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© Somogy éditions d’art, Paris, 2015 © Roger Taillibert Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Conception graphique : Larissa Roy Traduction : Jonathan Michaelson Fabrication : Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros ISBN Somogy éditions d’art : 978-2-7572-1035-2 Dépôt légal : décembre 2015 Imprimé en République tchèque (Union européenne)
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Roger TAILLIBERT Le Parc olympique de MontrĂŠal CROQUIS
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The olympic Park in Montreal SKETCHES
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Il sautera aux yeux du familier de la  chose  architecturale comme du nÊophyte que les esquisses taillibertiennes exposÊes dans ce recueil, outre leur fulgurante beautÊ – les couleurs chatoyantes sont ici plÊbiscitÊes ; nous voilà donc donnÊe l’occasion de rÊvÊler que Roger Taillibert fait Êgalement un peintre de très grand talent –, semblent comme instantanÊment abouties, achevÊes. Miraculeusement, la furtivitÊ du trait, tout entière portÊe par le Kunstwollen rieglien, vient consacrer une  temporalitÊ  crÊatrice qui semble parente de celle du gÊnie : l’IdÊe gÊniale  surgit , et, comme chacun sait, il n’est nul besoin d’y revenir‌ Le projet taillibertien est donc donnÊ d’emblÊe, comme dÊjà là . Dès lors, l’usage du substantif  esquisse  ne pose-t-il pas problème ? L’esquisse, en effet, n’est-elle pas, par essence, lacunaire ? N’en appelle-t-elle pas une autre, puis une autre encore, et ainsi de suite, sachant que le chemin qui mènera – enfin ! – au  recouvrement  du projet par l’esquisse  finale  – mais esquisse  finale  y a-t-il vraiment ? – sera des plus pentus, et aura, sans pitiÊ aucune, ÊreintÊ – c’est un euphÊmisme ! – celui qui s’y sera tÊmÊrairement aventurÊ ? Mais alors, comment rendre compte de cette corrÊlation immÊdiate entre croquis  inaugural  et  concrÊtude  du projet, sachant que, pour avoir longuement ÊtudiÊ les travaux du concepteur du Parc olympique de MontrÊal, nous sommes en mesure d’affirmer – sans l’ombre d’un doute – qu’il n’est chez lui nul dessin qui n’ait un jour  trahi  la forme du projet à venir ?
C’est que, si architecte Roger Taillibert est, il est Êgalement homme de structures. Homme de forces, pourrions-nous dire aussi. Intuitivement, physiologiquement même, Roger Taillibert sait –  sent  – ce qui peut tenir, et ce qui ne le peut ; ce qui, pour monumental qu’il soit, dÊfiera – avec succès – les lois de la science de la construction ; ce qui, pour asymÊtrique qu’il se revendique, concordera – harmonieusement – avec ces dernières. D’oÚ cette certitude  première , cette prescience qui garantit, comme dit plus haut, le bien-fondÊ – la vÊritÊ – de l’acte reprÊsentatif. Monumentale, en effet, est l’architecture de Roger Taillibert. La  petite  Êchelle n’intÊresse nullement cet homme dont le sens de l’existence a toujours rÊsidÊ dans cette folle façon de braver les lois de la pesanteur, d’aspirer à quelque chose comme un  hÊroïsme constructif . AsymÊtrique, l’architecture de Roger Taillibert l’est aussi souvent. Mais n’est-ce pas là la même volontÊ de dÊfier les lois naturelles qui conduit notre  architecte-ingÊnieur  à concevoir des portiques – ceux du stade de MontrÊal en constituent un bel exemple – dont la perception – ô combien sublime (mais c’est là une autre affaire) – conduit l’observateur à parier sur l’imminence de leur effondrement, lequel, improbable catastrophe, n’adviendra jamais ‌ Il est une autre consÊquence de cette  intuition constructive  propre à Roger Taillibert : dès lors que le maniement des  forces  trouve à être apprÊciÊ par la grâce d’un incontestable  ressenti 
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constructif, le choix des formes ne saurait se confondre avec celui de l’inepte boÎte des Modernes. L’omniprÊsence de la courbe prend alors tout son sens : l’appÊtence pour les formes oblongues, si elle est propice aux choix structurels les plus audacieux, l’est aussi pour les opportunitÊs formelles les plus diverses. Il n’est qu’à observer la production taillibertienne pour s’en persuader. Autre consÊquence encore – et non des moindres : en pensant la structure plus  organiquement  que n’a pu le faire l’auteur de la villa Savoye (exemple parmi tant d’autres ‌), Roger Taillibert arrime spectaculairement son architecture à la philosophie. Cette philosophie, quelle est-elle ? Nous avions, à l’occasion d’un prÊcÊdent livre sur le Parc olympique de MontrÊal, pointÊ la rondeur des coques des piscines attenantes au mât. Les travaux de Wilhelm Worringer, et plus particulièrement son concept d’Einfßhlung, nous furent alors d’une grande utilitÊ. Si la convexitÊ des coques et, de façon plus gÊnÊrale, la prÊdominance de la courbe à MontrÊal sÊduisaient tant le visiteur – le flâneur ? –, c’est que ce dernier – mais il s’agit là d’une hypothèse (fondÊe, nous semble-t-il ‌) – rÊalisait combien le dynamisme des sinuositÊs d’un bÊton jamais anxiogène ne manquait pas de renvoyer à la possibilitÊ d’un Êpanchement, notre  sentiment vital intÊrieur  entrant alors en rÊsonance avec l’aspect Êminemment organique – et donc dynamique – des coques,  s’infusant  même en elles. Un rapport de confiance panthÊiste envers la nature avait conduit Roger Taillibert non pas à repro-
duire servilement les formes de la nature, mais à tendre vers la  vÊritÊ organico-vitale , à traduire, dans une indÊpendance et une perfection idÊales, le  bonheur de l’organique et du vivant . C’est à l’aune de cette philosophie panthÊiste qu’il nous faut comprendre l’insistance de Roger Taillibert à affirmer que son architecture  imite la nature . Non, elle ne l’imite pas, n’en dÊplaise à son gÊniteur (car, comme disait Paul ValÊry,  le grand n’est pas un petit agrandi ) : elle en sublime le caractère curviligne, source de prÊsence et de vie. Nous ne pouvons sensÊment conclure cette brève prÊface sans pointer une constante de l’architecture taillibertienne : sa permanente dÊvotion à l’institution sportive – et, consÊquemment, à la nature humaine dans ce qu’elle est susceptible de rÊvÊler de meilleur. Le sport, nous le savons, rassemble, et, à l’instar de l’art, c’est bien l’ Esprit  hÊgÊlien (à comprendre comme la communautÊ des hommes qui prend conscience d’ellemême dans l’histoire) qui trouve à se manifester à l’occasion de ces joutes sportives oÚ à l’exploit humain rÊpondent comme symÊtriquement les clameurs des spectateurs. Servir l’homme, soit l’inviter à se penser comme appartenant à une communautÊ dont le destin est sans cesse à rÊinventer : telle est la tâche qu’imperturbablement Roger Taillibert se fixe, pour notre plus grand bonheur, à nous, les hommes. Alain Orlandini
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It will be immediately evident to those who are familiar with the architectural “thing” and neophytes that, apart from their tremendous beauty—Roger Taillibert has a pronounced preference for using vivid colors and this is an excellent opportunity to reveal that the architect is also an incredibly talented painter—, Taillibert’s sketches presented in this book seem to be instantly accomplished and inherently consummate. Almost miraculously, the furtiveness of the lines, entirely conveyed by Rieglian Kunstwollen, establish a creative “temporality” that could be equated with genius: ingenious Ideas “surge from nowhere,” and, as everyone is aware, there is no point in analyzing the phenomenon… the “Taillibertian” project is therefore automatically understood to be already a reality. So, is there a problem with using the noun “sketch” ? A sketch is surely an incomplete work by definition. It will surely need to be complemented by another sketch and yet another, and so on, in the knowledge that the path that will ultimately lead to the “overall perception” of the project via the “final” sketch (if there is such a thing as a final sketch) will be a steep one and will have mercilessly tried—put euphemistically—the person who has boldly ventured upon it … So, how can one explain this instant correlation between an “inaugural” sketch and a project’s “materialization,” in the knowledge that, having long studied the works of the designer of the Montreal Olympic Park, we can honestly assert—without the shadow of a doubt—that he never produces any drawing that does not “betray” the form of the future project?
What is certain is, that while Roger Taillibert is an architect, he is also a man of structures; a man of forces, one might add. Intuitively, physiologically even, Roger Taillibert knows—“feels” —what works and what does not; no matter how monumental, his structures will successfully defy the laws of construction science; and, no matter how asymmetrical the construction, it will always harmoniously obey these laws. This explains the “initial” certainty, the prescience that guarantees, as stated above, the basis and truth of the act of representation. Roger Taillibert’s architecture is indeed monumental. ‘Smallscale’ works are of absolutely no interest to this man, whose raison d’être has always been based on his audacious way of challenging the laws of gravity, and aspiring to something that could be described as “constructive heroism.” Roger Taillibert’s architecture is often asymmetric. But, once again, that is surely related to the same desire to overcome natural laws that have led this “architect-engineer” to design porticoes —those of the Montreal Stadium are a fine example—, whose sublime perception (but that is quite another matter) leads the observer to speculate about their imminent collapse, an improbable catastrophe that will never occur… There is another consequence of the “constructive intuition” that is so characteristic of Roger Taillibert’s work: once the organization of the “forces” is complemented by the grace of an incontestable constructive “intuition”, the choice of forms could never
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be confused with that of the inept boxes of the Moderns. The omnipresence of curves then comes into its own: the use of oblong forms permits the most audacious structural choices, but also the most diverse formal opportunities. One has only to observe Taillibert’s works to see the truth of this. There is another consequence—and not a minor one: by conceiving his structure in a more “organic” fashion than the architect of the Villa Savoye (an example amongst others…), Roger Taillibert spectacularly associates his architecture with philosophy. What exactly is this philosophy? In a previous book about the Olympic Park in Montreal, we were struck by the curvilinear forms of the swimming pool covering structures adjoining the mast. Wilhelm Worringer’s works, and more particularly his concept of Einfühlung, provided a useful reference at the time. The convex forms of the covering structures and, generally speaking, the predominance of curves in the Montreal project, were so appealing for the visitor (or casual observer), because the latter—even though this is just a hypothesis (a well-founded one, we believe)—appreciated the extent to which the dynamism of the reassuring sinuous concrete forms successfully invoked the possibility of an effusion; “vital inner sentiments” then resonated with the decidedly organic, and therefore dynamic, appearance of the covering structures, and were even “transferred” into them. A pantheist relationship of trust with nature originally led Roger Taillibert to avoid slavishly copying natural
forms, choosing instead to explore the “vital organic truth,” and translate, with great independence and perfection, the “joy of the organic and the living.” Roger Taillibert’s insistence that his architecture “imitates nature” must be considered in the light of this pantheist philosophy. Yet, with all due respect to its creator, it does not imitate it, (for, as Paul Valéry said, “the large is not a magnified version of the small”): rather, it sublimates nature’s curvilinear qualities, a source of presence and life. This brief preface could not be reasonably concluded without pointing out a consistent feature of Taillibert’s architecture: its constant devotion to the sports world—and, consequently to human nature, the best side of which sport generally brings out; as we all know, it brings people together, and, like art, it is the Hegelian spirit (understood as the community of man that is aware of its historical role) that emerges during these sporting jousts, when the clamor of the spectators symmetrically echoes the human exploits. Serving mankind and inviting it to see itself as part of a community whose destiny must be constantly reinvented is the task that Roger Taillibert has imperturbably set himself, for the greater good of mankind. Alain Orlandini
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Esquisse de plan de masse. Sketch of the ground plan.
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Silhouette du m창t. Outline of the mast.
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Le mât et les résilles de câbles de suspension de la toile de couverture. The mast and the network of suspension cables supporting the covering membrane.
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Le m창t et le stade couvert. The mast and covered stadium.
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Le m창t et le stade couvert. The mast and covered stadium.
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Le m창t et la couverture en cours de relevage. The mast and the roof being raised
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Les piscines : le plongeoir et les bassins. The swimming pools: the diving board and the pools.
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Les piscines : vue perspective d’un bassin. The swimming pools: perspective view of a pool.
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Le mât : étude de la façade avant. The mast: study of the front façade.
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Le stade : ĂŠtude constructive. The stadium: a structural study.
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Le mât : Êtude de la structure des portiques. The mast: study of the structure of the porticoes.
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Le stade : l’anneau technique en extrémité des fléaux. The stadium: the technical ring at the end of the beams.
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La toile de couverture : phase intermĂŠdiaire de relevage. The covering membrane: intermediary phase of the roof-raising process.
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La toile de couverture : croquis d’Êtude. The covering membrane: study sketch.
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