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Sophie Castagna

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Chapitre Zéro - Prologue

Nikola était paisiblement assoupi dans son hamac en bois de nurelier, un arbre souple et résistant, capable de plier sans rompre sous les plus dévastatrices des tempêtes. Ce végétal produisait également la nure, un des fruits les plus goûtus et juteux de la planète verte. La température extérieure atteignait les 95 degrés Dougali, ou 30 degrés Celsius en mesure humaine. Un oiseau aux ailes vertigineusement grandes et aux plumes irisées à la manière d’un arc-en-ciel se reflétant dans l’eau, faisait de l’ombre au dormeur. Il en était ainsi sur Neova. L’espèce la plus développée de cette planète, bien qu’intellectuellement supérieure aux autres, n’avait jamais cessé de vivre en parfaite cohésion avec la Nature. Pour ces êtes dotés de conscience, rien n’avait plus d’importance, rien n’avait plus d’impact sur leur existence, que la Nature, qui était leur mère à tous, l’essence de

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chaque vie, et leur plus grande source d’inspiration. Grâce à elle, les pseudo-humains firent, en utilisant à bon escient et avec sagesse ce que Dame Nature avait pu leur offrir, de fulgurantes avancées technologiques. Beaucoup d’entre eux devinrent alors de brillants mathématiciens, d’étonnants astronomes, ou encore des physiciens de génie. Cette ascension scientifique époustouflante, sûrement la plus grande de tous les habitants de l’Univers, rendit ce peuple encore plus uni, encore plus solidaire dans la soif de découvrir et d’apprendre. Mais ce qu’ils avaient découvert il y a dix-sept ans était bien au-delà de toutes leurs espérances... Le téléphone intergalactique d’Ilana résonna dans toute la propriété, faisant fuir au passage les oiseaux et les petits êtres de fourrure cachés dans la pénombre et la fraîcheur des arbustes au feuillage bleu. La femme aux cheveux obscurs d’une extrême longueur répondit hâtivement. Quand elle eut achevé de dialoguer avec son interlocuteur, Ilana releva sa longue robe faite d’une matière végétale étrange et accourut vers son fils endormi. Nikola, c’est eux ! déclara-t-elle avec ferveur. Le jeune individu ouvrit péniblement les yeux et mit l’appareil de communication à son oreille. Sa


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mère resta à ses côtés, les yeux écarquillés, les mains jointes, la respiration interrompue. Bonjour Nikola, dit la voix grave au bout du fil. Ici le Quartier Général de Neova basé sur la planète bleue. Nous vous informons qu’après dix-sept ans de recherches actives, nous l’avons enfin trouvée. Vous pouvez donc stopper vos recherches à distance. La voici. A ce moment précis, un hologramme sortant du téléphone vint se projeter devant le regard curieux de Nikola. On y voyait une jeune fille blonde, un peu plus petite que lui, un livre sous le bras et l’air égaré. A sa vue, Nikola fut instantanément attendri. Il savait dorénavant pourquoi il était né, pour quelle raison il était en vie. Pour elle. Chacun des habitants de Neova à apparence humaine était, dès la naissance, lié à un autre de ses congénères et ce, pour le reste de sa vie. Pour vivre pleinement heureux, les duos devaient vivre ensemble. L’amour que deux individus liés éprouvaient l’un pour l’autre était inné, immuable et éternel. Nikola, vous devez nous rejoindre le plus vite possible. Ainsi, nous vous expliquerons la marche à suivre pour aller la chercher, ajouta la voix rauque.

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Bien, répondit le jeune individu aux yeux d’ébène, je serai là dès que possible. L’hologramme disparut et le téléphone s’éteignit. Ilana s’absenta quelques secondes. Tu crois qu’il est prudent de le laisser, Kaïli ? Je n’en sais rien… A vrai dire, cette histoire me fait autant de soucis qu’à toi. Et s’il ne revenait pas ? Et s’il était démasqué ? Comment réagiraient-ils ? Tel est le risque à prendre Ilana. Il ne vivra pleinement heureux que si nous le laissons aller. La splendide femme ferma les yeux. Elle sentit les bras de son mari l’enlacer. Elle se laissa apprivoiser par la chaleur si rassurante de cet être cher. Nikola songeait au périple qui l’attendait. Il observait le paysage devant lui. Un champ d’herbe mauve s’étalait à perte de vue, et était parsemés de fleurs aussi grandes qu’un homme, les pétulias, que des insectes velus gros comme sa tête venaient butiner. Il admirait les trois lacs à sa droite où les astres l’éclairant et le réchauffant se reflétaient, rendant l’eau, les poissons et les algues, brillants, étincelants. Nikola décrocha une feuille de l’arbre à ses côtés et la huma, s’imprégna de sa senteur rassurante et familière. Le jeune garçon était né ici. Il y était chez lui, et n’avait


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rien connu d’autre de toute sa vie. Du moins, pour le moment. Sa mère revint peu de temps après, accompagnée du père de Nikola, tous deux des valises aux mains. On aurait dit qu’elle avait préparé ce moment depuis une éternité. Elle tendit des vêtements d’humains à Nikola et lança : Nous venons avec toi. Nous allons sur Terre.



Chapitre Premier

Oh, regarde celle-là, dans ton habit de princesse ! Sur cette photographie, je devais approcher de ma cinquième année. J’étais déguisée en Cendrillon, et mes cheveux blonds éclataient de lumière presque autant que mon sourire était malicieux. Maman m’observait à présent, en posant sur moi un regard protecteur. Tu es toujours aussi belle, ma fille, ajouta-t-elle. Elle me caressa la joue délicatement, comme s’il fallait faire attention à moi telle qu’à une poupée de porcelaine. Je lui pris la main et la serra fort dans la mienne. J’attrapai un autre album photo parmi ceux entassés sur la petite table et me rassis sur le divan aux côtés de ma mère. Quand j’ouvris le recueil et que nous vîmes les premières photographies, les yeux de Maman, s’embuèrent aussitôt. Ton oncle Charles… dit-elle d’une voix fébrile, il nous manque à ton père et moi, tu sais.

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Je me contentai de lui tapoter l’épaule en affichant un sourire empli de compassion. Pour ma part, Charles étant le frère jumeau de Papa, il m’était très difficile de discerner sur une photographie qui était qui, d’autant plus que ces clichés n’étaient jamais récents, Charles nous ayant quitté avant mon arrivée. Maman se mit à sourire d’un air attendri, les yeux mouillés, en regardant son beau-frère. Papa et elle semblaient lui vouer une grande admiration, mais ils ne m’avaient cependant jamais dévoilé la raison d’un tel sentiment. Par la fenêtre, le soleil ne cessait de frapper aux carreaux de ses rayons dorés de chaleur. Nous étions à la fin du mois d’août, les températures commençaient à baisser légèrement, mais il faisait encore agréablement beau. Une légère bise venait faire danser les feuilles de notre pommier, semblant nous annoncer tout de même que l’automne pointerait bientôt le bout de son nez. Cette photo est magnifique, chérie, lança Maman en désignant un cliché où mes parents et mon oncle étaient réunis. Papa, Maman et Charles riaient aux éclats autour d’une table en bois, à l’extérieur de notre maison. Ils avaient joint leurs mains au centre de la table et les


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avaient empilées les unes sur les autres. Ils fixaient l’objectif de leurs yeux pétillants et emplis de vie. Les pages de l’album continuèrent à défiler sous mon regard, laissant ma mère tantôt rieuse, tantôt nostalgique d’une époque révolue. Puis, nous tombèrent sur une photographie où posaient deux inconnus, au teint clair et aux yeux cristallins. Je fronçai les sourcils : Qui est-ce, Maman ? Eux ? Oh, eh bien… Tout à coup, quelqu’un sonna à la porte. Le visage de Maman se raidit, sa main se crispa sur la mienne. Elle avala difficilement sa salive. Je sentais son pouls s’accélérer au contact de nos deux mains. Elle me fixa de son regard azur et déclara fermement : Ne bouge pas, Lucie. C’est moi qui vais ouvrir. Elle se leva d’un bond, dissimulant au passage la marque que j’avais sur le bras à l’aide de la couverture vichy du sofa, puis se précipita vers la porte d’entrée.



Chapitre Deux

Maman revint dans le salon. Elle avait retrouvé des couleurs et esquissait un sourire illuminant son doux minois. Elle était accompagnée de ma meilleure amie, Stacy. Lucie ! s’exclama celle-ci, se jetant sur moi en me faisant mille bises. Tu m’as tellement manquée pendant ces deux mois… Je suis si heureuse de te retrouver. Stacy me regardait malicieusement. Elle passa soigneusement une main dans sa longue chevelure brune afin de redonner de la tenue à sa coiffure, bien qu’elle n’en eût pas réellement besoin. La jeune fille était d’un naturel très coquet. Elle aimait séduire, et se parait très souvent de magnifiques bijoux, souvent d’une grande valeur, que lui offraient ses parents. Stacy était vêtue d’une robe rouge, dont les dentelles à ses extrémités laissaient paraître une peau dorée par le soleil estival, dont elle avait sûrement bien profité

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