ajaccio.
15 août
Napoleon Bonaparte is born in Ajaccio, Corsica.
1779 Napoléon et son frère Joseph entrent au collège d’Autun. Entrée au collège militaire de Brienne.
1 janvier 15 mai
Entrée à l’École militaire de Paris.
22 octobre
Napoléon est en garnison à Valence, au régiment d’artillerie de La Fère.
3 novembre
er
Napoleon and his brother Joseph enter the school at Autun. Napoleon enters the military college of Brienne.
1784 1785
Napoleon enters the military academy (École Militaire) in Paris. Napoleon is garrisoned at Valence, in the artillery regiment of La Fère.
1792 Napoléon est nommé lieutenant-colonel en second du deuxième bataillon de volontaires de la Corse. LA PREMIÈRE COALITION
1er avril 1792-1799
Napoleon is elected second Lieutenant Colonel of the second battalion of Corsican volunteers. THE FIRST COALITION
1793 Expédition de Sardaigne, qui tourne court le 25. Les Bonaparte quittent la Corse, débarquent à Toulon, et s’installent à Marseille. Bonaparte commande l’artillerie au siège de Toulon. Bonaparte est nommé général de brigade.
18 février 11 juin septembre-décembre 22 décembre
Sardinia expedition, which ends unsuccessfully on 25. The Bonaparte family leaves Corsica, arrives at Toulon, and settles in Marseille. Bonaparte assumes command of the artillery during the siege of Toulon. Bonaparte is made Brigadier General.
1795 Rencontre avec Joséphine Tascher de La Pagerie, veuve du général de Beauharnais. Bonaparte est nommé général de division.
15 octobre 16 octobre
Bonaparte meets Joséphine Tascher de La Pagerie, widow of General de Beauharnais. He is appointed General of Division.
DIRECTOIRE 26 oct. 1795 – nov. 1799 THE DIRECTORY Il prend le commandement de l’armée de l’Intérieur.
26 octobre
He is appointed commander of the Army of the Interior.
1796 Bonaparte est nommé général en chef de l’armée d’Italie. 2 mars Mariage civil de Napoléon Bonaparte 9 mars et de Joséphine de Beauharnais. Première campagne d’Italie. mars 1796 – nov. 1797 Victoire de Lodi. 10 mai Victoire d’Arcole. 15-17 novembre
Bonaparte is appointed General-in-Chief of the Army of Italy. Napoleon Bonaparte and Joséphine de Beauharnais are married in a civil ceremony. The First Italian Campaign. Victory at Lodi. Victory at Arcole.
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