Frédéric Egler
Les Suédoises sont-elles fantasmées dans le monde entier ?
– roman -
Les SuĂŠdoises sont-elles fantasmĂŠes dans le monde entier ?
Frédéric Egler
Les Suédoises sont-elles fantasmées dans le monde entier ?
A mes deux grands-pères : Marcel Bernard et Louis Egler.
PREMIÈRE PARTIE L’héritage
Chapitre 1
L a blonde humaine
Vincent Mauvais m’avait filé rencard au Casanovabar par un après-midi de juillet bleu et orageux. Katy Perry interprétait Thinking Of You sur les ondes. Comme Vincent était en retard, je patientais devant ma Guiness. Je n’attendais rien de spécial de cette entrevue, cela faisait un an qu’il m’entourloupait avec ses histoires de boulots avortés, de nanas rencontrées, d’apparts à louer. Maquillant sa vie de chat de gouttière, Vincent faisait le cake en amusant la galerie avec des mythos abracadabrants. Sans cesse le sourire « je t’embrouille » servi sauce baratin et livré gratos. À dire vrai, j’étais venu par politesse parce que je frayais avec sa demi-sœur Tania L’Étoile. Après m’avoir pipoté des craques de plus et refusé de payer sa partie de flip’, Vincent Mauvais sirotait tranquilou son Mexican Lover. Du fond du jour qui s’étirait, les premiers éclairs de chaleur réveillaient
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un ciel désespérément lent. Subito, Tania L’Étoile fit irruption en coup de vamp ! Je ne m’étais encore jamais frotté à une Tania speedée. Avec elle depuis six mois, nous faisions l’amour quand ça nous chantait (Tania était très douée dans l’intimité, lorsqu’elle me turluttait, j’avais les doigts de pied en éventail, j’en trouais mes chaussettes). Je l’avais toujours connue enjouée et la voir furax me déstabilisa. Prise par la patrouille, Tania venait de se faire pruner pour excès de vitesse sur une nationale. Qui eût cru que sa poussette power diesel lui permette d’arsouiller jusqu’à 120 kilomètres-heure ? Tania avait été contrôlée à la jumelle puis épinglée par des gendarmes moustachus postés à plat ventre sur le toit de leur panier à salade. La miss poumonée avait pourtant usé de ses charmes envoûtants pour éviter la contravention. Elle avait ôté ses Ray-Ban et fait pétiller son regard azuré. Elle avait gonflé sa poitrine et passé une main le long de ses cuisses minijupées. Mais rien n’y avait fait, la bombe aphrodisiaque de l’été était repartie avec une jolie amende et quelques points en moins sur son permis. Et maintenant, la poulaille en uniforme nous l’avait énervée. Tania avait des ombres sur les joues, ses battements de cils papillonaient davantage qu’à l’habitude et une majestueuse mélancolie traversait ses pupilles : une tragédienne noire colère. Avouons que Tania était le joyau de la couronne, la fierté de la famille. Elle renvoyait des faisceaux de beauté. Classieuse, elle portait souvent un fil d’argent dans ses cheveux d’un blond éclatant qui évoquaient un
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tourbillon de lumière, une rivière de diamants. C’était une poudre au milieu d’un océan de visages ordinaires. Silhouette de libellule, port altier, peau diaphane, grâce enchanteresse... Tania laissait les autres femmes à des années-beauté en mettant la chair de poule à quiconque la croisait. Elle surcocaïnait les hommes, enfiévrait les ados et les martiens : une beauté faisant vaciller plusieurs galaxies. Elle féminisait le sexe des anges et aurait enflammé en un clin d’oeil le jardin d’Éden. Elle pouvait vous évanouir d’un simple strip-tease : des fesses Special K, une chute de reins à faire rougir une fiasque de chianti, des nichons tip top et en 3D, des jambes télescopiques, un ventre pareil à un écran plat. Tania avait un adorable jeu de fossettes, des lèvres pleines et charnelles. L’ondulation ensorcelante de sa bouche déclenchait des spasmes sexuels. Et elle possédait une chose rare : des taches de spleen mouchetaient ses iris. La domination de cette poupée était gigantic. Vincent, la Madré and me, étions aimantés par ses mensurations aérodynamiques : 100-60-90. Pourquoi toujours réduire les femmes à leurs formes pulpy ? Parce que la vie est faite ainsi. Leur beauté vertigineuse nous emporte dans un abîme d’échancrures. Leurs tétons, en parfaits Cupidons, pincent nos coeurs. On biberonne des mamelons en chaleur. Ces déesses déploient des offensives glamour d’une ampleur qui fait tanguer les constellations. Elles dealent leurs cambrures d’héroïne comme addiction géante. Ô divines pin-up, urgentistes de plaisir, lesquelles nous flétrissent en tétant le nectar blanc ! En manque, nous jouons les clowns en espérant
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les séduire. On glisse dans des entrecuisses en allers-retours, doux vagins de velours. Le monde est une fente humide qui aspire les soupirs des hommes. L’univers, une avalanche de fesses et de décolletés. La lune et ses cratères, une muqueuse utérine. On rêve de petite mort sous une langue vipérine. Même la voie lactée s’en mêle, traînée éternelle entre les seins des belles. La Terre est une taniasphère, une courbure astrale. Des comètes enluminent une voûte suprême où les étoiles s’appellent Tania. Et je n’avais qu’un ciel : l’infinité de ses yeux.
Chapitre 2 Fast & Furieuse
Tania L’Étoile était violette, elle avait la moutarde qui lui montait au nez, on aurait dit une dragonette qui crachait des flammettes. Elle inspira d’apaisantes bouffées blanches d’O2... Mais même rose, elle restait une sublime panthère. Et pink Tania éprouvait bien du mal à redescendre de sa surchauffe, fulminant contre la police, toujours là où il ne fallait pas, envers son demi‑frère qui souriait bêtement, et à mon encontre : « Tu pourrais au moins essayer de faire sauter la contredanse, tu ne connais vraiment personne ? ». « Nein, nein, nein, nein, nein ! Je n’ai pas d’amis flics Tania, sorry ». Tania tempêtait grave, refusant d’admettre que sa plastique de dream n’eût suffi à lui sauver la situation. Le duo de képis zélés avait zuste relevé sa plaque minéralogique sans ciller, sans se laisser cueillir par son élégance princière ni permettre à sa beauté décoiffante d’infléchir
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leur décision. Face à la froideur de ces sergents Garcia englaçonnés, la paire de seins lilas de Tania s’était montré superfétatoire (mais comment une si volumineuse poitrine pouvait-elle garder une tenue si parfaite ? Quel était son secret ?). Une fois n’était pas coutume, son sex-appeal ne lui avait été d’aucun secours, et ses doudounes certifiées bio n’avaient fait naître aucune émotion. Ou plutôt si : de la frustration. Une première pour la donzelle.
Chapitre 3
Du bromure dans la Guiness
Tania se calma et s’assit sur mes genoux. Après un rapide kiss, elle commanda un smoothie framboise. Et la couleur de ce rafraîchissement m’amena naturellement à considérer sa bouche. Vincent la déveine lâcha dans l’indifférence générale « J’ai une excellente nouvelle ! ». Je n’ai pas réagi à ses paroles inhabituelles tant je faisais un focus sur les lèvres de Tania. L’air évasif, ma belle tournait son agitateur, les yeux langoureusement plongés dans un cocktail sans alcool à petit parasol. Les mini cubes de glace faisaient glinggling, impatients de se liquéfier sous sa langue veloutée. Et je sentais en moi mon désir pour elle s’éveiller. Il faut dire qu’une bouche comme la sienne vous signait une beauté. Souples et appétissants, les pétales de ses lèvres m’alléchaient par leur attirance quasi insurmontable. Le meilleur moyen de se délivrer d’une tentation étant d’y céder... Pourtant, je tergiversais à la bécoter. Et tandis
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que ma mousse ne parvenait pas à stopper cette montée effrénée de mauvaises moeurs, Tania fit une moue incendiaire qui accéléra mes palpitations. Sa bouche tenait du miracle. Simply red, captivante, douce et prometteuse. Un look de petite diablesse, fresh et fruitée, belle allumeuse. Bouche gourmande, bouche sucrée, un baiser déposé dépassait le baiser : Impression, caresse mouillée. Fraise des bois parfumée, crémeuse et lumineuse. Charnue, rembourrée, copieuse et onctueuse. Son gloss la parait d’un léger impact flashy, rendant les coussins de pulpe plus enviables encore... Lipstick forever, sa bouche en forme de coeur. Des lèvres pourpres, comme une éclaboussure. Du sang sur un visage blanc : une bénédiction. Coup d’ éclat affolant, sublime et fascinant, Précieux rubis, à faire pâlir d’envie Angelina Jolie. Des muqueuses surbombées, incandescentes et obsessionnelles. Une mouth mordue, au tonus ravageur, telle qu’on n’en avait jamais conçue. Uniquement créée afin d’embrasser pour les siècles des siècles. Alors que j’en étais au stade où j’allais raccourcir rapidos la distance qui me séparait de cette merveille buccale pour lui manger les amygdales, Vincent Mauvais sortit de son chapeau une mystérieuse lettre de la New Orléans sur laquelle un mosquito écrasé avait fait une tache d’hémoglobine.
Chapitre 4 Million $ Baby
Vincent exhibait l’enveloppe comme un Sioux aurait levé au ciel un scalp de Tunique Bleue. Le courrier était un héritage. Devant nos tronches de frite, Vincent éclaira Tania : « Do you remember Archibald, notre grand-oncle ricain ? Celui qui t’avait offert l’intégrale Clint Eastwood en VO ? Le même qui a prospéré grâce à ses sociétés de démoustication… Eh bien accroche-toi : le pauvre homme a cassé sa pipe ! Mais tonton Archi a quitté ce monde en nous léguant l’intégralité de ses richesses !!! Un butin babylonien nous est tombé dans l’escarcelle, Tania ! C’est tout bézef, nous sommes pétés de tune ! Quel joli pécule ! We are friqués comme jamais ! De quoi assécher 10 000 euros par journée ! On s’en est mis plein les fouilles ! De l’oseille sur nos cartes Vermeil ! Un chèquos avec des zéros, des zéros, et encore des zéros ! L’Euromillions ! La super cagnotte du vendredi 13 ! Tellement de bulles que je n’arrive pas à lire le montant ! Pour nous, c’est Whiskas
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maintenant ! Des pépettes à perpète ! Un magot de chez magot ! L’Eldorado !!! ». Vincent virait foufou. Tania, excitée par cette manne tombée du ciel, ne touchait plus terre. Imitant le kangourou joyeux, elle jubilait en jumpant. Ses seins oversize jouaient au yo-yo avec la pesanteur, la douche de dollars avait explosé son décolleté. Tous les clients de l’estaminet bichaient sur sa poitrine mégamiam (qui à elle seule était un casus belli quand toutes les autres femmes se ruinaient en implants mammaires). Et le Casanovabar se transformait en Nibard bar… Le flipper n’arrêtait pas de tilter ! Tania était devenue cette pin-up fortunée que le monde enviait. Focalisée sur ses hémisphères, la planète entière ressemblait à un soutien-gorge blanc dentelle d’où débordaient sa wonderfull poitrine et d’épaisses liasses de billets verts. Ah, l’argent et ses délices… Deux cents mamies avaient dû expliquer à Tania l’importance des lingots dans sa jeunesse car la miss laissait à présent échapper de sexy cris révélant son immense joie. Quant à moi, je restais perplexe (un peu comme Donovan le journaliste de la série télé V dans les années 80, lorsqu’entré dans le vaisseau-mère des reptiles par une bouche d’aération, il découvre caméra au poing deux choses inquiétantes : Diana et Steven en train de manger des rongeurs vivants, et un autre bouffeur de souris qui enlève ses yeux pour les placer dans une boîte). Oui, j’étais déboussolé et captivé. Je contemplais une Tania mamelue se trémousser lascivement sans parvenir à digérer l’évidence : nos vies anodines venaient de basculer d’une façon inespérée dans le bon sens.
Chapitre 5 Qui veut les fesses de Jessica R abbit ?
La Madré (qui devait ce sobriquet à son rejeton Vincent) déraillait au taquet. Depuis quelques temps déjà, toujours à l’ouest, elle perdait la boussole. Des colonies de neurones se faisaient la malle. Mais elle ne se rendait pas compte que ses souvenirs la quittaient, en douceur et sans douleur. Inconsciente de cet abandon-là, elle laissait le répertoire d’une vie s’échapper vers d’amnésiques contrées : un exil intérieur. Tania entra la première dans la caravane et lui annonça : « Prépare-toi à changer ton camping-car contre un palais ! ». La Madré ne posa aucune question. En grenouillère verte et l’air béat, elle continua de lire Voici en suçant une Häagen-Dazs. Vincent Mauvais s’isola derrière le frigidaire pour se protéger des moustiques, conséquence de la station d’épuration proche. Il sortit un cahier de chiffres et prit une attitude concentrée.
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Tania était toute chose, elle avait une de ces envies de minou, et s’empressa de défaire le lit avec la perverse intention de passer sa première nuit d’héritière la chatte à l’air. Elle chignait pour avoir sa dose de sexe, et rien d’autre. Elle commença à se caresser devant moi... Mais la Madré nous obligea : « Ça suffit les enfants, si vous voulez faire crac-crac, sortez ! Les oiseaux se cachent pour jouir ». Je comprenais les raisons de son injonction, quelles qu’elles avaient pu être. De fait, Tania et moi filâmes nous planquer au bout du terrain, derrière les balancelles piquées de rouille. Le ciel était fiévreux, les nuages descendus de deux étages, Tania jutait partout, il pleuvait de la cyprine. Elle avait passé un serre-tête Playboy en oreille de lapin et des bracelets en fourrure rose autour des poignets. Une petite touffe remuait juste au-dessus de son arrière-train féerique : elle faisait un excellent civet. Elle abaissa son string, ses fesses chantillesques m’appelaient. J’avais la quéquette qui collait. N’y tenant plus, je dégommai son verrou de bunny en pschittant mon venin séminal dans son trou de souris. Tania pleurait sous la sodomie, that was funny. La Madré atteignit son seuil phonique et mit vite un cd de Katy Perry, volume à donf poussé, afin de couvrir les émotions de sa fille. Mes mains pressaient les seins gélatineux de Tania qui gémissait en haletant. Son corps félin se tortillait, j’étais happé par sa beauté. Pareil à Clarence, le lion dans Daktari, je louchais sévère sur l’incroyable bonnet de ses mamelles. C’est alors que l’activité électrique de mes yeux se décupla, je mourais d’appétit de reprendre un shoot d’endorphines entre
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sa raie meringuée. Ça tombait pile-poil, ses babinettes insatisfaites en redemandaient. Aussitôt fantasmé, aussitôt fait : je réenfilais tout doucette ma zézette dans sa salle des fêtes. Mais avant de faire des confettis de son cul et envoyer mes lassos de sperme napper ses fesses, je tenais à lui dire « Je t’aime ». Que voulez-vous ? Je ne m’appelais pas Rocco Siffredi, j’étais romantique. Et durant cette phase d’extase hormonale, Tania L’Étoile, grisée par le pouvoir de l’argent, avait la tête ailleurs. Elle se projetait vers d’autres biloutes, croqueuse d’hommes insatiable, épicurienne à n’en plus finir. Depuis qu’elle avait hérité, Tania avait l’intention d’en profiter en sortant avec autant de mecs que possible et en prenant un maximum de plaisir.