L'aube de mira

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e vivais au fond des océans avec mon père, ma grand-mère et mes six petites sœurs.

J

Nous habitions le palais de corail. Mon père régnait sur le monde des eaux depuis des siècles. C’était un monde en paix, un royaume puissant et plein de richesses, de magie

et de beautés. La vie y était belle et harmonieuse pour tous. Notre peuple festoyait inlassablement, nous jouions de la musique, inventions de magnifiques objets, Nous nous promenions dans des jardins comme sortis des rêves. Ce monde est tellement fabuleux, j’aimerais pouvoir vous en chanter toute les merveilles mais je préfère vous raconter l’histoire de ma plus jeune sœur. Nous étions sept princesses. J’étais l’aînée et l’héritière du trône. Je devais suivre les traces de mon père et apprendre à régner à mon tour, apprendre à écouter le monde de l’eau et à en assurer la protection. Lira était la seconde. Elle avait toujours été courageuse et disciplinée, avide d’apprendre et quelque peu impatiente des fois. Sa naissance la destinait à la charge de défense du monde des eaux, elle deviendrait chef des armées bien que des siècles s’étaient écoulés maintenant depuis les dernièresbatailles de notre monde. Fara, la troisième était sans doute la plus convoitée des sirènes du royaume.


En tout cas elle faisait en sorte que ce soit le cas. Il n’aurait fallu que sa beauté pour ça mais elle s’arrangeait néanmoins pour être vue. Elle aimait chanter, danser, séduire et elle recevait des centaines de cadeaux merveilleux de la part de ses nombreux prétendants. Breïa était dotée de certains dons comme en ont les oracles, on la croyait destinée à en devenir une un jour. La grande magicienne qui était l’oracle actuel lui offrait chaque année un présent unique qui lui permettait de faire évoluer ses dons. Elle était toujours calme et placide, naturellement mystérieuse.Neira était la plus aventurière de nous toutes. Elle aimait partir en exploration et trouver des objets de la surface perdus au fond des eaux. Elle les entreposait dans son fabuleux jardin privé où elle avait fait pousser toutes sortes de plantes et de fleurs de toutes les couleurs. Stoya, quand à elle, était totalement immature, complètement délurée. Elle passait son temps à faire des farces et à amuser la galerie et en général ça fonctionnait assez bien.


Et puis enfin Mira, la dernière de mes sœurs. Elle était secrète et silencieuse, son regard bleu vert était noyé de mélancolie. Elle avait à mon sens la plus belle voix des océans mais elle était trop timide pour en faire profiter les autres. Elle chantait seule dans son jardin orné par la statue d’un jeune éphèbe de la surface, présent que Neira lui avait fait, et par une variété de fleurs rouges qu’elle adorait car elles lui rappelaient les couleurs du soleil dont les rayons filtraient jusqu’à nous certaines fois. Plus chétive et moins colorée que la plupart d’entre nous, j’avais conscience qu’elle se sentait moins belle et un peu mal dans ses écailles. Pourtant elle était pour moi l’incarnation de la douceur.


Le jour était venu pour moi de fêter ma majorité. Pendant les préparatifs de cet événement, ma grand-mère nous avait toutes réunies dans le temple pour nous parler de la surface. - " Dans le monde d’en haut il y a aussi des poissons, sauf qu’ils ont des nageoires plus grandes et leurs écailles sont duveteuses et ils chantent chaque rayon de soleil."  - " Grand-mère, dit Neira, parles nous plutôt des humains qui vivent sur terre."  - " Les humains nous sont en de nombreux points similaires mais ils ne peuvent vivre que la tête en haut et les " pieds " en bas. Ils ont des jambes à la place d’une queue, ils n’ont pas de branchies pour respirer sous l’eau et ils ne savent pas nager dans ce qu’ils appellent l’air."  - " Et combien de temps ça vit un humain ?"  demanda Breïa. - " Difficile à dire mais au moins cinq fois moins longtemps que nous certainement… La vieillesse arrive plus vite et se voit plus que chez nous. Nous, quand nous mourront, après une très longue vie je vous rassure, nous nous transformons en écume. Les humains ont une chose qu’ils appellent " l’âme immortelle" , quand ils meurent leur corps retourne à la terre mais leur âme ne meurt jamais et va se rendre quelque part ailleurs."  À l’époque je n’avais pas encore vu que Mira avait été transfigurée par cette idée d’âme immortelle. Pourtant elle ne cessait de poser des tas de questions à grand-mère sur ce sujet. En devenant adulte, une sirène à enfin le droit de nager jusqu’à la surface. Elle peut rester et observer le monde d’en haut pendant une centaine de bouffées d’air. À son retour elle reçoit les prédictions de la magicienne qui lui offre aussi son animal compagnon comme

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l’hippocampe de père ou la pieuvre de grand-mère. Quand nous recevons ces animaux ils sont d’abord tout petits mais ils grandissent avec nous pour le reste de notre vie. Enfin j’allais voir la surface, quel bonheur. Mes sœurs elles devraient encore attendre, chacune un an de plus et Mira était la plus impatiente. J’arrivai à la surface et respirai l’air des humains, le ciel était d’un bleu sombre, les étoiles y scintillaient par milliers et entouraient l’astre lunaire parfaitement rond. Tout était si calme, je pouvais entendre le bruit des vagues et du vent sur elles. Au loin la terre brillait de lueurs orangées. J’étais restée assez longtemps et je devais replonger jusqu’au Palais des océans. Là bas je fus accueillie par la foule, les gens avaient laissé flotter des milliers de fleurs sur mon passage. Mon père et ma grand-mère m’attendaient avec la magicienne. C’était une grande créature, sa magie l’avait transformée, elle était assez intimidante, d’ailleurs mes sœurs semblaient très calmes près d’elle. Elle me dit de l’accompagner, pourtant je n’avais pas vu ses lèvres bouger.Je n’ai pas eu besoin de lui raconter ce que j’avais vu là haut, elle le savait déjà. Elle me dit que toutes ces étoiles étaient mon peuple et que la lune c’était moi. Que je devrai être un guide et que je serai aimée si je prends les bonnes décisions. C’était assez vague mais j’étais trop impressionnée par elle pour lui en demander plus. Tout le monde savait qu’il ne fallait pas trop en demander. À la fin de notre entretient elle attrapât une bulle d’air dans ses mains et la serra jusqu’à son éclatement. Quand elle rouvrit sa main il y avait à la place une minuscule créature bleue. -”   Un Glaucus Atlanticus, me dit-elle toujours sans bouger les lèvres, une des plus rares

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créatures de l’océan, prends en soin, apprends lui, fais le grandir et il sera ton compagnon fidèle.” “  Là-dessus elle partit en présentant des hommages silencieux à mon père et sur son passage, toute la foule se tût et la saluèrent d’une révérence respectueuse. Une fois la magicienne bel et bien partie mes sœurs se ruèrent sur moi pour me poser des milliers de questions. Mon père en rit et j’ai su qu’il était fier de moi.

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Un an plus tard se fut le tour de Lira. Elle était arrivée à la surface lors d’un matin pâle et s’était assise sur un rocher. La lueur du jour transformait la surface de l’eau avec de délicats reflets argentés. Un minuscule petit crabe aussi rose qu’elle partageait son rocher et elle joua avec lui un instant jusqu’à ce qu’elle entendit des voix au loin.

Elle

Alors elle se cacha, mais un harpon transperça

revint

l’eau à ses cotés et elle comprit qu’on était en

au palais

train de l’attaquer. Tandis qu’une légère brume com-

prise d’un fou

mençait à recouvrir la surface de l’eau elle décida de se

rire en souvenir de

montrer pour effrayer les humains dans leur bateau de

certaines des expressions

pèche.

effrayées des hommes qu’elle

À sa vue il y eu quelques cris d’horreur et

avait vu. La magicienne remarqua

le bateau eut vite fait

que le petit crabe s’était accroché

de s’éloigner au large.

à elle à son insu et l’avait accompagnée jusque là et bizarrement cela la fit rire ce qui effraya certaines personnes car on ne la voyait pas souvent se montrer aussi sirène. Ses lèvres bougèrent même quand elle dit “   En voilà un ici qui sait ce qu’il veut. Cela règle la question du compagnon.”


Elle reprit néanmoins sa tête figée habituelle et entraînât ma sœur pour lui faire ses prédictions. Quand elle ressortirent, Lira avait un air rayonnant et son petit crabe jouait dans ses cheveux. L’année suivante Fara fêtât son anniversaire. Elle s’était préparée trois jours durant pour avoir la plus belle des parures. Elle était éclatante avec ces cristaux pourpres et violets assortis aux couleurs de ses écailles. J’entendis quelques de ses admirateurs lui crier des compliments. Elle exécutât une petite chorégraphie avant de filer vers la surface saluée par un “ Oooooh”  général. Elle était arrivée lors d’un lever de soleil, l’horizon embrasé par des torrents de couleurs chaudes allant du pourpre au jaune doré éclatant. Toutes cette lumière et cette beauté l’émurent aux larmes et la mirent dans un état de plénitude qui lui donna l’impression d’être aussi légère qu’une bulle. Après son entrevue avec la magicienne elle ressortit accompagnée d’une toute petite méduse violette aux tentacules scintillants. Elle ne put s’empêcher de nous raconter les prédictions de la magicienne. Elles disaient qu’elle vivrait un amour parfait avec un triton incroyablement beau et brillant. Alors elle nous demanda si on pensait que ce serait plutôt Gren, Kyndul, Jahur ou Silfra qui serait l’heureux élu. Mais ce ne fut aucun de ceux là à leur grand déplaisir car dans l’année elle tomba amoureuse de quelqu’un qui les surpassait tous et ne lui laissait plus de doute.


Encore un an après, Breïa était arrivée à sa majorité. Elle arriva à la surface alors que le soleil planait haut dans le ciel azur et il brillait tellement fort qu’il était presque impossible de le regarder. Elle vit les fameux oiseaux dont Grand-mère nous parlait si souvent. C’étaient six cygnes blancs qui migraient vers le sud. Elle les vit s’éloigner à une vitesse folle et tentât de les suivre en bondissant sur les flots à la manière d’un dauphin mais elle les perdit rapidement de vue comme si ils s’étaient dissous dans les nuages. Elle garda siennes les prédictions de la magicienne, comme sa destinée était de devenir un jour sa remplaçante le secret de leur échange était indiscutable. L’entretient avait duré beaucoup plus longtemps avec elle. Elle avait reçu comme compagnon un espadon argenté qui avait fière allure malgré sa petitesse. Il était pourtant tout sauf calme et placide, c’était comme si il venait lui apporter les traits de caractère dont elle ne disposait pas assez.

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L’anniversaire de Neira arrivât l’année suivante. Elle arriva près des rives et voulu s’en approcher un peu plus. Elle croisât des dauphins qui lui montrèrent un endroit plus sûr pour observer la terre. Elle entendit alors les bruits d’un village non loin, elle vit même de la fumée ce qui la fascinât. Mais elle du s’enfuir rapidement car elle vit un groupe de cinq petits humains courir vers l’eau et plonger en riant et en s’éclaboussant. La magicienne lui prédit de grandes aventures et elle reçu pour compagnon un poisson abyssal qu’elle était la seule à trouver joli. Stoya fêta l’âge adulte l’année d’après. Si l’on peut dire qu’elle était vraiment adulte. Elle était arrivée à la surface en plein hiver et il faisait très froid là bas. La terre était toute blanche à cause de la neige qui tombait, elle avait avalé quelques flocons puis avait été jouer avec une baleine et son petit qui passaient dans les parages. Elle nous dit qu’elle n’avait rien compris des prédictions de la magicienne mais qu’elle était bien contente de son compagnon, c’était un tout petit dauphin jaunâtre unique en son genre qui semblait réellement être son homologue en matière d’immaturité et d’esprit farceur.

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