2e
Š Stoul, Retrospection, 2014
Du bronze au pinceau Minutieuse légèreté De l’éternel féminin
Guidée par la main maternelle, Stoul entame tôt son cheminement artistique. Le regard est initié dans les musées et les galeries. Les mains tâtonnent d’une technique à l’autre lors d’ateliers. Entre temps, le petit écran et la libraire du coin offrent pléthore de mangas, ouvrant une fenêtre sur l’Asie. Les jeunes années de Stoul esquissent un parcours riche de sources d’inspiration. Sa fibre artistique s’affirme à l’école Boulle et se confirme par des cours de dessin à l’École Duperré. Stoul répond ainsi à un attrait pour le stylisme et à une volonté d’orienter sa recherche vers l’humain, le corps. Début 2000, l’école terminée, elle traverse une période punk, vadrouille de squat en squat et multiplie les rencontres artistiques. C’est au 59 Rivoli qu’elle trouve l’occasion d’exposer et un lieu où expérimenter techniques et idées pendant quelques mois. Le chat, présent depuis toujours dans son environnement, est un sujet de prédilection. Un chapeau, une coiffure, quelques accessoires… l’artiste humanise les félins au gré des looks qu’elle leur invente. Moumoute, brillants et crochets donnent du volume à ses toiles. Ces jeux de matières font échos à un passé proche et réveille son intérêt pour la couture.
10
L’histoire de la mode, les tendances à venir sont ses nouvelles bases de réflexion. La punkette s’éloigne pour laisser place à la jeune femme, alors que ses chats adoptent des traits et des postures de plus en plus féminines. En 2005, la disparition de sa grand-mère plonge Stoul dans les souvenirs. Sur toile, pas question de mélancolie ou de tristesse. Sa nostalgie se révèle sous forme de motifs floraux et dans la subtilité de détails vintage qui peaufinent les tenues de ses femmes-chats. L’artiste place ainsi son travail entre héritage et modernité. Stoul a déjà abordé la rue avec quelques collages lorsqu’elle fait la rencontre des 7MR. Invitée à peindre à leurs côtés, elle approfondit son travail à la bombe et fait vivre ses félines créatures sur des supports plus bruts que jamais. Elle aborde ainsi un nouveau type de matériaux et une pratique qu’elle saura rapidement adapter. Brique, béton, rideau de fer et plus encore, cet univers lui permet de multiplier les projets, les collaborations et les fresques à grande échelle. Stoul, à l’affût de ce que la technologie peut apporter à son travail, s’est initiée au graphisme. En 2010, elle révèle le fruit de cet apprentissage. Avec la série « Invitation au voyage », elle trace un nouveau pont entre hier et aujourd’hui. Les couleurs passées des clichés retravaillés numériquement, qui servent de base à ses œuvres, rappellent le studio photo de ses
Ci-dessous : Portrait de Stoul au festival Give me a Wall (Art Azoï) devant un détail fresque par Stoul, Kashink, Nowart
aïeux, l’un des premiers en France. Par la suite, elle dévoile son savoir-faire en matière de dessin vectoriel. « Let’s rock again », raconte sa vision de l’histoire de la musique, incarnée par ses femmes-chats, du boogie au punk en passant par le disco.
loppé un véritable intérêt pour les cultures traditionnelles et affiné son sens de l’esthétique. Loin de chercher à représenter, ses personnages rendent possible une fuite vers des imaginaires que chacun est libre de s’approprier.
Devenue maman en 2013, son travail franchit une nouvelle étape. Les couleurs évoluent, mais les formes également. Les atours de ses femmes-chats deviennent de plus en plus géométriques, tels d’immenses origamis. Elle rappelle ainsi que si l’Asie a donné une impulsion à son trait, son influence ne se limite pas aux personnages de mangas. Stoul, au cours de sa construction en tant qu’artiste, a déve-
Stoul est une artiste à placer sous le signe de la diversité. Curieuse des styles en général, elle a développé un univers bien à elle. Ses femmes-chats se nourrissent de chaque étape de son parcours personnel comme professionnel, elles grandissent avec elle. Elle voit dans les travaux avec d’autres artistes autant d’occasions d’apprendre et de découvrir de nouvelles techniques. À l’inverse, elle partage son savoir lors d’ateliers participatifs avec des adultes et des enfants. Ouverte à l’idée de travailler avec de jeunes créateurs ou des marques, elle entretient depuis sa formation un rapport particulier avec l’objet et n’hésite pas à inscrire ses créations dans le quotidien, avec des pièces uniques ou de petites séries. En ce sens, elle attache une importance particulière à la récup’ et au détournement d’objets, de mobiliers patinés par le temps. L’art urbain, parce qu’il est accessible à tous et provoque les rencontres, correspond à son approche de la peinture. Ainsi, elle participe régulièrement à des expositions, des événements, des ventes caritatives et des ateliers. Elle est également sollicitée pour des événements à l’étranger, en Europe et plus récemment à Hong-Kong.
11
FĂŠlines insolentes Les mangas-chattes Ă fourrure soyeuse
À gauche : « Pour Maguy » Acrylique sur toile 50x50cm 2004
Ci-contre : « Miss Grib » Acrylique et collages sur toile 2004
15
1
2
3
4 16
1 : « Super Grib » Acrylique et collages sur toile 35x27 cm 2004 2 : « Miss Pop » Acrylique sur toile 81x54 cm 2004 3 : « Studieuse » Acrylique et collages sur toile 81x54 cm 2004 4 : « Lady Killa » Acrylique sur toile 97x73 cm 2004
Ci-contre : « Geiko Fleurette » Acrylique sur toile 55x46 cm 2004
17
« Miss Betty » Acrylique sur toile 2005
« Miss Chantal » Acrylique sur toile 27x35 cm 2005 18
« Miss Maguy » Acrylique sur toile 27x35 cm 2005
« Lady Orange » Acrylique sur tissu 24x33 cm 2005
19
« Sakura » Acrylique sur toile 55x38 cm 2005
20
« Miss Katty » Acrylique sur toile 30x30 cm 2005
21
Je suis celle qui ĂŠtait Nostalgique jeunesse Trait intemporel
« Military » Acrylique et collages sur toile 2005
24
« Marina » Acrylique et collages sur toile 2005
25