Cesse de reflechir

Cesse de rĂŠflĂŠchir,

respire Angeline Cerdier

Cesse de réfléchir, respire

Angeline Cerdier

Cesse de rĂŠflĂŠchir, respire

Avant‑propos

Un besoin de me raconter ? Me mettre à nue ? Une envie terrible de partager mes aléas, mon sens de la vie ?... Peut‑être. Je ne sais pas. C’est peut‑être aussi simplement le besoin de me délivrer de mes ombres pour retrouver la lumière.

Je m’appelle Zerlina, j’ai trente‑cinq ans et voici mon histoire... ... Il y a des jours comme ça où rien ne va. Des fois aussi, ces jours, deviennent des semaines ou même des mois... Et pourtant... Il faut regarder le ciel et non la terre. Car le ciel est l’immensité absolue, la liberté et aussi un peu l’espérance. Alors que la terre elle peut être sombre, triste, labile. Il faut redresser les épaules, car le dos voûté les soucis et souffrances sont plus lourdes à porter...

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Chapitre 1

Un cœur blessé, une âme en peine, un être écorché... Tant de mots que l’on entend souvent dans des chansons ou que l’on lit dans des poèmes. Des mots qui ensemble reflètent la tristesse à l’état pur.

Mais qui les comprend vraiment sans les avoir vécus ?

Alors, l’écorché, s’y reconnaît, approuve d’un hochement de tête délicat. Il se demande s’il est possible que l’auteur de cette chanson ou de ce poème puisse connaître ce qu’il ressent. S’il est possible que quelqu’un souffre comme lui ou même plus. Avec un sourire dérisoire sur les lèvres, il ferme les yeux, plonge en lui‑même. Il essaie de l’évaluer cette tris‑ tesse qui l’habite. Mais le peut‑on ? Chaque souf‑ france est différente et pourtant elles se ressemblent.

La tristesse, elle, fait partie de toi, elle emplit ton cœur, déchire ton âme, elle glisse sur toi. Tu penses pouvoir lui échapper, mais bien vite elle te rattrape,

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t’enserre, t’étouffe... Tu te sens sombrer dans ses pro‑ fondeurs obscures.

Mais soudain, entre tes cils, tu aperçois une lumière. Elle t’illumine, réchauffe ton corps. Cette lumière c’est l’espoir. C’est un sourire, un mot, un geste, qu’un ami t’envoie. Alors, tu ouvres les yeux, laisse l’air emplir tes poumons. Comme un naufragé qui remonte à la surface... Cet espoir de trouver le bonheur est seul à pouvoir sauver les écorchés de la vie.

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Demain est incertain, inconnu. Peut‑être que demain sera le jour où nous verrons la lumière ou celui où nous entrerons dans l’enfer de nos pires cauchemars. Il existe tant de formes de détresse, de désespoir. Tant de souffrances dont l’on pense être protégé et tant d’autres que l’on n’imagine même pas... Il y a aussi celles dont on parle souvent : des femmes et des enfants battus, maltraités par exemple.

Mais il existe aussi l’autre côté. Des femmes qui battent leurs maris. Oui, ne souriez pas, malheureu‑ sement ça existe aussi. Tout comme des enfants qui terrorisent leurs parents. De ce côté‑là on n’en parle pas ou moins, pourtant il est là. Peu importe qui maltraite l’autre. Il n’y a rien de plus terrible que la violence dans les foyers. Cette violence qui peut être

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physique, mais aussi psychique. Cette peur qui vous enveloppe et vous poursuit. Les sursauts au moindre bruit, l’angoisse qui vous coule dans le dos lorsque la clé tourne dans la serrure. Ces nuits, où allongé, les yeux ouverts, vous n’osez vous endormir. Cette douleur de votre corps qui devient presque une habitude. Mais le pire c’est ce gouffre qui s’ouvre sous vos pieds, cette impression de tomber dans le vide. On s’accroche, on résiste pour ne pas devenir fou. Oui, la violence dans les foyers c’est tout ça et bien plus. De dehors, tout a l’air normal, mais dès que la porte se referme, c’est l’enfer qui recommence.

En fait, il ne suffit pas de gambader sur la terre, la tête dans les nuages. Vivre, c’est être attentif à tout ce qui nous entoure. Vivre, c’est respirer à pleins poumons le bonheur, mais aussi la peine.

Parlons‑en, du bonheur. Qu’est‑ce le bonheur au juste ? Ce n’est pas un objet que l’on peut acquérir et garder à jamais. Le bonheur est un état d’âme.

Il n’est ni offert ni éternel. Il va et vient à son bon vouloir. Il faut être attentif, toujours aux aguets, pour ne pas le laisser passer. Le bonheur c’est aussi pouvoir s’émerveiller de petites choses : un coucher de soleil, un chant d’oiseau, un rire d’enfant... Tout

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ça peut apporter le bonheur, il suffit d’ouvrir grand les yeux, les oreilles et surtout son cœur...

Le bonheur est partout, pour l’apercevoir il faut voir derrière les choses, essuyer les larmes qui noient les yeux et se débarrasser de la tristesse qui étouffe le cœur...

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Et pourtant souvent nous avons l’impression d’être seuls au monde. Dans le monde d’aujourd’hui, on a souvent l’impression qu’à part l’argent et le sexe rien ne compte ! Et la tendresse alors ? Peut­­­‑on vivre sans tendresse ? Oui, bien sûr. Nous avons une capacité incroyable à cacher nos sentiments, nos envies, nos blessures. Et pourtant, juste un peu de tendresse peut nous rendre plus heureux que tout... La tendresse, oubliée, reclassée comme démodée... On la cherche dans des souvenirs d’enfance, tant soit peu que nous en ayons reçu de ce temps‑là, on la cherche dans un geste, un regard, un sourire... La tendresse, signe d’amour, d’acceptation et de compréhension... La tendresse, petit moment de paradis où l’on aime se vautrer. Ne l’oublions pas et offrons‑en aux gens qui nous sont chers. Car sans tendresse, il y a comme un trou noir qui se creuse dans le cœur. Sans tendresse, on se sent seul, démuni, mal‑aimé. On sombre dans la détresse, la solitude, voire la dépression.

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Je pense que le problème vient du fait que l’on a peur : peur de s’attacher et d’être blessé. Peur de donner pour ensuite être abusé. Alors tout se renferme sur nous‑mêmes, ne donne que des miettes de nos personnes aux autres, pour se protéger, pour ne pas être déçus.

Et ainsi est devenu le monde tel qu’il est aujourd’hui. Plus tu donnes et plus on t’en demande et le jour où on pense que tu n’as plus rien à donner on te jette... Et pourquoi ? Faut‑il être égoïste et ne penser qu’à soi ? Pourquoi les hommes laissent‑ils tomber des filles biens pour des moins que rien ou les femmes des hommes de cœur pour des gigolos ?

Qu’en est‑il de l’ami quand tu es dans le besoin ?

Mais c’est quoi ce monde où l’on vit ? Je ne com‑ prends pas comment sont les gens. Je dois être d’un autre monde, d’une autre planète... Comment vivre ainsi ? Constamment en orbite, toujours penser que l’on va être trahie, car les gens sont ainsi...

Ne jamais croire ce qu’on nous dit, car le mensonge est partout... Chercher des valeurs comme la sincé‑ rité, la compassion, la fidélité... Trésors enfouis d’un autre temps... Comment, comment faites‑vous vous ?

Moi, je ne peux vivre qu’enfermée dans ma bulle...

En fermant les yeux très fort pour ne pas voir l’hor‑ reur de la réalité... Réalité qui me ronge, me détruit

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à petit feu... Réalité que je voudrais oublier... Dormir, rêver que le monde est autre... Espérer trouver quelque part des rescapés des sentiments... Comme moi... Ne plus être seule dans la foule... Oui, dormir et me réveiller dans un monde meilleur...

Chapitre 2

Je me réveille et déjà elle m’enserre. Fidèle, elle ne me laisse jamais seule. Je la jauge, la mesure et doucement j’ouvre les yeux. Dehors, il fait encore nuit. J’aimerais me rendormir, pour l’oublier. Impos‑ sible. Alors, lentement, je me lève. Traîtresse, elle me poignarde dans le dos. Oui, elle est comme ça. Je chancèle sous les coups qu’elle m’afflige, de plus en plus fort. Je retiens un gémissement de douleur, mais ne peux empêcher les larmes de couler sur mes joues.

Il y a tant dans ces larmes. L’une se perd sur mes lèvres, je la goûte. Un peu de désespoir, de la douleur, mais avant tout, de la révolte. La rage au cœur, je me redresse et continue d’avancer. Au passage, un regard dans le miroir me rappelle qu’elle et moi nous sommes un. Oui, je la vois. Elle a pâli mes joues, dessiné des ombres noires autour de mes yeux. Je lui souris.

Oui, je sais bien qu’un jour ce combat aura une fin.

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Je sais bien qu’elle prendra le dessus et vaincra.

Mais pas maintenant, pas déjà. J’ai tant à faire, tant d’amour à donner, encore tant de choses à vivre.

J’aurais aimé ne jamais la rencontrer, mais elle ne m’a pas laissée le choix. Maintenant, elle ne me quitte plus. Elle est mon ombre, elle a pris mon corps et s’infiltre dans mon âme... La souffrance.

Certains jours l’injustice de la vie me frappe. Je me révolte, je râle, je fais de grands discours, mes mains aussi vivaces que ma langue. Je me dis « Pourquoi ?

Pourquoi moi ? ». Et puis, je pense à tous ces gens qui n’ont un toit au‑dessus de la tête, je pense à ceux qui ont faim, ceux qui sont gravement malades. Et je m’en veux, je m’en veux de me plaindre, même si mes plaintes moi seule peut les entendre. Il y a tant de malheur et de souffrance en ce monde. Qui suis‑je pour me plaindre ? J’ai la possibilité d’amélio‑ rer ma vie. Tout le monde ne l’a pas. Alors, je ravale ma colère, je relève les manches et me prépare au combat. Car c’est ça la vie : un combat de chaque instant.

Il faut sans cesse se battre. Se battre contre les autres, mais surtout contre soi‑même pour avancer, pour réaliser ses projets, ses rêves. On dit qu’il faut suivre ses rêves, ses convictions. Savoir ce que l’on veut et se battre pour y parvenir. Aller son chemin,

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toujours de l’avant sans regarder en arrière. Enjamber les obstacles, les fossés, les pierres qui le jonchent...

Mais parfois les pierres deviennent des montagnes.

Elles sont trop hautes, alors notre but devient inac‑ cessible. Il ne nous reste qu’à nous asseoir au pied de la montagne et à attendre... Attendre que les heures, les jours, les mois, les années passent... Attendre que tout s’arrête... Et le seul espoir qu’il nous reste est, de peut‑être, renaître un jour, de l’autre côté de la montagne...

La vie après la mort. Vous y croyez ? Moi, j’y crois.

Je pense que lorsque notre âme quitte notre corps, tout n’est pas terminé.

Il est fort possible que les âmes qui ont des regrets, des remords, des erreurs non corrigées ou encore, des choses inachevées, errent, jusqu’à un jour reprendre naissance dans un autre corps. C’est leur chance, de faire mieux, comme un roman que l’on déchire et écrit à nouveau, en essayant d’éviter les fautes de frappe... Une deuxième chance. Ne vous êtes‑vous jamais demandé pourquoi vous aviez des « déjà‑vu » ?

L’impression de connaître un endroit, alors que vous savez très bien ne jamais y avoir mis les pieds. Le sentiment de reconnaître quelqu’un que l’on n’avait encore jamais vu. Toutes ces choses que l’on ne peut expliquer. Moi, je pense que ce sont des souvenirs

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qui émergent d’une vie antérieure. Seules les âmes en paix sont entrées au paradis. Car seule une âme en paix peut trouver l’éternel repos. Certains vont se dire, que je déraille, fabule ou autre. Mais non, c’est ma conviction, ma croyance et j’espère tout au fond de moi, que j’ai raison. Car j’ai tellement de regrets, de remords, d’erreurs non corrigées et de choses que je ne pourrais plus achever ou changer, que j’espère bien avoir une seconde chance. Si la vie c’est juste ce que l’on connaît et ensuite le grand trou noir, alors ce serait bien trop triste. Où pourrait‑on encore trouver l’espoir d’une vie meilleure ? Moi, je veux espérer, je veux tout effacer et recommencer en évitant les erreurs que j’ai faites, ces regrets que j’essaie d’oublier, que j’ai rangés dans un coin, mais qui sans cesse se rappellent à moi et me rongent le cœur. Je veux pouvoir dans une vie, partir l’âme en paix et heureuse pour un repos éternel.

Mais ça c’est une autre histoire. Avant tout, il nous faut vivre. Et non, nous contenter de survivre. Il nous faut faire de notre mieux pour que notre temps sur terre soit agréable. Il nous faut préparer nos enfants à vivre leur vie. Et quand je regarde autour de moi, je me dis qu’il y a beaucoup à faire.

Pourquoi tant de haine, de guerres, d’actes de violence au nom d’une patrie ou d’une religion ?

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Depuis la nuit des temps on se combat. Pourquoi ?

Ne peut‑on se dire que nous sommes tous de la même race : la race humaine ? Ne peut‑on accepter nos différences, celles qui justement nous rendent humains ? Est‑il si difficile d’appliquer la tolé‑ rance, la compréhension... la paix ? Nous sommes tous semblables avec nos croyances, nos joies, nos peines, nos origines. Nous sommes tous nés sur la même planète... Du moins je pense ! Ne peut‑on, enfin, laisser de côté toute cette haine de ce qui n’est comme nous et préparer un monde meilleur pour nos enfants ? Quel exemple sommes‑nous pour eux si nous ne sommes pas capables de vivre en harmonie avec les autres ? Que leur laissons‑nous en héritage, si ce n’est une terre brûlée, sans joie, amour et espoir ?

Ne peut‑on changer tout ça avant qu’il ne soit trop tard ? Si chacun y met un peu du sien alors je suis persuadée que nous pouvons vivre ensemble, penser que nos différences ne doivent pas nous diviser, mais nous permettre de nous compléter, comme les morceaux d’un puzzle... Pensez‑y, pensez à nos enfants.

Tant de méchanceté dans le monde. La mé‑ chanceté est toujours un cadeau gratuit d’une âme mauvaise. Un être qui n’a pas compris qu’avec de la méchanceté, on n’arrive nulle part...

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