Jonathan style

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Hamou Harbi

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Les feuilles de Jona Jona se leva ce matin de bonheur pour gagner son travail. Il fit un grand soupir, grogna le croûton de pain qui lui restait d’hier, avec bien sur un petit morceau de fromage qu’il avait économisé. Dehors, la brise frappait à coups de froid les gens qui passaient. Ils y avaient quelques-uns qui résistaient avec leurs textiles chaudes, d’autres qui soufraient, mais qui cachaient leur malheur soit en se frottant les mains, soit en soufflant dedans. Jona ne prêtait aucune attention, il s’était habitué avec ses haillons : une vieille veste marron en daim et un béret qu’il avait hérité de son grand-père.

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Et oui, c’était l’automne… il était ravi, car il venait de finir son quatrième livre. Ne pensant qu’à ça, car en vérité il racontait sa vie, c’est-àdire la vie de ses gens, ces villageois qui sombraient dans la misère et dans l’injustice. Soudain, il entendit une voix qui lui était familière, c’était Charlotte qui venait lui dire bonjour, Jona et Charlotte s’aimaient depuis longtemps. Et qui ne prendrait du plaisir à contempler ces deux êtres qui partageaient une joie unique, celle de l’amour ? 12

Charlotte était une belle fille séduisante, Jona était aussi beau garçon, c’est pourquoi sa mère l’avait surnommé Jona au lieu de Jonathan à cause de ses cheveux blonds. Ils descendirent la vallée jusqu’à la mine où ils travaillaient. De retour chez lui, il se débarbouilla le visage, se lava les mains tout en crachant des taches noires ; le travail à la mine était dur. Il s’allongea sur son lit tout en lisant son dernier livre. Entretemps, Mme Germaine, sa voisine d’à côté, était venue pour lui apporter un petit pain avec du fromage, c’était sa nourriture quotidienne.


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Mme Germaine était l’être qu’il chérissait le plus au monde. Elle était l’amie de sa mère, car Jona était orphelin, cette femme avait pris soin de lui. Malheureusement, Mme Germaine était atteinte d’une maladie grave et Jona travaillait pour lui fournir son médicament coûteux. Il regardait à travers la fenêtre, et contemplait le paysage. Des chèvres appartenant à Mme Germaine mangeaient les feuilles mortes tombant de l’arbre en face. Cet arbre voulait dire des choses pour Jona, il lui rappelait son enfance, toute son histoire, c’est pourquoi il faisait toutes les quatre saisons pour raconter son livre dont les feuilles tombaient avec celles de l’arbre en automne. Cela le soulageait, car ça donnait un sens à sa vie. Ses feuilles jaunes signifiaient la vie et la mort. Toute une vie qui se termine. D’ailleurs les feuilles jaunes des romans qu’il possédait ne voulaient rien dire pour lui, ce n’était que des mensonges visant la vie aristocrate stupide. C’était étrange son amour pour l’automne, mais cela voulait dire la fin d’une vie et le début d’une autre, cette querelle mutuelle l’inspirait

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et l’encourageait pour écrire. Il avait déjà fini quatre livres depuis qu’il avait commencé. Ce qui signifiait bien sur quatre années. Trouver un éditeur ne l’intéressait pas, car il savait qu’un jour quelqu’un les lirait et comprendrait. Alors qu’il était allongé sur son lit, lisant son manuscrit, Mme Fabienne, sa deuxième voisine, pénétra à la maison et s’exclama vivement : « Debout espèce de fainéant, laisse-moi faire le ménage ! » 14

Jona sourit, il admirait la gentillesse de cette femme qui s’occupait de lui. D’une façon touchante tout le monde aimait et admirait Jona, il était désormais orphelin et souhaitait l’affection de tous. « Tu gaspilles ton argent pour rien, qui lira ces histoires ? » Il n’en dit pas un mot. « Allez, je vous laisse, bonne nuit, demain sera pénible. – À vous aussi. » Et il éteignit la lampe à gaz. Le lendemain, Charlotte demanda à Jona : « Quand allons-nous nous marier ?


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– Quand j’aurai publié mes livres, je serai alors un grand écrivain et je gagnerai plein d’argent. » Les jours passèrent, Jona entreprit l’écriture de son cinquième livre. Tout était paisible, rien n’avait changé, la vie était aussi dure que d’habitude. Un jour Mme Lucien, une voisine, perdit une poule, elle en fit un véritable drame, elle s’inquiéta à en pleurer. Soudain Jona découvrit la poule en train de se noyer dans la cuvette de la fontaine tout à côté. Mme Lucien remercia Jona. Le lendemain matin, elle lui ramena des œufs ; Jona qui n’en avait pas goûté depuis longtemps, l’estomac hanté par le pain au fromage, les dégusta avec gourmandise. Une autre fois Jona, qui était concentré sur sa tâche, fut tout à coup surpris par Mme Fabienne devant lui : « Tu n’oublieras jamais cette plume, tiens voilà un tricot, un imperméable et des bottes,

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