Be Perfect Magazine Automne 2023

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Be Perfect

BELGIAN STORIES
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Automne 2023 EDITO

Les Belges ont l’art de se distinguer ! Pas étonnant que des monstres sacrés décident d’acquérir la nationalité belge tout en conservant leur nationalité d’origine, à l’instar du célébrissime et talentueux Eric-Emmnanuel Schmitt. En deux décennies, il est devenu l’un des auteurs francophones le plus lu et représenté au monde. Et a été reçu par le Pape François en personne ! Pour l’heure, il nous accueille dans sa maison ixelloise à l’occasion de la rentrée littéraire. Évènement où les Belges se surpassent ! Dans « Psychopompe », les mots d’Amélie Nothomb nous entraînent dans l’abîme de sa souffrance puis à la genèse de sa renaissance portée par l’écriture. A peine sorti, le nouveau roman de Thomas Gunzig, « Rocky, dernier rivage », va être adapté au cinéma par Jaco Van Dormael. Lisette Lombé, Poétesse nationale 2024, dédie sa plume à un ouvrage vibrant et libérateur. Paul Colize maîtrise l’art d’anéantir les certitudes et de troubler les consciences, au service d’une intrigue brûlante. Isabelle Wéry n’aime rien plus que les récits qui emportent vers des ailleurs entre réalité et imaginaire. Antoine Wauters évoque à la façon des polaroïds, son village wallon, sa découverte de l’écriture, et les années 80. Notre coup de cœur, Jérôme Colin, livre un nouveau récit intimiste qui parle d’ados en souffrance.

Sophie Breyer est l’étoile montante du cinéma belge. Maxime Croisé, 22 ans, vient de remporter une Médaille d’Or au World Championships of Performing Arts de Los Angeles. Axelle Delhaye livre des trésors d’authenticité. Eric Croes et Tom D. Jones dévoilent leurs nouvelles expos. Pierre Degand fête les

50 ans de sa Maison éponyme et Albert Baronian ses 50 ans d’art.

Bruxelles se dévoile comme la capitale de l’Art nouveau en 2023 avec entre autres l’ouverture au public de la Maison Hannon construite par Jules Brunfaut et de l’Hôtel van Eetvelde signé Victor Horta. Quant à Hélène Van Marcke, l’architecte s’inspire du contexte historique et architectural d’un bâtiment.

Le Vieux Château de Tanguy de Turck est étoilé Michelin et primé « Plus beau restaurant design » par le Gault&Millau. Romain Longchamp prend les commandes des cuisines de Bagheera, le resto-bar bobo-chic installé en orée du Bois de la Cambre. Le Domaine de Naxhelet abrite un nouveau restaurant, Pollen, qui nous plonge dans un univers culinaire gastronomique, local et écoresponsable, et collabore avec Label Meunier, une huile de soin bio de terroir fabriquée en Wallonie.

Hors de nos frontières, les Belges excellent aussi. Alex Vizorek pratique l’humour potache sans jamais prendre les gens pour des cons. Maxime Ullens, le plus belge des vignerons champenois, crée des cuvées d’excellence et d’éblouissants millésimes. Notre Malou national monte à Paris et pose ses casseroles dans son restaurant, qu’il nomme « Mallory Gabsi », rafle 1 étoile au guide Michelin et est sacré Jeune chef de l’année en France.

Bel automne, belle lecture.

Rédactrice en chef

Remerciements : À ma « perfect » équipe et à nos partenaires pour leur fidélité et leur confiance.

ARIANE DUFOURNY
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BE PERFECT, C’EST AVANT TOUT LE TRAVAIL D’UNE ÉQUIPE

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ERIC-EMMANUEL SCHMITT

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Servane Calmant Journaliste Nicolas De Bruyn Directeur artistique Barbara Wesoly Journaliste Olivia Roks Journaliste Anthony Dehez Photographe Luc Depierreux Coiffeur et Make-up Artist Ariane Dufourny Rédactrice en chef
CONCEPT STORE AUX TENDANCES CASUAL & CHIC, POUR LES HOMMES& FEMMES AMATEURS DE STYLE ET D’ÉLÉGANCE LA FABRIQUE DE LASNE Rue de l’Église, 3 1380 Lasne 02/633.46.63 la-fabrique.be LA FABRIQUE DE NAMUR Rue de la Croix, 16 - 18 - 23 5000 Namur 081/83.38.01 autumn
12 18 LES NOUVEAUTÉS DE LA RENTRÉE 22 LA TABLE 23 LES TABLES SIGNÉES 24 L’ ART NOUVEAU, DEMEURES INTEMPORELLES 26 TINTIN, L’AVENTURE IMMERSIVE 28 HALL OF TIME 30 DANEELS 34 ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT 40 AMÉLIE NOTHOMB 42 THOMAS GUNZIG 46 LISETTE LOMBÉ 48 PAUL COLIZE 52 JÉRÔME COLIN 54 ISABELLE WÉRY 56 ANTOINE WAUTERS 2 CAUSERIE LITTÉRAIRE 1 REPERAGE 33 - 58 17 - 32 SOMMAIRE
BE PERFECT 60 PIERRE DEGAND 64 AXELLE DELHAYE 70 HÉLÈNE VAN MARCKE 74 HOTEL VAN EETVELDE 78 MAISON HANNON 82 ÉRIC CROES 86 ALBERT BARONIAN 90 MAXIME CROISÉ 92 SOPHIE BREYER 3 CAUSERIE 59 - 98
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14 100 LE VIEUX CHÂTEAU 104 BAGHEERA 108 NAXHELET 4 PLAISIR 99 - 112 SOMMAIRE 114 MALLORY GABSI 118 MAXIME ULLENS 124 ALEX VIZOREK 126 TOM D. JONES 5 NOMADE 113 - 130 132 GRAND MANZARIN 136 L’OSCAR LONDON 140 ROYAL CHAMPAGNE 6 VOYAGE 131 - 143 BE PERFECT PARIS SOURIT À MALLORY

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REPERAGE

Des adresses à se refiler, des expositions à découvrir, des boutiques incontournables...

LES NOUVEAUTÉS DE LA RENTRÉE - LA TABLE - LES TABLES SIGNÉES - L’ ART NOUVEAU, DEMEURES INTEMPORELLES - TINTIN, L’AVENTURE IMMERSIVE - HALL OF TIME - DANEELS

LES NOUVEAUTÉS DE LA RENTRÉE

Une maison médiévale à redécouvrir, une institution qui reprend vie et un nouveau repaire pour « Kiekefretter » (comprenez : mangeur de poulet) dans l’hypercentre bruxellois. Un bar à huîtres et fruits de mer et un concept de sharing food inspiré des cuisines du monde, à Ixelles. Nos invitations à sortir se veulent résolument éclectiques.

18 MOTS : SERVANE CALMANT BE PERFECT | LES NOUVEAUTÉS DE LA RENTRÉE

MANNEKEN PIS CAFÉ,

CENTRE-VILLE DE BRUXELLES

Vous déplorez un hypercentre défiguré par les snacks à pittas ? Certes, mais avec un peu de curiosité, on finit aussi par y découvrir des pépites. Ainsi Bouillon Bruxelles au rapport qualité-prix impeccable. Et dorénavant, Manneken Pis Café, situé, vous l’aurez deviné, face à la fameuse statue du ket.

Charlie Gordewer (Le Kiosque du Bois de la Cambre) et Jean-Maurice Hinsenkamp (le concept HopDog), deux jeunes entrepreneurs bruxellois, jouent franc jeu : « Nous sommes bien conscients du défi. Ouvrir dans un quartier hyper touristique, un café-restaurant qui invite aussi les Bruxellois à redécouvrir le centre-ville, c’est audacieux. » Mais l’idée est bonne, car le lieu, une ancienne maison médiévale à la façade classée construite en 1696, bien avant l’indépendance de la Belgique donc, vaut à lui seul le déplacement. Pour qui aime le rustique (chaises en bois, parquet foncé et vitraux anciens), c’est même l’endroit idéal pour boire une bonne mousse. Les 17 bières pression au bar dont Duvel et Chouffe donnent le tournis !

La véritable surprise cependant, elle se situe à l’étage, totalement dédié à la bistronomie. Une cuisine ouverte sur une salle unique et une atmosphère de garde-manger donnent d’emblée le ton : les bons produits, les légumes au vinaigre maison méthodiquement rangés sur une étagère murale et les recettes emblématiques de notre plat pays, y sont à l’honneur. Traditions quelque peu revisitées évidemment par Milan La Roche du St-Kilda ucclois qui signe ici la carte et invite à déguster du tout bon : cervelas/ rémoulade, potekeis, carbonnade de joues de bœuf à la Duvel, grenailles croustillantes, mayo aux herbes maison. Le mélange de fromage de Bruxelles et de fromage blanc est tout droit sorti des frigos de La Fruitière, quant à la carbonnade, elle porte la signature Dierendonck, deux institutions belges. Les portions 2/3, à partager ou pas, bénéficient d’un tarif modique. Et les vins naturels y ont la cote. Bref, nous y retournerons, à deux ou en bande.

www.mannekenpiscafe.com

19 REPERAGE
© The
Good com

BABETTE, QUARTIER BASCULE À IXELLES

Qu’avez-vous envie de manger ce soir ? Italien. Et vous ? Marocain ! Quel casse-tête de mettre tout le monde d’accord. Sara et Asad, déjà propriétaires du restaurant Nina à Ixelles, ont dû penser la même chose en créant Babette, un concept de sharing food inspiré des cuisines du monde, qui a pour cadre une élégante salle à manger, dans les tons de vert et de rose associés à des touches de doré. Dans l’assiette, au choix, raïta pakistanais, crispy sushi, croquettes de crevettes, dorade au beurre blanc et câpres… Comme tous les plats, la tajine d’agneau aux pruneaux et amandes invite au partage (c’est la base du sharing food), mais nous la savourerons seule, bien égoïstement. Si l’automne est clément, Babette continuera à servir l’apéro sur une terrasse au look très parisien…

www.babetterestobar.be

MALMÖ, QUARTIER CHÂTELAIN À IXELLES

Malmö ? Une ville à l’extrême sud de la Suède ? Mais c’est le bout du monde ! Désormais, c’est également le nom d’un bar à huîtres et fruits de mer, situé dans le quartier branché du Châtelain, à Ixelles. « Il faut absolument que vous goûtiez notre bun brioché, merlu pané, sauce tartare maison », nous lancent les patrons, Lakhdar Lakhadar-Hamina (Verigoud, Gazzetta, Caffè al Dente) et Stéphane Winkel. Pour l’accompagner dignement, nous jetons notre dévolu sur un Muscadet Coteaux de la Loire sur Lie, Domaine des Genaudières. Malin, Malmö joue en effet sur deux tableaux : la découverte de vins et la dégustation des produits de la mer. Portion de bulots, moules snackées au chorizo, crevettes roses à décortiquer, éperlans frits d’Atlantique Nord, à déguster au comptoir, en salle ou en terrasse, avec des couverts ou avec les doigts. Pour l’apéro, huîtres vin blanc, c’est désormais chez Malmö que nous nous rendons…

20 BE PERFECT | LES NOUVEAUTÉS DE LA RENTRÉE
© Emma Mostert © Babette

ROTISSE, PRÈS DE LA BOURSE À BRUXELLES

Deux bonnes raisons d’aller dans l’hypercentre bruxellois : la Bourse de Bruxelles rénovée et toute pimpante et, face à elle, Rotisse, une brasserie-rôtissoire moderne nichée au rez-de-chaussée de l’hôtel Marriott. Bien vu quand on sait que les Bruxellois sont friands de poulet, au point qu’on les surnomme « Kiekefretter ». Mais rassurez-vous, Rotisse n’a pas fait du poulet, une obsession, ce sont toutes les viandes qui bénéficient des techniques de rôtissage les plus innovantes. Et pas n’importe quelle viande : Rotisse a fait appel au boucher star, Hendrik Dierendonck. Vin bruxellois de la Gudule Winery, fromager Kaasaffineurs Van Tricht, digestifs de la distillerie de Biercée et bières du Brussels Beer Project, c’est tout le savoir-faire belge qui est à l’honneur. Une cuisine de tradition donc mais avec un twist de modernité : ainsi le vol-au-vent se dresse dans une brioche, les moules se déclinent à la sauce Noilly Prat et la salade César se compose d’un poulet rôti cuit à la broche. Tout bon.

www.rotisse.be

LE CHEVAL MARIN, QUARTIER SAINTECATHERINE À BRUXELLES

Le Cheval Marin, bâti il y a plus de 300 ans, a rouvert ses portes le 1er septembre dernier, après trois ans de fermeture. Derrière ce projet d’envergure, Léopold van der Gracht, Charles Levie, Jean van Campenhout et Tanguy Soille, la joyeuse équipe déjà aux manettes du Café des Minimes et du Café Circus. L’établissement propose une cuisine locale, des concerts live les jeudis, ainsi que des dj-sets et des jam sessions le w eek-end. Puisse Le Cheval Marin retrouver l’aura qu’il avait au temps où Bruxelles chantait !

www.lechevalmarin.com

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© Le Cheval Marin
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© Rotisse

LA TABLE *

son chef, Benjamin Laborie, cet automne ?

On lui a posé la question et d’autres, plus personnelles.

Chef, bientôt du gibier à La Table ? Certainement. On va commencer par les plumes, perdreaux, perdrix, pour terminer par la biche, mon gibier préféré, pour le grain délicat de sa viande.

A la maison, quel plat automnal vous met en joie ? Je cuisine peu chez moi. Mais mon plat préféré c’est l’échine de porc braisée, si possible du porc noir gascon, compotée d’oignon et pruneaux, que je sers avec de petites pommes de terre sarladaises. Le porc a mijoté des heures, il est confit, imbibé de jus, il se découpe à la fourchette. C’est fabuleux. Les plats braisés qui parfument une cuisine toute une journée, c’est toujours bon signe!

MasterChef, Top Chef, ces émissions ont-elles changé le regard que les gens portent sur votre métier ? La starification des chefs a commencé avec Paul Bocuse qui a clairement fait sortir les chefs de leur cuisine. Si au début, les grands chefs étaient un peu réticents à participer à ce genre d’émissions; aujourd’hui, ils s’y bousculent. Alors, oui, ces émissions de téléréalité culinaire ont mis en valeur notre métier mais elles ne rendent pas compte du véritable quotidien du métier, il manque l’envers du décor, notamment les 80h semaine !

Quel genre de chef êtes-vous? Cool ou stressé ? Le stress est inhérent à la fonction de chef. Comment y échapper ? Je suis deux fois par jour en représentation et un service de 3 heures entraîne forcément un pic d’adrénaline ! Mais le stress permet également de galvaniser l’équipe, il faut juste arriver à le gérer.

Il vous arrive évidemment de tancer votre équipe… J’ai travaillé 3 ans pour Michel Bras, 3 étoiles, et je ne l’ai jamais entendu hausser le ton. Quand quelqu’un commet une bourde, deux mots bien sentis et un regard désapprobateur suffisent parfois à faire passer un message. Je ne pense pas faire peur à mes gars.

A quoi pensez-vous avant de vous endormir ? Je repense aux derniers services. C’est sans fin. (rire)

www.latablebenjaminlaborie.be

22 BE PERFECT | LA TABLE
MOTS : SERVANE CALMANT
La Table, l’une des plus belles tables étoilées du Brabant wallon. Qu’y aurat-il dans l’assiette étoilée de
« LES PLATS BRAISÉS QUI PARFUMENT UNE CUISINE TOUTE UNE JOURNÉE, C’EST TOUJOURS BON SIGNE. »
© Michael Binkin

LES TABLÉES SIGNÉES, L’ACCORD

PAPILLES-PUPILLES PARFAIT

Réunir une fois par mois, dans une galerie d’art ixelloise, un chef d’avenir et un artiste émergent, c’est le chouette rendez-vous, pas guindé et qualitatif à souhait, initié et orchestré par Margot Moons, une jeune entrepreneuse qui fait bouger Bruxelles.

Faire co-exister, matcher, correspondre l’art et la gastronomie en un même lieu, une galerie d’art, le temps d’une soirée décomplexée, en voilà une bonne idée ! Que son projet suscite une « saine curiosité » ravit Margot Moons. « J’ai à coeur d’accueillir des clients au regard neuf et curieux, bien disposés à découvrir de l’art et une bonne table, dans un lieu que j’ai défini comme un endroit de partage et de rencontres ».

Point de snobisme à la galerie Station 156, gérée par Margot, mais une offre

gourmande et culturelle hautement qualitative, grâce à de jeunes cuisiniers prometteurs et de nouveaux artistes à découvrir. « Mes Tablées Signées, c’est la rencontre de deux univers, l’art et la gastronomie, qui ont la même sensibilité, le même rapport à l’esthétique et sont désormais à la même table ». Très concrètement, le rendez-vous mensuel des « Tablées Signées » consiste en un menu unique et inédit de 4 services (pour 40 convives maximum), qui s’accorde aux oeuvres exposées. Bref, l’accord papillespupilles parfait !

La galerie Station 156 proposera également un vernissage gratuit de l’artiste du mois (1er jeudi du mois), des pré-soirées aperitivo, des dégustations de vin, et … « j’ai encore plein de projets en tête » !

Les prochaines « Tablées Signées » de Margot Moons auront lieu à la galerie Station 156, rue Franz Merjay à Ixelles, les 21 octobre, 18 novembre et 16 décembre.

23 BE PERFECT | LES TABLÉES SIGNÉES
MOTS : SERVANE CALMANT
www.margotmoons.com
© Photo portrait
REPERAGE
P. Elle Photographie

DÉCODER LES INTÉRIEURS ART NOUVEAU

2023 a été décrétée année Art nouveau en Belgique. Dans ce cadre, un beau livre intitulé, « L’Art nouveau à Bruxelles, Demeures intemporelles », nous invite à pénétrer dans de somptueuses maisons de maître (les Hôtels Tassel, van Eetvelde, Otlet, Solvay, les Maisons Hannon, Cauchie, Hankar, Hap …), des anciennes banques et, plus surprenant, dans un complexe d’habitations ouvrières.

L’Art nouveau est un mouvement artistique aussi créatif… qu’éphémère ! En Belgique, il naît à Bruxelles en 1893, avec les réalisations de Victor Horta et de Paul Hankar, et s’y épanouit pendant 20 ans, jusqu’à la Première Guerre mondiale, où il cèdera sa place à l’Art déco. Comment décoder la dimension fabuleuse du style Art nouveau ? La réponse est dans ce beau livre signé par deux Bruxelloises : Cécile Dubois, guide-conférencière spécialisée en architecture Art nouveau et Art déco, et la photographe Sophie Voituron, inspirée par les villes et l’architecture. Très inspirée même, sa mise en lumière des intérieurs parfois secrets parfois privés est en effet somptueuse ; des photos d’archives, en noir et blanc, complétant l’ensemble.

Ce bel album regorge donc d’images exceptionnelles d’intérieurs Art nouveau (dont l’hôtel Tassel, oeuvre fondatrice du mouvement en Belgique) mais pas uniquement : l’Art nouveau s’est en effet également appliqué à la conception et la déco d’écoles, de banques, de commerces, d’institutions hospitalières, ainsi qu’à la construction de logements pour les ouvriers, celui du Foyer schaerbeekois auquel l’autrice consacre un chapitre entier.

Indispensable, ce beau livre permet également d’évoquer la sauvegarde de cette architecture exceptionnelle. Et de raconter, en somme, un pan de l’Histoire de notre pays.

24 BE PERFECT | L’ ART NOUVEAU, DEMEURES INTEMPORELLES
MOTS : SERVANE CALMANT L’Art nouveau à Bruxelles, Demeures intemporelles, aux éditions Racine.
DR
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TINTIN, TOUT UN UNIVERS

Presque 100 ans après la parution du premier album « Tintin au pays des Soviets » (1929), Bruxelles accueillera, dès le 27 septembre (jusqu’au 7 janvier 2024), sur le site de Tour et Taxis, une exposition 100% immersive pour re(vivre) les enquêtes rocambolesques du reporter à la houppette, héros universel de la BD créé par le dessinateur et scénariste belge Hergé. Fruit d’une collaboration entre Culturespaces (pionnier dans la création d’expositions immersives uniques au monde) et Tintinimaginatio, cet événement culturel avait créé l’engouement à Paris en 2022 et avait même joué les prolongations au printemps 2023.

A quoi doit-on s’attendre à Bruxelles ? A une grande rétrospective (1.600 m2 de surface de projection) haute en couleur, ludique et joyeuse, consacrée à Tintin évidemment, et à son univers.

Illustration XXL des couvertures légendaires des albums, évolution de la ligne claire, représentation de tous les moyens de transport utilisés par le jeune reporter, dont le fameux bathyscaphe, présence de sa garde rapprochée (Haddock, Tournesol et consorts) et de ses pires ennemis (Rastapopoulos, Mitsuhirato et Rascar Capac), « Tintin, l’aventure immersive », c’est la promesse d’une relecture singulière et immersive de l’œuvre d’Hergé, qui transporte le spectateur au coeur d’aventures trépidantes. Un plaisir 100% ludique et pour beaucoup d’entre nous, joyeusement régressif.

Tonnerre de Brest ! Tintin évidemment, mais aussi Milou, le capitaine Haddock, Dupond et Dupont, le professeur Tournesol, la Castafiore, l’affreux Rastapopoulos et le terrifiant Rascar Capac, ils participent tous à l’expo « Tintin, l’aventure immersive », franche invitation adressée aux 7 à 77 ans à se (re)plonger dans l’œuvre inoubliable de Hergé. www.tintin-immersiveadventure.com

26 BE PERFECT | TINTIN, L’AVENTURE IMMERSIVE
MOTS : SERVANE CALMANT
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En raison des comptes d’épargne encore peu rémunérateurs, les Belges sont de plus en plus friands d’investissements alternatifs. Investir dans l’immobilier reste une option intéressante et relativement sûre. Les regards se tournent particulièrement au-delà des frontières. Vous envisagez d’investir dans l’immobilier à l’étranger? Ou vous envisagez l’achat d’une résidence secondaire, principalement pour votre propre usage? Dans les deux cas, il est indispensable d’analyser à l’avance les aspects fiscaux et juridiques de cet achat.

En effet, l’achat d’une résidence secondaire à l’étranger diffère de l’achat d’un bien immobilier en Belgique. Nos spécialistes ont rassemblé les principaux points d’attention :

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HALL OF TIME UN TRIO GAGNANT POUR MAGNIFIER L’HORLOGERIE

Avec l’ouverture de cette nouvelle adresse, Hall of Time se réaffirme comme une référence du voyage dans le temps d’élégance. Situé sur l’avenue Louise, entre Serneels et l’hôtel Steigenberger Wiltcher’s et faisant pratiquement face à la première enseigne inaugurée par Françoise Lanoizelet et Emmanuel Hankard en novembre 2009, le lieu invite à savourer pleinement la découverte de ses montres et garde-temps. Conçu par l’architecte Bruno Erpicum, reconnu pour son travail à l’international, il s’articule ainsi en deux étages, le premier dédié exclusivement à l’univers de Rolex et le rez-de-chaussée accueillant les trois manufactures d’excellence que sont IWC, Tudor et TAG Heuer. Le magasin historique de la Maison voit lui son espace repensé, au service des autres marques partenaires, comme Baume & Mercier, Jaeger-LeCoultre, Hublot ou encore Chanel. Un cap prestigieux pour Hall of Time, qui fêtera en 2024 ses quinze ans d’existence, inspirés par la recherche de l’excellence et de la qualité.

28 BE PERFECT | HALL OF TIME
MOTS : BARBARA WESOLY
Après deux boutiques stratégiquement positionnées en plein cœur de la Capitale, l’une multimarques et l’autre consacrée à Rolex, Hall of Time s’offre un troisième espace précieux dédié à la haute horlogerie.
© DR
Wiltcher’s, Avenue Louise 69G 1050 Bruxelles
www.halloftime.be

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DANEELS, UN NOUVEAU VESTIAIRE MIXTE AU CŒUR DE WATERLOO

Entre Daneels et la mode, c’est une histoire d’amour qui dure et se cultive !

L’enseigne de prêt-à-porter multimarques fait peau neuve, rassemblant ses espaces homme et femme de Waterloo au sein d’une spacieuse boutique, dont la convivialité demeure le fil rouge.

« C’est un rêve qui se concrétise » s’enthousiasme Philippe Daneels en évoquant le lancement de cette nouvelle boutique, abritant désormais les collections féminines et masculines de l’enseigne, jusqu’ici implantées en deux lieux séparés de Waterloo. Et l’accomplissement d’une aventure débutée il y a près d’une décennie, en compagnie de sa femme Magali. Ensemble, ils y dévoilent une vision commune de la mode, profondément mêlée au plaisir d’accueillir et de conseiller. Mais aussi à celui de dénicher des sélections pointues de

30 BE PERFECT | DANEELS
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTOS : ANTHONY DEHEZ

griffes reconnues et de mettre à l’honneur de petits fabricants possédant une qualité et un savoir-faire incomparables.

C’est ainsi que Mason’s, Ralph Lauren ou Parajumpers y côtoient Kangra, Save The Duck ou encore Voile Blanche. Et si la première boutique Daneels, située à Lasne était déjà le rendez-vous des férus d’une mode urbaine intemporelle et de modèles sporty chic, avec ce nouveau cadre situé sur la très centrale chaussée de Bruxelles, le couple souhaite ouvrir l’espace à une expérience shopping repensée, dans un décor invitant à la

détente et à la découverte. « Ce magasin, particulièrement spacieux, avec ses 300 mètres carrés, possède une atmosphère totalement différente de notre premier magasin. Mais nous le voulions toujours cosy et chaleureux malgré la grandeur.

C’est un plaisir que de recevoir nos clients dans ces allées lumineuses, sous une verrière ouverte sur le ciel. Mais plus que tout, continuer d’offrir un espace avec une âme et l’accueil d’une équipe aussi agréable que chevronnée, est primordial à nos yeux. » Une élégance, maître-mot du style Daneels.

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CAUSERIE LITTÉRAIRE

Les auteurs et autrices belges font la rentrée littéraire. Rencontres.

ERIC-EMMANUEL SCHMITT - AMELIE NOTHOMB - THOMAS GUNZIG - LISETTE LOMBÉ - PAUL COLIZE JÉRÔME COLIN - ISABELLE WÉRY - ANTOINE WAUTERS

ERIC-EMMANUEL SCHMITT

« Je rêve mes livres »

Auteur lettré et formidablement prolifique, Eric-Emmanuel Schmitt fait l’actu avec deux romans et une pièce de théâtre. « Le défi de Jérusalem », récit autobiographique d’un pèlerin, « La rivale », portrait en creux de Maria Callas, et « Bungalow 21 », hommage à Simone Signoret et Marilyn Monroe. Sans taire la rédaction du 4e tome de « La Traversée des temps » prévu au printemps 2024. Confidences d’un génial touche-à-tout qui avoue « rêver ses livres ».

Nous rencontrons Eric-Emmanuel Schmitt chez lui. Affable, souriant, il nous fait visiter sa maison ixelloise. Bâtie sur cinq niveaux, elle est sereine, inspirante, et a été pensée pour laisser rentrer la lumière. Des livres ? Oui, il y en a à chaque étage. Dans l’escalier qui monte au bureau, une moquette épaisse fait son show, ajoutant de la sensualité à l’espace. Décorer par la couleur, choisir des tonalités vibrantes, en voilà une bonne idée. Eric-Emmanuel n’a aucune requête particulière, juste un souhait : que les photos du shooting orchestré par Be Perfect soient en couleur.

Vous avez été naturalisé Belge en 2008. Que représente la Belgique à vos yeux ? Devenir belge m’a permis d’ajouter un choix de vie à ma naissance. Car ce n’est pas Bruxelles que

j’aime mais la vie à Bruxelles. Paris est belle, Bruxelles est chaleureuse : elle permet aux gens de vivre les uns avec les autres et non les uns contre les autres. En termes de créativité, je suis un écrivain français, la plume enracinée dans la tradition française, et un réalisateur belge, avec des plans teintés de fantaisie et de surnaturel.

Vous avez également acquis une ferme-château à Gougnies, non loin de Charleroi… J’ai grandi aux portes de Lyon donc aux portes de la ville et de la nature. J’ai besoin de marcher dans la campagne et de vivre les saisons.

Deux romans et une pièce de théâtre cette année. Quand trouvez-vous le temps de dormir ? Je dors 8 h par jour, et plutôt bien ! (rire) J’accouche de mes

livres lorsque je suis « enceint ». Je ne me force pas à écrire. Je vis avec des histoires en moi, que des rencontres, des conversations, des voyages vont peu à peu nourrir. Et quand je sens qu’une histoire est prête, alors je la rédige sans douleur, sans péridurale, en quelques semaines. « Ma tragédie est faite, je n’ai plus qu’à l’écrire », disait Racine … J’ai publié beaucoup, mais bizarrement j’ai écrit peu. Je rêve beaucoup mes livres.

« La Traversée des temps » où vous racontez l’histoire de l’humanité sous la forme d’un roman, en huit tomes, dont le quatrième sortira en avril 2024, a dû bousculer votre emploi du temps ! Il s’agit d’un travail de longue haleine, 30 ans de ma vie. J’ai débuté le premier tome, il y a trois ans. C’est un roman ambitieux, titanesque et

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MOTS : SERVANE CALMANT PHOTOS : ANTHONY DEHEZ MAKE-UP ARTIST : LUC DEPIERREUX

terriblement exigeant qui m’oblige à une nouvelle discipline. Quand un nouveau tome est mûr dans ma tête, alors je m’installe devant mon ordinateur de 9h à 20h.

Vous avez accumulé des connaissances scientifiques, médicales, religieuses, philosophiques, un surhomme ! Bernard Pivot, lorsqu’il présidait l’Académie Goncourt, m’a traité affectueusement d’hypermnésique. Je retiens en effet tout ce qui m’intéresse. Et tout m’intéresse : de la fabrication du pain à la métaphysique de Kant en passant par la spécificité de la culture grecque, absolument tout !

Quel regard portez-vous sur vos personnages ? Je crois en la force émancipatrice du personnage dans la

littérature. Prenez « Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran », roman vendu à des millions d’exemplaires, si j’avais voulu écrire un essai sur la tolérance, il aurait parlé à 500 personnes, tout au plus. Mais en conférant de l’amour à Monsieur Ibrahim, il vous pousse à penser différemment.

Vous êtes l’un des auteurs francophones les plus lus. Vous êtes également l’auteur français le plus étudié dans les collèges et lycées. Pour vous qui n’avez pas d’enfant, que représente cette notion de transmission de votre savoir ? Ma légitimité, c’est d’être une courroie de transmission. En tant qu’humaniste, je pense que si chaque homme se différencie par la réponse qu’il apporte aux questions existentielles, nous avons néanmoins

une fraternité de questions car nous habitons tous la condition humaine d’une manière interrogative. Comment aimer ? Comment agir ? Qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce que la mort ? Cet humanisme interrogatif a des résonances politiques, puisqu’il peut apporter une réponse pour vivre ensemble en toute harmonie.

« Le défi de Jérusalem » a été publié le Jeudi saint de cette année. Et ce n’est pas une coquetterie de votre éditeur ! Racontez-nous cette incroyable aventure qui débute par une invitation du Vatican à partir en pèlerinage vers Jérusalem… Lorenzo Fazzini (le directeur éditorial de la maison d’édition affiliée au Saint-Siège et responsable de la communication du Vatican –nda), me téléphone pour m’inviter à un

BE PERFECT | ERIC-EMMANUEL SCHMITT

pèlerinage et ce qu’il me dit ce jour-là va me toucher particulièrement : « On vous aime beaucoup au Vatican. On aime votre foi et la liberté avec laquelle vous l’exprimez ».

Le Pape François est un de vos fidèles lecteurs ! Je l’ai découvert ce jour-là.

Pour autant « Le défi de Jérusalem » n’est pas une commande du Vatican… D’emblée, j’ai précisé que je n’écrirais de roman que si ce voyage à Jérusalem

me permettait de le nourrir. Au bout de quelques jours de pèlerinage, j’ai su que je l’écrirais ...

En démarrant ce pèlerinage vers Jérusalem, vous n’êtes déjà plus athée … En effet, à 28 ans je suis parti dans le désert du Sahara et j’y ai vécu une expérience mystique, que je relate dans mon roman, « La Nuit de feu ». Je suis arrivé athée et j’en suis reparti croyant, mais un croyant en Dieu, sans aucune religion. Il s’agissait bel et bien

d’une expérience mystique et non religieuse. Ensuite, j’ai beaucoup lu au sujet du christianisme, des essais critiques, d’autres apologiques. Avant de partir à Jérusalem, mon adhésion au christianisme était intellectuelle, le voyage à Jérusalem l’a rendue charnelle.

Qu’est-ce qui a changé en vous ? Pour l’athée, l’incompréhensible cache l’absurdité; alors que pour le croyant, l’incompréhensible cache le mystère et est donc porteur d’une promesse de sens.

BE PERFECT | ERIC-EMMANUEL SCHMITT

L’angoisse qui m’habitait, à propos de la vie et de la mort, a été remplacée par la confiance.

Votre extase mystique dans le Sahara et votre conversion au Saint-Sépulcre à Jérusalem, sont liées à deux voyages. Pour recevoir une révélation, partir s’impose-t-il ? Oui. Il faut voyager pour abandonner le confort d’une pensée déjà structurée, des habitudes. Il faut la coupure, la rupture pour être un homme neuf, pour s’ouvrir à de nouvelles expériences.

Il faut ensuite l’accepter, cette révélation… Exactement. On peut recevoir un flash mystique, et ne pas accepter la révélation, la percée de lumière. Car l’accepter, c’est tout repenser, tout remettre en question !

Jérusalem, ville trois fois sainte, inspirante. Ville de toutes les bigoteries aussi… La bigoterie continue à m’énerver, en effet. « Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie », disait François de Sales. L’église fait beaucoup de mal à Dieu. Le Pape François est d’ailleurs très critique par rapport à l’église. A ses yeux, elle existe uniquement pour annoncer l’Evangile au monde.

2023, année fertile avec un deuxième roman, « La Rivale », et une pièce de théâtre, « Bungalow 21 ». Dans les deux cas, des personnages de femmes au cœur du récit. Dans « Bungalow 21 », j’explore même deux formes de

féminité : Marylin Monroe, hypersexuelle mais prisonnière de son physique, et Simone Signoret, une intellectuelle, femme de culture.

Avec « La Rivale », je dresse un portait en creux de Maria Callas à travers le portrait cocasse de Carlotta Berlumi, une mystérieuse vieille dame qui soutient mordicus qu’elle fut la rivale de Maria Callas. Le génie de la Callas, je le montre à travers le regard de quelqu’un qui ne le saisit pas. C’est ce point de vue qui m’intéressait.

La pièce « Bungalow 21 » sera en tournée en Belgique dès 2024 avec les sœurs Seigner ! Sur les planches, ça va saigner en effet (il rit) avec Emmanuelle et Mathilde Seigner, rivales pour l’amour d’Yves Montand.

Revenons à « La Rivale », on vous savait nourri par la philosophie et la spiritualité, vous l’êtes donc également par la musique ? À tout vous avouer : il m’arrive de passer une journée sans écrire et sans lire, mais jamais sans musique.

Auriez-vous pu devenir musicien ? J’ai fait le Conservatoire mais je n’aurais pas été le musicien que je souhaitais être.

Etes-vous le romancier que vous souhaitiez devenir ? (rire) Non. J’ai une écriture précise, claire, suggestive, alors que je l’aurais préférée lyrique. « Deviens ce que tu es », disait Nietzsche.

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www.eric-emmanuel-schmitt.com

L’envol d’ AMÉLIE NOTHOMB

Ses mots résonnent comme une libération. Et nous entrainent dans l’abîme de sa souffrance puis à la genèse de sa renaissance portée par l’écriture. Avec

« Psychopompe » son 32e ouvrage, Amélie Nothomb se livre avec profondeur et guide sa plume au zénith.

« Psychopompe » s’inscrit comme le troisième volet d’un triptyque, commencé avec « Premier Sang » et « Soif ». C’est aussi l’un de vos livres les plus personnels, racontant des évènements très traumatiques de votre enfance et adolescence. L’écrire s’est-il révélé une forme de catharsis ?

Certainement mais plus encore, il m’a permis de comprendre énormément sur moi-même, dont cette obsession de l’oiseau, devenue consciente à l’âge de onze ans. Ce livre m’a amené à enfin percevoir le rôle qu’elle avait joué dans mon existence, notamment dans sa relation intrinsèque à la mort, elle qui m’a toujours obsédé également. Or l’oiseau est un très puissant vecteur de vie. Et avoir hautement conscience de sa mortalité ne rend pas morbide, au contraire, cela donne envie de vivre encore plus fort.

Le « Psychopompe » se définit dans la mythologie comme celui qui guide l’âme des défunts. Dans cet ouvrage vous questionnez ainsi le sens de l’existence tout autant que celui de l’après. A-t-il fait progresser vos réflexions ? Ma propre mort n’est pas du tout un problème pour moi, au contraire, c’est presque un motif de réjouissance. Je suis süre que mourir doit être une expérience très intéressante et je l’attends de pied ferme. Le départ des êtres chers c’est par contre terriblement grave. En expliquant être moi-même psychopompe, je raconte comment finalement contre toute attente, le décès de mon père s’est très bien passé. Cela a d’abord été une tragédie, dont j’ai beaucoup souffert, mais finalement, je me suis rendu compte que mon père avait parfaitement réussi sa mort. Et j’y vois un message d’espoir. J’avais de très bonnes relations avec lui de son vivant mais elles sont encore meilleures depuis

qu’il n’est plus vivant. C’est prodigieux et cela prouve qu’il n’est jamais trop tard.

Votre rapport à la mort est aujourd’hui apaisé ? Je suis convaincue que la mort n’est pas une terre étrangère et c’est terriblement salvateur. J’ai perdu deux êtres que j’aimais d’un très grand amour, dont mon père, et j’ai longtemps cru que je ne m’en remettrais jamais. Or, finalement il y a un extraordinaire soulagement à s’apercevoir qu’il reste un lien dans l’après et que l’évolution de la relation ne s’arrête pas à ce départ. La mort n’est pas la cessation de l’amour, en aucune manière.

La quatrième de couverture de « Psychopompe » pose comme derniers mots : « Écrire c’est voler ». Au-delà de ce besoin que vous décrivez comme vital, on en ressent une part spirituelle. Oui, je suis définitivement une mystique. J’appartiens à une famille très catholique mais cela ne me suffit pas. J’ai besoin, non seulement de m’abreuver de toutes les croyances mais surtout de nourrir mon propre rapport à la transcendance. Je me considère comme une bricoleuse métaphysique.

Convoquer ces blessures vous amènet-il à cultiver de la bienveillance envers vous-même ? L’écriture m’a sauvé la vie, très concrètement. Ce n’est pas une métaphore. Mais pour en atteindre un tel degré, il faut convoquer sa sensibilité et l’on en ressort forcément fragilisé. La bienveillance envers moi-même, c’est vraiment mon talent d’Achille. Mais je sais que je dois y aspirer donc je m’y contrains. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, raconter mon propre viol à l’âge de douze ans et demi est un mouvement en ce sens. Le plus grand danger était que cette

épreuve soit frappée d’irréalité, ce qui correspondrait à une double peine. Ce qui m’est arrivé n’a pas été constaté. Pour moi l’écrire c’est dire « je n’ai que mon témoignage à vous apporter, mais il suffit ».

Est-il complexe d’écrire à nouveau après être allé aussi loin dans l’intime ? C’est à la fois monstrueusement difficile et totalement salvateur. On ne peut pas rester sur quelque chose d’aussi grave que « Psychopompe », il faut changer de registre, continuer à vivre. C’est indispensable. Je ne dirai par contre rien sur le livre que je suis en train d’achever. J’ai toujours affirmé ne pas pratiquer l’échographie parce qu’en l’occurrence, elle serait très dangereuse. Ce ne serait pas sans influence sur le bébé et là j’en suis au stade où je protège mon ventre de tous mes bras.

MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : JEAN-BAPTISTE MONDINO « Psychopompe », d’Amélie Nothomb, aux Éditions Albin Michel.
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La fin du monde de THOMAS GUNZIG

BE PERFECT | THOMAS GUNZIG

« Rocky, dernier rivage » raconte l’effondrement de notre civilisation. Si le survivalisme est largement abordé dans la littérature, la vision d’une famille millionnaire, préservée par son argent est bien plus rare. Pourquoi ce choix ? Les récits de fin du monde sont souvent très âpres. Les gens y sont généralement affamés et en proie à la brutalité. J’avais envie de raconter une histoire où la survie est assurée, avec assez de nourriture et de confort, mais où les conditions sociales sont compliquées. De me demander ce qu’il advient de l’identité humaine, une fois devenus les derniers sur terre et alors que toute forme de culture s’est éteinte. Qui sommes-nous fondamentalement lorsqu’on retire le vernis de civilisation ? Que sont nos souvenirs, qu’est-ce qu’un lien familial ? Et qu’estce qui relie encore les humains quand toute société a disparu ?

Vos quatre personnages principaux, le père, la mère et les deux enfants adolescents évoluent sur cette île, dans l’enfermement profond de leurs sentiments et du deuil de cet avenir qu’ils ne connaîtront pas. A qui vous êtes-vous identifié parmi ces survivants ? A chacun d’entre eux. Un roman se construit toujours avec des morceaux de son être, même si l’exercice qui m’intéresse le plus est d’arriver à les métaboliser pour en faire des récits qui ne sont pas les miens. J’aime ce geste qui consiste à ne pas croire que sa propre histoire soit forcément digne d’intérêt. Inventer est une des choses les plus étonnantes et extraordinaires qui soit.

La solitude y est aussi un personnage à part entière. Apportée par le silence le plus absolu, lorsque toute musique, littérature ou cinéma s’est tu. Supporteriez-vous de vivre à distance du monde ? C’était en effet l’occasion de me poser la question du rôle de la fiction et de l’art. L’imaginaire est selon moi le bien le plus précieux du survivaliste, dans son adaptation face à l’impensable. J’ai par ailleurs toujours eu un désir de solitude très fort. J’enviais presque mes personnages pour leur vie en autarcie. C’est un vieux fantasme, mais j’ai des enfants que j’aime et qui me maintiennent bien ancré ici.

Votre livre évoque les enjeux environnementaux et l’obsession du profit, de la réussite. Et rappelle ainsi votre roman « La vie sauvage ». L’histoire de cet adolescent, qui après avoir grandi dans la jungle, suite à un accident d’avion, retrouve à seize ans sa famille en Belgique et doit faire face au choc d’un univers aseptisé, pollué et nourrit à la surconsommation. Souhaitiez-vous questionner une nouvelle fois notre oubli de l’essentiel ? Oui. J’ai cette conviction que les humains ne se considèrent pas comme faisant partie du champ du vivant, mais en propriétaires de notre planète. Qu’on en dispose et qu’on l’enlaidit. D’un côté il y a ce regard d’un adolescent sur un univers dominé par l’homme et de l’autre, d’individus ultras civilisés aux prises avec un monde qui redevient dominant et qu’ils tentent encore de dompter.

L’un des héros de « Rocky, dernier rivage », y rédige un livre dont il ne sait s’il sera un jour parcouru par quelqu’un. De votre côté, écrivez-vous pour ces lecteurs qui seront au rendez-vous au-devant de ces pages, ou avant tout par plaisir personnel ? Je n’ai pas du tout sa pureté. Je pense que chez tout auteur, se mêlent deux parts. Celle qui cherche à créer le meilleur et celle qui espère être lue et appréciée par le plus grand nombre. Si l’on me disait demain que mes livres ne seraient plus lus que par ma maman et mon chat, c’est sûr, j’arrêterais. Le désir de reconnaissance, d’amour et de partage est bien trop profond.

Justement, si vous aviez un fantasme en matière d’écriture ?

J’aimerais me plonger dans un fait historique complexe ou aller à la découverte d’une profession méconnue. Mais surtout je souhaite désormais écrire sans craindre la manière dont cela sera accueilli et seulement en fonction de mes désirs profonds. Mais d’abord, accueillir la sortie de « Rocky, dernier rivage ». Et surtout le voir adapté pour le cinéma. Les droits sont vendus à la société de production de Jaco Van Dormael. Nous travaillons à quatre mains au scénario, avant qu’il ne réalise le film. J’en suis particulièrement heureux. Nous déjà partagé de multiples projets et Jaco a cette qualité très rare d’élever les talents de ceux avec qu’il collabore et la beauté des œuvres qu’il transpose. »

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C’est dans un univers au seuil de son anéantissement, où ne demeure de l’humanité qu’une famille retirée sur une île à distance du chaos, que nous emporte Thomas Gunzig, dans son nouveau roman « Rocky, dernier rivage ». Un fascinant huis clos à ciel ouvert, prétexte à évoquer avec le romancier belge son rapport au monde et à l’écriture.
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : ANTHONY DEHEZ « Rocky, dernier rivage » de Thomas Gunzig, éditions Au diable vauvert.
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À fleur de mots

LISETTE LOMBÉ

Après avoir signé quatre autofictions, pourquoi avec Eunice, vous être tournée vers l’écriture d’un roman ? C’est un texte qui est né pendant le confinement. La scène était remplacée par des captations, sans public et l’observer a fait naître en moi de multiples interrogations, notamment sur le terreau féministe qui habite mon travail et la manière d’élargir cette base de partage qu’est l’écriture. Je me sentais alors un peu corsetée dans la forme très dense que revêt la poésie et je percevais que le moment était venu d’entrer dans le territoire de la prose et de la fiction. Il reste bien sûr une part d’intime qui construit l’histoire, notamment dans les relations mère-fille, qui me ramènent au lien avec la mienne comme avec mes enfants. Mais en écrivant, j’ai eu conscience de vivre un basculement jouissif vers ce moment où l’on cesse de parler de soi pour explorer un véritable univers de fiction.

L’un des personnages du roman déclare « Le slam, on n’y arrive jamais par hasard, c’est le slam qui nous choisit, au moment où nous avons le plus besoin de transformer nos émotions en poème ». C’est ce qui s’est passé pour vous ? Oui, totalement. J’étais au seuil du burnout lorsque j’ai découvert le slam. Je n’y connaissais rien. Mais en m’avançant face au public, avec un premier texte j’ai ressenti cette force qu’amène de mettre en mots des émotions parfois douloureuses, en recevant en retour une écoute pure et bienveillante. Dans la salle, se trouvait une metteuse en scène, qui m’a ensuite amené à participer aux Prix Paroles Urbaines, le plus grand concours de slam en Belgique francophone. C’est elle qui m’a fait découvrir la scène slam et ses codes.

La biographie qui accompagne votre site clame : « Pas de vie sans poésie. Pas de poésie sans engagement ». Se nourrit-elle, pour vous, forcément de lutte ? La poésie est un rapport au monde avant d’être une écriture. La capacité, malgré la noirceur, de percevoir la beauté, mais aussi un langage imagé et sonore. A mes débuts, on m’a beaucoup associée à la colère, à l’élément du feu, certainement en raison de ma poésie dite sociale et engagée. Mais en parallèle à la dénonciation et la lutte contre l’invisibilisation de certaines injustices, l’excision ou le viol, parfois très durs et frontaux, il y a une forme de célébration, avec des textes joyeux, lyriques et rassembleurs.

Vous vous définissez également comme une passe-frontière. Quelles sont celles que vous souhaitez fissurer ? D’abord un cloisonnement de la poésie, que je combats en créant textes, performances, collages et livres. Et en l’amenant au-delà des lieux où elle s’exprime d’elle-même. Je me rends pour cela dans des lieux aussi différents que les prisons, les entreprises et les écoles. Et puis, à 45 ans, j’ai enfin l’impression d’arriver à une forme d’alignement avec moi-même, une réconciliation avec toutes mes identités. De ne plus avoir à choisir et donc exclure.

Que représente pour vous d’être nommée Poétesse nationale de l’année 2024 ? C’est une fierté. Ce n’est pas anodin dans le milieu poétique de mettre en avant une personne issue du milieu slam et donc de la poésie orale et engagée. Si l’objectif est de créer des ponts entre les langues et les territoires, il s’agit aussi de rêver ce rôle. Et pour moi, cela passera par un mot : « utile ». J’ai besoin de faire sens, tout

comme c’était le cas dans mon métier d’enseignante, pratiqué pendant dix ans ou encore aujourd’hui, dans mes ateliers de slams. Avec notamment, une boîte à outils pour les professeurs mais aussi une petite malle poétique pour les enfants et de l’autodéfense par le langage créatif du côté des adolescents. J’aurai jusque mars 2026 pour développer ce lien pédagogique, qui a toujours été le cœur battant de mon travail.

Ce rôle vous laissera-t-il du temps pour des projets personnels ? Oui, l’on travaille, avec la musicienne Cloé du Trèfle, sur une lecture musicale d’Eunice. Nous avons vécu l’expérience de ce dialogue texte-musique lors d’une tournée d’une soixantaine de scènes, avec de superbes retours du public. Cela nous a donné l’énergie de faire perdurer l’aventure. L’album sortira le 6 octobre avant d’être à nouveau joué lors d’une vingtaine de dates.

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Intenses, ardents, sensibles, Lisette Lombé transpose les mots en porteurs d’un slam émancipé et en gardiens d’un engagement humaniste. Avec Eunice, celle qui a été nommée Poétesse Nationale pour l’année 2024, dédie sa plume à un ouvrage vibrant et libérateur.
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : GILLES FISCHER

PAUL COLIZE,

échos d’histoire

Le romancier belge maîtrise à merveille l’art d’anéantir les certitudes et de troubler les consciences, au service d’une intrigue brûlante.

« Devant Dieu et les hommes », son dix-huitième ouvrage, s’articule en chronique judiciaire d’un meurtre perpétré dans l’enfer souterrain de la catastrophe minière du Bois du Cazier. Et nous laisse à bout de souffle.

Dans “Devant Dieu et les hommes”, vous empruntez les traits d’une jeune journaliste des années 50, évoluant dans un univers presque exclusivement masculin et victime constante de sexisme. Était-il complexe d’entrer dans sa peau ? Pas vraiment. J’ai grandi les années 60, où des sphères comme celles de la justice et des affaires étaient presque uniquement dévolues aux hommes. Mais, surtout le vécu de Katarzyna, mon héroïne, est fortement inspiré de celui de ma mère. L’invasion de sa Pologne natale par les nazis, la Belgique pour terre d’asile et les traumatismes du déracinement et de la violence de la guerre sont des parts de notre héritage familial que j’avais déjà évoquées dans « Un long moment de silence ». La choisir pour personnage principal offrait l’occasion de faire entrer son passé en résonance avec l’histoire des deux

accusés dont nous suivons le procès, inventé de toute pièce, et celle, bien réelle, du Bois du Cazier.

Justement, ressent-on une certaine pression à traiter d’un évènement qui a marqué à vif tout un pays, comme ce fut le cas de la catastrophe minière du Bois du Cazier ? Au contraire, cela m’a boosté. Je désirais évoquer un drame dans un autre, un désastre personnel au sein d’une tragédie bien plus vaste. Étant Belge, les images du Bois du Cazier mais aussi de l’incendie de l’Innovation se sont tout de suite imposées à moi. Mais le premier m’inspirait particulièrement, pour la dimension et le contexte social qui y étaient reliés. Je me suis donc rendu sur place, pour me laisser inspirer par les lieux. Un homme y déambulait également. Je me suis dirigé vers lui, sentant qu’il me fallait lui parler. C’était Urbano

Ciacci, l’un des derniers survivants et considéré comme passeur de mémoire. Il était présent le jour de la catastrophe, mais revenant tout juste de son mariage, il n’était pas dans la mine. Suite à sa rencontre, témoigner de cet évènement est devenu une évidence.

D’autant que, 65 ans plus tard, les thématiques du livre demeurent toujours brûlantes d’actualité. L’immigration italienne au sortir d’une guerre, les conditions de vie et de travail des mineurs et le rejet de la population à leur égard, tout cela trouve beaucoup de résonance avec la crise des migrants et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’exploitation au profit de la productivité et l’inhumanité qui en découle aussi. C’était une manière de remettre en lumière tout le fonctionnement d’une époque, finalement pas si éloignée de la

MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : IVAN PUT
BE PERFECT | PAUL COLIZE

nôtre. Avant d’être un roman, « Devant Dieu et les hommes » a d’abord été une pièce de théâtre qui plaçait les spectateurs dans le rôle des jurés. En fin de procès, il leur revenait de voter pour définir la culpabilité des accusés. Le public était électrisé par ces enjeux et les rebondissements comme les injustices abordées par l’histoire. Cela a achevé de me convaincre de la force de ce sujet, encore aujourd’hui.

Ce n’est pas la première fois que vous mettez en scène un journaliste. C’était notamment déjà le cas dans « Zanzara », avec Fred, jeune pigiste web. Ce métier vous inspire ? Je trouve le journalisme d’investigation extraordinaire. C’est palpitant de recouper et disséquer les informations. Et c’est un principe que je développe également dans mes livres, surtout lorsqu’ils comprennent une

dimension historique. J’adore plonger sous la surface des évènements pour livrer à mes lecteurs des éléments qu’ils ne trouveront nulle par ailleurs. Mais, plus encore que le métier de journaliste, j’aime mettre en scène des personnages qui tout en étant au cœur de l’action, ne sont pas des policiers et n’ont pas pour vocation de chercher un coupable.

Après « Un monde merveilleux », qui nous conduisait en 1973 à travers l’Europe et l’histoire, et « Devant Dieu et les hommes », qui faisait de nous les témoins d’un crime dans les charbonnages, quel sera le sujet de votre prochain livre ? Il s’agira d’un changement total de style, puisque je suis en train d’achever un roman policier classique. Après plusieurs romans assez sombres, j’avais envie de légèreté et de m’amuser.

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« Devant Dieu et les hommes » de Paul Colize, Editions Hervé Chopin.

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JÉRÔME COLIN

“J’aurais pu devenir un Dragon”

L’auteur de «Le champ de bataille » livre avec « Les Dragons » un nouveau récit intimiste qui parle d’ados en souffrance. Touchants, bouleversants, les romans de Jérôme Colin ne se contentent pas d’être lus, ils prennent le lecteur à témoin et questionnent un monde de la performance, le nôtre, qui part en sucette…

« Les Dragons », fraichement sorti en librairie et « Le champ de bataille », votre précédent roman, tirent tous les deux la même sonnette d’alarme : nos ados sont en souffrance. Il faut s’en inquiéter. En parler, c’est déjà les aider… Oui, cent fois oui. Il est urgent de mettre le sujet de la santé mentale des jeunes sur la table. Les statistiques en la matière sont effrayantes : depuis la fin de la Covid, 30% des jeunes entre 12 et 24 ans estiment souffrir de troubles anxieux ou de dépression, 1 enfant sur 10 a déjà envisagé le suicide. Les jeunes filles sont particulièrement touchées : on déplore une augmentation de 30% d’hospitalisation pour mutilation auto-infligée et une hausse de 50% des tentatives de suicide.

Comment leur venir concrètement en aide ? D’abord, en les écoutant. Et on se posant les bonnes questions : qu’avonsnous à leur proposer ? Pourquoi vont-ils mal ? L’école remplit-elle sa mission ? Notre société leur convient-elle ? Parlons-en ! Débattons-en.

Jérôme, le narrateur du roman « Les Dragons », est-ce vous ? Non, mais j’aurais pu devenir un Dragon. Je suis allé à la rencontre de ces ados suicidaires, abîmés par l’enfance, anorexiques, qui se mutilent, qui sont en

colère. Je devais témoigner de leur souffrance.

Notre société capitaliste responsable du culte de la performance triomphante, vous la condamnez fermement car elle massacre les plus faibles. Quel modèle de société a grâce à vos yeux ? Dans « Dragons », je fais lire à mon narrateur, « Des souris et des hommes », le roman de John Steinbeck d’où ressort cette phrase importante à mes yeux : « la force, c’est d’aimer le faible ». Le modèle de société où j’aimerais vivre ne glorifierait ni les puissants, ni les riches, ni les beaux. Au contraire, on y valoriserait ceux qui arriveraient à aimer les plus faibles qu’eux. Et je ne suis pas catho !

C’est utopique. Oui, ça l’est. Mais ce monde-là, résolument tourné vers ceux qu’on n’entend pas, qu’on ne voit pas, vers les laissés-pour-compte, j’en rêve. C’est la base même d’une société meilleure.

La « normalité » en tant que construction sociale imposée à tous, vous pose problème. C’est même mon principal combat. Je revendique le droit d’être qui on est, tout en évoluant dans la société. C’est notamment pour cette raison, que je suis farouchement contre

l’exclusion scolaire. Comment des adultes peuvent-ils s’arroger le droit d’exclure des enfants du seul univers formatif qu’on leur propose ? Le droit à la différence est primordial.

« Penche-toi sur ton passé. Répare ce que tu peux réparer. Et tâche de profiter de ce qui te reste », cette phrase de Philip Roth, vous la citez plus d’une fois. Mais si, Jérôme, rien ne devait se réparer vraiment ? Alors, débrouilletoi avec qu’il te reste. Evidemment que tout ne se répare pas, alors il faut trimballer son sac ! Il ne faut pas se faire d’illusion : on reste toujours l’enfant qu’on a été. Mais il faut vivre. Et vivre, ce n’est pas obéir, se ranger, non, vivre, c’est aller à la rencontre des autres.

Aujourd’hui, Jérôme Colin, journaliste de « Hep Taxi ! » et de « Entrez sans frapper » (RTBF), se sent-il normal ? Rire. Non, je suis un Dragon pour toujours. Je déteste toujours la notion de hiérarchie, les concepts d’ordre, d’obéissance.

Vos romans prennent le lecteur à témoin, et l’obligent en quelque sorte à questionner le monde. Jérôme Colin, journaliste avant tout ? J’aime raconter des histoires, fortes, pour peu en effet qu’elles me permettent d’ouvrir

MOTS : SERVANE CALMANT PHOTO : GANAELLE GLUME
BE PERFECT | JÉROME COLIN

le débat sur des sujets de société. Mon travail de journaliste nourrit de fait mes récits. Je ne me définis d’ailleurs pas comme un auteur, ni comme un écrivain, mais comme un journaliste qui rédige des histoires…

Expliquez-nous ce titre, « Les Dragons ». Il fait référence aux cicatrices laissées par une scarification massive, qui m’ont fait penser à des écailles de dragon. Il m’a également été inspiré par un globe terrestre, dit globe de Lenox, qui date de 1504, où figure l’indication « Hic sunt dracones » (ici, sont les dragons) qui marque la limite du monde connu. Au-delà, il y a cet inconnu qui nous fait peur. Y vivent

ceux qu’on ne connaît pas : les Dragons. J’avais trouvé mon titre.

« Le champ de bataille », franc succès littéraire, adapté au théâtre avec succès, va être prochainement adapté au cinéma. Qui sera derrière la caméra ? « Les Dragons » connaîtront le même destin ? Le scénario de « Le champ de bataille » est terminé, il aura nécessité un an de travail. Je l’ai co-écrit avec Olivier Masset-Depasse (« Cages », « Duelles ») qui en sera le réalisateur. Nous entrons dans la phase de production. « Les Dragons » sera également adapté au théâtre au mois de mai, et devrait connaître une adaptation cinématographique…

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Les explorations exaltantes d’ ISABELLE WÉRY

Elle se joue des étiquettes, baladant sa fantaisie au gré des planches comme des écrits, parmi lesquels Rouge Western, son dernier roman. Si Isabelle Wéry n’aime rien plus que les récits qui emportent vers des ailleurs entre réalité et imaginaire, elle est aussi une voyageuse exaltée par sa découverte du monde.

BE
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : LAETITIA BICA
PERFECT | ISABELLE WÉRY

Tout comme votre dernier livre, Rouge Western, cette interview revêt elle aussi une dose de surréalisme, puisque vous vous trouvez actuellement à l’endroit même de son intrigue, dans la province d’Almería, en Espagne. En effet, la fiction rejoint la réalité ! J’ai un amour fou pour ce lieu, où j’ai atterri pour la première fois en 2015, lors d’une résidence d’écriture. Une terre très étrange, encore bercée par le passage des Romains et des Phéniciens, il y a des milliers d’années. Et étonnante à explorer, notamment le désert de Tabernas où de très nombreux films ont été tournés et dont les paysages sont hantés par le cinéma. Une histoire culturelle très riche, qui me passionne tant qu’elle risque d’être aussi le cadre d’un second ouvrage.

Dans ce roman, on suit le périple de Vanina, en Andalousie. Une dame âgée, mordante, attendrissante et un brin excentrique. Une sorte d’alter ego ou au contraire tout droit sortie de votre imagination ? Elle est un concentré de femmes que j’ai observées dans ma vie personnelle et mon métier. Il s’agissait de créer une figure fantastique, sorte de sage parmi les sages, âgée de mille ans mais toujours aussi curieuse de l’existence. Je trouve le passage du temps fascinant. J’ai cinquante-trois ans et quelle richesse d’avoir derrière moi toutes ces aventures et expériences passées. C’est

pourtant une période de la vie dont on a tendance à peu parler, surtout en matière de féminité et c’est l’un des thèmes prégnants de Rouge Western.

J’ai grandi dans un milieu patriarcal et j’ai été en guerre contre ces inégalités depuis l’enfance. Jouer Les Monologues du Vagin d’Eve Ensler au théâtre a aussi représenté une véritable prise de conscience vis-à-vis ma propre histoire mais aussi à la vision que la société à du corps de la femme et au harcèlement et au sexisme que subissons trop souvent. J’ai voulu aborder ces questions difficiles en les mêlant à un univers solaire et léger, aux intrigues rappelant un western hollywoodien.

Ce séjour, organisé pour le grand anniversaire de Vanina se transforme en effet rapidement en périple initiatique, aux airs de vendetta. Quel est votre propre rapport au voyage, vous qui avez aussi publié Selfie de Chine, racontant vos quelques mois sur place ? Lorsque j’étais petite, nous logions un appartement dans le sud de l’Espagne. Lors de ces vacances, je côtoyais des enfants venant de nombreux pays et cela m’a donné le goût du voyage et le rêve de le vivre via mon métier. J’ai eu la chance de faire de nombreuses tournées théâtrales dans le monde et avoir gagné le prix de littérature de l’Union européenne en 2013 m’a permis de découvrir la Chine, les pays de l’Est et nombres de régions peu

Rouge Western, d’Isabelle Wéry, éditions Au diable vauvert.

touristiques. C’est pour moi un puissant moteur de créativité.

De nouveaux voyages font-ils partie de vos projets pour les mois à venir ? En effet, je prépare pour le prochain Festival international de la littérature de Montréal une performance à partir de Rouge Western. Elle revêtira la forme d’une “sieste sonore”, créée avec la musicienne Sarah Espour et avec pour décor des œuvres du plasticien Marcel Berlanger. Il s’agira d’un patchwork de sons, musiques et voix à partir d’une adaptation du texte, que je jouerai sur scène. Et je suis également invitée à la Foire internationale du livre de Guadalajara, au Mexique, l’une les plus importantes d’Amérique latine. J’y représenterai la Belgique, via l’Union Européenne. Ce sera aussi l’occasion de réaliser une résidence à Mexico. Encore un très beau terrain d’exploration.

Y a-t-il un ou une artiste tous azimuts, qui vous inspire particulièrement ?

La chanteuse espagnole Rosalía. C’est une artiste et une performeuse à l’univers incroyable. De même que j’étais une grande fan de David Bowie, qui m’a énormément influencée par son androgynie et son art de la transformation. En tant qu’artiste et créatrice, ce qui m’intéresse est d’architecturer des mondes qui vont surprendre l’imaginaire du lecteur ou du spectateur. Et ainsi de l’embarquer vers un cinéma intérieur.

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ANTOINE WAUTERS
Tout vient de là » BE PERFECT | ANTOINE WAUTERS
«

Vous écrivez en page 117 que vous n’aimez pas faire la promo de vos livres. De quoi va-t-on parler ? (Rire) C’est une boutade.

Vraiment ? En partie. Ecrire est un exercice très intime et très solitaire. Quand on assure la promotion d’un livre, on s’éloigne inévitablement du travail d’écriture, de ce territoire silencieux.

Il y a un an, vous recevez le Goncourt de la nouvelle pour « Le Musée des contradictions » et une flopée de prix pour « Mahmoud ou la montée des eaux ». 2022 a dû changer votre vie ! Jusque-là, je rencontrais un succès d’estime, avec des livres qui se vendaient à quelques milliers d’exemplaires. « Mahmoud ou la montée des eaux » est en cours de traduction dans 15 pays… Mais je n’écris pas des livres qui ont pour finalité de remporter des prix, même si recevoir le Goncourt reste terriblement gratifiant.

Avec « Le plus court chemin », vous remontez le fil d’argent de votre propre enfance. Vous vous racontez, vous vous livrez. Mais quelle est la part de l’intime et la part romancée dans ce pan d’histoire ? Mon nouveau roman est basé sur des souvenirs, sur des témoignages, sur des lettres de mes parents, sur de longues déambulations dans ce village de Fraiture qui m’a vu grandir. Mais même en essayant d’être le plus fidèle possible à mes souvenirs, j’ai fourni une réécriture du passé, une recomposition, parce que la mémoire est imparfaite et parce qu’écrire, c’est toujours une médiation. J’ai donc tenu à garder la mention « roman » car si tout y est vrai, le filtre qui se pose sur le

contenu biographique vient forcément le modifier légèrement.

C’est un livre qui revendique le droit d’être nostalgique … Je parle de la nostalgie heureuse, agissante, pas d’une nostalgie qui accable, une nostalgie de regrets qui fige. Ma nostalgie est liée à notre société, à notre époque, où l’espoir que ça ira mieux demain a disparu. La faute à la crise énergétique, climatique, économique … A travers ce roman, par petites touches, à la manière de polaroids, d’instantanés de vie, j’essaie de montrer comment des petites choses du quotidien, le travail de la terre et les savoirs anciens notamment, pourraient nous aider à nous réapproprier le présent sous une forme plus apaisée. En ce sens, oui, j’aime cette nostalgie agissante.

Vous écrivez : « On vivait la vie que les gens vivaient alors, une vie où s’il y avait bien une chose qui n’existait pas, c’était l’envie de se mettre en avant ». Comment faites-vous, Antoine, pour vivre dans une époque obsédée par les réseaux sociaux ? Quand j’ai écrit « Nos mères », publié en 2014, je n’étais pas sur les réseaux et je n’avais pas d’attente. Je vivais chaque jour de promotion avec ce qu’il comportait de bonnes nouvelles ou de rien, juste le silence. Pas de retour, pas d’article. Ce silence, c’était charmant. J’aime les relations avec les lecteurs mais je n’ai pas besoin de les voir sur Facebook avec la couverture de mon livre. Dans les années 80, avant la cassure, avant l’accélération des années 90, les réseaux sociaux n’existaient pas. Ne pas être obligé de se mettre en avant est une vertu qu’il faudrait peut-être se réapproprier aujourd’hui.

« Tout vient de là », s’il me fallait résumer votre livre en une phrase, ce serait celle-là. Parfois pourtant, il faut savoir partir de là … Evidemment. Le roman est d’ailleurs lié à un départ. J’ai étudié à Bruxelles, enseigné à Bruxelles, j’y ai vécu, j’ai voyagé grâce à mes livres. Ce n’est qu’aujourd’hui que je suis en mesure de revenir sur les terres qui m’ont vu grandir, et d’y puiser ce qui m’aide à tenir dans le grand chaos dans lequel on se trouve aujourd’hui…

Pourquoi y revenir aujourd’hui ?

Parce que c’est lié à un changement dans ma manière d’envisager la littérature. Pendant longtemps j’ai écrit des fictions, ce qui suppose non pas de se détacher du monde réel, mais de créer un monde qui transforme cette réalité, qui l’amène ailleurs. Ma décision de revenir en Ardenne belge coïncide avec une volonté de retourner au réel, de parler de moi, de ce qui m’entoure, d’histoires locales, de réveiller des mémoires enfouies dans ces lieux-là. « Le plus court chemin » s’apparente à un documentaire à la manière de Raymond Depardon au cinéma.

Enfant, vous étiez un solitaire. Est-ce toujours le cas ? Je le crois, je le crains. Je me suis probablement mis à écrire pour me cacher du bruit. L’écriture me sert de refuge. Et cet enfant qui avait des difficultés à se lier aux autres, oui, il est toujours présent en moi.

L’écrivain ardennais Antoine Wauters plonge dans ses souvenirs d’enfance, évoquant par petites touches, par fragments, à la façon des polaroïds, son village wallon, sa découverte de l’écriture, et les années 80 où l’on n’était pas obligé de se mettre en avant … « Tout vient de là » rythme avec une nostalgie agissante son précieux nouveau roman, « Le plus court chemin ».
MOTS : SERVANE CALMANT PHOTO : LORRAINE WAUTERS Antoine Wauters, Le plus court chemin, Verdier éditions.
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CAUSERIE

Ils/elles font la fierté de notre pays. Entretiens en tête-à-tête.

PIERRE DEGAND - AXELLE DELHAYE - HÉLÈNE VAN MARCKE - HOTEL VAN EETVELDE - MAISON HANNON ERIC CROES - ALBERT BARONIAN - MAXIME CROISÉ - SOPHIE BREYER

PIERRE DEGAND, allure et savoir-vivre intemporels

En cinq décennies, Pierre Degand a su imposer sa vision d’un prêt-àporter masculin luxueux dont le classicisme s’étoffe de modernité. Mais également conserver sa passion du style et son goût pour l’excellence, empreintes de la Maison Degand.

BE PERFECT | PIERRE DEGAND
© Nathalie
MOTS : BARBARA WESOLY
Gabay

Vos premiers pas dans la mode remontent à 50 ans et à l’ouverture de votre première boutique à Knokke, alors que vous n’aviez que 19 ans. Pensez-vous qu’une telle aventure serait encore possible aujourd’hui ?

Il est clair que j’ai eu énormément de chance de baigner dans ce milieu depuis l’enfance, grâce à ma mère Yvonne Degand, qui possédait une maison de couture pour dames. De la voir travailler et de découvrir les ficelles de ce métier ainsi que de pouvoir y réaliser mes premiers pas à 14 ans, au sein d’un magasin dont elle connaissait les propriétaires. Mais pour moi, tout est possible lorsque l’on a de la détermination et de la volonté et que l’on agit par passion et non pas par profit. Et quand l’on fait le choix de privilégier le label de qualité aux marques et la personnalité aux effets de mode. Cela fait toute la différence.

Être aujourd’hui considéré comme une institution, est-ce un compliment ? Oui, c’est certain. Ces cinquante années d’existence n’auraient pas été possibles sans liens de fidélité et de confiance qui s’est créé au fil du temps avec nos clients. Ce qu’on construit avec eux est primordial. Plus que le prêt-àporter pour hommes, mon métier, c’est avant tout le conseil. Je n’aime rien tant qu’aider chacun à mettre en valeur son identité, par une forme d’élégance qui lui corresponde.

Habiller le Roi Philippe et en parallèle Stromae pour la couverture de son album « Multitudes » comme pour son passage en télévision, est-ce une manière de se jouer des codes ?

C’est surtout totalement différent.

Paul est arrivé un jour en boutique, avec sa femme, Coralie, pour trouver un costume à porter le lendemain, lors du journal de TF1. Je l’ai imaginé avec un blazer croisé bleu marine, avec une cravate unie et une chemise blanche. Et au final, cette allure folle a contribué à une part du buzz qui en a suivi. L’on n’est plus familiarisé avec cette forme de raffinement dans l’habillement des chanteurs. Quant au Roi, je

l’habille depuis de nombreuses années et ses tenues ont évolué via de discrets changements, mais qui n’en sont pas moins essentiels, comme le pliage de sa pochette, modifié après son accession au trône. Il ose désormais des détails parfois fantaisistes, comme lors du Bal national du 21 juillet, où il arborait une pochette colorée Degand réalisée en partenariat avec le peintre Malel. Une manière d’être distingué sans être guindé.

Cinquante heures sont nécessaires à un tailleur de la Maison Degand, pour confectionner un costume sur mesure. Sublimer le moindre détail

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©
Nathalie Gabay

est-il la clé en matière de mode ? La justesse des détails l’est. Ils sont notamment la clé du casual chic. Le motif d’une chemise, la mise d’une pochette, les bonnes chaussures, permettent une dose d’audace sans pour autant tomber dans l’ostentation. Et l’artisanat et la qualité s’observent tout particulièrement dans les finitions. M’habiller est un plaisir personnel, une part de cette qualité que j’aime retrouver dans chaque aspect lifestyle, de la cuisine aux voyages, en passant par la mode. Et le bon goût que je recherche, comme celui que je souhaite proposer via la Maison Degand, se dessine aussi dans les aspects les plus subtils.

Qui symbolise pour vous l’élégance ?

Steve McQueen assurément. Il reste un emblème de celle-ci. Il suffit de

regarder L’Affaire Thomas Crown pour voir que son style n’a pas pris une ride. Qu’il s’agisse de porter une casquette avec un blouson ou un pantalon chino et des baskets, cela fonctionne parfaitement et colle en même temps à son caractère. Le charisme et la personnalité sont des éléments indissociables d’une tenue, tout comme le contexte dans lequel on la porte.

Cet anniversaire marquera-t-il un tournant pour la Maison ? Et pour vous, à titre personnel ? Oui, il s’agit d’une date très symbolique. D’un triple anniversaire. Les 50 ans de la Maison, mais aussi ses 90 ans, si l’on compte les années sous la direction de ma mère. Cela marque aussi mes 70 ans. Je continue d’être un entrepreneur et de souhaiter de nouvelles surprises, de

nouvelles découvertes. Nous ne savons pas encore comment nous allons le célébrer, mais certainement par le biais du restaurant Emily, que nous nous apprêtons à rouvrir. Un établissement dédié à ma fille, que j’avais malheureusement perdu après y avoir mis tant d’énergie et de cœur et que je suis si heureux d’avoir pu récupérer. Mode ou gastronomie, les rencontres, la passion et la beauté sont mes moteurs.

Que reste-t -il à accomplir à la Maison Degand ? Je dois encore la finaliser pour qu’elle corresponde à cette vision que j’en avais déjà petit garçon. La vraie réussite pour moi, ce sont les œuvres que l’on crée en suivant ses rêves d’enfant.

www.maisondegand.com
BE PERFECT | PIERRE DEGAND ©
Production
Les Artistes
G & G SALON DE COIFFURE GIRLS AND GUYS SALON GANDG WWW.GG.OPTIOS.NET
Tél. 02/ 633.18.23 | salon.gandg@gmail.com
2 Rue Colonel Montegnie, 1310 la Hulpe
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Les trésors d’authenticité d’

AXELLE DELHAYE

BE PERFECT | AXELLE DELHAYE

C’est à proximité de la place

Brugmann qu’Axelle Delhaye héberge sa passion des bijoux. Un lieu qui reflète à merveille l’éclectisme lumineux et féminin de sa marque, AXL Jewelry, abritant nouvelles créations comme parures vintages.

À quoi peut-on s’attendre en franchissant les portes de votre boutique ? À y découvrir des pièces anciennes, uniques et riches d’une histoire mais aussi à des modèles issus d’ateliers assez confidentiels des quatre coins du monde, bien souvent artisanaux et réalisés en quantité limitée. A une forme de petite joaillerie, c’est-à-dire une bijouterie précieuse mais restant relativement accessible, accompagnée d’un accueil chaleureux, où l’on se sent comme à la maison, s’installant sur notre canapé pour essayer, se laisser conseiller.

Vous avez étudié la peinture à Firenze, ainsi qu’à La Cambre. Qu’est-ce qui vous a amené à quitter cet univers ? La peinture c’est tellement fort et intense. On se marie avec l’art. J’aurais dû m’y donner pleinement. Je voulais des enfants, une vie de famille et les bijoux me permettaient une autre forme de créativité. J’avais aussi suivi un cursus en antiquariat à Louvain-la-Neuve et j’ai toujours été fascinée par les objets qui ont vécu. Cela leur offre une part de mystère. Et j’ai donc commencé à chiner, il y a une trentaine d’années, d’abord du mobilier, de la décoration, puis des pièces de joaillerie originales et éclectiques, que j’accompagnais de mes propres créations.

Un principe qui demeure encore l’âme d’AXL Jewelry aujourd’hui ? Oui, à mes yeux l’ancien nourrit le contemporain. C’est une vision que je tiens de ma grand-mère, véritable collectionneuse qui possédait énormément de bijoux des années 40-45, typiques de la période de l’art décoratif. J’apprécie particulièrement ceux de l’ère victorienne, mais

MOTS : BARBARA WESOLY PHOTOS : CAMILLE DOYEN

il peut aussi s’agir de trouvailles des seventies, du 19e siècle ou actuelles. Cela peut être très décoratif ou au contraire particulièrement sobre. Les pièces viennent à moi, me parlent. Et j’aime multiplier les genres comme les inspirations. Il y a aussi ces modèles anciens que des clients m’apportent pour que je leur offre une seconde vie, c’est une autre forme de lien à l’histoire.

Une diversité que vous développez encore en proposant des piercings de luxe et des piercings party ? J’ai en effet débuté ce concept il y a sept ans, à une époque où il était totalement novateur en Europe. Je l’avais découvert à Soho, en rencontrant la créatrice Maria Tash, avec laquelle je collabore encore aujourd’hui. Je vois les piercings et studs comme des bijoux précieux à part entière et c’est finalement devenu l’une de nos spécialités.

Comment s’annonce l’automne chez

AXL Jewelry ? Avec pas mal d’émeraudes et d’or blanc. Un retour de l’argent aussi. Je diversifie en permanence les pierres comme les matières, selon les saisons. J’étudie les tendances, mais je fonctionne surtout à l’instinct. Au coup de cœur aussi. La boutique se compose exclusivement de modèles que j’imaginerais porter.

Imagineriez-vous ouvrir une deuxième boutique ? Non, mais j’aimerais par contre réaliser plus de partenariats avec des pop-ups stores, pour diversifier les lieux. C’est d’ailleurs en préparation, notamment avec une adresse à Anvers. Tout comme pour les créateurs avec lesquels je collabore, il est important pour moi de favoriser le durable, l’artisanal, les marques plus intimes.

Or ou argent ? Or. Piercing ou boucle d’oreille ? Piercing. Pierres colorées ou diamants ? Pierre colorée.

Finesse ou exubérance ? Les deux. Les deux, impossible de choisir. Des pièces pour toujours ou changeant au gré des envies ? Changeant au gré des envies.

Votre modèle phare ? Une pièce vintage, des années 60, en corail, désormais interdit, et petits diamants. Elle représente une tête de bélier sculptée. Je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’elle représentait et qui était celle à qui elle a appartenu.

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EN UN MOT…

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Chama : 25 ans d’existence, le casual chic comme art de vivre !

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VAN MARCKE

Inspirés par le contexte historique et architectural du bâtiment, Hélène Van Marcke et son équipe abordent chaque projet en fonction de la personnalité et du style de vie du client pour un résultat sur mesure, fonctionnel et harmonieux. Des intérieurs élégants et intemporels qui traversent les années sans prendre une ride.

Coup de cœur pour vos intérieurs ! Comment vous êtes-vous éprise d’amour pour l’architecture d’intérieure ? Ma mère est très créative, elle a toujours eu un amour fou pour l’architecture, les décors, les beaux intérieurs, elle a un goût évident pour le beau. On a toujours aussi beaucoup voyagé. Cela a certainement ouvert mon esprit. Dans un petit carnet d’enfant, j’avais déjà écrit que je voulais être vétérinaire, architecte ou architecte d’intérieur. Et des années plus tard, me voilà à suivre des études d’architecture d’intérieur et de design au CAD à Bruxelles. Plusieurs stages intéressants ont ponctué mon parcours, un à Anvers chez Claire Bataille, un studio à

l’époque de grands minimalistes belges et pour mon dernier stage, je suis allée à Paris chez Charlotte Perelman (Studio CMP). Là-bas, j’ai eu très vite beaucoup de responsabilités. J’ai terminé mes études, elle m’a proposé du travail et je suis partie vivre à Paris. De fil en aiguille, j’ai eu mes propres projets et j’ai lancé mon bureau en 2014, je travaillais alors entre la France et la Belgique. En 2017, je quitte la Ville lumière pour la Belgique et j’installe mon bureau à Gand.

Comment vous êtes-vous faite connaître en Belgique après des années à Paris ? Le bouche-à-oreille, les clients satisfaits qui parlent autour ©

HÉLÈNE
L’harmonie selon
MOTS : OLIVIA ROKS
BE PERFECT | HÉLÈNE VAN MARCKE
Georges Vanrijk

d’eux. Mais travailler à Paris a beaucoup boosté ma réputation. Plus exotique peut-être, plus tendance ? En tout cas, les gens voyaient que j’avais de beaux projets, une belle clientèle, des projets publiés dans des magazines... Paris était attrayant.

Comment décririez-vous votre univers ? C’est difficile à dire car nous nous adaptons au projet et au client. On a certains codes mais c’est particulièrement la philosophie de notre dessin qui fait notre patte. On analyse le lieu, la ville, l’architecture, l’histoire et l’origine de la maison et ensuite on essaie de la réinterpréter d’une manière contemporaine. Soit on utilise des volumes, des formes, des détails d’époque qu’on combine avec des matériaux ou des couleurs plus au goût du jour ou l’inverse, des matériaux anciens qu’on réveille avec formes plus contemporaines, des détails minimalistes. La cohérence et l’équilibre sont essentiels. On s’inspire aussi bien entendu du client, de la garçonnière à la maison conviviale, l’idée demeure très différente. A chaque fois on dessine autre chose et c’est ce qui me plait ! Mais quoiqu’il arrive on tente d’uniformiser, de viser la cohérence d’un espace à l’autre avec une simplicité des couleurs et des matières entre autres.

Mais des inspirations guident tout de même vos projets ? Bien entendu, le client reste notre première inspiration avec le lieu et son histoire. J’aime également me plonger dans d’anciens livres, comme les livres d’architecture Domus où les dessins et les photos sont riches. J’ai aussi un amour fou de l’Art déco, c’est ma prédilection personnelle, donc parfois, dans certains détails, on retrouve cette passion. Ma maison est ultra Art déco par exemple, mais c’est mon goût personnel. Mon mentor, Georges van Rijk, m’a tout appris, il a été une vraie source d’inspiration. Je l’ai connu très jeune et à cet âge on est très influençable. Il détenait beaucoup de mobilier Art déco et on regardait ce film, Métropolis, directement inspiré de ce mouvement. Quand je voyage, j’observe aussi beaucoup, mais attention, beaucoup d’architectures et de styles n’ont rien à faire chez nous. Le copier-coller déco repéré en vacances ne fonctionne que rarement ici.

© Cafeine

Et des matières, certaines vous parlent plus que d’autres ? J’ai une prédilection pour le plâtre, l’acier rouillé (acier corten) avec sa patine exceptionnelle, j’aime aussi les marbres veinés, les pierres naturelles et les beaux carrelages artisanaux dignes de vraies fresques.

L’intérieur réussi pour vous c’est... Une harmonie, trouver une certaine paix, visuellement mais aussi pour la personne qui habite le lieu. Il faut que tout vive bien ensemble. Autrement dit, un joyeux mélange de styles.

A contrario, une grosse erreur que vous ne supportez pas en architecture d’intérieur ? Je suis maniaque sur plein de détails... Les beaux carrelages coupés par exemple mais plus encore le manque de respect de l’architecture d’une maison. Il est essentiel de tenir compte du lieu et de son histoire, c’est important d’embellir un espace mais de ne pas le dénaturer.

Pour nos lecteurs, une tendance à adopter cet automne-hiver ? Je ne tiens pas compte des tendances... Je ne les suis pas, je les évite. Mais je dois avouer que j’aime ce retour aux années 70 avec par exemple l’inox très sophistiqué, la moquette brune, les fauteuils bruns, les miroirs teintés...

Pour terminer en beauté, un projet que vous rêveriez de faire ? Rénover des écuries ! Les selleries, les détails des boxes, des portes, des pistes... Je pense aux écuries de Luis Barragan au Mexique ou encore les fincas en Andalousie avec leurs charmantes écuries.

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HÔTEL VAN EETVELDE

Le retour de Victor Horta

Bruxelles se dévoile comme la capitale de l’Art nouveau en 2023 avec entre autres comme actualité l’ouverture au public de l’étonnant Hôtel van Eetvelde signé Victor Horta. En prime, un espace de promotion de l’Art nouveau, le LAB.AN s’y est aussi implanté. Avis aux amoureux de ce style artistique.

BE PERFECT | HÔTEL VAN EETVELDE
MOTS : OLIVIA ROKS PHOTOS : LUC VIATOUR

En 1900, alors que la révolution industrielle bat son plein, Bruxelles est le terrain d’expérimentations d’un style subversif : l’Art nouveau. Un style ? Non, un état d’esprit et une foi insatiable dans la modernité. La Belgique et surtout Bruxelles occupent une place particulière dans l’histoire de ce style souvent peu considéré qui a été redécouvert dans les années 1970 et qui a finalement regagné ses lettres de noblesse. Parmi les fleurons de l’Art nouveau, l’ouverture récente de l’Hôtel van Eetvelde, conçu selon les dires de Victor Horta lui-même comme

étant « le plus audacieux qu’il ait fait jusque-là ». Rencontre avec Hortense de Ghellinck coordinatrice au sein du LAB.AN et de l’Hôtel van Eetvelde.

Rappelez-nous l’origine historique de cette demeure ? Edmond van Eetvelde achète le bâtiment en 1895. Il a des fonctions de plus en plus importantes auprès de Léopold II et finit par être ministre du Congo. Ses besoins de réception grandissants, il a développé cette maison, conçue par Victor Horta, avec comme inspiration l’Art nouveau, une nouveauté fascinante à ses yeux.

Ensuite la maison revient à son fils, puis à la famille d’Antoine Pouppez de Kettenis et enfin, de 1950 à aujourd’hui, à la Fédération des Industries du gaz.

Dans quel cadre la restauration de cet Hôtel a eu lieu ? Une première restauration a eu lieu en 1988 et une seconde en 2000. Le bâtiment était occupé par des locataires membres de la fédération. Le Covid est passé par là, l’idée de restaurer était déjà dans les esprits, mais cela a accéléré les démarches. Ce bâtiment, étant classé, a eu droit à des subsides, et dans les négociations,

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l’Hôtel, bien privé, peut être visité par le public durant cinq ans.

Une demeure signée Victor Horta. On dit que cela serait une de ses créations les plus abouties, comment expliquez-vous cela ? C’est une demeure incroyable située dans le quartier des Squares à Schaerbeek. On pourrait passer trois heures à la visiter. Rien que sa façade rideau métallique est exceptionnelle, elle est la seule existante au monde. Tout est extrêmement bien pensé, il n’y a pas un centimètre qui est perdu. L’organisation des espaces et des circulations est subtile, chaque pièce est pensée dans les moindres détails. La verrière est l’une des plus belles de la ville esthétiquement parlant mais d’un point de vue technique aussi. Le système de ventilation, naturel, est aussi très ingénieux pour l’époque. Tout se mêle parfaitement. Le génie Victor Horta a réussi à traiter l’architecture et la décoration comme un tout, atteignant un sens de l’unité extraordinaire grâce à la conception

minutieuse du moindre détail du bâtiment, depuis la poignée de porte ou la sonnette, jusqu’à la moindre pièce de mobilier de chaque pièce.

Avant de se quitter, quelques mots sur le LAB·AN qui se trouve au sein même de l’Hôtel van Eetvelde ? Dans le cadre de l’année Art nouveau et l’ouverture de ce bâtiment au public, nous avons créé un centre d’interprétation et de promotion de l’Art nouveau. Les visiteurs peuvent y découvrir une exposition présentant les caractéristiques principales de ce courant. L’objectif est d’en faire un lieu de dialogues avec la création contemporaine, mais aussi un espace de recherches et de débats. L’un des objectifs fondamentaux est la création d’un espace qui valorise et met en relation les partenaires et bâtiments de ce style existants à Bruxelles, en Belgique et en Europe. Une sorte d’émulation positive permettant de faire rayonner Bruxelles, la Belgique et l’Art nouveau dans le paysage culturel national et international.

3 QUESTIONS À KATRIEN MESTDAGH, DIRECTRICE ET MAÎTRE VERRIÈRE

L’un des éléments étonnants de l’Hôtel van Eetvelde est la fameuse coupole. Qu’est-ce qui la rend extraordinaire ? Il est très rare qu’une coupole de cette époque soit à ce point préservée. Ici, la plupart des vitraux sont d’origine. Il faut aussi souligner le caractère exceptionnel de la structure de ses vitraux et la manière dont ils épousent la courbe de cette coupole. C’est un travail extrêmement difficile à réaliser actuellement car il exige une très grande maîtrise de la part des concepteurs et des artisans. Cette prouesse technique la rend aussi exceptionnelle !

Quels ont été les défis les plus techniques ? Le démontage des vitraux car personne ne savait exactement comment ils avaient été placés. Cela s’est plutôt bien passé, bien mieux que ce que nous avions prévu, car les vitraux étaient en bon état. Un autre défi pour ce type de restauration de chefs-d’œuvre, consiste à trouver le verre le plus adéquat pour remplacer les pièces cassées ou manquantes car les verres fabriqués à l’époque sont désormais introuvables. Notre alternative consiste à juxtaposer deux types de verre afin qu’on ne voie pas de différence entre les originaux et les autres.

Et la plus belle surprise ? L’une des étapes les plus agréables a été le nettoyage, car les vitraux étaient opaques et jaunes. En les nettoyant, nous avons constaté qu’ils étaient imprégnés de nicotine. Le verre est apparu d’un blanc éclatant, presque bleu.

www.lab-an.be
BE PERFECT | HÔTEL VAN EETVELDE

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Dans un très beau domaine d’un 1.5 ha, somptueuse villa contemporaine, +/- 920 m², conçue par l’architecte Jacqmain, jouissant d’un jardin arboré plein sud (terrain à usage privatif de +/- 35 ares). Vastes réceptions, très belles terrasses, 6 chambres, 6 bains. Ascenseur. Garages. Piscine intérieure. Peb B

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MAISON HANNON

BE PERFECT | MAISON HANNON

La Maison Hannon est en pleine renaissance et a ouvert ses portes au public. Vous en êtes le jeune conservateur. Quelle aventure ! Rappeleznous les origines, l’histoire de la Maison ? Grégory Van Aelbrouck - Elle est construite entre 1902 et 1904 par un couple franco-belge, Monsieur et Madame Hannon. Cette demeure est imprégnée par les deux personnages. Marie Hannon a géré la Maison et son intérieur et Monsieur s’est intéressé à l’extérieur et au deuxième étage où se trouvaient la chambre noire (il faisait de la photo) et la bibliothèque. L’étiquette est française dans le choix du mobilier et des matières. Tandis que les œuvres d’art sont plutôt l’apanage de Monsieur et sont donc belges : sculptures, peintures... Ce mariage des deux goûts est particulièrement intéressant.

Un joyau

Art nouveau

Le patrimoine bruxellois compte un nouveau chef-d’œuvre : la Maison Hannon. Située dans la capitale à Saint-Gilles, cette maison-musée renaît pour dévoiler l’Art nouveau dans sa pluralité. Un lieu en perpétuel mouvement, une bulle spatiotemporelle à l’identité forte.

Le couple a fait appel à l’architecte Jules Brunfaut, meilleur ami de Monsieur Hannon. A l’époque, Victor Horta était l’architecte des grands dirigeants de Solvay où Monsieur travaillait et cela ne se fait pas d’imiter son patron donc ils ont fait appel à un autre architecte en demandant de s’inspirer d’Horta.

Et de fil en aiguille, cette Maison a survécu aux années... Effectivement. Edouard survit à Marie et à sa mort, la Maison passe à leur fille unique qui vit dans le souvenir de son père. À son décès, rien n’a bougé dans la Maison. Les descendants vendent, un promoteur achète, il souhaite détruire la Maison. On est en 65, l’Art nouveau n’a pas encore ses lettres de noblesse, c’est un style parmi d’autres, décrié, pas rationnel, passéiste... Mais la fille

de l’architecte Brunfaut va se mobiliser pour sauver le bâtiment et après beaucoup de scandales, la façade est classée, ce qui empêche sa destruction même si certains éléments ont déjà disparu. Quelques années plus tard, l’intérieur est aussi classé au moment où la commune de Saint-Gilles achète le bâtiment. Assainissement du lieu et appel à projets s’ensuivent. Après diverses orientations, nous décidons d’en faire une maison-musée et non un musée d’arts décoratifs.

Pourquoi justement parler de « maison-musée » ? Indéniablement, c’est la Maison qui intéresse réellement le grand public. Avec tant d’éléments, de traces et d’objets en notre possession, j’ai décidé de remettre au cœur de l’histoire le couple et la Maison avec

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MOTS : OLIVIA ROKS © Gregory De Leuuw © Saskia Vanderstichele

comme vocation de muséifier le lieu où on tient une certaine dynamique avec des activités pédagogiques. Nous avons décidé de faire une exposition temporaire pour renouveler le public et surtout le public local. Nous voulons mettre en lumière l’œuvre du couple Hannon et de l’Art nouveau en général. Il n’y a pas de lieu qui défend actuellement l’Art nouveau au sens large, dans sa pluralité. La Maison Hannon, spectaculaire, est une superbe vitrine car elle a une grande attractivité visuelle. Actuellement, le visiteur découvre une exposition permanente avec le mobilier d’origine de la Maison qui revient progressivement et une exposition temporaire sur l’Art nouveau dans sa diversité à l’exception de Victor Horta qui détient le monopole. Justement, pour jeter en quelque sorte un pavé dans la mare. L’Art nouveau est un art du quotidien hors qu’Horta crée tout sauf un art du quotidien.

Qu’est-ce qui différencie cette demeure d’une Maison Horta ? Victor Horta était un génie perfectionniste avec les défauts et les qualités que cela entraîne. Dans les réalisations Horta, vous serez toujours chez Victor Horta, ici vous êtes tout d’abord chez les commanditaires des lieux, tout a été pensé pour eux, tout a été adapté à la personnalité du couple, c’est une maison portrait.

La Maison Hannon est ouverte au public mais sa restauration est encore en cours... On ne sait pas tout restaurer d’un coup, pour des raisons de temps, de connaissances et de budget. On en a fait une force et la question de la restauration est au centre de notre discours. Tous les quatre ou six mois, le public va pouvoir participer et voir les artisans restaurer un certain espace. Et ce jusque 2030. Par ailleurs, quand il paie son entrée, 2 euros vont à la restauration, donc il contribue à revenir au musée, c’est un bien collectif. Le visiteur a de plus en plus besoin de sens. Une première phase de restauration est achevée : le rez-de-chaussée qui restitue fidèlement l’univers des Hannon et le premièr étage, lieu d’expositions temporaires. La façade est restaurée également. La fresque monumentale dans les escaliers aussi avec douze personnes qui y ont travaillé durant deux mois. Aujourd’hui, on travaille sur les décors de la serre ou encore la remise des tissus dans les pièces. Mais comme je le mentionne, ces rénovations signent la première phase d’un projet bien plus large.

Vous êtes le conservateur de cette Maison, qu’est-ce qu’elle vous inspire personnellement ? C’est un moment de grâce, un moment hors du temps. C’est une consolation au monde, un paradis perdu. On voyage indéniablement quand on vient dans ce genre d’endroit.

Cette année, l’Art nouveau est à l’honneur, quelles sont les plus belles haltes pour l’apprécier ? La Maison Horta pour un ordinaire très sophistiqué, c’est l’antre du maître. L’Hôtel Solvay, seule maison du maître totalement intacte. La Maison Cauchie qui est la maison d’un peintre et bien sûr la Maison Hannon avec ce goût français et symboliste unique.

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www.maisonhannon.be
© Paul Louis © Gregory De Leuuw © Paul Louis

Le monde onirique d’

ERIC CROES

Réels assemblages surréels, ses totems en céramique sont reconnus à travers le monde. Eric Croes signe une nouvelle exposition à Bruxelles, « La nuit est une Femme à barbe ». Au gré de ses constellations intimes, on découvre l’étendue de son imaginaire et de son savoir-faire technique. Entre mystère et onirisme, entretien depuis l’atelier de l’artiste.

MOTS : OLIVIA ROKS PHOTOS : HUGARD & VANOVERSCHELDE
BE PERFECT | ERIC CROES

Vous êtes connu à travers le monde pour vos célèbres totems en céramique. Mais tout d’abord qui est Eric Croes ? J’ai 45 ans et je me définis comme sculpteur. Depuis que je suis petit, j’ai la fibre artistique, je dessinais, je faisais de la plasticine. Mes parents étaient manuels, bricoleurs... Lorsqu’à six ans ma mère m’a inscrit à des cours de dessin, c’était le plus beau jour de ma vie (rires). Ensuite, j’ai fait des études de sculpture à La Cambre et j’ai poursuivi, il y a dix ans, avec des cours de céramique. Cela m’a tout de suite passionné, particulièrement l’émaillage et la découverte de ces couleurs si intenses. J’ai acheté mon premier four et je me suis lancé. Les totems sont nés lors de ma première exposition en 2015.

Des œuvres en céramique prenant l’apparence de totems. Une superposition d’éléments réalisée comme des assemblages uniques... Quelle histoire se cache derrière ces fascinants totems ? Je devais faire une exposition dans une galerie et je voulais absolument la pièce au haut plafond. Un ami m’a conseillé de créer quelque chose de très haut pour que cette salle me soit adressée. Pari réussi avec la création de deux totems ! Les totems représentent un collage d’idées, d’éléments, au départ un peu disparates. Ils font environ deux mètres de haut, je les vois comme des géants, des gardiens, des golems... Ces totems sont devenus en quelque sorte mon hit.

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© Studio Mammouth © Hugard & Vanoverschelde

Ils ont tout de suite remporté un franc succès ? Quand j’ai fait ma première exposition, l’engouement était effectivement au rendez-vous. Tout le monde semblait très enthousiaste. Thierry Boutemy a acheté les deux totems de l’exposition et il les a exposés. Ensuite, Albert Baronian m’a fait une exposition, a suivi Rodolphe Janssen... Mais je suis aussi arrivé au bon moment, c’était le grand retour de la céramique et aussi de la figuration.

Quel est votre processus de création, comment composez-vous ces géants ?

Je me raconte une histoire et je dessine de manière rapide un croquis. Ensuite, je réalise les pièces en terre glaise, je les laisse sécher et les retravaille

encore et encore... Elles sèchent et sont cuites une première fois. Je teste alors les pièces en les enfilant comme des perles sur un mât. Une fois que j’ai le bon ordre, je le dessine sur papier et je le colorie à l’aquarelle afin de percevoir le rythme entre les tailles des éléments et des couleurs. Viennent alors l’émaillage et la dernière cuisson à haute température pour des couleurs profondes. Enfin, je place les éléments sur le mât en métal et je fabrique un socle en béton bouchardé. Il faut compter certainement un mois pour la création d’un totem.

Quelles sont les inspirations qui nourrissent votre travail ? L’ours est par exemple très présent dans vos

créations... Les totems sont souvent des obsessions du moment. Je m’inspire du bestiaire, de la mythologie, j’adore les cyclopes, la gorgone, la Bocca della Verità à Rome, les théières (un souvenir familial), les visages, les vases, les fleurs, les bougies... Et l’ours bien sûr. J’adorais les ours en peluche petit. On m’a également offert le livre « L’ours » de Michel Pastoureau à mon anniversaire, sans doute car c’est un animal qui me représente et j’en ai fait en quelque sorte mon totem... Ce livre m’a passionné et inspiré, il relate l’ours à travers l’Histoire. J’ai pris certainement deux ans à le lire et à tout analyser. Et en 2015, pour ma première exposition, l’ours était au centre de mon exposition.

Votre nouvelle exposition, « La nuit est une Femme à barbe », se tient actuellement à la galerie Sorry We’re Closed, qu’y découvre-t-on ? J’ai toujours aimé la chanson mystérieuse et les paroles assez dingues et fantasmagoriques de « La Femme à barbe » de Brigitte Fontaine. Un titre parfait pour une de mes expositions ! Je me suis posé la question : à quoi ressemblerait un paysage de nuit pour moi ? Et là tout a commencé ; au rez-de-chaussée, j’ai imaginé un jardin gardé par deux centaures-sphinx, on avance et on découvre encore bien d’autres éléments dans ce paysage de nuit qui s’ouvre au visiteur. A l’étage, c’est la nuit, c’est l’enfer, on est accueilli par cinq totems représentés par de grands diables composés d’éléments évoquant des obsessions, des péchés... La nuit est effrayante mais on peut aussi y vivre des choses interdites, une nuit dangereuse mais excitante. Toute l’exposition est construite en miroir, dans un jeu de reflets, chaque sculpture cache un « verso », un « envers » qu’il faut découvrir.

Que d’éléments à découvrir ! Avec un style bien particulier... Comment décririez-vous votre style ? J’aime parler de mythologie personnelle, colorée, intuitive et vivante. Derrière tous ces éléments, c’est en quelque sorte mon histoire.

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www.ericcroes.be
© Hugard & Vanoverschelde

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ALBERT BARONIAN 50 ans d’art

Figure majeure de l’histoire des arts visuels en Belgique, Albert Baronian est aussi à l’origine d’une des plus anciennes galeries belges en activité. Cette année, elle fête ses 50 ans avec une exposition anniversaire à la fondation CAB. Échange avec ce galeriste atypique.

BE PERFECT | ALBERT BARONIAN
MOTS : OLIVIA ROKS
© Fabrice Schneider

Comment vous êtes-vous épris d’amour pour l’art et plus particulièrement l’art contemporain ? Après mes études, pour apprendre l’anglais, mes parents m’avaient envoyé à Londres où j’étais garçon au père. Pendant mon temps libre, comme tout touriste, je visitais la ville. Je me suis rendu à la Tate Gallery et je suis tombé sur des tableaux de Rothko. J’étais étonné car le musée était plutôt sérieux, tout comme les Anglais. En quittant le musée, je suis passé à la boutique et je suis reparti avec des livres sur l’art abstrait. De retour en Belgique, je cherchais à croiser la route de l’art contemporain... C’est devenu un virus. Je n’ai pas fait histoire de l’art mais des études en sciences politiques et sociales. Mais parallèlement, j’étais obsédé par l’art contemporain. J’ai appris seul, sur le tas, par passion, par amour.

Et vous voilà cette année à fêter vos cinquante ans de galerie, un chiffre incroyable, rappelez-nous vos débuts, la naissance de la galerie... J’ai fait la rencontre de Jo Delahaut, peintre abstrait, décédé aujourd’hui. Il m’a permis de rencontrer d’autres artistes. En septembre 1973, j’ai proposé à Antonio Odias de faire une petite exposition d’éditions dans mon appartement bruxellois boulevard Saint-Michel mais il est arrivé avec des œuvres uniques. De fil en aiguille, tout s’est enchaîné : plusieurs expositions à l’appartement, des œuvres qui s’accumulent jusqu’à la

cuisine et enfin le besoin de chercher un autre espace pour exposer. Je me suis retrouvé dans un magnifique espace rue des Francs et ensuite les lieux se sont succédé jusqu’à celui-ci, rue Isidore Verheyden, dans le quartier Louise.

Au fil de ces années, quelle a été l’évolution de vos choix artistiques ? Au début je m’intéressais beaucoup à la peinture analytique, ensuite est venu l’arte povera, un mouvement fort et très politisé à l’époque. Mais dès le départ je n’avais pas de ligne conductrice stricte, j’étais plutôt dans l’éclectisme, avec une certaine rigueur et un choix très personnel. A l’époque, avec moins de collectionneurs, moins de galeries, moins d’artistes, le choix était, il me semble, plus facile, il y avait des évidences. Aujourd’hui, l’art contemporain (avant appelé art d’avant-garde) est devenu très à la mode, il y a une pléthore d’artistes, de galeries... L’art est aussi un bien économique. L’émergence de pays comme le Brésil, la Chine, le Japon a amené la spéculation des artistes et cette spéculation est aussi amplifiée par les salles de ventes. De jeunes artistes peuvent avoir des cotes folles en quelques années. Je le dis souvent, ces dernières années, le marché de l’art a pris le pas sur l’histoire de l’art...

Autodidacte, éclectique, vous avez un profil de galeriste atypique... Dans le paysage bruxellois belge, c’est vrai, on

me l’a déjà dit, je revendique en quelque sorte cet atypisme. Je viens d’une famille d’immigrés arrivés en Belgique en 1930, mes parents ont travaillé pour que leurs cinq enfants fassent des études. Ils ne viennent pas du milieu de l’art mais ma mère nous a inculqué le goût des belles choses. Je suis devenu galeriste sans savoir ce qu’était être le métier de galeriste en amont, j’ai commencé avec rien. Aujourd’hui devenir galeriste, c’est bien différent...

A travers ces années, quelle est votre plus grande fierté ? La fierté d’être toujours là cinquante ans plus tard. La fierté aussi d’avoir fait connaître certains mouvements importants, d’avoir eu l’amitié de Jan Hoet...

Depuis début septembre, une exposition à la Fondation CAB retrace vos cinquante années de galerie, qu’allons-nous y découvrir ? J’ai voulu montrer une trentaine d’artistes qui ont été importants pour moi à un moment dans mon histoire, des artistes qui prouvent aussi que j’ai aussi été précurseur en les choisissant comme Lynda Benglis, Lionel Estève, Gilbert & George, Matt Mullican, Alain Séchas, Philippe Van Snick, Stanley Withney entre autres. Une condition du directeur, Hubert Bonnet : pas d’artistes figuratifs. Le CAB est très minimal, conceptuel. Donc ce n’est pas une rétrospective, il manque nombreux artistes pour retracer idéalement mon parcours. Une exception tout de même pour Gilbert & George qui ont répondu présent à mon invitation à l’inauguration de l’exposition. Je me suis dit « mon Dieu, ils ne peuvent pas être là sans la présence d’une de leurs œuvres », surtout après quatre ou même cinq expositions sur leur travail ! Quand Gilbert & George vous offrent une exposition, c’est un cadeau, il ne faut jamais oublier cela !

En parallèle, qui peut-on venir découvrir à la galerie actuellement ? De septembre à novembre, on retrouve Gilberto Zorio, sculpteur, Giulio Paolini, vraie star à l’époque et Giorgio Griffa, peintre, trois artistes de la même génération.

www.baronian.eu CAUSERIE | 87
© Leila Johnson

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Véritables créateurs d’atmosphères, depuis plus de 35 ans, nous imaginons, aménageons et entretenons parcs, terrasses et jardins. Nous proposons un service basé sur l’écoute, la qualité, le souci du détail et de la finition. Les projets des « Les Jardins de Try Bara » s’adaptent à tous types d’envies et tous types de biens, ... du jardin à l’anglaise, au cadre romantique et champêtre en passant par la terrasse de ville ultra contemporaine associant minéral et végétal... Nos équipes cultivent le goût du travail bien pensé et bien réalisé !

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MAXIME CROISÉ

L’or pour la Belgique

Nouveau prodige belge de la magie, le Brabançon Maxime Croisé, 22 ans, vient de remporter une Médaille d’Or au World Championships of Performing Arts (WCOPA) de Los Angeles. Qui est-il ? Comment a-t-il séduit le jury ? Où voir ce jeune magicien-artiste à Bruxelles prochainement ? On vous dit tout.

MOTS : SERVANE CALMANT
BE PERFECT | MAXIME CROISÉ
PHOTO : DAVID OLKARNY

Comment êtes-vous tombé dans la marmite à magie ? En week-end à Londres, il y a quatre ans, j’ai poussé la porte d’un magasin de magie. J’en suis ressorti avec un jeu de cartes et un livre sur le sujet. Pendant le confinement, j’ai eu beaucoup de temps libre, j’ai appris pas mal de tours, j’en ai créé d’autres, je me suis entraîné chez moi devant ma famille, en zoom devant des amis d’université, j’ai posté des tours sur Instagram… Le matin, je me réveillais, et je pensais magie ; la nuit, je rêvais magie. J’ai assez rapidement développé une véritable passion pour cet art !

Comment se perfectionne-t-on ? Grâce aux livres de magie qui sont de précieuses sources théoriques et pratiques et aux rencontres avec d’autres magiciens en ligne ou lors de résidences de magiciens, notamment chez Dani DaOrtiz, un cartomane espagnol exceptionnel, que je considère comme mon mentor. La transmission du savoir compte beaucoup dans cet art. On s’améliore, on se perfectionne à l’écoute des autres.

C’est la première année qu’une équipe de Belgique participe au WCOPA et, bingo !, vous ramenez une médaille d’or. Avec quel tour avez-vous séduit le jury du Championnat du Monde des Arts de la Scène ? Le WCOPA est un peu spécifique, il regroupe plusieurs catégories (danse, mannequinat, chant, musique, variété/cirque/magie - nda) et son objectif est de lancer des carrières. Je faisais partie d’une délégation belge de 17 candidats. Je me suis présenté dans la catégorie « Magic Open » où tous les tours sont permis. J’ai eu 1’30 pour capter l’attention du public et montrer le meilleur de moi-même. J’ai donc particulièrement travaillé ma présence scénique, le show. Mon numéro est silencieux et mélange magie et jeu d’acteur.

Sortir un lapin de mon chapeau, ce n’est pas votre style ! Exactement ! Je me définis comme un magicien moderne, qui essaie de déconstruire les clichés autour du magicien et interagit avec le public. J’aime particulièrement raconter des histoires, scénariser mes tours, maîtriser un storytelling pour mettre en récit un tour de magie.

Vous proposez de la magie de close-up, de scène et de la magie promotionnelle.

Explication ! Le close-up, c’est de la magie de proximité, qui se déroule dans des cabarets clubs, et qui implique de faire voir à un public restreint, des effets réalisés avec les mains et n’importe quel objet ordinaire, des billets, des cordes, des clés... J’aime beaucoup l’intimité que l’on arrive à créer avec le public, lors de ce genre de soirées. La magie de scène constitue un show, s’adresse à un public plus nombreux, et l’aspect visuel y est forcément très important. Quant à la magie promotionnelle, elle est utilisée pour renforcer l’image d’un produit ou d’un message. Je me sens à l’aise dans les trois catégories, mais pour l’instant, je pratique surtout le close-up.

Vous avez les pieds sur terre pour un magicien ! (Rire). J’essaie de mettre à profit mes études pour continuer à faire de la magie. Je termine un master en entrepreneuriat, et je propose parallèlement de la magie marketing, c’est-à-dire de la magie avec des produits à l’attention des entreprises. J’ai débuté en septembre un stage chez Levita, une agence créative liégeoise créée par deux prestidigitateurs, Philippe Bougard et Clément Kerstenne, qui ont conçu une technologie unique qui permet de mettre en lévitation des produits ou des œuvres d’art. Ils travaillent avec de nombreuses marques de luxe, partout dans le monde.

Quelle fulgurante aventure ! Incroyable en effet. D’un jeu de cartes à 18 ans à de nombreuses opportunités de carrière réjouissantes à 22 ans. Sans taire que la magie m’a aidé à libérer mon potentiel et à gagner confiance en moi. Et, par-dessus tout, il y a le plaisir de la rencontre avec le public et d’autres magiciens.

Quel magicien vous fascine ? David Blaine, ses performances à grand spectacle dans le domaine de l’endurance, sont incroyables. C’est un véritable performer, comme Houdini le fut à son époque.

Où se rendre pour vous voir ? Avec deux amis magiciens, nous allons proposer prochainement des soirées « Mystery Cabaret » qui mêlent magie, mentalisme et étrange, au « Petit Chapeau Rond Rouge », un café-théâtre situé sur le site du Collège Saint-Michel à Etterbeek.

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SOPHIE BREYER

« Les prix remis au cours des festivals ne racontent pas la réalité du métier d’actrice »

Elle joue dans les séries belges à succès, « La Trève » et « Baraki ». Crève l’écran dans « La Ruche » où son intense interprétation lui vaut d’être récompensée aux festivals de Mons et de Rome, et aux Magritte en tant que « Meilleur espoir féminin ». Sophie Breyer, Liégeoise d’origine et de cœur, est l’étoile montante du cinéma belge. Le ressent-elle comme une pression ? On lui a posé la question.

C’est par la porte du court-métrage que vous entrez dans le grand monde du cinéma. Vous enchaînez ensuite avec les séries à succès : « La Trêve » (drame policier »), Laëtitia (mini-série dramatique) et « Baraki » (comédie loufoque). Dans quel registre vous sentez-vous le mieux ? Je prends du plaisir à jouer les drames comme les comédies. Les meilleurs films sont probablement les drames qui arrachent un sourire et les comédies qui font pleurer. Pour peu évidemment que les franches comédies se dégagent des stéréotypes et véhiculent un propos neuf…

Quel type de rôle pour vous séduire ? Un personnage complexe avec ses failles et ses contradictions, autant de facettes intéressantes à travailler au jeu. L’autre critère : le défi, la nouveauté. C’est la raison pour laquelle j’ai accepté « Baraki », ma première comédie.

« La ruche », huis clos dans l’intimité d’une fratrie et d’une mère bipolaire, est un moment clé dans votre jeune carrière. Votre interprétation intériorisée vous vaut plusieurs récompenses, notamment aux Magritte. Ce

BE PERFECT | SOPHIE BREYER
MOTS : SERVANE CALMANT PHOTOS : ANTHONY DEHEZ

Prix du meilleur espoir féminin vous met-il la pression ? Absolument pas. Car il y a un monde entre ce genre de cérémonie, ces prix et le quotidien d’une actrice. Un gap qui ne rend pas compte de l’attente, des désillusions, des moments de creux, de vide. Le public aime bien ces récompenses, car il imagine pour la lauréate un tracé de vie linéaire, et ce n’est absolument pas le cas.

On imagine volontiers qu’après ce Magritte, vous auriez croulé sous les scénarios... Et ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, j’ai un champ libre devant moi. Ce prix d’interprétation n’a eu aucun impact sur ma vie professionnelle. La charge symbolique des Magritte n’est pas celle des César ! Je comprends néanmoins l’importance de cette symbolique des prix, quand elle s’accompagne d’actes. Ainsi les films lauréats qui ressortent en salle après la cérémonie : leur accorder une nouvelle visibilité est évidemment louable. Jouer, c’est un formidable métier : j’aime me mettre au service d’un projet, me laisser guider, mais cela m’oblige à dépendre du désir des autres. Or, je suis une personne qui a l’esprit d’initiative, j’ai besoin de me nourrir d’autre chose.

Dites-nous tout… Un défi d’écriture me titille. Voire de réalisation. J’aime cette idée d’avoir la maîtrise d’un projet.

« La ruche » est un film de comédiennes. Est-ce ce cinéma d’auteur aux scénarios non formatés, que vous avez à cœur de défendre ? Oui. Sans hésitation. Le tournage de « La Ruche » a été exceptionnel. Tout un dispositif a été pensé en amont du tournage, pour que le jeu des comédiennes soit au centre du film. Avoir autant de liberté, un terrain de jeu sans limite, était inespéré.

Quel regard portez-vous sur le cinéma belge ? C’est un cinéma riche car extrêmement varié. On ne peut plus le résumer au réalisme poétique, à l’ultra-réalisme ou aux films sociaux, car il est moins typé qu’avant. De jeunes réalisateurs sont venus l’enrichir avec d’autres thèmes, d’autres codes, d’autres genres comme le thriller.

Avez-vous vu Barbie ? (Rire). Oui, et je n’ai pas boudé mon plaisir. Cependant, c’est seulement un divertissement

destiné au grand public, il ne faut pas compter sur moi pour l’intellectualiser et y voir une charge politique contre le patriarcat. Barbie est un film Mattel créé pour faire vendre d’autres produits, ne l’oublions pas.

Quelle actrice vous touche particulièrement ? Plus que les actrices, ce sont les personnages et les parcours qui retiennent mon attention. Ainsi Adèle Haenel que j’apprécie particulièrement pour l’étendue de son registre, pour son talent et son militantisme.

Un militantisme que vous partagez ? Quand Adèle Haenel décide de politiser

son arrêt du cinéma pour notamment dénoncer un Festival de Cannes écocidaire et un milieu gangréné par les agresseurs sexuels, elle n’est clairement pas à côté de la plaque ! Heureusement, les mentalités évoluent. Aujourd’hui, on réfléchit à moins impacter la nature lors de scènes en extérieur, on prévoit la présence de référents harcèlement sexuel sur les tournages, on fait également de la prévention en présentant des chartes qui condamnent les comportements homophobes, grossophobes, racistes, etc. Je suis particulièrement sensible à cette évolution, pour que chacun se sente bien sur un plateau de tournage.

Quelle est votre actu ? Et vos projets pour 2024 ? Je viens d’achever le tournage de « Discordia » du réalisateur belge Mathieu Reynaert. La saison 2 de « Baraki » débarque à la rentrée sur Tipik et Auvio. La saison 1 est toujours disponible sur Auvio. Côté projet : j’ai coréalisé avec Flore Mercier et Angèle Bardoux , un docu-fiction de 30 minutes, réalisé dans le cadre d’un atelier avec l’association « Vie féminine » et des mères qui ont perdu la garde de leurs enfants. Il faut désormais en assurer la diffusion pour porter la voix de ces mamans. C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur.

CAUSERIE | 97
RESTAURANT & TRAITEUR : LA BASCULE, CHAU. DE VLEURGAT 324, 1050 IXELLES, BELGIQUE - +32 2 640 07 07 TRAITEUR : CHAU. DE WATERLOO 1359H, 1180 UCCLE - +32 2 640 06 06 PLACE DUMON 7 - 1150 WOLUWE AVENUE LOUISE - BRUXELLES SPÉCIALITÉS LIBANAISES Respirez, Voyagez, Vous Êtes Oliban

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PLAISIR

Table étoilée, place to be, domaine écoresponsable en Belgique.

Félicité !

LE VIEUX CHÂTEAU - BAGHEERA - NAXHELET

LE VIEUX CHÂTEAU À FLOBECQ

La belle étoile du Pays des Collines

Etoilé Michelin en 2023. Primé « Plus beau restaurant design » par le Gault&Millau en 2022. Sélectionné par le guide vert « We’re Smart » pour son menu côté jardin. Diantre, il est grand temps pour nous d’aller rendre visite au Vieux Château. Direction la Wallonie picarde, Flobecq plus précisément, pour y découvrir les assiettes, généreuses et précises, du chef Tanguy De Turck, heureux propriétaire des lieux.

MOTS : SERVANE CALMANT
BE PERFECT | LE VIEUX CHÂTEAU © DR

Quel environnement de travail exceptionnel, majestueux, romantique à souhait, que celui de Tanguy De Turck et sa brigade : un château, carrément ! Certes, du passé féodal, il ne reste que les caves et les douves, mais le bâti ancestral principal reconstruit après un incendie date néanmoins de 1620, c’est d’ailleurs inscrit sur la façade actuelle ... Pour y accéder, nous empruntons une allée rectiligne bordée d’arbres, longeons des bassins de nénuphars, suivons un ruisseau folâtre, traversons un pont-levis. Il se dresse devant

nous, un fier château. A sa droite, une extension contemporaine signée par l’architecte belge Emilie Boeur, en collaboration avec Maud Lefever et Boris Paternostre. Ce cube en verre vient se poser sur la berge, par-dessus les douves du château. Il a valu au Vieux Château le prix du « Plus beau restaurant design 2022 » attribué par Gault& Millau et une nomination dans la catégorie Patrimoine du Grand Prix d’Architecture de Wallonie. Une double et franche reconnaissance largement méritée. Car cette nouvelle structure

qui entre en dialogue avec le château d’un côté et la nature de l’autre, a tout bon. Baignée de lumière, elle offre aux convives un formidable écrin pour savourer la cuisine de Tanguy De Turck, qui peut désormais accueillir 40 couverts dans ses trois salles.

Parlons du chef. Jeune quadra, il présente un parcours de vie, disons, atypique. Diplômé en sociologue, Tanguy n’a jamais intégré d’école hôtelière. Il n’est pas le seul. Beaucoup de grands chefs se disent autodidactes…

PLAISIR | 101

Sa passion pour la cuisine, il la découvre tout simplement dans les cuisines de sa grand-mère et de sa mère. « En famille, on faisait un vol-au-vent maison avec du véritable bouillon de volaille. Cette notion de bons produits, qui est la base de la gastronomie, achetés auprès des maraîchers de la région, je l’ai apprise et assimilée très jeune. Et comme papa était importateur de vins de Bordeaux… Mon initiation à la bonne chère et aux bons flacons, était complète ! ».

Tanguy De Turck n’a pourtant pas emprunté le chemin de la gastronomie tout de go. En 2005, il exploite, avec sa sœur, le Vieux Château en formule brasserie, « je proposais notamment des croquettes au fromage et même un spaghetti Vieux Château », avant de se poser, de réfléchir à ce qui l’animait véritablement, de racheter la brasserie familiale, de rencontrer sa cheffe de salle, Davina Declercq, et de foncer dans l’aventure gastronomique en 2018. Ensuite, tout s’emballe. Pour le

meilleur. En 2019, son Vieux Château figure au palmarès des « découvertes de l’année » du Gault&Millau. L’extension du restaurant terminée en 2020, l’année Covid maudite, est à son tour récompensée par le même guide. Consécration encore avec, en 2023, 1 étoile au guide Michelin cette fois. « Je ne courais pas après l’étoile car personne ne connaît les critères objectifs pour l’obtenir ! Mais mes clients me répétaient souvent : tu vas l’avoir, tu la mérites. Donc, je m’y attendais un peu… »

Que récompensent ces prix ? Du talent, du travail, une équipe. Et saluent beaucoup de bonnes idées, aussi. Ainsi ce large choix laissé aux convives de manger à la carte ou au menu, décliné en plusieurs services. Ainsi les plats servis par le chef de salle et le personnel de cuisine, le sous-chef, la cheffe boulangère, la cheffe pâtissière, etc., pour apporter plus de dynamisme à la salle. Ainsi un « menu côté jardin »

à base de légumes, salué par We’re Smart® World, la référence incontestée dans le monde culinaire des légumes, dans son guide vert annuel. Soit des attentions qui font la différence.

Des prix qui récompensent avant tout l’assiette évidemment, notamment une huître mayonnaise à la salicorne granitée de bergamote. « Je n’aime pas spécialement le concept de plat signature, mais cette mise en bouche revient chaque année car les clients me la réclament ! »

Ce soir-là, nous avons jeté notre dévolu sur le menu « Le Vieux Château » 4 services. Le sorbet oseille et le cornetto aneth, deux mises en bouche parmi quatre, montrent tout l’intérêt du chef pour le végétal, « un terrain de jeu formidable » ; le ceviche de maquereau, bouillon, fenouil atteste la saveur de préparations contemporaines bien pensées ; la sole limande, coquillage, sauce Noilly Prat confirme les dires du chef, « j’adore travailler les produits de la mer, surtout les coquillages » ; le dôme de caille, brocoli, escabèche de champignons prouve la précision de ses cuissons et son amour des bons produits. A l’instar également de ce chocolat bean-to-bar, où Cédric De Taeye, torréfacteur chocolatier installé à Ellezelles prend en charge toutes les étapes de sa fabrication, de la fève à la tablette. « Ce sont ces artisans-là avec lesquels j’aime travailler... »

En début et fin de soirée, Tanguy De Turck, particulièrement disponible, fait un bout de causette avec chacun, preuve qu’il a placé le convive au cœur de sa passion. Et qu’il communique bien dans ce sens : le service en salle efficace, courtois et décontracté à la fois, emballe par un esprit d’équipe également porté vers l’autre. Bref, une savoureuse table au cadre romantique qui ravit papilles et pupilles.

www.levieuxchateau.be BE PERFECT | LE VIEUX CHÂTEAU
© DR
Route de Genval 2 | 1380 Lasne De 12H à 14H et de 19H à 22H T : 02.633 18 81 www.lemessagerdebruxelles.be “Nouvelle direction, 7 jours sur 7 ! Terrasse couverte chauffée, viande au feu de bois.”

LA FÊTE,

C’est aussi dans l’assiette !

BE PERFECT | BAGHEERA
© Martin Pilette

Romain Longchamp a pris les commandes des cuisines de Bagheera, le resto-bar bobo-chic installé en orée du Bois de la Cambre. Si on s’y rend toujours pour savourer un cocktail vitaminé ou pour danser, la gastronomie est désormais également à la fête. Réjouissante nouvelle.

Ouvert en juillet 2021, Bagheera peut se targuer d’avoir été la première adresse bruxelloise à nous faire découvrir le concept du Dine&Dance. Pas besoin d’être parfait.e polyglotte pour comprendre l’invitation : manger (bien, si possible) et faire la fête, en un seul et même lieu.

Installée en bordure du Bois de la Cambre (avec une terrasse conviviale braquée sur ce bel écrin de verdure), Bagheera a d’emblée tout misé sur un cadre jungle/Belle époque qui a du cachet, du chic et du caractère, sièges en velours, tapisserie murale, plantes à profusion, splendides luminaires, bar-clubbing, ainsi que sur une ambiance festive pour faire guincher le client ou pour jouer le « before », les fameux Jeux d’Hiver étant situés dans le même Bois de La Cambre, à un jet de pierre donc…

Mais pour séduire et fidéliser une clientèle sans cesse courtisée par les nouvelles adresses tendance qui font heureusement bouger Bruxelles, il manquait probablement à Bagheera une véritable identité culinaire et une proposition, disons, alléchante … C’est désormais chose faite avec l’arrivée de Romain Longchamp, chef suisse passé par de très belles maisons comme Sketch à Londres (3 étoiles), L’Arpège d’Alain Passard à Paris (3 étoiles) et le Chalet de la Forêt de Pascal Devalkeneer à Bruxelles (2 étoiles).

Le parcours du jeune chef est certes prometteur, mais qu’en est-il de sa cuisine ? Fameuse : un seul adjectif pour résumer une soirée ! Le trentenaire connaît déjà bien le métier, il sait pertinemment qu’une bonne cuisine repose avant tout sur

: SERVANE CALMANT
MOTS
© Bagheera © Bagheera

de bons produits. Qu’il va notamment chercher à la Ferme du peuplier à GrezDoiceau. Du bio et du circuit court, ça nous parle. Romain Longchamp maîtrise les différentes techniques de cuisson à la perfection, ainsi ce canard cuit sur coffre, coloré et savoureux à souhait, nappé d’une gourmande sauce bigarade. Romain ose le mariage des saveurs, en témoignent ce carpaccio de maigre/pêche et ce Vitello Tonnato revisité qui combine tranches de veau et tranches de thon. Romain aime ce qui est bon, cela semble banal à écrire, mais dans l’assiette ça fait la différence, ainsi ces délicieux cocos de Paimpol AOP, un produit fondant aux nuances florales qui accompagne parfaitement un tendre cabillaud. Romain qui sait également s’entourer judicieusement, notamment d’Eve Parmentier, cheffe

pâtissière (passée par L’air du Temps et Le Chalet de la Forêt) et qui nous a régalée ce soir-là d’un dessert tout chocolat qui nous a permis d’apprécier son savoir-faire en matière de jeu des textures, fondant/croquant, et de saveurs. Légèrement acidulé, le fruit de la passion apportait en effet une belle fraîcheur à cette gourmandise chocolatée. Romain qui avoue qu’il « est bien conscient d’aller à la conquête d’une nouvelle clientèle, plus exigeante que celle qui se contentait d’un burger ou de tapas à partager ». Et tant mieux si la fête, elle est aussi dans l’assiette !

de nous faire partager sa passion pour les desserts. Joyeuse liberté et belle créativité d’un chef que Bagheera soutient grandement, afin de devenir une destination gastronomique et créative de tout premier choix. La carte volontairement réduite (5 entrées, 3 plats, 3 desserts) change toutes les six semaines, et la cave à vins offre l’accord mets et vins parfait.

Mais qu’on ne s’y méprenne pas : Bagheera conserve la dynamique festive qui a fait ses preuves depuis deux ans. Les soirées DJ des jeudis, vendredis, samedis sont toujours au programme, les cocktails signature et inspirés concoctés par le mixologue, aussi.

Bref, Romain Longchamp est un jeune chef qui s’exprime pleinement à travers une excellente cuisine de produits et de saisons, parfaitement maîtrisée, et Eve, une perfectionniste qui a à cœur www.bagheerarestaurant.com

BE PERFECT | BAGHEERA
©
Maxime Prokaz
Rue de la Gendarmerie 4 | 1380 Lasne T : 0497/89.12.60 www.restohoptimist.com Mercredi - samedi de 11h à 19h | Dimanche brunch de 10h30 à 15h00 Table d’hôte sur réservation le vendredi soir Privatisation en soirée Un nouveau concept à découvrir ! Une expérience culinaire scandinave inédite, une déco signée Rouge de Chine.

LE DOMAINE DE NAXHELET

Le vert toujours plus vert

BE PERFECT | LE DOMAINE DE NAXHELET
© Tribe Agency

Le Domaine de Naxhelet abrite un nouveau restaurant, Pollen, qui nous plonge dans un univers culinaire gastronomique, local et écoresponsable, et collabore avec Label Meunier, une huile de soin bio de terroir fabriquée en Wallonie. Nous avons testé les deux.

Fondé en 2014 par Françoise et Bernard Jolly, le Domaine de Naxhelet est un resort et golf club vraiment pas comme les autres. Et les faits dépassent la simple formulation. Car si le Domaine allie plaisir et loisirs, c’est l’écoresponsabilité qui s’avère le véritable fil rouge de ce lieu joliment niché dans la campagne de Wanze. Ainsi l’écolabel GEO et le label Green Key qui viennent féliciter la gestion écoresponsable du golf. Ainsi aussi les nombreuses synergies opérées avec la ferme château du Val Notre-Dame située à un jet de pierre du golf et exploitée par le couple et leur fils CharlesÉdouard. Sur leurs terres dédiées à la culture biologique, poussent des graines et oléagineux dont l’huile extraite à froid a donné naissance à une nouvelle marque de soins de beauté… Naxhelet, c’est une histoire de famille et une belle réussite entrepreneuriale qui n’en finit pas d’évoluer.

Ce cadre privilégié accueille donc depuis peu, un nouveau restaurant écoresponsable, comprenez : en phase avec la philosophie du lieu. Pollen, c’est son nom, est d’ailleurs le projet conjoint de la famille Jolly et de François Durand,

formé aux plus grandes tables françaises (le Relais Bernard Loiseau***, La Chèvre d’Or **). Dans notre assiette : les produits, légumes, herbes, céréales, viande, des champs bio, des serres, du potager, du poulailler et de la ferme du Domaine, soit les trésors de la campagne wallonne environnante, conjugués au savoir-faire d’un chef inspiré par la nature qui l’entoure et qui ambitionne de séduire Michelin, nous souffle-t-on à l’oreille.

Pour l’heure, nous avons été charmée par le Menu Cerisier en 4 temps qui invite notamment à déguster un fenouil confit à la subtile saveur, agrémenté de stracciatella à la texture ultra fondante et de zestes d’orange, et une volaille ardennaise à la peau parfaitement croustillante escortée de tomates du jardin et de haricots de la ferme. Elle est goûtue, la nature ! La découverte de Brin de Paille, premier vin blanc du Domaine namurois du Ry d’argent, que nous conseille Alexandre Bemelmans, sommelier-maître d’hôtel belge de Pollen, ajoute une belle dimension supplémentaire au repas. Elle est riche en saveurs, la Wallonie !

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PLAISIR | 109
© Naxhelet

Si Pollen est devenu un atout maître du Domaine de Naxhelet, il en va de même des nouveaux soins proposés par la famille Jolly. Invitée à tester une heure de soins en cabine duo, nous avons pu apprécier un soin visage et un modelage corps global, bien efficace pour relâcher la pression, la tension et le stress –appliquer l’huile chaude sur le corps, quelle merveilleuse idée ! Et là encore, la famille Jolly surprend agréablement en proposant des soins à base de l’huile Naxica, une création 100% wallonne, réalisée avec le colza cultivé par leur ferme bio du Val Notre-Dame, et confectionnée par les laboratoires de Label Meunier.

Label Meunier, à la tête de cette nouvelle marque belge, Laurane Vanderbecken, la conjointe de CharlesEdouard Jolly, et Marine André, leur partenaire, tous trois fervents défenseurs de l’écoresponsabilité. La preuve : 90 % des graines et plantes (chanvre, bourrache, lin, onagre, etc.) dont sont extraites les huiles du Label Meunier proviennent du Domaine familial du Val Notre-Dame et sont pressées à froid et de manière mécanique (pour préserver tous leurs principes actifs) dans un moulin à quelques kilomètres de la ferme. Plus circuit-court que ça, tu meurs ! Label Meunier ne propose d’ailleurs pas de crème ni d’autres produits cosmétiques, préférant se consacrer à l’huile (une spécifique pour chaque type de peau de femme), pur produit de base, local et bio, et à des compléments alimentaires à base notamment d’onagre cultivé à Wanze. Les cures in&out de 21 jours invitant à prendre soin de l’extérieur et de l’intérieur… Pour créer le projet, Label Meunier travaille en partenariat avec un laboratoire belge spécialisé dans la formulation à base d’huiles végétales, et vient d’ailleurs de recevoir le label Slow Cosmétique, remis aux formules propres et au marketing raisonnable. Naxhelet, le vert toujours plus vert !

© Label
www.labelmeunier.com www.naxhelet.be
Meunier
Au Zawtar Chaussée de Bruxelles 512 | 1410 Waterloo | T : 02/733.31.06 Du mardi au samedi de 11h30 à 14h30 et de 18h30 à 21h30 Le dimanche : uniquement de 18h30 à 21h30 - Le lundi fermé www.auzawtar.be
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NOMADE

Le savoir-faire des Belges hors de nos frontières !

MALLORY GABSI -
MAXIME ULLENS - ALEX VIZOREK - TOM D. JONES

PARIS SOURIT À MALLORY

En mars 2022, notre Malou national monte à Paris et pose ses casseroles dans son restaurant, qu’il nomme « Mallory Gabsi ». Cette apparente simplicité autorise pourtant une franche ambition. La preuve : mars 2023, à 26 ans, il rafle 1 étoile au guide Michelin et est sacré Jeune chef de l’année en France. C’est la consécration pour l’ex-lieutenant d’Yves Mattagne. Y’a-t-il du Belge au menu de son étoilé ? Bruxelles lui manque-t-il ? A-t-il toujours la frite ? Confidences.

En mars dernier, vous avez remporté 1 étoile Michelin, un an à peine après l’ouverture de votre restaurant parisien. Bravo ! Comment gérez-vous la pression ? Une bonne pression motive à se dépasser. Et pas uniquement pour convaincre le Michelin. Au quotidien, c’est le client qu’il faut séduire. Alors la pression, je la gère.

Vous êtes ixellois. Pourquoi avoir posé vos casseroles à Paris ? Par défi ? J’ai toujours aimé les défis. Ouvrir un restaurant gastronomique à Paris était un sacré challenge ! Je tenais à montrer qu’un Belge pouvait s’imposer dans la gastronomie française. Alors, je l’ai fait.

Derrière les fourneaux, êtes-vous cool et espiègle comme dans Top Chef ? Plus sérieux peut-être. (rire) Je suis décontracté, détendu et surtout, très attaché au bien-être de mon équipe. Au vu du nombre d’heures que l’on preste ensemble, je tiens absolument à assurer leur bien-être au travail, à consolider l’esprit d’équipe et à distiller de la bonne humeur. Je pense savoir gérer les moments de détente et les moments où il faut tout donner…

Vous avez été le lieutenant de Yves Mattagne à l’époque du Sea Grill** et du Art Club. Que vous a-t-il enseigné ? Tout. C’est quelqu’un pour lequel j’ai énormément de respect, que je n’oublierai jamais. Il a fait de moi le cuisinier que je suis aujourd’hui. Il m’a également appris à gérer une cuisine, à parler au personnel. J’ai été présent à ses côtés pendant 6 ans, un apprentissage dur, rigoureux et, par chance, j’avais les épaules assez larges pour absorber tout ce qu’il m’a appris. En termes de dressage et technique, j’ai également beaucoup appris chez Hertog Jan*** à Bruges et Nuance** à Duffel.

Quelles qualités faut-il pour atteindre votre niveau ? Le temps, c’est la seule chose qu’on ne peut pas rattraper, alors il faut se donner à fond. Je propose une carte courte qui change toutes les six semaines et requiert créativité, travail, discipline, passion,

MOTS : SERVANE CALMANT PHOTOS : CLIC GAUCHE

patience, confiance en soi. Quand je travaillais pour Mattagne, je chopais toutes les occasions pour progresser. La persévérance et la motivation sont primordiales pour continuer à aller de l’avant, pour s’améliorer sans cesse.

La chance de Mallory Gabsi, « c’est d’être né en Belgique, de venir d’une banlieue de Bruxelles, et de ne pas avoir cette chape de supériorité historique qui plombe parfois les jeunes chefs français », écrit le Gault&Millau. Votre avis ? Une phrase à relativiser. Pourquoi est-ce une chance ? Et si c’était au contraire un handicap ? Pour faire court : à condition d’avoir une équipe motivée, n’importe quel restaurant gastronomique peut briller dans n’importe quelle ville.

En parlant d’équipe, le secteur Horeca manque cruellement de personnel. Ce constat vous irrite-t-il ? Et comment ! Si j’étais resté au chômage après la Covid,

je n’aurais jamais ouvert mon resto. Les gens doivent sortir de chez eux et retrouver le chemin du travail. Qu’ils soient ou non qualifiés. À 26 ans, je forme déjà des apprentis et des stagiaires. C’est ma responsabilité, en tant que patron, de m’occuper de mon personnel, de lui offrir un bon cadre de travail et une juste rémunération. Sans personnel, l’Horeca disparaîtra.

Bruxelles vous manque ? Oui ! Mes amis d’enfance me manquent. J’entends souvent « Malou réussit bien ». Oui, indéniablement. Mais Malou a également fait beaucoup de sacrifices ! Et je continue à en faire tous les jours, pour continuer à évoluer.

Chez « Mallory Gabsi » à Paris, on mange des classiques belges ? Oui. J’ai revisité les moules frites la semaine dernière. L’anguille au vert est régulièrement proposée en amuse-bouche. J’ai proposé il y a peu une carbonade à la

flamande avec des joues de bœuf et une sauce à la Chimay …

Toujours aussi fortiche en sauce, chef ! Oh oui, la sauce s’avère un fabuleux lien entre le produit phare de l’assiette et la boisson avec laquelle il va s’accorder.

Pour manger chez « Mallory Gabsi », il faut être prévoyant ! Il faut en effet compter 2 mois minimum pour une table à midi, 4 mois en soirée.

140°, votre friterie gastronomique, s’est installée à la Gare Maritime de Tour & Taxis à Bruxelles. Et à Paris ? Pas encore.

Le mot « encore » laisse deviner de nouveaux projets pour 2024… (Rire) Disons des projets que j’aimerais développer si j’avais un peu plus de temps devant moi …

BE PERFECT | MALLORY GABSI
www.mallory-gabsi.com
Chaussée de Charleroi 38, 1380 Lasne 0491/73.80.50 www.casabrasilis.be
UNE EXPÉRIENCE GASTRONOMIQUE DANS UNE AMBIANCE FAMILIALE
Lunch le mercredi, jeudi et vendredi de 12h à 15h. Rodiazio, buffet à volonté le mercredi, jeudi et vendredi de 19h à 23h et le samedi et dimanche de 12h à 15h - 19h à 23h.

MAXIME ULLENS La saveur de l’authenticité

Lorsqu’il raconte son métier, le regard de Maxime Ullens s’éclaire du rayonnement qui habite les passionnés. C’est au Domaine de Marzilly que le plus belge des vignerons champenois crée depuis 2016 des cuvées d’excellence et d’éblouissants millésimes.

BE PERFECT | MAXIME ULLENS
MOTS : BARBARA WESOLY © M. Cloos

D’où provient votre attrait pour le champagne ? Tout a débuté par le vin. Il m’a séduit dès les premiers verres que j’ai pu goûter. Je trouvais également passionnant le métier de vigneron et sa possibilité de gérer l’entièreté du processus, de décider où planter, comment travailler la vigne et la tailler, vendanger, vinifier, assembler et enfin commercialiser et faire déguster. Mais depuis tout petit, je suivais mon père entrepreneur sur ses chantiers et je me suis naturellement dirigé vers des études en rénovation du bâtiment, afin de le rejoindre au sein de sa société. Et puis, fin 2012, le hasard m’a amené à découvrir le château de Marzilly, en Champagne, une superbe bâtisse devenue une ruine au fil du temps. Nous avons décidé avec mon père de le racheter et de le réaménager, charmés par son cachet et son patrimoine, en vue d’y vivre ensuite ma femme et moi. Ce n’est qu’une fois devenus acquéreurs que nous avons

découvert que ces terres abritaient un ancien domaine viticole, ayant perdu son droit de faire du vin en 1920. Plus les travaux avançaient et plus se réveillait en moi le désir de voir renaître pleinement les lieux, y compris ses vignes. Jusqu’à m’amener à quitter la Belgique pour reprendre des études en France, afin d’obtenir un brevet responsable d’entreprise agricole, obligatoire pour avoir le droit de créer du vin.

Comment à un peu plus de vingt ans, ose-t-on se lancer dans une aventure comme celle-là ? En ayant la certitude que c’est en mettant son cœur dans ce qu’on entreprend qu’on le fait vraiment bien. C’est ce qui me permet d’aujourd’hui de n’avoir pas un seul instant l’impression de travailler, même alors que je me lève à 5h du matin pour dégorger le vin. De l’élaborer, le toucher, le ressentir. Le vivre pleinement. Mais cela n’a pas été simple. La grande majorité des vignes de Champagne sont

des héritages, transmis au sein de lignées familiales. Il n’y avait donc plus eu de création d’une nouvelle marque depuis les années 2000. Et jamais de reconstruction d’un ancien domaine viticole. Le comité Champagne ignorait comment procéder. Il a fallu bâtir sans précédent sur lequel se baser, pas à pas, jusqu’à notre première cuvée, sortie en 2019.

Être élu Meilleur Vigneron de l’année 2020 par le Gault et Millau, alors que vous inauguriez votre première cuvée, a dès lors tout d’une prouesse. Cette récompense a surtout été une surprise totale. Je l’ai découverte dix minutes avant de devoir monter sur scène. Je ne l’avais pas recherché, mais cela a bien sûr été une immense chance. En à peine deux jours, une centaine de restaurants étoilés souhaitaient proposer mes bouteilles. Mais j’aurais été d’autant plus fier de l’obtenir aujourd’hui qu’à mes débuts, ayant acquis de l’expérience et de la maturité. Et c’était également à

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© A. Ullens © Gutner © M. Cloos

double tranchant que d’être mis sur un pied d’égalité avec des sommités du domaine. Il a fallu affronter des critiques bien plus âpres.

Qu’est-ce qui fait la singularité du Champagne Ullens ? Il se compose de Meunier, un cépage noir issu du Massif de Saint-Thierry, la région la plus septentrionale de Champagne où se trouve le Domaine de Marzilly et que nous nommons La Petite Montagne. Contrairement au champagne classique, qui peut contenir des raisins en provenance de toute la région, nous n’utilisons que celui-ci. Il est plus salin, sapide, avec une forme d’amertume, une identité unique. En parallèle, notre domaine fonctionne en quasi autosuffisance. Je tenais à revenir à un artisanat dans sa version la plus pure. Le bois du domaine sert à faire nos fûts, nos moutons taillent l’herbe après les vendanges. Nos

poules travaillent le sol et défendent nos ruches. C’est tout un écosystème, s’inscrivant dans un principe pérenne. Tout cela donne au Champagne Ullens une saveur différente, celle d’un retour à l’authenticité.

Quelle est la qualité suprême à posséder pour réussir un champagne d’exception ? La patience. Un champagne est comme une capsule temporelle mise en bouteille. Il faut œuvrer en sachant qu’on devra attendre 2,10 ou 50 ans avant d’en savourer le résultat. Mais aussi que si l’on commet une erreur aujourd’hui, on ne pourra en prendre conscience que des années plus tard. Il est impossible de recommencer un millésime, celui-ci n’existe qu’en un instant T. C’est émotionnellement très intense et cela entraîne d’énormes phases de doutes. Il s’agit de lancer un projet qui coûte de l’argent mais ne portera ses fruits que bien

plus tard. Il faut accepter d’attendre, avec la pression des banques et des emprunts à rembourser. Et puis à côté de la rigueur, il y a ce côté artiste qui doit s’exprimer. Il s’agit d’instinct, de créativité et de passion.

Comment imaginez-vous la suite, pour le domaine comme pour vous ? On aimerait grandir, mais avec pour ligne de conduite de rester absolument sur le Massif de Saint-Thierry, ce qui limite les possibilités d’achats de parcelles. J’ai aussi très envie de m’essayer à la production de vins en Belgique, particulièrement dans les Ardennes où nous avions une maison familiale. Créer une identité de cépage totalement différente, à la maison, et goûter à une autre forme de liberté.

www.domainedemarzilly.fr BE PERFECT | MAXIME ULLENS
© Gutner

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ALEX VIZOREK

Notre compatriote Alex Vizorek est un artiste inclassable. Stand-upper inspiré, humoriste philosophe, chroniqueur pertinent, auteur surprenant, il sera également aux commandes d’un nouveau talk-show télévisé sur France 2 dès octobre prochain. Avec un pied à Paris, un pied à Bruxelles, Alex l’infatigable marche droit devant.

Vous partagez votre temps entre Paris et Bruxelles. Dans quelle ville vous sentez-vous vraiment chez vous ? Je me sens profondément belge. Je ressens ce sentiment universellement répandu d’appartenir au pays de ma naissance. Et ce pays, c’est la Belgique, indiscutablement. Mais j’habite également Paris depuis 15 ans et ce n’est pas un lieu de passage. J’y ai mes amis, mon travail, mes habitudes. Je ne pourrais plus choisir entre Bruxelles et Paris. Voyager entre les deux me convient parfaitement. D’autant que je suis doublement chanceux : Paris m’a accepté et, parallèlement, je suis toujours considéré comme un Belge en Belgique. Je ne suis pas un exilé qui ne sait plus d’où il vient.

En 2023, les Belges continuent à dire qu’ils « montent à Paris ». Or, géographiquement parlant, nous « descendons à Paris ». Ce provincialisme, il vous agace ? Il y a un côté pyramidal dans la réussite artistique dont le sommet s’appelle Paris. Cette logique parisienne, je la

vis au quotidien et je fais tout pour la combattre, car je suis pire qu’un provincial, je suis un étranger !

Un étranger qui a sacrément bien réussi. Merci. Gamin, déjà, j’estimais que Paris était l’aboutissement de la réussite. Mes parents avaient programmé les chaines de télévision françaises avant les chaines nationales, ça vous forge un homme. J’ai toujours été influencé par Paris, même s’il me faut gérer le stress de la ville. En Belgique, il y a un côté plus plan-plan, qui n’en est pas moins agréable. Par chance, mon succès parisien rejaillit sur mon pays.

La condescendance parisienne envers le Belge, est-ce de l’histoire ancienne ? L’époque de l’assimilation forcée où Annie Cordy et Brel étaient considérés comme Français, est révolue. Le Belge est réputé sympa, grâce notamment à Geluck et Poelvoorde. Les artistes belges qui sont venus après, Damiens, Elfira, moi, et beaucoup d’autres, ont pu profiter de ce changement d’attitude des Parisiens envers

MOTS : SERVANE CALMANT PHOTO : GILLES COULON
BE PERFECT | ALEX VIZOREK
« L’idéal, c’est de pratiquer l’humour potache sans jamais prendre les gens pour des cons »

les Belges. Désormais, nous sommes considérés comme cool et exotiques.

« Télématin » sur France 2 en radio, « En bande organisée », un nouveau talk-show sur France 2 en TV et « RTL Soir » sur les ondes de RTL France (à écouter sur le web). Vous êtes carrément devenu l’un des princes du PAF français ! A l’annonce de mon départ de France Inter et sa matinale pour rejoindre RTL France, j’ai reçu beaucoup de réactions, positives comme négatives. Ce départ « passionnait » les auditeurs, au-delà de mon seul cercle familial. De toute évidence, en treize années sur les ondes françaises, j’ai réussi à me faire un petit nom… Cela m’a fait plaisir.

A quoi doit-on s’attendre avec « En bande organisée » ? Deux humoristes, Philippe Caverivière et moi, seront aux commandes d’un talk-show humoristique produit par Arthur et diffusé tous les dimanches après-midi sur France

2, dès le 15 octobre. Nous accueillerons des invités et d’autres humoristes spécialistes du stand-up. Cette émission est née du constat qu’il n’y avait plus de programme humoristique en France. En Belgique, il y a « Le Grand Cactus » …

Vous nous avez concocté un « Grand Cactus » à la française ? Non, l’esprit 100% potache du « Grand Cactus » n’est pas adaptable en France. Il y aura du potache dans « En bande organisée » mais en alternance avec un humour plus incisif, plus poil à gratter. J’espère que nous trouverons la bonne recette !

Artiste résolument inclassable, vous avez encore eu récemment une bonne idée : raconter « L’histoire d’un suppositoire qui voulait échapper à sa destinée ». Vous auriez pu en faire un sketch radiophonique, mais non, vous nous avez concocté un livre illustré pour enfants et pour adultes… J’ai adoré traduire cette idée loufoque en un récit illustré. Au début, personne n’en voulait. Puis, j’ai rencontré une éditrice aussi barrée que moi. La BD a cartonné. Tant, que je lui donne une suite qui sortira le 17 octobre prochain et s’intitulera « L’histoire du suppositoire qui

visait la lune », aux éditions Michel Lafon Jeunesse.

Vous êtes un véritable philosophe … (Rire) Le véritable Alex Vizorek est aussi potache que nietzschéen. L’idéal, c’est de pratiquer l’humour potache sans jamais prendre les gens pour des cons.

Avoir de bonnes idées : une excellente manière de résumer votre métier … Exactement. Trouver une idée, la rendre drôle, et choisir le bon moyen de l’exprimer.

Alex, on vous voit tout prochainement en Belgique avec votre spectacle « Ad Vitam » et on vous croise au Petit Kings ! Je reviens en effet sur mes terres d’origine avec mon dernier spectacle pour de nouvelles dates (à Auderghem, Wavre, Mons, Spa … nda). Et, le 1er septembre dernier, avec l’équipe du Kings of Comedy Club, on a en effet ouvert « Le petit Kings » à SaintGilles. C’est le petit frère du « Kings » à Ixelles. Offrir à de jeunes talents un lieu bruxellois où s’exprimer, avant de s’exporter, à Paris, qui sait ?, me tenait particulièrement à coeur.

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TOM D. JONES

Une part de ses clichés capture la beauté des paysages solitaires et des contrées inhabitées. L’autre apprivoise au plus près le regard indompté des animaux sauvages. Mais toutes les œuvres du photographe d’art Tom D. Jones ont pour essence une envoûtante sérénité.

MOTS
BE PERFECT | TOM D. JONES
Narrateur du vivant © Sylvia Jones

De la photographie ou de la nature, quel était votre premier amour ?

Ma femme et moi sommes tous deux photographes et en 1999, nous avons lancé notre studio à Knokke. Celuici a rapidement rencontré le succès mais avec lui, le stress et les délais serrés. Je me suis retrouvé à passer la majorité de mon temps derrière un ordinateur plutôt qu’un appareil, trop occupé par la pré et postproduction. Mon échappatoire consistait alors à aller marcher sur la plage. Durant ces balades, j’ai commencé à capturer des images du littoral et de la mer. C’est comme cela que mon intérêt a évolué vers la photographie artistique. Ma

fascination pour les animaux a, elle, débuté lors d’un voyage en Tanzanie en 2012. Je m’y suis découvert une véritablement connexion avec la savane et la quiétude incomparable des contrées reculées d’Afrique de l’Est.

Vos clichés de panoramas déserts côtoient ceux d’une vie sauvage bouillonnante. Demandent-ils une pratique différente de votre métier ? L’un comme l’autre sont de véritables challenges. Les paysages impliquent de choisir un cadre et d’y attendre que la lumière et l’horizon se modifient doucement. Immortaliser la faune nécessite une tout autre maîtrise, plus

proche de la photographie de portraits. Quand on travaille sur du vivant, on ne peut rien contrôler et les animaux ne sont absolument pas coopératifs. Il s’agit de capturer l’instant parfait. Et c’était d’autant plus complexe, sachant que je me suis toujours refusé à photographier des animaux qui n’évolueraient pas en totale liberté. Malheureusement derrière de trop nombreuses photographies animalières se cachent des conditions de captivité horribles.

Vous ressentiez le besoin de révéler leur vérité plutôt que celle dictée par l’homme ? L’humain ne laisse pas

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de place aux autres espèces et à leur épanouissement. Si nous continuons, cette voie causera notre perte. Ce projet m’a amené à voyager dans de multiples pays, mais les seuls endroits où j’ai pu observer des animaux véritablement libres étaient au Kenya et en Tanzanie. Il existe en revanche tellement de réserves privées où les animaux sont traités comme des objets touristiques.

Lions, rhinocéros, ou encore éléphants. Comment parvienton à des photographies d’une telle proximité et des échanges de

regards d’une telle profondeur ? Par l’apprivoisement et la patience ? En commençant ce projet, je n’avais aucune connaissance de la faune et de ses habitudes, mais au fil des ans j’ai appris énormément au contact des animaux mais aussi des rangers et guides qui m’accompagnaient, c’est pourquoi je retournais continuellement dans les mêmes parcs nationaux du Kenya. Prendre de tels clichés nécessite d’abord de découvrir l’environnement idéal. C’est pour moi l’élément déterminant. Et, lorsqu’on arrive sur le territoire d’un animal, il y a toujours au départ une forme de tension, une

extrême conscience de notre présence en tant qu’intrus. Il faut rester calme, silencieux jusqu’à ce que soudain, il recommence à agir normalement. Un rapprochement devient alors possible. Certaines espèces sont également curieuses, comme les éléphants ou les gorilles des montagnes, qui soudain étaient à côté de moi. C’était inouï. Tout cela demande une immense patience et de nombreux jours sans être productif, sans même prendre la moindre photo.

Après la publication en août du livre True Wildlife, dédiée à vos portraits animaliers, vous inaugurerez en

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septembre une exposition éponyme, à Knokke. Celle-ci comprendra plus de 50 clichés, saisit durant sept ans. Aviez-vous prévu de la documenter si longtemps ? Pas vraiment, mais c’était sans doute inévitable vu ma façon de travailler. Être photographe artistique implique de réaliser des images destinées à l’impression en grande taille. Le résultat ne laisse aucune place à l’erreur. Et surtout, il n’était pas question pour moi d’utiliser un téléobjectif, comme le fond beaucoup de photographes animaliers. Leurs clichés longue distance sont souvent incroyables, mais volent ces instants

aux animaux. Je tenais privilégier l’intimité avec eux.

Retournez-vous prochainement au Kenya, pour débuter une nouvelle série ? Pour l’instant, je m’occupe des derniers détails de l’exposition et de la promotion du livre. Une fois achevé, je pense prendre le temps de voyager pour me reposer. Je prépare des projets au Groenland et je demeure toujours à la recherche de nouveaux challenges, mais j’ai besoin de respirer et de me laisser inspirer. C’est ainsi que ma créativité pourra à nouveau pleinement émerger.

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TRUE WILDLIFE Centre culturel Scharpoord de Knokke-Heist, du samedi 23 septembre au dimanche 12 novembre.
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VOYAGE

Une envie d’évasion ? Suivez notre guide…

GRAND
MANZARIN - L’OSCAR LONDON - ROYAL CHAMPAGNE

LE GRAND MAZARIN À PARIS

Dans la cour des tout grands

Déco à l’esthétique opulente, fulgurante, soyeuse, joyeuse, signée Martin Brudnizki, architecte d’intérieur de renommée internationale.

Cuisine ashkénaze créative concoctée par le chef étoilé israélien, Assaf Granit. Salle à manger aux allures de datcha flamboyante. Arts de la table exquis.

Piscine arty. Le Grand Mazarin, premier hôtel citadin de Maisons Pariente, s’est implanté à Paris, en plein cœur du Marais, pour jouer dans la cour des très grands. Celle des 5 étoiles qui brillent par leur insolente personnalité.

MOTS : SERVANE CALMANT
BE PERFECT | LE GRAND MAZARIN
© Vincent Leroux

Il y a peu, dans le numéro estival du Be Perfect, on partageait avec vous une de nos adresses préférées à Saint-Tropez, le Lou Pinet de Maisons Pariente. Le même groupe hôtelier, dirigé par les soeurs Leslie Kouhana et Kimberley Cohen-Pariente, respectivement présidente et directrice artistique, ouvre son premier hôtel citadin dans la capitale française. Paris qui sonne comme une évidence, le Marais qui s’impose comme un choix judicieux. C’est en effet dans ce quartier, l’un des plus anciens de Paris, qui regorge de boutiques branchées et de galeries d’art, que se dresse le Grand Mazarin. Né de la réunion de plusieurs hôtels particuliers du 14e siècle, il abrite désormais 61 chambres et suites, dont certaines possèdent un balcon avec vue imprenable sur le Marais. Voilà pour les présentations.

Par bonheur, nous avons eu le privilège d’être la première journaliste belge invitée au Grand Manzarin, avant même l’ouverture officielle de l’hôtel aux clients. Nous nous attendions à du faste, à de la folie créative, à de la singularité dans l’exubérance, nous avons été comblée ! Le mérite en revient notamment à Martin Brudnizki, le plus British des designers suédois, qui a imaginé et façonné les intérieurs du Grand Mazarin. Brudnizki, l’homme qui a dessiné le flamboyant club Annabel’s, symbole du kitsch londonien ? Lui-même ! Pour autant, il ne s’est pas contenté ici d’une redite créative ; au contraire, il a insufflé au Grand Mazarin une âme slave, qu’il a conjuguée avec sa créativité débridée. En deux mots : Just Amazing.

Au bar de l’hôtel, un cocktail signature à la main, nous rencontrons Tomer

Lanzman, l’un des quatre associés du groupe JLM fondé par Assaf Granit, le chef cuisinier du restaurant du Grand Mazarin, qui nous glisse à l’oreille : « l’ADN de l’hôtel est indissociable de la cuisine ashkénaze des Juifs d’Europe centrale, revisitée par Assaf ». Assaf Granit, 44 ans, est à la tête d’une douzaine de restaurants à Jérusalem, Londres et Paris où il préside aux destinées gourmandes de Sahbour, étoilé Michelin un an à peine après son ouverture. Véritable star dans son pays où il anime notamment la version locale de Cauchemar en Cuisine, Assaf Granit a donc déposé ses casseroles au Boubalé du Grand Mazarin pour notre plus vif plaisir. Boubalé (comprenez : « ma petite chérie » en yiddish) est l’expression favorite des grands-mères ashkénazes qui ont voyagé de Pologne, de Russie, d’Allemagne, de Géorgie, de Lituanie en Israël où elles ont partagé leurs recettes avec d’autres

grands-mères venues de Syrie ou d’Irak. C’est tout dire de la richesse des saveurs que nous allons découvrir ce soir.

Dans sa cuisine ouverte sur une salle aux allures de datcha flamboyante, le chef va signer, pour nous et quelques happy fews, une fabuleuse partition gourmande. Babka maison à plonger dans un houmous à la betterave, saumon gravlax betterave glace au raifort, bar cru soupe de concombre, ravioles au canard, goulash de joue de bœuf, se délivrent avec générosité et délicatesse en assiettes à se partager. Une vodka-pomme-zaatar interprète un interlude. Un strudel aux pommes, parmi d’autres desserts, offre un succulent final. Vins allemands, arméniens, slovènes, israéliens, notamment un rouge du désert du Néguev, servis dans le cristal de verres gravés à la main, participent à ce fabuleux festin au goût de voyage.

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© DR

Vous l’aurez compris, Boubalé vaut à lui seul le détour. Il s’avère un atout incontestable du Grand Mazarin, au même titre que l’art auquel l’hôtel 5 étoiles voue un inconditionnel amour, en invitant dans les chambres et dans les espaces communs des centaines d’œuvres d’art et pièces de mobilier vintage, chinées à Paris, Londres ou ailleurs, par Kimberley Cohen-Pariente, en collaboration avec la curatrice artistique, Amélie du Chalard. Le savoirfaire français est évidemment à l’honneur avec Maison Pierre Frey pour les tissus, Maison Lucien Gau, pour les

luminaires en bronze, Manufacture Henryot pour le mobilier, Art de Lys pour les ciels de lit en tapisserie. Les jeunes artistes s’invitent également au Grand Mazarin : ainsi l’artiste minorquine Sophia Pega qui galvanise le jardin d’hiver, par de magnifiques fresques murales peintes à la main, ou encore l’artiste plasticien français, Jacques Merle, qui a orné les colonnes et le plafond de la piscine d’une fresque inspirée par le mythe de Narcisse.

Lors de notre visite, début septembre, les travaux d’équipement d’une

terrasse extérieure, d’un cabaret creusé dans les profondeurs de l’hôtel et d’un centre bien-être/beauté, étaient en dernière phase de finalisation, prompts à tenir toutes leurs promesses. Notamment celle de devenir des rendez-vous incontournables, à l’image d’un hôtel et d’un restaurant où l’inattendu, l’audace, l’excellence et l’inoubliable s’expriment pleinement, sans contrainte aucune. Coup de cœur parisien absolu.

BE PERFECT | LE GRAND MAZARIN
www.legrandmazarin.com
© Vincent Leroux
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L’OSCAR LONDON Le panache à la française

Un bâtiment classé, joyau de l’architecture victorienne, abrite un hôtelboutique au raffinement luxueux, foisonnant, grand genre, repensé par le célèbre architecte d’intérieur français, Jacques Garcia. Situé dans l’épicentre de Londres, L’oscar London invite à découvrir un autre monde, so british certes, mais à la sophistication toute française…

BE PERFECT | L’OSCAR LONDON MOTS : ARIANE DUFOURNY PHOTOS : GREGOIRE GARDETTE

Au Royaume-Uni, le terme « listed building » désigne un édifice protégé et classé soit pour son intérêt exceptionnel (ainsi le palais de Buckingham) soit pour son intérêt général, c’est le cas de l’hôtel L’oscar London. Avec un « o » minuscule pour un hommage majuscule à l’écrivain Oscar Wilde et au passé littéraire du quartier notamment fréquenté par Virginia Woolf et E.M. Forster.

Situé au cœur de Bloomsbury, à un jet de pierre du British Museum pour vous situer, L’oscar London se révèle en effet un point de départ parfait pour explorer le cœur de la ville. Encore faut-il avoir envie de le quitter, cet hôtel-boutique

exclusif désormais propriété de Michel Reybier Hospitality. Cette entreprise de luxe compte parmi ses établissements plusieurs adresses prestigieuses, présentées dans les précédentes éditions du Be Perfect, notamment La Réserve Paris-Hotel and Spa, La Réserve Ramatuelle, Crans Ambassador, Mont Cervin Palace et, depuis un an donc, L’oscar London.

Comment ne pas tomber sous le charme cossu de ce palais londonien en pierre de taille ? Car il s’agit bien d’un cadre unique qui s’offre à nous. L’oscar London, ancien siège de l’Eglise baptiste, a été aménagé dans un bâtiment victorien, agrandi à

l’époque édouardienne, qui en impose ! Au premier étage de ce lieu cossu, la « Commitee Room » est chargée d’histoire et ornée d’une cheminée originale et d’un magnifique plafond voûté. Elle se réserve pour des événements privés, au même titre que la « Library » qui présente une variété d’éléments d’époque et témoigne d’un savoir-faire artisanal d’exception.

Pour autant, L’oscar London n’est pas un hôtel musée ni un cabinet de curiosités. Au contraire ! Après quatre longues années de rénovation, l’architecte d’intérieur et décorateur Jacques Garcia (auquel on doit notamment l’Hôtel Costes et Maison Proust à Paris,

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et la Mamounia à Marrakech) a eu à cœur de respecter l’histoire du lieu dans toute sa splendeur baroque (cheminées sculptées, moulures d’époque, plafonds richement décorés, boiseries en chêne) mais il lui a imprimé sa signature, avec l’opulence grand genre, la théâtralité assumée, l’extravagance décadente, la fascination pour les objets d’art, le sens des effets de mise en scène, qu’on lui connaît.

Pour sa première création londonienne, Jacques Garcia nous offre un lobby pavé de noir et de blanc qu’un majestueux bouquet de roses rouges vient magnifier. S’ensuit une enfilade de petits salons intimistes d’une sophistication parfaitement étudiée : fauteuils en velours couleur aubergine, rideaux en taffetas bordeaux, dorures éclatantes, bibliothèque de livres anciens, objets d’art éclectiques, coussins brodés, somptueux luminaires sur pied en verre brossé représentant des oiseaux, signés Cristal Lalique, symbole du luxe à la française…

Difficile de se dérober à pareil univers, inspirant, théâtral, flamboyant. Sur les appliques murales, encore des oiseaux, et ces roses rouges… Une invitation à relire « Le Rossignol et la Rose » d’Oscar Wilde. Décidemment, le style Jacques Garcia, souvent surchargé, se nourrit également de subtils détails.

En début de soirée, nous découvrons le point d’orgue architectural de L’oscar London : le Baptist, un somptueux bar situé dans ce qui fut jadis la chapelle de l’Eglise baptiste. Oh, un cocktail « Nouveau Testament » ! Amusant clin

d’oeil au lieu d’origine. Nous rejoignons ensuite le restaurant L’oscar. Quel faste : bar en onyx, décoration inspirée du plus ancien café du monde à Venise, murs et plafonds tapissés de miroirs, de panneaux dorés et d’œuvres d’art. Nous y savourons de parfaites pâtes linguine homard et un oscar cheeseburger réconfortant à souhait. Le second soir : l’immanquable fish and chips et un champagne Michel Reybier ravissent notre palais. Le plaisir des choses simples.

Le soir venu, nous regagnons notre chambre, spacieuse, où trône une cheminée majestueuse et où la

décoration et les luminaires s’inspirent de l’élégance Art déco. Nous y passerons une nuit de sommeil réparatrice - merci à la qualité de la literie et au triple vitrage ! Soit un sans faute pour L’oscar London qui marie raffinement à l’anglaise, faste à la française et service diligent.

En 2024, L’oscar London ajoutera 10 chambres supplémentaires aux 39 déjà proposées, et un deuxième restaurant, pour satisfaire les envies de ses clients.

www.loscarlondon.com
BE PERFECT | L’OSCAR LONDON

INSPIRANT PAR DÉFINITION

Land Rover Wavre

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ROYAL CHAMPAGNE

Divin millésime

De l’époque où le lieu faisait figure d’étape appréciée des rois de France, lors de leur passage par la commune de Champillon, demeure une aura de prestige. Mais à l’ancien relais de poste datant du 19e siècle, s’est ajouté une aile supplémentaire pour lui donner les contours d’un luxueux amphithéâtre, abritant 47 chambres et suites. Si le Royal Champagne attire aujourd’hui les amateurs d’œnologie et de cépages, de par son emplacement privilégié sur les

Son panorama dévoile à perte de vue un horizon où les vignobles et coteaux champenois se mêlent aux bois, en une véritable note d’intention. Dans cette sublime échappée qu’est le Royal Champagne, implantée sur les hauteurs de la Montagne de Reims, l’on dépose en effet, en même temps que ses bagages, la clameur du quotidien, prêt à savourer l’ivresse de la tranquillité.

circuits viticoles champenois ainsi que la sélection pointue de sa cave, il mérite de s’y attarder sans autre désir que celui de goûter à la beauté.

Se délecter de l’instant comme de l’excellence

Tout y est affaire de goût et aux accents souverains qui plus est. A commencer par le décor, signé de l’architecte d’intérieure Sybille de Margerie et

qui évoque tout à la fois le style haussmannien de ses origines et les lignes d’une conception contemporaine. Hauts plafonds, moulures et cheminées ouvragées y côtoient meubles à l’esthétique cosy et moderne, privilégiant le bois de chêne et la pierre. Les matières nobles et le raffinement épuré achèvent de donner aux salons comme aux chambres une élégance sereine, encore amplifiée par la vue à couper le souffle, dominant la Vallée de la Marne,

MOTS : BARBARA WESOLY
VOYAGE | 141
PHOTOS : ROYAL CHAMPAGNE HOTEL & SPA

présente dans chaque espace du complexe. De fait, le Royal Champagne s’affirme comme une destination bienêtre à part entière, dont l’atmosphère incite à ralentir pour en savourer les instants suspendus. Pour y parvenir pleinement, l’hôtel met à disposition de ses visiteurs 1500 mètres de spa, composé de hammam, sauna, bain à remous et piscine intérieure mais aussi extérieure, édifiée à flanc de montagne en un plongeon en pleine nature. Ainsi qu’une offre de soins et massages signatures.

La fusion de l’histoire et de la gastronomie

Impossible d’imaginer un fleuron champenois, sans effervescence des

papilles. L’hôtel accueille dès lors un restaurant étoilé, le Royal, repris en mai par le chef Paolo Boscaro. Celuici a eu carte blanche pour en redessiner le menu, en une cuisine élégante et créative. Il l’a articulée en 4 à 5 actes, autour de classiques français, couplés d’influences italiennes, afin de proposer un hommage innovant au terroir de la région. On en retient les fantastiques fleurs de navet, marinées au vinaigre de Reims, crème glacée à la verveine et écume au yaourt et le gambero rosso accompagné de pêches blanches au champagne et miel de luzerne, prélevé sur le domaine. Le parfum d’héritage imprègne également le décor de ce salon grandiose mais intimiste, au plafond patiné d’or. Il évoque ainsi Napoléon, supposé

avoir séjourné sur place, avec des statues, tableaux et même lettres d’amour, gravées délicatement sur les assiettes. Dans une ambiance plus décontractée, mais tout aussi savoureuse, on s’attable également au Bellevue, le restaurant bistronomique de l’établissement, dont le panorama à 180 degrés dévoile lui aussi le paysage de la vallée d’Epernay et de la Marne.

Un décor que l’on observerait sans fin, une coupe de champagne à la main, célébrant cette parenthèse enivrante.

www.royalchampagne.com

BE PERFECT | ROYAL CHAMPAGNE
Wavre Chaussée de Namur 242, 1300 Wavre T. 010/45.05.65 www.jaguarwavre.be
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Jaguar
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LE REGARD DU PHOTOGRAPHE

Débute la prise de vue avec le dramaturge, nouvelliste et romancier, EricEmmanuel Schmitt. Nous sympathisons brièvement. C’est toujours un défi pour un photographe de se faire accepter par un modèle, aussi médiatique soit-il.

Dans l’exercice de ma pratique photographique, rares sont les journées où je n’entends pas cette réflexion : « Je n’aime pas être pris.e en photo ... » Rien de tel cette fois, cependant. Auteur francophone parmi les plus lus et les plus représentés dans le monde, EE Schmitt est un habitué des magazines et des plateaux TV. Il prend rapidement la pose. Nous nous installons dans son salon où trône un piano. Je lui demande : « Pouvez-vous lever le menton ? ». Il sourit et me confie une anecdote. Quand EE Schmitt était encore un jeune auteur, il a eu l’occasion de se faire photographier avec le compositeur et chef d’orchestre français, Pierre Boulez, qu’il admire particulièrement.

À l’époque, Boulez était déjà âgé et le photographe lui demandait sans cesse de « lever le menton ».

Et EE Schmitt de me lancer avec le sourire aux lèvres : « Quelques années plus tard, c’est mon tour ! »

BE PERFECT | LE REGARD DU PHOTOGRAPHE
MOTS : SERVANE CALMANT - ANTHONY DEHEZ PHOTO : ANTHONY DEHEZ

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