Arcanes
Visions extraordinaires
Pierre Arzalier
Arcanes
Pierre Arzalier
Arcanes
« C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas » Victor Hugo, 1870 (Carnets, albums, journaux).
« À Monique, qui a illuminé ma vie et m’a noyé dans sa lumière… »
Sommaire
Arcanes Découvrir le monde Toit du monde Les elfes l’écouteront Orient Au-delà du détroit Ksar Caravane Hamada du Draa Îles désertes La dépression phénoménale Le mont Le massif mystérieux Pic méditerranéen Flux aérien Royaume des flots Thau Porquerolles Résurgence Vaisseau fantôme Village sous l’onde Atlante Secrets Sous l’arche Au cœur de la forêt scandinave La fée des tourbières La déesse des marais Ondine du lac Autre monde Bételgeuse Portes des lumières Porte des cieux
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Nature vivante Le grand déchaînement Torrent cévenol Tornade La grande percée Déferlante Vent du nord Glace et feu En sautant la barrière De bois et de sève Le grand arbre Eclair Magie brune Une voix dans la montagne Sphinx Aire royale
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Quel monde Messager Raison Volonté Inhumanités Violence L’araignée et sa toile Des chemins Le chemin de la vie Le pays où je vais L’oiseau du journalier Voies La grande évasion Emigration Va Course à la nuit Le passage aux sept voiles
Songes Genèse de rêves Songe en liberté Cauchemar Vision L’Immortelle Personnages L’Etrange Il s’échappait vers eux Errance L’ermite Choo-na-tang le savant Aventurier mon frère Le polémiste Juré Femmes Fusion Les yeux de Mony Les roses de Laurence Rencontre Les rêves de Lydia La légende de Chiquita La chanteuse Thérèse du palais roman Italienne Lointaine Walewska Nadia la gueuse Ascension Reine des océans Loin, très loin, trop loin Dans la forêt de trembles Mirage éphémère Châtelaine Muse
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Terroirs et villages Le prince des alpages Un matin Le village trépassé Le moulin abandonné Jardin d’antan Derrière les ronciers Terrils déserts La fête de la terre Les gens du temps jadis Regain L’exproprié La charrette oubliée Un autre coin de feu Forêt en péril
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La cité des hommes De l’ombre sur la cité Favelas L’enfant des ruelles Femmes dans la ville Souk La cité sans étoiles Port et tempête La villa d’Albanez Le mur Le grand palais Nuits et aubes Marche à la nuit Nuit d’hiver Longue est la nuit Le terme de la nuit Nuit méditerranéenne Une nuit dans la forêt profonde
Soleil L’adret du levant Soleil d’altitude Donne-moi le soleil Soleil en poche L’enfant aux cubes Soleil des hélianthes Le terme Lisbeth dans la nuit Champ de mort Temps qui passe Fin Disparition Tu t’en allais Sans plainte Barbaries Revient la nuit Le retour des preux Le recul de la paix Le grand retour Drone de guerre L’oiseau de fer Exils Le vent des réfugiés La nuit sur le rivage Pauvre innocent La dame et le prisonnier Egérie Donner la main Retour au foyer
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R emerciements
À ma grand-mère qui m’a appris à lire couramment en un mois, cadeau inestimable juste avant mon entrée à l’école primaire. À mes instituteurs et à mes professeurs qui m’ont enseigné comment écrire ce qui est observé et ce qui est ressenti.
Avant-propos
Cet ouvrage appartient à juste titre à la catégorie des recueils. En effet, il est nourri par une ouverture totale aux émanations et aux flux du monde. Les 150 poèmes qu’il rassemble sont les fruits de sensations exacerbées, ici par un contact dense et soutenu avec les phénomènes et là par de profondes empathies. En remontant le flux des apparences, les projections multiformes des manifestations mirifiques ou effrayantes et en orientant ses facultés spirituelles vers l’autre côté du miroir, on élève son degré de conscience. Alors se révèlent de sublimes arcanes... Après une longue quête enfin tournent des clefs et se dévoilent des complexes de la matière et du vivant, avec d’envoûtants entrelacs. En cet extraordinaire et immense réseau, chacun d’entre nous trace un chemin singulier qui peut fasciner des observateurs éclairés et attentifs. Il est ainsi de bien curieux humains à rencontrer, étonnants, émouvants, attirants et qui savent tant percevoir... Ressentir intensément, c’est vivre intensément. Puisse le lecteur, après avoir lu ces pages, voir son propre chemin davantage éclairé.
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ARCANES
Sur les immenses continents on peut pénétrer tant de contrées extraordinaires, où les rêveurs peuvent donner libre cours à leurs aspirations secrètes et où les réalités provoquent l’imagination. Les montagnes sont un complexe fabuleux où l’esprit du poète s’égare. Tous ces arcanes subtils et ces interférences dans les massifs en altitude ! Sur les mers, les îles sont par essence quasi mystérieuses, car on ne les atteint pas en marchant sur les chemins. Elles émergent des eaux de toutes teintes comme des joyaux en leur écrin, et certaines demeurent des contrées sauvages et primitives. Parfois elles naissent des entrailles de la terre surgissant des flots en flux de feu. L’attraction est si puissante pour les esprits ouverts et réceptifs qui sont saisis dès l’abord de ces aires ! La planète bleue est un complexe espace vivant. Ce sublime et gigantesque dédale n’est pourtant qu’une partie infinitésimale d’un espace illimité aux astres innombrables. Car autour s’étend l’immensité aux profondeurs insondables avec son infinité de mondes. Dans le ciel flottent ainsi en reflet d’autres îles sublimes, dans l’océan multi-galactique, d’innombrables objets célestes palpitants et fascinants... En effleurant ces dimensions transcendantes en cet incommensurable espace commence alors le grand rêve fantastique, le songe éthéré et divin qui dépasse de bien loin tout ce que l’on peut imaginer. Les pulsations extraordinaires et les humains en quête peuvent s’accorder et même se fondre..
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Pierre Arzalier
Découvrir le monde
Devant l’océan instable, Longe les grèves de sable. Ecoute au détour des criques, Les puissants ressacs magiques. Pars dans les forêts enchantées, Parmi les troncs innombrables, Erre sur les landes hantées, Dans les brouillards insondables. Dans les montagnes rocheuses, Hisse-toi sur les pics d’argent. Gravis les pentes neigeuses, Surplombe les puissants torrents. 24
Près des cratères de souffre, Dômes noirs aux flancs arides, Enfonce-toi dans les gouffres, Dans les nefs d’avens humides. Fais donc tout cela follement, Découvre ce monde précieux, La force de ses éléments, Le cœur des terres sous les cieux.
Arcanes
Toit du monde
Le ciel rose sacre les arêtes, Et le labyrinthe des crêtes. La lumière viole les pics chenus, Les faîtes pétrifiés dans l’éther nu. Fin de l’appel et fin de l’haleine, Au cœur instable de la moraine, Souffle vivant de la glace irisée, S’en est allé dormir le vent brisé. Subtile magie de l’immobile, Sur la mer de lichen, comme une île, Sans un reflet ni même une ride, Le lac s’étale en eaux si limpides. Parfois monte un sublime entrechoc, L’écho grisant planant de roc en roc… Puis peu à peu le son essoufflé décroît, Et règne à nouveau le silence roi. Contrées mythiques et incultes lieux, Aux vastes cirques sous d’immenses cieux, Où s’épanche l’aura des dimensions, Montagne vierge et montagne passion !
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Pierre Arzalier
Les elfes l’écouteront
Après l’ondée soudaine, après l’averse, Déjà s’esquive la voûte de détresse, Emportée par le souffle des airs humides. Au fond de la combe étroite les rapides, Tumulte continu drossé dessous les crêts, Grondent et gerbent aux détours des rocs de grès. Alors tout est lavé, purifié et lissé. Les mélèzes s’égouttent comme vernissés, La luminosité irréelle et transcendante, S’épanche aux flancs luisants des immenses pentes. Le relief transmuté change de dimension, Et la montagne fraîchie semble en expansion. Procédant du creux subtil de ses entrailles, Sa voix rauque monte du fond de la faille. 26
Et quand viendra encore le toit de la nuit, Les elfes l’écouteront au faîte des puys.
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Orient
Le soleil est immense et dominateur, Il noie la contrée de toutes ses lumières. L’éther surchauffé augmente la pesanteur, La chaleur renaît du sol et de la terre. Pas une tige de canne qui frémisse, Ni même un grand palmier aux feuilles immenses, Le paysage ocre est immobile et lisse, L’astre s’y épanche dans sa toute puissance. Dans les jardins quelques femmes sont à genoux, D’autres toujours debout œuvrent pliées en deux. Sur la piste jaunâtre où flottent les cailloux, Passe un Bédouin juché sur un baudet courageux. La sente gravit le flanc de la colline sèche, Vers les maisons blanches du village maure, Et le Bédouin tête haute sous son chèche, S’en va, ignorant des feux qui tout dévorent… Trônant sur la mosquée, le minaret est fier. Ici, le temps ne compte pas, existe-t-il d’ailleurs ? On entend le muezzin, est-ce demain ou hier, La voie sacrée du Chouf qui fait battre les cœurs…
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