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Humeurs sur la tumeur qui nous ronge ou l’extrémiste n’est pas celui qu’on croit

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© TNT, 2014


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Billets du mur Humeurs sur la tumeur qui nous ronge ou l’extrémiste n’est pas celui qu’on croit



Préface Le pamphlet a souvent mauvaise presse. On l’accuse d’être un genre facile qui se complaît dans les humeurs, les frustrations et les jugements à l’emporte-pièce de son auteur, sans vraiment informer le lecteur. Mais justement, ne sommes-nous pas déjà saturés d’informations qui prennent régulièrement la forme d’infotainment ? Avons-nous encore besoin d’une louche supplémentaire ? Besoin d’apprendre, avec le dernier rapport du GIEC, que la question du dérèglement climatique est plus grave que jamais ? Que l’accident de Fukushima suit son cours tragique ? Ou encore que le sable, que l’on oublie souvent de citer parmi les matières premières, est

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lui aussi surexploité ? Être seulement « informé » ne pousse pas nécessairement à passer à l’action, loin de là. C’est même souvent l’inverse !

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Thierry « TNT » Tanghe a choisi, lui, de s’attaquer à nos représentations collectives et à nos modes de vie absurdes et mortifères qui alimentent l’effondrement en cours, sans oublier de mettre en évidence la responsabilité – et même la culpabilité – des puissants de ce monde. Il ne nous livre pas de programme politique proprement dit ni d’expertise par les statistiques ou les études scientifiques, seulement de salutaires et intelligents coups de gueule qui font réfléchir. Sur le plan littéraire, on ne le prendra jamais en flagrant délit d’emphase ou de pédanterie – défaut de trop de pamphlets –, mais on découvrira des formules justes, et parfois humoristiques, qui font mouche. TNT est un lanceur d’alerte impertinent qui ne tourne pas autour du pot, qui refuse de mettre des gants, non seulement avec les crapules de tout poil qu’avec ses concitoyens adeptes de la servitude


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volontaire et complices du système qui les broie. On l’accusera certes de manquer de nuances. Je répondrai que s’il est catastrophiste, c’est que la situation globale est elle-même catastrophique ; et que c’est à chacun d’éventuellement filtrer ses propos comme bon lui semble – là réside la liberté du lecteur. Il n’est pas sûr que ses recommandations nous éviteront de prendre le mur, mais parions qu’elles nous réveilleront peut-être de nos torpeurs. La question n’est-elle pas devenue essentiellement morale ? (Presque) tout serait (est ?) perdu, mais continuons envers et contre tout à nous comporter comme des êtres humains décents et responsables. « On devrait pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir, et cependant être décidé à les changer », disait Francis Scott Fitzgerald. C’est pourquoi je n’hésite pas à classer notre auteur dans la catégorie des moralistes, un gros mot à l’époque de l’individualisme, du cynisme et du relativisme triomphants. Mais qu’importe !

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TNT est un militant de longue date dans l’antipub et la décroissance. Son pedigree ne fait aucun doute, il sait que quoi il parle.

« TNT, he’s dynamite ! » (Hommage à AC/DC)

Bernard Legros*

* Auteur de L’École et la peste publicitaire (avec Nico Hirtt), éd. Aden, Bruxelles, 2007 ; L’Enseignement face à l’urgence écologique (avec Jean-Noël Delplanque), éd. Aden, 2009 ; La Pertinence de l’escargot. En route vers la décroissance ! (avec Jean Cornil), éd. Sang de la Terre, Paris, 2013.




Introduction Le mur des espoirs et des lamentations, le voilà une fois de plus souillé par l’encre farouche d’un écolo radical. Face à l’écroulement social et environnemental de notre monde soumis aux pressions des systèmes dominants, il m’est apparu pertinent d’évoquer des sujets qui fâchent, ce dont on ne parle pas même dans les cercles militants. Ce pamphlet ne va pas plaire, ni aux aficionados de la mondialisation heureuse, ni aux tenants des « changements en douceur », il se veut un témoignage sans concession contre le cancer qui nous ronge, que les médias s’évertuent à le qualifier d’évolution naturelle ou de « système le moins mauvais possible ».

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Le disenssus (au contraire du consensus) est nécessaire dans une société où les nantis ont accaparé tous les moyens d’expression et de pression, où les gens se sont laissés cuire à petit feu dans la conformité et l’illusion d’une démocratie occidentale réduite aujourd’hui à un « 1984 » amer et étouffant.

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Cette violence du système et sa perversité a réduit le champ d’action et de réflexion de la grande majorité des humains, rares sont ceux qui ont le courage d’agir, de parler à contre-courant ou d’exprimer le refus de ce système de destruction massive de la Terre et de l’humanité. Je vous propose ces quelques idées comme une gifle ou une lampée d’eau fraîche afin de nous réveiller de nos torpeurs. Telle la sonnerie d’un réveil que l’on ne veut pas entendre, une aube qui fait peur, car elle changera notre petit confort artificiel auquel, bon an mal an, nous nous sommes habitués.


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Attention ! Ce livre étant un ensemble de chroniques dont l’écriture a été répartie dans le temps, la lecture ne se veut ni continue ni d’un trait. Picorez les chroniques qui vous tentent quand cela vous chante et laissez décanter, sulfurer et s’apaiser à votre rythme. Bonne lecture !



Pour ceux qui nous ont précédé dans l’erreur et ceux qui nous suivrons dans l’espoir d’un monde meilleur…



Terminologie Au travers de ces chroniques, j’utilise certains termes de manière récurrente. Ils valent quelques explications : Nantis : couche de la population ayant les moyens financiers/politiques/culturels pour dominer (les autres, le monde, les ressources, etc.). Cela comprend les grands bourgeois, les capitalistes et les êtres de pouvoir. Les sous-ensembles se recouvrent de manière variable, mais le point commun de ces groupes est leur attachement aux valeurs individualistes d’accumulation de capital et de pouvoir par l’accaparation des ressources collectives. Les masses formées par les classes moyennes, et plus particulièrement leur tranche supérieure, sont par leur attitude

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prédatrice assimilées aux nantis, mais à un degré inférieur. Elles suivent et copient le modèle plutôt que de le promouvoir activement.

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Au final, ce qui compte, c’est le niveau de destruction environnementale et sociale engendré par ces personnes. Si le gras propriétaire d’un yacht et de deux pavillons ainsi que de trois gros veaux à quatre roues motrices est l’archétype de la crevure environnementale, la mère de famille qui envoie ses enfants par avion au Club’Merd et suit la mode des fringues, des GSM et des appareils électroménagers est, à son niveau, une excellente soldate de la société de consommation. Ils concourent tous les deux à la destruction du monde en tant que privilégiés dans l’accès aux ressources. Le concept de nantis reflète donc tant ceux qui gouvernent le monde à leur avantage que ceux, gouvernés, qui communient avec les mêmes valeurs sans pour autant être aux commandes.


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Productivisme : le système capitaliste qui domine actuellement le monde a été analysé en long et large par d’émérites érudits qui, du moins ceux ayant une once de sens critique dans leurs plumes chargées, en concluent que le capitalisme est une des formes de productivisme les plus abouties. Réduire l’homme au salariat, former toute la population à la consommation de services et produits (utiles ou non, cela importe peu), piller et exploiter la planète entière pour produire toujours plus dans le seul but d’accumuler toujours plus de profit. Le « contrat social » qui lie les nantis aux masses, consistant à gaver ces dernières de nourriture (pain) et d’objets (jeux) en échange de la paix civile, se fait sur le dos des pauvres, de l’environnement et de l’humanité en général. Notre soi-disant civilisation en est arrivée à un tel degré de médiocrité humaine par ce biais, le productivisme, qu’il ne reste plus grand-chose à défendre de ces décombres. On nous présente ceci comme la « fin

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de l’histoire » (probablement la fin de la l’Histoire avec un grand « H ») et le « seul système possible » alors que ce n’est qu’une voie parmi bien d’autres. Ce chemin vaseux est peut-être le meilleur pour quelquesuns, mais certainement le pire pour la vaste majorité de l’humanité.

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Mégamachine : j’utilise ce terme pour expliquer l’ensemble que forme l’alliance des technologies actuelles, des économies modernes et des bureaucraties utilisées par les gens dans le sens du productivisme. Cette dynamique de comportements sociaux dans laquelle nous sommes obligés de survivre colporte des règles de plus en plus liées aux croyances techno-scientifiques et aux usages des prothèses modernes (téléphone, ordinateur, courriel, GPS, internet, e-book et toutes les « e-n’utilités » en vogue). Cet environnement efface de plus en plus l’humain pour lui substituer des modes d’échanges formatés par les machines. Ces modes sont


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stéréotypés, performatifs et comptables. Une ambiance qui rend nos contemporains de plus en plus similaires aux robots dans un monde dominé par la machine où tout n’est que chiffre et valeur. Les dernières générations sont de plus en plus noyées dans cette nuée d’applications qui produisent le contraire de l’effet annoncé : les relations sont de plus en plus difficiles, les gens ne bougent plus, les écrans emprisonnent une part de plus en plus grande de nos vies, l’information utile est de plus en plus difficile à trouver dans le flot du « buzz », etc. Le monde merveilleux promis par les technophiles est un cauchemar pour les humains qui considèrent la vie et la liberté comme bases fondamentales à l’existence.



Gazon Maudit C’est l’ histoire un brin morbide d’un brin sordide ou comment l’ homomodernicus déploie tant d’ énergie à lutter contre ce qu’ il ne conçoit pas comme « normal ».

Qui n’a pas, en ville ou à la campagne, jouit sans fin des ronronnements de toutes ces machines qui taillent, coupent, sapent, enserrent, raccourcissent, écrasent et travaillent cette horrible Nâââture qui a l’outrecuidance de s’étaler devant nos regards ébahis ? Dans leurs pavillons de campagne ou plus simplement en ville dans leurs rez-de-chaussée « BBQ welcome », nous voyons marcher de long en large ces humains, principale ment masculins, qui s’appliquent avec rage et/ou

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