I ⇥ ⇤ r ⇧ ⌃ ⌥ � ⇤ ⇧ ⇥ Il a fallu seulement deux mails pour que l’idée de « Grosse Coupure » voie le jour. Deux mails échangés entre la journaliste Anne-Laure Salvatico et l’illustratrice Penny. Moins d’un an après ce premier contact, leur livre illustré n’est dans aucune librairie mais entre vos mains. C’est dire le chemin parcouru.
"Tu ne dois pas pleurer." Stupeur et tremblements. Anne-Laure est pétillante comme la Guinness, drôle à ses dépens, bourrée (rarement !) de talent mais surtout, c'est quelqu'un de très direct. Alors, ce soir de novembre, elle m'interdit tout débit lacrymal et m'annonce : "Je pars à Dublin". Big bang dans ma tête : Paris-Dublin aller-retour ça coûte combien ?! Non mais franchement, pourquoi elle me fait ça ? Sans le savoir, elle embarquait avec elle ma vie sociale ! Fini les brunches du dimanche, les debriefs de The Voice, les bons plans resto, les virées à Velib' et tant d'autres moments simples mais si précieux. Nice, 7 ans plus tôt, je rencontre cette brunette frisée, pas encore bouclée, le sourire aux lèvres et dans le cœur. Les cours ont repris depuis deux jours quand elle débarque à l'école de journalisme. J'aurais dû comprendre : la ponctualité n'est pas son fort. Les capitales du monde non plus d'ailleurs. Des heures à réviser, à parcourir la planète sur une carte pour ne retenir que Dublin, quel gâchis ! Deux ans plus tard, notre Tropézienne sans crème "monte à la capitale", diplôme en poche, des rêves en tête et le Babyliss dans le sac. Un stage, des piges, des contrats, le chemin est tout tracé, celui d'une journaliste de sport. Mais plus très sportive pour autant... Elle charme le petit écran et brûle les planches. Assagit sa coupe et éclaircit ses mèches. Déménage 4 fois et apprend la guitare. Mais sa vie connaît quelques fausses notes alors elle envoie valser plaid et trucs en toc, à perdre le Nord, autant y aller ! C'est donc le brushing fébrile, la valise trop lourde et l'accent frencho-sudiste qu'elle traverse la Manche. Ce n'est pas un départ, juste la suite d'une histoire qui commence par "il était une fois". Conte de fées ou conte défait, à vous de juger. Le voyage commence ici. Préparez vos mouchoirs, vous allez pleurer... de rire ! PS : la Tropézienne est une tarte, Anne-Laure n'est ni l'une ni l'autre. Qu'elle me pardonne ce raccourci, elle, la Ramatuelloise. Mais essayez de caser Ramatuelle dans une rime, vous verrez, ce n'est pas de la tarte !
N⇥ ⇤⇧ ⌃ ⌥ � ⇤⌦ � b � ⌦ , ⇤ ⇥ ⇤r ⌦ ✏b ⇥ ⇣ r ⌘ � b � ⌦ Comme tout plaquer pour partir à l’étranger c’est très fastoche, émotionnellement surtout, je me suis mise des bâtons de berger dans les roues. J’ai voyagé avec une compagnie aérienne low cost (risque) qui a pour logo un trèfle à 3 feuilles (suicide). Même si je suis Wonder Woman (avec la tenue, les gros tétés et tout et tout), je me suis un peu caguée dessus ! Mais, contre toute attente, cet avion de pauvre m’a conduite, entière, à Dublin. Me voilà donc dans une auberge de jeunesse (parce que oui, 28 ans, c’est très jeune). Si on occulte la peinture de Jésus dans le hall c’est plutôt sympa. L’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (c’était l’instant « catho ») fera donc partie de cette “Grosse Coupure”. Il m’aidera, j’espère, à trouver un boulot, une coloc’ et des copains rouquins.
P⇥ ⇤ ⌅ ⇧ ⌃ ⇥ ,’ ↵ � � �⇥✏ p ⇧ ⌃ ↵à�✏ ⇧ ! Pas très cool le Jésus. Déjà, il m’a collée dans une chambre de 8 et en plus, ma voisine du dessous (vive les lits superposés) est complètement siphonnée. Elle s’appelle Paulina et sa vie ressemble comme deux gouttes de vodka à celle de Sue Ellen dans Dallas. Après avoir vomi dans les toilettes de la chambre et insulté Vladimir Poutine dans l’épisode 1, Paulina a découvert les joies de Temple Bar dans l’épisode 2. Fière de sa découverte, la poupée russe (qui ressemblait plus à Chucky qu’à Barbie tellement elle avait bu) est rentrée à 2h du mat’ avec autant de discrétion que les All Blacks pendant le Haka. Jusque-là, rien de bien différent de la veille. La grande nouveauté c’est que cette-fois, elle est tombée de son lit. Comme malheureusement elle ne s’est rien fracturée (même pas un petit os tout moisi du poignet), elle s’est relevée pour allumer la lumière en grand. Elle a commencé à faire des allers-retours dans la chambre, à 4 pattes (avec une robe ras la mounette), en balançant des « fuck, fuck, fuck » pas très gracieux. Je me suis dit : « Soit je fais un cauchemar qui fait très peur, soit elle a pris des champis périmés, soit elle a perdu quelque chose ». J’ai compris que ma dernière idée était la bonne quand j’ai détecté, avec un œil semi-ouvert, son portable sur la moquette. Là, j’ai descendu l’échelle une deuxième fois (la première fois c’était pour aller ouvrir la porte de la chambre, à 2h du mat’, quand elle a frappé très fort parce qu’elle avait oublié ses clés), j’ai chopé son portable, je lui ai donné (ou balancé je ne sais plus trop) et je l’ai enterrée sous sa couette. J’ai tenté de lui enlever ses Dr. Martens toutes crades mais elle s’est débattue. Elle s’est donc endormie avec ses sapes toutes puantes. Pendant une demi-seconde, j’avoue, j’ai pensé à l’étouffer sous son oreiller. Je suis finalement retournée dans mon lit pour compter les moutons mais comme il y en a beaucoup ici, à 4h du mat’, je ne dormais toujours pas. Vivement l’épisode 3… ou pas !