Le roi vert et autres contes

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Nicole CATUREGLI-REY

Le Roi Vert

et autres contes...





Le roi vert et autres contes



Nicole Caturegli-Rey

Le roi vert et autres contes



Le Roi Vert

Il était une fois, un roi qui vivait sur les hauteurs d’une colline, son château était entouré de bois et une foule d’animaux y vivait. Le domaine était protégé par de hauts murs qui résonnaient à longueur de journée des cris et des colères de ce roi aigri et violent. Il n’aimait rien : ni la nature, ni les gens, ni les animaux ! Son cœur était sec et fermé à toute forme de tendresse. Un triste jour il fit convoquer tous les jardiniers du domaine et leur ordonna de couper tous les arbres du royaume. Les pauvres jardiniers le supplièrent tant et tant que le roi accepta que seuls les arbres du parc de son château soient coupés. A peine les jardiniers eurent ils terminé leur besogne que la tristesse et le silence s’abattirent sur le domaine : plus un oiseau, plus un écureuil, la vie était partie avec les arbres !

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Les jours s’écoulèrent tristes et mornes auprès de ce sinistre roi ! Un soir de pluie battante, on frappa à la porte du château. « Asile, par pitié donnez asile à une pauvre vieille, je suis affamée et trempée jusqu’à mes pauvres os ! » Les serviteurs se précipitèrent mais le roi leur interdit d’ouvrir la porte et il cria lui-même du haut du donjon « passe ton chemin, la vieille, tu perds ton temps ! » Il n’avait pas plutôt prononcé ces paroles qu’une lueur multicolore apparut dans le donjon et une fée d’une resplendissante beauté se présenta devant le roi médusé et muet pour une fois ! « Roi, tu es toujours en colère, tu n’aimes rien ni personne et tu as osé t’attaquer aux merveilleux arbres de ton domaine. Ne pouvant croire à tant de méchanceté, j’avais décidé de te donner une chance de te racheter en me présentant à toi sous la forme de cette pauvre vieille. Tu es tellement sans-cœur que tu l’as chassée sans pitié ! Tu seras puni pour tout cela et ta punition durera tant que tu n’auras pas fait naître l’amour et la compassion dans ton cœur. » Sur ces mots, la fée disparut dans un tourbillon de lumière.


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Le roi éclata d’un rire méchant et se dit « si elle croit me faire peur ! » Il alla se coucher la rage au cœur, vexé d’avoir été humilié devant ses sujets. Au petit matin le roi s’éveilla et comme il essayait de s’étirer il ressenti une violente résistance dans ses bras et ses jambes. Il essaya d’appeler mais pas un son ne sortit de sa bouche ! Il ouvrit alors les yeux et découvrit avec horreur qu’il était dressé au milieu du parc et qu’il était un arbre ! Il ne pouvait pas bouger, il ne pouvait pas appeler et encore moins crier et c’est ainsi que ses serviteurs le découvrirent. Ils ne savaient pas quoi faire et la nouvelle gagna vite tout le royaume. « Ha, ha, ha, le voilà bien puni lui qui déteste tellement les arbres et la nature : planté tout seul au milieu du parc ! » durant tout le jour cette rumeur courut dans les rues et les champs. Comme le soleil se couchait, le roi ressenti comme un craquement et il se retrouva d’un coup sous sa forme humaine. Il commença immédiatement à pester et à se venger de son humiliation en tyrannisant ses pauvres sujets ! Il se coucha enfin, heureux d’avoir retrouvé son corps d’homme et son lit.

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Hélas pour lui, au matin il se trouva de nouveau planté dans le parc sous la forme du même chêne majestueux ! Telle était la punition du roi : chaque matin, depuis ce jour il se transformait en arbre et restait ainsi jusqu’au coucher du soleil ! Des jours et des jours passèrent, peu à peu les habitants du royaume reprirent goût à la vie et leurs journées étaient délivrées des caprices du roi et de ses colères. Petit à petit le roi commença à se calmer, le soir il criait moins et essayait de profiter du temps où il avait son corps d’homme. Un beau matin il se surprit à ressentir la douce chaleur du soleil sur ses branches et il ferma les yeux un instant. Un oiseau passait par là, il était amoureux et cherchait un endroit idéal pour construire un nid pour sa belle. En voyant ce beau chêne il décida de s’y installer. Le roi eut beau remuer ses branches pour le décourager, l’oiseau commença à construire son nid et le roi fut bien obligé de le laisser faire. L’oiseau arriva enfin avec sa belle et il y eu bientôt des œufs dans le nid. D’autres oiseaux décidèrent de s’installer aussi sur les branches de ce bel arbre qui se mit à bruisser


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de la vie qui l’habitait maintenant : le piaillement des oisillons, le bruit des ailes des oiseaux et leur chant. Les insectes aussi étaient revenus vivre sur l’arbre, sous son écorce et dans son tronc, voisinant ainsi avec les écureuils qui gambadaient joyeusement sur les branches. Le roi supportait tout cela, disait-il puisqu’il n’y pouvait rien changer ! Un matin, un oisillon imprudent se pencha au bord de son nid, il se pencha encore et il tomba comme une pierre. Sans qu’il en ait conscience le roi tendit une branche qui évita au petit oiseau une mort certaine, il se retrouva blotti sur les feuilles épaisses et c’est là que ses parents le retrouvèrent, tout tremblant encore. Le roi se demandait encore, le soir venu, pourquoi il avait agi ainsi et le lendemain matin il eut la surprise de voir l’oisillon sauter sans crainte sur la branche qui se trouvait sous son nid. Le roi, sans réfléchir s’assura que l’imprudent avait bien atterrit sur la branche où il resta toute la matinée. Durant des jours et des jours, le petit oiseau répéta le même atterrissage et c’est en partant de cette branche qu’il fit son premier vol d’essai, revenant se blottir triomphalement sur les feuilles du chêne.

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Le roi, il dû bien l’admettre, était très fier du premier vol de l’oisillon et le soir, quand il reprenait son aspect humain, il pensait encore à son nouvel ami. Le caractère du souverain changeait de plus en plus, les petits écureuils pouvaient sans crainte se rouler sur les branches, les oiseaux commençaient à prendre l’arbre pour un havre et un refuge. Que se passait-il pour les animaux la nuit, quand le roi était un homme à nouveau, personne ne le sut jamais ! Un matin, avant le lever du soleil, le roi convoqua les jardiniers et leur ordonna, pour leur plus grande joie, de replanter des arbres sur tout le domaine. C’est ce jour-là que le peuple le baptisa « Le Roi Vert ». La vie reprit pour de bon dans le parc, les enfants installèrent des balançoires sur l’arbre-roi, il était si grand et plein de nids qu’ils avaient l’impression d’être en sécurité sous ses branches. Il fallut bien admettre que le roi était transformé et le soir où un vieux vendeur ambulant tomba devant la porte du château, le roi sorti lui-même pour le secourir. Le roi fit soigner le vieil homme et l’invita à partager son repas. Le vieil homme se coucha ensuite mais au matin il avait disparu !


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Dans la grande salle du château, le roi eu la surprise de trouver la fée qui l’avait puni plusieurs années plus tôt. Elle était toujours aussi belle et son sourire la rendait plus rayonnante encore. La fée regarda le roi et lui dit : Roi Vert, tu as su trouver dans ton cœur l ‘amour et la compassion, tu as rendu le sourire et le bonheur à ton peuple. Je te délivre du sort qui faisait de toi un arbre chaque matin. Le roi bondit de joie en entendant ces mots et c’est à ce moment que la fée remarqua à quel point il était beau ! Elle resta au château plusieurs jours au cours desquels le Roi Vert posa un genou en terre et lui demanda de devenir sa reine, ce qu’elle accepta avec joie. C’est ainsi que depuis, le bonheur, la nature et la magie règnent en maîtres sur le royaume du Roi Vert.



A li, l’arbre magique et le voyou

Il était une fois un pauvre garçon nommé Ali. Il habitait une oasis perdue dans un grand désert de sable rouge. Il vivait là avec ses parents et ses 5 sœurs. Un jour le sultan désigna le père d’Ali pour devenir soldat dans son armée et partir à la guerre. Le père dit à Ali « Mon fils tu dois me promettre de prendre soin de ta mère et de tes cinq sœurs ». Ali, des larmes dans les yeux et le menton tremblant promis à son père de faire tout ce qu’il pourrait pour prendre soin de la famille. Au bout d’un mois, la maman, quand les petites filles furent couchées dit à Ali. « Mon fils, je n’ai plus d’argent pour acheter de la farine et du couscous, si tu ne trouves pas une solution nous allons mourir de faim » C’étaient les mots qu’Ali redoutaient d’entendre depuis le départ de son père . Il partit en courant

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et se réfugia dans un palmier qui avait toujours été sa cachette secrète. Arrivé tous en haut de l’arbre, il serra dans ses bras le tronc de l’arbre et lui dit. « Mon arbre, je suis perdu ! » A la grande surprise d’Ali, une voix profonde lui répondit : « N’aies pas peur mon garçon, regarde entre mes branches et tu trouveras des grappes de fruits délicieux que tu appelleras dattes. Vas les vendre au marché, tu auras en échange tout ce qu’il faudra à ta mère pour vous nourrir » Le petit garçon se frotta les yeux et il entendit encore « va mon enfant ! » Il alla chercher un grand sac et le remplit jusqu’au bord avec les dattes. Il goûta un fruit et le trouva délicieux. Le lendemain de bonne heure il était au marché et faisait goûter ses fruits à tout le monde. Personne n’avait jamais rien mangé d’aussi bon et tout le monde proposa à Ali d’échanger ses fruits contre des ‘œufs, de la farine, du couscous, de l’huile, du sel. Quand Ali rentra chez lui il montra à sa mère les dattes qui lui restaient et le grand sac plein de nourriture. Toute la famille fit un bon repas et Ali dit que le lendemain il retournerait au marché.


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Malheureusement pour Ali, Omar, qui était le plus grand voyou de la région avait observé la scène du marché et s’était bien promis de trouver d’où venaient les dattes et de les voler. Avant de se coucher, Ali alla remercier son arbre et lui demanda d’autres fruits pour le lendemain matin ; Le petit garçon alla ensuite se coucher en chantant. Dès qu’Ali fut parti, Omar monta sur l’arbre et lui dit : Je veux des fruits, beaucoup et tout de suite ! » Silence ! Je t’ordonne de me donner des fruits ! Silence ! Omar se mit à crier et l’arbre resta aussi silencieux. Le garçon descendit de l’arbre furieux et décida d’un plan pour voler les dattes à Ali le lendemain. Omar trouva un costume de prince dans une vieille malle, il colla des morceaux de bois à ses chaussures pour avoir l’air plus grand, se dessina une moustache et passa le reste de la nuit à se trouver un nom de prince bien impressionnant. Au matin il avait trouvé : Omar, Zulficar, Mohamed Abdelmalek ! Prince de Ceci et de Cela, de Voici et de Voilà.

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