Speedy Graphito Serial Painter
S O M M A I R E
5
SERIAL MAKERS
7 9 13
MOTS D’IMAGES La rébellion des images Vivre de son art est un art de vivre
23 24 32 42 48
LES CLASSIQUES Style 80 Lapinture Free Zone Toile de Jouy
54
HISTOIRE DE L’ART
63 64 72
ART URBAIN Graffiti Addict Palissade
83 84 92 100 108 116
CONSUMÉRISME ET MONDIALISATION Mandala Urban Pop Money City Landscape
125 126 132 136
NOUVEAUX MONDES Karmagonie Welcome to Venus Carnet de voyage
147 148 156 162 170 178
ILLUSIONS Déchirures Atomisation Techno Abstraction Psychodiagnostic Bubbles
187 188 196 204 208 214 216 224
NOUVELLES TECHNOLOGIES Google Smartphone Pixellisation Instant Replay Big Buzz is watching you Validation Loading
232
CHRONOLOGIE
234
CURRICULUM VITÆ
239
REMERCIEMENTS
>
PRÉFACE
Serial MaKerS N
ous étions impatients ; nous nous sentions invincibles. Nous éprouvions cette sensation tenace d’ouvrir des mondes, sans vouloir vraiment savoir si ces mondes ne s’ouvraient pas en nous que pour mieux nous engloutir. Qu’importe !, nous étions héroïques. Et il nous suffisait de vivre l’instant présent pour nous sentir traversés d’une joie aussi neuve qu’incommensurable. Nous étions gais et innocents. Nous nous jetions à corps perdu dans le flot de l’existence comme des surfeurs avides de vagues insubmersibles. Nous volions vers notre destinée comme vers une scène sur laquelle nous pourrions enregistrer nos propres souvenirs. Nous n’étions pas venus pour nous cacher. Nous nous gravions à même la peau la promesse de nos désirs. Et le battement de nos veines impulsait à la musique sur laquelle nous dansions des cadences sauvages et incertaines. Nous étions des jeunes gens modernes. Zoulous noirs pour nuits blanches, chaque crépuscule n’était pour nous que la bande-annonce d’un film qui réveillait en nous sens et plaisirs ; le parfait enchaînement de chaque séquence n’était que la preuve irréfutable de ce flux continu au sein duquel nous voulions être et créer éternellement. Nous aimions sans limite.
Nous inventions des langages inédits, des graphies flamboyantes, des rimes décisives, des chorégraphies lumineuses ; l’espace n’était qu’une page vierge sur laquelle nous pensions imprimer l’histoire, cette histoire mystérieuse et secrète que nous partagions tous, notre histoire. Nous étions beaux ; nous nous sentions réels. Nous étions des lutins vifs et contrastés, colorés et vibrants. Nous possédions à notre façon l’univers, même si l’univers ne le savait pas encore. Nous en produisions clandestinement les images les plus intenses et les plus magiques. Nous étions la couleur du temps. Nous étions la vie. Mais cette vie nous a rattrapés pour nous réclamer notre dû. Nous n’avions que des poches crevées, et la tête pleine d’idéaux et d’airs de fête. Nous étions ivres de cette joie innocente qu’ont les enfants devant la splendeur de leurs rêves et de leurs espoirs. Nous lui avons répliqué violemment : « Nous irons jusqu’au bout ! » Nous avons lutté en fiers conquérants tout le long des rues ; les murs se souviennent encore de nos ombres fantastiques et de nos traits tirés.
Charles-Arthur Boyer À Grace, Keith et Jimmy, pour Jean-Baptiste, Romain et Simon
5
MOtS d’iMageS 7
8
>
MOTS D’IMAGES
La rébellion deS imageS S
peedy Graphito… Une signature qui sonne comme un manifeste artistique, un défi ! Rapide comme le geste d’un feutre glissant sur une feuille de papier, un coup de pinceau ou encore une main découpant et appliquant un pochoir. Rares sont les artistes qui peuvent présenter une telle exubérance de styles, une telle variété de supports, une telle soif de créer. Speedy Graphito est de ceux-là, et son œuvre prolifique ne cesse de nous étonner, de nous questionner.
Culture pop et influences hip-hop Pionnier du street art en France au début des années 1980, Speedy Graphito, alias Olivier Rizzo alors très jeune, se fait rapidement connaître à Paris. Inspiré par les codex aztèques, l’art maya et africain, il commence à taguer un peu partout dans la rue ses personnagesrobots hallucinés, à la coiffure taillée en trident. Speedy s’enthousiasme particulièrement pour la lisibilité, l’énergie et l’efficacité de ce qui s’appelle alors encore des graffitis. Fraîchement sorti de l’école Estienne, ayant acquis les réflexes de la multiplication et de la commercialisation propres aux arts appliqués, il traverse l’univers de la publicité pour finalement se consacrer à la peinture et au graphisme… et à sa propre renommée. Speedy Graphito tracera son propre sillon dans une veine avant tout artistique, tout en se démarquant d’un positionnement trop marketing et consensuel. Il faut replacer ses premiers pas, ses premiers tracés, dans le contexte de cette décennie tellement remuante et stimulante. Les eightie’s nous offrent la fausse innocence
et la dérision d’Étienne Daho, des Rita Mitsouko, la large diffusion du pop art via la pub, la post-modernité et sa mise en abîme sans complexe, mais aussi le reggae jamaïcain, le ska, le rock alternatif et le punk londonien : des mouvements d’expression artistique forts contrebalancés par une médiatisation croissante de la moindre nouveauté. C’est aussi à cette période qu’on assiste à la starisation de personnalités emblématiques souvent issues du monde de la mode, du design et de la vidéo, comme Jean-Paul Gaultier, Philippe Starck ou Jean-Paul Goude. Les horizons dans ces domaines sont encore très ouverts, l’effervescence est dans la rue comme dans les studios de création. Tout semble à nouveau possible, et on assiste à un renouvellement des formes et des modes de pensée. Les mentalités évoluent, l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 entraîne dans son sillage une foule d’énergies et de talents qui ne demandent qu’à s’exprimer. Les radios libres diffusent des idées contestataires et la presse satyrique se porte bien. De nouvelles pratiques urbaines s’inscrivent dans le paysage français et la culture hip-hop arrive en France. C’est aussi l’apothéose de la figuration libre, avec Robert Combas et les frères Di Rosa, courant artistique dont Speedy Graphito s’est démarqué. Plutôt dans la mouvance des Frères Ripoulin et de ce qu’on appelle alors les « médias peintres », il suit un parcours surtout en solo après sa courte collaboration au collectif X-Moulinex. New York, qui semble à nouveau à portée de main, transmet sa vibration intrinsèque si particulière. Les fulgurances picturales de Jean-Michel Basquiat et de Keith Haring réveillent les squats artistiques des deux
9
>
MOTS D’IMAGES
Vivre de Son art eSt un art de vivre C
omment êtes-vous devenu Speedy Graphito ? Je peins depuis toujours et j’ai pris mes premiers cours de dessin à neuf ans. Ensuite, tout s’est enchaîné : je me suis lancé dans la création de décors de théâtre de quatorze à vingt ans, pour suivre ensuite une formation de cinq années en école d’art, dont deux ans à l’école Estienne à Paris. Mes premières toiles sous le nom de Speedy Graphito datent de 1984, la même année que ma première exposition à l’Espace Pierre Cardin. Suite à cela, la galerie Polaris – tenue alors par le plus jeune galeriste de France – a décidé de me défendre. Et c’est la réalisation de l’affiche de La Ruée vers l’art, en 1985, qui m’a assuré une notoriété immédiate et fulgurante dans toute la France. S’ensuivent des expositions, des solos shows à la Fiac et des interventions urbaines sur les murs de Paris… Aujourd’hui, vous êtes facilement classé parmi les artistes de l’art urbain, mais êtes-vous au-delà des castes, de ce sentiment d’appartenance à un groupe, quel qu’il soit ? Je ne peux pas lutter contre cet étiquetage, j’ai bien conscience que ce combat ne sert à rien même si je préfère appartenir à tout. J’ai besoin de partir dans toutes les directions pour me sentir plus libre. Au début, la part des interventions dans la rue était infime par rapport à ce que je peignais en atelier, mais ce sont les premières qui ont été très médiatisées, ce qui fausse d’emblée la perception de mon travail. Cette diversité d’expressions n’est-elle pas un frein par rapport au monde de l’art qui aime à fonctionner avec des cases, des identités artistiques clairement définies ? Oui, je sais. C’est mon handicap, mais aussi mon origi-
nalité et ce qui fait ma différence. Je pense que cela fait également partie de l’interprétation de mon travail. C’est peut-être aussi pour cela que vous êtes représenté à Paris par la galerie Polaris qui vous suit depuis le départ et qui n’est pas étiquetée « art urbain » ? Lorsque j’ai commencé à travailler avec la galerie Polaris, c’était un jeune galeriste parisien. Les autres galeries le décourageaient de travailler avec un artiste comme moi, mais lui m’a défendu coûte que coûte, il m’a toujours donné carte blanche et suivi dans mes démarches quelles qu’elles soient. Il y avait déjà ce poids de l’image, même si aujourd’hui beaucoup de galeries d’art contemporain se doivent d’avoir un artiste de street art. Je me sens comme un électron libre et j’ai l’impression que je me suis construit tout seul car je n’ai jamais été vraiment soutenu par le monde de l’art, à part mon galeriste ; je n’ai pas de pièces dans les musées par exemple. Je n’ai jamais été reconnu par les institutions. Entre un public qui vous enferme dans une case, et le manque de reconnaissance d’une partie du monde de l’art contemporain, est-ce que cela veut dire qu’il y a une méprise sur la compréhension de votre travail ? Je pense qu’il y a un manque d’information, car les gens ont une image médiatique de mon travail qui ne correspond pas forcément à la réalité. Les médias vont plus s’intéresser au côté événementiel, à la performance… Je ne suis pas sûr que les gens perçoivent le fond de mon travail, puisqu’ils restent plus attachés à la forme, colorée, sympathique, qui leur permet de rentrer dedans facilement et s’arrêtent là, sans essayer de capter les messages que je mets dans mes toiles.
13
MOTS D’IMAGES
Que racontez-vous dans vos tableaux ? Je raconte ma vie ! Je me sers de moi comme d’un cobaye et j’essaie de raconter ma sensibilité sur le monde, sur ce que je crois… Je travaille beaucoup sur l’instinct et l’inconscient. Je ne cherche pas à avoir un discours fermé de propagande, mais plutôt une représentation mentale du monde. Comment voyez-vous le monde ? Êtes-vous critique ? Je suis critique par rapport à certaines choses auxquelles je suis confronté, comme mon milieu professionnel – donc le marché de l’art –, qui est une source d’inspiration. Je suis très sensible à l’image qui est utilisée sous forme de propagande d’une certaine manière, même de façon artistique. On a tendance à attendre de l’artiste une production identifiable, reconnaissable immédiatement, mais je ne suis pas dans cette démarche. Je ne veux pas qu’on me reconnaisse sur la forme, mais sur le fond oui. Ce qui complique les choses ! Si on ne s’intéresse qu’à la forme, on ne peut pas me reconnaître. Quel est votre héritage artistique, vous qui parlez de châssis, de toile, de peinture ? Ma culture n’est pas le graffiti américain, c’est le Louvre ! Le Radeau de la Méduse de Géricault et l’art moderne surtout qui m’ont donné envie de peindre : il y a alors une cassure dans la représentation, dans l’expression d’une sensibilité. C’est plus cela qui m’a poussé à m’exprimer. Certains artistes ont été très influents, à l’image de Vlaminck par exemple, même si le lien n’est pas évident visuellement. Mes premières peintures étaient des reproductions de tableaux de maîtres de l’art moderne, et grâce à cet exercice, j’ai appris à comprendre ce qui a amené ces peintres à réaliser telle toile, à ressentir leurs émotions… Ensuite il y a Picasso, Dalí, Mondrian, Miró, tous ces peintres qui ont essayé d’apporter une vision différente. J’aime cet aspect-là, la recherche, l’expérience. Je me considère presque comme un scientifique, un explorateur !
14
C’est pour cela que vous vous intéressez également au volume ? Oui, c’est pour cela que j’explore les techniques que je ne connais pas. Puisque je ne les maîtrise pas, j’ai une approche intuitive. Je le prends comme un enfant, avec spontanéité. Et surtout, on est vraiment dans la création lorsqu’on est dans l’inconnu.
Quels ont été les territoires d’expérimentations ? J’ai travaillé aussi bien la sculpture en bois, terre, métal que la photographie, la vidéo, l’image numérique, la peinture, le crayon, le fusain, la craie grasse, la gravure, l’eau-forte, la lithographie, la xylographie, la sérigraphie, l’affiche déchirée, le carton…
Mais la peinture reste votre colonne vertébrale, l’évidence même de la création ? Je garde une constance avec la peinture car justement c’est un champ qui a été largement exploré. Les contraintes du support – la toile tendue sur le châssis – nous enferment dans une fenêtre avec des limites. Trouver de nouvelles voies pour ce médium qui a une grande histoire est plus difficile. Au fil de toutes ces années, vous avez enchaîné les styles, renouvelé vos thèmes et votre manière de peindre. Comment abordez-vous la nouveauté ? Je sais que lorsque j’aborde des nouvelles séries, j’ai toujours l’impression d’être excité par la nouveauté. Mais finalement, cette nouveauté est fictive car, en regardant mon travail de façon rétrospective, on voit qu’elle y est déjà intégrée de façon parcellaire. J’ai l’impression que je ne peux pas échapper à qui je suis, et même si je pars très loin de moi et que je m’ouvre à des terres inconnues, il y a toujours un moment où il faut que je me retrouve, les choses me reviennent et je ne peux pas échapper à cela. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que je suis prisonnier de moi-même, de mon histoire et de ma propre vie, mais pas forcément de ce que j’ai créé. J’ai remarqué que mes centres d’intérêt reviennent de manière cyclique, comme si le temps se déployait au rythme d’une roue qui tourne. Une fois un cycle accompli, je reviens à certains thèmes tout en les faisant évoluer, ainsi nourris de l’expérience de la vie. Je ne suis pas pour autant dans le calcul : je fais les choses de façon instinctive. Vos toiles sont peuplées de personnages de BD, de la culture populaire où se croisent Blanche-Neige, Wonder Woman, Mario Bros., Picsou, Bob l’éponge… Dans quel esprit les intégrez-vous ? Premièrement, ce sont des images liées à mon enfance, période où l’on est dans le ressenti et encore préservés des a priori. J’aime cette émotion que l’on ressent devant un objet lorsqu’on n’est pas encore formaté par le regard d’adulte. Ensuite, cette iconographie appartient à une mémoire collective qui crée un lien entre les humains et qui induit une égalité entre tous, l’artiste, le collectionneur et l’amateur d’art. Est-ce que certains personnages sont plus récurrents dans vos toiles ?
Mickey forcément, car il est le plus reconnaissable. J’ai toujours bien aimé Donald pour son mauvais caractère, son côté bougon, je trouve qu’il est le plus attachant. J’ai par ailleurs été très influencé par le Manuel des Castors Juniors quand j’étais petit. Riri, Fifi et Loulou racontaient comment construire un arc, une cabane, fabriquer toutes sortes de choses, sensibilisaient aux problèmes de l’environnement, mais expliquaient aussi l’apesanteur, comment fonctionnent les étoiles, les signes de piste, les messages codés, l’encre invisible avec le jus de citron… Lorsqu’on est petit, ça alimente l’imaginaire ! Utilisez-vous ces références de façon ironique ? Ce n’est pas Disney que je critique mais la société. Lorsque j’utilise Picsou avec des bombes de peinture dans sa musette, avide de reconnaissance et d’argent, ce n’est pas Disney que j’attaque mais plus le street art : je m’en sers pour critiquer le système. Picsou, qui est avare, représente l’argent sans ambiguïté, et je ne vois pas un autre personnage – à part
15
Atelier Paris Septembre 2010
LeS claSSiqueS Ce qui me fascine aujourd’hui en regardant les images qui composent ce livre, c’est cette permanente et évidente soif de création que l’on ne peut qu’admirer chez Speedy Graphito. Soif jamais assouvie, cherchant toujours une nouvelle direction, affirmant la précédente, interrogeant la suivante, se lançant chaque fois de nouveaux défis et aimant toujours à se mettre en danger, à chaque nouvelle série dévoilée, car l’œuvre de Speedy Graphito surgit toujours là où on ne l’attend pas, nous surprenant par sa vigueur et son énergie créatrice contagieuse. Car c’est justement en cette période où la mondialisation de l’art lisse et uniformise les styles que l’œuvre de Speedy Graphito se révèle complexe. Assumant depuis plus de trente ans l’œuvre figurative et narrative, il repense l’histoire, la sienne et celle de l’art, de la peinture, de la sculpture, de la télévision, de notre société. Face à un affaiblissement de l’historicité contemporaine dans l’art, le « style Graphito » continue, lui, d’évoluer, de muter, de se perfectionner, décodant toujours le présent, lui offrant des possibilités infinies de création. Bernard Utudjian
Directeur de la galerie Polaris
23
>
LES CLASSIQUES
Style 80
« Le temps des certitudes. »
A
près cinq années d’études artistiques, je n’avais qu’un seul but. Vivre de mon travail. L’école m’avait fait abandonner la peinture pour me consacrer à l’apprentissage des diverses techniques de création. C’est donc diplôme en poche que j’ai recommencé à peindre, oubliant les règles de l’art, à la recherche d’un style personnel. En feuilletant un livre de codex maya, j’ai eu une révélation, le sentiment que ce mode narratif, juxtaposant des symboles en une même image, me permettrait de raconter les histoires de mon vécu, mon quotidien, mes inspirations, toutes ces choses qui expriment ma vie et dont je suis le témoin. Les portes des galeries m’étant fermées, j’ai commencé par reproduire mes toiles d’atelier au pochoir en les bombant sur les murs de mon quartier. Pour garder mon anonymat, je me suis créé un pseudonyme sous forme de marque. Speedy Graphito. C’est sous cette nouvelle identité que j’ai coloré les murs de Paris, que j’ai rencontré d’autres artistes et que des expositions collectives se sont montées, chaque exposant invitant son cercle d’amis – créant ainsi mon premier réseau de collectionneurs. Suite à cela, des jeunes galeries sont venues à ma rencontre et ont exposé mes premières toiles. L’aventure artistique ne faisait que commencer.
24
Speedy Graphito 1985 Pochoir 65 × 50 cm
Zoulou 1985 Pochoir 65 × 50 cm
Fresque Canal de l’Ourcq – Bondy Juin 1985
>
LES CLASSIQUES
Lapinture
« Lapinture est à la peinture ce que l’inspiration est à la toile. »
Ê
tre artiste, ce n’est pas seulement produire de l’art. C’est aussi exprimer sa vision du monde. L’art est un style de vie, une quête permanente, une remise en cause quotidienne. Pour raconter cette relation intime et fusionnelle que je porte à la peinture, j’ai créé un personnage sous les traits d’un lapin de pierre. Le lapin Lapinture, personnage asexué dont les membres porte-bonheur agissent comme un grigri vaudou, m’a servi de support pour exprimer les états d’âme relatifs à mon rapport à l’art et à sa création. Ce double, aux allures de guerrier robot, a synthétisé mes questionnements existentiels. Qu’est-ce que la peinture ? Quelle est cette force qui nous pousse à peindre ? Pourquoi l’homme a-t-il ce besoin de créer ? La toile est le miroir de l’artiste et Lapinture en est son incarnation. L’art est la mémoire du monde. L’artiste est un reporter de l’émotion. L’art s’alimente de la vie et Lapinture transforme cette nourriture en énergie, en une délicieuse substance qui raconte l’histoire de l’humanité et éveille la conscience.
32
Ascension lunaire 2005 Acrylique et crayon de couleur sur papier 29,7 × 21 cm
Céréales transgéniques 2004 Acrylique sur papier recyclé 300 × 240 cm
Fresque Paris Avril 2006
>
LES CLASSIQUES
Free zone
« L’écriture du Temps. »
C
omment figurer le Temps et ses stigmates irréversibles ? Pour imaginer une éventuelle réponse, je suis parti du fait que toute chose naît et meurt sur cette planète. Que seraient devenues mes sculptures en pierre dessinées dans les années 1980 dans un environnement urbain vingt-cinq ans plus tard ? Comment le Temps aurait-il laissé la trace de son histoire sur ces volumes ? Les formes momifiées des attributs de l’artiste sous forme symbolique, sanctuaire mortifère de ce qui a été, sont ici nappées d’une écorce de signes de vie, d’écritures, de tags dont les mots décrivent toute la violence de l’anonymat urbain. Les signatures recouvrant les volumes opposent les images aux mots, la surface au trait, le volume à l’aplat. Par le contraste de cette dualité est aussi exprimé mon désir environnemental, cette envie de vivre dans un environnement bucolique et naturel avec ce besoin d’être confronté à l’adrénaline urbaine et à l’inspiration des grandes villes.
42
Wild Spray 2006 Acrylique sur toile et cadre 65 × 54 cm
Natural Instinct 2006 (détail) Acrylique sur toile 100 × 100 cm
>
LES CLASSIQUES
Toile de Jouy
« Enfant, le tissu de mon salon me faisait rêver. »
F
ils de tapissier, les murs de mon enfance étaient recouverts de tissus de toutes sortes. Les motifs choisis donnaient aux pièces de la maison des ambiances chaleureuses et variées. La toile de Jouy qui parait les murs de la salle à manger avait un effet hypnotique sur moi. Ces motifs répétés de scènes de chasse et de paysages bucoliques intriguaient mon imaginaire et je ne pouvais m’empêcher d’animer ces mondes étrangers d’une vie chimérique. En revoyant ce tissu quelques années plus tard, la maturité aidant, j’ai entrepris une mise en forme de ces vagabondages enfantins. Jouant avec un damier de cadres, j’ai raccordé les parties manquantes de ce puzzle allégorique. Ces images dessinées, comme tatouées, m’ont donné l’envie de consulter une voyante. La lecture de mes lignes de la main a fait naître une toile : La Main du destin.
Mistral gagnant 1994 Acrylique sur toiles et toile de Jouy 40 × 30 cm
48
La Main du destin 1994 Acrylique sur toiles et toile de Jouy 180 × 180 cm
Art urbain L’art urbain s’impose aujourd’hui sur la scène artistique, Speedy Graphito en est indéniablement un des représentants historiques. L’esprit de ses œuvres vient de la rue, c’est là qu’il a puisé l’énergie qui habite ses créations. Tags et graffitis y cohabitent ainsi avec des influences de la subculture, comics, séries télévisées, société de consommation. Il transcende le simple tag et la culture graffiti. Ses œuvres mixent toutes ces références dans une écriture qui lui a permis d’imposer son style aussi bien dans l’univers urbanistique que sur des supports toile, panneau, palissade. Elles sont révélatrices de ce qu’on appelle actuellement l’art urbain contemporain ; Speedy en a ouvert certaines voies il y a plus de trente ans.
Arnaud Oliveux
Commissaire-priseur chez Artcurial
63
>
ART URBAIN
Graffiti addict
« L’énergie de la rue a resitué l’art vers la vie. L’ hermétisme a laissé place à l’humanisme. »
A
près avoir flirté avec toutes les appellations possibles, le « graffiti » et le « street art » ont trouvé leurs lettres de noblesse avec « l’art contemporain urbain ». Cet art a vu toute une jeune génération se reconnaître dans cette expression underground bien loin des conventions artistiques dominantes. L’art dans la rue c’est l’art dans la vie. Une ouverture en dehors des musées et autres circuits institutionnels qui offre aux passants une réappropriation de l’espace public. Son succès médiatique a développé une avancée technique qui a remplacé la revendication idéologique par une esthétique complaisante. Les tags, trop radicaux, restent l’enfant pauvre de ce mouvement. Ils relèvent pourtant le défi de transfigurer cette culture urbaine. Ce recouvrement perpétuel qui redonne au temps sa notion d’éphémère fait ressortir la mixité des styles qui s’y accolent. Les murs deviennent vivants, en continuelle évolution. Fresque 2004 Chalon-sur-Saône
64
Art Is Life 2013 (détail) Peinture acrylique et en spray sur toile 160 × 140 cm
Exposition HYPNOTIC Miami FĂŠvrier 2014
>
ART URBAIN
paliSSade
« Les palissades ont subi l’exercice de mes premières tentatives. »
M
ur éphémère masquant un renouveau annoncé, la palissade est à la rue ce que l’emballage est au cadeau. Souvent dans les quartiers en pleine mutation, ces surfaces, sans réel titre de propriété, donnent de nouveaux champs d’expression à une nouvelle faune avide de nouveautés. Je me souviens de la construction du Forum des Halles à Paris, l’arrivée des galeries autour du Centre Georges Pompidou et de ces palissades en bois qui s’offraient à moi. Des percées laissaient transparaître des horizons lointains comme des contrées inaccessibles, lieu de nos futures excursions. Le temps a remplacé le bois par la tôle ondulée mais je reste nostalgique de ce support.
Palissades 1984 Fresques sauvages avec VLP, Epsilon Point et Speedy Graphito
Comme surface, la découpe des planches rompt avec l’écrin rectangulaire de la toile et attribue un aspect plus sculptural à l’œuvre.
Palissade 1985 Commande pour la RATP Campagne publicitaire « Je marche au bus »
72
Give Me the Power 2011 (détail) Peinture acrylique et en spray sur bois 107 × 90 cm
Cabane 2010 Arsenal de Soissons Mai 2014
ConSumériSme et mondialiSation Une des constantes de l’univers de Speedy Graphito est la critique amusée de la modernité, qui rime bien trop souvent avec mercantilisme. Armé de son goût prononcé pour la dérision, Speedy Graphito détourne bien volontiers les messages publicitaires, les logos et les grandes marques internationales qui hantent notre paysage visuel urbain au quotidien. Ces images, imposées par une société dans laquelle rien ne semble suffisant et rien ne peut durer, se mettent à raconter une tout autre histoire que celle annoncée. Speedy Graphito restitue toute l’ironie de nos modes de vie actuels à travers des figures emblématiques d’un monde voué au consumérisme. Son utilisation de ces images met en lumière la vacuité d’une quête utopique vouée à l’inassouvissement et la dépendance.
Gilles Dyan
Fondateur et président d’Opera Gallery Group
83
>
CONSUMÉRISME ET MONDIALISATION
Mandala
« Le consumérisme a remplacé les valeurs mystiques par d’autres icônes. »
L
a puissance spirituelle du mandala est connue de tous à travers le monde. Depuis des siècles et dans de nombreuses civilisations, celui-ci facilite la méditation et permet l’accès à des niveaux spirituels élevés. En réinterprétant cette composition en cercle et son effet kaléidoscopique, j’ai tenté de mettre en avant la décadence de notre terre en jouant avec les symboles du pouvoir dominant et les idéaux consuméristes de notre monde contemporain. Celui-ci a perdu ses valeurs sacrées. L’argent, le pouvoir, les médias, les marques sont les nouvelles valeurs existentielles de l’homme moderne. La répétition des motifs crée un sentiment d’abondance semblable aux tourbillons des Caddie dans un supermarché. L’éphémère n’est plus dans le détachement des biens matériels mais dans l’obsolescence programmée des produits de consommation. Karma Bizness 2004 Peinture acrylique et en spray sur toile 100 × 100 cm
84
Mandala 2009 (détail) Acrylique sur toile 180 × 180 cm
Performance Centre Georges Pompidou Festival international d’art en famille Place Beaubourg – Paris Mai 2010
>
CONSUMÉRISME ET MONDIALISATION
Urban pop
« La mémoire collective ouvre le dialogue inter-générationnel. »
L
a culture populaire est la gardienne de notre mémoire collective. C’est un des points communs qui unit les peuples qui en partagent la connaissance. La relecture de ces bandes dessinées qui ont parfumé nos souvenirs, telle la madeleine de Proust, d’une fragrance de nostalgie enfantine rallume la perception vierge de l’enfant qui sommeille en chacun de nous. Cette période magique où la fiction et la réalité se mélangent. Ces dessins sont aujourd’hui déconnectés du monde contemporain et n’ont de valeur que l’image de leur mémoire. Les replacer dans un univers actuel leur redonne une seconde jeunesse. C’est comme brouiller les aiguilles du temps, un voyage aller-retour dans un espace désynchronisé, un basculement dans une autre dimension où le temps compressé n’est plus que l’instant d’une pensée. The Lesson 2012 Peinture acrylique et en spray sur toile 100 × 100 cm
92
Color Bath 2013 Peinture acrylique et en spray sur toile 150 × 120 cm
Karma Super 2006
Acrylique sur toile
100 × 100 cm
Festival Kosmopolite Bagnolet Mai 2013
>
CONSUMÉRISME ET MONDIALISATION
Money
« Le marché de l’art définit les tendances du moment. »
L
e monde de l’art repose sur le pouvoir d’un marché financier. L’ignorer serait se mettre en marge d’un système qui aujourd’hui domine. L’artiste ne peut échapper à cette confrontation. La valeur spéculative de ses œuvres est une donnée inhérente à ce choix de vie. Le prix de l’art est le poids de la pensée. L’argent n’est que l’essence qui alimente la liberté du temps. Je vends mes œuvres pour m’acheter du temps de création et me dédouaner du coût de la vie. Cette dynamo m’offre le luxe de vivre de ma passion sans contingence matérielle. Ce système financier peut être aussi une source d’inspiration artistique quand l’ironie boursière jongle avec les sous-entendus de l’avidité mercantile. L’argent n’est que l’illusion d’un pouvoir erroné, un château de cartes fragile et éphémère.
Babel Cash 2013 Cartes de crédit et cloche en verre 80 × 30 × 30 cm
100
Babel Cash 2013 (détail)
>
CONSUMÉRISME ET MONDIALISATION
City
« La mondialisation uniformise le monde. Les mêmes rues se visitent à Paris, Tokyo ou New York. »
L
es cultures du mode se sont peu à peu standardisées. Soumises à l’influence de la médiatisation et du développement international, les grandes marques ont pris le monopole de la culture dominante. Les enjeux économiques développés ont imposé une omniprésence sur l’ensemble du monde. Le consumérisme a créé une dépendance à la reconnaissance sociale avec ses propres lois et diktats. Les grandes villes sont devenues les vitrines des désirs suggérés et du formatage de masse. Cette illusion du monde efface successivement de notre mémoire les cultures ancestrales qui représentent sa population.
Jungle City 2008 Peinture acrylique et en spray sur toile 100 × 81 cm
108
Home Street Home 2008 Peinture acrylique et en spray sur toile 150 × 120 cm
>
CONSUMÉRISME ET MONDIALISATION
LandScape
« Le déclin du rêve américain face à la force de la nature. »
L
es États-Unis, pays des paradoxes, fascinent le monde par la beauté de ses grands espaces. Ses grandes étendues sauvages, méditatives et intemporelles exaltent un vent de sérénité vers d’infinis horizons. C’est également le pays de la surconsommation, des voitures et de l’argent tout puissant. On y vit à crédit. Le Dieu Dollar est devenu la religion prédominante. La voiture est considérée comme l’attribut de la réussite sociale. Sous des allures d’affiches de films, ces peintures rappellent les valeurs essentielles de la vie et la fragilité écologique de notre planète. Ces carcasses de voitures échouées, telles des squelettes abandonnés de montures, posent la question de la pérennité du monde dit moderne. Que restera-t-il de ce monde quand l’humanité aura disparu ?
Requiem 2012 Acrylique sur toile 93 × 93 cm
116
The End 2012 (détail) Acrylique sur toile 200 × 200 cm
Affichage Festival de la pluie Arromanches Juillet 2012
Nouveaux MONDeS Voyagez, que ce soit dans le temps, dans les rêves ou vers des contrées lointaines. La connaissance d’autres mondes donne la hauteur nécessaire pour se situer dans l’univers. C’est le moyen de se confronter à d’autres modes de pensée et de se recentrer sur l’essentiel. La diversité enrichit la vie et l’esprit qui, alors plus libres, peuvent s’évader vers des inconnus inexplorés. Mes différents voyages m’ont permis de développer ma recherche d’un langage universel, un langage où l’image se fait mot, où les cultures se mêlent. Toute cette richesse acquise donne du relief à mon travail et m’ouvre l’imaginaire à d’autres possibles.
Speedy Graphito
125
>
NOUVEAUX MONDES
Karmagonie « Voyage d’un Monde à l’autre. »
B
ienvenue dans le Pays imaginaire, sur mon île vagabonde. Celle où la Terre est jaune comme le Soleil, celle où les arbres pondent des fleurs, où ces fleurs versent des larmes qui s’égouttent telle une sueur céleste et nourrissent la terre de cet élixir de vie. Les lucioles énergétiques scintillent dans la noirceur du néant et offrent une vibration, un écho résonnant. Ces peintures énigmatiques racontent la vie, le cycle de la nature, le passage de l’énergie. Le trait noir dessine le vide comme le yin enlace le yang. Cette série s’est dessinée comme la représentation de l’art traditionnel de la Kamagonie, une terre méconnue aux rites ancestraux. Elle exprime les us et coutumes de sa population insulaire.
Songe 2006 Acrylique sur papier 65 × 50 cm
126
Ces peintures représentées comme les traces sacrées d’un codex initiatique dévoilent les pouvoirs chamaniques du peuple karmagonien. L’œuvre devient le passage entre le monde de la réalité figurée et le monde de la spiritualité onirique.
Céleste 2006 (détail) Acrylique sur papier 73 × 60 cm
>
NOUVEAUX MONDES
Welcome to VenuS
« Un voyage expérimental au-delà de l’inconscience. »
A
vec l’artiste Sibylle DeLuxe, je suis parti en voyage sur la planète Vénus. Ce circuit organisé et hautement touristique nous a fait découvrir tous les attraits de cette planète riche en explorations. Les merveilles de Vénus sont innombrables. La faune et la flore, les parcs naturels préservés, les temples, les sites historiques et leurs son et lumière, les spécialités culinaires dont la fameuse moule vénusienne, rien ne nous a échappé. À notre retour, les yeux encore pleins d’étoiles, nous avons ramené une série de vingt-quatre photossouvenirs, les tickets des sites visités, quelques bibelots achetés au souk, de l’art traditionnel et contemporain local ainsi que des petites vidéos de vacances. Une expérience qui nous a éclairés sur l’influence de cette planète sur notre Terre et sur les dégâts du tourisme de masse. À recommander sans modération à tous ceux qui pensent que la vie est mieux ailleurs.
132
À bord du Monolite 1997 Tirage numérique sur papier photographique 18 × 24 cm
Escalade à Flying Stones 1997 (détail) Tirage numérique sur papier photographique 18 × 24 cm
>
Carnet de voyage
Amérique
Quelques fresques et performances réalisées lors de mon voyage aux États-Unis en 2011. Fresque à Costa Messa Capt’n Speedy America in Los Angeles Fresque à Venice Beach Fresque à Miami Beach
139
>
140
Carnet de voyage
Japon
En 2011, suite à une invitation de l’ambassade de France au Japon, j’ai repeint les murs de l’ambassade avant sa destruction dans cette zone de non-lieu qui n’était plus française et pas encore japonaise. L’exposition « No Man’s Land » regroupait une cinquantaine d’artistes français et japonais.
IlluSionS Comme si l’artiste avait envie d’explorer les limites de l’image, de reculer les frontières, et surtout de créer des sensations nouvelles, comme s’il était désireux de « mourir » une seconde fois pour renaître différent, Speedy Graphito casse ses compagnons de toujours en mille morceaux et, comme pour rendre hommage à sa manière au Nu descendant un escalier de Marcel Duchamp, il nous restitue son cubisme visuel, une sensation de mouvement, et selon les propos centenaires de Louis Vauxcelles, « un antagonisme dynamique », qui rend ses œuvres encore plus hypnotiques et toujours aussi passionnelles.
Emmanuel Provost
Directeur de la New Square Gallery
147
>
ILLUSIONS
déchirureS
« L’archéologie de la mémoire s’effeuille avec grâce dans la poésie de l’instant. »
L
a plasticité urbaine réserve des trésors d’esthétismes. La transformation des affichages sauvages lacérés dévoile de véritables compositions lyriques. Télescopages de styles et de mots, ces cadavres exquis improvisés condensent nos désirs imposés en rêveries poétiques. La beauté du temps qui passe et l’énergie de la ville s’arrachent avec rage, témoin d’un passé irréversible. Ces lacérations expriment le refus, la révolte et la libération envers une société imposante et consumériste qui ne sert que ses intérêts. Actes libératoires, espoir d’une mutation ou dégradations involontaires, le message s’affiche en pleine face par la dynamique du geste.
Invaders 2007 Acrylique sur toile 46 × 38 cm
148
Cette réinterprétation posée, exécutée par la délicatesse du pinceau, désamorce la valeur éphémère pour n’en garder que le jeu des rythmes. Cette représentation du temps libéré, tel un puzzle déstructuré, détourne son idéologie primale en champs de bataille ouvrant sur de nouveaux idéaux.
Powerman 2007 Acrylique sur toile 46 × 38 cm
>
ILLUSIONS
AtomiSation « Le cerveau assemble les fragments pour rendre visible l’invisible. »
T
els des miroirs brisés, ces atomisations explosent le reflet de la mémoire en une multitude de fragments, multipliant ainsi la représentation de son image. C’est ensuite à l’esprit de rassembler les morceaux pour reconstituer sa figuration première. Ce big bang optique cherche le point de rupture de la figuration. Jouant avec les frontières de l’abstraction, l’image perçue n’est plus qu’une reconstitution mentale. L’œuvre n’est plus le support mais l’observation. Le volume rajoute une dimension spatiale qui rompt avec l’emprisonnement du châssis. Cette réappropriation de la perception ne s’opère que par la mémoire de l’image initiale.
Atomised Woody 2013 Acrylique sur bois 100 × 100 cm
156
Atomised Camehameha 2013 (détail) Acrylique sur bois 100 × 100 cm
>
ILLUSIONS
Techno abStraction
« La machine peut générer une plasticité loin des critères humains. »
M
e confronter à l’abstraction et à de nouvelles formes de représentations a toujours intrigué ma curiosité. Ces peintures ne figurent pas l’image de la peinture mais l’expression d’une liberté développée par l’émotion de l’intime. Ces œuvres se sont construites autour d’une envie, d’un désir, d’un besoin de liberté, d’une nécessité vitale de découvrir d’autres univers picturaux. Travaillée à partir de déformations numériques, cette série représente une variation des perceptions de l’énergie. Aimantation, répulsion, torsion, étirement, les flux vivent, subissent des transformations successives, créant un monde virtuel. Dans ce micro- monde informatique où la diversité des attractions se module, l’esthétique numérique crée de nouvelles formes d’expression. La machine devient le créateur et l’artiste, la machine exécutrice de l’œuvre. Transmutation 2011 Acrylique sur toile 100 × 100 cm
162
Cosmic Tunning 2011 Acrylique sur toile 240 × 240 cm. Courtesy galerie Polaris
>
ILLUSIONS
pSychodiagnoStic « La symétrie est le miroir de l’âme. »
L
e test de Rorschach a été conçu par le psychiatre et psychanalyste Hermann Rorschach en 1921. Baptisée « psychodiagnostic », cette expérience appartient aux tests appelés projectifs. Le sujet est soumis à des stimuli, le principe étant que ses réponses indiquent des mécanismes inconscients et des traits de sa personnalité. Ses réponses spontanées sont exprimées grâce à des taches d’encre symétriques conçues pour l’évaluer psychologiquement. La symétrie est également une transposition du corps, la représentation d’un double de soi lisible comme un livre ouvert sur la pensée. L’effet miroir permet une évasion simplifiée.
Happy Way 2014 (détail) Acrylique sur toile 140 × 100 cm
170
Psychodiagnostic Paradisiac 2014 Acrylique sur toile 160 × 140 cm
>
ILLUSIONS
BubbleS
« L’effervescence créative est le champagne de la vie. »
L
es méandres de l’esprit m’ont depuis toujours intrigué. Petit, je lisais des livres scientifiques sur le fonctionnement du cerveau pour comprendre l’impalpable de la pensée. Je me pose toujours la question de savoir si tous les êtres humains voient la même chose, les mêmes couleurs, les mêmes contrastes, comme un écran de télévision standardisé réglé pour une vision commune.
Dans ces toiles, les bulles symbolisent l’effervescence de l’esprit en explosant de couleurs le tissu des souvenirs. Tel l’effet d’une loupe, la goutte d’eau focalise l’attention sur un détail, une partie qu’elle recouvre. Les cercles chromatiques, capteurs de couleurs, s’organisent comme des cellules sous l’œil d’un microscope. Une macro vision du psychisme, de cette addiction maladive à l’image, qui fouille notre mémoire pour en extraire ses souvenirs cachés.
Chaos of Love 2014 Acrylique sur toile 100 × 81 cm
178
Wild Love 2014 (détail) Acrylique sur toile 197 × 147 cm
Atelier Malibu – Californie Juillet 2014
NouvelleS technologieS Speedy Graphito ne cesse de créer de nouvelles perspectives sur l’art et la culture. Presque aussi débridés que ses peintures, les procédés techniques de l’artiste manifestent un effort permanent d’innovation, et non content d’utiliser ces changements pour obtenir une évolution de l’œuvre, il établit aussi, dans le même temps, des précédents artistiques novateurs. Ses réalisations fondées sur les nouvelles technologies, qui explorent la mutation et la perception de l’imagerie au moyen d’emplois variés de la numérisation, sont de ce point de vue particulièrement innovantes. À notre époque de surconsommation numérique, où des myriades de canaux de communication ont transformé la planète en un immense réseau de distribution qui envahit le monde et nos vies quotidiennes jusque dans une sphère très intime, Speedy Graphito interroge ces notions à travers différents médias. Ainsi, il juxtapose les idées issues de la révolution numérique à celles de la peinture traditionnelle. Il utilise l’iconographie familière de la mémoire collective de nos sociétés et transpose ces images iconiques dans un contexte numérique, créant du même coup une sorte d’objet hybride entre l’analogique et le numérique, entre le passé et l’avenir. En une conjugaison de motifs aux couleurs éclatantes empruntés à la culture populaire et de références à la langue vernaculaire des médias sociaux, Speedy fusionne une multitude de concepts technologiques de manière à établir un commentaire de la consommation des mass media. Et ce type d’œuvres exemplifie à la fois son intérêt pour la modernisation et son talent d’artiste avant-gardiste. Fabien Castanier
Directeur de la Fabien Castanier Gallery
187
>
NOUVELLES TECHNOLOGIES
« Internet a saturé le monde d’images les rendant éphémères et périssables. »
L
’apparition d’Internet dans notre quotidien a bouleversé notre rapport à l’image. Je me rappelle des journées de mon enfance dans les bibliothèques à la recherche de documentation pour dessiner. Aujourd’hui, la corne d’abondance Google a comblé mes espérances de recherches documentalistes. Le choix opulent de l’offre a révolutionné mes sources d’inspiration. Les classements de ce moteur de recherche ont fait surgir des images improbables. Certains mots clés m’ont fait découvrir des univers insoupçonnés. L’inspiration se cache souvent dans l’erreur. La recherche de visuels, passant d’une image à une autre, crée un parcours de l’instant, une photographie du présent. L’accumulation de ses visuels sur une toile engendre un instantané du cheminement de l’intuition. Chaque toile devient alors une métaphore de l’esprit, une singularité temporelle de l’individu, une réponse à son subconscient.
I Love My Job 2007 Acrylique sur sculpture 60 × 50 × 40 cm
188
Google Cash 2007 (détail) Acrylique sur toile 100 × 100 cm
>
NOUVELLES TECHNOLOGIES
Smartphone
« La communication a vu naître un monde parallèle où la réalité se confond parfois avec la fiction. »
V
oilà plus de vingt ans que l’informatique s’est installée dans les foyers. Son omniprésence dans notre quotidien a fini par modifier nos habitudes, faisant ainsi naître de nouveaux codes, de nouveaux langages, une nouvelle perception du monde environnant. Petit à petit, elle s’est miniaturisée et, tel un compagnon nomade, s’est greffée sur notre conscience pour modeler les comportements instinctifs influant sur notre mode de vie. Les smartphones se sont greffés à nos vies comme un nouvel organe. Miroirs de notre intégration sociale, ils nous ouvrent un monde où la réalité côtoie le virtuel. On voyage pour capturer des souvenirs. On délaisse l’émotion de l’instant au profit des éventuels partages virtuels. On se raconte, se parle, s’écrit, se voit, constamment reliés les uns aux autres. La vie ne sera plus comme avant.
WYSIWYG 2012 Acrylique sur bois 70 × 52 cm
196
I <3 Street Art :) 2013 Acrylique et résine sur bois 150 × 100 cm
Exposition LIKE New Square Gallery â&#x20AC;&#x201C; Lille Novembre 2012
>
NOUVELLES TECHNOLOGIES
pixelliSation « Au commencement était le carré. »
L
es premières images informatiques nous ont fait découvrir le pixel. Carré blanc sur fond d’écran noir, cette simplification extrême de la forme a révolutionné notre perception du monde. Le pixel est devenu l’unité de mesure de l’image. De la haute à la basse définition, c’est lui qui définira les utilisations ultérieures de l’image et de ses possibles reproductions. L’avancée technologique a redéfini les critères de qualité. L’image est aujourd’hui devenue prisonnière de son espace-temps. Qu’en sera-t-il du futur ?
Arrosoir 2003 Acrylique sur bois 46 × 55 cm
204
Ces œuvres mixent sur la toile deux tailles de définitions concurrentes. Suivant la distance de l’observateur, de loin, on en voit une silhouette globale simplifiée, de près, des points de détail, plus précis même si l’on perd la forme initiale. Cette double vision soulève une question : l’homme est-il le mètre étalon de sa propre unité de mesure, comme l’a souligné Léonard de Vinci ?
Princesse 2003 Acrylique sur bois 55 × 46 cm
>
NOUVELLES TECHNOLOGIES
InStant replay « La télévision est une drogue dont l’accoutumance masque la réalité de la vie. »
L
‘arrivée de la boîte à images dans les foyers a annoncé le changement radical qui allait changer notre perception du monde à tout jamais. Perçue d’abord comme un rêve, cette illusion de voyager dans son fauteuil a bercé avec saveur mes envies de découvertes comme un remède à la monotonie de la vie. Je pouvais vivre par procuration des aventures extraordinaires avec les nouveaux héros que m’offrait le petit écran. Mais cette représentation de la vie n’était qu’une vision filtrée du monde présenté comme une réalité. Sur les vieux écrans cathodiques de mon enfance, les combinaisons des points rouge-vert-bleu donnaient aux images une vibration hypnotique. Telle une machine à laver le cerveau, à oublier les difficultés de notre existence, elle devient vite addictive, désinhibant nos élans révolutionnaires. En remplaçant ces diodes par des gélules, placebo de la vie, j’ai voulu exprimer ce ressenti.
208
Batman et Robin 2013 Acrylique et résine sur bois 100 × 100 cm
Space Man 2013 (détail) Acrylique et résine sur bois 100 × 100 cm
Exposition NEWWORLDS Fabien Castanier Gallery â&#x20AC;&#x201C; Los Angeles Mars 2013
>
NOUVELLES TECHNOLOGIES
Big bUzZ iS watching you
« L’addiction à l’image nous fait vivre par procuration une vie parallèle. »
L
a téléréalité a captivé avec fascination ce désir voyeuriste inavoué qui se cache en chacun de nous. Présentée comme une incursion dans la vie privée d’autrui, elle expose avec habileté le commun des mortels, telle une star, pour en faire la projection égocentrique d’une société en quête de reconnaissance. La silhouette basse définition d’une de ces vedettes présentée dans le cadre d’une galerie sème le doute par son apparente ressemblance à la Joconde. L’aperçu sur un téléphone portable redonnera toute la définition à l’icône.
214
Big Buzz Is Watching You 2013 Couvercles peints 200 Ă&#x2014; 300 cm. Courtesy galerie Polaris
215
>
NOUVELLES TECHNOLOGIES
Validation « Le choix est un phantasme de liberté. »
S
auvegarder sa vie. Cette idée s’est ancrée avec pertinence comme si notre vécu était le témoignage important de notre siècle, comme si nous étions tous des êtres d’exception. Sauver ses données personnelles, c’est un peu comme avoir accès à l’immortalité. C’est toute notre vie sur un disque dur, avec l’espoir que les reliques de notre passé survivent à la technologie futuriste sous forme de fichiers décodables. La notion d’éphémère a été acceptée depuis longtemps pour les artistes de rue. La question de pérennité est tout autre pour un marché de l’art qui veut sécuriser ses investissements, pour les conservateurs qui doivent protéger du temps le patrimoine de notre culture.
Do You Want to Add to Your cart ? 2012 Sérigraphie sur papier 50 × 35 cm
216
Pensez vous vraiment pouvoir éradiquer une culture ? 2012 (détail) Acrylique et résine sur bois 150 × 150 cm
Voulez vous vraiment dĂŠtruire ce mur ? Biennale du Havre Mai 2012
>
NOUVELLES TECHNOLOGIES
Loading
« La réalité virtuelle a rompu les liens du temps. »
I
nternet a supplanté à notre perception du monde une nouvelle réalité de représentation. Une œuvre d’art déposée sur le Web a énormément plus de visibilité qu’exposée dans une galerie d’art, un musée ou tout autre lieu culturel. Les représentations physiques deviennent des prétextes pour nourrir Internet d’un flot continuel d’informations prêtes à être commentées, partagées et aimées. Les expositions, les performances et les événementiels ont perdu de leur puissance attractive. L’impact de la représentation se fait désormais derrière un écran. Ces toiles en chargement sont reliées à un moniteur. Une vidéo y est diffusée dévoilant l’œuvre dans son intégralité. Seule la version numérique permet de voir la partie recouverte par la zone obscurcie du chargement peinte sur la toile. Une version QR CODE a également été créée sur le même principe.
224
Waiting 2012 Acrylique sur toile 150 × 120 cm
Loading 2013 Sérigraphie à gratter 65 × 50 cm
CHRONOLOGie 1980 1990 2000 1994
1983
Pochoirs
Toile de Jouy 1997
1984
Style 80 1986
2007
2003
2007
2004
Welcome to Venus
Mandala 2008
2006
Lapinture
Karmagonie
City 2008
2006
Free Zone 232
DĂŠchirures
Pixellisation
Palissade
2010 2012
2010
Urban Pop
Money
2013
Validation 2012
2010
Techno Abstraction
Loading
Landscape 2012
2010
2014
2012
Psychodiagnostic 2014
Instant Replay
Bubbles
2013
Smartphone
Atomisation
233
C u r r i c u l u m Principales expositions personnelles
234
2015 « Propaganda is killing your mind » Fabien Castanier Gallery – Los Angeles « 80 » Galerie Polaris – Paris « 2000 » New Square Gallery – Lille 2014 « Neverland » Arsenal de Soissons – Soissons « Libre comme l’art » Hôtel Jules et Jim – Paris « Drawing Now » Galerie Polaris – Paris « Hypnotic » Fabien Castanier Gallery – Miami « Langages » Artothèque de Pessac – France « Parade » Galerie Les tournesols – France 2013 « Happy Street Art » Opera Gallery – Paris « Start Over » Galerie Polaris – Paris « Lost » Maison Elsa Triolet-Aragon – Saint-Arnoult-en-Yvelines « Rétrospective à Saint-Émilion » L’Atelier des nuages – Saint-Émilion « Newworlds » Fabien Castanier Gallery – Los Angeles « Heros never die » Art Factory – La Réunion 2012 « Like » New Square Gallery – Lille « The essential of painting 1987-2012 » Galerie Polaris – Paris « Art Zone » Galerie 8 – Vichy 2011 « Solo Show » Opera Gallery – London « Back2Venus » New Square Gallery – Lille « FreeWay » Fabien Castanier Gallery – Los Angeles « Exit » Galerie australe – La Réunion « Exit 2 » Galerie 8 – Vichy « Art for a better world » Fabien Castanier Gallery – Miami 2010 « What did you expect ? » Galerie Brugier Rigail – Paris « Mondovision » Artop – Lille 2009 « Prime time » Art Partner Galerie – Bruxelles 2008 « Sans issues » Art Partner Galerie – Paris « Voyage aux pays des merveilles » – CRAC de Fontenoy 2007 « Connexions » Art Partner Galerie – Paris « Lille aux trésors » Galerie Artop – Lille « Urban pop » Ambrogi – Fabien Castanier Gallery – West Hollywood 2006 « Tatouages urbains » Galerie Anne Vignal – Paris « Retro : Prospective » Galerie Suty – Coye-la-Forêt 2005 « Parcours de la Bièvre » Lézart de la Bièvre – Paris 2004 « L’aventure intérieure » Espace Beaurepaire – Paris « Terminus » La chapelle du Carmel – Chalon-sur-Saône 2003 « Wake up » Galerie Polaris – Paris « Époque épique » L’atelier d’artiste chez vous – Paris 2002 « Voyages en terres inconnues » L’atelier d’artiste chez vous – Paris 1998 « Welcome to Venus » Galerie Polaris – Paris 1997 « Images cathodiques » SAGA – Paris « Lapintures » Galerie Hugues de Payns – Tours 1996 « L’être ou ne palette » Espace Saint-Jacques – Saint-Quentin 1995 « C’est moi qui Lapin, Sétois qui voit » Galerie Beau Lézard – Sète « La vie dont je suis le Héros » Galerie Polaris – Paris 1994 « Que passa » Galerie Punto – Valencia – Espagne « Viva Lapinture » Galerie Italia – Alicante – Espagne
V i t æ 1993 « Le monde Alaloupe » Galerie Polaris – Paris 1991 « Paris, Tours, Rennes » Galerie Polaris, Galerie Michel Pommier, Galerie Collin 1990 « Speedy Graphito, produit de l’art » Espace Action – Paris « Retour d’Afrique » Galerie Michel Pommier – Tours « Speedy Graphito peint l’Art moderne de 1990 à nos jours » Galerie Polaris – Paris 1989 « King of the city » Galerie Polaris – Paris 1988 « Étude des Saints » Galerie Polaris – Paris 1987 « Le radeau des médusés » Espace Action – Paris « Lapinture au génie » Galerie Wanet – Charleroi 1986 « L’atelier de l’artiste » Galerie Polaris – Paris « Génie artistique » Institut français de Naples – Italie « Vers de nouvelles z’aventures » Centre culturel – Évry 1985 « Meurtre dans un château anglais » Galerie Polaris – Paris 1984 « À la recherche de Zarzan » Galerie Paradis – Paris Principales expositions collectives 2015 « Urban Art 3 » Biennale de Street art. Vôlklingen – Allemagne « Barcu » Fabien Castanier Gallery – Bogota 2014 « InÍ situ » Fabien Castanier Gallery – Los Angeles « Boom » Épinal – France « Dalí fait le mur » Espace Dalí – Paris – France « Barcu » Fabien Castanier Gallery – Bogota 2013 « Urban Art 2 » Biennale de Street art. Vôlklingen – Allemagne « A4 » New Square Gallery – Lille 2012 « Biennale du Havre » – Le Havre « French Invasion » Fabien Castanier Gallery – Los Angeles « Fifty fifty » Galerie Mathgot – Paris « Guerre et Paix » Opera Gallery – Paris 2011 « Graffcity » Opera Gallery – Paris « Urban Activity » Espace culturel Jean Cocteau – Les Lilas « Fondation Clément » Mix Art – La Martinique « Atrium » Mix Art – La Martinique 2009 « Stepanska Street Art » Institut français de Prague « No man’s land » Ambassade de France au Japon – Tokyo 2008 « Group show » Art Partner Galerie – Bruxelles « Group show » Art Partner Galerie – Paris 2007 « Group show » Art Partner Galerie – Paris « Group show » Art Partner Galerie – Paris 2006 « Sur les murs » Centre culturel francais – Tlemcen (Algérie) « Salon de la lingerie » Porte de Versailles – Paris « Aux arts citoyens » Espace des Blancs Manteaux – Paris « Artistes urbains » Galerie Anne Vignal – Paris « Trendmarks » Galerie Suty – Coye-la-Forêt « Avant travaux » Usines Mauchauffée – Troyes 2005 « Deck’on » Exposition itinérante – Montpellier, Paris, Alpe d’Huez, Vienne… « Salon de la lingerie » Porte de Versailles – Paris « Section Urbaine » Les Blancs Manteaux – Paris
2004
2003
2001 1997 1995 1994 1993 1992 1991 1990 1989 1987 1986 1985
1984
« Rue des artistes » Galerie Anne Vignal – Paris « Dites 33 » La Condition publique – Roubaix « Les Muutants » Péniche Antipode – La Nuit blanche – Paris « Les Muutants 2 » Péniche Antipode – Paris « Vœux d’artistes » – Galerie Kahn – Espace Beaurepaire – Paris « L’Humanité » Fête de l’huma – Galerie Les singuliers – Paris « Paf dans ton Pif » Hommage à Pif Gadget – Paris « Art de rue » (Mesnager, VLP, Graphito) – Espace Tiffaine – Paris « Stencil project » Arslonga – Paris « Stencil project » Glazart – Paris « Le musée idéal » Espace Beaurepaire – Paris « Ma collection préférée » Espace Beaurepaire – Paris « Artistes » L’atelier d’artiste chez vous – Paris « ART de rue » Galerie Kahn – Strasbourg « General motors » Fondation Colas – Paris « Exposition de groupe » Galerie du Chai – Saint-Brieuc « Les sirènes » Musée de Dieppe « Art de groupe » Espace Cargo – Marseille « Un artiste invite un artiste » Galerie Polaris – Paris « Les déjeunées sur l’herbe » Galerie Beau Lézard –Sète – Paris – Séoul – Tokyo « Œuvres monumentales » Galerie Polaris – Paris « Comme convenue lors de… » Galerie Polaris – Paris « Figurations, fin de millénaire » Exposition itinérante « 5 ans d’édition 1987-1992 » Galerie Polaris – Paris « Exposition de groupe » Galerie Metropolis – Lyon « Exposition de groupe » Galerie Michel Pommier – Tours « Pour saluer le destin » Musée Ingres – Montauban « Exposition de groupe » Galerie Patrick Riquelme – Vannes « Le témoignage de la peinture 1789-1989 » CAC – Avranches « Les allumées de la télé » Grande Halle de la Villette – Paris « Exposition de groupe » Art Jonction International – Nice « Les médias peintres » Maison de la culture de Rennes « Le Speedy maton » Galerie d’Art contemporain de Nice « Peintures sauvages » Frasso Télésino – Italie « La boutique à Speedy » Galerie Polaris – Paris « Émotions » Espace Saint-Jacques – Saint-Quentin « Mouchoirs d’artistes » Galerie Lara Vinci – Paris « Détournement d’affiches » CNAP – Paris « Et dans dix ans » Espace Pierre Cardin – Paris
235