Au revoir

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Houssame Bentabet

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Houssame Bentabet

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À KAOUTAR Une Sœur Une Amie Un Amour



Note de l’auteur

Que de fois, en croisant un gamin abandonné dans la rue, je m’arrête. L’esprit alourdi de ces obligations quotidiennes, le cœur fade et dépourvu de toutes les émotions, je m’égare dans ses yeux. Oui. On peut lire le destin d’un enfant à travers ses yeux. Sommes-nous maîtres de ce destin ? Sommesnous maîtres de ce parcours trop long ? Insensé. Éphémère. Étrange. Dont nous sommes souvent fiers et dont nous négligeons à tout moment l’infimité. Le légendaire effet papillon. Cette vérité scientifique. Où cette créature inoffensive, innocente, en faisant un mouvement spécifique dans un coin oublié de la planète, est capable de provoquer une tornade dans l’autre bout du monde.

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La mécanique quantique. Ce grand chapitre de la physique. Dont les auteurs confirment en s’éclatant de rire qu’ « on décide que le photon — une particule/onde de lumière- sera passé par une route ou par les deux, alors qu’il a déjà terminé son voyage. » L’électron. Cette chose infiniment petite qui peut se trouver dans différents endroits — dans l’atome — en même temps. Les trous noirs. La matière noire. Le big-bang. La fin spectaculaire des étoiles. Ces rêves qu’on fait la nuit, qui se réalisent le matin. Ces hommes qu’on rencontre dans la vie et qui partent à jamais… Dans ce monde mystérieux, j’ai été bouleversé particulièrement par une vérité excentrique. À l’âge de vingt ans, j’ai découvert que certains passages que j’écrivais dans mes livres se réalisaient plus tard avec une précision inconcevable. J’ai découvert également qu’il y avait bien avant moi un écrivain américain qui a déjà vécu ce même phénomène et qui se nommait « Philipe K. Dick ». Il s’est retrouvé un beau soir en train de vivre une scène qu’il avait déjà écrite par ses propres mains dans un livre.


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L’univers me semble conscient de nos actes. Il nous observe. Ces innombrables chemins des hommes se croisent et se divergent. La vie est une farce. J’évite sérieusement d’en rire. Ce livre a été déjà écrit, ces lignes ont été déjà tracées avant même qu’on n’existe. Ces feuilles m’attendaient depuis la création de la toute première lumière. J’avance en écrivant et vous avancez en lisant. Je ne fais que repasser l’encre sur les cicatrices délaissées par les expressions, pour que vous puissiez avancer. Le Destin. Des feuilles combles de lignes. D’innombrables tracés. Où le temps est la plus grande imposture. Où la vie est la pensée intarissable de dieu… Vous pouvez fermer ce livre. Maintenant. Vous pouvez revenir à ce que vous faisiez avant de l’ouvrir. Ça ne changera absolument rien. S’il est écrit dans les vieux papiers du Destin que vos regards devront tomber sur ces mots comme tombe la lumière sur les épitaphes, vous vous retrouverez en train de poursuivre la lecture sans le décider. Comme vous le faites d’ailleurs maintenant. Il ne s’agit pas d’une transcendance. Je viens juste de

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présenter la complexité du destin. Cette notion incomprise. Abandonnée… Ceci n’est pas un livre d’histoire. Toute ressemblance de quelque nature que ce soit avec des événements historiques ne serait que pure coïncidence, un Heureux Destin — Peut-être Au revoir…




Chapitre 1

« J’arrêterai de croire en Dieu, quand il me dira lui-même qu’il n’existe pas… » « Arrête…, pourquoi m’observes-tu comme ça…? N’essaye pas de me faire croire que tu es tombé amoureux ! » … Mais il continue bêtement à me regarder avec ces regards de bête, le regard des bêtes est pitoyable…, il provoque un certain désarroi…, un certain mélange d’amour et de mépris…, de peur ? Peut-être, je ne sais pas… Cette idée d’absence pérenne du savoir me tue, je me vois pareil à une petite bestiole oubliée dans cette création grandiose, je me vois pareil à un otage, je suis l’otage, et je suis la taule. Dis-moi pourquoi m’observes-tu  ! Étais-je comme toi un jour ? Je sens ton sang dans mes

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veines, oui, mais ça m’importe peu, la vraie question est : « quelle créature deviendrai-je après ? ». Prie avec moi, que Dieu nous transforme tous les deux en oiseaux, qu’on puisse voler, je sais que tu aimerais voler aussi. Ce silence de l’endroit m’emporte à la terre des vérités, à la terre des libertés, où ces herbes languissantes dansent la javanaise au rythme du vent et ce cheval au milieu de l’image fixe le regard vers nulle part, le nulle part où je me trouve, où j’existe, où je me tiens bien droit face à la créature à quatre pattes, finalement c’est peut-être vrai, c’est moi qui l’observe, et ce n’est pas réciproque, ça n’a jamais été réciproque. Tous ces visages qu’on ne reverra plus, tous ces saints cœurs disparus, toutes ces voix qui s’éteignent dans le temps, et ces enfants qui ne sont plus des enfants. Un silence soudain dans le téléphone, une absence dans les ténèbres, un petit sourire d’un inconnu, et ce cheval qui ne traîne plus. Amour ancien, oublié dans la poubelle du cœur et mort sans être bien aimé. Petite fille dans le métro, avec les yeux combles d’innocence et de liberté. Tous ces temps morts dans le vide, dans


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l’ennui, dans l’absolu néant et cette vie ! Cette étrange vie ! Tous ces poèmes qu’on écrit, mais qu’on ne partage pas, tous ces regards qu’on fait, mais qu’on ne lance pas, tous ces amours qu’on éprouve, mais qu’on ne reçoit pas, et ces âmes qui nous quittent, et qui ne reviennent pas. Sur le même chemin de la nuit, ce chemin désert, obscur, trop long, je me retrouve encore une fois, seul, comme d’habitude, je dessine sur le noir les visages disparus, j’en rigole, j’en sanglote, et puis j’en souris encore jusqu’au lever du soleil, jusqu’au temps où je me réveille, où plus rien n’est pareil, jusqu’au temps où je me rends compte, que je suis encore en vie. Je pense à toi, toi qui es parti soudainement, sans même un au revoir, sans même un dernier regard, tu es parti en silence, comme font les grands hommes, tu souffrais, mais sans dire un mot, tu vivais tes derniers moments et tu le savais. Mais tu te contentais de sourire. Sourire agonique des voyageurs et silence majestueux des dieux. Tu le savais. Je l’ai vu dans tes yeux cette nuit-là, j’ai vu ce doute qui changeait ta couleur, j’ai vu toute ta philosophie remise en question, je t’ai vu

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attendre, je t’ai vu fermer les yeux, pourvu que tu ne repères rien, mais c’était bien inutile, et tu le savais, oui tu le savais. Dans ma solitude, je pense à toi, à ces journées de printemps, ces journées vertes qu’on passaient dans les champs à perte de vue, on cheminait en bavardant à douce voix, on discutait toutes les questions philosophiques, on s’arrêtait souvent pour apprécier le silence de l’endroit, pour revoir le tracé et pour que chacun de nous puisse penser aux réflexions de l’autre ; on reprenait bizarrement les paroles en même temps, on en rigolait, on passait une bonne minute à délirer un peu : « non, parle, je t’en prie, non parle toi… ». Nous étions dans le paradis, mais nous n’en étions pas conscients, et c’est l’une des lois fondamentales de la vie, elle consiste à nous faire oublier ce que nous sommes aujourd’hui, (le lendemain) n’avait pas de souffle, (l’hier) était mort, nous étions des senteurs qui émanaient de l’univers, nous étions pareils à la fleur qu’on frôlait de nos pieds, nous étions des âmes pures, transparentes, des âmes lucides qui portaient le soleil. Notre rapport était bien plus fort que celui d’un oncle avec son neveu, nous étions des frères, des


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amis, des vieux qui parlaient de tout, des gamins qui rigolaient de rien, nous étions des fous, des heureux, des « putains » d’hommes exemplaires dans ce monde.



Chapitre 2

Un jour…, tu seras appelé à être un homme, essaie de réagir comme tel… Assis gracieusement au coin de la pièce obscure, il buvait son verre de whisky silencieusement. Il ne prêtait même pas attention à la danseuse qui régalait la foule. Cette femme semi-vêtue était capable de rendre dynamique, par un simple geste de son derrière, tous les picoleurs de la salle. Il portait un cigare à la main, et poursuivait subrepticement la fumée qu’il dégageait de sa bouche, elle formait des cercles et mettait plusieurs secondes à s’éteindre. Il ne tardait pas, juste après, de réalimenter l’air par son souffle gris, comble de nicotine. Il prit trois verres, comme d’habitude, et partit.

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Il sortit de cet endroit où la tendresse ne traîne jamais, il partit loin de ces cris, loin de ces rythmes et chants diaboliques, qui creusent le cœur par une pelle de moquerie, pour retrouver les idées, les souffrances, les amours, enfin, toute la vie antérieure et ils y ajoutent un peu de moquerie, histoire de faire croire au soûlard qu’il a enfin atteint l’eldorado, qu’il est enfin un homme blanc, sans taches noires, sans passé, ni présent, qu’il a à ce moment-là, tout le futur en rose à son attente et cette histoire se répète tous les soirs, quand les cœurs se remplissent de sanglots. Là-bas, très loin sur une route marginalisée, il s’arrêta seul, au fond de la nuit, sous les rayons fins de la lune. Il resta debout devant le vide, face aux ténèbres, sans prêter attention à l’heure tardive, qui s’harmonisait dangereusement avec l’endroit où il était. Il passa plusieurs heures à contempler le noir, il se vidait en quelques sortes des effets de l’alcool, il luttait contre l’ivresse totale, mais tâchait surtout de garder l’oubli, l’oubli de la vie, chose autour de laquelle orbitait toute cette peine. Au bout de quelques heures, il fut au bord du meilleur chapitre de sa vie.


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Il se retrouva face à LALA ZHOR, sa mère, agenouillé devant ses pieds, il la regardait silencieusement et souriait. C’est curieux, comment le vrai sourire des divagations, se montre dans les réalités, si même il provient d’une illusion. Sans tenir compte des contraintes du temps, il se leva doucement pour l’embrasser sur le front. Il le fit avec délicatesse, le baiser resta gravé pendant quelques minutes, ou quelques secondes, ou encore des années, peu importe le temps, puisqu’il était déjà annulé. Elle sourit à son tour, elle fit un sourire médiéval, ce sourire était tout le bonheur qu’il attendait, c’était tout ce qu’il cherchait derrière l’oubli, derrière les peines, les ivresses, l’alcool, les cigarettes et les prières. C’était cette image gracieuse d’une femme distinguée qu’il voulait retrouver, c’était le luxe de l’antiquité, l’image d’une femme qui portait un caftan traditionnel, de rares bijoux et qui se tenait en toute fierté debout, dans le hall de la grande demeure des souvenirs.

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