Be Perfect
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Mi-Bois conçoit et fabrique des cuisines sur mesure depuis plus de 40 ans en Belgique.
MI-BOIS
010/48
EDITO
Printemps 2024
Be Perfect fête ses 7 ans ! L’âge de raison. Une lapalissade pour ceux et celles qui considèrent la presse papier comme déjà morte et enterrée. En sus pour un média papier et en ligne totalement indépendant. Alors, à cette raison, nous préférons les émotions, la passion, la perfection. À l’image de ceux et celles qui donnent du sens à nos pages, ces Belges qui font la fierté de notre pays.
Coup de cœur pour Laura Sepul ! L’actrice liégeoise nous l’avait transpercé dans Ennemi public, réjoui dans Baraki. Elle se dit moins sympathique que son personnage Cynthia. N’en croyez rien ! Notre shooting au Mix Brussels, l’ancien siège de la Royale Belge doublement primé au MIPIM à Cannes, restera marqué d’une pierre blanche.
Les architectes et designers belges créent une carte de visite extraordinaire pour notre pays. Le collectif singulier Zaventem Ateliers, fondé par Lionel Jadot, a travaillé sur l’illustre concept The Mix. Une énergie créative désormais au cœur d’un livre intitulé Out of catalogues. Sous le toucher d’Arno Declercq, bois et métal se métamorphosent en mobilier sculptural. Sous la vision poétique de Nathalie Van der Massen, les étoffes s’incarnent en dimensions spatiales. Bieke Casteleyn lance sa collection Out Of Line. La lampe M57, créée par Jules Wabbes, renaît de ses cendres. Dominique Rigo célèbre ses 50 ans sous l’égide de sa fille Charlotte. Vincent Van Duysen conçoit une collection de cuisines d’extérieur pour indu+. Sous le patronyme de Cafeine, Thomas De Bruyne s’affirme comme la référence de la photographie architecturale et d’intérieur.
Point de rencontre entre mode, art et architecture, Florence Cools et Artur Tadevosian signent les créations de La Collection. La joaillière Renata Stinglhamber réalise ses propres rêves. Wilmeyer bouscule les codes du padel. Exhibition Hub nous invite à une expérience immersive dans l’univers de René Magritte. François Coorens expose ses égéries pop et toiles inspirées de Star Wars.
La scène musicale belge reste dynamique ! Puggy, Noé Preszow et Lylac sortent un nouvel opus. Roi de l’autodérision, Nicolas Lacroix fait rire sur les planches et sur ses réseaux sociaux qui comptent des millions d’abonnés.
Barbara Abel, Sophie Wouters, Jérémie Claes, Victoire de Changy, Valentine de Le Court, Kenan Görgün, Florence Mendez, Cécile Hupin, Armel Job dévoilent leurs romans à dévorer ce printemps.
L’art de recevoir, le chef Pierre Résimont en maîtrise les codes. 30 ans que son Eau Vive est étoilée ! Christophe Hardiquest décroche une première étoile pour Menssa, son comptoir gastronomique. La diversité des adresses de Sang Hoon Degeimbre ouvre l’esprit et l’appétit. Hors de nos frontières, Camille Gersdorff se distingue à Etretat. Globetrotter et reporter dans l’âme, Tanguy Dumortier arpente les quatre coins de la planète par soif d’émerveillement.
Joyeux printemps, belle lecture.
ARIANE DUFOURNY
Rédactrice en chef
Remerciements : A ma « perfect » équipe et à nos partenaires pour leur fidélité et leur confiance.
BE PERFECT, C’EST AVANT TOUT LE TRAVAIL D’UNE ÉQUIPE
EDITEUR RESPONSABLE
ADN PRODUCTIONS SPRL
IMPRESSION
FANILY COMMUNICATION AGENCY
REGIE PUBLICITAIRE
INFO@BEPERFECT.BE
T : +32 475 66 07 47
COUVERTURE
LAURA SEPUL
©JON VERHOEFT - BE PERFECT
INFO@BEPERFECT.BE
WWW.BEPERFECT.BE
Copyright ©, toute reproduction de textes et de photos publiés par Be Perfect est interdite sans l’autorisation de l’éditeur. Les photos confiées à ADN Productions ne stipulant aucune mention d’auteur restent sous la responsabilité de leur propriétaire ou de leur RP. L’éditeur décline toute responsabilité pour les propos, documents et images qui lui ont été confiés spontanément.
18 LE CLAN DEGEIMBRE
22 INDU + X VINCENT VAN DUYSEN
24 FLORENCE MENDEZ - KENAN GÖRGÜN -CECILE HUPIN - ARMEL JOB
26 MAGRITTE - THE IMMERSIVE EXPERIENCE
28 FRANÇOIS COORENS
30 WILMEYER
2
34 LAURA SEPUL
40 LA COLLECTION
44 RENATA STINGLHAMBER
48 PUGGY
50
52
54
58 BARBARA ABEL
60
64
66
SOMMAIRE
17 -
33 -
PUGGY
« Nous avons poussé le curseur plus loin, bien au-delà de nos acquis... »
84
Spring
CONCEPT STORE AUX TENDANCES CASUAL & CHIC, POUR LES HOMMES& FEMMES AMATEURS DE STYLE ET D’ÉLÉGANCE
LA FABRIQUE DE NAMUR
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LA FABRIQUE DE LASNE
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REPERAGE 1
Des adresses à se refiler, des expositions à découvrir, des livres à dévorer, des marques qui font le buzz…
LE CLAN DEGEIMBRE QUAND LA DIVERSITÉ REND PLUS FORT
Le chef Sang Hoon Degeimbre n’a pas l’habitude de se reposer sur ses lauriers. Ni sur ses 2 étoiles Michelin récoltées avec L’air du temps. Au cœur de la Wallonie, à Liernu, l’infatigable quinquagénaire vient de greffer à sa table gastronomique, Bistro, une proposition culinaire gourmande et conviviale ouverte les midis uniquement et orchestrée par le chef Benjamin Denis. A Bruxelles, Sang a adoubé son digne héritier : Kevin Perlot, chef à bord d’un exaltant VerTige axé sur le végétal. Et, à la tête de SAN Sablon, il a engagé Baptiste Villanneau pour défendre une cuisine créative à déguster au bol et à la cuillère. L’air du temps, Bistro, VerTige, SAN Sablon, Anju (l’enseigne coréenne du chef) : la diversité de Sang ouvre l’esprit. Et l’appétit.
BISTRO, À LIERNU
En pleine campagne, à Liernu, dans une aile du corps de la ferme contemporaine de son air du temps doublement étoilé, Sang Hoon Degeimbre a ouvert en février dernier Bistro, une nouvelle proposition culinaire à découvrir le midi uniquement (L’air du temps étant désormais ouvert exclusivement en soirée).
Pour l’accompagner dans cette nouvelle aventure grisante, Sang a fait appel à Benjamin Denis, un chef à l’allure cool qui cache derrière son sourire et sa barbe, une franche rigueur. C’est que le trentenaire a fait ses armes au Pica Pica à Liège, au Cor de Chasse (1*) à Wéris, chez Couvert Couvert (1*) à Louvain. De belles enseignes qui valident des compétences et forgent un caractère. Et du tempérament, Benjamin en a à revendre. Complice de Sang, il défend les mêmes valeurs qui ont fait la réputation du chef doublement étoilé : la saveur des récoltes du jardin-potager, le beau travail des producteurs locaux, l’audace et l’émotion du vin nature, le travail au service de la générosité.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : Bistro n’est pas une redite de L’air du temps, plutôt une expression différente de la richesse du terroir. Benjamin Denis sait ce qu’il veut, sait où il va. Ses assiettes ne mentent pas sur ses intentions d’épicurien. Le cochon, c’est bon. Le chef le prouve avec, en plat, un lard confit qui fond en bouche, agrémenté de perles noires (le Royal Belgian Caviar de Turnhout) et d’une mousse de pomme de terre au café qui force le respect. Le terre-mer, c’est précis. Benjamin l’illustre avec un tartare de Limousin de Lothar Vilz (de l’élevage durable en agroécologie) coupé au couteau et des délicates coques. Le dessert, c’est 100 % plaisir. Ainsi en est-il du céleri Suzette, un régal délicieusement addictif qui réconcilie gourmets et gourmands. Et le vin ? Servie au verre, la cuvée Grille-Midi, petite dernière du Domaine Croix-Charnay, invite à apprécier un 100% gamay, sans intrant, traité avec tendresse par deux néo-vignerons. Chouchoutée, on l’a été également ce midi-là, dans ce Bistro campagnard qui fleure bon la passion partagée, l’essentiel à la vie. Benjamin Denis a tout compris.
ANJU, À BRUXELLES
Anju qui signifie littéralement resto où l’on peut boire de l’alcool, est la table coréenne de Sang Hoon Degeimbre. Et, au quotidien, celle de Victor des Roseaux, son chef exécutif. Au menu, le meilleur de la cuisine de Corée. Poisson cru et sa sauce cacahuète, poulpe sauté, canard à la sauce Bulgogi (soja pomme poire), bouillon de poulet au gingembre farci de riz gluant. Le tout servi avec des banchans, des petits mets d’accompagnement. Soit autant de plats certes inattendus mais franchement savoureux, à picorer à l’envi, dans un décor sobre rehaussé de souvenirs de Corée (photographie, papier tradition, caractères coréens). Belle convivialité en sus.
www.anju.be
SAN SABLON, À BRUXELLES
Sang Hoon Degeimbre aime bien surprendre. En créant San Sablon, il invitait le client à un voyage au bout du bol et de la cuillère, références explicites à l’art de la table coréen. L’arrivée du chef français Baptiste Villanneau ne change en rien la donne. « Le chef Sang m’a donné comme directive de conserver les bols et la cuillère, mais j’ai reçu carte blanche pour les menus », se réjouit Baptiste, 25 ans, qui a fait sien ce formidable écrin créatif. Avec une proposition culinaire en 4 ou 5 escales, le jeune chef prouve qu’il marie avec brio la cuisine française et les préceptes de la maison-mère, L’air du temps. Les bocaux de légumes lacto-fermentés posés sur le bar, pour preuve. Dans l’assiette, des produits de saison et d’exception de producteurs de chez nous (jardins de La Finca, ferme Baré, volailles de Jérôme Demeyer, champignons de Bruxelles, etc.), travaillés avec amour et conviction. Coup de saveur au fond du bol avec des ravioles de chou fermenté, bouillon gingembre. Parfaite cuisson du magret de canard, marinade Galbi, purée butternut d’une réconfortante douceur. Et moment suspendu avec Liernu, mets inspiré du « plat signature de L’air du temps », soit une déclinaison autour d’un légume de saison, la betterave (en février dernier) travaillée comme une rose, condiment à la rose, jus lacto-fermenté. San Sablon, un savoureux espace de créativité.
www.sansablon.be
VERTIGE, À BRUXELLES
En 2020, SAN Bruxelles, le bistro de Sang Degeimbre, tirait sa révérence et nous dévoilait son digne héritier : VerTige, géré par le chef Kevin Perlot. Une passation de passion assez évidente puisque Kevin a été à bonne école, celle de L’air du temps, justement. Mais, de la même manière que Bistro à Liernu n’est pas une copie conforme de L’air du temps, VerTige, qui est pourtant né des réflexions échangées par Kevin et Sang, son mentor, n’est pas un calque de la cuisine de Degeimbre. Kevin Perlot a en effet réussi à imposer sa signature à travers, notamment, une cuisine d’inspiration végétale. « Le végétal
est un terrain de jeu incroyable, excitant et novateur », nous précise-t-il avec enthousiasme. Un enthousiasme qui a également convaincu le Green Guide We-re Smart, qui a accordé à l’établissement 5 radis, la plus haute distinction !
VerTige, c’est une véritable expérience culinaire et un franc coup de coeur. Coup de cœur pour la créativité innovante (et souvent surprenante), la réflexion et le travail autour de la lacto-fermentation, la sublimation du végétal, le choix des bons produits de préférence en circuit-court, et la précision d’orfèvre du chef Kevin Perlot. Ce trentenaire qui n’est point du tout sectaire, propose deux menus en 4 ou 6 actes : l’un 100% végétal donc et l’autre, agrémenté de beaux produits de la mer
ou de produits carnés issus des pâturages belges. Dans nos assiettes délicieusement raffinées, s’invitent la carotte dans tous ses états, confite, en pesto, croquante et en ketchup, le choux allié de notre santé, la betterave rouge et ses divins arômes terreux, la mousseline de foins et aussi, les noix de Saint-Jacques, le bar laqué et la canette de Barbarie. La poire beurre noisette venant clôturer les réjouissances gourmandes. Soit de la cuisine d’auteur, saine, en version gastronomique et à la sincérité sans esbroufe, qui se déguste de préférence avec un vin nature. N’hésitez pas à papoter avec Philippe Lamourette, le responsable de salle et spécialiste des accords mets-vins, il est de bon conseil.
www.vertigebxl.be
“Nouvelle direction, 7 jours sur 7 !
Terrasse couverte chauffée, viande au feu de bois.”
LA COLLAB QUE LES MORDUS DE DESIGN ET DE CUISINE D’EXTÉRIEUR VONT ADORER
La marque belge indu+ lance la recette ultime pour les férus de cuisine en plein air et de design haut de gamme, en collaboration avec l’architecte Vincent Van Duysen. Elle se nomme Shotō. Une fusion harmonieuse du design et de la fonctionnalité.
MOTS : ARIANE DUFOURNY
Passionnée par le travail de Vincent Van Duysen, nous ne pouvions manquer de vous présenter « Shotō ». Les lignes structurelles de cette série de cuisines d’extérieur reflètent admirablement son langage architectural. Pour l’architecte anversois qui s’efforce d’obtenir une harmonie parfaite dans tous ses projets, l’objectif était de concevoir une collection intemporelle et accessible qui représente non seulement sa vision, mais qui reste également fidèle aux principes d’indu+ tels que l’innovation et la qualité .
L’esthétique, c’est un ingrédient majeur pour Olivier Taillieu, fondateur d’indu+ qui se réjouit de cette collaboration avec Vincent Van Duysen. « Que Vincent s’en remette à notre expertise et à notre savoir-faire pour donner vie à ses designs de renommée internationale ne fait que témoigner de notre engagement à élever la cuisine en plein air au rang d’expérience exceptionnelle. »
Qu’il s’agisse d’induction, de teppanyaki, de wok ou de gril à gaz, les tables de cuisson et tous les accessoires indu+ se combinent parfaitement avec les modules Shotō. Une excellente nouvelle pour les fanas de design et de cuisine en plein air !
www.induplus.eu www.vincentvanduysen.com
QUATRE LIVRES BELGES PALPITANTS À DÉVORER CE PRINTEMPS
FLORENCE MENDEZ
Accident de personne
Daphné en a la certitude. Elle veut mourir. Mais après plusieurs tentatives infructueuses, elle réalise qu’une pulsion de vie trop forte la retient de passer réellement à l’acte. Il lui faudra de l’aide. Sa route croise alors dans les méandres d’internet celle de Martin, qui se déclare être tueur philanthrope, habitué des assistances au suicide et lui propose ses services. Mais lors de leur rendez-vous, Martin confond les silhouettes et tue la mauvaise jeune femme. De quoi faire vaciller toutes les certitudes de Daphné et les plonger tous deux dans une situation des plus périlleuses.
D’une plume aussi incisive que sensible, Florence Mendez nous entraîne dans une aventure initiatique évoquant la douleur, la différence et la solitude, mais aussi la reconstruction et la guérison intérieure. L’on adorait la subtile impertinence de l’humoriste et comédienne, dont ce premier roman ne fait que confirmer l’étendue de son talent.
KENAN GÖRGÜN
Oublie que je t’ai tuée
De ses 12 années d’union avec Susannah, ne reste à Stanley qu’une rage sourde ou pointe l’amertume. Lui, journaliste itinérant et désargenté, n’ayant jamais réussi à devenir l’écrivain à succès qu’il se rêvait, elle brillante architecte obsédée par sa carrière, tout désormais les oppose. Au point d’amener Stanley à commettre l’irréparable, commanditer le meurtre de son épouse. Mais, il ignore que loin d’apaiser ses démons, cet acte détricotera le premier fil du tissu de mensonge et de manipulation dont il a entouré la trame de son existence depuis si longtemps.
Sous des abords de thriller au cœur de New York, Kenan Görgün livre le récit d’une histoire d’amour toxique. Une scène de crime, dont la principale victime se révèle la confiance, sacrifiée sur l’autel de la lâcheté et de la rancœur.
CÉCILE HUPIN
Ne pas nourrir les animaux
D’un côté, Walter et Mary qui aux humains préfèrent la compagnie des vaches et de la nature. De l’autre John-John Mertens entrepreneur mégalomane, bien décider à ériger un hôpital pédiatrique novateur sur leurs terres. Des terres qui abritent les squelettes de deux adolescentes préhistoriques dont les fantômes guettent avec curiosité le dénouement de cet affrontement. Et si le bras de fer s’achève par la construction de la clinique, il marquera aussi le point de départ de l’histoire d’une petite fille semblable à aucune autre.
ARMEL JOB
Le Passager d’Amercœur
Lorsque le corps sans vie de Grâce Modave est découvert à flanc de falaise, en contrebas de sa villa, les enquêteurs concluent rapidement à un suicide. Avant qu’un faisceau d’indices troublants les ramène invariablement à son mari Maurice « Momo » Modave. Si celui-ci se présente comme un veuf éploré, ayant vécu piégé entre une femme désespérée et une mère ultra-possessive, ne tentet-il pas de brouiller les pistes ? D’autant que ce drame se fait l’écho d’un autre, tout aussi mystérieux et s’étant produit au même endroit des années plus tôt.
Mélange de conte exubérant et de fable tendre, le premier livre de Cécile Hupin voit se croiser des aras exotiques et des bulldozers, une psychologue esseulée et une machine destinée à raffermir les gens mous, avec pour toile de fond des découvertes archéologiques, des plans alambiqués et des individus cabossés. Un ovni littéraire absolument décapant.
Avec ce 24e ouvrage, Armel Job confirme une nouvelle fois son goût du polar comme sa connaissance intime des penchants humains les plus sombres. Une quête de vérité noyée sous les fauxsemblants qui n’en devient que plus captivante au fil des pages et qu’on ne parvient pas à lâcher avant d’en avoir découvert l’ultime révélation.
VIBRER AU DIAPASON DE L’ART
Tel est le parti pris de « Magritte : The Immersive Experience », une exploration interactive et multidimensionnelle de l’œuvre et de l’itinéraire du maître du surréalisme belge, au gré d’un voyage des sens.
MOTS : BARBARA WESOLYPHOTOS
: EXHIBITIONHUBComment réinventer la rencontre avec un artiste devenu patrimoine national ? Et métamorphoser une énième rétrospective en découverte inédite ? Des questions auxquelles « Magritte : The Immersive Experience » a choisi de répondre en convoquant l’émotion pour révéler toute la profondeur créative du plus onirique des peintres belges. C’est ainsi qu’après Van Gogh, Monet ou Dali, c’est au tour de René Magritte de se voir dédier une exposition digitale alliant réalité virtuelle et scénographie multiforme.
Ceci n’est pas une galerie
Un parcours à 360 degrés mêlant projection, spectacle, effets sonores et écrans numériques. Et pensé comme une odyssée où déambuler parmi 300 œuvres digitalisées du maître, où se côtoient tableaux emblématiques et répertoire méconnu, période abstraite et époque surréaliste mais aussi récit de vie et de carrière. Une aire de jeu à la mesure de l’artiste de génie, qui redessinait les contours de la réalité avec poésie et symbolisme et se jouait des énigmes de l’esprit humain.
« Magritte : The Immersive Experience », d’Exhibition Hub et Fever, à la Galerie Horta, rue du Marché Aux Herbes 116, 1000 Bruxelles.
www. magritte-expo.com.
WOLUWÉ – STOCKEL - A proximité de toutes les facilités, très belle villa 1930 entièrement rénovée, +/- 580 m², jouissant d’un ravissant jardin ouest (terrain de +/- 22,4 ares), d’une superbe piscine intérieure avec espace wellness et d’une adorable serre. Belles réceptions, cuisine hyper équipée, bureau, 5 chambres, 3 bains. PEB D
FRANÇOIS COORENS S’INSTALLE À
L’HILTON BRUSSELS GRAND PLACE
Biberonné à la culture rock, il voue un culte aux images de TV et de cinéma et aux supermodels, qu’il détourne gaiement, sans limite et sans contrainte, couleurs vibrantes et références à décoder au bout du pinceau. L’artiste peintre belge, François Coorens, s’expose à l’Hilton Brussels Grand Place jusqu’en mars 2025, avec des œuvres grand format dont certaines totalement inédites.
MOTS : SERVANE CALMANT
S’agissant de définir sa patte, François Coorens brosse son propre tableau : « Mon style ne se limite pas au street art, dont la connotation peut être réductrice, ni au pop art, qui détourne des icônes médiatiques, même si je m’inspire de muses aux interprétations décalées. Mon travail joue avec les effets de pochoir, les couleurs vives, et une liberté artistique qui s’affranchit parfois des cadres traditionnels de l’art. »
L’artiste belge qui a ouvert à Bruxelles, Scool, un atelier urbain pour se (re)mettre à la peinture, invite à découvrir une quarantaine d’égéries pop et une dizaine de toiles inspirées de Star Wars, dans les vastes espaces de l’hôtel Hilton Grand Place. Judicieux : les œuvres disposeront d’un QR code ouvrant une vidéo de l’artiste qui s’exprimera sur son processus de création. Bon à savoir : toutes les toiles dont certaines totalement inédites, sont à vendre.
Expo François Coorens, Discover The Unexpected, à Hilton Brussels Grand Place, jusqu’en mars 2025.
WILMEYER LA PASSION DU PADEL DANS LES RÈGLES DE L’ART
Si l’on ne fait bien que ce que l’on aime, Emmanuel Wilmes et Jean-François De Meyer ont transformé avec brio leur engouement pour le sport de raquette en
une adresse incontournable. Fort
d’un
lumineux succès et de nouveautés exclusives, Wilmeyer continuer d’entraîner vers les sommets sa signature d’un padel aux accents artistiques et luxueux.
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTOS : SELIMA LEMAIRE
Une vision du sport qui s’affirme par la créativité. Et une réussite qui s’inscrit dans la diversité. Wilmeyer a, depuis son lancement, pris le parti de bousculer les codes du padel mais aussi de l’univers qui l’accompagne, s’imposant en seulement une année en référence pour les amoureux de la discipline. De quoi donner à ses fondateurs l’envie de frapper et d’exceller toujours plus fort, comme le raconte Emmanuel Wilmes « Notre identité, c’est cette dynamique d’art de vivre où le padel habite l’aire de jeu mais aussi le quotidien. Et que l’on ne cesse de développer, notamment en transformant notre site internet en une vitrine originale où, dans la lignée de notre boutique, l’art côtoie l’équipement, le style et l’expertise ».
Innover sur tous les fronts
Sur celui-ci, comme sur le court, l’on retrouve désormais quatre piliers. Le Padel Shop, où sont disponibles raquettes et accessoires issus de marques partenaires. C’est Padel Art, espace inspirant et inspiré où s’exposent des collaborations artistiques autour des sports de raquette, via des tableaux, des pièces d’équipement illustrées et graphées et même des balles de
tennis transformées en œuvres d’art. Le Second Life, qui dans une démarche de durabilité, se dote de matériel de seconde main accompagné d’une garantie qualité et enfin le Padel Wear, la gamme exclusive de vêtements signée Wilmeyer, qui s’étoffera cet été en cinq collections et dont on peut déjà découvrir un aperçu des modèles à l’élégance éclectique.
« En boutique, comme sur le site, on mise sur le plus qui fera la différence, qui ajoutera une dimension de plaisir supplémentaire » explique Emmanuel Wilmes. « C’est pourquoi notre objectif aujourd’hui, est de lancer les clubs Wilmeyer, où jouer, se balader et savourer l’atmosphère padel. Et dont la beauté et l’accueil chaleureux dépasseront le cadre du sport pour rejoindre celui de l’expérience ». Et l’on mise déjà sur un retour gagnant.
Retrouvez également Wilmeyer au Lotto Brussels Premier Padel, à Tour et Taxis, du 20 au 28 avril 2024.
www.wilmeyer.com
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CAUSERIE 2
Actrice, stylistes, joaillière, chanteurs, humoriste. Ils/elles excellent dans leur domaine. Entretiens en tête-à -tête.
LAURA SEPUL – LA COLLECTION – RENATA STINGLHAMBER PUGGY - NOE PRESZOW - LYLAC - NICOLAS LACROIXLAURA SEPUL
« J’ajoute un grain de beauté aux visages de mes personnages pour maintenir une relation à distance »
Les fans d’excellentes séries TV belges ont fait connaissance avec Judith (dans Ennemi public), Cynthia (Baraki), Agathe (Attraction), Elisabeth (Quartier des banques). Mais qui est Laura ? La Liégeoise d’origine à la blondeur hitchcockienne avoue adorer les séries - qui le lui rendent bien ! - et s’impose également dans le téléfilm El Correo, à voir sur Netflix en avril.
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : JON VERHOEFT
COIFFEUR ET MAKE-UP ARTIST : LUC DEPIERREUX
STYLISME : JEAN PAUL KNOTT, AMERICAN VINTAGE, DINH VAN
On sait peu de choses de vous ... Je suis née à Liège. A 3 ans, mes parents se sont séparés. C’est ma mère qui m’a élevée. À 9 ans, je suis partie vivre à Ciney avec elle et mon beau-père. A 18 ans, je me suis inscrite au Conservatoire royal de Liège. Je vis depuis 15 ans entre Bruxelles (avec mes deux enfants) et Anvers où réside mon amoureux, Geert Van Rampelberg (acteur, vu notamment dans Knokke Off dans le rôle du père d’Alex - nda). Nous nous sommes rencontrés en 2017 sur le tournage d’un court-métrage belge. Ce fut un véritable coup de foudre. Depuis, nous nous soutenons énormément au quotidien et professionnellement.
De 2005 à 2015, on vous voit beaucoup sur les planches du Théâtre National, notamment. Puis, en 2016, Ennemi Public, série belge, triomphe sur La Une. La création du fonds Fédération Wallonie Bruxelles-RTBF qui impose à la chaîne de « participer à l’objectif
d’accroître la production de séries télévisuelles belges francophones » a-t-elle changé votre vie professionnelle ? Oh oui, complètement. J’ai joué dans le premier court-métrage de Matthieu Frances, réalisateur de la série Ennemi Public. Il m’a téléphoné pour m’annoncer que la RTBF lançait un fonds séries… C’était parti ! J’ai enchaîné deux saisons d’Ennemi public, deux saisons de Quartier des banques qui est une série belgo-suisse - je rempile pour la 3e saison dont le tournage est prévu fin de cette année - , deux saisons de Baraki également, et Attraction, minisérie scénarisée par Barbara Abel et Sophia Perié.
Vous reconnaît-on dans la rue ? Oui, parfois. Les séries belges connaissent un véritable succès, elles marquent les esprits et dépassent les frontières grâce aux festivals et aux plateformes de streaming.
Quel personnage a le plus marqué les téléspectateurs ? Je pencherais pour Cynthia dans Baraki, qui est bien plus qu’une comédie déjantée. Il y a une dimension sociale dans cette “dramédie” qui est très intéressante. Sur papier, le personnage était d’ailleurs différent. Pour ce rôle, j’ai profité d’un espace de liberté immense et proposé une Cynthia à mille lieues de la potiche. Cynthia se révèle une femme forte qui défend de belles valeurs : le travail, l’honnêteté, l’amour, la fraternité, la tolérance. C’est un personnage résolument bienveillant qui fait preuve d’une grande intelligence émotionnelle. Quand les gens, dans la rue, me confondent avec Cynthia, je dois leur dire que je suis moins sympathique que mon personnage ! (rire).
Le personnage qui vous a le plus troublée ? Agathe dans Attraction (à revoir sur TF1 en mai 2024), l’histoire d’une femme ordinaire qui est en couple depuis 15 ans. Elle n’a aucune raison de se méfier de son conjoint. Et pourtant… Sur le tournage, les scènes de violences morales et physiques étaient très intenses. Après le bouclage de cette minisérie belge, il m’a véritablement fallu faire le deuil d’Agathe. Pour la petite anecdote : mon compagnon, Geert Van Rampelberg, était pressenti pour jouer le mari d’Agathe. Mais la coproduction française lui a préféré un acteur français, Lannick Gautry. Tant mieux, car je n’avais pas envie de prendre le risque d’exporter de la tension dans notre vie. Geert fait néanmoins partie de l’aventure, puisqu’il joue le rôle du procureur.
Y a-t-il assez de passerelles culturelles entre les productions francophones et néerlandophones ? Non. À regret. Il y a bien eu la série 1985 sur les tueries du Brabant créée conjointement par la RTBF et la VRT mais la RTBF a choisi de la doubler en français - une hérésie ! - contrairement à la VRT qui l’a diffusée en version originale. Pour ma part, je joue un petit rôle dans une mini-série flamande remarquable, Albatros, du réalisateur Wannes Destoop (prix Europa de la meilleure série télévisée européenne 2021 - nda). Albatros étant le nom d’un camp de perte de poids auquel participent 10 personnes obèses. Je regarde beaucoup de séries flamandes pour savoir ce qui
se produit de l’autre côté de la barrière linguistique…
Une série dans laquelle vous n’avez pas joué, à nous recommander ? Tout va bien, avec notamment Virginie Elfira et Sara Giraudeau. Comment une famille ordinaire traverse-elle les peines de la vie, dans ce cas précis le cancer d’une enfant ? C’est souvent drôle voire fantasque, malgré un sujet douloureux. A voir absolument.
Nouveauté ! Dans le téléfilm espagnol El Correo, diffusé en avril sur Netflix, vous partagez l’affiche avec Aron Piper, la star espagnole aux 13 millions de followers. Dans ce thriller,
ce sex-symbol révélé par la série Elite s’emmourache de votre personnage. Waouh. (Rire). Aron Piper (26 ansnda) est un grand professionnel et un véritable gentleman. Par chance, il parle anglais ! Car dans la série (coproduite par la Belgique et Netflix - nda), je suis censée avoir vécu plusieurs années au Mexique et parler plusieurs langues. Pour ce téléfilm, j’ai évidemment suivi un coaching en espagnol mais le premier jour de tournage, j’étais complètement larguée. Les Espagnols parlent beaucoup trop vite. Ce n’est vraiment pas facile de jouer dans une autre langue que la sienne. Merci à Aaron d’avoir été extrêmement bienveillant avec moi !
Quel est votre petit secret pour endosser parfaitement un rôle ? L’observation, ma règle de base. Observation de la démarche, de la gestuelle, de la posture, des tics de personnes, que je fais peu à peu miens, en y apportant une petite touche personnelle évidemment.
Et pour sortir d’un rôle ? Je vous révèle mon petit secret : je demande à la maquilleuse d’ajouter des grains de beauté à mes personnages. Cynthia, Agathe, Elisabeth ont toutes un grain de beauté sur le visage. Ces grains de beauté appartiennent à mes personnages et me permettent de maintenir une relation à distance.
Quelles scènes vous mettent particulièrement mal à l’aise ? Les scènes de nudité et de sexe. Dans le jeu d’acteur/trice, j’essaie d’exprimer des émotions sincères, honnêtes, de ne pas tricher. Or, dans les scènes de sexe, on dissimule toujours, on n’éprouve aucun désir, aucun plaisir, et on se sent parfois ridicule.
Qu’aimez-vous dans le jeu d’actrice ? Je me sens à ma place dans ce métier. C’est le meilleur vecteur que j’ai trouvé pour parler du monde qui m’entoure. Ainsi le téléfilm, Elle m’a sauvée, qui entrecroise les histoires vraies de Julie Douib (le personnage de Laura - nda), abattue par arme à feu et celle de Laura Rapp, laissée pour morte par son compagnon. La mort de Julie sera le déclic pour Laura qui va utiliser les réseaux sociaux pour se faire entendre, et c’est l’embrassement. Ce téléfilm fort dans lequel joue également Lio, dénonce les violences faites aux femmes. Il faut raconter l’histoire des féminicides pour sensibiliser un maximum de gens aux violences dont les femmes sont victimes.
Êtes-vous désormais bankable ? Oh non, pas encore. Je tourne beaucoup, mais je pourrais travailler davantage si de belles propositions venaient à moi.
Le cinéma préfère-t-il toujours les blondes ? Plus forcément aujourd’hui, malheureusement pour moi. Les blondes et l’homme blanc hétérosexuel de plus de 50 ans, n’ont plus le monopole. (Rire). La question de la diversité dans le cinéma a incité les productions à être le reflet de la société, et a notamment permis de donner plus de paroles aux femmes. Je m’en réjouis sincèrement.
LA COLLECTION
Duo d’art et d’élégance
C’est en couple que Florence Cools et Artur Tadevosian signent les créations raffinées de La Collection. Des modèles qui redéfinissent l’intemporalité et s’ancrent au croisement du vêtement et de l’expression artistique, forts d’influences architecturales et d’un savoir-faire artisanal.
WESOLYMOTS : BARBARA
Ensemble, vous avez lancé La Collection, en 2017, vos parcours respectifs vous destinaient-ils à la mode ? Florence : Ni Artur ni moi n’avons évolué dans cet univers. De mon côté, j’ai découvert toute petite l’art et le dessin. Je griffonnais sans cesse et pouvais passer des heures à esquisser des personnages. En grandissant, j’ai commencé à vouer une grande admiration à la mode. Mais, même si je retravaillais constamment les vêtements que j’achetais pour créer des pièces uniques, je n’imaginais pas d’avenir à cette passion. Et puis j’ai rencontré Artur et il m’a transmis la conviction que rien n’est impossible à accomplir et la
certitude d’être aux commandes de mon propre chemin. C’est ce qui m’a conduit à un cursus de technologie de la mode et puis vers ce métier.
Jusqu’à imaginer lancer votre propre label ? Artur : L’idée a germé comme ça, un jour, alors que nous roulions dans les rues de Paris. Nous avions à l’époque déjà lancé depuis plusieurs années Damoy, un concept store multimarques qui fonctionnait très bien. Mais il y avait cette frustration à devoir composer avec des tissus et un processus de fabrication qui ne correspondaient pas toujours à nos valeurs. Nous nous sommes
donc lancés, avec une étrange facilité. Du moins jusqu’à nous retrouver face aux impératifs techniques et réaliser que nous n’avions aucune expérience de création d’une marque. Deux ans ont alors été nécessaires pour sélectionner les meilleurs partenaires et perfectionner l’atelier. Notre recherche d’excellence n’a pas simplifié le processus, mais réaliser des compromis sur l’éthique et la qualité n’était pas une option.
Florence : Notre fonctionnement en duo est une force. Nous n’avons jamais eu besoin de définir des rôles clairs, ceux-ci s’expriment instinctivement, en
fonction de nos sensibilités. Je développe la vision artistique du label et Artur les aspects liés à la gestion d’entreprise. La marque est aussi née de la certitude que le système traditionnel, sa course constante à la productivité et sa demande perpétuelle de nouveauté, ne fonctionnait pas pour nous.
La Collection se définit comme un point de rencontre entre mode, art et architecture. Florence, ces trois domaines sont-ils vos moteurs lorsque vous façonnez vos modèles ? Définitivement. Les frontières qui les séparent sont pour moi extrêmement fines et poreuses. Je préfère d’ailleurs m’éloigner des influences du stylisme pour puiser l’inspiration dans les musées et les expositions. C’est ce mélange qui donne son esthétique à La Collection, tout à la fois luxueuse et effortless, minimaliste et traditionnelle. Envisageant l’élégance comme un véritable art de vivre, une manière d’être.
Vous affirmez également que chaque pièce naît de la rencontre d’une histoire et d’un décor. Quels lieux et éléments font office de références pour vous ? Le beau, dans sa globalité. Lorsque je me lance dans un processus de création, je marche dans la ville, afin d’en prendre le pouls et la culture. Vivre entre Anvers et Paris offre un merveilleux patchwork d’inspirations. Mais le voyage, en général est un moteur, qu’il soit géographique ou artistique. Un petit café du sud de la France comme les nuances d’un tableau d’Antoni Tàpies. C’est ce qui amène chacune de nos pièces à posséder une histoire et à être pensée au-delà de toute étiquette.
L’Appartement, inauguré à Paris fin 2023, Paris s’inscrit-il dans cette continuité ? Artur : Cela faisait plusieurs années que nous rêvions d’un espace où l’on pourrait venir découvrir les modèles de la Collection mais aussi l’âme qui l’habite. Pas une boutique, mais un lieu de vie, dont chaque aspect,
mobilier, décoration, jusqu’à la tasse dans laquelle on vous sert un café, refléterait nos goûts et raconterait notre passion. Et qui n’aurait rien d’un endroit réservé aux VIP, mais au contraire chaleureux, convivial et ouvert. D’abord imaginé comme temporaire, l’Appartement devient aujourd’hui permanent, pour notre plus grand bonheur.
Autre lancement majeur, celui, début février, d’une gamme de bijoux. D’où venait cette envie ? Florence : Je n’avais pas d’attrait particulier pour la joaillerie, jusqu’à ce que la maman d’Artur me fasse don d’une bague, qu’elle avait reçue de son époux, le père d’Artur. Ce geste signifiait pour elle : tu es importante et désormais liée à notre famille. J’ai trouvé cette symbolique tellement belle que depuis, elle ne quitte plus mon doigt. Et en cours de route, ce
petit morceau d’or au magnifique éclat est devenu une source d’inspiration. C’est de là qu’a grandi l’envie de concevoir une collection de bijoux, dont les pièces seront destinées à perdurer et à se transmettre au fil de l’amour et des générations. Et qui ne fera que s’étoffer avec le temps.
Jusqu’où souhaiteriez-vous amener La Collection à grandir ? Artur : Nous cherchons à installer de nouveaux Appartements à Anvers, Bruxelles ainsi que Londres et New York. Mais aussi et avant tout à avoir un impact réel sur l’industrie de la mode. C’est rêver très grand mais avec cette certitude, toujours, que rien n’est impossible.
RENATA STINGLHAMBER
Uniques et précieux bijoux
Renata Stinglhamber est l’une des joaillières les plus réputées du Royaume. Depuis plus de 25 ans, la magie des pierres précieuses, l’harmonie des courbes, la lumière des ors n’ont plus de secret pour elle.
Dans son écrin bruxellois, des merveilles voient le jour, certaines prennent vie entre ses mains d’autres sont retravaillées au goût du jour.
Un savoir-faire d’exception.
MOTS : OLIVIA ROKS
PHOTO : LUK VAN DER PLAETSE
Cela fait plus de 25 ans que vous évoluez dans l’univers de la joaillerie, quel est votre parcours ? Depuis toute jeune je savais ce que je voulais faire. Je coupais, je sciais, je faisais des bracelets que je vendais. Après un cursus classique, j’ai fait quatre années d’études de création de bijoux à Anvers et j’ai terminé par une cinquième année à Londres au Saint Martins College Art & Design. Une année de bijoux expérimentaux, conceptuels, de vraies œuvres d’art. De retour en Belgique, j’ai fait le tour des belles bijouteries bruxelloises, il n’y en a pas
beaucoup... Du haut de mes 24 ans, je me suis retrouvée chez Wolfers à côtoyer la Reine. J’ai fréquenté l’aristocratie belge et surtout eu accès aux somptueux bijoux anciens, spécialité de Wolfers. J’y suis restée 12 ans, ensuite la bijouterie s’est fait racheter par des Chinois et j’ai poursuivi mon aventure chez Leysen, autre bijouterie d’exception. Je retrouvais une ambiance familiale mais aussi un autre public : la bourgeoisie avec un haut pouvoir d’achat. Plus de bijoux anciens, mais de gros projets, des créations d’exception que je gérais de A à Z.
Ensuite, vous vous êtes lancée à votre propre compte... Oui, la maison Leysen s’est aussi fait racheter par des Chinois. Pendant le Covid, après la perte de mon compagnon qui m’a toujours soutenue, je me suis rendu compte que la vie ne tenait qu’à un fil. Depuis plusieurs années, j’avais développé une petite clientèle sur le côté en toute transparence. J’ai alors sauté le pas, poursuivi mon rêve et je me suis lancée à mon compte. Aujourd’hui, depuis deux ans, je travaille uniquement pour ma marque. Je n’ai pas désiré ouvrir une boutique car j’aime
justement recevoir chez moi, dans un cocon, un écrin confidentiel, intime, où on se sent à l’aise, où j’accueille sur rendez-vous, où l’on prend son temps. Il ne faut pas oublier que l’humain est au centre de mes créations.
Quelle est votre force face à d’autres joailliers ? Mon atout reste ma formation très complète. J’ai appris à dessiner le bijou, le réaliser et rechercher la pierre adéquate. J’ai la capacité, les connaissances pour tout faire même si je ne le fais pas systématiquement. Ce que j’aime c’est comprendre ce que le client souhaite, chercher les pierres et ensuite réaliser le dessin. Je laisse enfin quelqu’un confectionner le bijou, sous ma supervision, toujours en Belgique. J’ai aussi cette force de bien déceler le style de la personne. C’est important quand on souhaite faire un cadeau et surprendre la personne qu’on aime. On me montre souvent une photo de la main mais j’ai besoin d’analyser son style, son métier, son âge, sa manière de se vêtir, et je me suis rarement trompée !
Comment décririez-vous vos créations ? Il y a ce que moi j’aime et ce que le client aime. Je crée pour moi, pour proposer des modèles à la vente, mais je crée aussi pour le client, selon ses demandes, un bijou sur mesure. Le sur-mesure est la plus grande partie de mon travail. Je m’oriente principalement vers deux styles distincts, bien que j’aime beaucoup de choses... J’adore les couleurs, les pierres, des pierres plutôt rares qui sortent de l’ordinaire. Je réalise par exemple des bagues dites bouquets, composées de plusieurs pierres de couleurs différentes. Ce genre de créations s’axe principalement
autour de la pierre et de son originalité. Mon autre dada, c’est l’art déco, j’affectionne ce côté sobre aux lignes très claires. Naissent alors des bijoux plus architecturaux.
Et l’un de vos autres talents, c’est redonner vie à des bijoux anciens... Oui. C’est très en vogue, c’est en quelque sorte de l’upcycling ! Soit j’achète des bijoux en salle de ventes et je leur redonne une nouvelle vie, soit j’accompagne mes clients pour réaliser cette même démarche. Par exemple, une broche de votre grand-mère trop vieillotte pour vous ? Je la transforme et la revisite au goût du jour en en faisant des boucles d’oreille.
Fascinée par les pierres, quelle est votre préférence ? Il y en a une que je rêverais d’avoir moi-même mais les prix sont colossaux, c’est le diamant rose, un rose pâle délicat. J’adore également la tsavorite, un grenat vert, très intense. Je propose cette pierre parfois à la place de l’émeraude, très connue.
Un rêve en tant que joaillière ? Bien sûr, j’adorerais voir une star porter une de mes parures sur le tapis rouge. Une femme élégante avec du caractère qui portera à merveille le bijou comme Claudia Cardinale ou Monica Bellucci. Mais mon plus beau cadeau, c’est tout simplement la confiance des clients, j’adore quand on me donne carte blanche.
PUGGY
« Nous avons poussé le curseur plus loin, bien au-delà de nos acquis… »
Pour écouter Radio Kitchen, leur nouvel EP, il nous aura fallu patienter sept ans. Matthew Irons, Romain Descampe et Egil ‘Ziggy’ Franzen n’ont pas chômé pour autant. Au menu de cette rencontre : leur nouvel opus évidemment, mais aussi leur studio d’enregistrement, lieu d’échanges avec d’autres artistes, et la confirmation de nombreux concerts et festivals où les voir cet été ...
MOTS : SERVANE CALMANT PHOTO : VICTOR PATTYN
Sept ans entre deux albums. Elle fut longue l’attente. Pourtant, vous n’avez pas cessé de turbiner… Matthew. Exactement. Le nom de Puggy était moins présent dans les médias, mais nous n’avons jamais arrêté de composer pour le groupe. Parallèlement, nous avons saisi d’autres opportunités artistiques : nous avons composé quatre musiques de films (notamment Bigfoot Family du Liégeois Ben Stassen - nda), moi j’ai participé à une émission de télé (coach à The Voice Belgique et The Voice Kids - nda), Romain et Ziggy se sont occupés de la production d’artistes belges, nous avons également coécrit pour d’autres et nous avons acquis et investi, à nous trois, notre propre studio et créé notre propre maison de disque…
Je lance un pavé dans la mare : Puggy, sous la forme du trio, aurait-il pu ne jamais revenir au devant de la scène ? Romain. Oh non. Nous nous voyons tous les jours, dans notre nouveau studio. Nous avons diversifié nos activités certes, mais le besoin de remonter sur scène s’est fait ressentir petit à petit ... D’où ce nouveau EP et ce retour en force.
Pensez-vous parfois que c’était mieux avant ? Romain. Jamais. (rire) Sincèrement, nous préférons aller de l’avant. Nous sommes des curieux, toujours tentés par de nouvelles expériences. Sur ce Radio Kitchen, nous avons poussé le curseur plus loin, bien au-delà de nos acquis, en exploitant la liberté créative que nous offre ce nouveau studio d’enregistrement.
Radio Kitchen, c’est le nom de votre EP, de votre label et de ce studio d’enregistrement dont la cuisine, une véritable cuisine avec casseroles, machine à laver et frigo, est devenu le centre
névralgique. Cet endroit, vous l’avez pensé comme un lieu de vie ? Ziggy. Pas forcément. Au début, nous cherchions un endroit où répéter et poser tout le matériel du live. Mais petit à petit, la cuisine qui servait tout naturellement d’endroit où luncher entre nous, a pris une autre dimension. C’est devenu un terrain de jeu créatif où entre le frigo et la machine à café, nous créons de nouveaux morceaux et enregistrons de manière décomplexée, indépendante et forcément spontanée.
Ce studio, c’est un labo inclusif… Romain. Oui et non. Ce n’est pas un studio d’enregistrement classique disponible à la location, nous ne sommes pas des ingénieurs du son. Je préfère le définir comme un laboratoire qui accueille également des collaborations entre Puggy et d’autres artistes.
Les Puggy plus indépendants que jamais ? Romain. Oui, en créant notre propre label, nous nous sommes offert beaucoup de liberté. Mais cela exige de savoir prendre du recul, pour ne pas nous précipiter et sortir n’importe quel morceau dans le feu de la spontanéité. Par chance, nous sommes bien entourés !
Parlons de vos collaborations. Vous avez travaillé avec Angèle, Noé Preszow, Charles, Alice on the Roof, Yseult. Que vous a-t-elle apporté cette nouvelle génération d’artistes ? Matthew. Ils nous ont apporté leur connaissance des nouvelles technologies, des nouveaux modes de communication. Une connaissance intuitive, naturelle, puisqu’ils ont grandi avec internet et les réseaux sociaux. Cette génération « Do It Yourself » a beaucoup à nous apprendre car le métier d’artiste implique désormais d’utiliser de la technologie, d’intégrer les nouveaux
codes de la diffusion musicale, de se diversifier. Chez les plus jeunes, cette orientation est quasi innée…
Quand Puggy n’écoute pas Puggy, qu’écoute chaque membre du groupe ? Matthew. Mais Puggy n’écoute jamais Puggy. (Rire). La scène musicale belge est très active et très éclectique. Nous aimons beaucoup Stromae, Angèle, Noé Preszow, Illiona, Charles, Rori… Ils sont tous incroyables.
On l’a dit, entre ce nouvel EP et les précédents albums de Puggy, de l’eau a coulé sous les ponts. Pourtant, la fraîcheur de votre pop est restée intacte. Comment conserve-t-on cet éclat, tout en prenant de la bouteille ? Matthew. Tout musicien reste en contact avec sa part d’enfance. Ensuite, la curiosité, l’envie d’apprendre, l’ouverture aux autres et au monde influencent forcément la capacité d’observation et de créativité du groupe et nous stimulent à aller de l’avant.
Je devine que vous avez hâte de remonter sur scène … Romain. Oui, c’est la principale raison de ce EP : retrouver le public pour revivre des moments de partage avec, notamment, ces nouveaux titres. Le studio est plus studieux ; la scène, en revanche, c’est la folie, le lâcher-prise, la liberté, les rencontres, les voyages. Oui, le live nous a manqué.
A voir : Forest National, Dour Festival, Francofolies de Spa, Les Solidarités à Namur, AB Bruxelles …
NOÉ PRESZOW
« Je partage cette pensée du philosophe Benjamin Fondane : la poésie cherche des amis, non du public »
Après « À nous », soldé par une nomination aux Victoires de la Musique, le Bruxellois Noé Preszow, 29 ans, nous revient avec [prèchof], treize titres de chanson française batailleuse à l’énergie sincère. Rencontre.
MOTS : SERVANE CALMANT PHOTO : VICTOR PATTYN
Votre premier album, « À nous » vous a amené loin en termes de reconnaissance, notamment aux Victoires de la Musique. Un deuxième album, est-ce plus facile ou au contraire, plus stressant, plus pressant, qu’un premier ? Chaque chanson, c’est une première fois. Depuis que j’ai 13 ans, je ressens cette même urgence d’écrire, de composer. Le plus compliqué reste d’agencer les titres car j’ai toujours trop de matière ! Alors, à la manière d’un cinéaste, j’écoute les rushes avant de procéder au montage. Choisir telle chanson plutôt qu’une autre, alterner les rythmes, rapides, lents, sélectionner un titre guitare voix, et donner un sens à cet assemblage. Ce bout à bout est une phase que j’apprécie particulièrement.
À quel rythme écrivez-vous ? Je ne termine pas une chanson chaque jour mais je suis traversé au quotidien par des idées qui, à terme, peuvent déboucher sur des textes. Tous les jours également, j’allume mon micro, je prends ma guitare, je fais des démos, une maquette en amène une autre… Si j’ai un bout de texte, je le mets immédiatement en musique, puis d’autres mots et d’autres rythmes se font échos, avec toujours pour objectif d’enregistrer rapidement une nouvelle chanson.
En studio, vous avez retrouvé Romain Descampe et Ziggy Franzen, de Puggy. On ne change pas une équipe qui gagne. Exactement. J’ai également travaillé avec Ambroise Willaume qu’on connaît également sous le nom de Sage, et qui a notamment écrit pour Clara Luciani. Nous avons composé ensemble plusieurs chansons de ce nouvel album. Ensuite, je suis « retourné à la maison », comme dit Romain Descampe, dans le studio de Puggy, pour profiter de leurs propositions harmoniques. Je leur ai
demandé de jouer comme s’ils avaient toujours 17 ans dans leur chambre d’ado. Et j’ai ressenti de manière très intense leur créativité. Romain et Ziggy sont d’une rare générosité dans le travail.
Lors de notre première rencontre, vous aviez insisté sur l’importance pour vous de marier les mots et les sons et vous aviez fait la moue quand je vous cataloguais de chanteur à texte. Mais, Noé, si je vous qualifie de chanteur engagé, vous n’allez quand même pas me contredire ! (Rire). Je suis d’accord ! Bob Dylan, Léonard Cohen, Hubert-Félix Thiéfaine, Brigitte Fontaine, Patti Smith, tous les artistes que j’affectionne questionnent le monde comme je le fais. Par chance, la musique n’est pas un discours plombant, c’est de l’énergie, de l’émotion, de la matière, des prises de positions donc de risques. C’est aussi et surtout une intention.
Votre public connaît-il les paroles de vos chansons ? Oui, j’ai la chance d’avoir un public qui partage mes valeurs. Le poète Benjamin Fondane a écrit : « La poésie cherche des amis, non du public ». Ces amis-là viennent à mes concerts. C’est très émouvant. En live, quand je joue « Le monde à l’envers » qui dénonce les violences policières, le public partage ma rage contenue, je le sens, je sens leur « fièvre vissée au poing » et leur besoin de « gueuler debout pour qu’enfin se retourne ce monde à l’envers ».
En tant qu’artiste engagé, êtes-vous le sujet de critiques sur les réseaux ? Jusqu’à présent non, et je ne suis pas pressé que cela change ! A l’évidence, je n’inspire pas la haine. Sur mon nouvel album, le titre « Juste devant » condamne la montée de l’extrême droite sans ambiguïté aucune. Pour
autant, je refuse de stigmatiser les gens qui votent extrême droite. Je préfère leur dire que j’ai entendu leur détresse mais que voter extrême droite n’est pas la solution. Je n’ai absolument pas peur de la confrontation.
Qui est la Charlotte à laquelle vous dédiez une chanson ? Je chante ce titre sur scène depuis la première tournée, avant même que sorte ce nouvel album. Très rapidement, le public s’est identifié au personnage de Charlotte. Est-ce pour autant une histoire d’amour ? Pas dans ma tête. Mais libre à chacun de percevoir cette chanson comme il l’entend. Pour ma part, Charlotte fait référence à tous ces gens qui partagent un moment de notre vie, durant l’adolescence notamment, et que l’on perd ensuite de vue.
Ce nouvel album porte votre nom, [prèchof] en phonétique. Un nom de famille pour témoigner de vos origines diverses (moldave, grecque, polonaise) et vous affirmer ? Oui. Lors du premier album, j’étais un peu timide par rapport à mes origines. Je ne souhaitais pas forcément en parler. Aujourd’hui, je veux témoigner des traumas que le déracinement engendre et dénoncer la haine de l’autre, en toute lucidité, sans aspect moralisateur pour autant.
Que représente la musique pour vous ? J’ai besoin de musique pour continuer à avancer, à créer, à exprimer mes révoltes et mes espoirs. Pour rien lâcher. C’est vital.
En live, notamment : Cigale à Paris, Cirque Royal à Bruxelles, Francofolies de Spa, Les Solidarités à Namur.
LYLAC
Des rêves d’ailleurs pour mieux s’ancrer dans le présent
Depuis une dizaine d’années, l’auteur-compositeurinterprète bruxellois, Amaury Massion, parcourt des contrées lointaines, sa guitare sur le dos, l’esprit ouvert aux rencontres. Sous la bannière Lylac, il chante ses rêves d’ailleurs sur « The Holy And The Free », un cinquième album de folk indie à la sensibilité désarmante. Rencontre avec un quadra attachant au parcours éclectique.
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTO : LINCOLN PARADOX PHOTOGRAPHYComment êtes-vous tombé dans le chaudron de la musique ? Chorale dès 12 ans, puis le Conservatoire où j’ai suivi deux cursus différents, jazz et composition classique. Mais je suis un enfant du rock, j’ai eu deux groupes, My TV is Dead et Attica, avant d’entamer le projet solo de Lylac.
Lylac chante de la pop folk nomade. Le voyage forme l’artiste ? Et comment ! Le voyage s’oppose à l’ethnocentrisme. Il est source de découvertes, de rencontres, d’échanges, il enrichit l’homme et lui permet également, à terme, de mieux se connaître.
La guitare sur le dos, pour gagner le cœur des gens ? En quelque sorte. En 2012, je suis parti plusieurs mois en Asie du Sud-Est, Thaïlande, Cambodge, Laos, avec ma guitare sur le dos, en mode backpacker. J’ai assisté au fin fond du
Cambodge, près du fleuve Mékong, à une course de pirogues pour la Fête de l’eau. J’ai été invité à me joindre aux villageois pour baptiser les bateaux. Ils ont allumé des feux. J’ai pris ma guitare et j’ai chanté des morceaux que je venais juste de composer. Cette rencontre fut pour moi un déclic. Une voix, une guitare, sans filtre, en toute sobriété, cela suffit pour communiquer et aller vers l’autre, même quand on ne parle pas la même langue. Et j’ai monté le projet Lylac.
Lylac ? Une référence à « Lilac Wine » de Nina Simone, the Queen (rire). Cette chanson évoque un amour doux et amer à la fois. Un peu comme ma musique qui s’apparente à une caresse, mais dont les textes ne sont jamais naïfs. J’aime cette contradiction.
« Out in the wild » et « The Spirits of the wild », deux titres de votre nouvel
opus font référence à la vie sauvage. Que vous inspire-t-elle ? Le paradis est sur terre. Cela peut paraître cliché à dire, mais j’en suis convaincu. La Terre est un petit bijou que l’on malmène. Chacun de mes albums s’apparente à un carnet de voyage. Celui-ci exalte le retour et la reconnexion à la nature sauvage, à la terre des anciens. Il m’a été inspiré par un voyage dans la province cambodgienne du Mondolkiri au sud-est, à la rencontre des Buongs, une tribu animiste qui vit en symbiose avec la nature sauvage dont ils sont totalement tributaires. C’est une leçon de vie pour « Les Animaux dénaturés » (référence à un roman de Vercors - nda) que nous sommes devenus.
Vous êtes en quête de déconnection. Pour autant, vous vivez à Bruxelles… Je suis un homme de paradoxes. (Rire). J’habite en effet Ixelles, à deux pas du
quartier Matongé, où j’ai mon propre studio d’enregistrement. C’est un quartier vivant, sa multiculturalité me stimule énormément. Mais j’ai également besoin de voyager pour nourrir mes compositions, pour me charger en énergie des lieux que je visite et des rencontres qui rythment mes périples. Par exemple, « Buffalo Spirit », mon troisième album, a été composé après un voyage exceptionnel dans l’Ouest américain. Cela dit, le voyage est avant tout un état d’esprit, la micro-aventure est parfois au coin de la rue.
Le titre « California Heaven » s’aventure dans les collines de Los Angeles, à la recherche du mythe ultime : l’âge d’or du Laurel Canyon qui a notamment vu défiler Neil Young, Jim Morrison, les Mamas And The Papas. Etes-vous passéiste ? Je n’espère pas forcément un retour à la vie d’avant.
Mais j’aime analyser des éléments du passé pour mieux m’ancrer dans le présent.
Qui accompagne Lylac sur scène ? Merryl Havard, une violoncelliste virtuose, Jérôme Van den Bril à la guitare et Didier Van Uytvanck à la batterie. Sur mes précédents albums, j’ai invité Joachim Lacrosse, joueur de sitar indien, Carlo Strazzante, percussionniste, … J’ai joué avec plein d’artistes, au gré de mes envies. Et comme j’ai des goûts éclectiques, mon public s’avère relativement varié.
Eclectisme encore puisqu’après ce cinquième album, une tournée de concerts en 2024, vous remontez sur la scène de la Monnaie en 2025 pour le rôle-phare du dernier volet d’un pop-requiem … C’est le compositeur belge Jean-Luc Fafchamps qui est venu
me chercher, après avoir vu un de mes concerts. Il a monté l’opéra « Is this The End ? », un projet ambitieux qui interroge les états de conscience entre la vie et la mort et qui prend la forme d’un triptyque. Sur la scène de la Monnaie : trois solistes, deux chanteuses lyriques et moi, un chanteur populaire. Les deux premiers volets ont été présentés respectivement en 2020 (en pleine pandémie, sous la forme d’un film vidéo - ndr) et 2022. Le dernier volet sera centré sur l’Homme, mon personnage, et présenté en 2025. Je chante avec un orchestre symphonique et un chœur de vingt personnes ! Une expérience extraordinaire.
En live : Fête de la Musique à Namur, Piano-bar à La Spirale à Natoye, Les Francofolies de Spa. La Monnaie pour un pop-requiem en 2025.
NICOLAS LACROIX
Humoriste humaniste 2.0
Alors qu’on déprimait durant la pandémie, Nicolas Lacroix, alias Nico en vrai, ne cessait de nous divertir et de nous faire rire via ses réseaux sociaux qui comptent désormais des millions d’abonnés.
Ce jeune Namurois a concrétisé son rêve : faire rire et en vivre. Actuellement, il sillonne le Belgique et la France pour son spectacle « Nicolas trop gentil ». Une merveilleuse success-story.
MOTS : OLIVIA ROKS PHOTO : ROMAIN GARCAINNico en vrai nous fait rire sans répit, mais du haut de vos 27 ans, qui est Nicolas Lacroix ? C’est quelqu’un qui a toujours aimé faire rire les gens. Je puise mon énergie là-dedans. J’adore aussi rendre service. J’aime rendre la personne heureuse et si elle est heureuse, je le suis également. Si il y existait un génie, je ferais le vœu de ne jamais être fatigué de tout cela et faire plaisir à tout le monde. Je me rends compte que faire rire est une arme, c’est d’ailleurs la seule que j’aie. Avant l’humour, j’ai fait des études d’infographie mais en parallèle je faisais partie de la ligue d’impro, j’ai également fait un petit conservatoire dans la région de Ciney, des stages... Le graphisme m’a amené à travailler avec les frères Taloche durant près de cinq ans. J’ai effectué à leurs côtés d’autres missions comme de la production, de la promotion, etc. J’ai commencé un peu à toucher à tout... Je connais donc la scène mais tout aussi bien l’envers du décor.
L’humour, j’ai entendu dire que vous l’aviez déjà très jeune... Saviez-vous déjà ce que vous vouliez faire plus tard ? Oui, vers 6 ans, je savais déjà que je voulais faire cela de ma vie. Tout a commencé en classe, les vendredis après-midi je pouvais faire des sketchs au tableau devant la classe. Des sketchs de François Pirette. Pourtant, j’étais un enfant timide et je le suis encore. Et quand il y avait une mauvaise ambiance, je cherchais à faire rire pour désamorcer cette négativité, très souvent j’y arrivais. C’est important pour moi que tout le monde se sente bien.
Tout a commencé pendant la pandémie Covid et le confinement... J’avais envie de faire de la scène mais
je trouvais ça délicat de me lancer sur un coup de tête. Le confinement était là et je me suis dit que c’était l’occasion d’essayer de faire rire à distance. J’ai posté une vidéo sur TikTok car peu de monde utilisait ce réseau, surtout dans mes connaissances. Personne ne me connaissait et ça m’arrangeait. Si ça fonctionnait tant mieux, si pas, tant pis personne ne le saurait. Cette vidéo a fait 60000 vues. Une vidéo basique avec un filtre d’enfant où je faisais Claude François dans le « Téléphone pleure ». Et de fil en aiguille ma communauté s’est agrandie et les capsules ont eu de plus en plus de succès.
Et aujourd’hui, après avoir enflammé les réseaux sociaux, vous nous livrez un premier one-man show « Nicolas trop gentil », à quoi peut-on s’attendre ? Si vous êtes trop gentil, vous allez vous reconnaître ! Autant faire une thérapie tous ensemble (rires). Je parle de ce qu’il m’arrive dans la vie de tous les jours, des situations farfelues dans lesquelles je me trouve car je ne sais pas dire non. J’aime aussi parler de la jeunesse d’aujourd’hui et des générations passées. J’assume mon côté un peu vieux jeu façon « c’était mieux avant ». Un jeune homme finalement un peu nostalgique dans un monde trop rapide. C’est un spectacle d’1h30 où je suis en stand-up mais j’incarne également parfois des personnages. Je parcours la Belgique et la France dans les deux années à venir. Et cet été, je serai au Festival d’Avignon !
Vous êtes vraiment trop gentil ? Il paraît. C’est Guillaume (ndlr : GuiHome vous détend, autre jeune humoriste belge) avec qui j’ai écrit le spectacle qui me disait que ma vie était
un vaudeville, que j’étais trop gentil... Le titre du spectacle se trouvait sous nos yeux. Guillaume est devenu un véritable ami, il est le producteur de mon spectacle, on a tout mis en place ensemble.
Comment décririez-vous votre style d’humour, vos sketchs ? Je dirais que c’est un peu potache mais bien vendu ! Un peu old school me dit-on parfois. L’air de rien j’en dis beaucoup sur le monde actuel, sur la nouvelle génération. Je souhaite sortir les gens de leur quotidien, c’est si difficile aujourd’hui ! Avec ce spectacle, je remarque que j’attire d’ailleurs aussi bien les jeunes que les plus âgés, c’est chouette !
Un humoriste que vous aimez particulièrement ? Virginie Hocq ! Je suis tombé amoureux artistiquement. Cela fait douze ans que je la suis un peu partout. Je l’adore, elle a un pouvoir comique énorme, c’est une bulle de fraîcheur, un vrai talent. Ses personnages, les situations dans lesquelles elle les met, tout me plaît !
Une question que l’on doit vous poser souvent : peut-on rire de tout ? Je dirais non, mais c’est dommage, j’aimerais bien. Je pense qu’on ne peut pas rire de tout sur les réseaux sociaux par contre bien sur scène. Sur scène, on vient pour moi, le spectateur se déplace, on connaît mon humour, mon
univers. Or, sur les réseaux, souvent on n’a pas choisi de voir ma tête. C’est pour ça que parfois, dans mes vidéos, je ne parle pas, je fais mon sketch avec des gestes ou un montage vidéo.
Comment voyez-vous l’avenir ? Des nouveautés, des rêves ? Mon rêve, il est là, il est en train de se produire. J’ai adoré participer à deux courts-métrages, donc un jour, pourquoi ne pas faire du cinéma, mais ce n’est pas ma priorité. Mais quitte à choisir, pourquoi pas un film de Philippe Lacheau, j’adore !
www.nicolaslacroix.be
CAUSERIE LITTERAIRE 3
Le printemps des auteurs et autrices belges. Rencontres.
BARBARA ABEL
« Comment aurais-je réagi à la place du personnage ? »
La reine du polar belge excelle dans l’art de mettre en scène des gens ordinaires dont le destin bascule. « Comme si de rien n’était », son nouveau roman, le 15 e , interroge une famille sans histoire, contrainte d’affronter les conséquences d’un mensonge. À la lecture de ce seul pitch, on sent poindre le drame domestique. Il sera implacable, funeste, pur et dur, comme toujours chez Barbara Abel qui s’amuse à entortiller le lecteur ...
Choisir des héros ordinaires permet aux lecteurs de s’identifier facilement aux personnages … Est-ce là une des clés de votre succès ? Effectivement. Lors des séances de dédicaces de mes romans, les lecteurs m’avouent être affectés émotionnellement par mes personnages, parce qu’ils ont le sentiment de les connaître, de les comprendre. Et souvent, ils s’interrogent : « comment aurais-je réagi à la place de tel ou tel protagoniste ? » Quand j’écris, c’est la question que je me pose également.
Comment un homme sans histoire peutil se transformer en bête sanguinaire ? Cette question, vous la posez régulièrement aux lecteurs. Mais vous, Barbara, avez-vous trouvé la réponse ? Non. (rire). Je reste fascinée par les faits divers qui se passent près de chez nous. A quel moment un être humain, mon voisin, ce monsieur, cette madame Tout-le-monde que je croise chaque matin, que je salue, bascule-t-il/elle dans l’horreur ? J’aime travailler des personnages complexes, qui cachent des secrets enfouis et renferment une part d’ombre.
Votre source d’inspiration, ce sont donc les faits divers ? Non. Seul mon roman « Et les vivants autour » est inspiré d’un fait divers survenu aux Etats-Unis. Quand je me mets en quête d’une idée de livre, je lis effectivement des faits divers mais le plus souvent, ils s’avèrent d’une affligeante banalité. Et je dois bien admettre qu’il n’ y a pas là matière à roman. Pour rédiger une fiction palpitante, il faut pousser le curseur plus loin : croiser des gens ordinaires certes, mais avec des événements tragiques et néanmoins connectés à la réalité.
L’homme est-il un loup pour l’homme, par nature ? Je mets en scène les failles de l’être humain et je n’écris pas du « feel good », voilà deux certitudes. Pour autant, je dois vous avouer que j’ai rarement rencontré des gens méchants, vraiment méchants. En revanche, j’ai croisé des cons. La bêtise est peut-être pire que la méchanceté !
Dans « Comme si de rien n’était », il est question de mensonge, de manipulation, de femme sous influence… Si Barbara Abel n’avait pas été romancière, aurait-elle pu devenir psychologue ? La psychologie est une discipline qui me plaît beaucoup et, par chance, j’ai moi-même trouvé un bon équilibre psychologique qui me permet d’être solide par rapport aux épreuves de la vie. Mais aurais-je pu en faire un métier ? Sincèrement, je ne sais pas.
Votre personnage apprend sur le tard qu’il est père. Mais… La solitude affective est également au cœur de votre nouveau roman. Cette solitude, elle va en effet dévorer le protagoniste de chapitre en chapitre, jusqu’à le pousser à revendiquer sa place, à s’imposer aux côtés d’un enfant qui a déjà une famille. La solitude est une maladie sociale. Dans nos sociétés hyper connectées, on se rapproche de ceux qui sont loin et on s’éloigne de ceux qui nous sont proches.
Votre premier livre s’intitulait « L’instinct maternel ». Cette fois, il est question d’instinct paternel … À la lecture des 150 premières pages, mon éditrice me dit en riant : on va appeler ton nouveau roman « L’instinct paternel ». J’avais envie d’abandonner la maternité, qui est un thème récurrent chez moi, pour montrer le parcours semé d’embûches d’un homme qui entreprend la reconnaissance d’un enfant qui a déjà une filiation établie…
Vous excellez une fois de plus dans le jeu des fausses pistes, des cartes brouillées, des rebondissements avec, en bonus, un prologue et un épilogue en forme de pirouettes narratives. Comment met-on au point pareil mécanisme ? Si seulement je connaissais la recette (rire). Dans ce nouveau roman par exemple, prologue et épilogue sont arrivés en fin de récit. Chaque histoire, c’est une nouvelle aventure où il faut travailler l’intensité, trouver la pirouette finale, boucler la boucle.
Un 15e roman se rédige-t-il plus facilement qu’un premier ? Au contraire, c’est de plus en plus difficile ! À chaque roman,
Comme si de rien n’était de Barbara Abel, Editions Récamier à paraître le 11 avril.
je me dois d’être originale, de surprendre le lecteur avec des trouvailles narratives et scénaristiques. Chaque roman est un nouveau défi.
Vous êtes romancière et scénariste. Laura Sepul (en cover du Be Perfect) a notamment joué dans Attraction, mini-série télévisée belge que vous avez scénarisée avec Sophia Perlé. Roman vs scénario : le travail d’écriture est-il différent ? Radicalement même. L’écrire scénaristique est factuelle, elle décrit l’action, les personnages, le décor ; l’écriture romanesque implique de communiquer des émotions aux lecteurs. Ecrire un roman est également un travail solitaire, alors que la série « Attraction » a été nourrie de nombreux échanges et brainstormings entre moi et la scénariste Sophia Perié.
Plusieurs de vos romans ont été adaptés à la TV ou au cinéma. C’est le cas de « Derrière la haine », adapté par le Belge Olivier Masset-Depasse (Duelles) qui s’offre également une version hollywoodienne, « Mothers’ Instinct ». Y a-t-il une date à annoncer ? Des personnages qui sortent de ma tête vont être interprétés par Jessica Chastain et Anne Hathaway, c’est formidable ! J’ai vu « Mothers’ Intinct » il y a un an et depuis j’attends, comme vous, sa date de sortie en Belgique, annoncée pour 2024.
SOPHIE WOUTERS VIBRE À L’INSTINCT
Après Célestine, un premier ouvrage bouleversant sur fond de dramatique affaire judiciaire, Sophie Wouters dresse le portrait croisé de deux familles antinomiques mais au destin partagé, de même que celui de toute une époque.
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : JOHANNA DE TESSIÈRES
Pendant plus de vingt ans, vous avez raconté l’humain via l’art et la peinture. Ce travail d’écriture, entrepris avec Célestine en est-il le prolongement ? Ou un nouveau chapitre ?
Mes peintures et collages ont en effet longtemps abordé l’individu et l’intemporalité des sentiments. Je m’y livrais également beaucoup. Mais juste avant de débuter l’écriture, je suis passée durant une année, par une phase d’abstraction. Je pense que j’avais besoin de me libérer de ces influences pour entamer un vrai recommencement.
J’avais été au bout d’un processus et je ressentais le désir de m’exprimer autrement. La toile laisse une vaste place à l’interprétation, là où l’écriture est intrépide, audacieuse tant elle nous révèle. Même si un jour, un scénariste m’a affirmé que chacun de mes tableaux pourrait être une couverture de roman. Et aujourd’hui sa réflexion prend tout son sens.
Après avoir établi votre premier ouvrage dans un village de la France profonde, Esprits de Famille raconte l’arrivée dans la grisaille belge d’une famille exilée de Sicile et le réapprentissage du quotidien. Entretenezvous un lien affectif avec l’île méditérannéenne ? Je n’ai en réalité jamais été en Sicile, mais elle m’est venue naturellement. Viscéralement. L’écriture passe pour moi par un processus très mystérieux. Des idées de romans, j’en ai eu des dizaines. Quand certains comptent les moutons pour s’endormir, je commence des histoires, tout en sachant que je ne passerai pas à
l’acte et que je ne les écrirai sans doute jamais. Et puis il y a celles qui s’imposent à moi et que je ne m’explique pas. Un matin, je me suis assise devant mon ordinateur et j’ai formé sur mon clavier les mots “Antonia est morte! Antonia est morte!”, les premières phrases de ce qui est devenu Esprits de famille. Et rapidement tout m’a mené du début à la chute. Il en avait été de même pour Célestine. Je ne suis pas mystique, mais je me suis sentie guidée, instinctivement. Quant à la Sicile, elle m’évoquait la convivialité, les liens familiaux fusionnels et chaleureux, propres à mes personnages.
La famille y est en effet au coeur de l’intrigue. Ce socle qui nous construit ou au contraire nous brise. C’est le principe d’Anna Karénine. “Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon.” J’adore cette phrase. Elle raconte ce sujet si universel. Et ce livre en évoque les deux pendants. La tendresse qui guérit le déracinement et la jalousie qui consume et submerge le rapport aux autres, y compris à ses proches.
Les années 60-70 sont un lieu commun à vos deux ouvrages. Pourquoi avoir choisi de situer vos histoires à cette époque ? C’est une période que j’adore et que je trouve incroyablement photogénique. Et puis c’est celle de mon enfance. Je suis née dans un univers très machiste. Pour l’un comme pour l’autre, c’était dès lors la possibilité d’évoquer une époque où les droits des femmes étaient quasi
Esprits de famille de Sophie Wouters, éditions Hervé Chopin
inexistants, ce qui a façonné le destin de mes héroïnes. C’était aussi une évidence pour aborder l’immigration italienne en Belgique. Mais sans pour autant m’enfermer dans un carcan temporel. C’est pourquoi Esprits de famille se déroule entre 1969 et 1993.
Célestine a été largement encensé par la critique et complimenté, notamment par Amélie Nothomb qui affirmait vous devoir une nuit blanche, tant elle avait été bouleversée par votre texte. Si c’était une très belle consécration, a-t-elle compliqué l’écriture d’un second livre ? J’ai eu la chance d’entamer et de travailler à ce nouveau livre en parallèle à la promotion de Célestine. J’étais donc dans l’euphorie du moment, si heureuse qu’il trouve un écho auprès de la presse et des lecteurs. Cela m’a, d’une certaine façon, protégée de la peur. Alors que sort Esprits de famille, je ne sais s’il y aura un troisième, un quatrième ou un dixième roman sur ma route. Et cela me va, car c’est une part de l’authenticité de ma démarche. Je refuse toute forme de pression créative, tout comme il n’est pas question de me restreindre à une case. Je n’écrirai pas sur commande. Au-delà de l’écriture et des mots, mon adrénaline, c’est avant tout la création. Un besoin vital.
JÉRÉMIE CLAES
D’ombre et d’humanité
Enchevêtrant les époques, croisant les lieux et les identités, L’Horloger s’affirme comme un thriller étourdissant et singulier mais aussi telle une fresque nous plongeant dans les rouages du fanatisme. Un premier roman signé avec un talent et une précision d’orfèvre par Jérémie Claes.
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : PHILIPPE MATSASCe livre, votre premier, mûrissait-il depuis longtemps ? J’y cogitais depuis vingt ans. Les thématiques du nazisme et de l’extrémisme m’ont toujours touché et passionné. Au lycée, nous avions eu la chance de recevoir la visite d’anciens déportés. Leur témoignage m’avait profondément marqué. Mais c’est la campagne ayant précédé l’élection de Donald Trump en 2015, qui en aura véritablement été le déclencheur. J’y ai perçu un réel point de bascule de nos démocraties occidentales. Une montée en puissance de la haine et des théories conspirationnistes, qui depuis, ont infusé toutes les couches de la société, y compris en Europe exacerbant les préjugés, la peur et l’aveuglement. Dans des périodes de trouble comme celle que nous vivons aujourd’hui, l’on assiste toujours au même phénomène, où l’émotion irrationnelle prend le pas sur la tolérance.
D’où l’importance, pour moi, chacun à notre modeste mesure, d’apporter notre pièce à l’édifice du souvenir comme à l’éveil des consciences. C’était mon objectif avec L’Horloger.
Votre récit parcourt les chemins de Provence comme les paysages américains, passe par Bruxelles et même la Patagonie. Ces lieux racontaient-ils une part de votre histoire ? C’est ce qui est drôle. On parle d’un thriller international, qui se déroule sur plusieurs continents et qui pourtant contient une grande part d’intime. A deux points de vue particulièrement. Le premier, c’est un petit village de Provence, appelé Gourdon. Celui où ma grand-mère est née et où j’ai passé toutes mes vacances étant enfant et adolescent. J’ai des liens très fort avec ce lieu. Des racines même. J’y suis d’ailleurs retourné pendant l’écriture du livre, en me disant que
j’espérais modestement que les habitants le verraient comme une sorte de cadeau. Une déclaration d’amour à ses paysages. Le deuxième, ce sont les personnages. Par des aspects différents, je me retrouve en chacun d’entre eux. En Jacob Dreyfus, dont j’ai mis longtemps à admettre partager une part de l’obscurité, du côté torturé. Mais également en Bernard Solane, épicurien, bon vivant, féru de vin aussi, un rappel de mon ancien métier de caviste, pratiqué durant plus de 15 ans. C’est d’ailleurs grâce à cet emploi que j’ai découvert la Bodega Chacra à Neuquen, en Patagonie, que j’évoque dans le roman. Un lieu incroyable, possédant une vibration tellurique et dès lors parfait pour développer l’aspect plus mystique de cet ouvrage. J’aime explorer le côté immersif de l’écriture, l’imprégner d’odeurs, d’atmosphères palpables, habiter le récit de sensations.
Si Jacob Dreyfus en est le héros, c’est la force de vie et de mort qui en est sont au final les principaux protagonistes. Quel est votre rapport à cellesci ? Nous évoquions Trump, mais il y a aussi le contexte climatique, l’avenir de l’humanité dans sa globalité. Je ne le réalisais pas encore en écrivant ce livre, mais je suis désormais convaincu, plus que jamais, qu’à la noirceur il faut opposer une dose de lumière. Une forme d’émergence d’espoir. C’est le rôle que j’espère jouer aujourd’hui.
Profond, haletant, bouleversant, L’Horloger est aussi dur et même douloureux, brutal. Après un tel plongeon, avez-vous le sentiment d’en être ressorti le même ? Stephen King recommande d’écrire sur ce que l’on connaît viscéralement. Et je pense que c’est le meilleur conseil que l’on puisse donner. Cet ouvrage n’était pas
une forme de thérapie, mais certains éléments s’y sont inscrits naturellement. Des échos à ce que j’ai pu vivre. Je n’en suis donc pas sorti et je pense que je n’en sortirai sans doute jamais vraiment.
Ce travail d’écriture vous a-t-il plu au point de réitérer l’expérience? J’ai adoré cela. Cela a été un plaisir et au-delà, une forme d’évidence. Depuis l’âge de 12 ans, je rêvais d’être écrivain. Pour la première fois de mon existence, devant mon écran, je me sentais vraiment à ma place. Il n’y a pas de retour en arrière possible. D’ailleurs mon second roman est en voie de finition, en tout cas le premier jet de celui-ci. Il sera un peu plus local et son histoire totalement indépendante de celle de L’Horloger, même s’il marquera le retour de l’un ou l’autre des personnages. J’espère pouvoir le publier au printemps 2025.
VALENTINE DE LE COURT
“ Je suis composée d’écriture ”
C’est dans les allées d’un jardin à l’atmosphère ésotérique et ensorcelante que nous entraîne Valentine de le Court dans son 5e roman. Une exploration aux allures de quête initiatique, dont les créatures divines entre en résonnance avec notre humanité.
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : ANDRÉ-FRANÇOIS LOVINFOSSE“ Au Jardin des Immortels ”, votre nouvel ouvrage, est imprégné par la mythologie antique. Vous semblez captivée par l’idée d’explorer les failles de ces êtres divins. Cet univers me fascine. Depuis l’enfance, je suis passionnée par les religions et la mythologie gréco-romaine. Ces dieux antiques sont mes amis depuis plus de 30 ans. J’ai beaucoup de tendresse pour eux. Nos croyances monothéistes actuelles célèbrent un créateur angélique et bienveillant, à l’opposé finalement de notre humanité. Les figures divines de la mythologie ont-elles autant, si pas plus, d’imperfections que les humains. Cet aspect m’amuse beaucoup.
Elles donnent aussi le sentiment qu’immortalité rime avec ennui et vacuité. De votre côté, cette éternité serait-elle un fantasme ? Je crois à la vie après la mort. Être voué à cette fin me pose donc moins de problèmes. D’autant que je pense que la perpétuité conduirait à un grand ennui. Plus que l’éternité, c’est le contrôle que nous voudrions conserver. Ce qui est difficile, ce n’est pas l’anéantissement, c’est la perte d’énergie, l’impuissance du corps qui s’enraye, nous qui évoluons dans une société d’extrême maîtrise. C’est plus l’interrogation qui m’anime. Dans mon premier roman, par exemple, je me demandais ce que l’on ressentirait si l’on pouvait assister à son propre enterrement. Dans “ Vacances obligatoires en famille ”, comment l’on réagirait à devoir retomber chaque année, le temps d’un voyage, sous l’autorité parentale. Avec ce nouveau récit, la question fondamentale est qu’est-ce qui se passerait si l’on ne mourait jamais? Alors que cette briéveté sur terre donne toute sa dimension à notre existence.
Quoique très différents dans leur cadre et leur contexte, vos récits sont toujours entourés d’un certain
mystère. L’énigme vous électrise-telle? Je pense qu’on écrit avant tout les ouvrages qu’on rêverait de lire. J’aime les histoires que j’attends fiévreusement de retrouver le soir, que je dévore et ne veux plus quitter. Au-delà de son côté divertissant, un ouvrage doit laisser également une réflexion et des questions, en filigrane dans mon esprit. Je remarque d’ailleurs qu’inconsciemment, trois thèmes sont une constante dans mes romans. Les liens familiaux, qui m’ont toujours passionné. La maison, en tant que personnage central de mes récits, sûrement par son rôle de foyer des émotions et des gens. Et puis la mort, ou dans le cas de “ Au jardin des Immortels ”, son absence. Des sujets qui se retrouveront aussi dans le roman humoristique que je suis en train d’achever. Et qui possèdent leur part de mystère.
Avant la publication de votre premier roman “ Explosion de particules ” en 2014, vous avez été juriste durant 10 ans. Qu’est-ce qui vous a donné l’impulsion de vous changer de voie? Je suis composée d’écriture, c’est toute ma vie. J’ai toujours écrit. Petite, je composais des poèmes, puis plus tard des pièces de théâtre. Je griffonnais des mots d’amour pour les garçons de ma classe, afin qu’ils les offrent à leurs copines et en échange me fassent mes devoirs de latin. À 15 ans, je voulais être comédienne de théâtre et écrire mais mes parents pensaient que je mourrais de faim si j’empruntais cette voie. J’ai donc suivi celle du droit. Et puis, à la naissance de mon deuxième enfant, j’ai pris une année sabbatique pour m’occuper de mes deux touts petits qui n’étaient pas encore scolarisés. Je me suis dit que c’était le moment parfait pour écrire. Deux fois par semaine, je confiais mes enfants à mes deux tantes adorées et j’allais commander une crêpe dans un café tout en rédigeant mon roman. “ Explosion de particules ” a été
publié dans la foulée de l’écriture et je ne suis plus jamais retournée au barreau.
Qu’est-ce qui vous guide aujourd’hui ? La fierté de pouvoir dire à l’adolescente que j’étais que j’ai accompli ses rêves. Que j’ai suivi sa voie. J’ai d’ailleurs repris le théâtre et je serai sur les planches en avril et en juin. J’ai également écrit une pièce de théâtre avec trois autres femmes, que nous jouerons au théâtre Mercelis en novembre. Et puis une véritable quête de sens, des deuils et de la peine comme des joies. Je crois très fort à l’histoire du colibri minuscule qui de son bec jette quelques gouttes d’eau pour tenter d’éteindre l’incendie de la forêt. Je m’efforce, à mon niveau, de contribuer au monde. En étant en paix avec les autres, en élevant des enfants dans une vraie humanité, en partageant la bonté et la culture et en propageant la philanthropie, en allant dans les écoles pour communiquer ma passion de la lecture et de l’écriture. Eveiller, protéger, transmettre. C’est ce qui fait sens.
Au jardin
VICTOIRE DE CHANGY
Face à l’immensité
Au gré des pages, elle effleure mais aussi ébranle les instants de vie et les individus. Et touche du doigt leur essence la plus volatile comme la plus concrète. Avec Immensità, Victoire de Changy évoque la reconstruction d’une terre imaginaire, dévastée par un séisme, avec une écriture à la poésie toujours sensorielle. Et nous laisse à bout de souffle.
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : MORGANE DELFOSSEQu’est-ce qui vous a mené à Immensità, cette cité utopique où la nature tient un rôle prégnant ? Comme à chaque fois que j’écris un texte de fiction, le propos m’échappe rapidement. Je n’ai pas de plan, je me laisse guider par un point de départ, un titre ou une scène. Pour l’île longue, c’était la vision d’une jeune fille lançant rageusement un répondeur sur le mur, qui contient un message de sa mère défunte, qui se fracasse sur le mur en perdant cette trace à jamais. Pour Immensità, je me suis réveillée un matin avec l’envie d’imaginer les sensations qui s’imposent à nous lorsqu’on se retrouve coincé sous les gravats. Je ne sais pas exactement d’où m’est venue cette idée. En réfléchissant bien après à la genèse de ce projet, je me suis rappelé un voyage au Japon, il y a quelques années. J’y avais lu un article racontant l’exode d’habitants, déplacés en masse suite à une catastrophe et relogés dans des préfabriqués. Inconsciemment, les idées et les influences suivent leur chemin dans mon esprit. Quant à cette évocation de la nature, elle est, je pense, reliée à mes appétences actuelles, et précisément au moment de l’écriture du texte. J’ai énormément lu et écouté le paysagiste et botaniste Gilles Clément, ainsi que l’incroyable poète et jardinier Marco Martella, beaucoup lu sur le jardin. L’architecture est un sujet qui me passionne particulièrement en ce moment ; elle est devenue partie intégrante de la construction d’Immensità.
Le jardin revêt d’ailleurs une dimension très philosophique dans ce récit. Oui, aussi bien du vivant des habitants
que dans leur mort. Cela lui donne une symbolique à part et un double visage. C’est le principe même de l’utopie et de la dystopie ouvrant sur un univers fantasmé. Et puis, prendre tous ensemble soin d’un territoire commun fait sens. J’ai commencé ce roman il y a trois ans et si les questions environnementales étaient évidemment très présentes à l’époque, j’ai l’impression que nous conscientisons aujourd’hui un effondrement global, mondial, qui amène cette histoire à résonner autrement.
Par certains aspects, vous retrouvez-vous en Mauve, héroïne de cet ouvrage ? Je ne me suis pas identifiée à elle, non. En revanche, la dimension sensorielle du texte m’a, en quelque sorte, obligée à me mettre dans sa peau. Je me suis donc vraiment imprégnée de ces évènements, de cet ébranlement. Avec le temps, j’ai compris que je suis moins une cérébrale qu’une passeuse de sensations, dans tout ce qui compose mes personnages et ce qu’ils vivent, mais aussi à travers les éléments du récit, ce qui le touche, le frôle. C’est intimement lié à la personne que je suis, pour qui les sens sont fondamentaux. Par la vue en particulier, avec le besoin obsessionnel de regarder, d’admirer, de collectionner les images. Mais aussi les parfums, les sons, le toucher ; j’ai une obsession des mains, parce que c’est avec elles qu’on appréhende le monde en tout premier.
Vous citez, en début de livre, la chanson Immensità d’Andrea Laszlo De Simone. A -t-elle été source d’inspiration du roman ? Cette chanson m’a bouleversée dès la première écoute, et je l’écoutais en
Immensità de Victoire de Changy, Éditions Cambourakis
boucle au moment de l’écriture du texte. Son refrain dit “dès demain, commencera une nouvelle immensité”. J’ai trouvé ça porteur, prometteur. Immensité, à lui tout seul, est un mot puissant. En italien, Immensità sonne comme un mantra.
L’autrice d’Immensità est-elle toujours la même que celle d’Une dose de douleur nécessaire ? Fondamentalement la même, en beaucoup plus sereine et assurée. Je ne demande aujourd’hui qu’à pouvoir continuer à faire ce que je préfère, écrire.
Vous penchez-vous déjà sur de nouveaux projets ? Oui, plusieurs. Notamment un ouvrage pour adultes, qui sortira du cadre de la fiction, à la manière de Subvenir aux miracles, le livre que j’ai préféré écrire, une déambulation entre expériences et connaissances. Il sera cette fois question du corps, un sujet devenu très prégnant en moi aujourd’hui. Je prépare également un second recueil de poèmes. Et plusieurs projets jeunesse : un de mes créneaux préférés, pour sa grande liberté, notamment parce que la vraisemblance n’y est jamais questionnée.
CONTEMPORARY
HERVÉ VANDEN HAUTE ARCHITECTE
Tél : 067/84.00.31
herve.vandenhaute@hvh.archi
www.archi-vandenhaute.be
CAUSERIE CREATIVE
Les icônes belges de l’architecture et du design. Rencontres.
OUT OF CATALOGUES LIVRE D’ART HYBRIDE
Le collectif singulier Zaventem Ateliers, fondé par Lionel Jadot, a travaillé sur le fameux concept The Mix, l’ex-Royale Belge à Bruxelles. Un projet colossal prenant vie grâce à de nombreux talents. Cette énergie créative se retrouve désormais dans un bel ouvrage. Pour les esthètes curieux, les amateurs de design ou les amoureux de belles choses. MOTS
Lionel Jadot, vous signez un nouvel ouvrage mettant à l’honneur deux projets qui vous sont chers : Zaventem Ateliers et le Mix. Rappelez-nous le concept de Zaventem Ateliers... C’est un lieu que j’ai créé il y a cinq ans. Un espace de 6000m2 dans une ancienne usine de papier de la périphérie bruxelloise où j’ai mis en place un concept d’ateliers partagés rassemblés presque uniquement autour du collectible design. Le but était de « curater » l’espace, de sélectionner précisément chaque producteur, designer, qui
nous rejoignait dans l’aventure afin de rassembler en quelque sorte l’excellence du design actuel. Zaventem Ateliers est avant tout un accélérateur, un lieu qui permet aux jeunes studios émergents d’accéder à une place plus importante, une meilleure visibilité sur le marché. On fonctionne par candidature. On recherche des profils différents, originaux, innovants, avec des spécificités variées. C’est une vraie communauté. Et cette année, nous sommes très fiers, nous avons gagné le Henry van de Velde Award.
L’autre projet qui vous est cher et qui tient une place à part entière dans le livre, c’est le Mix... Je rêve de ce bâtiment depuis que je suis petit. Il fallait qu’on donne tout pour ce projet extraordinaire. Je voulais vraiment proposer quelque chose d’unique. On a imaginé Realistic circle. Autrement dit, un projet de 25000m2 où l’idée était de pousser notre client, le Mix, à dépenser localement. L’idée était donc de sélectionner un nombre de designers, ceux de Zaventem Ateliers mais aussi 27 autres se situant à moins de 50 km de
Bruxelles. On a créé le concept, le mood board, ensuite les designers ont eu carte blanche pour choisir leur espace d’expression et ce qu’ils souhaitaient en faire. Selon moi, le Mix est devenu aujourd’hui l’ambassade du collectible design en Belgique.
Et de ces deux projets naît un livre intitulé « Out of catalogues »... Oui, Out of catalogues reflète notre philosophie : ne pas travailler avec ce que l’on trouve dans les catalogues. Je ne sers jamais du tout cuit à mes clients, je
réfléchis, je réinvente, je collabore, je souhaite toujours proposer quelque chose de différent. Hors catalogues, c’est aussi la marque de fabrique de Zaventem Ateliers, des ateliers uniques loin d’un marché classique ou tendance.
Que retrouve-t-on dans ce bel ouvrage ? On retrouve un panel de présentations des designers de Zaventem Ateliers. On y parle de chaque studio, de leur spécificité et de ce qu’ils ont réalisé pour le Mix. Ensuite vient un cahier de trente-cinq pages axées
sur le Mix, avec beaucoup de photos, des focus sur chaque objet, sur les designers qui ont participé à l’aventure. Et le troisième volet de ce livre, ce sont des discussions ouvertes, croisées, entre différents designers de Zaventem Ateliers. Cette partie apporte une autre dimension, un échange plus intime.
Qui retrouve-t-on à l’écriture et derrière ces beaux clichés ? A l’écriture, c’est notre anthropologue maison ! Jérôme Hoppe ! Il a voulu faire sa thèse sur Zaventem Ateliers. Ça fait quatre
ans qu’il est avec nous, il connaît intimement bien notre communauté, chaque studio, chaque histoire, chaque anecdote, chaque drama. Il n’y avait que lui qui pouvait écrire ce livre. En combinant une vision globale analytique, sa présence continue et des entretiens tant informels que spécifiques, il brosse un tableau personnel qui se focalise sur la dimension humaine de l’équipée et nous emmène à la rencontre de la famille qui habite cette ancienne usine. Quant aux clichés, habités de l’intimité de la création, ils sont signés Stan Huaux et Jeremy Marchant. Pour mettre en forme ce livre d’art hybride écrit et photographié de l’intérieur : Juliette Amigues, graphiste et relieuse bibliophile.
Justement, esthétiquement, comment le décririez-vous ? L’idée était de réaliser un livre facile à prendre en main, avec une couverture souple. Quand on ouvre le livre, il tient à plat. La partie sur le Mix est en papier brillant, le reste en papier mat. La couverture rose reprend en impression gaufrée le plan de tous les ateliers.
Et chaque livre est en quelque sorte exclusif car il est accompagné d’un petit objet fait main... Tout à fait. On a réalisé 2000 marque-pages. Chaque exemplaire est accompagné d’un marque-page unique, fabriqué à la main par l’un des studios de Zaventem Ateliers, avec leurs outils et leurs gestes signature.
Plus qu’un magasin de décoration, X38 est un lieu d’inspiration, où les matières, les couleurs et les motifs se mélangent pour former l’intérieur qui vous ressemble.
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Mardi > Vendredi : 10h > 13h & 14h > 18h
Samedi : 11h > 17h
TISSUS • PAPIERS PEINTSARNO DECLERCQ
© Stanislas HuauxUne esthétique de l’âme
Ses pièces aux allures monolithiques, tout à la fois brutalistes et organiques, s’imposent tels des livres ouverts révélant un amour et un respect profond du vivant. Sous le toucher d’Arno Declercq, bois et métal se métamorphosent en mobilier sculptural, hommage à l’architecture et à l’art ancien.
MOTS : BARBARA WESOLYÀ seulement 30 ans, vos créations, meubles comme objets d’intérieurs, sont plébiscités à l’international pour leur beauté atypique et leur conception audacieuse. Mais, comment, à titre personnel, les décririez-vous ? Je dirais que mon style est un condensé de Wabi-sabi brutaliste. Il puise dans cette esthétique japonaise un côté spirituel et le désir de donner du sens à la matière, de modeler la nature pour créer des pièces qui vont durer à travers le temps et sont conçues pour habiter l’espace et la vie. Quant au brutalisme, il en a les codes de minimalisme brut ainsi que la géométrie et les volumes imposants.
Créateur autodidacte, vous avez grandi au sein d’une famille éprise d’art, d’artisanat et de mode. Le design a-t-il toujours représenté pour vous une évidence ? Ce n’était pas réfléchi. Mon père, ayant étudié à l’Académie royale des arts, nous emmenait ma sœur et moi visiter tous les musées et les galeries et se passionnait pour les arts tribaux. La boutique de mode de ma mère m’a de son côté permis de découvrir des créateurs d’exception comme Ann Demeulemeester ou Rick Owens. J’ai donc commencé un cursus en design intérieur, à Sint-Lucas, à Gand, avant de rapidement comprendre que les normes du système scolaire n’étaient pas pour moi et j’ai arrêté après un an. J’ai alors
eu l’occasion de partir plusieurs mois au Brésil, créer aux côtés d’Arne Quinze et cela a enrichi mon travail bien au-delà de ce qu’aurait pu m’amener un diplôme. Au retour, j’ai ouvert une galerie d’art et de design ethnographique à Louvain, tout en travaillant dans la rénovation et la peinture de bâtiment, pour financer mon projet. Celle-ci a malheureusement dû fermer après un an, faute de moyens, mais j’ai continué à me passionner pour le design et je restais aussi face à l’impossibilité de trouver du mobilier et de la décoration que j’aimais. J’ai alors fabriqué mes propres modèles, destinés au départ seulement à mon intérieur. J’en publiais des photos sur mon compte Instagram, et ceux-ci furent rapidement repérées par des galeristes, parmi lesquels Garde, à Los Angeles, qui devint mon premier client.
Vous évoquiez le Brésil et son importance dans votre parcours. Ce fut le cas pour d’autres voyages, notamment en Afrique de l’Ouest, dont vous avez ramené l’Iroko, un bois tropical devenu votre principal matériau. Oui, en effet. J’ai beaucoup voyagé avec mon père. J’ai dormi chez le peuple Lobi au Burkina Faso, chez l’ethnie Fon au Bénin. J’y ai découvert des philosophies très pures et des objets à la symbolique exceptionnelle. Au Bénin, j’ai ainsi rencontré des menuisiers
© Thibault De Schepper © Thibault De Schepper © Arno Declercqtravaillant avec du bois Iroko, que l’on retrouve aussi au Cameroun, au Togo et au Burkina Faso. Un arbre tropical fascinant, surnommé « Roi de la forêt ». Les locaux l’estiment habité par leurs ancêtres et lorsqu’un guérisseur vodou doit cueillir des herbes et plantes de la forêt, il demande aux Iroko, sa bénédiction avant de poser cet acte. Je n’ai pas imaginé d’emblée créer des meubles avec celui-ci, mais je trouvais cette vision spirituelle magnifique, tout comme sa teinte noire et sa dureté mêlée à la finesse de ses veines. Je ne mets pas son histoire en avant, estimant qu’il s’agirait d’appropriation culturelle, mais elle imprègne mes pièces. En créant par exemple une table centrale, où les membres d’une famille pourront se retrouver pour parler, partager, j’espère imprégner leur maison d’une part de cet esprit. Tout comme j’utilise la technique japonaise du Sho Sugi Ban, consistant à brûler profondément le bois pour le rendre ensuite plus
résistant à la combustion et aux champignons. Je tiens à ce que derrière l’esthétique il y ait une âme. La pièce dont je suis le plus fier est ainsi la Zoumey Table, un plateau de noyé africain brûlé et ciré, soutenu par une forêt de pieds en bois Iroko. Je voue un immense respect à mes matériaux, c’est pourquoi je fabrique mes créations artisanalement, en veillant à en minimiser les chutes. Je me fais le devoir préserver chaque morceau de bois.
Si vous créez toujours au sein de Zaventem Ateliers, vous avez récemment ouvert un showroom à Anvers, dans un espace industriel de 500 mètres carrés. Pourquoi ce choix ? Zaventem Ateliers est un superbe espace, mais c’est celui de l’artiste et designer Lionel Jadot, son identité. Il était temps pour moi d’avoir un lieu, une atmosphère qui me ressemble, qui puisse refléter l’essence de mes collections.
Qu’est-ce qui vous guide aujourd’hui ? J’aime créer dans la diversité, entre commandes et projets personnels, tout en conservant toujours mon intégrité artistique. On m’a déjà proposé de racheter mon studio, mais cela reviendrait à vendre mon nom et mon identité. Il n’en est pas question, pas plus que de fabriquer des objets à la chaîne. Je ne signe pas non plus mes pièces. J’espère les imprégner d’un ADN suffisamment fort que pour qu’elles soient reconnaissables, même sans cela. Aujourd’hui, je nourris aussi le rêve d’acheter des maisons et appartements à travers le monde, pour permettre à ceux qui le souhaitent d’habiter au milieu de mes meubles et objets. C’est la vie qui leur donne tout leur sens.
Renaissance de JULES WABBES
Designer belge à l’aura internationale, Jules Wabbes meurt prématurément à 54 ans. Pour les 50 ans de sa disparition, un sublime objet renaît de ses cendres : la lampe M57. Un nouveau luminaire dont le prototype avait disparu. Retour, avec sa fille Marie Wabbes, sur le parcours, le style et l’héritage du créateur.
MOTS : OLIVIA ROKSQui êtes-vous Marie Wabbes ? Je suis une des filles de Jules Wabbes. J’ai fait des études d’archéologie et d’histoire de l’art qui m’ont amené peu à peu à me plonger dans les archives de mon père, mort quand j’avais dix ans. J’ai eu la chance de pouvoir grandir dans la même maison, celle qu’il avait décorée et où ma mère habite toujours. Je connaissais très bien ses objets et ses meubles mais avec le regard d’un usager. Quand je me suis plongée dans ses archives, j’ai en quelque sorte redécouvert mon père, j’ai
mieux compris son travail. J’ai recréé une chronologie parmi ses réalisations en les datant. Aujourd’hui, l’aventure continue à travers Général Décoration.
Avant la création d’objets, votre père, Jules Wabbes, était photographe et antiquaire. Comment expliquer sa transition, son intérêt du design venu peu à peu ? Dans une interview passée, il explique qu’il avait des amis artistes et peintres qui l’ont mis au défi : « toi qui travailles avec des vieilleries, tu devrais
être plus contemporain, travailler avec ton époque », du coup ça l’a stimulé. Mais il faisait également de la décoration et il remarquait que chez certains clients, il manquait des objets, du coup il les créait pour eux. Et de la restauration, il est passé à la création de meubles...
Comment définiriez-vous son travail, son univers, ses affinités ? Il a un style à part, il n’a pas été influencé par l’époque des années 50 ou 60. Il a une esthétique intemporelle, puriste,
rectiligne, les structures de ses objets sont toujours apparentes. Il a aussi un grand intérêt pour les matières, le bois et le métal particulièrement. Un métal qu’il a exploité dans toutes ses patines. Avec une vision globale de l’aménagement, il lui fallait également des luminaires. La lumière est un point essentiel pour créer une belle atmosphère. C’est l’un des premiers objets qu’il a créé.
Et ces fameux objets qui ont fait sa renommée ? Ce sont ses meubles à lattes primés à la Triennale de Milan en 1957. Il abandonne le placage pour un meuble extrêmement solide en bois massif. Mais à la Triennale, il avait aussi exposé cette fameuse lampe que l’on a refaite. Après cette foire, mon père était reconnu à l’échelle internationale. Ensuite, avec l’après-guerre, ses meubles de bureau ont suscité un grand intérêt. Il a eu aussi divers chantiers, l’un de ses derniers était la Générale de Banque.
L’ensemble de ses pièces se retrouvent sous le nom Géneral Decoration, une société que Jules Wabbes a créée dans le but d’éditer et diffuser ses réalisations. Aujourd’hui, l’entreprise existe toujours, un peu grâce à Vincent et Caroline Colet... Ma mère tenait beaucoup à cette société mais manquait de temps pour s’en occuper. Vincent, un ami d’enfance, ébéniste et antiquaire, s’y connaissait très bien. Il a voulu donner une autre impulsion à son travail et a dit à ma mère qu’il était intéressé de reprendre Général Décoration. On ne pouvait pas espérer mieux que lui ! Ça été un réel casse-tête de retrouver de précieux artisans belges. Ensuite Caroline a rejoint l’aventure et Vincent m’a gentiment laissé des parts de la société.
Pour les 50 ans de la disparition de votre père, la lampe M57 a été éditée, une lampe jamais commercialisée à ce jour et retrouver ses origines n’a pas été simple... Il s’agit d’une lampe créée tout spécialement pour Milan en 1957, d’où son nom. Il a voulu, je pense, un élément spectaculaire, représentatif de son travail. Mon père était grand et la lampe l’est également. Il aimait que l’on n’aperçoive pas la source lumineuse comme c’est le cas ici. Mais apparemment, à l’époque, la lampe avait un problème technique, elle surchauffait, elle n’a donc pas été commercialisée. Aujourd’hui, cette lampe a disparu, on ne l’a jamais retrouvée. On n’avait donc rien pour la reproduire à part quelques photos. La M57 se dévoile en laiton brossé avec des ailettes en laiton
nickelé et des ampoules LED qui ne chauffent pas et diffusent une lumière chaude. Elle se met dans deux positions différentes afin de faire bouger les ailettes de manière à diffuser la lumière différemment.
Général Décoration prévoit d’autres nouveautés Jules Wabbes à venir ? Oui, tout n’a pas encore été créé. Il y a le projet de refaire les superbes accessoires de salle de bains mais aussi cette année les canapés.
Quel souvenir gardez-vous de votre père ? Si vous deviez partager une chose qu’il vous a transmise ? Depuis l’enfance, il nous a transmis le respect de l’objet. Enfant, c’était impensable de poser un verre d’eau sur un meuble en
bois. On jouait également avec des blocs de bois et nous devions reconnaître de quel bois il s’agissait. Je n’ai pas hérité d’un talent de décoratrice mais je fais automatiquement attention aux choses qui m’entourent, à la lumière, je suis sensible aux ambiances... Il était très exigeant, il nous a sans nul doute aussi transmis son perfectionnisme.
Si vous ne deviez choisir qu’un objet créé par votre père ? Oh la la, c’est compliqué ! J’aime tout... Je dirais la lampe nid d’abeille, j’aime son rapport à la nature et le reflet qu’elle provoque.
bulthaup s’occupe de tous les détails pour créer un environnement harmonieux.
Nous façonnons l’environnement pour accueillir vos instants privilégiés. Rendez-nous visite à Bruxelles ou Gosselies. Nous nous réjouissons d’échanger avec vous.
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50 ANS DE DESIGN AVEC DOMINIQUE RIGO
En 1974 naissait une petite entreprise de décoration : Dominique Rigo. 50 ans plus tard, cette maison solidement établie continue de refléter un design élégant, moderne et de qualité. Entre la boutique qui regorge de superbe mobilier scandinave ou italien et leurs magnifiques projets d’aménagement, on ne sait où donner de la tête. Une chose est sûre, ici, le design est roi. Rencontre avec, Charlotte Rigo, la nouvelle maîtresse des lieux.
MOTS : OLIVIA ROKS PHOTOS : DRDominique Rigo est une boutique de design éponyme, elle porte le nom de votre père. Qui est Dominique Rigo ? Mon père, Dominique Rigo, a parcouru un long chemin avant de lancer sa boutique éponyme. Ayant étudié l’architecture à Saint-Luc, il était déjà un passionné de bricolage et de design dès son adolescence. Peut-être influencé par sa mère qui avait un intérêt marqué pour l’aménagement intérieur classique, il a développé un goût pour le mélange subtil des styles. Lors de ses études d’architecture à Saint-Luc, il a été invité à repenser l’étage de direction d’une société de réassurance du père d’une de ses camarades de classe. Cette expérience l’a incité à envisager d’établir sa propre entreprise et à ouvrir un magasin. Il a donc lancé sa petite société de décoration en 1974 avec son ex-épouse, Marianne Tedesco. Son expertise a rapidement attiré l’attention et ils ont été sollicités pour divers projets.
Aujourd’hui vous reprenez le flambeau ? Le flambeau oui, mais surtout la passion, qui est nécessaire dans notre
métier. Comme j’aime le dire, je suis née dans un tiroir Interlubke, mon père m’a transmis le virus du beau, du bien fait et du travail. Ce n’est pas toujours simple de marcher dans les pas du « grand monsieur », mais j’aime ce que je fais, j’aime ce contact client et surtout j’aime faire voguer le bateau que mon père a créé, avec une touche plus actuelle peut-être, plus 2.0.
Dominique Rigo a 50 ans. 50 ans de design, de décoration. Quelle est la patte « Rigo » ? Mon père a toujours été séduit par le design contemporain et le principe du “less is more”. Il a fait de la modernité son credo, privilégiant le confort, la fonctionnalité et la durabilité dans ses collections. Aujourd’hui, la marque est solidement établie et reflète notre engagement envers l’innovation et la qualité. Quand on parle de patte, on pense à un style, un fil conducteur. Le nôtre est principalement l’écoute du client et son bien-être chez lui ou sur son lieu de travail. Chaque projet est personnalisé, on repart de zéro pour chaque client mais bien sûr dans un style moderne et contemporain mais
nous y allions avec plaisir des meubles anciens ou de famille.
Quels sont ces objets qui selon vous ont marqué l’histoire du design ces cinquante dernières années ? La chaise Panton (1967) en plastique moulé d’une seule pièce, la lampe Tolomeo (1987), le fauteuil Egg (1958), la chaise Ghost (2002) en polycarbonate transparent a redéfini les possibilités du matériau plastique mais aussi le fauteuil Bambole, le lounge de Eames, le Togo, la lampe Arco… Il y a tant d’emblématiques !
50 ans plus tard, la décoration a bien évolué… Effectivement, la décoration a connu une évolution significative reflétant les changements sociaux, culturels, technologiques et économiques de notre époque. Au niveau des styles, nous avons vu un passage de l’opulence des années 1980 à la simplicité du minimalisme des années 1990, puis à une réévaluation des styles rétro et vintage dans les années 2000 et 2010. Aujourd’hui, nous observons une tendance vers un design
plus éclectique, où les gens mélangent différents styles pour créer des intérieurs uniques et personnalisés. Nous avons aussi assisté à l’émergence de nouveaux matériaux et à l’adoption de méthodes de fabrication plus durables et respectueuses de l’environnement. La technologie a également joué un rôle majeur dans l’évolution de la décoration, avec l’intégration de solutions intelligentes pour le contrôle de l’éclairage, du chauffage et d’autres aspects de la maison connectée. Parallèlement, les attitudes envers la décoration ont également changé. Autrefois considérée comme un luxe réservé à une élite, la décoration est devenue plus accessible et démocratisée. Aujourd’hui, la décoration est
plus que jamais un moyen pour les individus d’exprimer leur identité et leur créativité.
Justement, quelles sont les tendances actuelles qui inspirent le marché et vos clients ? La durabilité et l’écologie sont des préoccupations majeures pour de nombreux consommateurs. Il y a une demande croissante pour des matériaux écologiques et des pratiques de fabrication durables. Le minimalisme et la simplicité continuent aussi d’être des tendances importantes. Les consommateurs recherchent des designs épurés avec des lignes simples et des espaces ouverts, créant des environnements à la fois fonctionnels et esthétiquement agréables. Et bien sûr,
le confort et le bien-être à la maison sont également au premier plan.
Des nouveautés à venir cette année ? La plus grande nouveauté c’est le cap que nous passons : nos 50 ans ! J’ai aussi hâte d’aller à Milan, malheureusement ce sont des secrets très bien gardés et je n’ai pas encore eu d’échos de la part de nos marques. Mais je pense que le confort et l’amour des matières seront encore au rendez-vous. Aujourd’hui, plus que jamais, on doit avancer, créer, réfléchir et ne pas rester sur nos acquis, d’ailleurs rien n’est jamais acquis même après 50 ans.
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Au-delà des tendances éphémères
Le monde du design belge est en pleine effervescence avec de précieux talents qu’on se plaît à vous faire découvrir au fil de nos pages. Impossible de passer à côté de Bieke Casteleyn. À 37 ans, la jeune femme maîtrise l’art des intérieurs audacieux dans les moindres détails. Après avoir fondé son studio de décoration, elle séduit avec une marque de mobilier aux courbes tendres mais puissantes.
MOTS : OLIVIA ROKSBieke, qui êtes-vous ? Je suis maman de deux petits garçons. J’ai toujours aimé l’aspect esthétique des choses : le design, l’art, voyager, je regarde les détails où que je sois. A la maison, chaque mois, je change de place les meubles et les objets. Je suis très perfectionniste dans tout ce que j’entreprends. Mes études se sont déroulées à Gand à la Sint-Lucas School of Arts. Mes parents m’ont ensuite permis d’entamer une année d’étude supplémentaire. J’allais choisir l’option « boat design » mais finalement j’ai opté pour « product design » à la Domus Academy à Milan. De retour en Belgique, j’ai travaillé 5 ans chez RR Interieur à Knokke. Les patrons m’ont partagé leurs connaissances tant sur les matières, le mobilier que les foires,
tout en m’inculquant certaines valeurs. Le mobilier est alors devenu pour moi une évidence. J’ai ouvert mon bureau d’architecture d’intérieur en 2012 et j’ai lancé en 2015 ma collection d’objets.
Du mobilier rassemblé sous le nom de collection « Out of line ». Des intemporels élégants. Des sculptures organiques. Matières, inspirations,
formes, que nous dire de cet univers à la fois classe et chaleureux ? Tout a commencé avec une table de salle à manger. Je l’ai créée car je trouvais qu’on avait toujours le même type de table chez soi : grande, petite, rectangulaire, ovale... On se retrouve avec de grandes tables à la maison mais nous ne sommes souvent que deux, trois ou quatre. Mes tables comportent des
courbes, des formes qui ont été bien réfléchies et expérimentées, pensées pour convenir lors d’un tête-à-tête intime, une réunion de travail ou une rencontre familiale. Elles défient les normes traditionnelles avec un résultat esthétique et fonctionnel. La matière est du stuc appliqué en sept couches. Pour les couleurs, je propose les basiques tels que le sable, blanc, gris
clair mais j’adore aussi les couleurs plus pop des années 30-40, comme le vert olive ou le bleu pétrole.
Ces diverses tables sont créées en Belgique ? Oui tout à fait, tout est créé à la main à Maldeghem, une commune située en Flandre-Orientale. Il y a deux personnes pour la technique, une pour la logistique, une pour le marketing
et une autre pour les ventes. J’ai aussi trois personnes qui travaillent avec moi pour l’aménagement.
Vous avez aussi votre bureau Bieke Casteleyn Interior Design Studio avec lequel vous aménagez des intérieurs. Ces projets reflètent-ils vos objets ? L’inspiration est-elle identique ? Je pense, oui. Il y a indéniablement des styles que l’on affectionne. J’aime le vintage, j’aime la chaleur, j’aime la couleur, je n’aime ni les intérieurs minimalistes et froids ni les intérieurs éclectiques. Cependant, quand il s’agit de mobilier, j’ai toujours le même langage, alors que pour les intérieurs je ne fais jamais la même chose. Matériaux, couleurs, mobiliers diffèrent complètement. J’aime proposer une esthétique à la fois audacieuse et harmonieuse. Je mets aussi un point d’honneur à accepter que des projets qui me parle.
Qu’est-ce qu’un objet ou un intérieur réussi selon vous ? Pour que cela soit réussi, rien ne doit perturber mon regard. Mais je suis difficile, il faut le juste objet au bon endroit, le point sur le i. Je suis très sensible également aux proportions.
Participez-vous au salon du meuble de Milan ? Que pourra-t-on y découvrir ? Oui pour la seconde fois ! Je serai présente avec la suite de la collection
“Out of Line” et je m’emparerai d’un magasin de fleurs emblématique de Brera. J’y présente un salon avec de nouveaux meubles : un bar, un fauteuil, un sofa, une bibliothèque... Toujours des créations à base de stuc (plâtre) mais combinées à l’Afrormosia laqué et brillant, un bois africain que j’affectionne particulièrement. On me connaît pour mes tables mais je fais bien d’autres choses...
D’autres nouveautés à venir cette année ? Nous allons lancer une autre collection à base de cuir, bois et marbre. Elle s’appellera, je pense « In Between ». Nous amènerons une pièce à Milan pour prendre le pouls et voir la réaction des gens avant lancement.
En tant que designer et architecte d’intérieur, quel serait votre rêve professionnel ultime ? Actuellement mes créations ont le vent en poupe et sont fortement copiées. J’aimerais que mon mobilier passe les années, devienne un intemporel, qu’on reconnaisse mon travail. Que dans vingt ou trente ans, on admire toujours mes meubles. Quant à l’aménagement d’intérieur, je rêve de faire l’intérieur d’un bateau, un bateau « out of line ».
www.biekecasteleyn.com
NATHALIE VAN DER MASSEN
É loge de la matière
Sous les doigts et la vision poétique de Nathalie Van der Massen, les étoffes s’incarnent en des dimensions toutes à la fois spatiales, lumineuses et acoustiques. Consacrée en janvier 2024 d’un prestigieux Henry van de Velde Young Talent Gold Award, elle inscrit ses œuvres sur le fil délicat du design textile et de l’architecture d’intérieur.
MOTS : BARBARA WESOLYVos créations sont multiples, exploitant les matériaux dans leur aspect le plus concret, presque tactile et en parallèle intangibles, imprégnées par les sensations comme les émotions. Où puisent-elles leurs origines ? J’ai toujours ressenti une grande curiosité envers les arts graphiques mais ma vision créative a éclos d’elle-même, une fois adulte, tandis que je découvrais en même temps mon identité profonde.
C’est un processus finalement très organique, instinctif, qui m’a mené vers cette voie. Le besoin de toucher, de ressentir de mes mains cette connexion avec la matière. Cette sensation si gratifiante de voir son idée prendre forme concrète. C’était comme s’ouvrir à un nouveau monde.
Votre master en design graphique vous a alors conduit à collaborer avec le TextielMuseum de Tilburg et plus tard avec Christian Wijnants. Qu’avezvous retiré de ces expériences ? Elles ont représenté un apprentissage exceptionnel. Le TextielMuseum m’a permis de découvrir ma fascination profonde pour les tissus et d’approfondir celle-ci par l’expérimentation et le développement. Mais je ne savais pas encore si je souhaitais m’orienter vers la mode
ou le design. Ce stage avec Christian Wijnants comme ensuite l’invitation à réaliser des recherches à l’Institut flamand d’architecture m’ont amené vers une dimension plus large, celle du processus de travail. Et ainsi à percevoir mon besoin d’une création lente, rythmée par l’exploration et la réalisation manuelle. En cela l’architecture me correspond parfaitement.
La matière est-elle toujours à la base de vos œuvres ? Tout est une question d’équilibre entre matériau et contexte. Que le projet soit pour un client, en vue d’habiller un espace public ou pour
une exposition, je m’interroge sur son sens profond comme sur la manière de l’élever, de l’amener à prendre forme en profondeur. C’est un dialogue permanent avec moi-même comme avec son commanditaire. Je commence le travail sans application, technique ou matériau définitif. L’œuvre naît d’une recherche constante et passionnante.
Qu’est-ce qui vous fascine dans le textile ? Sa complexité. A mes yeux il s’agit presque d’une architecture à une échelle macro voire microscopique. Les possibilités inhérentes aux textures et aux structures sont si vastes, sans parler des matières haut de gamme ou hightech. Je suis tout autant fascinée par les fibres végétales, comme les herbes, le lin, qu’animales comme la laine, le
cachemire et la soie, que par les innovations synthétiques axées sur le recyclage et même par le métal. Ils amènent des sensations différentes, des sentiments autres aussi. Et il est passionnant de constater à quel point leur choix et leur emploi peuvent affecter les émotions humaines, le ressenti d’un environnement. Cela rejoint aussi bien ma tendance à aller vers la résolution de problème avec ma pratique, que mon besoin artistique. J’aime tout particulièrement les matériaux ayant un côté farouche et leur propre caractère. C’est le cas du papier par exemple, très robuste et en même temps très délicat à travailler, cassant facilement et sensibilisé à la température, à l’atmosphère, à l’humidité. Ses réactions s’intègrent directement dans la logique même de création.
Est-il important qu’un objet ait également une dimension fonctionnelle ? C’est toujours une valeur ajoutée mais si c’est le cas, il doit l’être à 100%. Même s’il peut être tout aussi essentiel en demeurant juste beau ou expressif. Tout est encore une fois question de but et de finalité. Comme d’utiliser des techniques industrielles ou artisanales d’ailleurs ou de sélectionner un tissu en particulier. Et il est nécessaire de respecter les limites d’un matériau. Pour la perfectionniste que je suis, devoir parfois accepter que certains éléments soient voués à demeurer uniquement du domaine de l’expérimentation, cause une certaine frustration.
Vous expliquiez voir votre travail comme un hommage au patrimoine belge du savoir-faire textile. Quels en sont les procédés ou les artisans qui vous inspirent particulièrement ? Je suis très touchée par les tapisseries médiévales et cette technique comme cet amour du tissu présent depuis de si nombreux siècles. C’est une part intrinsèque de notre histoire belge, presque présente dans nos gènes. J’apprécie également de découvrir les tisserands qui travaillent encore dans nos régions. La Belgique possède une identité à part, comme une forme d’écriture culturelle distincte.
Qu’en est-il de vos projets pour les mois à venir ? En avril, je présenterai une toute nouvelle collection à Milan, sous forme de triptyque, dont chaque partie comprendra des concepts textiles différents. Je prépare également une exposition, des projets avec des architectes, ainsi qu’une collaboration mode et artistique avec La Collection. Nous sommes presque voisins à Anvers et possédons une énergie et une vision commune. Certaines de mes pièces se retrouveront dans leur concept store et nous développons également un vêtement mêlant nos univers, qui sortira en avril en édition limitée.
www.nathalievandermassen.com
THOMAS DE BRUYNE
Créatif grand angle
Sous le patronyme de Cafeine, hérité de ses années de DJ, Thomas De Bruyne s’affirme comme une référence de la photographie architecturale et d’intérieur. Point de rencontre de l’espace et du graphisme, autour de compositions d’inspiration picturale. Rencontre avec ce photographe plébiscité par les plus grands architectes, designers et entreprises de décoration, tant en Belgique qu’à l’étranger. MOTS
Nathalie Deboel, Nicolas Schuybroeck, Simon de Burbure ou Hélène Van Marcke, pour n’en citer que quelquesuns… Vous travaillez avec les plus grands noms du design et de la décoration d’intérieur. Comment sélectionnez-vous vos collaborations ? Il est important que nous partagions une même sensibilité et une vision esthétique. Sur un shooting, je fonctionne de manière intuitive, percevant l’impulsion et l’atmosphère des lieux et comprenant à l’instinct ce qui fonctionnera ou non, sans
m’imposer de règles ou de limitations. Mes clients me laissent toute latitude et c’est cette confiance mais aussi ce goût commun qui en assure la réussite. J’ai la chance aujourd’hui, après plus de 15 ans de pratique, de pouvoir me concentrer uniquement sur les projets qui me passionnent vraiment.
Vous affirmez que votre formation de graphiste est pleinement visible dans vos images. En quoi cet aspect continue-t-il d’alimenter votre travail ?
J’ai découvert mon amour pour la photographie durant mon cursus en graphisme, alors que mon intérêt pour l’architecture n’est venu que bien plus tard, pendant la construction de ma propre maison. J’ai d’ailleurs lancé Caféine, mon studio, alors même que j’exerçais en parallèle le métier de graphiste au sein d’une agence publicitaire. Les deux disciplines ont donc, pour moi, toujours été liées. Un cliché peut être réduit à quatre ou cinq lignes directrices, tout comme le
serait un logo ou une mise en page de magazine. Cette approche graphique de l’espace imprègne mes photos.
À titre personnel, à quel type d’architecture va votre préférence ? Étonnement assez éclectique, mais possédant une base très minimaliste. Comme des plafonds noirs ou bruns foncés, un sol en béton. Il y a un an, j’ai fait construire un pavillon pour mon bureau, il reflète parfaitement ce qu’est mon style personnel. On y trouve des livres, des disques,
des bouteilles de whisky, du café, des céramiques et des oeuvres d’art. Les objets qui m’inspirent viennent se greffer sur socle épuré et graphique. Ce sont les détails qui complètent un lieu, qui leur donnent une histoire. C’est aussi pourquoi je préfère les meubles vintages aux pièces neuves.
Sur Instagram, vous partagez également des images de votre maison. Celle-ci est-elle aussi un terrain de jeu créatif ? Oui, certainement, même si
cela reste en parallèle un espace familial. Son aménagement est, dans une certaine mesure, comparable à celui de mon bureau. L’intérieur est noir et blanc, ce qui peut sembler froid ou dur, mais les meubles, tapis, tabourets et tables, sans parler des affaires des enfants, viennent ajouter de la vie.
L’oeuvre d’un photographe en particulier vous émeut-elle ? Celle de Luigi Ghirri, un artiste italien ayant réalisé des milliers de clichés dans les années
70 et 80. J’ai découvert une rétrospective de son travail à Paris et depuis, je suis amoureux de ses photos. Mais plus encore, c’est le peintre Koen van den Broeck qui fait office de véritable inspiration pour moi. Certaines de mes compositions sont presque des miroirs de ses tableaux. Mon approche est totalement différente de la sienne. Il convoque l’art et moi la réalité, mais cela ne nous empêche pas d’avoir de multiples lieux communs.
Vous signez la couverture d’“In Focus”, un livre d’hommage aux meilleurs photographes d’architecture et d’intérieur au monde. Est-ce à vos yeux l’illustration du succès ? Arriver à convaincre l’éditeur d’opter pour ce cliché
en couverture a été un sacré défi, notamment par sa composition, son cadrage et sa couleur qui lui donnent presque l’apparence d’un projet en 2D. Mais je trouvais justement passionnant d’introduire un livre d’architecture avec une photo loin d’un habituel intérieur clair et élégant, qui ferait l’unanimité. Avec une image qu’il faut observer pleinement pour la comprendre. C’était une forme de pari artistique aussi. Et c’est bien sûr un honneur que de figurer sur une dizaine de ses pages d’un tel ouvrage.
Vous lanciez Caféine, votre studio, en 2007. Qu’est-ce qui vous permet de préserver et nourrir votre passion pour la photographie après toutes ces années ? En demeurant curieux.
J’ai ma propre signature mais je suis constamment en recherche d’amélioration de l’éclairage, des ombres, des finitions, des couleurs. Au début de ma carrière, je ne prenais que des clichés en noir et blanc. Mais j’ai totalement abandonné ce principe ces sept dernières années. J’expérimente énormément, notamment en post-production. Je suis passionné par la technique. Encore un aspect issu de mon identité de graphiste. Et je suis convaincu qu’il est essentiel de créer son propre style, mais plus encore de le développer et de l’alimenter.
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Ces chefs qui brillent au firmament des étoiles. Rencontres.
L’EAU VIVE
Pierre Résimont, 30 ans d’étoiles au compteur
Pierre Résimont, c’est l’un des meilleurs chefs de Wallonie, presque une légende. En 1994, à 25 ans à peine, il offre à son Eau Vive sa première étoile Michelin. La 2 e , il la décrochera en 2012. 30 ans qu’il est étoilé ! 30 ans de partage d’une passion pour une cuisine riche, avec une exceptionnelle régularité dans le temps. Au reste, il construit un véritable empire : L’Espace Medissey, une maison d’hôtes à quelques minutes de son restaurant, Le Comptoir de l’eau vive, une table gourmande à Erpent et, la petite dernière, La Table du Tribeca, une brasserie à Gerpinnes. Rencontre avec un chefentrepreneur sympa en diable.
MOTS : SERVANE CALMANT
Royalement installés à Profondeville, dans un moulin du 17e romantique à souhait, Pierre et Anne Résimont nous reçoivent chez eux, à L’Eau Vive. L’art de recevoir, ils en maîtrisent les codes. La convivialité et une bonhomie toute wallonne faisant partie de leur ADN. Chez les Résimont, le client est choyé. Et cela fait 30 ans que ça dure.
En 1994, à 25 ans, vous devenez le plus jeune chef étoilé de Belgique. En 2012, vous décrochez 2 étoiles Michelin. En quoi ces récompenses ont-elles changé votre vie professionnelle ? Je vais vous raconter une anecdote, amusante. En 1994, quand vous receviez une étoile Michelin, on vous envoyait simplement un fax de félicitations. A l’époque, je
skiais avec des amis en Suisse. De retour dans l’appartement que je louais, je découvre une enveloppe glissée sous la porte, avec ces mots : téléphonez d’urgence en Belgique. Il n’y avait pas de GSM en 94. Imaginez mon angoisse, je pensais qu’il était arrivé un malheur à un proche. D’une cabine téléphonique donc, j’appelle ma femme restée en Belgique qui m’annonce… ma première étoile Michelin ! La 2e étoile, c’est Peter Goossens qui me l’a communiquée. Ont-elles changé ma vie ? Et comment ! On a doublé nos réservations. Et il a fallu engager pour renforcer l’équipe…
30 ans sous les étoiles Michelin. Cette régularité dans l’excellence, comment la maintenez-vous ? En me remettant
sans cesse en question, pour ne pas perdre la flamme. Me reposer sur mes lauriers, ce n’est pas mon style. Mais pour perdurer dans ce métier, il faut proposer une offre complète, sans faille, au niveau de l’assiette et du vin évidemment, mais aussi de l’accueil, de l’infrastructure, parking, terrasse, nuitées… L’été, notre terrasse pavée qui jouxte une cascade et une rivière, est un atout considérable. La verrière inondée de lumière également…
Vous avez également pensé aux gourmets qui souhaiteraient ne pas reprendre la route à l’issue du repas… Nous proposons effectivement des chambres d’hôtes dans le Cube, posé à côté de L’Eau Vive, le long du ruisseau, et dans l’Espace
Medissey, à trois kilomètres du restaurant, qui bénéficie également de chambres et même d’une piscine en plein air…
Revenons à l’assiette. Cuisine de produits et/ou cuisine technique. Où vous situez-vous ? Cuisine de produit. La technique, elle existe pour magnifier le produit. En fait, je n’aime pas les artifices. En revanche, les sauces…
Parlons-en. La tourte farcie de filet de pigeon et de foie gras, accompagnée de trois condiments de chou-fleur, est
l’un de vos plats signatures. Le jus de cuisson du pigeon est carrément affolant. Vous êtes le roi des sauces ! Merci. À tout vous avouer, je passe tellement de temps à parfaire une sauce, qu’elle me coûte aussi chère que le produit. En revanche, garnir les assiettes de fleurs, ce n’est pas ma tasse de thé.
Les produits, forcément locaux ? Le plus souvent. Mon souhait serait de cuisiner 100% belge. Mais sans pression aucune : si tel produit est meilleur ailleurs, il aura mes faveurs.
Quel est le mot d’ordre le plus fréquent que vous adressez à votre brigade en cuisine ? Ponctualité et bonne humeur.
L’Eau vive, c’est votre bébé mais aussi celui de votre épouse, Anne. Cette complicité entre vous participe-t-elle également à votre succès ? En effet. En 30 ans de service, aucune dispute. Moi en cuisine, mon épouse en salle. C’est un TGV, Anne. (rire). Moi, je suis plus calme. Et chacun est parfaitement à sa place.
En 2012, vous surprenez agréablement avec Le Comptoir de l’eau vive, à Erpent … J’avais envie d’un lieu qui soit à la fois table gourmande et épicerie, pour que les clients puissent voir et acheter les produits avec lesquels je travaille.
Le 13 mars dernier, vous avez inauguré La Table du Tribeca, à Gerpinnes, dans un quartier résidentiel des hauteurs de Charleroi … Avec mon associé Laurent Wagner, entrepreneur gerpinois, nous avons donné une suite à l’histoire du restaurant Tribeca, qui devient La Table du Tribeca. À la carte, je propose une cuisine de brasserie authentique et généreuse, agrémentée de deux ou trois classiques de L’Eau Vive dont le mijoté d’asperge au vin muscat, croûtons et lardons.
Si Pierre Résimont a l’âme d’un entrepreneur, L’Eau Vive reste-t-elle sa priorité ? Oui, oui ! Je suis en permanence derrière les fourneaux de L’Eau Vive et je viens saluer les convives en salle plusieurs fois pendant le service. Cette proximité avec le client, j’y tiens énormément.
© Anthony FlorioUne étoile au Guide Michelin Prix Gault & Millau de la «Nouveauté remarquable de la Wallonie 2024»
Restaurant ouvert le midi et le soir du mardi au vendredi et uniquement le soir le samedi.
33 Rue du Try Bara, 1380 Lasne 02/332.26.61 - 0471/32.26.61
www.latablebenjaminlaborie.be
À l’Orchidée blanche, Katia Nguyen et son équipe proposent le meilleur de la cuisine vietnamienne depuis 38 ans. 38 ans de succès pour une véritable institution bruxelloise !
À l’Orchidée Katia et équipe le la cuisine vietnamienne ans. 36 ans de succès pour une véritable bruxelloise !
Restaurant L’Orchidée Blanche
Fine cuisine vietnamienne l Existe depuis 1986
436 Chaussée de Boondael, 1050 Bruxelles
Tél. 02/ 647.56.21 l asia2000@skynet.be
WWW.ORCHIDEE-BLANCHE.COM
à prévu pour communes Auderghem, Bruxelles.
Service à domicile prévu pour les communes d’Ixelles, WatermaelBoitsfort, Uccle, Etterbeek, Auderghem, Saint-Gilles, Bruxelles.
Orchidee Blanche
RESTAURANT L’ORCHIDÉE BLANCHE
RESTAURANT L’ORCHIDÉE
Fine cuisine vietnamienne | Existe depuis 1986
Fine | 1986
WWW.ORCHIDEE-BLANCHE.COM
436 Chaussée de Boondael, 1050 Bruxelles
Tél. 02/ 647.56.21 | asia2000@skynet.be
436 Boondael, 647.56.21 asia2000@skynet.be
CHRISTOPHE HARDIQUEST
© Jehanne HupinMenssa, où tous les goûts sont permis
Avec Christophe Hardiquest, on ne voit pas le temps passer. Au printemps 2023, Be Perfect vous annonçait qu’à 46 ans, il laissait derrière lui BonBon, 2 étoiles Michelin, pour ouvrir Menssa, un comptoir gastronomique de franche complicité avec le client. Printemps 2024, Menssa est gratifié d’1 étoile Michelin. L’occasion est trop belle, trop bonne, de redécouvrir la symphonie culinaire d’un chef qui, affranchi de toutes les injonctions du monde gastronomique, fonctionne au coup de foudre pour sublimer l’infini des saveurs. Voyage au cœur de la créativité, de l’innovation et de l’audace belges.
C’est notre deuxième visite chez Menssa, et le constat est inchangé : quelle déco !
L’architecte belge, Anne-Catherine Lalmand, a frappé fort avec son arbre de vie monumental et ce comptoir central ondulé, porteur d’une belle énergie, d’une incroyable dynamique, au travers des échanges entre le chef, sa brigade, les clients, qu’il suscite et avive. Rien n’a donc vraiment changé en un an ? Si, et l’on s’en réjouit. Le 26 février dernier, le Michelin a en effet rendu son verdict et octroyé 1 étoile à Menssa du chef Christophe Hardiquest, venant récompenser « un vrai spectacle » et un chef qui « partage dès votre arrivée sa vision durable de la gastronomie, avec un respect des producteurs et de la nature ».
Si un chef porte souvent seul l’avenir de son entreprise, Christophe Hardiquest n’oublie jamais de saluer le dévouement sans faille de sa brigade. « Recevoir 1 étoile, un an après l’ouverture de Menssa, c’est une belle reconnaissance pour toute mon équipe qui travaille d’arrache-pied, au quotidien, pour porter ce restaurant au firmament. À tout vous avouer, maintenant que j’ai une étoile, je travaille déjà comme si
nous en avions deux ! Il reste à affiner le projet, à régler des détails de chorégraphie du service et à améliorer encore et toujours l’accompagnement du client. La modernité de la table d’aujourd’hui réside en un équilibre complexe entre la qualité de l’assiette et l’expérience client. L’idée n’étant pas d’être démonstratif, mais de transmettre aux clients des émotions. »
Quand on lui demande s’il ne regrette pas d’avoir tourné la page Bon-Bon, la réponse du chef est sans équivoque. « Non, après 20 ans à la tête de Bon-Bon, je n’étais plus en phase avec ma vision du restaurant de demain. Si j’ai un bon conseil à donner à tout entrepreneur, c’est de se laisser guider par ses envies, d’oser se mettre en danger pour aller de l’avant. Se mettre en danger ne signifie pas être inconscient, mais il faut parfois s’enhardir pour retrouver un nouveau souffle et réaliser ses rêves. Suivre son instinct, c’est ma ligne de conduite. »
Instinct, le mot est lâché. Instinct, inspiration, intuition, liberté, voyages nourrissent la quête sans relâche de Christophe Hardiquest pour atteindre
l’excellence et offrir à ses clients un voyage gustatif au cœur des saveurs et de la créativité belge. « Je ramène beaucoup de techniques de mes voyages, que j’applique à des produits locaux. Il n’y a pas de grandes cuisines sans beaux produits, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle Menssa joue la transparence avec ce comptoir ouvert sur la cuisine, mais la précision des techniques permet d’appréhender le produit autrement. La naissance d’une nouvelle recette qui va marquer les esprits, qui va devenir un plat signature, durable dans le temps, est hautement gratifiante, jouissive même. »
Pour l’heure, laissons-nous choyer. Face à nous, au cœur du comptoir central, deux jeunes commis subliment les assiettes, le geste est méticuleux, la pince à dresser l’allié. Nicolas Simon, sommelier et directeur de salle, vient nous saluer. Le verbe est éloquent. Comme nous ne souhaitons pas l’accord mets/ vins, il nous propose une élégante Syrah d’Ogier, « elle est signée Stéphane, le fils de Michel Ogier, icône de la nouvelle génération montante des vignerons en Vallée du Rhône »… A chacun, sa partition. Du coin de l’œil, Christophe joue
son rôle de chef d’orchestre, discret et vigilant à la fois. « Au sein de Menssa, j’aime l’idée que chacun puisse se réaliser même si, in fine, c’est moi qui valide chaque nouvelle proposition. »
Cornet épicé au curry, tartare de veau pimenté, émulsion à la moelle de boeuf, tempura de câpre de sureau. Cette mise en bouche est une oeuvre d’art, la rétine jubile, le palais frétille. Tartare d’encornet à l’huile citron, savarin léger de topinambour, toum libanais, extraction de chou-fleur, on reconnaît ce plat signature qui met tous les sens en émoi.
L’aventure intuitive se poursuit avec un affolant marbré d’anguille au tabac de romarin, rémoulade de légumes racines au dashi de rhum, une combinaison subtile de saveurs où chaque ingrédient est valorisé. Coup de cœur coup de saveurs avec le chawanmushi (un flanc japonais) de céleri boule en vinaigrette de lentilles vertes… Le chef pâtissier est disponible, il faut absolument que nous le félicitions pour son inoubliable tartelette de pain caramélisée, pain d’épices maison, crème de coing, segment de clémentine, glace de gingembre vanillée. « Je suis partisan d’une proximité entre
mes chefs de cuisine et les clients. Je les ai préparés à parler de leur travail et à exprimer leurs émotions. »
Chez Menssa, laboratoire culinaire instinctif, joyeusement délivré de toutes les injonctions du monde gastronomique, tous les coups extrêmement techniques et tous les goûts sont permis. « Mon métier sert aussi à bousculer les codes », nous avoue Christophe. Chapeau.
Un petit bout du Liban en plein cœur de Waterloo
Au Zawtar
Chaussée de Bruxelles 512 | 1410 Waterloo | T : 02/733.31.06
Du lundi au samedi de 18h30 à 21h30
Dimanche fermé
www.auzawtar.be
OCEANIA
© Serge Anton Maison de parfums d’intérieur eu.baobabcollection.com Photographie réalisée devant une œuvre de Kudditji Kngwarreye. Nicolas Andrin - Aborigène Galerie Paris.NOMADE 6
Le savoir-faire des Belges hors de nos frontières. Rencontres.
TANGUY
TANGUY DUMORTIER
Grands espaces sur petit écran
Globetrotter et reporter dans l’âme, Tanguy Dumortier a arpenté les quatre coins de la planète par soif d’émerveillement, et pour nourrir le Jardin Extraordinaire, émission phare de la RTBF qu’il a redynamisée il y a 10 ans. Comment perçoit-il le monde de demain ?
Quel espace sommes-nous prêts à laisser à la nature sauvage ? Le quadra brabançon nous répond, sans langue de bois.
MOTS : SERVANE CALMANT
Gamin, qu’est-ce que la nature évoquait pour vous ? Mes parents n’avaient pas de jardin, en revanche, nous habitions à côté de la forêt de Soignes qui est rapidement devenu mon terrain de jeu et d’évasion. Quand je faisais l’école buissonnière, je courais en forêt. J’avais 10, 12 ans et je m’y rendais seul. Une chance, car j’ai pu découvrir par moi-même la nature, apprendre à ne pas me perdre, à ne pas avoir peur, à ne pas m’ennuyer seul. Je faisais régulièrement le même tour mais chaque jour m’apportait son lot de découvertes, des écureuils, des oiseaux, des chevreuils, des renards. Cela peut
sembler paradoxal, mais si j’avais eu un petit jardin, j’aurais peut-être moins exploré la forêt…
Auriez-vous pu travailler toute une vie dans un bureau ou un studio TV ? Oh, non. Je l’ai pourtant fait quelques années (Tanguy a présenté le journal télévisé du soir, le 12 minutes, sur la Deux/RTBF, de 2005 à 2010 - nda) mais j’aspirais déjà à travailler en extérieur. C’est sur le terrain que je suis le plus heureux.
En 2014, il y a 10 ans exactement, la RTBF vous propose de succéder à
Claudine Brasseur. Vous avez alors 34 ans. Vous acceptez pourtant ce poste qui à l’époque était sédentaire… Oui, mais il y a 10 ans, je tournais déjà des documentaires animaliers. Je n’ai pas envisagé un seul instant de devenir présentateur du Jardin Extraordinaire et de renoncer à ce qui m’anime toujours aujourd’hui : aller à la rencontre de la faune sauvage et la filmer. La télévision était en train de changer : la RTBF achetait beaucoup de contenu et en produisait peu ; moi, je leur ai proposé un catalogue de productions propres et des coproductions. Le terrain, c’était ma condition. La direction m’a donné son go.
© Martin GodfroidLe Jardin Extraordinaire, la plus vieille émission de la RTBF (avec le JT) fêtera ses 60 ans en 2025. Ce programme n’a non seulement pas pris une ride mais a réussi également à évoluer, notamment grâce aux avancées technologiques. Exactement. Aujourd’hui, je peux partir seul, avec une petite caméra, achetée à moindre coût, plus légère, plus maniable, avec des drones également, ce qui apporte beaucoup de souplesse au tournage.
Seul au bout du monde, avez-vous parfois souffert de solitude ? Non, jamais. Mais partir avec une petite équipe, de deux, trois personnes, c’est nettement plus agréable, plus sécurisant et moins fatigant. Je suis parti seul, un mois en Antarctique. Je me suis levé tous les jours aux aurores, j’ai
dormi après avoir fait le back up des images, j’ai cumulé plusieurs jobs dans la journée. Une expérience éreintante.
Quelle est la qualité principale d’un réalisateur de films animaliers ? Arriver à se plier au contexte. Le caméraman ne décide pas quand l’animal va se présenter devant son objectif. On peut évidemment, à force de l’observer, espérer qu’il se présente à tel ou tel moment. Mais c’est l’animal qui décide. Le documentaire animalier, c’est une école de la patience et de l’humilité.
Comment se fait la sélection des destinations et de la faune à (dé) couvrir ? Les sujets ne manquent pas, mais il faut composer avec une réalité économique. Si le sujet a déjà
été couvert par une grosse société de production de films animaliers qui peut se permettre de rester six mois sur place, je ne peux pas la concurrencer. L’accessibilité du lieu en fonction du budget qui m’est alloué entre également en jeu. Enfin, et c’est peut-être le plus important, il faut pouvoir raconter une histoire. J’ai fait un reportage en Equateur au pied de la cordillère des Andes au plus profond d’un canyon, à la rencontre de l’ours andin, l’ours à lunettes, le plus rare et le plus menacé de la planète. J’ai pu suivre Yoyo, un ourson d’un an et demi, grâce à Danilo, un fermier et grand protecteur de ces ours. Le déclic du voyage en Equateur, c’est Danilo. Il faut connaître quelqu’un sur place pour raconter une histoire qui mêle le plus souvent, la vie des hommes et des animaux.
Une bonne raison de partir voyager autour du globe ? L’excitation face à l’inconnu. L’émerveillement. Comprendre comment la vie s’est adaptée à certains milieux, me fascine littéralement.
Peut-on encore prendre l’avion ou le bateau pour voyager ? Voyager ouvre l’esprit et cette curiosité est saine mais le voyage lointain est presque toujours polluant. C’est une contradiction avec laquelle je vis, je ne me voile pas la face. Je me suis rendu jusqu’en Antarctique à la rencontre des baleines et des manchots, à bord d’un voilier dont l’impact carbone est dérisoire par rapport à un ferry. Voyager écoresponsable est possible. Mais comment supprimer tout impact du voyage sur l’environnement, à cette question, je n’ai malheureusement pas la réponse.
Qu’auriez-vous envie de dire aux politiciens en termes d’enjeux environnementaux ? On parle beaucoup de l’impact du changement climatique sur notre espèce. Et sur le monde animal sauvage. Quel espace l’homme est-il prêt à laisser à la nature sauvage, pour qu’elle puisse continuer à vivre, à se développer, à cohabiter avec nous sur terre ? En Tasmanie, par exemple, la moitié de l’île est constituée de parcs nationaux et de réserve naturelle. Chez nous, en Europe, ce n’est plus possible certes, mais comment va-t-on demain cohabiter avec la faune sauvage ? Les bonnes intentions ne suffiront plus. On va planter des haies pour la biodiversité ? En parcourant le monde, j’ai vu plus de haies détruites, que de haies plantées ! Est-on conscient du bien-être qu’apporte la cohabitation
avec d’autres espèces ? Et que va-t-on faire pour la maintenir ? Toutes ces interrogations doivent également faire partie des enjeux environnementaux de demain.
Comment percevez-vous le monde de demain ? En tant qu’observateur de la faune, je ne peux malheureusement pas être très optimiste. Prenons les loups, chez nous. Leur présence entraîne des tensions avec les éleveurs notamment. L’être humain a oublié comment cohabiter avec le loup. Le rôle du Jardin Extraordinaire, c’est de transmettre la connaissance sur la nature et sur la faune sauvage, l’envie de la comprendre, de la respecter, de renouer avec elle. Et quand tel reportage incite à l’expérience personnelle de la nature, j’en retire, oui, une certaine fierté.
CAMILLE GERSDORFF À LA TÊTE DES TILLEULS
« A Etretat, on ne connaît pas les Gersdorff. Je travaille, j’explore, je crée en terrain neutre. Cette liberté, j’y tiens… »
Dans le paysage horeca namurois, on connaît bien la famille Gersdorff. Pour autant, c’est en France, à Etretat, que Camille Gersdorff nous reçoit. Aux Tilleuls plus précisément, un charmant lieu de vie qui associe dans une maison bourgeoise du 18e, hôtellerie, bien-être, événements culturels et où les clients sont invités à prendre du temps pour eux. Le luxe ultime. Un art de vivre et de recevoir qui donne des ailes à la pétillante entrepreneuse.
MOTS : SERVANE CALMANT
Ses parents, Christine et Benoit Gersdorff, se sont rencontrés à l’école hôtelière de Libramont. Ensemble, ils ouvrent L’Essentiel* à Temploux, reprennent La Plage d’Amée à Jambes, rénovent le très exclusif Ne5t Hôtel & Spa à Namur. Dire que Camille, leur fille, a baigné dans l’horeca depuis sa plus tendre enfance ne suffit pourtant pas à la définir, à peine à esquisser son portrait. Car Camille n’est pas une fille à papa trop raisonnable, plutôt une pétillante entrepreneuse qui a bien amorcé son envol !
Camille-la-globetrotteuse a travaillé dans de prestigieux hôtels aux quatre coins du monde, Shanghai, New York et Londres, avant de rejoindre Paris où elle est désormais basée. « J’ai choisi de quitter la Belgique pour la France afin de façonner ma propre identité, en l’alimentant de mes rencontres, de mes voyages, de mes propres valeurs. À Paris, j’ai construit un formidable réseau professionnel… »
normandes. « Là-bas, on ne connaît pas les Gersdorff. Je travaille, j’explore, je crée en terrain neutre. Cette liberté, j’y tiens… ». Camille-la-déterminée achète les Tilleuls et va littéralement se l’approprier pour créer un établissement hôtelier différent, singulier, un lieu qui lui ressemble…
Les Tilleuls, un établissement pas comme les autres ? Camille, aujourd’hui trentenaire, a su se différencier en intégrant l’art, le bien-être, l’écologie - plus que des dadas, des valeurs propres - , dans le monde de l’hôtellerie. « Je considère les Tilleuls comme un véritable lieu ©
Diplômée en management hôtelier du réputé Institut de Glion, en Suisse,
Eté 2019, Camille tombe sous le charme des Tilleuls, un hôtel particulier de 1738 dans une maison bourgeoise d’époque, située à Etretat à 300 mètres des célèbres falaises
de vie empreint d’un art de vivre. Parallèlement aux services hôteliers (la restauration privilégie le saisonnier et le local), je propose des séjours sous la forme de retraites (2 nuits, 3 jours) qui parlent de bien-être et de développement personnel. »
Troisième fil rouge qui confirme la personnalité et la singularité des Tilleuls : les événements artistiques. « Le lieu a accueilli des tournages de films (notamment la série Lupin avec Omar Sy, dont une séquence se déroule dans la magnifique bibliothèque des Tilleuls - nda), des shootings photos et fonctionne également comme résidence d’artistes. Je leur offre
l’hospitalité et un espace de création pendant une semaine ; en échange, ils sont invités à laisser une œuvre d’art aux Tilleuls ».
Par leur seule présence en ces lieux, les artistes interagissent évidemment avec les clients de l’hôtel, notamment aux petits déjeuners et diners pris autour d’une grande table commune. « J’ai développé une hôtellerie haut de gamme en matière de services, mais j’ai surtout voulu instiller dans ce lieu au chic bourgeois, à la déco francoanglaise, un esprit de famille et une ambiance chaleureuse. Aux Tilleuls, les gens prennent du temps pour eux. C’est ma définition du luxe. »
Multi-entrepreneuse dans l’âme, Camille Gersdorff a également monté une agence de consultance en stratégies hôtelières et de communication, pour des projets semblables au sien, c’est-à-dire des établissements qui font interagir hôtellerie, bien-être et événements artistiques. Un art de vivre et de recevoir qui lui donne des ailes d’autant que la dynamique entrepreneuse ne cache pas son ambition d’ouvrir d’autres hôtels en Europe, qui partageront la même philosophie que les Tilleuls évidemment, et d’en constituer une Collection. À suivre…
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VOYAGE 7
Une envie d’évasion ?
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LUCERNE
Une des plus belles villes de Suisse
Pour se positionner comme destination de citytrip parfaite, à laquelle vous n’aviez d’ailleurs peut-être pas (encore) pensé, Lucerne peut fourbir de nombreux arguments. Car non contente de se lover au bord du lac des Quatre-Cantons, la belle citadine suisse s’offre les Alpes en toile de fond et invite à découvrir une vieille ville ravissante et des hôtels prestigieux, Bürgenstock Hotel*****, un bijou d’altitude, et Mandarin Oriental Palace*****, splendeur Belle Epoque.
Une destination de citytrip, vraiment ? Nous vous résumons notre trajet : ZaventemLausanne en 1h20 puis 2h17 de train jusqu’à Lucerne. Un train suisse évidemment, c’est-à-dire ponctuel et fréquent. 34 trains par jour dont 17 directs, de quoi offrir aux navetteurs belges, un premier dépaysement ! Boutade à part, en Suisse tout roule, au sens propre comme au figuré. Nous voyagerons en train, bus, bateau, funiculaire (pour nous rendre au Bürgenstock Hotel, notamment) avec un seul titre de transport, le Swiss Travel Pass, un incontournable qui permet de
profiter de trajets illimités. Pourquoi se compliquer la vie ?
Lucerne n’est pas bien grande, et se visite à pied. L’Alstadt, quartier historique, dévoile son architecture médiévale à en faire tourner les têtes, son prestigieux pont de bois (le Kapellbrücke est l’emblème de la ville et l’un des sujets les plus photographiés de Suisse, avec le mont Cervin), ses nombreux bars en terrasse. Mais le charme envoûtant qu’elle dégage, Lucerne-la-citadine le doit aussi et surtout à des excursions nature
grandeur XXL, ainsi le Jungfraujoch, la plus haute gare d’Europe offrant une vue magnifique sur le glacier d’Aletsch, et le mont Rigi. Avec, à ses pieds, le lac des Quatre-Cantons, le plus beau de Suisse et, en toile de fond, les montagnes, Lucerne marque des points, d’autant que son offre hôtelière met la barre très haut en termes de singularité, d’exceptionnalité, de séduction. On vous guide.
www.luzern.com
www.myswitzerland.com
Bürgenstock Hotel***** supérieur, un bijou d’altitude
Sean Connery, Yul Brynner, Mahatma Gandhi, Charlie Chaplin, tous sont descendus au Bürgenstock. Nous aussi, pour deux jours. Sophia Loren, en revanche, y résida 9 ans, oui, neuf ans, vous avez bien lu. Elle y possédait sa propre maison aujourd’hui transformée en restaurant perse. Quant à Audrey Hepburn, elle épousa Mel Ferrer dans une petite chapelle blanche toujours debout sur le site absolument exceptionnel et grandiose du Bürgenstock Resort. Depuis l’inau-
guration du premier hôtel en 1871, le Bürgenstock a évidemment modifié sa silhouette, s’est agrandi, a intégré des bâtis contemporains suspendus à flanc de montagne, a changé plusieurs fois de propriétaires et a récemment séduit les Qatariens… Rouvert en 2017, après plus de neuf ans de rénovation et de construction, le Bürgenstock Resort se profile désormais comme un véritable complexe hôtelier (le plus grand de Suisse) qui comprend 10 000 m2 de bâtis, dont quatre hôtels de luxe, un spa
de 10 000 m2 (le plus grand d’Europe), un terrain de golf, plusieurs terrains de tennis, un Medical Wellness Center, etc.
Par bonheur, nous avons séjourné au Bürgenstock Hotel, un 5 étoiles supérieur pour ne pas dire un Palace, qui est le fleuron du site. Situé sur un éperon rocheux boisé qui surplombe de 450 mètres le lac des QuatreCantons, il offre une vue spectaculaire sur les monts Rigi et Pilate. Pour nous y rendre, nous aurions pu emprun-
ter une route, mais la traversée du lac en catamaran au départ de Lucerne et l’arrivée en funiculaire privé (900 mètres en 3 minutes) dans le hall d’entrée du Bürgenstock Hotel, est digne d’une James Bond Girl ! Un clin d’œil à la saga 007 point du tout innocent, puisque le Bürgenstock a servi de décor à quelques scènes de Goldfinger avec Sean Connery. Ce jour de septembre, il n’y avait pourtant pas de stars à l’Infinity Edge pool de l’Alpine Spa. Dommage, car la piscine extérieure
avec vue panoramique bénéficie d’un véritable statut culte sur Instagram. Si vous préférez marcher, les nombreux chemins de randonnée qui démarrent de l’hôtel sont considérés comme les plus belles promenades de Suisse. Oui, le Bürgenstock Hotel cumule les superlatifs, et c’est amplement mérité. www.burgenstockresort.com
A Lucerne, Mandarin Oriental, groupe hôtelier de luxe, a vu grand. En 2022, il a en effet investi un bâtiment Belle Epoque posé sur les rives du lac des Quatre-Cantons, à quelques encablures du centre-ville historique. « Après cinq ans de rénovation, le bâti, un authentique monument de la Belle Epoque, ressemble plus à ce qu’il était en 1906, qu’avant la transformation », se réjouit Christian Wildhaber, son Directeur Général.
Imaginez un palace - et on pèse nos mots - où le rez-de-chaussée, les sols, les murs, les plafonds ont été restaurés à l’identique. Les stucks, qui étaient à l’époque moins chers que le marbre, et le carrelage sont en tout point remarquables. En revanche, certains lustres de 1900 ont été décrochés par un ancien propriétaire qui ne les aimait pas. Définitivement perdus, ils ont été reproduits à l’identique et le travail est à saluer.
Extra-ordinaire par son emplacement (les chambres offrent une vue panoramique sur le lac des QuatreCantons et transportent le regard sur les sommets enneigés du Rigi, du Bürgenstock et du Pilate) et par son histoire (la direction a notamment tenu à conserver telle quelle une salle de 1906), Mandarin Oriental Lucerne l’est aussi par le confort et la modernité qu’il apporte. Point du tout figé dans le passé, la déco s’autorise des éléments de modernité, notamment des peintures signées par des artistes suisses contemporains qui répondent à des toiles de 1900. L’offre gastronomique est bien évidemment à la hauteur du lieu : un restaurant japonais (Minamo) et un resto français étoilé Michelin (Colonade) se disputant les faveurs des gourmets. Si Mandarin Oriental Lucerne s’inscrit inévitablement dans l’hôtellerie haut de gamme, sa direction a néanmoins voulu rompre avec certains codes du luxe (ainsi les tables non jupées) pour privilégier un art de vivre raffiné et un chic résolument décontracté. Au petit-déjeuner, notam-ment, la tenue sportive est acceptée. Faire son jogging ou une promenade de 50’ au bord du lac en direction de la plage du Lido est une activité particulièrement prisée à Lucerne. Un sans faute. www.mandarinoriental.com
Bastide et table d’exception à
Joucas, au coeur du Luberon
Le Luberon, la plus belle région de France. Et ce n’est pas Xavier Mathieu, chef étoilé, et les siens qui nous contrediront. Ils nous accueillent chez eux, au « Phébus & Spa », une luxueuse bastide édifiée sur des vestiges du 11e siècle, au cœur de la garrigue du Luberon. Récit d’une savoureuse escapade provençale à deux, le chant des cigales en symphonie de fond.
Les vacances, nous les attendons une bonne partie de l’année, nous en rêvons même, alors autant qu’elles soient parfaites. Proposer un lieu de convivialité et de quiétude à la fois, assurer le confort de chacun de ses hôtes, permettre un lâcher-prise tout en raffinement, surprendre, charmer, plaire évidemment, c’est pour toutes ces raisons inspirantes, que la famille Mathieu et son équipe se lèvent tôt chaque matin.
Mus par l’amour de recevoir et de partager, ils le sont aussi par la beauté insolente et la multitude de sites remarquables du Luberon. Car c’est bien dans cette magnifique région réputée pour ses champs de lavande et ses villages pittoresques, à Joucas plus précisément (nous sommes à un jet de pierre de Gordes et Roussillon, les « plus beaux villages de France »), que se dresse leur établissement, le « Phébus & Spa», bastide bâtie sur des vestiges en pierre sèche. Et si leur établissement de charme labellisé « Relais & Château » opère une séduction immédiate chez le voyageur, elle doit également son irrésistible attrait aux sept hectares de verdure qui l’entourent. D’ici, la vue sur la vallée du Luberon est à couper le souffle. On se pose le premier jour, l’esprit stimulé par ce panorama de montagnes et de vallées et par le chant des cigales en symphonie de fond.
Dans ce lieu d’exception nommé « Phébus », le dieu du soleil, en hommage à cette terre de lumière qu’est la Provence, la famille Mathieu nous a réservé une suite douillette et romantique, pourvue d’une grande terrasse privative ouverte sur le jardin. Nous sommes comblés d’attentions. Le soleil du Sud nous irradie, la lavande nargue les narines, la piscine extérieure naturelle nous fait de l’oeil… Le bonheur nous attend.
MOTS : NICOLAS DE BRUYN © Karel Balas © Laurence Barruel © Karel BalasHistorique, la bastide a été sans cesse agrandie, rénovée, embellie. Elle offre désormais un équipement bien-être moderne : seconde piscine intérieure avec jets de massage, hammam, douche sensorielle, cabines de soin dont une duo (testée et largement approuvée), salle de fitness … Entièrement vitré, ce spa s’ouvre sur les jardins fleuris. Sérénité. Calme. Bonheur. Pour vivre heureux, il faut vivre caché ? Vraiment caché ? Alors les suites de prestige avec piscine privative sont faites pour vous. Pour vous et votre grande famille à l’attention de laquelle a été bâtie cette superbe Villa privative de 550 m2
nichée au-dessus du domaine, à l’abri des regards, au milieu d’un parc arboré d’essences provençales …
Après une journée idyllique à bouquiner au calme et à se détendre au spa, nous rencontrons le chef Xavier Mathieu (notamment formé auprès du célèbre Roger Vergé, 3 étoiles), heureux de nous faire découvrir sa cuisine auréolée d’une étoile au Michelin. A tout vous avouer : La Table de Xavier, haut lieu gastronomique, vaut à elle seule le déplacement jusqu’à Joucas ! Le chef à la joyeuse crinière blanche y propose une cuisine créative inspirée
par son terroir provençal et les bons produits du marché gorgés du soleil du Luberon. Soupe au pistou, tian, tourte, jus de thym, glace au miel de lavande… autant de mets rassurants exécutés avec émotion. Dès les bouchées plaisir des menus « classique » et « créatif », la finesse et la subtilité de la cuisine de Mathieu séduit. Elle réussira à conquérir nos cœurs au fil des assiettes dressées avec élégance.
Bien ancré dans l’air du temps, Xavier Mathieu a à cœur de favoriser le circuit court : il travaille avec des agriculteurs, producteurs et éleveurs dans un rayon de maximum 100 km et cultive dans son potager certaines herbes qui viennent ajouter saveurs et arômes à nos assiettes. Côté viande et poisson, l’agneau vient des Alpilles, le cochon du Ventoux, et la Camargue à deux pas inspire également le chef. Amoureux de sa région, le chef invite également à découvrir une sélection de cuvées spéciales « XM », créées par l’un des vignerons partenaires de son hôtel.
Une invitation à un voyage gourmand, c’est également celle que nous adresse le Café de la Fontaine, brasserie provençale typique qui propose une cuisine bistronomique de saisons aux influences méditerranéennes. Le risotto végétarien y est fameux. Pour les petites fringales, terrines et rillettes s’accordent à merveille avec un réjouissant flacon du Luberon, dont les productions des vignerons rivalisent aujourd’hui avec les régions les plus prestigieuses de France.
Petit conseil : ne quittez pas cette exceptionnelle bastide sans emporter une bonne huile d’olive maison évidemment. Elle est le trésor du chef et de son Luberon sublimé.
www.lephebus.com
isabelleleblans
Gemmologue, je vous accompagne dans votre démarche de création ou transformation de bijoux.
LES SOURCES DE CAUDALIE ET DE CHEVERNY
Deux escapades bien-être hors du temps
Les Sources de Caudalie, chaleureuse chartreuse en région bordelaise et seul Palace viticole de France, ou les Sources de Cheverny, château entouré de bâtisses en bois au milieu de la forêt du Val de Loire ? Ne vous sentez pas obligé.e de choisir, c’est week-end de rêve dédié à la vinothérapie griffée Caudalie et mise au vert assurée de part et d’autre.
MOTS : SERVANE CALMANT
Après avoir ouvert les portes des Sources de Caudalie dans la campagne bordelaise en 1999, Alice et Jérôme Tourbier ont réservé une formidable surprise aux épicuriens en inaugurant, en 2020, au milieu de la forêt et des vignes du Val de Loire, les Sources de Cheverny. Points communs entre les deux Sources ? Un même art de vivre à la française, distingué et décomplexé à la fois, une foi identique en la simplicité de la vie loin de toute forme de snobisme, une même invitation à déconnecter (avec la forêt ou les vignes comme auxiliaires de bien-être), une
pareille proposition d’hébergements raffinés cachés au cœur de la nature, élégant château du 18e à Cheverny, chaleureuse chartreuse à Caudalie. De part et d’autre également : plusieurs tables de spécialités régionales et gastronomiques (2 étoiles Michelin pour La Grand’Vigne, le restaurant des Sources de Caudalie piloté par le chef Nicolas Masse et 1 étoile pour Le Favori du chef Frédéric Calmels aux Sources de Cheverny), des balades et parcours santé au plus proche de la nature, des dégustations œnologiques, etc. A Caudalie, comme à Cheverny, pas possible de s’ennuyer.
Ce qui différencie ces deux adresses griffées Caudalie ? Peu de choses en fait, car elles sont imprégnées d’une même histoire familiale, une Success Story à la française. En 1990, Florence et Daniel Cathiard achètent le domaine du Château Smith Haut Lafitte dans le Bordelais ; en 1999, leur fille Mathilde crée avec son époux un complexe de spas et soins de beauté qu’ils baptisent Caudalie, tandis que Alice, la fille cadette, et son époux Jérôme, deviennent propriétaires des Sources de Caudalie, des Etangs de Corot et, tout récemment, des Sources de Cheverny.
« C’est chacun chez soi mais avec une belle synergie d’équipe », nous avoue Alice.
Des nuances, il y en a pourtant.
Priorité à la nouveauté : Les Sources de Cheverny, à 2 h de Paris en voiture et 500 kilomètres de Bruxelles. Une adresse de rêve, un havre de paix où se ressourcer un long week-end, qui fédère un château du 18e repensé et réagencé (il accueille notamment le spa) et des bâtisses en bois plus charmantes les unes que les autres à l’esprit cottage de bon goût (La Maison
des Fleurs, La Grange aux Abeilles, Le Baron Perché, etc.). Le tout forme un hameau, coloré par des prairies fleuries qui égayent les cabanons. Soins Vinothérapie (riches en polyphénol, les pépins de raisins ont, semble-t-il, des vertus anti-âge), piscine intérieure dans un spa inondé de lumière, piscine extérieure à l’orée de la forêt, table gourmande (l’Auberge, brasserie champêtre ou le Favori*, voire un pique-nique concocté par le chef), salle de billard, salon où bouquiner … Ravissement, voici le mot qui définit le mieux Les Sources de Cheverny.
Direction Bordeaux à présent (comptez 5h en train de Bruxelles, 1h30 au départ de l’aéroport de Charleroi) où, à 20 km du centre-ville, nous posons bagage aux Sources de Caudalie, labellisées Palace, carrément. Même émerveillement qu’à Cheverny à la découverte de la demeure principale, une élégante et chaleureuse chartreuse du 18e qui fleure bon les retrouvailles et les belles rencontres. Elle est flanquée de plusieurs maisons et cabanes (La Bastide des Grands Crus, Le Comptoir des Indes, L’Ile aux Oiseaux, etc.), d’un Spa Vinothérapie Caudalie, d’une piscine intérieure où buller, le tout lové autour d’un étang enchanteur où batifolent des canards et posé au cœur de 78 hectares de vignes. Difficile de rêver plus joli décor. Chic et bucolique à la fois. Et si c’est Dame nature qui a présidé aux destinées des bien nommées Sources (il existe une source d’eau chaude sur le domaine bordelais), Mathilde qui a créé Caudalie et Alice qui exploite le site, lui rendent un bel hommage. Car la nature est partout et la vigne célébrée à chaque endroit, du spa à la cave qui abrite quelque 15 000 bouteilles dont un délicieux vin blanc Château Smith Haut-Lafitte (ne partez pas sans visiter le château et ses chais souterrains, propriété des parents de Mathilde et d’Alice). Table des grands soirs, La Grand’Vigne, 2 étoiles, envoie de la cuisine précise et de haute volée, très axée sur le végétal, « parce que le légume est source d’une diversité de création bien plus grande que la viande », nous glisse à l’oreille le chef, Nicolas Masse, qui dispense également sur site un cours de cuisine. Rendezvous du quotidien, la Table du Lavoir séduit par son âme de bistrot et Rouge (épicerie gourmande et bar à vin) par son esprit de partage. Un mot pour définir Les Sources de Caudalie ? Tout bonnement exceptionnelles.
www.sources-cheverny.com www.sources-caudalie.com
LILY OF THE VALLEY
Joyau d’un bien-être réinventé
Il est des lieux qui redéfinissent les frontières. Celles de l’évasion et du soin de soi. Du prestige et de la convivialité. Lily of the Valley est de ceux-là. Une sublime fugue au large de Saint-Tropez où le bien-être se raconte par l’éblouissement d’une élégance végétale aux accents méditerranéens, imaginée par le designer Philippe Starck.
La certitude de pénétrer dans un havre secret s’impose dès les premiers instants, alors que l’on gravit les chemins rocailleux du domaine du Cap Lardier, sur les hauteurs de la Croix Valmer. Celui de Lily of the Valley, un éden tropézien ouvert à l’année et préservé de l’effervescence, à l’ombre des pins parasols et des oliviers. Et dont la moindre parcelle respire l’éveil à soi comme au beau, dans toutes ses dimensions. De ce panorama ensorcelant surplombant la mer Méditerranéenne et plongeant vers la Baie de Cavalaire et les Iles d’Or, aux lieux eux-mêmes, orchestrés tel un village plutôt que comme un complexe hôtelier par le génie créatif de
Philippe Starck. 8 pools suites indépendantes et une villa avec piscine et jardin privé, côtoient 38 chambres et 6 suites s’éparpillant dans de petites maisons à l’architecture organique et luxueuse. Chaque espace est empreint de l’âme des abbayes provençales comme inspiré par le design des villas californiennes, tout en se voulant le rappel des jardins suspendus de Babylone. Le cuir naturel se conjugue au béton brut, au bois exotique et au marbre, la terre s’allie aux céramiques grecques et aux livres d’art disséminés un peu partout, tandis que les plantes grimpantes et la palette de teintes minérales et douces achèvent la rencontre de la sérénité et du goût.
Le soin de soi pour fondement
Tout est en effet question de synergie à Lily of the Valley. Et tout particulièrement en matière de bien-être. Né du désir d’un père et de sa fille de reconjuguer l’élégance au wellness, l’hôtel a développé une approche holistique unique, autour de trois piliers centraux : la gastronomie, le sport et les soins. Et ce sont ainsi 2000 mètres carrés qui sont dédiés à des programmes axés vers la remise en forme, la préparation physique, la perte de poids ou encore le better-aging, rassemblant tout à la fois du matériel d’excellence et des experts et thérapeutes pointus, encadrant un
programme défini sur mesure. Une personnalisation qui s’affirme dans les moindres détails, des soins, aux séances de coaching individuel, mais aussi menus du Vista, le restaurant central du complexe, dont la cuisine saine et gourmande du chef Vincent Maillard vibre au diapason du terroir du sud et des préférences de chaque visiteur.
Un intermède de sérenité
Si Lily of the Valley fait la part belle aux besoins et objectifs de ceux qui y séjournent, le ressourcement en demeure l’essence, y compris lorsqu’il se vit au rythme du lâcher-prise et du luxe d’un temps suspendu. Gorgé du bonheur d’observer se lever le soleil sur la terrasse intime de sa chambre, de se baigner dans une piscine déployant à perte de vue un paysage de mer et de pinèdes, de sentir le soleil réchauffer sa peau durant une séance de yoga extérieure. Ou celui d’une balade sur la plage privée de Gigaro en contrebas, avant d’aller manger à la terrasse de la Brigantine où l’on profite de divines saveurs italiennes traditionnelles ou chez Pépé, le Beach Club attenant, à l’ambiance et aux plats légers et savoureux. Si, tout dans ce domaine est conçu pour que la nature y reprenne ses droits, il cultive tout autant les jours heureux.
www.lilyofthevalley.com
DANS LES COULISSES DE LA COVER
Organiser un shooting photo professionnel ne s’improvise pas. Où va-t-on shooter, chez notre invité ou dans un lieu emblématique ? “Que penses-tu du Mix à Watermael-Boitsfort”, me lance Ariane, la rédac en chef. Le Mix Brussels, un resort XXL sis dans le bâtiment classé et fraîchement rénové de l’ancienne Royale Belge, abrite un restaurant plus un Food Market indépendant, un hôtel 4 étoiles de 21 000 m2 et 5 000 m2 dédiés à la gym et au bien-être. Le tout repensé, designé et aménagé par Lionel Jadot et sa troupe de designers.
Mix Brussels, c’est carrément une destination en soi. Ce sera également la nôtre et celle de notre invitée, la pétillante Laura Sépul. Pendant quatre heures de connivence, chacun prend ses marques et les revendique.
“Please, ne déborde pas sur tes 45 minutes d’interview, comme d’hab”, prévient Luc Depierreux, coiffeur et Make Up Artist. “C’est que je suis bavarde...”, objecte Laura Sepul en riant. “Moi aussi”, la riposte ou l’art d’en rajouter !
Dans ce joyau architectural devenu le Mix, notre photographe, Jon Verhoeft, a trouvé un terrain de jeu formidable.
“Jon a l’art de mettre les gens en confiance”, souligne Laura. Luc dompte une dernière mèche rebelle. Jon mitraille. Il est 18h, la journée s’achève. Regards complices. “On se boit un pot au Fox, tous les cinq ? ”. L’invitation d’Ariane ne se refuse pas. La convivialité, l’atout clé d’un shooting réussi.
A VENDRE - PROPRIÉTÉ EXCEPTIONNELLE DE 97 ARES, RÉNOVÉE RÉCEMMENT Nichée dans un écrin de verdure à Les Bons Villers, cette propriété extraordinaire a été récemment rénovée avec beaucoup de goût, dans un style contemporain qui conserve quelques éléments d’origine de la bâtisse principale, une ancienne maison de Notaire.
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Où que le RAM 1500 TRX mène, la foule suit. Alors, gardez une longueur d’avance sur le peloton. Forgez votre propre chemin vers l’avant. Au volant du trx, avec son moteur v8 hemi de 6,2 litres suralimenté de 702 HP, vous serez toujours en tête.
Le RAM 1500 est considéré comme un véhicule utilitaire, pas de TMC, taxe annuelle = 150€ par an
Consommation de carburant urbain 23,5L/100km, extra-urbain 17,0L/100km, combinée 21,0L/100 KM. émission de co2 combinée : 506 G/KM.
Classe d’efficacité : CO2 G.
Moteur : 6,2 litres V8 suralimenté
Max. Puissance : 702 HP (523kw) nm : 881 NM à 4.800 TR/min
*Toutes les mesures et tous les modèles présentés sont basés sur le type de modèle américain. Les voitures représentées sont basées sur les spécifications américaines. les spécifications de l’UE seront bientôt mises à jour.