Lylo
Les contes qui furent oublies
Les contes qui furent oubliĂŠs
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Les contes qui furent oubliĂŠs
A Mum, femme de ma vie qui n’a cessé de me relever au risque de tomber elle même. A ma soeur, rencontrée au cours du chemin et qui est restée pour m’accompagner. A ce père de coeur qui m’a transmit l’amour des mots et à ce frère qui a toujours eu mon admiration et mon respect. A l’amour, la haine, la colère, la tristesse, l’abandon, l’amitié, au bonheur, à la maladie et la guérison qui ont été ma plus grande source d’ inspiration. Mais aussi à vous, aux rencontres bonnes et mauvaises. Celles d’un jour, de plusieurs, ou de toujours, vous qui avez fait parti de ce voyage qu’est ma vie.
« Mais alors, dit Alice, si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ? » Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles
Introduction
Il y a eu les conteurs, il y a les livres de contes. Il y a eu la vérité, le miroir de l’horreur, il y a le mensonge, un monde de honte. Autrefois tout était réel, brut et dit. Aujourd’hui, tout n’est qu’illusion et embellit, Ce qu’hier témoignait du quotidien et de ses violences, est à présent changé car destiné à l’innocence
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Blanche neige, Chaperon rouge, Hansel et Gretel, Alice... Toutes vos histoires sont déchues de leurs vices. Aujourd’hui une version originelle sort de ma plume. Afin d’abattre la morale comme un coup d’enclume. En m’inspirant de vraies histoires, Je donne ma version des contes beaucoup plus noire. Derrière mon cœur d’adulte et mes yeux d’enfant, Je fais partager ce qui m’a fait rêver en cette utopie, Et ce monde merveilleux et innocent, Je l’ai rebaptisé en un monde maudit. « Les contes qui furent oubliés » n’est que ma version modeste et subjective de ce qu’ils furent.
Pot d’âme
« Raconter pourquoi j’ai fini cette corde à mon cou ? Raconter pourquoi un âne dépecé gisait à mes pieds ; cet animal dépourvu de sa peau que j’avais déposé sur mes épaules. Non, juge éternel, je ne suis pas folle. Je ne suis pas une criminelle. Mon trépas même si je l’ai provoqué, s’est imposé à moi. Je n’ai eu aucun choix. Je mérite un jugement équitable afin d’avoir ma place auprès de vous les âmes éternelles.
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J’étais, jusqu’à aujourd’hui, condamnée à vivre avec et surtout ne rien oublier. Quand un drame vous frappe, votre cerveau a cette capacité inouïe mais surtout nécessaire et parfois vitale de faire abstraction de toute la douleur éprouvée. Il agit comme un anesthésiant, une morphine contre un mal.
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Une léthargie, un coma éveillé quand j’ai été abusé sexuellement une fois. Mon corps est devenu une enveloppe. Une boite vide quand cela s’est reproduit une deuxième fois, et par un membre de ma famille. J’attendais que cela se termine. Mon esprit s’est évadé ces fois-là, comme si j’assistais à un mauvais film. Des images et des sensations précises me reviennent quand je repense à ces instants : un radio-réveil avec ces chiffres en rouge, des portes d’ascenseur, une odeur de curry... Je ne connaissais pas ces gestes « d’amour ». J’ai finalement pris ça pour un fait, un passage
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obligé dans ma vie d’adulte. Une sorte de cap à franchir. Puis ensuite, j’ai été anéantie lorsque l’on ne m’a pas crue. Je me suis sentie dévastée lorsque l’on m’a accusé de mensonges ou de provocation. Après tout cela ne pouvait être que de ma faute. Ces choses-là ne viennent pas toutes seules... Mon corps a été quelque temps une monnaie d’échange contre toute sorte d’amour que j’étais avide de recevoir. Je n’ai jamais compris l’absurdité de cet échange hors-norme et illégal. Avoir 14 ans et s’offrir à des hommes de 30 ans ne pouvait que m’offrir confort de vie et m’assurait une protection certaine. Voilà comment je définissais l’amour à cet âge : une sorte de prostitution. Je comblais cette soif d’être choyée, aimée. J’éprouvais l’irrésistible besoin de me retrouver au centre de l’attention d’un individu.
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Quand est arrivé celui qui m’a ouvert les yeux, l’amour est devenu cérébral. Il n’y avait pas d’échange charnel, pour une raison que j’appris bien plus tard. Il n’y avait donc plus d’intérêt malsain. Je commençais alors à changer d’opinion sur la vision de l’amour, à y croire. Mais je fus arrachée aux nouveaux rêves que j’avais commencé à construire. Cet homme s’avérait être un criminel de chair, il agressait des femmes sexuellement. Je n’avais rien pu déceler ni me douter du monstre dont j’étais amoureuse. D’autant que mon corps consentant et lui appartenant ne l’intéressait pas. Ce qui le stimulait, je ne pouvais lui offrir : violences, refus... Je reçus ce coup de poignard supplémentaire quand son défenseur m’a accusé avoir été l’élément déclencheur. Que tout ce qui était arrivé, l’était par ma faute. J’ai continué à errer jour après jour. Puis l’année où ma mère a enfin retrouvé l’amour, j’ai commencé à trouver les plaisirs de
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la chair infects, interdits lorsque son copain a eu à son tour des gestes déplacés. Puis ce fut le choc quand elle m’a avoué avoir été au courant de ses intentions malsaines. Bien sûr elle lui a exprimé être formellement opposée à ses tentatives. Cela ne l’a pas empêché de rester avec lui ainsi que de m’emmener vivre avec cet être obscène. Elle y était contrainte car nous étions pauvres. Tout cela était pour me nourrir disait-elle. Elle oubliait vite les humiliations qu’on subissait quotidiennement. Nous avions la peur au ventre de rentrer chez lui chaque soir. Nous avions peur de sa violence morale, physique et verbale. Il nous détruisait petit à petit, nous manipulait, mais nous aimait... Nous étions sa seule famille à cet homme... Il n’avait plus personne... Famille et amour… Je me suis dit que peut-être cela faisait partie de la vie. Que toute personne avait ses blessures. Peut-être était-ce une forme d’attention que cet homme avait voulu nous donner, une forme d’amour, la seule manière dont il était capable ? Après
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