Be Perfect B E LG I A N STO R I ES
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EDITO
9
Hiver 2023 - 2024
L
’hiver 2023 est riche des réussites de nos compatriotes qui honorent les paroles que j’aime emprunter au maître spirtuel indien Swami Prajnanpad : « La perfection, ce n’est pas de faire quelque chose de grand et de beau, mais de faire ce que l’on fait avec grandeur et beauté ». Double actu pour Philippe Geluck avec la sortie de la BD, « Le Chat et les 40 bougies », et l’expo « Le Chat déambule » qui joue les prolongations au Parc royal de Bruxelles. Natan offre un dernier chapitre flamboyant à ses célébrations du 40e anniversaire de la Maison, avec son ouvrage « Edouard ». 40 ans aussi pour le parcours de Denis Van Esser qui n’est en rien le fruit du hasard mais bien de l’audace. Estelle de Merode délaisse les tendances, leur préférant l’intuition et une créativité guidée par l’émotion. Morobé étoffe son univers avec une gamme d’accessoires, sous l’égide de Virginie Morobé mais aussi de son nouveau directeur artistique, Bernard T. Sestig. Quant à Jean-Paul Lespagnard, il s’affirme comme le plus cosmopolite des designers belges. Rencontre avec Xavier Lust qui fait partie des noms qui comptent dans l’univers du design international. Julien Renault, le designer pluridisciplinaire
Belge d’adoption, décroche le prestigieux titre de Designer de l’année 2023. 60 ans d’expertise pour l’entreprise familiale Bulo qui s’offre une nouvelle collaboration avec l’incontournable architecte Vincent Van Duysen. Confidence de Stephan Vanfleteren ! Comment ce formidable artiste qui est né et qui a grandi sous un ciel de plomb belge, est-il arrivé à modeler la lumière ? Avec « Un silence », le réalisateur Joachim Lafosse ausculte la dimension tragique de l’Affaire Hissel. Quelle trajectoire judiciaire pour la victime d’un viol en Belgique ? Delphine Girard apporte des éléments de réponse dans « Quitter la nuit », l’un des films belges les plus attendus de 2024. Le prolifique scénariste Jean Dufaux, poids lourd de la BD , rend un vibrant hommage à La Callas et Pasolini, deux icônes de la vie artistique des années 60. Après près de 10 ans d’absence, le groupe belge Vaya Con Dios opère un retour en charme avec « Shades of Joy ». Louis Verstrepen, devenu maître à bord du Da Mimmo*, régale les amoureux de fine cuisine italienne. Giovanni Bruno, le chef étoilé de Senzanome*, vient d’ouvrir Miss Rose, un bistro-galerie délicieusement glamour. Emily rentre au bercail, chez elle, à la Maison Degand, propriétaire de cette somptueuse
maison de bouche conçue sur mesure pour Emily, leur fille. Jean Callens redonne vie aux Brassins, un estaminet ixellois au charme délicieusement rétro, en célébrant une cuisine belge de terroir. Loïc Lechien et son associé, Valérian Delaval, sont à l’origine d’Hémisphère, des bulles qui invitent à vivre une expérience culinaire dans des lieux prestigieux. Rendez-vous dans les jardins intérieurs classés du site de l’Hospice Pacheco à Bruxelles en 2024. Hors de nos frontières, les Belges excellent encore et toujours. Christophe Pauly, le chef étoilé du Coq aux Champs * a été nommé « Ambassadeur » des Gets. Multimédaillée, dont une victoire historique pour la Belgique aux JO de 2022, Hanne Desmet s’affirme comme l’une des plus talentueuses athlètes de shorttrack de sa génération. Yves Jadot a exploité une flopée de restos à Manhattan. Pour autant, il n’a pas oublié Bruxelles. Avec son associé Nicolas Vignals, maître mixologiste, il vient d’y ouvrir Confessions. Dans sa cioccolateria belga, Charlotte Dusart y déploie son amour du cacao. Alain Hubert en est à sa vingtième expédition à la station belge Princesse Elisabeth. L’occasion de faire le point sur cette vie hors norme, une vie d’aventures. ARIANE DUFOURNY Rédactrice en chef
Remerciements : Remerciements : La fin d’année est une période propice aux remerciements. Un merci incommensurable à mon fils Nicolas De Bruyn qui a créé avec moi le magazine que vous tenez en main. Une aventure magnifique rendue possible grâce à nos talentueuses journalistes, notre exceptionnel photographe, notre make-up artiste, nos commerciaux et nos annonceurs que je remercie pour leur fidélité.
EDITO
10
BE PERFECT, C’EST AVANT TOUT LE TRAVAIL D’UNE ÉQUIPE Ariane Dufourny Rédactrice en chef
Nicolas De Bruyn Directeur artistique
Servane Calmant Journaliste
Barbara Wesoly Journaliste
Olivia Roks Journaliste
Anthony Dehez Photographe
Luc Depierreux Coiffeur et Make-up Artist
EDITEUR RESPONSABLE ADN PRODUCTIONS SPRL
COUVERTURE PHILIPPE GELUCK ©ANTHONY DEHEZ - BE PERFECT
Copyright ©, toute reproduction de textes et de photos publiés par Be Perfect est interdite sans l’autorisation de l’éditeur. Les photos confiées à ADN Productions ne stipulant aucune mention d’auteur restent sous la responsabilité de leur propriétaire ou de leur RP. L’éditeur décline toute responsabilité pour les propos, documents et images qui lui ont été confiés spontanément.
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W W W. D E L E N . B A N K
12
SOMMAIRE
1
REPERAGE
18
NOS ADRESSES GOURMANDES OÙ SE RÉFUGIER CET HIVER
21
LA BOURSE DE BRUXELLES
22
MOHICAN
24
TERO EVENTHOUSE
25
WIMLEYER
2
CAUSERIE
28
PHILIPPE GELUCK
36
EDOUARD VERMEULEN
40
ESTELLE DE MÉRODE
44
VAN ESSER
46
VIRGINIE MOROBÉ & BERNARD T. SESTIG
50
JEAN-PAUL LESPAGNARD
56
XAVIER LUST
60
JULIEN RENAULT
64
BULO
70
JOACHIM LAFOSSE
72
DELPHINE GIRARD
74
VAYA CON DIOS
76
JEAN DUFAUX
78
SETPHAN VANFLETEREN
3
PLAISIR
86
DA MIMMO
90
MISS ROSE
92
EMILY
96
LES BRASSINS
100
HORS-NORME EVENT
BE PERFECT
17 - 26
27 - 84
EDOUARD VERMEULEN « CE LIVRE, JE LE DÉDIE À LA PASSION »
85 - 102
maisondegand.com
14
SOMMAIRE
4
NOMADE
104
CHRISTOPHE PAULY
108
HANNE DESMET
110
YVES JADOT
114
CHARLOTTE DUSART
116
ALAIN HUBERT
103 - 120
HANNE DESMET LE FEU SUR LA GLACE
5
V O YA G E
122
CLUB MED EXLUCLUSIVE COLLECTIONVAL D’ISÈRE
126
CHAMONIX
130
LES ARCS
134
MERIBEL
138
LE LAMANTIN
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121 - 143
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LA FABRIQUE DE NAMUR Rue de la Croix, 16 - 18 - 23 5000 Namur 081/83.38.01
la-fabrique.be
LA FABRIQUE DE LASNE Rue de l’Église, 3 1380 Lasne 02 /633.46.63
1 REPERAGE Nos adresses gourmandes où se réfugier cet hiver, des adresses fédératrices à se refiler...
CIAO - VERTIGO - PINA TAQUERIA - BAR MARGRITTE - TIMBER - LA BOURSE MOHÍCAN - TERO EVENTHOUSE - WILMEYER
18
Nos adresses gourmandes où se réfugier cet hiver Dolce Vita au restaurant du social club TheMerode. Tradition italienne et mixologie dans une arrière-cour secrète. Cuisine smokehouse en bordure de la Forêt de Soignes. Taqueria saint-gilloise sous le soleil de Mexico. Magritte en fête au bar d’un hôtel bruxellois sélect. Pour autant de soirées réconfortantes. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
CIAO, AU CERCLE THEMERODE, À BRUXELLES Faut-il montrer patte blanche pour se rendre à TheMerode ? Non. Le club d’affaires bruxellois qui se définit comme un espace de rencontres, invite à découvrir un bar branché et un restaurant italien ouverts à tous, non-membres inclus. Fraîchement rénové, le ristorante Ciao est d’une élégance sans fausse note. Il offre à Emmanuelle Indekeu, la conservatrice d’art interne de TheMerode, un écrin parfait pour exposer des œuvres d’art. Dans ce cadre volontiers feutré, le chef toscan Leonardo Iacometti (qui succède à Isabelle Arpin) et la sommelière et mixologue, Sonia Capriolo, originaire du Piémont, sont complices pour le meilleur. Ensemble, ils invitent à un voyage culinaire savoureux en terre italienne, en proposant une gastronomie exigeante mais accessible (excellent vitello tonnato, pâtes fraîches maison, réconfortante sauce ragoût chianti avec citronnelle et campari) et une carte des vins variée où les grandes maisons côtoient de jeunes vignerons. La classe. © Martin Pilette Prod
www.ciao-brussels.com
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19
© Fred Sablon
© Pina Taqueria
VERTIGO, QUARTIER SABLON, À BRUXELLES
PINA TAQUERIA, À SAINT-GILLES
Chefs et bartenders partagent un amour commun pour les bons produits, la preuve avec Vertigo, une auberge médiévale cachée dans une arrière-cour du Sablon, qui abrite un bar à cocktails signés Alexis Mosselmans et un restaurant labellisé Good Food. Jusqu’ici, Vertigo attirait davantage les fêtards que les fins gourmets. Mais, depuis peu, l’établissement a revu sa copie en invitant derrière ses fourneaux, le chef vénitien Carlo Longombardo, épaulé par Filippo La Vecchia, pour la touche asiatique (le chef de l’Osteria Romana a travaillé plusieurs années à Osaka). Dans l’assiette, c’est gourmand : Vitello Tonnato, dont la sauce est travaillée au siphon pour plus de légèreté et « La bolognese n’existe pas », pâtes fraîches au ragu de Black Angus cuit à basse température, servies dans la poêle, comme en Italie. Epicurien(ne)s, Vertigo et son feu ouvert sont votre refuge pour l’hiver.
« On pense que la cuisine mexicaine est simple, alors qu’elle est riche en épices et saveurs ». Si Dimitri Magerus et Alexis Roger ont fait leurs premières armes au sein de grandes maisons belges, c’est le Mexique et sa streetfood qui ont tracé leur voie. Eté 2023, ils ouvrent une taqueria à la déco joyeusement urbaine. Dans l’assiette, du fait maison avec amour. Ainsi cette tortilla farcie de porc mariné à l’achiote et cuit à la broche, avec de l’ananas et de la coriandre. C’est frais, ensoleillé, délicieux. « Je vous sers une route de la dégustation ? A base de mezcal ou de tequila ? » 4 shots de 2 cl à prendre pendant ou après le repas et, pour une fois, ce n’est pas du tord-boyaux, mais de la Tequila qui provient de la maison de Fortaleza installée à… Tequila ! Du savoureux dans l’assiette, de l’authentique dans le verre, et du tout doux avec l’addition. Une adresse bien cool.
www.vertigobrussels.com
www.pina-taqueria.be
REPERAGE
20 BAR MAGRITTE, DANS L’HÔTEL AMIGO, À BRUXELLES Le 21 novembre 2023, date qui aurait marqué le 125e anniversaire de René Magritte, l’Hôtel Amigo a ouvert le Bar Magritte, seul bar dédié à l’œuvre du génie surréaliste belge. Le cadre résolument arty rappelle le mouvement artistique surréaliste de Bruxelles des années 20 et 30 : un papier peint sur mesure inspiré du tableau Femmes du peintre belge (1922), créé par le designer contemporain Adam Ellis, orne en effet tous les murs, à la manière d’une grande fresque murale. Singularité encore avec un imposant bar en laiton à la folle élégance, posé au centre de la scène. On s’y accoude, fascinée par le savoir-faire des mixologues. Le nouveau menu de cocktails du bar a été conçu par l’expert de renommée mondiale, Salvatore Calabrese, qui présente 20 cocktails signature. Nos préférés ? Shéhérezade, un Martini citronné et Magritte, hommage sophistiqué à l’amour du peintre pour le vin rouge. Soit la promesse d’une soirée qui s’apparente à un voyage dans le temps. Et dans l’art.
www.barmagritte.be
© Les Artistes Production
TIMBER, À WATERMAEL-BOITSFORT Si Mix Brussels accueille un Fox Food Market qui a le vent en poupe, il abrite également désormais Timber, une cuisine de saison aux saveurs de fumoir. L’installation Smoky, installée sur la grande terrasse du restaurant, en jette. Les légumes colorent toutes les assiettes, mais l’entrecôte rouge de Flandres et le coucou de Malines (un régal) y ont également droit de cité. Le cadre, absolument magnifique, porte la signature de Lionel Jadot et des designers belges de Zaventem Ateliers. Mentions spéciales aux lustres en métal tissé de Adeline Halot et aux tentures dessinées par Krjst Studio, collectif d’art belge. Table ardente pour soirée en tête à tête et formule lunch pour rendez-vous pro.
www.mix.brussels/timber
© Stan Huaux
B E P E R F E C T | C I A O - P I N A TA Q U E R I A - T I M B E R - V E R T I G O - B A R M A G R I T T E
LA BOURSE DE BRUXELLES PLUS BELGE QUE ÇA…
21
Après plusieurs années de transformation et de rénovation, la Bourse de Bruxelles a fait peau neuve. Elle abrite désormais un temple de la bière et trois nouvelles propositions horeca, dont The Brasserie, ode à la bistronomie belge où tester des accords mets-bières. Objectif ? Rassembler sous une même impressionnante coupole, les amoureux du patrimoine culturel et gastronomique belge. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
PHOTOS : ADELE BOTERF
Quatre imposantes façades de style néo-Renaissance, une galerie flanquée de six colonnes corinthiennes, deux lions sur des rampants : la Bourse de Bruxelles ne passe pas inaperçue. C’est encore plus vrai aujourd’hui puisqu’elle s’affiche toute pimpante ! De fait, après des années de rénovation, la Bourse a rouvert en grande pompe en septembre dernier, dévoilant une nef centrale (coiffée d’une impressionnante coupole, effet waow garanti !) transformée en une galerie passante, lien malin entre le piétonnier et la Grand-Place.
ludique, didactique, interactif et immersif dédié à la bière belge dont la visite se clôture par la découverte, au troisième et dernier étage du bâtiment, d’un BeerLab, un bar à bière haut perché joyeusement agrémenté d’une terrasse en rooftop qui offre une vue imprenable sur le centreville. Pour étancher sa soif et séduire le Beer Geek qui sommeille en vous, la carte propose plus de 150 bières, dont 49 servies en fût ! On a goûté la Fourchette, une bière vivante (qui refermente en bouteille) de la brasserie Van Steenberge, implantée à Eertvelde. Belle découverte gustative.
Plus de 10 ans après le rachat de l’édifice par la Ville de Bruxelles, la Bourse s’offre donc une nouvelle vie. Elle abrite désormais le Belgian Beer World, un centre
Redescendons dans la nef centrale. Sur sa gauche, The Café invite à déguster des pâtisseries maison ou des petits plats sympas. Découverte horeca encore,
avec The Brasserie, notre espace préféré. Cadre exceptionnel, décor élégant et sobre, célèbres chaises du designer belge Christophe Gevers, The Brasserie a décidément bon goût. Dans l’assiette également, le (bon) goût est à l’honneur avec une carte en forme de déclaration d’amour à la cuisine belge. Croquettes aux crevettes de Fernand Obb, américain et frites du fermier de Grimbergen, sorbet à la Kriek. Un sans faute. Pour la note originale : The Brasserie s’est associée au zythologue (ou biérologue, comme vous voulez), Karl Van Malderen, qui a élaboré des accords mets-bières. Une Bourse plus belge que ça, tu meurs.
www.boursebeurs.be
REPERAGE
22
MOHÍCAN
LA RENCONTRE DES SAVEURS ET DU DÉPAYSEMENT
Séduire les aventuriers culinaires et les amateurs de rendez-vous singuliers, c’est la promesse de Mohícan. Après une flamboyante première édition en 2022, la version hivernale de Dinner On The Lake s’installe cette année à Dilbeek et Rixensart, pour une nouvelle expérience dinatoire. M O T S : B A R B A R A W E S O LY
P H OTO S : K I L L I A N J O U F F R OY
La rencontre de yourtes traditionnelles mongoles et d’un château de la Renaissance. Un décor superbement insolite qui donne le ton d’une soirée au sein de Mohícan. Celui d’un concept unique, mélange de cuisine raffinée et de convivialité bucolique, où la proposition d’un repas gastronomique se conjugue avec des plats braisés sur un feu à ciel ouvert. Un projet signé par Jeremy Buyle, gantois co-fondateur de Dinner On the Lake, dont on retrouve une nouvelle fois le parti pris de l’originalité au cœur de la nature. Le goût de l’intime Le voyage culinaire débute dans les allées boisées du domaine, à distance de la clameur bruxelloise toute proche. Avant de nous emmener dans un village nomade, ou braseros, fauteuils moelleux et échoppes de bois brut destinées au bar et à la cuisson, côtoient les tentes intimistes qui accueillent le repas. L’expérience n’en est en effet que plus grisante de par son exclusivité, chaque yourte au sein de Mohícan ne pouvant
BE PERFECT | MOHÍCAN
recevoir que douze convives. Portant à 56 le maximum de participants sur le domaine du Château de Nieuwermolen à Dilbeek et seulement 28 au Château de Mérode de Rixensart. Un parfum de nature indomptée A l’abri des frissons hivernaux d’un moment suspendu, on peut dès lors goûter pleinement à un menu cinq services élaboré avec des ingrédients locaux et saisonniers. Et dont les accords mets-vin ou mocktails sont pensés pour révéler tout leur potentiel d’authenticité mais aussi d’élégance. Et une inimitable saveur fumée et épicée qui convoque sur nos papilles des images de forêts lointaines.
Mohícan Dilbeek, à découvrir jusqu’au 3 mars 2024 Mohícan Rixensart, à découvrir jusqu’au 31 mars 2024 www.mohican.be
Vivez pleinement votre passion, libéré des contraintes. Claude-Philippe Laroche met au service des collectionneurs les plus exigeants son authentique conciergerie privée pour voitures de collection. Une infrastructure de gardiennage encadrée, rigoureuse et soignée, digne du patrimoine d’exception dont il a la responsabilité. Cet hôte bienveillant, également expert en mécanique de précision, vous accueille, conseille et accompagne afin de conserver votre précieux véhicule dans les meilleures conditions.
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24
TERO EVENTHOUSE À WATERLOO UN LIEU DE VIE FÉDÉRATEUR
Ce n’était pas un adieu, juste un au revoir. Fermé en aôut dernier, l’emblématique Knokke Out Waterloo a rouvert ses portes, et la mue est étonnante. Exit la boite de nuit, place au sport avec neuf terrains de padel et au réconfort avec un resto-bar, Bistro Pilko. Tero Event House, c’est le nouveau rendez-vous ambitieux des frères Lhoist (Tero Group). M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
PHOTOS : CROLLE AGENCY
Le Knokke Out Waterloo ne fera plus danser les fêtards du Béwé et d’ailleurs. En revanche, le Tero Evenhouse des frères Lhoist propose des espaces pour événements privés et professionnels, un bistro privatisable et des soirées DJ les vendredis et samedis soirs. Bref, convivialité et fête sont toujours de la partie/party. Ce qui change : un Tero Padel Club, neuf terrains de padel, 3 extérieurs, 6 couverts, qui en jettent ! Et pour cause : pour ses terrains, Tero Group a sonné à la porte des meilleurs, Padel Galis, également partenaire du World Padel Tour. En face du Padel
BE PERFECT | TERO EVENTHOUSE
Club, se dresse toujours l’ancienne ferme à fiesta qui abrite désormais un bistro-bar, Pilko (pour balle, en esperanto). On a testé Pilko un vendredi soir, avant l’arrivée du DJ. L’ambiance y était décontractée, en un mot : sympa. Dans l’assiette ? Des bons produits. Les légumes, fruits et bétail proviennent des fermes Tero de Nassogne et de Rochefort qui fournissent les restaurants Tero Bierges et Tero Bruxelles. La carte est courte, la cuisine maison toute simple : assiettes mixtes à grignoter, américain-frites,
spaghetti, cheeseburger, côte à l’os en suggestion. Les croquettes de crevettes de chez De Vismijn (leur partenaire) étaient parfaites, le tartare de saumon, délicat. A nos côtés, une table de copines venues boire un verre et des sportifs qui racontaient leurs exploits. Preuve que Tero Event House se veut un lieu de vie fédérateur, pas guindé pour un sou, pour les bons vivants, sportifs ou pas.
www.tero.be
WILMEYER
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L’AIRE DE JEU INCONTOURNABLE DES AMOUREUX DE PADEL Le padel a le vent en poupe ! Et loin de se limiter à une discipline sportive dans l’air du temps, il représente une véritable philosophie de vie, qui s’embrasse avec style. En atteste Wilmeyer, né de la synergie des talents d’Emmanuel Wilmes et JeanFrançois De Meyer. Un concept unique ou marque de vêtements et boutique fusionnent avec luxe, art et passion. M O T S : B A R B A R A W E S O LY PHOTOS : AURELIEN FRANSOLET
Elle a beau être réelle, leur histoire semblerait trop prodigieuse pour constituer un bon scénario de fiction. Celle de deux amis d’enfance, qui après s’être perdus de vue pendant plus de vingt ans, ont renoué pour se découvrir un amour partagé du padel. L’un, Emmanuel Wilmes, vivant toujours en Belgique, planchait alors sur une ligne de vêtements consacrée à cette discipline. Tandis, qu’à des milliers de kilomètres, l’autre, Jean-François De Meyer, expatrié en Afrique, dessinait des raquettes pour ce même sport. La coïncidence était trop inouïe que pour ne pas rétablir des liens et surtout concrétiser un projet commun. De la conjonction de leurs deux noms et de leur créativité, est ainsi né Wilmeyer, une marque de vêtements sportwear, bien décidée à envoyer au filet les habituelles tenues criardes, pour leur préférer l’élégance et la sobriété. Le padel dans la peau Mais, pour les deux entrepreneurs baladant leur amour de cette discipline, sur le court comme dans leur quotidien, il était inimaginable de s’arrêter là. « Tous les mordus de ce sport vous le diront. On joue au padel, on discute padel, on respire padel. C’est un art de vivre, qui réunit les amis, les couples, les collègues et qui ne s’arrête pas lorsqu’on retourne au vestiaire. Et on voulait créer un lieu basé sur ce principe » explique Emmanuel Wilmes. Dans leur pop-up store de la Galerie de la Toison d’Or, à Bruxelles, au décor rappelant celui d’un club privé design et cosy, l’on retrouve, en plus de leur collection propre, des marques haut de gamme et exclusives comme Cork Padel ou Oxdog, comme on croise des tableaux et œuvres d’art. Mais aussi des joueurs professionnels et de célèbres passionnés à l’instar de l’acteur de Dikkenek, Mourade Zeguendi. Avec pour Wilmeyer, l’objectif d’ouvrir dans un avenir proche, un second espace à Waterloo. Jeu, set et match.
www.wilmeyer.com
REPERAGE
Joaillier créateur. Depuis 1993.
www.cession.be — Place de l’Hôtel de Ville · Wavre —
2
CAUSERIE Ils/elles font la fierté de notre pays. Entretiens en tête-à-tête.
PHILIPPE GELUCK - EDOUARD VERMEULEN - ESTELLE DE MÉRODE - VAN ESSER - VIRGINIE MOROBÉ & BERNARD T. SESTIG - JEAN-PAUL LESPAGNARD - XAVIER LUST - JULIEN RENAULT - BULO - JOACHIM LAFOSSE DELPHINE GIRARD - VAYA CON DIOS - JEAN DUFAUX - SETPHAN VANFLETEREN
PHILIPPE GELUCK Le Belge derrière le Chat
Double actu pour Philippe Geluck avec la sortie de la BD, « Le Chat et les 40 bougies », et l’expo « Le Chat déambule » qui joue les prolongations au Parc royal de Bruxelles. Au fait, le Chat aurait-il pu être un lapin ? Qui de Geluck ou du Chat est-il le moins consensuel ? Qui a déjà fait taire Le Chat ? Le musée du Chat, est-ce comme le RER, un mirage lointain ? Notre invité, auteur prolifique de dessins d’humour, comédien, homme de radio et de télévision, entrepreneur aussi, se confie. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
BE PERFECT | PHILIPPE GELUCK
PHOTOS : ANTHONY DEHEZ
MAKE-UP ARTIST : LUC DEPIERREUX
À
16 ans, votre premier dessin publié. À 18 ans, votre première expo. Philippe, vous êtes un précoce ! Ado, avez-vous emballé des filles avec vos dessins d’humour ? À 14 ans, je portais des lunettes de la mutuelle et j’avais les cheveux gras… Quand j’ai commencé à séduire les filles, mes dessins leur plaisaient : je les faisais rire. Mais rien n’a changé, tous les jours, je fais rire Dany, mon épouse. Votre père était dessinateur de presse sous le pseudonyme de Diluck. Votre mère, soprano. Ils se sont rencontrés en faisant du théâtre amateur. Leur devez-vous beaucoup ? Quand maman était enceinte, elle se massait le ventre en pensant : pourvu que mes enfants deviennent des artistes. Je leur dois énormément, parce qu’ils m’ont ouvert les yeux sur l’art. Si mon frère aîné et moi avions voulu être avocat ou comptable, nos parents ne nous auraient plus adressé la parole ! (rire)
Le dessin d’humour devient donc très vite une évidence … Oh oui ! Mon fantasme n’a jamais été de devenir dessinateur de BD mais dessinateur d’humour. Mes références étaient et sont toujours : Sempé, Siné, Reiser, Wolinski, Steinberg … Pourquoi un chat et pas un chien ou un lapin ? Vous allez rire : pour le fairepart de mon mariage, j’avais fait des croquis préparatoires. J’avais d’abord dessiné deux lapins, puis deux chiens, puis deux chats. Fondamentalement, je me sens plus chat que chien : même indépendance. Et si on me lance une baballe, jamais je n’irai la chercher ! Ce faire-part de mariage, vous venez de me le montrer : le chat a déjà un gros nez. Pourquoi ? Je ne sais pas, je vous le jure ! Beaucoup de dessinateurs de BD vous répondront la même chose : on ne se rend pas toujours compte de ce que l’on dessine. Nous le faisons
instinctivement, puis le personnage évolue d’année en année, et il acquiert progressivement une forme plus ou moins définitive. Il a du pif ce Chat, donc… Ah ah, c’est peut-être en effet un hommage subliminal à Pif le chien … Le Chat a du flair et surtout, il nous regarde : c’est ça l’essentiel. Il est le miroir de nos travers et des absurdités du monde. Le Chat est belge, il n’est pourtant pas empreint de belgitude… C’est vrai, Dans La Minute du Chat, la série animée, le Chat n’a pas l’accent belge. Mais si je n’étais pas né en Belgique, Le Chat aurait été probablement différent. Vous êtes le papa du Chat, du Fils du Chat (à destination des enfants) mais aussi de Geluck se lâche, de Geluck enfonce le clou… Le Chat est-il plus consensuel que Philippe ? Je suis plus con et lui plus sensuel, qui sait ?
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(rire). Le Chat est plus bonhomme, plus familial. Il est apparu la première fois, en 1993, dans le quotidien Le Soir... Avec Le Chat, je me suis apaisé, en effet. Mais quand Siné m’appelle pour Siné Hebdo, je me lâche davantage. Casterman en publiera un recueil où j’avertis d’ailleurs le lecteur qu’il va découvrir des textes et des dessins impolis… Le Chat a 40 ans. 40 ans de liberté ? Combien de fois a-t-il été censuré ? Trois fois. Un dessin sur les risques de rouler à moto n’a pas été publié dans Le Soir, car le journal avait un gros annonceur moto. Un dessin d’un sexe entre deux siamois ; motif invoqué : pas de zizi dans Le Soir. Et un dessin dans VSD au moment de l’affaire DSK : Le Chat tenait un journal sur lequel j’avais écrit « Le coup de bite qui a changé l’histoire de France ». (rire) Et Philippe, il se contient parfois ou souvent ? Je récuse l’idée selon laquelle je pourrais m’autocensurer à cause de l’époque ou de la peur. Le seul tabou reste la représentation de Mahomet. Ceux qui l’ont fait l’ont payé de leur vie et plus aucun dessinateur depuis n’ose le faire. Par contre, je continue à parler des religions, à dessiner les intégristes et la burqa. Et je continuerai à le faire. Qu’est-ce qui fâche parfois le lecteur ? Depuis le début, Dieu, toute croyance confondue. Aux lettres qui me reprochent son évocation, je réponds : si Dieu nous a créés, il m’a créé aussi, doté du sens de l’humour. Je n’ai jamais reçu de menaces, par contre, j’ai récolté des milliers de remerciements et notamment de la communauté musulmane. En Belgique et en France, il n’y a pas de répression du blasphème, mais ce droit au blasphème va de pair avec un devoir de respect, ne l’oublions pas. Lollipop, L’Esprit de famille, La Semaine infernale, le Jeu des dictionnaires… Vous avez marqué la télé et la radio belges des années 80. Ah, les années 80… C’était mieux avant ? Avant, nous étions plus jeunes mais vieux, c’est pas mal non plus ! Avant, nous avions l’impression que la démocratie se portait bien ; aujourd’hui, la montée des nationalismes la fragilise. Je regrette l’appétence culturelle d’hier et la déculturation actuelle sous l’influence des réseaux. Depuis 1990, vous travaillez avec le même coloriste, Serge Dehaes. Etes-vous un homme particulièrement fidèle ? Et comment ! Je viens de fêter 47 ans de vie commune avec Dany, mon épouse. Fidèle, c’est un joli mot. Je suis fidèle à mon Chat, à mes amis - dans la bande à Ruquier, je suis le plus ancien -, à mes opinions, à mes engagements. J’ai pu abandonner des projets
mais jamais des personnes. Patrick Chaboud (le créateur et animateur de la marionnette Malvira - ndlr) est un ami pour la vie. Comment trouvez-vous vos gags ? Debout, assis, en marchant, au soleil ou sous la pluie. Mais si je ne saisis pas le gag dans un petit carnet ou sur mon smartphone, il s’envole. Deuxième méthode de travail : je m’assois devant une feuille blanche et j’attends 2’30 avant d’avoir une première idée, rarement plus. Vous n’avez pas de mode d’emploi ? Non, mes gags sont toujours intuitifs. Avec Le Chat déambule, vous investissez l’espace public avec des sculp-
tures monumentales de Chats en bronze. La folie des grandeurs? Non, une nécess ité ! Le projet d’un musée du Chat été lancé en 2012. J’ai alors commencé à réunir des sponsors privés, mais deux d’entre eux, et non des moindres, m’ont laissé tomber. J’ai donc cherché un moyen d’alimenter la cagnotte qui servira à aménager le musée du Chat. J’ai imaginé des sculptures monumentales de Chats en bronze, la fonderie Van Geert d’Alost a joué le jeu, et j’ai annoncé leur mise en vente : 27 ont trouvé acquéreurs, 18 sont toujours exposées au Parc royal de Bruxelles. Pour terminer : une réalité qui fâche ! Evoqué en 2014, prévu en 2024, le musée du Chat est retardé à 2026…
Pour faire court : la Région bruxelloise construit un nouveau bâtiment dont elle sera propriétaire, le musée du Chat lui paiera un loyer et financera les aménagements. Ce musée du Chat sera en réalité un musée du Chat et du dessin d’humour, avec des expositions temporaires consacrées aux grands noms du secteur, Sempé, Siné, Kroll, Chaval… J’ai visité le chantier fin novembre, il est à nouveau à l’arrêt. C’est insupportable, d’autant que je ne sens malheureusement pas de réelle volonté politique derrière le projet…
BD « Le Chat et les 40 bougies », Casterman Editions Expo « Le Chat déambule », au Parc royal de Bruxelles, jusque février 2024.
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CLOS DU VIGNOBLE 2 - 1380 LASNE • T. 02 653 31 51 • WWW.STYLLASNE.SHOP Ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h30 - Ouvert chaque 2e dimanche du mois
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« Ce livre, je le dédie à la passion »
© Charlie DeKeersmaecker
EDOUARD VERMEULEN
Après une exposition emblématique à l’espace Vanderborght de Bruxelles, Natan offre un dernier chapitre flamboyant à ses célébrations du 40e anniversaire de la Maison, avec son ouvrage « Edouard ». Un recueil d’archives, autant qu’un objet d’art et d’élégance, au diapason des créations de son fondateur. M O T S : B A R B A R A W E S O LY
Photos des coulisses et des défilés, croquis, archives de campagnes et de fabrication. Ce livre est tout à la fois un mélange d’esthétique et d’émotion. A l’image de Natan ? Oui, il était essentiel pour moi qu’il incarne l’ADN de la Maison. On m’avait déjà proposé de le réaliser à l’occasion de notre trentième anniversaire, mais je trouvais alors la démarche trop prétentieuse. Dix ans plus tard, j’estime que s’il faut laisser une trace, c’est maintenant. Mais avec une démarche artistique et une véritable vision. Les clichés ne suivent pas un ordre chronologique et l’on n’y trouve pas d’interminable biographie. Ce n’est pas une rétrospective des décennies écoulées, plutôt un ouvrage avec une âme, porteur d’histoire par l’image. Un bel objet avec pour fil rouge l’amour de la
mode et du vêtement, qui anime Natan. « Edouard Vermeulen c’est Natan et Natan c’est Edouard Vermeulen », affirme le designer d’intérieur JeanPhilippe Demeyer dans cet ouvrage. Il s’intitule d’ailleurs simplement “Edouard ». Souhaitiez-vous l’aborder à la manière d’un journal intime ? Il est surtout le reflet de ce qu’a été ma vie et de ces quarante dernières années que je n’ai pas vu passer. La passion a été le moteur de mon existence et elle m’a habité du premier instant à aujourd’hui. Elle est au cœur de ce livre. Vous l’évoquez comme “le document d’une vie”. Représente-t-il aussi une forme de passage à la postérité pour la Maison ? C’est une forme d’accomplissement, c’est certain, mais qui ne
s’inscrit pas dans l’immobilité. Il est la preuve tangible que le vêtement couture européen, et belge de surcroît, doit exister et a toute sa raison d’être. Et il a été également conçu pour être une représentation de notre travail et de notre définition du vêtement - dans son essence contemporaine, élégante et minimaliste - notamment à l’étranger. Il s’achève sur les photos du défilé Natan Couture, réalisé à l’Hôtel de Salm de Paris pour nos quarante ans, car elles évoquent à merveille la philosophie de célébration qui nous est si chère, mais cela n’empêche pas cet ouvrage d’être profondément intemporel et non pas restreint par une ligne du temps. Cela lui permettra d’être toujours aussi actuel et inspirant dans une ou plusieurs décennies.
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Avez-vous le sentiment qu’il dévoile des facettes de l’univers de la Maison, jusqu’ici méconnues du public ? On y découvre en tout cas l’envers du décor de nos ateliers tout comme une part des détails de mon intérieur, de mon dressing. Proposer une expérience et permettre la compréhension de ce savoir-faire reste essentiel à mes yeux. Nous avons d’ailleurs transformé l’étage de notre siège historique de l’avenue Louise afin que l’espace d’essayage s’ouvre sur les salles
BE PERFECT | EDOUARD VERMEULEN
de confection de nos créations couture, pour un moment d’autant plus immersif. En en reparcourant les pages, quel regard portez-vous sur ces quatre décennies ? Je suis avant tout frappé par l’évolution de la mode, ces changements d’usage et de société au niveau vestimentaire. La disparition des barrières générationnelles notamment, qui a bouleversé les codes et nous a amenés à repenser à maintes reprises nos créations et les silhouettes de celles-ci. Sans parler de l’influence omniprésente d’internet et des réseaux. Quand je songe par exemple au fait que Balenciaga était le créateur m’ayant le plus inspiré en matière de haute couture et qu’aujourd’hui, la griffe est connue par la nouvelle génération pour ses modèles de sneakers, je me dis que cette constante évolution a un aspect fascinant.
Et si vous deviez en écrire le prochain chapitre, à quoi ressemblerait-il ? Fin décembre s’achèvera la célébration de ce quarantième anniversaire. L’occasion d’un nouveau départ, même si l’on conservera l’énergie créative qu’on y avait insufflée. J’aime cette dynamique de retour à une page blanche, de remise à zéro deux fois par an. En janvier nous dévoilerons la collection printemps-été 2024 à la résidence de l’ambassadeur de Belgique, à Paris. Et nous avons aussi l’objectif de repousser toujours plus les frontières et pourquoi pas, d’ouvrir une boutique à Madrid, une ville dont l’atmosphère, comme Munich ou Zurich, rencontre l’ADN de la Maison. Et continuer d’écrire en beauté l’histoire de Natan.
www.natan.be
© Maison Natan
Une photo de celui-ci vous émeut-elle particulièrement ? Celle en compagnie de la reine Paola et qui s’accompagne d’un petit mot de sa main, sur la longue histoire qui l’unit à Natan. Sa présence au premier défilé de la Maison, en 1986, a été un point de départ marquant et reste, à mes yeux, intimement lié au début de mon métier.
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ESTELLE DE MERODE
Déclaration d’amour et de mode
Elle délaisse les tendances, leur préférant l’intuition et une créativité guidée par l’émotion. Si, en lançant sa marque Enamoure, la princesse Estelle de Merode désirait esquisser avec raffinement sa vision de la maroquinerie de luxe, il s’agissait aussi d’y instiller les valeurs d’authenticité et de liberté qui lui sont chers. M O T S : B A R B A R A W E S O LY
PHOTOS : ENAMOURE
L
e nom de votre marque vient du verbe Enamourer, qui, en ancien français signifie s’éprendre, être charmé, enflammé. Un terme qui vous correspond ? Je trouvais qu’Enamoure évoquait d’une manière charmante l’attachement profond que je ressens vis-à-vis de mes sacs. Il me permettait également d’opter pour un double E en acronyme, qui rappellerait ainsi mon prénom. C’est un clin d’œil autant qu’une belle déclaration. Il représente l’espoir que je nourris de voir celles qui les portent en tomber profondément amoureuses. Votre histoire avec la mode a-t-elle démarré par un coup de foudre ? Elle vient du cœur, c’est sûr, mais aussi d’avoir été bercée par cet univers. A deux jours à peine, mes parents m’emmenaient déjà dans leur usine de textiles. Une habitude qui a perduré durant toute mon enfance. Ma maman y avait une pièce remplie de tissus, qui m’apparaissait comme un véritable rêve. Pour m’occuper, j’assemblais les matières et j’imaginais des modèles. Puis, vers mes treize ou
quatorze ans, de m’essayer à la couture à l’aiguille et ensuite sur machine, en fabriquant des petits modèles puis des sacs crossbody. Je me rappelle encore ma première vraie création, une pochette avec un intérieur en cuir lisse argenté et de la fausse fourrure sur l’extérieur. Très – trop – tape à l’œil pour mes goûts actuels, mais je savais déjà ce que je voulais. Après un cursus à l’Istituto Marangoni de Milan et au Central Saint Martin’s College of Art and Design de Londres, vous avez eu pour employeur la joaillerie Harry Winston, Oscar de la Renta, Zac Posen... Pensiez-vous déjà à un jour, fonder votre propre label ? J’ai toujours été très imaginative. Assez rebelle également, et je sentais qu’il me fallait oser la créativité et lancer un projet qui me correspondrait et m’appartiendrait véritablement. J’ai commencé par travailler comme étudiante lors des Fashion Weeks de Paris et Londres. C’était intense et épuisant mais aussi passionnant d’être plongée dans les coulisses de tels évènements. Intégrer ensuite des maisons prestigieuses
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représentait pas mal de défis, surtout dans un univers aussi compétitif, mais toutes ces expériences ont clairement renforcé ma détermination à donner vie à ma vision. Les envies qui font battre votre cœur aujourd’hui, sont-elles les mêmes que lors du lancement d’Enamoure, en 2021 ? Plus le temps passe, plus je grandis en tant qu’entrepreneuse et l’identité de ma marque avec moi. Je suis reconnaissante d’avoir réussi à traverser la tempête qu’a représentée un démarrage en plein Covid. Et fière en repensant à ce premier modèle de sac baguette kaki ayant directement rencontré le succès. C’était une belle consécration. Mais tout en ayant à cœur d’être toujours plus alignée avec les souhaits de mes clientes, en me focalisant sur les best-sellers, je tiens à laisser de l’espace pour l’expérimentation et la créativité. Votre collection AW23 est inspirée par le rêve. Quelle forme cet onirisme y prend-il ? Il s’agit d’une atmosphère plus que d’éléments concrets. La collection mise sur la finesse et l’élégance précieuse, aux tonalités chaleureuses et fortes. C’est seulement une fois les modèles créés que je les entoure d’un univers. J’aime donner à chaque gamme de sacs une note d’intention quant à l’ambiance qu’elle devra dégager. Je finalise ainsi actuellement la collection à venir, prévue pour fin décembre, début janvier, sans savoir encore quelle sera sa thématique. Cela dépendra de mon humeur et de mes inspirations du moment. Cet été, vous avez épousé le prince Aurèle de Mérode, devenant ainsi princesse. Que signifie ce titre à vos yeux ? Je suis extrêmement respectueuse de ce statut, comme de la famille de mon mari. Mais je reste avant tout fidèle à celle que je suis et à mes valeurs, tout particulièrement l’authenticité. Et je pense que c’est une part de ce qu’il aime chez moi. Cette franchise, très directe. Quels beaux lendemains peut-on vous souhaiter ? J’ai la tête pleine de rêves. J’ai toujours eu l’envie de créer une Maison de couture plutôt qu’une marque. Je désire amener Enamoure à grandir et pas uniquement en proposant des sacs. A côté de cela, je me passionne pour la culture coréenne. Je suis d’ailleurs un cursus en langue et littérature à Bruxelles. Ce pays m’influence profondément. Je m’imagine aussi concevoir une gamme de vêtements. Je ne veux me contraindre à aucune limite et j’espère insuffler ce principe à travers mes modèles. Donner à celles qui les portent le sentiment de pouvoir être exactement qui elles désirent, en toute liberté.
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Un prestige intemporel
VAN ESSER
Le parcours de Denis Van Esser n’est en rien le fruit du hasard mais bien de l’audace. Celle de lancer une marque éponyme qui élèverait ses créations vers les sommets de la joaillerie. Celle aussi de se réinventer ensuite, au travers de sa passion de l’horlogerie. Quarante ans plus tard, et forte de la complicité d’une nouvelle génération, le label poursuit son voyage d’orfèvre à travers le temps. M O T S : B A R B A R A W E S O LY
B E P E R F E C T | VA N E S S E R
P H O T O S : VA N E S S E R
Le slogan de Van Esser est « Not A Detail ». Qu’est-ce qui vous l’a inspiré ? Il a été imaginé par l’un de mes fils. En matière de luxe, il existe beaucoup de frivolité et l’on tenait à marquer notre différence. Un bijou Van Esser est une pièce d’exception, réalisée avec une exigence extrême de qualité. Tout sauf un détail. En 1983, vous inauguriez votre première boutique située à Hasselt. Un pari osé pour vous qui n’étiez pas issu d’une famille liée à la joaillerie. Comment, jeune bijoutier encore inconnu, affirme-t-on sa vision ? J’ai en effet grandi dans un petit village à la frontière hollandaise, bien loin de cet univers. Mais mon frère ainé qui aimait fabriquer de petits bijoux, a entamé une formation en joaillerie et m’a transmis la passion de ce métier. Et celle-ci n’a fait que grandir durant mes études. J’ai donc rapidement ouvert mon enseigne et commencé à fabriquer mes propres modèles et à les signer. A l’époque c’était encore très rare. Apposer son nom sur un bijou signifie qu’on croit en sa valeur, qu’on promet un label, une excellence. Et c’est ce qui permet à certains d’entre eux d’apparaître aujourd’hui dans les plus grandes salles de vente. Et puis, en 2002 vous finalisiez un garde-temps exclusif baptisé Van Esser A One Automatic. La réalisation d’un rêve nourri par votre premier emploi, à Chaux-de-Fonds, la capitale de l’horlogerie Suisse ? Chaux-deFonds a été un tremplin incroyable. J’y travaillais pour une marque qui s’exportait dans le monde entier. De là est né mon souhait de créer une montre d’excellence. Depuis vingt ans, nous n’en n’avons en effet développé qu’une, conçue en Belgique et fabriquée en Suisse. Elle a la spécificité d’avoir
une épaisseur asymétrique, plus fine à 6h qu’à 12h, mais surtout de se suffire à elle-même. Pourquoi en sortir une autre tous les ans si l’on a conçu un modèle intemporel et abouti ? Mes fils m’ont d’ailleurs fait acter qu’elle serait jamais transformée. Après avoir ouvert 2019 une seconde adresse, anversoise cette fois, vous avez en effet été rejoint par vos deux fils, Anthony et Alexander, également bijoutiers, à la tête de Van Esser. Était-il important pour vous de leur transmettre cet héritage ? Cela s’est fait instinctivement. Ils ont grandi dans un univers familial ou l’on parlait, lisait, vivait la joaillerie. Chacun d’entre eux est un jour venu vers moi pour me demander à intégrer la société familiale. Au fond, c’est ainsi que nait une dynastie Quel est, le secret de votre réussite depuis près d’un demi-siècle ? Ne pas reculer ni abandonner ses valeurs. Refuser les compromis sur la beauté, la qualité, le précieux. L’histoire de Van Esser s’écrit désormais en trio, comment en imaginez-vous le futur ? Développer notre notoriété mais restant exclusifs plutôt que de vouloir grandir à tout prix. Préserver nos modèles phares comme la bague Chameleon ou le bracelet Donatella tout en proposant des nouveautés. Nous avons par exemple lancé la gamme Happy Sound, des pendentifs qui en se touchant produisent des bruits délicats. C’est original, élégant et unique. Marque de fabrique de Van Esser.
www.vanesser.com
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Virginie Morobé et Bernard T. Sestig Duo au sommet Son nom comme sa signature broche évoquaient déjà un raffinement flamboyant qu’on se languissait de porter à nos pieds. Après huit années consacrées à la chaussure, Morobé étoffe son univers avec une gamme d’accessoires, sous l’égide de sa fondatrice mais aussi de son nouveau directeur artistique, Bernard T. Sestig. M O T S : B A R B A R A W E S O LY PHOTOS : MOROBE
Une gamme homme, une collection d’accessoires et surtout l’arrivée de Bernard T. Sestig à la direction artistique. On ne compte plus les nouveautés Morobé de ces derniers mois ! Virginie, souhaitiez-vous entreprendre un véritable virage créatif ? Cela s’est imposé à moi. L’ouverture des boutiques de Knokke puis d’Anvers, a marqué un tournant majeur. Glenn et Bernard Sestig les ont conçues pour refléter l’esthétique Morobé, dans les moindres détails de design et de mobilier. Soudain la chaussure qui avait jusque-là été l’élément central, devenait partie intégrante d’un univers, ouvrant le champ de tous les possibles. De là est venue l’envie de développer une
gamme d’accessoires et le besoin de trouver quelqu’un capable de la gérer. Lorsque nous travaillions ensemble aux futurs magasins, Bernard ne cessait de proposer des aménagements et des idées, dévoilant sa vision de Morobé. Et c’est devenu une évidence. C’était la première fois que quelqu’un qui comprenait de manière aussi viscérale l’ADN de la marque et la direction que nous souhaitions lui donner.
m’empêcher d’aller un pas plus loin, d’imaginer l’agencement d’une vitrine ou de futurs produits. Lorsque Virginie et David Damman, son mari, également à la tête de la marque, m’ont proposé de les rejoindre, j’ai d’abord hésité, me demandant si j’en étais capable. Mais cela m’électrisait. Et une semaine après, je leur proposais 70 concepts d’accessoires. Des sacs, mais aussi des chapeaux ou des diadèmes.
Bernard : Mon rôle de directeur artistique du cabinet Glenn Sestig Architects m’a amené à travailler à de nombreuses reprises dans l’univers de la mode. Un domaine qui m’a toujours passionné. En concevant l’intérieur des boutiques Morobé, je ne pouvais
Les sacs à main comme les ceintures ou les bijoux, sont désormais partie intégrante de l’identité de Morobé. Vous sentiez-vous, à force, limitée par la chaussure ? Virginie : La chaussure demeure mon coup de cœur, mais avec désormais la certitude que l’identité de
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l’était et aujourd’hui j’adore ce modèle et je le porte très souvent. C’est un lien entre nous qui ne s’explique pas. Bernard, vous définissez le style Morobé comme “balnéaire », expliquant que ce principe est le catalyseur de vos créations. A quel niveau ? C’est un mot qui s’est directement imposé à moi. Morobé, c’est Saint-Tropez, Capri, Saint-Barth. C’est un univers estival, coloré, lumineux, qui fait surgir dans mon esprit des inspirations au parfum de vacances et de bord de mer mais aussi une certaine notion de la féminité. Aujourd’hui, en plus de la direction artistique, je suis aussi responsable de l’identité visuelle de la marque, des campagnes photos à la communication sur les réseaux et elle est imprégnée de cette atmosphère balnéaire.
Morobé peut exister au-delà de celle-ci. Cela se voit avec notre logo en broche, connu sur nos boots ou sandales et désormais décliné en poufs pour la boutique mais aussi sur nos sacs, en motif de nos ceintures ou en solitaire porté sur une chaîne. Des détails qui façonnent une signature, un label. Mais je n’imaginais par contre pas le défi technique que cela représenterait, surtout pour la conception de sacs, qui ne demande pas moins d’une année. La moindre pièce, plus petit anneau de chaque modèle est fabriqué sur mesure, avec le concours de Julie De Taeye, qui avait travaillé 11 ans chez Delvaux, afin de correspondre à l’exigence de qualité synonyme de Morobé.
Êtes-vous plutôt alignés sur vos choix ou complémentaires ? Bernard : Les deux. Nous avons une connexion très forte. Nous sommes le plus souvent sur la même longueur d’onde, parfois sans même avoir besoin de se parler. Et avec une grande confiance mutuelle. Je pense que ma force est de ne pas vouloir imposer ma vision, mais au contraire renforcer et transposer l’univers de Virginie et l’image de Morobé. Virginie : On partage la même sensibilité. Mais Bernard a aussi la capacité de changer mon regard, moi qui me fiais jusque-là à mon seul instinct. J’ai failli annuler deux fois notre sac Pare-Choc, car je n’étais pas convaincue. Mais lui
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Les mois à venir annoncent-ils de nouvelles surprises ? Virginie : Bernard voit les choses en grand et ne s’arrête jamais de créer. Un jour il entre dans nos bureaux et déclare ainsi qu’on va réaliser un bracelet pour les fêtes, qui peut se transformer en choker, ou des serviettes de bain pour l’été prochain. Ce sont des évolutions spontanées, naturelles. Et l’on va continuer à s’ouvrir à de nouveaux domaines sans pour autant renoncer à nos classiques. Et toujours avec le même indispensable : des modèles que je porterais moi-même sinon rien.
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JEAN-PAUL LESPAGNARD
© Vlad VDK
ITINÉRAIRE D’UN ARTISTE LIBRE
Il a paré Manneken Pis de son 1000e costume au design futuriste, comme fouler les fashions weeks de Paris ou Shangaï avec ses collections. Exposer son parcours monographique aux Galeries Lafayette ou encore transformer la gaufre de Liège en œuvre aussi décalée qu’emblématique. Virtuose créatif à l’univers éclectique et à la sensibilité teintée d’audace, JeanPaul Lespagnard s’affirme comme le plus cosmopolite des designers belges.
© Laetitia Bica
© Jean-Paul Lespagnard M O T S : B A R B A R A W E S O LY
Les prix du public et prix 1.2.3, remportés lors de la 23è édition du Festival international de mode et de photographie d’Hyères en 2008 ont marqué les bases de votre reconnaissance artistique. Mais pas celles de votre parcours créatif. En effet. Devenir styliste était un rêve depuis tout petit. Mais lors de mes études d’arts plastiques puis de mes premières collections, j’ai compris que je désirais enraciner mes modèles dans une vision plus globale, un univers comprenant aussi des créations d’objets et d’œuvres plastiques. Mon noyau central c’est la mode, mais agrémentée d’influences et expériences. Elle va, pour moi, bien plus loin que le vêtement. Lorsque je parle de mode, j’évoque un mode de vie. Des collections de prêt-à-porter et des costumes pour le théâtre et la danse, une boutique d’art et d’artisanat contemporain baptisée Extra-Ordinaire et même la conception d’emballages pour la chocolaterie Galler… Vous êtes en effet un formidable touche-à-tout. Est-ce une manière de renvoyer dans les cordes toute forme de carcan ? Lorsqu’on est designer, on regarde, on analyse, on donne sa version du monde. Pourquoi cela devrait-il se limiter à un domaine particulier ? D’autant que chacun est l’occasion de concevoir une vraie scénographie. En cela, mes deux réalisations les plus représentatives sont sans doute l’exposition réalisée au Musée Mode & Dentelle et la suite aménagée
au 18e étage de The Hotel, à Bruxelles. Dans le premier, je mêlais un patchwork d’œuvres, de vêtments et de souvenirs venant de chez mes parents. Le second était une autre forme de plongée dans mon intimité, rassemblant des trouvailles glanées au fil de mes voyages comme issus de mes placards, pour obtenir un amalgame d’émotions et de styles et une expérience où tous les sens se retrouvaient en éveil. Dans votre univers, un King Kong doré côtoie des chemises affublées d’extraits de journaux, des coques de smartphone se voient dotées de homards à joyaux et les foulards en soie s’ornent d’aigles et de billets de banque. Le moindre objet semble pour vous le point de départ d’un terrain de jeu infini. Votre cerveau est-il en constante ébullition ? Totalement. Tout m’inspire. La création est depuis toujours, bien plus vaste que la matière sur laquelle elle se travaille. Et quel qu’en soit le support, je cherche ce qui, d’une certaine façon, nous rassemble tous. Et à, au-delà de l’éclectisme de style, raconter la multiculturalité et le mélange social. Je voyage beaucoup, pour différents projets et cela influence forcément ce que je crée, mais pour moi, il s’agit avant tout de s’imprégner de ce qui m’entoure, peu importe le lieu, et d’en faire le cheminement de mon voyage intérieur.
© Jean Paul Lespagnard
© Kaatje Verschoren
Liégeois d’origine, vous avez aussi vécu à Bruxelles et Anvers, mais vous définissez comme nomade. Pourquoi ? J’ai aussi vécu à Berlin et New York entre autres. J’ai coutume de dire que je viens d’Harzé, dans la commune d’Aywaille, dans la région de Liège, en Wallonie, en Belgique qui est en Europe. Je suis aussi belge que citoyen du monde. Mon identité ne s’arrête pas aux frontières. Même si la diversité culturelle de notre pays m’a certainement influencée. Participer à l’élaboration graphique du coworking Silversquare Guillemains, était-il malgré tout une forme de retour à vos racines ? Cela m’a fait très plaisir en effet de réaliser un projet à Liège et d’avoir cette dimension à la fois liée à l’artistique et au patrimoine, au local et à l’international. Ma philosophie est de miser sur une globalisation positive, en travaillant avec des artisans de proximité ou rencontrés dans des pays plus lointains mais tous issus de petites structures ou de familles, qu’elles soient de Liège, d’Inde ou du Maroc. Vous retrouvez la grisaille bruxelloise après plusieurs semaines de travail au Mexique. Comment s’annoncent les mois à venir ? Oui, j’y avais installé mon Projet Nomade présentant mes créations un peu partout dans le monde. Cet été, il avait pris la forme d’un pop-up au sein d’une maison de pêcheurs sur l’île grecque d’Hydra, avant de s’exporter à Istanbul. Puis, jusqu’à mi-novembre, dans une boutique de Mexico City. Je me concentre désormais sur une collaboration encore tenue secrète avec une grande maison de luxe parisienne et dont le résultat sera révélé au mois de mars. J’en n’ai pas fini avec l’éclectisme ! Mais l’essentiel à mes yeux est de pouvoir continuer à aller à la rencontre du public et aborder avec lui cette créativité qui rassemble, l’art et son pouvoir d’unité.
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DEPUIS 1982
CRÉATEURS
D’ATMOSHÈRES
ESPACES VERTS & PISCINES
Véritables créateurs d’atmosphères nous imaginons, aménageons et entretenons parcs, terrasses et jardins. Toujours à la recherche de nouvelles idées, nous proposons un service basé sur l’écoute, la qualité, le souci du détail et de la finition. Les projets des « Jardins de Try Bara » s’adaptent à tous types d’envies et tous types de bien. Du jardin à l’anglaise, au cadre romantique et champêtre en passant par la terrasse de ville ultra contemporaine associant minéral et végétal.
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© Serge Anton
Design d’excellence
XAVIER LUST
Xavier Lust fait partie des noms qui comptent dans l’univers du design international. Au fil de ses réalisations, l’homme s’approprie encore et toujours la matière pour donner vie à des pièces de mobilier hors du commun où performance, équilibre, innovation et durabilité coexistent. Rencontre avec ce génie du design.
© Nicolas Schimp
MOTS : OLIVIA ROKS
Diplômé architecte d’intérieur de l’Institut St Luc en 1992, vous êtes devenu une pointure du design, un Belge réputé à l’international. Rappelez-nous vos débuts ? Durant mes études j’avais déjà créé quelques mobiliers dont un paravent qui a été acheté quelques années après par l’équipe Ralph Lauren Home, un de mes premiers succès. J’ai débuté en faisant de l’auto-édition, j’avais un accord avec Tradix (qui importait de grandes marques italiennes) qui a pris en collection mes objets que je livrais par vingt pièces : étagères, tables, miroirs pivotants. Même si j’ai appris énormément d’aspects du design qu’on n’apprend pas à l’école, je reproduisais à chaque fois les mêmes modèles, j’avais envie de changement. En 1999, seul devant ma table, une idée incroyable m’est venue :
le pliage 3D du métal. L’usine anversoise avec qui je travaillais a réussi à mettre en application mon idée. Chaises et bancs sont nés. Ensuite, en 2000, j’ai voulu faire le salon Satellite à Milan, j’y ai emmené mes plus beaux projets et sans le savoir, j’ai fait le buzz. J’ai rencontré de grands éditeurs dont MDF Italia a voulu mon banc en métal déformé. Et de fil en aiguille, j’ai dessiné beaucoup de projets pour de belles marques très inspirantes : Driade, De Padova... Très polyvalent, vous avez également exploré le design pour tous avec du mobilier urbain à Bruxelles... Oui, en 2006 on m’appelle pour réaliser du mobilier urbain à Bruxelles. J’ai fait des bancs pour le Mont des Arts (ndlr : presque tous volé entre-temps). J’ai
aussi remporté le concours pour créer de nouveaux abris de bus dans la capitale. Douze ans plus tard, il n’y en a toujours pas un qui ait été exposé... Le service public est compliqué et incompétent... Aujourd’hui, évidemment, cet abri imaginé n’est plus dans les normes mais je n’aurais aucun problème à recommencer le projet. Ca me tient vraiment à cœur. C’est dommage, c’est une grande frustration pour moi. Vous savez, des projets comme cela dans une ville, ça donne une identité, ça tire la ville vers le haut. C’est très important. Quelle est votre vision du design ? Ma motivation est réellement, à chaque fois, de proposer un projet qui n’a pas de référent, j’aime créer des pièces complètement nouvelles, novatrices dans
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Et de plus en plus, vous vous tournez vers « l’art design »... Comment décririez-vous cette pratique ? C’est important de différencier le design et l’art design. Le design c’est faire des projets en relation avec la production industrielle. Ce sont des réalisations en grande quantité, une production industrielle où tous les coûts sont analysés et maîtrisés. La chaise Thonet Cabaret par exemple. Le
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collectible design (ou art design), à l’opposé, est un retour à l’artisanat, à ce qu’il se passait avant le design, avec des pièces en petite quantité. Ici, les aspects environnementaux sont aussi pris en compte. L’art design m’a permis de retrouver le toucher, le retour à des choses plus matérielles, plus manuelles, c’est très inspirant. De plus, on n’est pas contraint à un budget, je n’ai aucune limite dans les matériaux, la technologie... Aujourd’hui je ne fais presque plus que de l’art design. Le public, plus niche certes, recherche
également cela, des pièces uniques. C’est aussi pour moi une forme d’excellence, une quête d’absolu. Vous avez des matières de prédilections, certaines plus utilisées que d’autres ? Je suis contre le plastique et toutes les matières qui n’ont pas la possibilité d’être recyclées. J’affectionne donc les matières durables, le métal, le verre, le cuir, la pierre, le marbre, des matériaux qui peuvent être totalement recyclés. Même si mes pièces n’ont pas la visée
© Nicolas Schimp
tous les sens du terme : usage, forme, production, etc.
© Nicolas Schimp
d’être recyclées (rires), ça a toujours été important pour moi. Elles traversent le temps, elles peuvent être transmises. Leur provenance m’importe aussi, tout est fait uniquement en Europe, en Belgique, en Allemagne, en Italie... Le temps file ! Avant de se quitter, parlons de vos nouvelles réalisations ! Il y a trois nouvelles collections. « The Alchemist Bar », un bar à l’aspect or, fabriqué en panneaux de bois dans l’esprit d’un meuble à secret puisque son ouverture
réserve quelques surprises. L’intérieur illuminé permet de découvrir un univers invitant à la préparation d’un cocktail. Dans le même esprit, « The Alchemist Cabinet », la commode, décline les mêmes codes pour une utilisation plus traditionnelle. Ensuite, il y a la collection de lampes « Experiment » qui ramène au travail de laboratoire puisqu’elles sont fabriquées à base des éléments en pyrex standard. Ma démarche est autre ici, elle se limite volontairement à combiner les éléments du catalogue de verrerie entre eux.
Enfin, la troisième collection, ce sont les tables d’appoint « Smoke ». Leur pied est une panache de fumée, une inspiration dramatique liée au monde d’aujourd’hui : les guerres, la détresse environnementale... Ces tables d’appoint sont imprimés en 3D, en métal. Et en 2024, d’autres surprises arrivent bien entendu !
www.xavierlust.com
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JULIEN RENAULT
Le designer pluridisciplinaire Julien Renault, Belge d’adoption, décroche cette année le prestigieux titre de Designer de l’année 2023. Son travail, à la croisée des chemins entre le design artistique et le design industriel, reconnu par de grands noms du secteur, est récompensé avec mérite. Mais qui est-il ? MOTS : OLIVIA ROKS
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© Theo Luvisotto
Designer de l’année
© Cruso
© Cruso
Remontons le temps, comment vous êtes-vous épris d’amour pour le design ? Déjà tout jeune j’adorais bricoler avec mon père. L’envie de faire des choses c’est aussi comprendre comment elles sont fabriquées et finalement, c’est la base du design. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à l’Ecole des Beaux-Arts de Reims qui avait une section design, j’ai poursuivi avec un stage à Paris chez les frères Bouroullec et ensuite un Erasmus en Suisse à l’ECAL à Lausanne. C’est une école très réputée, industrielle, professionnalisante. Cette rigueur était nécessaire à mon parcours. J’ai donc cette approche du design artistique, sensible
© Hay
et libre mais aussi le besoin de faire un design vrai, un design du quotidien. Mon cursus scolaire a véritablement fait qui je suis aujourd’hui, un designer je pense, assez complet. Après la Suisse, je me suis installé en 2009 en Belgique auprès de ma compagne belge. Un pays que j’adore. Et en 2015, je fondais mon studio. Un studio où vous créez des objets simples, où leur beauté se découvre dans les détails. Comment décririezvous votre design ? Difficile car chaque projet est différent. La marque, le matériau diffèrent. Je fais avant tout des choses qui me plaisent. On
me dit parfois minimaliste, parfois simple... Sans le vouloir, mes créations s’axent tout de même autour d’une ligne conductrice. Je dirais que mes réalisations ont une logique, elles sont bien faites, compréhensives immédiatement, lisibles... Justement, un objet réussi pour vous c’est... Un objet que je vais retrouver dans vingt ou trente ans, toujours en production, toujours d’actualité. Un objet qui a du caractère, qu’on a envie de garder, qu’on s’approprie, qu’on transmet, qui ne s’est pas démodé, qui perdure après les années.
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Vous êtes un designer pluridisciplinaire, vous réalisez aussi des intérieurs, vous êtes photographe mais aussi directeur créatif de Kewlox. C’est important pour vous de multiplier les casquettes ? Quand on est designer, on est aussi artiste donc toutes ces situations variées inspirent mais nous alimentent également, le métier de designer n’est pas toujours facile. C’est important de multiplier les casquettes pour réussir, pour avoir un travail consistant, mature. J’essaie que mes autres activités sur le côté nourrissent bien sûr mon design.
© DR
Qu’est-ce qui vous inspire au quotidien ? Inconsciemment, je suis constamment dans l’observation, au quotidien, où que je sois. J’adore les objets du quotidien, je suis également photographe et la photographie m’inspire tout comme l’architecture. La collection Pastis a été par exemple directement inspirée de l’architecture, j’ai imaginé un grand café de gare. Cette collection devait s’inscrire dans une atmosphère très précise. Quand je voyage, j’aime me rendre dans des bibliothèques et rechercher de vieux livres, des pépites inspirantes. J’essaie d’avoir une culture du design large, de plus en plus pointue. Je suis davantage tourné vers le passé que le design contemporain. Une collaboration, une collection qui vous a marquée ? Ma relation avec Kewlox, une marque connue de tous, est géniale. Faire partie de ce renouveau, les aider à faire renaître la marque, revenir à l’essence du produit, c’était un magnifique challenge à relever. Ensuite, indéniablement, ma relation avec Hay. Le lancement de la collection ‘Pastis’ l’année dernière pour cette marque a changé ma vie. Hay est une marque respectée, incontournable, réputée. Un beau tremplin, un tournant dans ma carrière.
© Minorstep
Vous venez de remporter le prix de Designer de l’année, qu’est-ce que ce prix représente pour vous ? Ce que j’apprécie tout particulièrement c’est que ce n’est pas un prix auquel on participe. On ne s’y attend donc pas. Ce prix c’est la reconnaissance d’un travail de plus de quinze ans, un métier de patience, loin d’être facile. Ensuite, c’est aussi sympa pour mes clients qui ont parié sur moi, ça montre peut-être qu’ils ont fait le bon choix. Et plus personnellement, cela me permet aussi de prendre du recul, de penser, de regarder ces créations passées et de faire en quelque sorte un petit bilan... Et c’est loin d’être fini ! Vous nous réservez encore de belles surprises à venir ? Un canapé réalisé pour la marque portugaise Mor design vient de sortir sur le marché. Ensuite, une nouvelle collaboration avec Hay arrivera dans les alentours du mois de juin. Ce sera une collection de luminaires mais je ne peux pas encore vous en dire davantage. Et d’autres projets sont en cours, à suivre... Pour finir, un projet dont vous rêveriez ? Je suis sûr que l’avenir me réserve de belles choses mais le projet ultime serait de faire sa propre maison, la dessiner... Un sacré challenge !
www.lecoucoumeribel.fr
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© Julien Renault
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IXELLES – PLACE BRUGMANN - Exceptionnel Hôtel de maître Art Déco, +/- 1.200 m², jouissant d’un parc de 14 ares 50. Le bien est actuellement divisé en 2 parties : superbe maison arrière, +/- 690 m² s’ouvrant sur un splendide jardin, 5 chambres, 5 bains et en façade avant : immeuble de rapport de 3 appartements. 2 garages. PEB F
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60 ans d’expertise
MOTS : OLIVIA ROKS
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Visa, Chanel, Hermes ou encore Cos sont certains de leurs clients. L’entreprise familiale belge Bulo, reconnue pour son mobilier de qualité adressé au secteur du travail et de l’environnement domestique, souffle ses 60 bougies. Pour l’occasion, elle s’offre une nouvelle collaboration avec l’incontournable Vincent Van Duysen.
© Studio Mecaro
LE SAVOIR-FAIRE BULO
Carlo Busschop, vous êtes Directeur, troisième génération chez Bulo, quelle est l’histoire de la marque belge ? Mon grand-père, Walter Busschop, a commencé il y a soixante ans près d’Anvers avec un caisson en métal adapté plutôt aux églises ou aux hôpitaux. Ensuite, on a déménagé à Malines. C’est réellement dix ans après la création de l’entreprise que notre corps business est devenu le mobilier de bureau, l’ « office ». Mon père a repris la société et a développé l’export tout en appréciant travailler avec des designers renommés comme Claire Bataille et Paul Ibens ou encore Vincent Van Duysen. Aujourd’hui, je suis à la tête de l’entreprise depuis quatre ans. Soixante ans plus tard, l’entreprise est toujours là, qu’est ce qui fait votre succès, votre longévité ? L’une des grandes forces de l’ADN Bulo est de produire et développer des collections intemporelles. Certaines collections sont là depuis trente ans, elles existent toujours et elles sont même devenues des must de la marque. La collection H2O est un bel exemple, créée en 1994, elle reste un de nos bestsellers, tant sa qualité que son design traversent les années sans vieillir. De plus, notre production se fait en grande partie en Belgique, avec un savoir-faire et une qualité exceptionnelle. Cela devient rare. Nous faisons également beaucoup de sur mesure pour correspondre à la demande du client et trouver une solution adéquate. Enfin, nous sommes une entreprise familiale, on se connait tous, les liens sont directs et les décisions courtes. Vous tentez de vous développer à l’international ? Oui, de plus en plus, en Europe mais aussi à l’étranger. Les ÉtatsUnis sont un marché très important pour nous. Au printemps, Bulo ouvrira un showroom à Chicago. C’est un énorme marché avec beaucoup de potentiel et de volume. Quand on entame un grand projet en Belgique, on parle de cent postes de travail, là-bas on parle tout de suite de mille postes...
© Anna Beirinckx
Quel est le produit qui reflète le mieux Bulo ? La collection H2O, une table qui a fêté ses trente ans l’année dernière, elle reste contemporaine au fil des époques. Mais aussi la chaise SL 58 de Léon Stynen qui a été créée pour l’expo 58. Elle magnifique, organique, en bois ou en tissu. Percevez-vous une évolution du bureau dans le milieu privé et professionnel ? Les bureaux dans l’espace professionnel deviennent très qualitatifs. Il faut attirer et séduire le travailleur qui a pris l’habitude de travailler chez lui. Aujourd’hui, le bureau a un autre but, cela devient un point de contact, une zone de rencontre, de création, de magnifiques lounge area ou coffee corner voient par exemple le jour. Le bureau est devenu plus important qu’avant, il doit
être attractif pour attirer ! On retrouve des couleurs tendres, claires, des matières douces, durables... A la maison, le bureau prend aussi plus d’importance, il est plus grand, plus innovant. Il devient une pièce à part entière. On délaisse la forme rectangulaire classique pour une silhouette plus organique. Un anniversaire, ça se célèbre... Vous vous entourez une nouvelle fois de Vincent Van Duysen. On était une des premières marques à travailler avec Vincent Van Duysen. On collabore donc une nouvelle fois ensemble pour nos 60 ans avec une variante de la chaise Bistro, la chaise VVD Bistro Monocolor. Son rapport qualité-prix est exceptionnel et les couleurs sont belles, très douces, elle est en polypropylène recyclé et donc durable. Et l’année prochaine, une nouvelle collection en partenariat avec Vincent verra aussi le jour !
www.bulo.com
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Quel est votre lien avec Bulo ? Nous travaillons avec Bulo depuis 2006 sur une série d’éditions et de projets architecturaux. Au fil des ans, nous avons établi une relation amicale qui se reflète dans nos différentes collections. C’est toujours un plaisir pour moi de travailler avec des entreprises belges et talentueuses. Qu’est-ce qu’un objet design réussi selon vous ? Un objet réussi doit
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être intemporel, il doit résister à l’épreuve du temps. Il ne suit pas les tendances, il reste pertinent des décennies durant, notamment grâce à son savoir-faire, à sa durabilité, à son équilibre et à ses matériaux. Il doit servir son objectif principal, qui est d’améliorer la vie de l’utilisateur. Comment évolue aujourd’hui l’espace bureau ? A quoi ressemble votre bureau ? Mon bureau à
domicile idéal est un espace où l’on se sent protégé, inspiré et où la nature dialogue avec les intérieurs. Nous réalisons de plus en plus que dans la maison, les pièces de vie se fondent avec les espaces de travail. Je pense que ces deux mondes peuvent être complémentaires et qu’estomper les limites de chaque fonction a permis d’améliorer la qualité de vie. Cela a permis une avancée en termes de fonctionnalité et de performance. Dans mon cas, j’essaie toujours de trouver un coin dans mon grand salon, un grand salon massif où je me sens protégé et où je suis entouré d’œuvres d’art, de livres, de mobilier.
© Piet Albert Goethals
L’univers du bureau avec Vincent Van Duysen ?
L’entreprise familiale Waroquet-Lengrand fête ses 100 ans !
Fabricant de menuiseries en aluminium Pergolas de terrasse & bioclimatiques, stores bannes & screens, volets et portes de garage Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h & de 14h à 18h. Samedi de 10 à 14h sauf le premier samedi du mois. Chaussée d’Alsemberg 413 - 1420 Braine-l’Alleud - Tel : 02/384.20.64 - info@waroquet.be - www.waroquet.be
JOACHIM LAFOSSE En auscultant la dimension tragique de l’Affaire Hissel, le réalisateur belge Joachim Lafosse sonde la honte et le silence qui ont conduit une mère à se taire et un fils à vouloir tuer son père. « Un silence », en salle le 24 janvier 2024, a d’ores et déjà été couronné par le prix du Meilleur réalisateur au Festival de Rome. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
BE PERFECT | JOACHIM L AFOSSE
PHOTO : KRIS DEWIT TE
« Ils sont nombreux les spectateurs qui vont au cinéma pour explorer leurs propres affects »
A
strid (Emmanuelle Devos), l’épouse d’un célèbre avocat (Daniel Auteuil), voit son équilibre familial s’effondrer lorsque leur fille décide de révéler un secret enfoui depuis 25 ans, au cœur de leur maison bourgeoise provinciale. Rendus publics, les comportements déviants du père vont bouleverser leur fils, 18 ans. Le drame est inéluctable… L’Affaire Hissel a défrayé la chronique en Belgique. L’ex-avocat hyper médiatisé des familles de Julie et Mélissa a été poignardé par son fils, puis condamné pour détention illégale d’images pédopornographiques… Ce qui vous intéresse dans ce fait divers, ce ne sont pas les actes mais la trajectoire qui a poussé un ado à vouloir tuer son père. Oui, je ne prétends pas détenir la vérité concernant l’Affaire Hissel, dont je ne connais pas personnellement les protagonistes. « Un silence » n’est pas un récit documentaire objectif. Je revendique la fiction. Et avec ce récit fictionnel, je parle de mon rapport, celui de Joachim Lafosse, à la honte qui engendre le silence. Pourquoi dès lors s’inspirer d’un fait divers ? Parce que les faits rapportés, notamment par la presse, m’ont ému. Et c’est parce qu’ils m’ont touché, que je sens qu’il y a matière à écrire une œuvre de fiction. Je ne rapporte pas juste les faits mais je tente, par la fiction, j’insiste, d’emmener le spectateur avec moi dans une réflexion et une émotion, qui vont lui permettre de penser, de ressentir, pourquoi le fils, cet adolescent de 18 ans, est passé à l’acte, en poignardant son père à plusieurs reprises. Pourquoi le quotidien de cette famille bascule vers la tragédie, voilà ce qui m’intéresse. On ne le dit jamais assez mais chaque film (ou roman) est écrit par deux auteurs/autrices : le scénariste, puis chaque spectateur qui fait sien le film à travers sa propre perception de l’œuvre. C’est pour que le spectateur s’inscrive, à travers sa propre histoire,
dans la fiction, que je suis devenu réalisateur. C’est à mon sens, ce qu’on attend d’une création, d’une œuvre d’art. Pourquoi la mère a-t-elle gardé le silence pendant 15 ans ? Parce que la honte engendre le silence. Nous avons toutes et tous ressenti, un jour, dans notre vie, ce sentiment de honte, de culpabilité ensuite, et nous nous sommes pourtant tus. Astrid, la mère, vit sous l’emprise de son mari, puissant patriarche, qui ne ménage pas ses efforts pour garder son masque. On ne peut pas obliger les gens à parler. Mais aujourd’hui, la parole se libère, c’est pour cette raison que la fille d’Astrid demande que justice soit faite. La génération actuelle ose enfin parler. Emmanuelle Devos et Daniel Auteuil ont-ils d’emblée accepté le scénario ? Emmanuelle Devos est une actrice très exigeante, j’ai retravaillé le scénario pour elle, ce qui m’a rassuré car ça signifiait qu’elle m’accompagnait dans un même souci de justesse. Daniel Auteuil n’était pas mon premier choix. De nombreuses grandes stars du cinéma français ont refusé de porter ce personnage. À la lecture du scénario, Daniel Auteuil a, en revanche, tout de suite accepté. Pourquoi ont-ils refusé ? Par peur d’endosser le rôle d’un avocat chevalier blanc qui apparaît à son tour et à titre personnel dans une enquête pour des faits de pédophilie. Plusieurs m’ont dit : le scénario est remarquable, mais… « Un silence » est une tragédie humaine, à l’instar de vos autres films, « Elève libre », « A perdre la raison » (inspiré de l’affaire Geneviève Lhermitte), … J’ai souvent entendu dire : Joachim Lafosse aime les histoires tordues. Non ! En tant qu’auteur, je suis avant tout ému par un drame. Comment un ado peut-il être dans une détresse si puissante qu’elle l’amène à vouloir tuer son père (« Un silence ») ? Qu’est-ce qui pousse une
femme à tuer ses 5 enfants (« A perdre la raison ») ? Je suis également touché par les conflits conjugaux dans « L’économie du couple », par la relation entre un ado en décrochage scolaire et un adulte qui veut le sauver dans « Elève libre ». où j’interroge le passage de la transmission à la transgression. Des films qui font réfléchir, qui invitent à débattre … Je suis l’un des auteurs belges qui fait le plus d’entrées en France, autour de 200 000 entrées par film, depuis plusieurs années. Donc oui, ils sont nombreux les spectateurs qui vont au cinéma pour penser leur vie et explorer leurs propres affects. Et il faut le dire, et l’écrire. Pour « Un silence », vous venez de recevoir le Prix du meilleur réalisateur au Festival de Rome. Ces prix, à l’instar des Magritte, boostent-ils la fréquentation du film en salle ? Oui, cela aide sans doute un peu. Moi, j’ai toujours regardé les autres cinéastes belges aller chercher leur Magritte. A ce jour, je n’en ai reçu qu’un pour « A perdre la raison ». À croire que les Magritte n’apprécient pas mes films ... « Un silence » sortira chez nous le 24 janvier. Etes-vous déjà sur un autre projet ? Je tourne au mois d’avril mon prochain long-métrage, avec Guslagie Malanda (formidable dans « Saint Omer », ndlr) et deux préadolescents de 11 ans. Un silence, en salle le 24 janvier.
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DELPHINE GIRARD
« Naïvement, j’ai toujours cru que la justice pénale avait pour mission, la réparation. » BE PERFECT | DELPHINE GIRARD
Quelle trajectoire judiciaire pour la victime d’un viol en Belgique ? Et pour l’agresseur ? Et le témoin ? Ce sont les questions volontiers pertinentes formulées par notre compatriote Delphine Girard dans « Quitter la nuit », l’un des films belges les plus attendus de 2024. Rencontre. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
PHOTO : MAURINE TOUSSAINT
U
ne nuit, dans une voiture, la tension est à son comble. Un homme menace une femme qui dit appeler sa sœur. C’est ce qu’elle fait croire à l’homme, car au bout du portable, c’est une opératrice d’appel d’urgence qui a décroché, qui écoute sa détresse et lui vient en aide. L’homme, agresseur présumé, est arrêté puis remis en liberté. La justice cherche des preuves tangibles…Une victime, un agresseur, un témoin auditif : pendant deux ans, ces trois personnes vont faire face aux échos d’une nuit qu’ils ne parviennent pas à quitter … « Quitter la nuit », votre premier long-métrage, prolonge le récit de « Une sœur », un film de quinze minutes qui était en lice pour l’Oscar du Meilleur court-métrage en 2020. Ce n’est pas banal comme démarche … Le court-métrage fonctionne comme un thriller psychologique en temps réel et explore la sororité entre la victime et l’opératrice d’appel. Mais le courtmétrage terminé, les personnages ont continué à m’accompagner, à m’habiter. Qu’allaient-ils leur arriver après le drame ? Quel allait être le parcours judiciaire de la victime ? Et celui de l’agresseur ? Comment la témoin allaitelle réagir ? Toutes ces questions qui m’ont grandement interpellée, ont été le moteur du long-métrage. Pour ce long-métrage, vous avez fait appel aux mêmes interprètes : Selma Alaoui la victime, Veerle Baetens l’opératrice, Guillaume Duhesme l’agresseur … Nous avions noué des liens solides pendant le tournage et la promotion du court-métrage, il me semblait donc naturel de revenir vers eux. Naturel mais inattendu, car jamais je ne leur avais parlé de ce projet de long, même si la matière de « Quitter
la nuit » faisait écho à des discussions que nous avions eues entre nous, au moment de la préparation du court. Vous êtes-vous beaucoup documentée pour écrire le scénario ? J’ai rencontré des policiers, des médecins, des avocats, j’ai assisté à des procès pour viol. Je souhaitais me faire ma propre opinion de la justice, comprendre ce qu’il advient des victimes et des agresseurs dans le cadre de procédures pénales. La justice ressemble à un parcours semé d’obstacles. Au traumatisme du viol, succèdent le traumatisme de l’interrogatoire et la lenteur d’un système judiciaire qui cherche des preuves. « Moi, je vous crois », confie une agente de police à la victime du viol, « mais pour la justice, ce n’est pas tangible. » Cette phrase, elle est terrible ! Nombreuses sont les victimes qui décident de ne pas porter plainte contre leur agresseur car elles savent qu’elles ne pourront pas apporter à la justice les preuves tangibles réclamées. La lenteur de la justice décourage également plus d’une personne. Imaginezvous la frustration et la solitude que ces victimes ressentent ! Naïvement, j’ai toujours cru que la justice pénale avait pour mission, la réparation. Or son véritable objectif est de faire appliquer des textes de loi et de punir. Mais que fait-elle pour la victime ? En tant que cinéaste, je questionne, j’interroge le système judiciaire belge : la peur de l’enfermement carcéral ne pousse-t-elle pas l’agresseur à taire les faits ? L’agresseur n’a-t-il pas intérêt à noircir la victime pour éviter l’incarcération ? Or, cette reconnaissance du viol par l’agresseur est nécessaire. J’en déduis donc que le système judiciaire ne répond pas aux besoins de la victime
qui a principalement besoin de se sentir écoutée, sans jugement aucun. En Belgique, la réforme du droit pénal sexuel de 2022 a inscrit la notion de consentement dans la loi. Consentement et contrainte, sont au coeur de « Quitter la nuit ». Il est clair pour moi qu’il y a absence de consentement entre la femme et l’homme. Il y a contrainte et agression sexuelle. Mon récit est exempt de toute ambiguïté à ce sujet. Pourtant, lors des projections du film, il est apparu que certains spectateurs n’avaient pas la même lecture que moi. C’est un fait très intéressant car il parle de la perception que chacun, chacune, a de la notion de consentement. Où, chacun, place-t-il les limites du consentement ? Où débute la contrainte ? Votre récit est triplement intéressant, si j’ose dire, car vous explorez trois destins sur le long terme… J’ai cherché à éviter tout manichéisme. Je ne voulais pas d’un agresseur qui fasse figure de monstre, ni d’une victime angélique. Quant au personnage de l’opératrice d’appel d’urgence, elle fait partie de l’institution judiciaire et sent qu’elle a un rôle à jouer. Parce qu’elle a été touchée par le témoignage de la victime. « Quitter la nuit » s’est baladé de festival en festival, Venise (où il a été couronné du Prix du public), SaintJean-de-Luz, Les Arcs, Montréal, Saint-Sébastien, Namur, Ostende … Avez-vous déjà un nouveau projet en tête ? Le monde bouge vite, beaucoup, douloureusement. Je me laisse le temps de réfléchir, de trouver un sujet qui a du sens à mes yeux. Faire du cinéma exige beaucoup d’investissement personnel, je ne souhaite pas me précipiter …
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DANI KLEIN
« Je ne suis absolument pas nostalgique des années Vaya Con Dios » Après près de 10 ans d’absence, le groupe belge Vaya Con Dios opère un retour en charme avec « Shades of Joy », nouvel album lumineux nourri de soul, de jazz, de consonances hispaniques et porté par la voix de velours de Dani Klein, la chanteuse. Comme au bon vieux temps ? Confidences. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
B E P E R F E C T | VAYA C O N D I O S
PHOTOS : DIRK ALEX ANDER
« Just a friend of mine », « What’s a woman », « Nah neh nah », « Puerto Rico », des tubes à la pelle ! Vaya Con Dios, composé initialement de la chanteuse Dani Klein, du batteur Marc De Meersman, du guitariste Willy Lambregt et du bassiste Dirk Schoufs, a marqué les années 80-90. Pour autant, l’aventure musicale du groupe s’arrête en 2014, après un concert mémorable à Forest National, à Bruxelles. 2020, la pandémie arrive sans prévenir. Le monde est à l’arrêt. La Belgique autorise une bulle de réunion de trois personnes. Ca tombe bien, ils sont trois amis à se tourner les pouces : Dani Klein, le guitariste Thierry Plas (ex Machiavel ) et François Garny ( bassiste d’Arno pendant des années, il a également accompagné Adamo, Philip Catherine, Bernard Lavilliers, Jacques Higelin, …). Dans le studio de Thierry, ils se mettent à écrire de nouvelles chansons et de nouveaux arrangements. Onze titres qui vont composer un nouvel album : « Shades of Joy ». Vous aviez annoncé la fin du groupe en 2014. Ce nouvel album, « Shades of Joy », a-t-il un parfum de nostalgie particulier ? Oh non, pas du tout. Je ne suis absolument pas nostalgique des années Vaya Con Dios. Ce qui est fait est fait : j’ai toujours préféré regarder devant que derrière. Ce nouvel album trouve en fait sa genèse dans le confinement. J’étais coincée à Bruxelles, sans pouvoir rentrer en Andalousie. Je m’ennuyais terriblement. Alors, pour tuer le temps, moi, François (Garny - ndlr) qui ne partait plus en tournée à cause de la pandémie et Thierry (Plas - ndlr) dont le studio était à l’arrêt forcé également, nous avons décidé de faire de la musique. Cet album a donc été conçu spontanément, sans aucun plan derrière la tête, aucune intention préconçue, aucune contrainte artistique, sans limite de temps ni de budget. On se voyait uniquement pour le plaisir, pour de passer de bons moments en composant ensemble de nouveaux morceaux. Le studio de Thierry était devenu une sorte de laboratoire créatif. C’était très inspirant de pouvoir travailler avec autant de liberté. Riche de consonances jazzy et hispaniques, « Shades of Joy » sonne pourtant 100% Vaya Con Dios. Comme au bon vieux temps, si j’ose dire. Oui, car j’ai toujours fonctionné ainsi. J’écoute beaucoup de musique différentes, qui toutes m’ont influencée et nourrie. Votre voix est toujours aussi envoûtante ! Et on dit que la voix est le reflet de l’âme… Dani Klein est-elle toujours la femme qu’on a connue dans les années 80 ? Je vais citer la chanteuse Barbara : « J’ai changé, sachez-le, mais je suis toujours comme avant ». Avec le temps, je suis probablement un peu plus sage, je m’accepte mieux également. Mais mon tempérament assez direct est resté le même. Sur« Shades of joy », vous dites qu’une bouche meurtrie ne vaut rien et sur « Kissing slow », qu’il faut célébrer chaque nuance de joie. Je vous trouve bien optimiste, car à l’époque de la conception de l’album, nous ne savions pas de quoi serait fait demain ! Et nous ne le savons toujours pas ! (Elle rit). C’est même pire. Les guerres, une société
déshumanisée, robotisée. J’ai donc fait le pari, oui, d’un peu de légèreté et d’optimisme. La musique comme thérapie ? Oui, sans être capable de résoudre tous les maux de la terre, la musique permet à tout le moins de s’évader. Vous avez marqué les années 80-90, vendu des millions d’albums. Pour autant, vous avez toujours été discrète. Que vous inspire le vedettariat ? Je déteste le star system ! Le culte des stars est lié à un mécanisme de projection des désirs du public sur la star, qu’elle se doit ensuite d’entretenir pour ne pas décevoir ses fans. Mais qui est réellement l’homme ou la femme derrière la star adulée ? Ce rapport star-public est le plus souvent faux. Et je déteste le faux. Je plaide pour la vraie valeur humaine, pas pour le vedettariat. Aujourd’hui, on déconstruit des mythes, comme Picasso par exemple, dont le talent occultait une face cachée, un homme violent. Cette déconstruction est salutaire. Dani, vous avez fait beaucoup de retour entre Bruxelles et l’Espagne. Où habitez-vous aujourd’hui ? Depuis la Covid, j’ai vendu ma maison en Espagne, et je me suis définitivement installée à Bruxelles. L’album « Shade of Joy » est dans les bacs des disquaires, nous nous attendons donc tout logiquement à une tournée. Est-elle déjà fixée ? Très sincèrement, je ne sais pas si nous ferons du live. C’est lourd à gérer, une tournée ! Ai-je encore le courage de me lancer dans pareille aventure ? Je n’en sais rien. A tout vous dire : on hésite. (Affaire à suivre - ndlr)
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JEAN DUFAUX « La Callas et Pasolini se sont soutenus mutuellement » Avec « La Callas et Pasolini, un amour impossible », le prolifique scénariste belge Jean Dufaux, poids lourd de la BD - on lui doit e.a. les séries Djinn, Fox, Giacomo C., Jessica Blancy, Samba Bugatti, Complainte des Landes perdues … -, rend un vibrant hommage à deux icônes de la vie artistique des années 60. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
En ce mois de décembre 2023, on célèbre le centenaire de la naissance de Maria Callas. Des hommes ont marqué sa vie, notamment Visconti et Onassis. Pourquoi avoir choisi de raconter son histoire d’amour platonique avec Pier Paolo Pasolini ? Parce que la rencontre entre la Callas et Pasolini résume parfaitement mes trois grandes passions : la littérature, la musique et le cinéma. De surcroit, leur rencontre correspond à un moment de rupture de leur vie qui m’intéressait grandement. Cette rencontre, c’est donc celle de deux déçus de l’amour… Oui, la Callas apprend que Onassis, son amant, va épouser Jackie Kennedy, l’ancienne Première dame des Etats-Unis. Au même moment, le compagnon de Pasolini lui annonce qu’il part rejoindre une femme et qu’il souhaite des enfants. Maria Callas a connu plusieurs hommes : son père, le premier homme de sa vie, ensuite son mari, Giovanni Battista Meneghini, qui restera son impresario jusqu’à leur divorce. Le cinéaste Luchino Visconti a été une rencontre déterminante dans la vie de la Callas mais c’était un amour impossible. Quant au milliardaire grec Aristote Onassis, leur
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liaison sera très médiatisée mais il a aimé la Callas pour sa notoriété, son aura, pour ce qu’elle représentait, la gloire, les applaudissements, pas pour elle-même. La cantatrice rencontre ensuite le poète et réalisateur Pasolini, qui lui propose d’endosser le rôle phare de Médée dans son film éponyme. Cette fois encore, ce sera un amour impossible, mais Pasolini avait un atout que peu d’hommes ont : il savait écouter les femmes avec empathie. Certes, leur rencontre a duré le temps du tournage et de la promotion du film « Médée ». Déconnectés du monde réel, ils ont vécu une relation platonique mais passionnelle. Pasolini a réconforté Maria Callas. Et inversement, elle lui a offert sa compassion. Ils se sont soutenus mutuellement, cela transparait clairement dans leurs correspondances. Vous faites se rencontrer la Callas, Elizabeth Taylor et Richard Burton, tous trois voient leur carrière s’essouffler … C’est la fin d’une époque. Vous aimez particulièrement mettre en scène les écorchés de la vie ? Oui, dans l’écriture, j’aime en effet les personnages géniaux qui ont des failles ou qui tombent soudain de leur piédestal.
« La Callas et Pasolini, un amour impossible » est une BD très documentée que vous emmenez néanmoins sur le terrain de l’aventure… Ce n’est pas pour autant du Largo Winch ! Je vise un public probablement plus attiré par l’art. En revanche, je revendique mon espace de liberté dans un schéma historique. Une plate illustration ne m’intéresse pas. Ainsi si la Callas et Pasolini ont effectivement voyagé au Brésil lors de la tournée promotionnelle de « Médée », jamais elle n’a chanté la « Garota de Ipanema », ce tube mondial, dans une favela ! Mon travail consistait à construire le récit à partir de ce moment pivot, charnière. Là réside la liberté du scénariste, de l’auteur. Etes-vous nostalgique ? Non. J’ai vécu une jeunesse à une époque formidable. Je suis parfois mélancolique mais jamais nostalgique, un sentiment qui ne me semble pas constructif. Vous êtes un habitué des séries qui occupent plusieurs années. « La Callas et Pasolini, un amour impossible » dévoile pourtant une histoire en un volume… Aujourd’hui, je ne souhaite plus m’atteler à de longues séries. J’ai
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encore en route « Complainte des Landes perdues » et « Murena ». Les autres BD sur lesquelles je travaille se présente plutôt en 2 volumes. Vous avez travaillé avec de nombreux dessinateurs, Griffo, Renaud, JeanFrançois Charles, Philippe Delaby, pour n’en citer que quelques-uns, et des dessinatrices Viviane Nicaise, Ana Mirrallès et une inconnue : Sara Briotti. Une jeune dessinatrice romaine dont « La Callas et Pasolini, un amour impossible » est en quelque sorte le baptême de feu… J’ai eu en effet la chance de travailler avec de nombreuses dessinatrices. Pour la série « Djinn », j’ai collaboré
15 ans avec Ana Mirrallès. Ensemble, on a fait voyager le lecteur dans l’univers sensuel des harems.
Je remercie d’ailleurs mon éditeur, Aire Libre, pour la confiance tranquille qu’il nous a témoignée.
Et Sara Briotti, comment l’avez-vous rencontrée ? Sur Facebook ! (il rit). Au début de ma carrière, je travaillais avec des dessinateurs belges et français uniquement. Le monde évolue, tant mieux. Aujourd’hui, les réseaux favorisent les rencontres à travers le monde. Sur Facebook donc, j’ai vu une planche de BD signée Sara Briotti et je l’ai contactée. Elle terminait des études de dentiste pour faire plaisir à ses parents ! Mais sa passion, c’est la BD. Après 2 ans de travail acharné, de collaboration, l’album est né.
Travaillez-vous en ce moment sur un nouveau projet ? J’ai été élève à l’IAD à Bruxelles, passionné que j’étais par l’écriture, le découpage et le montage cinématographiques. Je retourne donc, en quelque sorte, à mes premiers amours puisque je travaille aujourd’hui sur le script d’un film français de cinéma. Je prépare également un nouveau projet avec Sara Briotti, autour de la Villa Médicis. « La Callas et Pasolini, un amour impossible », Editions Aire Libre.
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© Natacha Hofman
STEPHAN VANFLETEREN
« Parce qu’elle est immobile, la photographie apporte la paix de l’esprit »
Atelier, c’est un huis clos intime où Stephan Vanfleteren, photographe multi récompensé, façonne la lumière du jour. Atelier, c’est également le titre de son nouveau livre, une monographie retraçant 12 ans de création dans son propre studio. Comment ce formidable artiste qui est né et qui a grandi sous un ciel de plomb belge, est-il arrivé à modeler la lumière ? Confidences. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
P H O T O S : S T E P H A N VA N F L E T E R E N
Stephan, vous souvenez-vous de votre première photo ? Non, pas vraiment. Peut-être une photo de mon chat ou des dunes de Ostdunkerque où j’ai grandi. En revanche, je me souviens très bien du jour où mon père m’a offert son appareil photo, un Pentax Spotmatic. Je n’oublierai jamais le son de l’obturateur, envoûtant ! A vos débuts, aviez-vous un photographe de référence ? Je pense à l’Américain Irving Penn pour l’intimité qu’il est parvenu à créer avec son modèle. Intimité que vous mettez également brillamment en lumière … J’ai en effet découvert le travail incommensurable et inégalable d’Irving Penn, pendant mes études. Et il ne m’a jamais quitté. Il reste une source d’inspiration, dans mon travail de photographe et dans la vie. J’ai failli faire le portrait de
ce maître intemporel ; malheureusement, il est décédé peu de temps avant notre rencontre. Comment arrivez-vous à créer ce cadre d’intimité avec vos modèles ? J’aime l’idée d’aller à la rencontre de l’autre et de créer un moment suspendu. Je m’y consacre entièrement, pleinement, avec beaucoup d’empathie également. Les modèles ressentent cet abandon, cette passion, et offrent souvent beaucoup en retour. Pour Steve McCurry, il est important de photographier le monde tel qu’il est, donc en couleur. Vous, en revanche, vous avez rapidement opté pour une photographie en noir et blanc. Pourquoi ce choix ? La photographie ne montre jamais le monde tel qu’il est. C’est au photographe de
choisir ce qu’il veut montrer ou ne pas montrer, et comment il veut le faire. Tel est le paradoxe de la photographie. Photographier, c’est forcément faire un choix. Et un choix, c’est subjectif. N’oubliez jamais que la photographie convertit un monde trimental en un monde bidimensionnel. On y perd beaucoup, mais on y gagne parfois plus. C’est le moyen ultime pour saisir l’immobilité de la vie. Parce qu’elle est immobile, dans un monde dansant, vibrant et fou, une photographie apporte la paix de l’esprit. Vous êtes né à Courtrai, et vous vivez aujourd’hui à Furnes, près de La Panne. En tant que Belge, un ciel plombé par la grisaille ou la pluie, vous connaissez ! La photographie de Stephan Vanfleteren aurait-elle été différente sous le soleil ? Le soleil
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est idéal… en vacances. Mais en tant que photographe, je préfère la lumière douce. « Avec un ciel si gris, qu’un canal s’est pendu » : Jacques Brel n’est jamais bien loin ! Vos photos reflètent une certaine mélancolie. Je me trompe ? Je place en effet beaucoup de mélancolie dans la photographie, pour pouvoir ensuite me sentir joyeux et décomplexé de l’être. La photographie me soulage de ma lourdeur mélancolique. C’est une bénédiction qui me permet de fonctionner dans ce monde. Nouveau tournant dans votre carrière. En 2015, avec la série « Nature morte », vous décidez d’abandonner le monde extérieur pour travailler en atelier. « Atelier », c’est également le titre de votre nouvel ouvrage. Cet atelier, cet espace clos, est devenu le théâtre de nouvelles collections de photos. Parlez-moi de ce lieu et de la lumière envoûtante qui le pénètre… J’ai beaucoup voyagé dans le monde au cours de
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jamais totalement apprivoiser. Elle reste parfois insaisissable. Tant mieux, car cela permet de ne jamais maîtriser la situation. La lumière du jour n’est pas un danseur classique prévisible mais un fantôme imprévisible.
ma vie, mais depuis la pandémie, je me consacre pleinement à des sujets qui me tiennent à cœur. L’Atelier est l’un d’entre eux. Pour autant, je ne m’enferme pas dans mon petit monde. La grande contradiction, c’est qu’ici, dans le petit espace de mon atelier, je peux observer tout simplement comment la lumière évolue au cours de la journée et comment une saison naît ou prend fin. Quand la lumière, qui se trouve à 500 secondes du soleil, s’installe petit à petit dans mon atelier, c’est merveilleux. La lumière qui tombe contre les murs ou sur le sol est le terminus d’un long voyage. Jamais, je n’ai autant réfléchi à la lumière. Dans cet atelier, je me rends compte que le monde tourne autour du soleil et que nous sommes tout petits dans ce grand cosmos. Un constat qui permet de s’affranchir de son égo !
Ce travail en atelier est-il le fruit d’une certaine maturité ? La maturité n’explique pas tout. Mon principal moteur, c’est l’envie, le désir, la curiosité. J’aime le changement, aller vers l’inconnu, prendre des risques. Je n’aurais pas pu, pas voulu, rester photographe de presse toute ma vie. Parfois, on me demande pourquoi je photographie une feuille séchée dans mon atelier. Ma réponse : car les choses simples sont les plus difficiles à saisir. Dans la vie également, la simplicité est souvent compliquée à atteindre.
Comment apprivoisez-vous la lumière entrante ? Au fil des ans, je suis devenu plus habile pour trouver la lumière nécessaire à la réalisation d’un bon portrait. Mais la lumière ne se laisse
Vous sentez-vous plus serein aujourd’hui qu’hier ? Non. Je ne suis plus l’homme que j’étais à 22 ans ; aujourd’hui, à 54 ans, j’ai besoin de porter des lunettes et j’ai parfois mal au dos.
(rire). J’ai toujours réalisé ce que je souhaitais faire au moment où je le faisais. Aucun regret. Désormais, je travaille moins la vitesse d’obturation, c’est vrai. Je m’adapte, j’évolue. Dans mon travail et dans ma vie. La série « Nature morte » présente dans votre livre, se rattache à la tradition d’un Rembrandt, notamment … Est-ce une référence pleinement consciente ? Bien sûr, je connais la lumière des vieux maîtres. Pas seulement Rembrandt ou Vermeer, mais aussi Irving Penn ou Paolo Roversi. Cette lumière est universelle et intemporelle. C’est dans cette tradition que je m’inscris. Cette « vieille lumière », elle me fascine et me séduit. Cette série, « Nature morte » donne à voir des corps d’animaux morts. Quel est votre rapport à la mort ? Je n’ai aucun tabou concernant la mort. Plus nous approchons de la mort, plus nous réalisons que la vie est précieuse, fragile et si extraordinaire. Malheureusement, les gens en prennent souvent conscience lorsqu’ils tombent gravement malades. J’essaie de contourner ce problème et de regarder la mort droit dans les yeux. Mes Natures Mortes ne sont pas une glorification de la mort, au contraire, elles sont un hommage à la vie ! Combien d’heures intenses passezvous dans votre atelier à attendre une lumière parfaite à vos yeux ? Tant que le modèle dans la lumière le permet. Je suis un chercheur et j’ai un esprit douteur, alors quand on m’offre du temps, je le saisis jusqu’à pleine satisfaction. L’attente n’occasionne aucune lassitude ; en revanche, après la séance
photo, la fatigue s’abat sur moi comme un lourd manteau. Bah, cela me permet de bien dormir ! Atelier, le livre, retrace 12 ans de création. Y figurent notamment les séries Nature Morte, Corpus, ainsi que des portraits de personnalités connues du monde de la musique ou du cinéma (Arno, Warren Ellis, Rutger Hauer, Gregory Porter, Mads Mikkelsen, Terry Gilliam, Matthias Schoenaerts, etc.). Une singularité m’intrigue : la main de Nick Cave…Je suis un grand fan de Nick Cave. Je connais un peu Warren Ellis, son ami et âme sœur musicale. Quand Nick Cave est en tournée, il refuse de se laisser photographier. Et c’était le cas. Alors, j’ai demandé à photographier sa seule main droite…
« The Red Right Hand » de Cave est emblématique. J’aime les choses atypiques. Un visage parle. Une main aussi. À moi de la saisir avec mon œil et mon objectif. Y’en aura-t-il une expo en Belgique à l’issue du livre ? Une exposition intitulée « Nature morte/Still Life » a lieu à Paris, à la Galerie Rabouan Moussion, jusqu’au 31 décembre. En Belgique, rien n’est encore prévu. Si quelqu’un connaît un espace d’expo formidable en Wallonie ou à Bruxelles, qu’il n’hésite pas à m’appeler. Expo et livre dégagent deux énergies différentes. Le livre a sa propre vie, il se suffit à lui-même. Je crois en la puissance des pages, au rythme propre au livre, à l’intensité au coeur de la relation auteur-lecteur.
Atelier, monographie, Editions Hannibal Books www.stephanvanfleteren.com
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Respirez, Voyagez, Vous Êtes Oliban
SPÉCIALITÉS LIBANAISES RESTAURANT & TRAITEUR : LA BASCULE, CHAU. DE VLEURGAT 324, 1050 IXELLES, BELGIQUE - +32 2 640 07 07 TRAITEUR : CHAU. DE WATERLOO 1359H, 1180 UCCLE - +32 2 640 06 06
PLACE DUMON 7 - 1150 WOLUWE
AVENUE LOUISE - BRUXELLES
3 PLAISIR Table étoilée, retour aux sources, place to be. Félicité !
DA MIMMO - MISS ROSE - EMILY - LES BRASSINS - HORS-NORME EVENT
Maître à bord du Da Mimmo*, il régale les amoureux de fine cuisine italienne BE PERFECT | DA MIMMO
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LOUIS VERSTREPEN
Dans notre assiette, linguine au caviar impérial, sauce franciacorta, citron d’Amalfi et aneth. Plat aérien, maîtrisé, précis. La gastronomie italienne sublimée. Extase. Le chef belge Louis Verstrepen, désormais patron de son propre restaurant, Da Mimmo, 1 étoile Michelin, avoue son intention d’en acquérir une deuxième. Il est en bonne voie. Le guide Gault&Millau Belgique vient d’ailleurs de l’élire Meilleur restaurant italien de l’année 2024. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
L
e chef Louis Verstrepen, 30 ans, un p’tit nouveau ? Pour ceux qui ont connu Mimmo Zizza, fondateur de l’institution gastronomique de Woluwe-SaintLambert qui porte son prénom, oui. Pour celles qui y ont réservé une table il y a un an, non. Rembobinons : en 2018, après 25 années à nous régaler, Mimmo Zizza cède son restaurant à Serge Litvine, propriétaire d’établissements haut de gamme (La Villa Lorraine** en tête de liste). Pendant 4 ans, le chef Gerardo Metta maintient l’étoile du restaurant. Septembre 2022, Louis Verstrepen lui succède. Depuis un an, ce chef belge trentenaire au charme latin (nous étions persuadée qu’il était italien, malgré un nom de famille qui sonne bien belge !), loquace et sympathique en diable, prouve qu’il a la capacité de préserver l’étoile Michelin du restaurant, voire plus. Louis se voyait bien, en effet, propriétaire de Da Mimmo … Cette détermination, elle n’a pas échappé à Serge Litvine qui lui revend le fonds de commerce du restaurant. Depuis septembre 2023, Louis Verstrepen est donc désormais maître à bord de la maison étoilée. Entouré de sa brigade et de son chef de salle, Louis voit grand. On rencontre le chef, à l’issue d’une soirée raffinée de novembre. Dehors, il pleut. Dedans, les sourires chaleureux sont signe de bienvenue. Le menu Sensoriale en 6 services nous fait de l’œil, on lui préfère pourtant un choix à la carte en trois temps, primi piatti, secondi piatti, dolci. Notre fourchette est clairement italienne : caponata sicilienne aux parfums de méditerranée pour lancer les festivités, inoubliables
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Une soirée gastronomique résumée en une phrase ? Louis Verstrepen maîtrise son sujet à la perfection. Légèreté, élégance, accompagnements subtils composent sa signature. Quel est son parcours ? On le devine riche. Il l’est. « Monaco, Bordeaux, Valence, SaintMartin, Saint-Barthélemy, j’ai pas mal
BE PERFECT | DA MIMMO
bourlingué », nous confie-t-il, avant de citer le nom de ceux et celles qui lui ont appris à révéler la puissance des goûts et à provoquer des émotions : Anne-Sophie Pic, cheffe triplement étoilée, « J’ai été sous chef de la Maison Pic à Valence » et Joël Robuchon, « j’ai travaillé deux ans comme chef de cuisine à L’Atelier à Saint-Barth ». Ajoutons La Villa Lorraine en 2022, où Louis prend place dans les cuisines d’Yves Mattagne.
tonnato à la bergamote va combler plus d’un amoureux de la cuisine piémontaise), elle joue également la carte de la créativité débridée et de l’amour du métier. Une association terre-mer (sole, pancetta, choux, pomme, vanille, combava, mélisse, sauge, lime), un canard de bresse au Cointreau et 4 épices, ou encore un dessert étonnant à base de pêche, kumquat, chocolat blanc, sésame noir, noix, shiso et menthe, en sont les savoureux arguments.
C’est donc riche de toutes ces expériences, que le chef a repris les fourneaux de la cuisine de Da Mimmo*. Il imagine des plats dans la plus grande tradition gastronomique italienne, tout en y apportant l’excellence française qui l’a nourri et des notes créatives inspirées de ses voyages. Ainsi, si sa cuisine est composée de plats italiens emblématiques revisités avec rigueur (ce vitello
Propriétaire de son restaurant étoilé, Louis Verstrepen peut également compter sur le soutien, en salle, de serveurs et serveuses rôdés aux arts de la table. Ensemble, ils travaillent à décrocher une deuxième étoile. Ils sont déjà en bonne voie (lactée).
www.da-mimmo.be
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linguine au caviar impérial sauce franciacorta (grand vin de Lombardie « cette sauce, je dois sa découverte et sa maîtrise à Anne-Sophie Pic »), osso bucco à la milanaise, délicat, gorgé de soleil. Revisité, il reste lisible et séduit par ses multiples saveurs. On clôture les réjouissances avec un tiramisu à la fleur d’oranger et bourbon. Cette Dolci qui porte merveilleusement bien son nom, est tellement élégante, graphique, que l’on s’en veut d’y planter la cuillère. Un moment d’hésitation est vite passé et le tiramisu s’offre à nous, extase.
Une étoile au Guide Michelin | «Nouveauté remarquable Wallonie 2024» Gault & Millau Restaurant ouvert le midi et le soir du mardi au vendredi et uniquement le soir le samedi. 33 Rue du Try Bara, 1380 Lasne | 02/332.26.61 - 0471/32.26.61
www.latablebenjaminlaborie.be
MISS ROSE DE GIOVANNI BRUNO « Je veux me faire plaisir, être plus abordable, plus accessible aussi. » Avec son ristorante Senzanome*, Giovanni Bruno trône fièrement sur le Sablon à Bruxelles. C’est dans ce même quartier chic, qu’il vient d’ouvrir Miss Rose, sa seconde adresse, un bistro-galerie délicieusement glamour où « bien manger sans se rendre dans un étoilé ». Parole d’il maestro. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T P H OTO S : T R I P T YQ U E
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aris ne s’est pas fait en un jour, Miss Rose non plus. On nous avait annoncé son ouverture cet été, c’est finalement mi-novembre que Giovanni Bruno nous accueille dans son nouvel écrin. Et le résultat est à la hauteur de l’attente. Le chef, visiblement heureux, s’est fait plaisir. « Avec Miss Rose, je veux m’amuser, être plus abordable, plus accessible, plus convivial avec une cuisine généreuse à la clé », nous confie-t-il. Bonheur partagé, tant cette nouvelle adresse va dynamiser le quartier du Sablon.
BE PERFECT | MISS ROSE
Ce quartier, Giovanni qui est arrivé à Bruxelles avec sa famille à l’âge de 16 ans, le connaît bien, puisqu’il y trône désormais avec son Senzanome, table étoilée classée 13e meilleur resto italien au monde (hors la Botte) par le guide en ligne Top Italy. Si Giovanni se réjouit de cette reconnaissance internationale et d’avoir, notamment, cuisiné pour les Rolling Stones lors de leur dernier concert à Bruxelles, il n’a pas attrapé la grosse tête pour autant ! Au contraire, à quelques jets de pierre du Senzanome, le chef vient d’ouvrir une deuxième
enseigne, un bistro-galerie haut en couleur. De la couleur pour égayer la vi(ll)e. Du rose, du velours, du glamour. Une approche très girly, Giovanni ? C’est que depuis son plus jeune âge, le chef est bercé par les effluves de la cuisine ensoleillée de sa mère et puis, « n’y a-t-il pas une part de féminité en chaque homme ? », nous demande-t-il. Bien vu ! En ce 16 novembre, nous découvrons donc Miss Rose. L’architecte est italien. C’est classe, c’est glam’, à la fois
dans l’air du temps mais avec un chic indémodable. Giovanni Bruno a pour passion l’art. Une passion qu’il va mettre en exergue avec brio dans son nouveau bistro. « On peut passer admirer l’artiste du moment qui expose mais aussi manger de délicieux mets dans une ambiance conviviale ». Le concept fonctionne, la grande cuisine est une émotion, l’art aussi. La cuisine, parlons-en. On connaît le chef pour ses plats généreux dictés par une tradition toute méditerranéenne, pour ses assiettes précises, structurées, maitrisées également. Chez Miss Rose, le même savoir-faire est à l’honneur, la même cuisine généreuse à la clé, mais l’adresse plus accessible, l’addition plus abordable en quelque sorte. Passons à table. Nous nous installons dans la salle lounge prolongée, l’été, par une grande terrasse. Liesa, la cheffe de salle (ex Villa Lorraine), entre en jeu. Alerte, souriante, courtoise, irréprochable. En entrée, une assiette de partage : burrata tomate confite, thon frais et thon fumé, ceviche de hamachi (un poisson japonais), sardines concombre. L’inspiration est indéniablement italienne mais aussi française, espagnole... Œuf parfait à la carbonara pour suivre. Parfait, le mot est judicieusement choisi. Un classique revisité ensuite avec le vitello tonnato et sa confiture de câpres au citron. Notre mets préféré : la rose au jambon, ricotta, crème de Parmigiano, coulis de roquette. Comme une envie de lécher son assiette. Certes, ça ne se fait pas, mais l’envie y est ! Bref, on en redemande. Senzanome (1 étoile Michelin) ou Miss Rose (cuisine créative et art) : la main méditerranéenne de Giovanni dicte une même cuisine de caractère, goûteuse à souhait ! Note originale parmi d’autres : une suggestion d’accords mets-cocktails maison. Cocktails à savourer au bar en prélude d’une soirée raffinée ou tout au long du repas donc. Le cocktail pairing, c’est tendance.
L Y I M E B E P E R F E C T | E M I LY
L’excellence italienne s’exprime dans un cadre tiré à quatre épingles « Emily » rentre au bercail, chez elle, à la Maison Degand, propriétaire de cette somptueuse maison de bouche conçue sur mesure pour Emily, leur fille. Un retour au source en quelque sorte, qui s’accompagne de l’arrivée de Luca Gaviglio, chef inspiré du gastronomique « Un Altro Mondo » et d’Abdon Chobli, maître d’hôtel délicieusement extraverti. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T PHOTOS : MAISON DEGAND
L
es tagliolini à la truffe de saison, immanquable plat signature du chef Luca Gaviglio (Un Altro Mondo, référence italienne du BW), figure-t-il au menu d’Emily ? Oui ! Une affirmation qui, à elle seule, devrait provoquer une ruée de fins gastronomes vers cette nouvelle adresse ixelloise. Nouvelle ? Oui et non. Oui, car c’est une nouvelle aventure pour Luca Gaviglio et sa squadra, dont le chef continuera à régaler les Wavriens, à temps partiel. Non, car Emily existe depuis 2014. Le
29 juillet 2014, exactement, Pierre Degand, fondateur de la Maison éponyme, tailleur de costumes de luxe depuis 50 ans et gardien du bon goût, ouvre Emily dans les murs d’une boulangerie entièrement transformée et rénovée avec faste. En 2015, il en confie la gestion à Serge Litvine (La Villa Lorraine, e.a.) qui lui donne le nom de Villa Emily et engage Mathieu Jacri pour aller décrocher 1 étoile. Mission accomplie. 2023, sur base d’un accord entre gentlemen, Villa Emily quitte le giron Litvine et rentre au bercail : Emily (Degand) is back.
Pourquoi avoir attendu 2023 ? On a posé la question à Pierre Degand : « Parce que j’ai enfin trouvé une équipe : Luca, le chef, Adbon en salle, Fabrice (Duchêne), DG de la Maison Degand, pour m’épauler. Grâce à eux, je reprends les rênes d’une maison qui m’appartient et que j’ai rénovée avec amour. » Une rénovation fastueuse au chic feutré et au prestige fou, qui témoigne de l’amour de Degand pour l’art et les artisans. Ainsi ce lustre de plus de 5 mètres de haut, réalisé sur mesure
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suite à une rencontre entre le maître des lieux et un verrier à la foire de Namur, ainsi ce marbre Saint Laurent recommandé par Dominique Desimpel (son showroom est à Knocke - ndlr), ainsi ce plafond rénové à la feuille de cuivre par Sylvie Van Der Kelen, ou encore ce mobilier qui a appartenu au restaurant de l’hôtel de Crillon, palace parisien. Quand on mange à la table d’Emily, on mange un peu chez vous, Pierre ? « Exactement, d’autant que j’adore les rencontres ». La présence du chef Luca Gaviglio aux fourneaux d’Emily n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard. « Avec mon ami, Stéphane Sertang, (CEO du groupe Ginion à Wavre - ndlr), nous allons manger de temps à autre à Wavre à Un Altro Mondo. J’ai donc appris à y connaître le chef ». Pierre Degand ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur les talents exceptionnels de Luca en matière de cuisine italienne, soulignant son expérience à Un Altro Mondo évidemment, mais aussi au Da Mimmo, l’un des restaurants italiens les plus renommés de Bruxelles. « Je l’ai convaincu de venir travailler chez Emily et il a accepté de relever le défi ». Gérée par Litvine, Villa Emily avait décroché une étoile, les inspecteurs du Michelin devront donc retourner voir Emily pour déterminer si l’on y mange toujours aussi bien. « Je ne cherche pas l’étoile mais Luca et son équipe le mériteraient … » Pour l’heure, Luca Gaviglio s’épanouit dans un écrin intime et prestigieux à la fois, tourné vers la haute gastronomie. Le menu unique (actuellement) déroule des propositions plus qu’alléchantes. Noix de SaintJacques moelleuses à souhait (épinards, sauce gingembre citron), savoureuses tagliolini à la truffe de saison (et leur riche jus de cuisson à base d’huile, de beurre et de foie gras – oups, on a trahi un secret de chef ), filet de caille parfaitement doré (foie gras poêlé, crème de céleri rave) et crémeux au chocolat intense et son rafraichissant sorbet framboise. Soit une cuisine savoureuse, précise et élégante en parfaitement résonance avec l’atmosphère raffinée de Emily, et commentée en live par Abdon, chef de salle affable et savoureusement excentrique. Merveilleuse soirée garantie.
www.emily.restaurant
B E P E R F E C T | E M I LY
Cuisine raffinée, instants précieux. Déjeuners d’affaires, réunions familiales, événements exclusifs – une expérience unique à chaque visite. Avenue de Mérode 93 à Rixensart 1330 - 02/ 315 10 24
www.brasserielolivia.com
LES BRASSINS La convivialité à table Jean Callens redonne vie aux Brassins, un estaminet ixellois au charme délicieusement rétro, en célébrant une cuisine belge de terroir, de réconfort et de plaisir. De l’entrée au dessert, défilent les indétrônables : croquettes crevettes grises, boulet à la liégeoise, pain perdu brioché. Cet hommage convivial et joyeux à notre patrimoine culinaire, et culturel à travers notamment une généreuse sélection de bières de brasseries belges, réchauffe les corps et les coeurs. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
À
côté de la porte d’entrée des Brassins, une affiche sur la répression de l’ivresse qui a disparu des nouveaux bistrots même populaires ; au mur, des affiches vintage et des plaques émaillées qui vantent des bières et des boissons apéritives ; le parquet est patiné par le temps et les chaises et tables n’ont visiblement pas été achetés sur un site design. En réalité, rien n’a vraiment changé depuis l’époque où, étudiante à l’ULB, nous fréquentions assidûment cet estaminet, ce qui ne date pas d’hier ! Jean Callens, nouveau propriétaire des lieux et chef en cuisine, se fiche de toute évidence du diktat des lieux hype. Tant mieux, son établissement dégage un charme fou et respire la convivialité et la bonne humeur. Le pari est déjà gagné. Jean vient nous saluer. Ce soir, après moins d’une semaine d’ouverture, son Brassins affiche déjà complet. Il nous présente Laurent, son gérant et chef de salle. Laurent, le sourire aux lèvres, s’implique à mort, ça se sent, ça se voit, il nous avoue d’ailleurs avoir goûté toutes les bières de brasseries belges qu’il propose à la carte des Brassins : les blanches, les brunes, les triples, les fruitées, les saisons, les acides, les trappistes, les lambics, les pale ales. Les sans alcool ? Il ne nous l’a pas précisé. Sourire.
PHOTOS : ANTHONY DEHEZ
On coince Jean Callens avant qu’il ne retourne aux fourneaux. Jean, 4e d’une génération de restaurateurs bruxellois, a ouvert au printemps 2023, à Ixelles, L’Epicerie Nomad, un excellent resto bistronomique qui ne désemplit pas. Pourquoi dès lors, la même année, rachète-t-il Les Brassins, une adresse de quartier qui existe depuis 40 ans ? « J’ai toujours été sous le charme des Brassins. Quand le soir tombe, j’ai l’impression d’être dans un tableau d’Edward Hopper. Alors, quand j’ai appris que l’établissement était à vendre, je n’ai pas hésité. Par chance, il se trouve à deux pas de l’Epicerie Nomad. Pour le moment, je forme deux jeunes chefs brillants, Antoine et Diego, pour m’épauler, tout en restant maître à bord. La cuisine belge ne nécessite pas d’avoir gagné un concours de dressage d’assiette ; l’essentiel, c’est de maîtriser les recettes traditionnelles de nos grands-mères. » Aux Brassins, Jean Callens ne bouleverse pas les codes de la cuisine belge de tradition ; au contraire, il les honore sciemment. Soupe à l’oignon, œufs à la russe, mousse de jambon, filet américain frites, carbonnade à la flamande, boulet à la liégeoise, saucisse stoemp… Vous l’aurez compris, le choix s’avère cornélien. Allez, on vous aide un peu : les croquettes aux crevettes grises s’avèrent une valeur sûre, croustillantes
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à l’extérieur avec une farce moelleuse bien poivrée et généreuse en crevettes ; l’onglet est servi avec une sauce à la Gueuze de la Brasserie Boon, un véritable hymne au plaisir ; le chicon au gratin joue dans la cour des grands avec des chicons pleine terre (bien plus goûteux que leur cousin, le chicon hydroponique), jambon du pays, sauce Mornay traditionnelle. Côté gâterie, crème brulée, pain perdu brioché caramélisé. Ah oui, c’est du chocolat Chokotoff qui nappe la Dame blanche, quelle gourmandise ! Affairé, Jean Callens n’en reste pas moins serein, heureux de mener sa barque comme il l’entend. « J’ai souhaité conserver l’esprit estaminet du lieu. Celles et ceux qui désirent
BE PERFECT | LES BRASSINS
simplement boire une bière ou un vin au bar, en mangeant des croquettes aux crevettes sur le pouce, sans forcément passer à table, sont les bienvenus ». Entreprendre, redonner vie à des lieux atypiques, cuisiner, Jean nous l’avoue, il « nage dans le bonheur ». Pas étonnant de voir ce chef particulièrement attachant nous offrir une cuisine de réconfort. Qui plus est, à prix tout doux. Cette attention-là aussi, elle fait un bien fou.
www.lesbrassins.be
Un petit bout du Liban en plein cœur de Waterloo
Au Zawtar Chaussée de Bruxelles 512 | 1410 Waterloo | T : 02/733.31.06 Mardi et mercredi de 18h30 à 21h30 Jeudi, vendredi et samedi de 12h00 à 14h30 et de 18h30 à 21h30 Le dimanche : uniquement de 12h00 à 14h30 - Le lundi fermé www.auzawtar.be
LOÏC LECHIEN Surprendre avec « un événement à l’identité singulière. » Fondateur de la start-up Hors-Norme Event, avec son associé Valérian Delaval, notre compatriote Loïc Lechien, CEO, est l’initiateur du concept Hémisphère, soit des bulles qui invitent à vivre une expérience culinaire dans des lieux prestigieux. Château de Rixensart et de La Hulpe en 2023. Les jardins intérieurs classés du site de l’Hospice Pacheco à Bruxelles en 2024 … M O T S : S E R VA N E C A L M A N T PHOTOS : JON VERHOEFT
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ors-Norme Event, il est ambitieux le nom de votre start-up ! (rire) Le seul nom de notre start-up - je suis associé à Valérian Delaval - témoigne en effet de notre volonté de créer des événements exceptionnels, en dehors des sentiers battus, en espérant bousculer un peu la restauration classique.
des expériences nouvelles en 2023/24 ? Avec un concept nouveau et un événément à l’identité singulière. Hémisphère propose en effet d’installer des dômes douillets de manière éphémère au cœur de joyaux du patrimoine architectural belge, et de faire rimer gastronomie et moment de convivialité exceptionnel.
Vous avez été joueur de rugby international belge (Loïc a joué à l’ASUB Waterloo, au Boitsfort Rugby Club et au Kituro à Schaerbeek) et vous êtes aujourd’hui chef d’orchestre dans l’événement. Bravo pour le grand écart. Le rugby, c’est une magnifique école de la vie, mais j’avais d’autres plans de carrière. Cependant, nous avons à cœur de conser ver, Valérian (ex-rugbyman également - ndlr) et moi, une des grandes valeurs de ce sport : l’esprit d’équipe, également indispensable en entreprise. Les équipes solides produisent des résultats solides.
Po u r q u o i c r é e r l ’é v é n e m e n t a u t o u r d u r e p a s gastronomique ? Bien manger ne suffit plus ? Faut-il y ajouter la dimension divertissement ? Les deux coexistent. Un chouette repas reste un moment privilégié, mais nous proposons autre chose : un voyage gustatif dans un endroit féerique. Avec nos bulles mobiles, nous avons investi les châteaux de Rixensart, d’Huldenberg (Overijse), d’Argenteuil (Waterloo) et de La Hulpe et le domaine du Val-SaintLambert à Seraing… Autant de lieux grandioses et intimes à la fois.
Dinner in the sky, Tram Experience : nombreuses sont les propositions gastronomiques à être événementialisées. Comment sort-on du lot pour faire vivre aux convives
Quels sont vos chefs ? À chaque édition, nous invitons des chefs renommés (Martin Volkaert de l’Amandier à Genval, Sébastien Renard de Top Chef, Benjamin Laborie, David
BE PERFECT | HORS-NORME EVENT
Selen de l’Improviste à Waregem, Loïc Dufour du Grill Dufour à Mouscron ont joué le jeu), qui créent un menu différent à chaque fois. Nous avons également un chef référent, Kevin Smissaert, qui est aux commandes de chaque édition et qui, petit à petit, au fil de l’apprentissage avec les autres chefs, impose également sa propre signature, ses propres touches créatives. Les chefs présents (ou le chef référent) dressent les assiettes en live, à la vue de tous les convives, dans une bulle installée au centre des autres dômes destinés aux clients. Les plats ont été cuisinés en amont et le soir même, on installe dans la grande bulle, une cuisine d’envoi. Mais cela reste un véritable live-show culinaire. Les chefs sont-ils vraiment présents ? Ils ne sont évidemment pas toujours disponibles, chaque soir. Je vous donne un exemple parlant : au château d’Argenteuil, dernièrement, où nous sommes restés un mois, le chef Sébastien Renard a été présent trois semaines quand même ! Quelle est la partie la plus excitante de cette aventure entrepreneuriale ? Le moment de partage avec le public.
Nombreux sont les clients qui nous remercient de leur avoir fait découvrir des endroits d’exception lors d’une soirée gourmande. Quant aux entreprises, elles sont demandeuses pour privatiser l’entièreté des dômes et passer un moment privilégié avec leurs collaborateurs. Vos projets pour 2024 ? Après une année complète, sans pause, nous installons Hémisphère aux Jardins Hospice Pacheco à Bruxelles, du 29 décembre au 25 février 2024. Classé depuis 1997 & conçus par l’architecte Partoes, les deux jardins intérieurs du site de l’Hospice Pacheco, perles de verdure du quartier du Pentagone, ont été réaménagés au fil du temps afin de pouvoir laisser place aux événements du grand public. Nous y proposerons des menus raclette et pierrade et, en complément, une assiette du pêcheur avec des huitres. Parallèlement, nous allons lancer des licences du concept Hémisphère, à l’attention de boites événementielles notamment, ou de privés.
www.hemisphere.events
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AFRIKA
Maison de parfums d’intérieur eu.baobabcollection.com
4 NOMADE Le savoir-faire des Belges hors de nos frontières !
CHRISTOPHE PAULY - HANNE DESMET - YVES JADOT - CHARLOTTE DUSART - ALAIN HUBERT
CHRISTOPHE PAULY Christophe Pauly skie aux Gets, en Haute-Savoie, depuis qu’il a neuf ans. Amoureux de cet authentique village alpin français dont il a été nommé amicalement « Ambassadeur », le chef étoilé du Coq aux Champs*, au coeur du Condroz, s’improvise guide de montagne pour nous. Rencontre au sommet avec un grand nom de la gastronomie belge. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
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© Esprit Photo
« Les Gets, un refuge où je puise mon inspiration culinaire »
© Manon Guenot
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ntre mont Blanc et lac Léman s’étirent Les Portes du Soleil, l’un des plus vastes domaines skiables au monde. 600 km de pistes relient 12 stations et 2 pays, avec ce petit plus qui fait la différence : il vous faut un seul forfait sans frontière pour un saute-mouton franco-suisse. Jamais la même piste, jamais le même paysage, soit un terrain de jeu exceptionnel pour les amoureux de la glisse. Nous connaissons Christophe Pauly pour l’avoir rencontré à Soheit-Tinlot, dans le Condroz, où il préside aux destinées gourmandes d’un savoureux Coq aux Champs étoilé Michelin ; cette fois pourtant, c’est aux Gets, sa deuxième patrie en somme, qu’il nous accueille… « Le Coq aux Champs étant fermé le week-end, le samedi, je prends le vol de 7h30 vers la Suisse, j’atterris à Genève 1h20 plus tard et, fin de matinée, je suis déjà sur mes skis ! Je vais être franc avec vous : les Gets, ce n’est pas le plus beau village alpin de France, mais c’est un véritable village haut-savoyard, peuplé d’habitants qui y résident à l’année et qui sont heureux de perpétuer les traditions montagnardes. Le village est tout plat et à taille humaine, de sorte qu’on peut le parcourir à pied. Ce n’est pas non plus aux Gets qu’on mange le mieux, mais les bonnes adresses y sont légion. Aux Gets, rien n’est extraordinaire, tant mieux, car tout y est authentique. Je m’y sens chez moi. » Christophe Pauly, 45 ans, est tombé amoureux des Gets dès le premier regard. Il a alors 9 ans et il accompagne ses parents au ski. Sur le téléski de la Boule de Gomme, le plus vieux de la station, qu’il prend toute la journée jusqu’à extinction des feux, il va en user des pantalons de ski ! A 16 ans, l’ado souhaite changer d’air pur et s’en va tester les grands domaines comme
© Manon Guenot
Val Thorens. Mais la montagne des chalets de bois lui manque. « A la naissance de mon fils Charlie, il y a 18 ans, j’ai décidé de retourner aux Gets. Charly adore skier, alors nous y sommes venus en famille deux fois par an, puis trois, l’hiver, puis l’été aussi où nous sortons nos VTT. Avec mon épouse, nous avons décidé d’y acheter un petit appartement … » Christophe a peu à peu créé de véritables liens sociaux et amicaux avec les autochtones, notamment avec le moniteur de son fils, Stéphane, devenu depuis un véritable ami. « C’est lui qui me forme à la cueillette des champignons et de la gentiane, dans la région », se réjouit le chef.
Lorsqu’on lui demande s’il pense un jour ouvrir un restaurant gastronomique aux Gets, Christophe Pauly se confie : « Je ne suis pas quelqu’un qui aime précipiter les choses. Mais ouvrir un resto éphémère pendant deux mois, pourquoi pas, mais pas à l’année. Le village des Gets, c’est mon refuge, là où je lâche prise, où je me ressource, où je puise des idées, mon inspiration. Où je découvre et savoure de bons produits aussi. Chassez le naturel, il revient au galop… » Volontiers gourmand, Christophe Pauly se plaît en effet à découvrir le terroir et les richesses des Gets et de la HauteSavoie qui sont pour lui autant
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Les bonnes adresses du Chef aux Gets Les Copeaux et le QG. Le premier est un restaurant savoyard posé au coeur de la station ; le second est dressé sur les pistes. « Les gérants, Stéphane Coppel et son épouse, sont devenus des amis. Quand mon fils Charlie avait 4 ans, Stéphane était son moniteur de ski. On se voit tout le temps même en Belgique ». On vous conseille : les rapins (des beignets de pomme de terre), le saumon fumé maison et, en dessert, la véritable meringue de la Gruyère et sa double crème.
© La Fruitière des Perrières
Velvette Les Gets. Ce concept store regroupe restauration, décoration et bureau d’architecture. Le chef craque pour les pâtisseries maison. La Chèvrerie des Felires. « Avez-vous du crottin de chèvre très ferme, que vous pourriez affiner pour moi ? Je vais pouvoir m’en servir comme assaisonnement ! ».
Les Sources du Chéry © Jean Baptiste Premat
de source d’inspirations culinaires. Ainsi si le filet de perche du Lac Léman figure à la carte du Coq aux Champs, c’est parce que Christophe est allé pêcher la perche avec Eric Jacquier, l’un des meilleurs pêcheurs du lac francosuisse. « Les poissons phares du lac n’ont plus de secret pour Eric qui les propose à quelques chefs triés sur le volet (Gagnaire, Sulpice, Conte … , NDLR) à une condition : être venu pêcher avec lui au moins une fois. C’est ce que j’ai fait et j’en garde un souvenir vibrant ! » Si Christophe passe ses journées à dévaler les pistes
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© Velvette Les Gets
avec fougue, il aime également garder un peu de temps pour dénicher des producteurs locaux avec lesquels il noue de chouettes relations. Parmi les trésors du Chef : la tomme blanche de la Fruitière des Perrières, les plantes de montagne cueillies avec Michel Rostalski ou encore les eaux de vie dont il a confié la distillation à Jean-Louis Forestier qui parcourt les villages avec son alambic ambulant. Autant d’empreintes montagnardes hautement qualitatives qui participent à la singularité et à la richesse de la table condrusienne étoilée de Christophe Pauly.
La Fruitière des Perrières. Un lieu authentique qui regroupe une fromagerie, un restaurant et un magasin de fromages. Les Sources du Chéry. Flambant neuf, le spa joue la carte montagne chic sur plus de 1000 m2. Alta Lumina. « Un parcours nocturne enchanté au cœur de la forêt ». Christophe Pauly y va chaque année !
www.lesgets.com www.lecoqauxchamps.be
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HANNE DESMET
Le feu sur la glace
Elle fonce, agile et farouchement déterminée, sur la piste comme vers le succès. Multi médaillée, dont une victoire historique pour la Belgique aux JO de 2022, Hanne Desmet s’affirme comme l’une des plus talentueuses athlètes de shorttrack de sa génération. Et, en compagnie de son frère Stijn, lui aussi membre de l’équipe nationale, elle compte bien révolutionner l’avenir du patinage de vitesse. M O T S : B A R B A R A W E S O LY PHOTO : SHAPEVISIONS
S’il fait partie des disciplines olympiques, le short-track est encore peu connu en Belgique. Comment l’avezvous découvert ? Stijn, mon petit frère, rêvait depuis toujours d’être patineur de vitesse, tandis que de mon côté je préférais la gymnastique. Mais nous avions en commun une passion du roller et celle-ci nous a un jour amenée à rencontrer un short-tracker qui durant l’été délaissait la glace pour l’asphalte. C’est grâce à lui que nous avons découvert que ce sport se pratiquait aussi en Belgique. J’avais onze ans, Stijn neuf, et il tenait absolument à ce que je me lance avec lui. J’ai accepté et il m’a transmis son amour pour cette discipline, qui depuis, ne m’a jamais quitté. Vos carrières sont aujourd’hui toujours intimement liées, puisque vous êtes tous les deux membres de l’équipe belge mixte de short-track. Est-il plus facile de s’entraîner et de performer ensemble ? Oui et c’était d’autant plus vrai à nos débuts dans ce milieu. A l’époque, l’on commençait tout juste à développer cette discipline dans notre pays. Il n’y avait alors pas vraiment d’équipe nationale et absolument rien de prévu pour les filles en la matière. C’était une chance pour moi de pouvoir patiner avec les garçons et d’intégrer une team mixte. Cela nous a permis à Stijn et moi, de continuer à évoluer ensemble. Nous nous soutenons, nous entraidons dans les moments difficiles et nous réjouissons des performances de l’autre. Cela revient à avoir son meilleur ami pour coéquipier. Être la première femme belge de l’histoire à remporter une médaille individuelle aux Jeux Olympiques d’hiver,
à Bejing en 2022, a-t-il représenté le point d’orgue de votre carrière jusqu’ici ? Le moment le plus marquant pour moi reste ma médaille d’or aux championnats d’Europe, en janvier 2023. J’ai encore des frissons en revoyant les images de cette course et mon passage de la quatrième à la première place. Mais cette victoire aux Jeux Olympiques était bien sûr une grande joie et j’espère qu’elle donnera à d’autres sportives le désir de se lancer en patinage mais surtout la possibilité d’y croire. Même si le chemin est difficile, devenir une athlète de haut niveau est tout sauf un rêve inatteignable. De votre côté, aviez-vous des modèles sportifs ? Pas parmi les athlètes féminines, mais j’étais et reste admirative du style et de la technique de mon frère. Vous avez souffert au cours des années de plusieurs blessures, notamment une fracture à la clavicule et une commotion cérébrale. Ce sport en demandet-il énormément physiquement ? Oui, tout comme psychologiquement d’ailleurs. J’ai souffert de troubles de l’équilibre durant des mois après à la commotion cérébrale que j’ai subie en 2021. Mais plus encore, il fallait gérer la peur de retomber. C’est un sport très exigeant et technique, où une bonne condition physique ne suffit pas. La confiance en soi y est un élément majeur. Certains jours, l’on enchaîne cinq courses d’affilée, cela laisse peu de place aux doutes. Que ressentez-vous sur la glace ? C’est grisant. Et inouï de constater à quel point on peut gagner en vitesse à chaque amélioration technique. Le patinage
permet des prouesses époustouflantes, sans parler des sensations qu’il procure. Et le short-track est tout à la fois dangereux et excitant et demande une bonne dose d’agilité. Le summum du cool selon moi. Quels challenges vous fixez-vous ? Après un Noël passé en Belgique, Stijn et moi partirons pour la Hongrie en vue de nous y entraîner jusqu’aux championnats d’Europe, qui débuteront le 12 janvier 2024 en Pologne. J’espère bien sûr remporter toutes les courses auxquelles je participerai, mais mon objectif premier est de m’améliorer et de progresser un maximum d’ici aux futures grandes échéances qui m’attendent, comme les Championnats du monde en 2024 et les Jeux olympiques d’hiver qui se dérouleront dans deux ans. Quelles sont, selon vous, les qualités qui vous portent vers la victoire ? En tant qu’athlète, certainement mon endurance. Je possédais déjà une force physique conséquente bien avant d’acquérir de la technique. Humainement, sans doute ma capacité à prendre soin des autres. J’ai 27 ans et je suis désormais la plus âgée de notre team. J’y joue un rôle de grande sœur. De quoi êtes-vous la plus fière aujourd’hui ? De notre évolution en tant qu’équipe. Ayant réussi en partant de rien, à se hisser parmi les acteurs majeurs de ce sport au niveau mondial. De nos liens aussi et de notre complicité après tant d’années ensemble. A titre personnel, comme avec eux, je brûle de chausser encore mes patins pour relever de nouveaux défis.
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YVES JADOT
Du rêve américain au succès bruxellois
Le rêve américain, il l’a vécu. L’entrepreneur belge Yves Jadot a exploité une flopée de restos à Manhattan où il est toujours propriétaire de plusieurs bars hype. Pour autant, il n’a pas oublié Bruxelles. Avec son associé Nicolas Vignals, maître mixologiste, il vient en effet d’y ouvrir Confessions, un élégant bar à cocktails et canapés gourmands. Rencontre avec Yves, un soir de novembre pluvieux, un « Generosity » (gin/safran/cannelle) réconfortant, à portée de lèvres. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T PHOTOS : ANTHONIN WEBER
À
18 ans, 100 dollars et de la niaque à revendre en poche, n o t r e c o m p a t r i o t e Yv e s Jadot saisit la promesse d’un job à La Crémaillère, un restaurant étoilé français à Bedford, dans l’Etat de New York. Pendant deux ans, il va se faire la main, comme on dit. 20 ans, l’âge de tous les défis. Yves monte à Manhattan où il gravit tous les échelons de l’horeca : serveur, bartender, manager, general manager même, de plusieurs restaurants et bars. Ça roule pour Yves ! Courage, détermination, prospérité, il vit pleinement le rêve américain. Qui lui laisse cependant peu de temps pour avoir une véritable vie privée. Or Yves tombe amoureux, se marie, fonde une famille. « Cette nouvelle étape dans ma vie était difficilement conciliable avec un travail de nuit », nous avoue-t-il. Alors Yves décide de se lancer à son propre compte. Il ouvre Petite Abeille, un restaurant belge à
New York, qu’il essaime, il en gèrera quatre sur Manhattan. Suivront un restaurant mexicain, deux anglais, un vegan, et même une maison du croque-monsieur… Yves, entrepreneur visionnaire, a de ( bonnes) idées à revendre. Quand on lui demande quel trait de caractère principal il faut pour survivre à New York, il réplique : « la polyvalence ». Et pour devenir un winner à NY ? « Ne pas voir peur de se retrousser les manches, ne pas craindre de ne rien gagner les premières années de labeur, travailler 7 jours/semaine, établir un business plan solide, se doter d’un bon réseau professionnel… ». Le message est clair : devenir un winner se mérite ! Yves Jadot, a-t-il croisé des stars dans ses bars ? « A l’époque de Titanic, Leonardo DiCaprio s’est installé à la table de « Petite Abeille » et il s’y est fait photographier. Quelle pub ! J’ai également rencontré pas mal de vedettes et politiques belges, qui
étaient désireux de découvrir mes bars à cocktails. ». Comme chantait Frank Sinatra : « I want to be a part of it… New York, New York ». Rien n’a (vraiment) changé. 2020, la pandémie s’étend au monde entier. « Mon groupe comptait plus de 350 employés et 11 établissements performants. Mais les baux à New York ont une durée de 10 ans ; en fin de bail, un loyer peut bondir de 3000 dollars à 13 000. Il faut avoir les reins solides pour se développer à NY ! J’ai préféré me concentrer sur les bars à cocktails haut de gamme. » Aujourd’hui, Yves Jadot est toujours propriétaire de quatre bars à cocktails new-yorkais (notamment Raines Law Room dans le quartier huppé de Chelsea et Dear Irving, du côté de Gramercy, tout aussi chic), il a décidé d’en lancer un 5e (ouverture en mars
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par Gault&Millau d’un «Best cocktail bar of the Year 2022 »), et La Villa Lorraine, table étoilée où il officiait comme barman en chef. C’est d’ailleurs à la Villa que Nicolas a rencontré Basil Huvelle, alors chef de partie de l’institution étoilée.
2024) et il vient de miser sur un projet d’ecoresort à 1h30 de Manhattan. Des projets plein la tête mais les pieds bien sur terre, il nous confie : « Gérer un bar est nettement plus facile qu’un resto, et la marge bénéficiaire plus importante ». Il rit. Et à Bruxelles ? Pour l’heure, on fait la rencontre d’Yves Jadot dans son nouveau bar à cocktails, Confessions, situé à Ixelles, rue du Bailli, en face de l’Eglise de la Sante-Trinité. Yves, pourquoi, diable, ouvrir un bar à Bruxelles quand on habite New York ? « Pendant la Covid, j’ai trouvé le temps long. Bruxelles où je retournais deux fois l’an, me manquait. Alors, j’ai cogité longuement : ouvrir un bar à
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cocktails m’a semblé une bonne idée pour y revenir plus souvent. (rire). La visite d’un espace libre à Ixelles, à deux pas de la place du Châtelain, dans un quartier multiculturel et aisé, a balayé mes dernières hésitations. A tout vous avouer : je compte bien en ouvrir un deuxième dans un avenir proche, avec mon associé ». De fait, si derrière Confessions, on retrouve l’esprit visionnaire d’Yves Jadot, le savoir-faire de son associé dans cette nouvelle aventure, Nicolas Vignals, un maître mixologiste que tous les amateurs bruxellois de cocktails signatures connaissent bien, confère à l’adresse toute sa particularité et son caractère. C’est que Nicolas a déjà séduit les amateurs de cocktails dans de belles maisons : Arthur Orlans, le temple du gin à Bruxelles (auréolé
Car c’est là toute l’originalité du concept de Confessions : mixer cocktails (8 créations et 20 classiques), bouchées gastronomiques délicieusement raffinées (brioche coppa bonite séchée sauce miso, sando au tartare de bœuf condiment à l’ail noir, on a tout apprécié !), atmosphère singulière (Anno Defeche pour le design d’intérieur et Adeline, la fille d’Yves, une jeune artiste émergente, qui signe ici des fresques murales) et musique (Jabeau, le fils de Yves, compositeur, a imaginé une expérience unique en associant musique et cocktails via des écouteurs audio mis à la disposition du client, soit une variation des accords mets-vins qui devient cocktails-mets-musique). « Servane, vous serez étonnée de voir à quel point les sons, la musique, peuvent éveiller des sensations gustatives », s’emballe Yves Jadot. On l’aura compris, Confessions se profile comme un bar à cocktails bruxellois à la signature affirmée, d’autant que Yves Jadot a appelé 10 investisseurs belges issus de tous les milieux (sportifs, showbiz, horeca) pour soutenir son projet et attirer des happy few sur ses canapés soyeux. « C’est une formule que j’ai expertisée à New York. Mais je préfère que le client vienne pour l’excellence du lieu, que pour voir et être vu ! »
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CHARLOTTE DUSART L’éloge du chocolat
C’est au cœur de Milan que la Bruxelloise Charlotte Dusart a posé ses valises pour y déployer pleinement son amour du cacao. Dans sa cioccolateria belga, elle y décline un exquis savoir-faire avec goût et surtout gourmandise. M O T S : B A R B A R A W E S O LY
P H OTO S : C H A R LOT T E D U SA RT
B E P E R F ECT | C H A R LOT T E D U SA RT
Vous expliquez sur votre site nourrir depuis l’enfance une véritable passion pour le chocolat. Comment, toute petite, êtes-vous tombée dans la marmite ? Je le dois à mon papa qui en cachette, m’en plaçait un petit bout sous la langue, alors que je n’avais pas encore un an. Mon premier mot a ainsi été « coco » qui pour moi signifiait choco-lat. Et cet amour ne s’est pas démenti depuis. C’est ma madeleine de Proust. Il est pour moi directement lié à la notion de petit comme de grand bonheur, à la célébration. Quand ce délice du matin s’est-il transformé en un possible choix professionnel ? Après des études universitaires en communication, j’ai entamé une carrière dans les ressources humaines puis en tant que représentante commerciale. Durant cette période, je me suis inscrite à une formation en cours du soir en chocolaterie au Ceria de Bruxelles. Je la réalisais par curiosité et intérêt, sans plan de carrière, mais j’ai trouvé passionnant de façonner un produit de mes mains et de gâter mes proches grâce à celui-ci. Une fois achevé mon cursus et alors que j’étais en congé de maternité j’ai commencé à envoyer mon CV à de prestigieuses chocolateries bruxelloises jusqu’à être engagée au sein de la Maison Wittamer. C’était une chance incroyable et la plus belle manière d’accomplir mes premiers pas dans ce métier.
Quel est le rapport des Italiens au chocolat ? En tant que Belge, l’on ne réalise pas à quel point il est une part intrinsèque de notre identité. La vision du chocolat en Italie est tout autre. Dans le nord, près de Turin, il y a la culture très connue du gianduiotto, produit à base de chocolat et noisette, mais par exemple à Milan, il n’existait, à mon arrivée, aucune boutique véritablement dédiée au chocolat.
Quatre mois plus tard, en février 2018, vous quittiez pourtant la Belgique pour Milan, accompagnée de votre mari et votre fille de 10 mois. Pourquoi ce départ vers la péninsule ? Mon mari s’était vu proposer un poste en Italie et nous avons souhaité tenter l’aventure. Mais les premiers mois ont été rudes. Je vivais à la périphérie de la ville, dans un petit village sans transport en commun, loin de mes proches. Je ne parlais pas la langue et n’ayant pas de crèche, je me retrouvais isolée avec ma fille. Il n’était pas question pourtant de me laisser abattre. J’ai finalement postulé dans un bean-to-bar, où j’ai travaillé comme barista durant sept mois. L’occasion d’apprendre l’italien mais aussi la culture du pays. Croiser plusieurs fois par jour les mêmes clients, venus prendre un café, permet de découvrir leurs goûts, leurs envies et leurs rituels.
A-t-il dès lors été difficile d’y développer votre boutique ? Cela a été le fruit du hasard. Une chocolaterie à production commerciale s’exportait à New York en laissant vacants son atelier et son magasin. Je suis tombée amoureuse des lieux et étant très pressés de partir, ils me l’ont cédé à prix doux. J’ai alors eu cinq mois pour développer un business complet et imaginer une gamme susceptible de séduire mon public. Le plus dur a été de convaincre les Milanais de consommer régulièrement du chocolat. Milan étant le pinacle de la mode et du design l’aspect esthétique était partie intégrante du processus. Il fallait créer une palette classique, imaginative et savoureuse à la fois. Au début, une majorité de clients franchissaient les portes de la boutique en recherche de cadeaux. Les voir progressivement revenir pour se faire plaisir, a été la plus belle des victoires.
Vos créations ressemblent en effet à de petites œuvres d’art culinaires. Comment les élaborez-vous ? On travaille par collections, en amont des évènements et des thématiques annuels. En mai, débute ainsi la préparation d’Halloween et Noël… Je m’inspire énormément des desserts des chefs étoilés. Je suis une vraie épicurienne et ne peux me balader à Paris ou à New York sans goûter ce qui se fait sur place. Nous avons un laboratoire au sein de l’atelier, où l’on effectue entre 10 et 20 tests pour chaque praline, jusqu’à être vraiment satisfaits. Nous possédons trente goûts fixes, auxquels s’ajoutent chaque mois une saveur éphémère et bien sûr les déclinaisons saisonnières. Quelles savoureuses nouveautés préparez-vous pour les fêtes ? Nous sommes partis d’une palettes de coloris classiques, avec du rouge et du vert, associés à une pochette plus moderne. Parmi les exclusivités de cette saison, on retrouvera notamment un bonhomme de neige composé de trois boules dont chacune se transforme en chocolat chaud, une jolie guirlande à base d’abricot et de praliné noisette et de délicieux arbres de Noël. Et puis un calendrier de l’avent, une tradition bien moins connue ici mais dont je souhaitais transmettre la magie.
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ALAIN HUBERT Robin des glaces Lui est de retour en Antarctique pour plusieurs mois, moi à Bruxelles derrière mon ordinateur. Par appel video, je vois son visage et la lumière polaire éclairer ses traits qui en ont tant vu et vécu. Alain Hubert en est à sa vingtième expédition à la station belge Princesse Elisabeth. L’occasion de faire le point sur cette vie hors norme, une vie d’aventures. MOTS : OLIVIA ROKS P H O T O S : I N T E R N AT I O N A L P O L A R F O U N D AT I O N
Vous venez d’arriver en Antarctique, le voyage s’est bien passé ? Oui, nous sommes arrivés hier soir. On démarre depuis Cape Town, six heures de vol, 6500 km. On ne sait jamais quand on va arriver car on dépend du temps, des lois de la nature. Chaque année, la saison antarctique démarre fin octobre et se termine en général fin février. Nous sommes donc là quatre mois. Pendant l’été austral, il fait jour 24h sur 24, c’est la meilleure saison pour travailler sur le plan scientifique. Notre point de chute est la station Princesse Élisabeth, un camp de base qui permet de travailler dans un territoire qui fait à peu près six fois au moins la Belgique. Vous êtes un véritable aventurier. Retracez-nous votre parcours, du sportif à l’homme d’aujourd’hui en Antarctique... Je suis né au bord de la forêt de Soignes, j’ai passé mon enfance dans les bois. Ce sont là mes premières expéditions. Ma première passion c’est la montagne que j’ai
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© Tam Minton
découverte à 15 ans. J’y ai appris énormément de choses ; en montagne, on se bat contre soi-même. A ce jeune âge, j’ai su que j’allais être alpiniste, guide de montagne ensuite. Cela a été ma première école qui m’a ensuite amené à l’Himalaya un peu plus tard. J’y suis allé régulièrement. Il y a la performance sportive certes mais aussi la persévérance, l’apprentissage du renoncement, vous savez, l’erreur est normale, on l’oublie un peu trop dans notre société. On se retrouve face à la nature qui est de toute façon toujours gagnante. On doit apprendre de nos échecs. A côté de ça, j’ai fait des études d’ingénieur en construction, j’adore construire. Un jour, un livre dans la bibliothèque de mon père a attiré mon attention, un livre sur un explorateur norvégien. Le pôle Nord me paraissait inaccessible mais je me suis quand même dit : pourquoi pas moi ? A partir de ce moment-là, je n’avais plus que ça en tête. On est parti avec un ami pour atteindre le pôle Nord géographique depuis le Canada. Des jours entiers sur un
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océan de glace. On a réussi à l’atteindre à une époque où il n’y avait pas de téléphone satellite, j’avais juste le premier GPS qui venait de sortir et pesait bien lourd. C’était en 1994.
sorte de voile, nous avons en quelque sorte inventé le kitesurf. Une expédition tout sauf facile et rigolote, je me demande encore comment on l’a fait aujourd’hui !
Et après le pôle Nord, il y a eu le pôle Sud... Et oui, quand on fait une extrémité, on veut faire l’autre ! Mais l’Antarctique est un continent qui fait deux fois l’Europe, et en hiver, lorsque la glace et le gel sont omniprésents, sa surface double. En 1998, j’atteins le pôle Sud. Avec mon ami, décédé aujourd’hui, Dixie Dansercoer, nous avons aussi effectué la plus longue traversée du continent antarctique à l’aide entre autres d’une nouvelle
Vous avez ensuite créé la Fondation Polaire et vous gérez aussi la station antarctique Princesse Élisabeth, quel est votre rôle auprès de ces organismes ? En 2000, j’ai créé avec mon épouse la fondation polaire qui est une plateforme entre science et société afin d’expliquer pourquoi la science polaire est importante comme moteur d’action de changement dans nos sociétés aujourd’hui. J’en suis le président et en Antarctique je suis le responsable
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des expéditions. Quant à la station, à l’approche de l’année polaire internationale (c’est tous les 50 ans), nous sommes allés voir Charles Michel et Guy Verhofstadt en leur proposant de construire une station zéro émission pour être exemplaire. Je trouverais l’argent pour la payer avec le privé et ensuite on la donnerait à la Belgique. Plusieurs conditions bien sûr : on gardait une part, il nous fallait un petit budget de fonctionnement et la fondation restait l’opérateur de la station dans un partenariat public-privé. Le but ? Que la Belgique réassume ses engagements passés en Antarctique car aujourd’hui la science polaire est déterminante par rapport aux orientations
sociales et économiques à prendre. Hélas, jaloux et voulant toute l’aura, l’administration de la politique scientifique n’a pas accepté le partenariat public-privé. Pendant des années on a voulu nous détruire. Une période de vie très difficile. De fil en aiguille, heureusement, la fondation est réinstaurée comme unique opérateur de la station. Ce modèle belge demeure la station la plus avancée au monde, on est les meilleurs au point de vue environnemental, on est un exemple, devant les Américains. L’état belge commence enfin à le comprendre... Ici, je suis le chef de la station, on y fait de la recherche scientifique. On se situe à l’est, au pied des montagnes, c’est un des plus beaux endroits... Vous avez un beau et très gros projet à venir... Oui, on va construire une nouvelle station, non loin d’ici. On a construit un aéroport sur la glace pour pouvoir dans 9 ans ouvrir un grand centre de recherche internationale et la première université antarctique. Plus que jamais il faut s’ouvrir, permettre aux jeunes d’approcher cette source d’informations et de recherches unique. Ce sera la station du 22e siècle, un genre de station spatiale ouverte toute l’année, une initiative de notre fondation. Vos enfants marchent dans vos pas ? Ils sont en tout cas tous de grands fervents défenseurs de la nature et c’est ça qui est important. L’été prochain, j’emmène une partie de mes petitsenfants dans l’Himalaya. J’ose tout de même vous poser la question... Quand allez-vous vous arrêter ? Je ne sais pas vous dire ça ! D’abord, on met la nouvelle génération en place !
www.polarfoundation.org
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Le Defender, SUV aux capacités légendaires avec des proportions parfaitement minimalistes et des lignes sophistiquées. À l’aise sur tous les terrains, il patauge aussi bien dans l’eau profonde qu’il file dans les beaux quartiers.
5 VOYAGE Une envie d’évasion ? Suivez notre guide…
CLUB MED EXLUCLUSIVE COLLECTIONVAL D’ISÈRE - CHAMONIX - LES ARCS - MERIBEL - LE LAMANTIN
Club Med Exclusive Collection Val d’Isère
Une autre définition du luxe B E P E R F E C T | C L U B M E D E X C L U S I V E C O L L E C T I O N VA L D ’ I S È R E
L’Exclusive Collection, la gamme luxe du Club Med, sélectionne les plus beaux endroits du monde pour s’implanter. C’est le cas de Val d’Isère où le Club Med a été récemment repensé en un somptueux écrin intimiste. Un lieu unique où se reconnecter à Dame nature, véritable source d’émerveillement. MOTS : ARIANE DUFOURNY PHOTOS : CLUB MED
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ntre le Club Med et Val d’Isère, c’est une longue histoire. Club Med est en effet présent dans ce village perché à 1 850m d’altitude, depuis 1962. Un sacré bail, propice à de nombreuses réflexions pertinentes pour enrichir les vacances à la montagne en termes d’accueil, d’infrastructures, d’équipements et d’écoresponsabilité. Car la montagne qui nous paraissait hier encore immuable, est plus fragile que jamais. Qui pourrait aujourd’hui le contester ? Depuis 60 ans donc, Club Med innove pour proposer des vacances haut de gamme tout compris dans 14 Resorts des
Alpes françaises, italiennes et suisses. L’Exclusive Collection, la gamme luxe du Club Med, sélectionne quant à elle, les plus beaux endroits du monde pour s’implanter. C’est le cas du Club Med de Val d’Isère, qui bénéficie d’une situation incroyablement privilégiée. Imaginez un hameau préservé et conçu comme un village dans le village, vous y êtes ! Pour appartenir à l’Exclusive Collection, Club Med a transformé les bâtiments existants en privilégiant l’espace (65% de chambres de plus de 30m 2) et la quiétude. Côté déco, on salue le choix de l’artisanat local et de matériaux naturels comme la pierre, le bois et la laine qui
reflètent une réelle envie d’authenticité. En matière d’engagement vert, on félicite un Resort certifié BREEAM avce mention very good (un standard de certification relatif à l’évaluation environnementale des bâtiments) et la plantation autour du site de pins parasols, de mélèzes, de bouleaux… Par ailleurs, Club Med propose des séjours du dimanche au dimanche pour éviter à ses clients les bouchons sur la route et limiter ainsi leur consommation de carburant et leur empreinte carbone. C’est bien pensé en termes d’écoresponsabilité et c’est également la garantie d’une journée de ski sans personne, le dernier samedi, quand tout le monde est sur la route du retour !
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A votre service ! Le Resort Club Med Exclusive Collection Val d’Isère, c’est aussi la promesse de prestations de luxe dans l’une des plus belles stations de sports d’hiver du monde, et ce pour tous les membres de la famille : service Easy Arrival (de l’inscription à l’encadrement enfants et au matériel de glisse), sports et détente (avec notamment, une piscine intérieure de 17 mètres, un Club Med Spa by Cinq Mondes, un programme de yoga encadré par une équipe formée à l’école Yoga byHeberson), coaching exclusif pour tous les niveaux, service de conciergerie, programme Amazing Family® version neige (service de garde d’enfants complet, Mini Club Med+ dès 4 ans, Teens Club pour les 11-13 ans, Chill Pass pour les 14-17 ans, etc.). Bref, au Club Med, il y a une expérience montagne toujours plus agréable pour chacun. Où bien manger ? Où faire la fête ? Où décompresser ? On vous dit tout. Le Club Med Exclusive Collection Val d’Isère propose une véritable escapade culinaire avec Le Bellevarde et Les Millésimes. Le premier, le restaurant principal, invite à déguster le meilleur de la gastronomie savoyarde. En son centre, un foodcourt avec le four à pain du boulanger, l’étal du poissonnier, la charcuterie italienne et la cave à fromages, un véritable marché couvert ! Quant aux Millésimes à l’ambiance refuge de haute montagne, il met à l’honneur la cuisine du monde et sa cave à vins regorge de crus prestigieux et de belles découvertes. A chaque lieu, ses plaisirs. Ainsi La Légende, des petits coins intimistes, des vieux bois, des cuirs patinés, des étagères tapissées de bric-à-brac et une scène où se produisent des musiciens. C’est ici que bat le cœur de la station. Ici et au Chalet, le bar-terrasse de la station. Cocktails, IPA, virgin mojitos ... Nous nous retrouvons autour des braseros dans une ambiance chaleureuse et conviviale, pour déguster une tasse de chocolat chaud, ou s’allonger sur une chaise longue et profiter des derniers rayons de soleil de la journée. Enfin, pour qui aime lire, se détendre ou travailler en toute tranquillité, Le Refuge porte admirablement son nom. Cet espace cosy à souhait est aménagé de grands fauteuils recouverts de tissus colorés et de vieux bois, face aux grandes fenêtres pour profiter du soleil… On l’aura compris, le Resort Club Med Exclusive Collection Val d’Isère, c’est une station à l’élégance sans fard, aux prestations et services haut de gamme, entièrement repensée et éco-conçue pour goûter à tous les plaisirs qu’offre la montagne, cette merveilleuse terre d’évasion.
www.clubmed.fr
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CHAMONIX Au charme vintage
Petite ville alpine cossue à l’abri de la chaîne du mont Blanc, Chamonix a connu un développement hôtelier important au 19e siècle. Si les touristes en haut-de-forme ont évidemment disparu, les façades Art nouveau et Art déco continuent à témoigner d’une véritable richesse architecturale. Ainsi l’Hôtel La Folie Douce installé dans les murs du mythique Savoy Palace et l’Hôtel Mont-Blanc niché dans un palace Belle Epoque. On y a déposé nos bagages.
« Ceci n’est pas une station de sport d’hiver ! », martèle Bernadette, notre guide du patrimoine, « mais une ville de montagne, berceau de l’alpinisme, dotée d’un magnifique patrimoine architectural ». Message reçu cinq sur cinq. De fait, si Chamonix invite à tailler des courbes sur les pistes de ses domaines skiables, héberge le téléphérique qui file vers l’Aiguille du Midi à 3.842 mètres d’altitude en 20 minutes (l’ascension, vertigineuse, est une expérience en soi !) et voit défiler 20.000 prétendants annuels à l’ascension du mont Blanc, cette petite ville de quelque 8.400 habitants attire également bon nombre de flâneurs nostalgiques qui aiment … se
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perdre dans ses rues, tout bonnement. C’est que Chamonix a connu un développement hôtelier important au 19e siècle. Par bonheur, il subsiste de cette époque florissante quelques véritables joyaux architecturaux à se mettre sous les yeux ! Nos préférés ? Le bâtiment Art nouveau, probablement le plus emblématique de Chamonix, qui abrite depuis 2022, Rose du Pont, une excellente brasserie à la façade tout de rose vêtue. Charpente en bois, bâti en encorbellement, étagère de flacons coiffée d’une splendide verrière, terrasse braquée sur le mont Blanc : tout y est féérique. Remarquables également : le Majestic, un palace des années 1900 qui abrite désormais le Centre des Congrès de Chamonix, l’hôtel de ville dans les
murs de l’Hôtel Impérial bâti en 1860 et le Savoy, un élégant hôtel qui n’avait rien à envier aux palaces européens de la Belle Epoque, exploité désormais par La Folie Douce… Tous ces bâtiments nous rappelant les fastes d’antan et conférant à Chamonix-la-moderne une élégance toute vintage. En revanche, ne cherchez pas de vieux chalets rustiques, le grand incendie de 1855 ne les a malheureusement pas épargnés. Quant à la Cité scolaire conçue par l’architecte Roger Taillibert, ce symbole des années 70 qui joue le tout béton a engendré un vif débat lors de sa construction… On comprend pourquoi !
www.chamonix.com
© Jerol Ahmed
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Hôtel Mont-Blanc Chamonix Au pied du toit de l’Europe, une belle demeure du 19e siècle qui a vu passer nombre de personnalités venues des quatre coins du monde, accueille désormais un hôtel 5 étoiles repensé et rénové en 2016 par Sybille de Margerie. La célèbre architecte d’intérieur française qui a notamment collaboré avec les grands noms de l’hospitalité de luxe, Mandarin Oriental, Four Seasons, maison Baccarat, et qui avoue « détester l’inconfort », a joué la carte de l’esprit de luxe à la française, du confort et de la convivialité. Ainsi ce blanc omniprésent, ce marbre en damier noir et blanc, cet escalier monumental aux élégantes ferronneries. Ainsi encore ce douillet salon-bibliothèque au chic feutré et ce bar lounge tapissé de rondin de bois, qui s’ouvre sur une verrière, ramenant l’extérieur, une nature majestueuse, à l’intérieur. Désireuse de révéler l’âme d’un lieu, Sybille de Margerie a commandé à Semeur d’Etoiles, un fabriquant français de luminaires conçus comme des oeuvres d’art, un lustre monumental, mieux : une sculpture lumineuse de vingt mètres de haut, qui suggère des cristaux de glace et donne littéralement vie à l’escalier. Grandes chambres lumineuses, restaurant, Le Matafan (en référence à la galette paysanne qui porte ce nom), qui voyage des vallées alpines à la Méditerranée, soins Clarins, jacuzzi et piscines extérieures chauffées braquées sur un panorama de montagnes enneigées, complètent l’offre d’un hôtel inspirant qui mérite amplement ses 5 étoiles.
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© Hotel Mont-Blanc
© Hotel Mont-Blanc
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© Hotel Mont-Blanc
Nous sommes en 1901 quand démarre la construction du Savoy Hôtel fréquenté par une clientèle qui voyage de palace en palace. Parmi eux, la reine d’Italie et un certain Buffalo Bill. Si les murs pouvaient parler, ils raconteraient les fêtes exubérantes qui ont eu lieu au Savoy. Ils le racontent d’ailleurs toujours, car après avoir accueilli le Club Med, c’est l’hôtel La Folie Douce qui redonne vie au bâtiment et « démocratise l’ancien palace pour en faire un bouillonnant lieu de vie ». Hors norme, l’hôtel de la Folie Douce l’est : imaginez,
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en plein coeur de Chamonix, un palace qui réunit 250 chambres (choisissez la formule Premium, l’équivalent d’un 4 étoiles, Access et Hostel offrant moins de confort), cinq restaurants, un bar ultra branché, une piscine extérieure chauffée, un spa/saunas, hammam, le tout dans un espace de 18.000 mètres carrés. La magnifique façade blanche du 19e est intacte et pour cause, elle est protégée. Intra muros, en revanche, le cabinet d’architecture Bachmann Associés a joué la carte de la modernité : volumes hors norme (le hall, monumental), matériaux bruts et esthétique indus (béton et laiton), notes chaleureuses (bois, velours, peaux de bêtes,
miroir suspendu au-dessus d’un bar qui trône dans l’espace). Le contraste entre l’extérieur et de l’intérieur de l’hôtel est saisissant : parce que l’audace est souvent payante, galvanisante même ! Nous sommes 100% fan du concept savoyard novateur de La Folie Douce qui installe le clubbing en extérieur, la bonne humeur braquée sur les montagnes ; proposer la fête dehors et dedans en investissant un hôtel volontiers décalé, porte le concept du clubbing encore plus haut dans les sommets de la convivialité et du spectacle. Coup de cœur. www.lafoliedoucehotels.com
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L E S A R C S La station Les Arcs est indissociable du nom de Charlotte Perriand, l’architecte française qui l’a façonnée. On se réjouit donc de la rénovation de La Cachette, bâtiment iconique de 1972 à l’architecture en gradins, qui s’offre une nouvelle vie en abritant un hôtel 4 étoiles bien en phase avec l’esprit de cette créatrice visionnaire du 20e siècle. On (s’)y glisse. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
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Station iconique
« J’aime la montagne profondément. Je l’aime. Je l’aime parce qu’elle m’est nécessaire. Elle a été de tout temps le baromètre de mon équilibre physique et moral. Pourquoi? Parce que la montagne offre à l’Homme la possibilité de dépassement dont il a besoin ».
© Agence Merci
Si l’on partage avec vous cette citation de l’architecte et designer française Charlotte Perriand, disciple de Le Corbusier, c’est qu’elle a été la véritable inspiratrice du style des Arcs. Charlotte Perriand a consacré 20 ans de sa vie aux projets des trois villages des Arcs (Arc 1600 en 1968, Arc 1800 en 1974, Arc 2000 en 1979) et si son travail a été critiqué dans les années 80 et 90, notamment par les architectes de montagne qui fantasmaient sur les faux chalets rustiques, il connaît aujourd’hui un regain d’engouement certain. Tant mieux ! Rembobinons le temps jusqu’aux années 60. Avec la démocratisation des vacances, les stations de sport d’hiver se multiplient. Lesquelles se
démarqueront ? La réponse, c’est notamment un collectif d’architectes mené par Charlotte Perriand qui l’apporte, en concrétisant aux Arcs un urbanisme pensé de l’extérieur (la montagne) vers l’intérieur (le bâti). Au cœur de la vallée de la Tarentaise, les nouveaux bâtiments en gradins vont épouser la pente afin que rien ne gâche la vue du skieur et s’offrir zéro vis-à-vis pour laisser rentrer la nature et le soleil. Que l’on aime ou non Les Arcs, il faut bien reconnaître qu’à l’époque la station était avantgardiste. Et elle l’est toujours ! Imaginez une station de ski sans voiture, aussi verte que blanche. Pour se rendre aux Arcs, on prend le Thalys depuis Bruxelles ou le TGV Inoui depuis Paris, ensuite de la gare de Bourg Saint-Maurice, il suffit de 7 minutes en funiculaire pour être au pied des pistes du village Arc 1600… Les Arcs, un exemple de mobilité douce en montagne. Arc 1600, c’est là que se dresse La Cachette****, premier hôtel des Arcs construit sous la direction de Charlotte
Perriand, qui appartient désormais à Friendly Hotel Collection. Quel incroyable bâtiment que cette Cachette ! Pas étonnant qu’il soit labellisé Architecture Contemporaine Remarquable (qui remplace le label Patrimoine du 20e). Les terrasses décalées les unes des autres pour gagner en intimité et éviter les ombres portées des balcons des étages supérieurs, c’est quand même une sacrée bonne idée. Et ces grandes baies vitrées qui laissent rentrer la nature et s’offrent un vis-à-vis unique avec la montagne, on valide. Après un an de travaux de rénovation, La Cachette nous ouvre ses portes. Dès le hall d’accueil, lieu de vie multi-usage, nous sommes projetée dans un paysage de montagne. Pas de tableaux, pas de fioritures, l’aménagement est fidèle à la vision de Perriand qui privilégiait l’épure. On identifie ici une table chinée, là un mur de luminaires qui portent sa signature. A l’étage, dans les chambres d’entrée de gamme baptisées ‘cabane’, le lit est orienté vers la fenêtre
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et braqué sur la montagne, là encore peu de déco, l’esprit fonctionnaliste régnant en maître. Toutes les chambres, peu importe leur catégorie, s’offrent d’ailleurs une vue sur la montagne ou la vallée. La suite 514, historique, est principalement meublée avec du mobilier Perriand. Les coussins, étoffes, tentures, on les doit à la filature de laine savoyarde Arpin, labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant français. Dans les escaliers des communs, des photographes exposent leur vision de la montagne à travers de grands clichés en noir et blanc. Dehors, en plein air, trônent un grand jacuzzi et un sauna. Toujours dans l’esprit Perriand, le choix de matériaux écoresponsables, biosourcés, à l’instar du bois brut, de la pierre minérale ou du foin compressé en tête de lit. Au premier, le bar joue la carte de l’espace coworking, il est traversé de lumière et place les autochtones et les clients en relation directe avec la montagne. Car c’est bien ainsi que les nouveaux propriétaires ont imaginé la réhabilitation et la réinterprétation de La Cachette : ceci n’est pas qu’un hôtel, c’est un lieu de vie tout en transparence et ouverture, qui dialogue avec la nature, la montagne, la vallée, le soleil, les savoyards et les résidents de l’hôtel, réussissant par là même le pari de préserver l’héritage Perriand. www.lacachette-lesarcs.com
© Raj Bundhoo
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DES CHALETS DE LUXE INSPIRÉS PAR CHARLOTTE PERRIAND Soyons honnête : l’habitat travaillé par Charlotte Perriand emprunte davantage à la rationalité qu’au luxe ! Pourtant, quatre nouveaux chalets haut de gamme de la collection Chalets Mille 8 situés dans le village Arc 1800 s’inspirent des préceptes de Perriand : toit à pan unique bien intégré dans le paysage, larges baies vitrées, vue dégagée, tout a été conçu pour amener le dehors, la montagne, la lumière, le soleil, en dedans. Coussins et plaids Arpin. Ces quatre chalets de luxe proposent bureau, home cinéma, salle de jeux, sauna et parfois même piscine. Service de conciergerie et chef à domicile à la carte. © Studio Bergoend
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MÉRIBEL
Destination au chic feutré, Méribel Village a fort heureusement été épargné par les barres d’immeubles. C’est donc dans des chalets rustiques que se nichent les plus beaux refuges et 5 étoiles de la station. On en a sélectionné trois où il fait bon se blottir et trouver du réconfort après une journée de glisse. M O T S : S E R VA N E C A L M A N T
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© Agence Merci
Au top de l’hôtellerie de charme
© Gilles Trillard
© Vincent Leroux
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Le Refuge de la Traye Perché sur les hauteurs savoyardes à 1650 mètres d’altitude, un refuge ski au pied coupé du monde et labélisé Small Luxury Hotel of the World. Ce resort intimiste coincé entre forêt et montagne, on le rejoint en dameuse, en moto de neige ou encore, comme nous, en Pinezelec, un tout-terrain de l’armée tchèque restauré par un propriétaire monégasque tombé amoureux de la Haute- Savoie. Autant vous le dire
d’emblée, nous sommes tombée sous le charme de ce lieu intimiste à l’ambiance conviviale voire familiale, sans familiarité aucune pour autant. Car si, dès la réception, nous sommes invitée à nous déchausser pour enfiler une paire de chaussons douillets, c’est pour se sentir comme chez soi. En mieux ! Ce petit hôtel montagnard de 6 chambres à peine propose en effet des prestations haut de gamme dignes des tout grands palaces : soins de la marque Biologique Recherche, rien
de moins, piscine extérieure chauffée à 21 degrés, hammam, sauna, jacuzzi extérieur (parfait pour un lâcher-prise), chapelle restaurée qui laisse voir des décorations murales d’artiste, tisanière, cave à vin privatisable, homecinema, salle de jeu pour les enfants… Ne ratez pas la collation de 16h, gracieusement offerte, les pâtisseries y sont goûteuses à souhait. Le Refuge de la Traye, un art de vivre. www.refugedelatraye.fr
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Nous vous parlions, il y a peu, de Maisons Pariente, une collection familiale d’hôtels 5 étoiles qui nous a complètement séduite. Après avoir visité Lou Pinet à Saint-Tropez et Le Grand Mazarin à Paris, nous prenons la direction de Méribel pour entendre chanter Le Coucou, un imposant chalet de 55 clés et deux appartements privés, construit à flanc de montagne, qui s’étire sur dix étages, l’air de rien. S’il est somme toute logique d’attendre d’un chalet rustique qu’il déploie une déco alpine, nous allons être agréablement surprise ! L’architecte d’intérieur parisien, Pierre Yovanovich, a en effet joué la carte du raffinement et de l’audace en juxtaposant les codes traditionnels de la montagne à un style contemporain égayé de notes décalées. Espace commun XXL, suspensions de verre évoquant des glaçons, moquette aux motifs blancs suggérant des flocons de neige, mobilier chiné, créations de Pierre Yovanovich (notamment les fauteuils Bear et MAD aux tissus pelucheux qui donnent envie de s’y envelopper, et les appliques Honeymoon), collection de coucous, nous ne savons plus où donner de la tête ! Et la séduction opère car, à l’instar des autres adresses de Maisons Pariente, jamais le confort n’est sacrifié au luxe (discret) ou à la créativité (fut-elle débridée). Le confort propice au bienêtre et au lâcher-prise, c’est également celui de cette somptueuse terrasse qui offre un tableau panoramique à couper de souffle sur la vallée ! On y passerait des heures à luncher au tout premier Beefbar ( by Riccardo Giraudi) de montagne. Le soir, on y retourne pour savourer un Wagyu d’Australie ou un Kobé du Japon notamment. Confort encore avec la présence, au huitième étage du Coucou, d’un tout petit resto, tout mini tout convivial, où déguster fondue et raclette uniquement. Local à ski dernier cri, Kid’s club et Teen’s club, piscine in & out, soins Tata Harper (marque bio américaine), au Coucou, rien n’est laissé au hasard, pas étonnant que son chant, charmant, tutoie les sommets de l’hospitalité.
www.lecoucoumeribel.fr
BE PERFECT | MÉRIBEL
© Patrick Locqueneux
Le Coucou
© Sylvain Aymoz
© Chalet Kaïla
Le Kaila Premier hôtel 5 étoiles de Méribel à s’être implanté au cœur même de la station, le Kaila (pour Kailash, joyau des neiges en tibétain, un nom prédestiné…) a placé plus d’un atout entre les quatre murs de son chalet montagnard raffiné : un intérieur design, une piscine XXL équipée d’un parcours aquamarin, carrément, un
spa Nuxe pour le réconfort, un kids club Lego, une brasserie à l’ambiance ultra conviviale fréquentée par les clients et le tout-Méribel, et l’Ekrin, une table étoilée Michelin. Derrière les fourneaux, le chef Laurent Azoulay, fils de restaurateurs passé chez Pierre Gagnaire, nous avoue d’emblée : « Dans chaque plat, vous apprendrez beaucoup de moi, notamment de mes deux régions de cœur : la Provence où je suis né et
la Savoie, ma terre d’adoption. » De fait, Laurent ose et épate en proposant d’emblée, une soupe de Savoie aux oignons (de la comfort food étoilée) et une bouillabaisse de pêche de la Méditerranée et des lacs alpins. Sa crème glacée au calisson est un plaisir régressif que nous ne sommes pas prête d’oublier. Une adresse solaire. www.lekaila.com
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LE LAMANTIN
Comment, l’hiver, les Belges profitent-ils d’un soleil intense ? Six heures de vol à peine nous séparent d’un paradis sur terre. Cet hiver, direction Le Lamantin au Sénégal. Plus précisément à la station balnéaire de Saly Portudal, considérée comme l’une des plus belles d’Afrique de l’Ouest. On réouvre nos vestiaires pour récupérer nos maillots et nos élégantes tenues légères. Récit d’un voyage au « Pays de la teranga ». MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : LE L AMANTIN
B
elgique, mi-novembre 2023. La pluie, le vent, le manque de luminosité ont de quoi plomber notre moral. S’enfuir vers le soleil est la seule solution que nous avons imaginée pour échapper à la morosité ambiante. Un break d’une semaine serait idéal pour se ressourcer mais vu notre timing, nous ne souhaitons pas de longs vols vers des destinations dépaysantes. Dès lors, le Sénégal s’impose directement comme La destination faite pour nous. Un pays reconnu comme le « Pays de la teranga », un mot wolof (également écrit « teraanga ») signifiant « hospitalité ». Six heures de vol, sans escale, depuis notre aéroport national. Vols réservés, mais quel lieu de villégiature choisir ? Saly, bien évidemment ! Située à environ 70 km de Dakar, la station balnéaire de Saly Portudal est considérée comme l’une des plus belles d’Afrique de l’Ouest. Elle reflète la simplicité et l’authenticité. La température frôle les 33 degrés toute l’année et celle de l’eau est idéale de novembre à mai. A nous, les magnifiques plages bordées de l’Océan atlantique. Reste le plus important, choisir le « perfect » hôtel pour un séjour mémorable, sans contrainte et reposant. L’appel aux amis est
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concluant : Le Lamantin Beach Resort & Spa 5*, managed by Accor, s’impose comme le plus bel hôtel de Saly ! Arrivée sur place, la Kora fait immédiatement son effet pour nous apaiser. Depuis, nous sommes devenue fan ! A l’instar de ce jeune homme, venu accompagné de sa mère pour acheter cet instrument africain, sorte de luth, composé d’un long manche et d’une calebasse tendue d’une peau. Nous rencontrons François et Mireille, un couple de joyeux retraités, férus de golf, qui s’offre chaque année une retraite d’un mois au Lamantin. Ils seront nos guides pour découvrir les incontournables de cet hôtel qui peut déjà, sans conteste, justifier ses 5 étoiles au travers de la prévenance et du sourire de son personnel. Si, comme eux, vous êtes passionnés par la petite balle blanche, rendez-vous au Golf de Saly. Le plus grand (18 trous) et beau parcours du Sénégal, œuvre de l’architecte liégeois, Vic Bernstein. Mais le Lamantin a bien plus de scores à leurs yeux. Nous les retrouvons sur la plage de sable fin, bordée de palmiers et équipée de transats en bois avec matelas, de lits balinais et de hamacs. Bercés par un ressac, ils
adorent lire à l’ombre et commander leurs déjeuners composé de tapas. Comme eux, nous craquons pour ce service de plage. Ce sera un assortiment de brochettes Haoussa de bœuf et de volaille, duo de sauces aigres-douces et, en apéritif, un Pina Colada que nous dégustons au bord de l’eau. Notre péché mignon ! A l’instar de ce couple d’hédonistes, nous nous rendons un jour sur deux au spa du Lamantin qui est le premier centre de balnéothérapie d’Afrique de l’Ouest. Nous lâchons définitivement prise grâce aux bienfaits d’un gommage au sel du Lac Rose, des soins d’hydrothérapie à base d’alguessences et plantes aromatiques ou encore des massages africains. Si vous venez en famille, vous serez ravis par le « Mini Beach », un espace dédié aux jeunes enfants. Quant aux amateurs de sport, ils pourront s’adonner sur place au beach-volley, ping-pong, pétanque, fitness et au padel dont les Belges ne peuvent plus se passer. Le Lamantin se distingue par son architecture africaine et ses cases traditionnelles joliment aménagées. Chaque recoin est imprégné de l’art africain avec des éléments de décoration et du mobilier façonnés par des
artisans sénégalais, tels que la latérite, les pagnes tissés, le bois. Les 166 chambres et suites sont harmonieusement réparties dans l’hôtel avec des vues sur le jardin luxuriant ou la piscine lagon. Pour les plus exigeants, privilégiez l’espace « Blue Bay ». 20 chambres luxueuses construites dans un bâtiment entièrement conçu en bois et autonome en énergie solaire. De surcroît, les chambres disposent d’une piscine privée à débordement sur l’immensité de l’océan. Notre compatriote Réginald et son épouse ne peuvent plus s’en passer et y louent une suite à l’année. Côté cuisine, nous nous référons à Jean-Paul, passionné d’art qui n’échangerait pour rien ses 15 jours de congés au Lamantin où il vit en maillot. Ce chef pâtissier nous confie son
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infidélité : « l’an dernier, j’ai séjourné dans un autre hôtel bien connu de Saly. Je n’ai presque pas quitté le cabinet d’eau ». Revenu de sa volage expérience, ses conseils nous sont précieux. Il nous invite à partager sa table à « La Terrasse du Port » où le buffet avec animation sur la marina propose une variété de plats inspirés par la gastronomie internationale et les traditions culinaires sénégalaises. Indépendante dans l’âme, nous revendiquons « nos » mentions supérieures, Be Perfect ! Au Beach Club, le restaurant bar-lounge à la carte, vêtu d’un blanc immaculé, avec vue sur la plage (ou avec un intérieur design climatisé), nous découvrons le « poulet yassa », le poulet de tradition sénégalaise braisé aux oignons et aux épices
du marché. Ou encore un dîner de gala dont le menu nous affole : médaillon de langouste, mousseline de courge au gingembre, suivi de lamelle de canard du sud-ouest, cappuccino de pomme de terre à l’huile de truffe, puis un mi-cuit de thon albacore, tombé de légumes à l’orange et pour terminer, une trilogie de desserts bien étudiée. Mais notre soirée inoubliable restera celle des « langoustes grillées au barbecue » au restaurant La Marina. Quoi de mieux que de dîner les pieds dans le sable avec l’écho des vagues pour seule mélodie. En somme, une seule envie à notre retour : y retourner au plus vite !
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LE REGARD DU PHOTOGRAPHE M O T S : S E R VA N E C A L M A N T - A N T H O N Y D E H E Z PHOTO : ANTHONY DEHEZ
Le point de bascule Pour réussir un portrait, un photographe a peu de temps, quoi que les gens en pensent. Il ne suffit pas en effet de faire un clic sonore ! Dans un lieu que je découvre, avec une personne dont je viens à peine de faire connaissance, il me faut créer en quelques minutes, pour ne pas dire quelques secondes, une direction artistique, un cadre, une lumière, une atmosphère. Puis, gérer le facteur humain. C’est la partie la plus complexe du travail, car elle nécessite de créer un climat de confiance et de respect avec le/la modèle. A y réfléchir, le pire serait de fournir une photo qui ressemble à une autre car alors, à quoi bon initier une nouvelle prise de vue ? Une fois la confiance avec le modèle établie, on peut oser… l’audace. Ainsi, pour photographier Philippe Geluck dans son atelier, j’ai choisi d’utiliser une lumière forte et sans ombre. Une esthétique recherchée dans la photo de mode, notamment. Pour une pose moins formelle, il faut parfois provoquer les situations. Je demande à Philippe Geluck de prendre une statue de Chat et de la poser sur son épaule. Philippe hésite. J’insiste. Après tout, on a rien sans rien… Je choisis ensuite de placer notre invité dernière une porte. Eh oui, les endroits les plus incongrus sont souvent les plus intéressants visuellement. Un regard entre deux émotions, un clic sonore, et voilà une photo moins attendue, donc forcément intéressante.
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