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Le premier meurtrier confondu à l’aide du profilage d’ADN
from Blaulicht 1/2021
by Blaulicht
Le CODE
d’un tueur
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Colin Pitchfork fut le premier meurtrier confondu à l’aide du profilage d’ADN. Ce ne fut pas tant la méthode d’analyse de l’ADN, développée par Sir Alec Jeffreys de l’Université de Leicester qui lui a été fatale, mais plutôt et surtout la loquacité d’un collègue de travail.
The UK & Ireland Database
L’être humain possède deux empreintes individuelles : la classique, celle qu’il laisse avec les bouts de ses dix doigts et celle qui se trouve dans le patrimoine génétique de ses cellules, à savoir l’empreinte génétique que l’homme dépose sur le lieu du crime via ses squames, sa sueur, son sang ou ses fluides corporels. L’utilisation de l’empreinte génétique – décrite pour la première fois par l’anglais Sir Alec Jeffreys en 1984 – pour faire avancer les enquêtes criminalistiques, fait de nos jours partie intégrante du répertoire standard de la forensique.
Deux meurtres – pas un seul coupable
» Colin Pitchfork – ici sur une photo prise lors d’une sortie en 2017 –fut le premier meurtrier à être confondu et condamné grâce à l’empreinte génétique.
L’analyse de l’ADN, une révolution
Les investigateurs travaillant avec le détective David Baker se sont alors tournés vers Alec Jeffreys. Ce dernier, en collaboration avec Peter Gill et Dave Werret du Forensic Science Service (FSS) avoisinant, venait de décrire, un an plus tôt, la technique d’analyse de l’empreinte génétique d’un être humain. En effectuant une comparaison du profil ADN des
À peu près à la même époque, à savoir le 21 novembre 1983, la jeune Lynda Mann âgée de 15 ans, a été attaquée, violée et étranglée alors qu’elle marchait dans une rue vide de monde dans la ville de Narborough dans le Leicestershire. Lors de l’autopsie du corps, la police a découvert et sécurisé des traces de sperme. Leur examen forensique a révélé que l’auteur du crime a le groupe sanguin A et que son profil d’enzymes, relativement rare, correspond à uniquement dix pour cent des hommes. Il n’était pas possible, à l’époque, d’avoir plus de renseignements, les investigations n’ont donc pas pu aboutir.
Et puis, trois ans plus tard, soit le 31 juillet 1986, Dawn Ashworth a été assassinée et le crime a révélé des parallèles terribles avec le meurtre de Lynda Mann. Une fois de plus, la jeune fille était âgée de 15 ans, le lieu du crime était encore dans le Leicestershire, elle aussi a été frappée, violée et étouffée par son assassin, et, des traces de sperme ont également pu être prélevées. Leur analyse a révélé le même groupe sanguin et le même profil enzymatique.
» Sir Alec Jeffreys, de l’Université de Leicester, a développé la méthode de l’empreinte génétique en 1984. Elle fut utilisée par le Forensic Science Service britannique.
University of Leicester
échantillons de sperme trouvés sur les deux victimes et du profil ADN du principal suspect, le jeune Richard Buckland âgé de 17 ans, les spécialistes en forensique ont fait la découverte étonnante suivante : les deux adolescentes ont été assassinées par le même homme, mais pas par Richard Buckland, qui avait, pour le moins, déjà avoué le deuxième crime !
C’est ainsi que, pour la première fois dans l’histoire criminelle, l’analyse d’ADN a évité une erreur judiciaire plus que vraisemblable. Richard Buckland a été libéré – et les enquêteurs ont recommencé à zéro.
Les premiers tests ADN de masse en Angleterre
Soucieux de trouver une piste menant au meurtrier, la police du comté de Leicestershire a organisé, en collaboration étroite avec le FSS, les premiers tests ADN de masse dans l’histoire de la criminalité. Pendant six mois, les échantillons de sperme et de salive prélevés sur près de 5 000 hommes volontaires se trouvant dans le secteur des crimes ont été collectés et analysés – sans succès. mettre à une thérapie dans l’hôpital Carlton Hayes de Narborough. Mais, sans succès, comme l’indiqua Pitchfork : Lorsque les actes de coercition sexuelle ne lui ont plus suffi pour assouvir ses pulsions, le boulanger et pâtissier, père de deux enfants, a fini par devenir violeur et meurtrier.
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» L’affaire de Colin Pitchfork a fait l’objet d’un film pour la télévision britannique en 2015. Le drame « Code of a Killer » est disponible en streaming vidéo et sur DVD. Le 22 janvier 1988 – oui, à l’époque les tribunaux travaillaient encore bien plus rapidement qu’aujourd’hui Colin Pitchfork a été condamné à la réclusion à perpétuité, respectivement à un minimum de 30 ans de prison. Dans un procès en appel en 2009, la peine minimale a été réduite à 28 ans – et, en 2016, au terme de ce délai, le double meurtrier a présenté une demande de mise en liberté. Le lord juge en chef d’Angleterre, Igro Judge, qui était alors en charge de l’affaire, rejeta la demande. Son motif : la sécurité publique ne pouvait pas être considérée comme assurée. Le fait que Pitchfork avait obtenu un diplôme universitaire entretemps et qu’il était passé expert dans la transcription de partitions de musique en braille ne lui a pas non plus été d’une grande aide. En effet, son objectif avait été de pouvoir aider un jour les aveugles, comme l’ont assuré ses avocats au juge.
Un complice bavard
Et puis, le 1er août 1987, presque un an jour pour jour après le meurtre de Dawn Ashworth, Ian Kelly, l’ancien collègue de boulangerie de Colin Pitchfork a commis l’erreur fatale ! Dans un bar, il a raconté avoir reçu 200 livres sterling de son collègue en échange de donner un échantillon de sa personne au test ADN de masse en se faisant passer pour Pitchfork. En effet, ce dernier craignait la police en raison de ses antécédents judiciaires. Une femme, témoin fortuit de la discussion, a fait part de cette information aux services de police, ce qui a conduit à l’arrestation de Colin Pitchfork le 19 septembre 1987. Un échantillon de salive prélevé sur lui l’a démasqué comme étant l’assassin recherché.
Le meurtrier avoue
Dans les interrogatoires qui ont suivi et au procès, il s’est avéré que Colin Pitchfork avait déjà développé des pulsions exhibitionnistes pendant sa jeunesse et qu’il’s était découvert plus de 1 000 fois devant des femmes. Cela lui avait valu une condamnation avant son mariage en 1981 et il dut se sou
Le meurtrier sera-t-il bientôt libéré ?
En 2018, la deuxième demande de libération de Colin Pitchfork est à nouveau rejetée. Toutefois, le double meurtrier a tout de même réussi à bénéficier d’un assouplissement de la détention, ce qui lui a permis de quitter la prison à plusieurs reprises pendant quelques heures. En décembre 2020, Pitchfork présenta sa troisième demande de remise en liberté. À l’heure où cette édition est bouclée, le juge anglais n’avait pas encore tranché.
Tous ceux qui souhaitent plonger dans l’univers de la forensique des années 1980 et suivre le commissaire en chef David Baker dans ses investigations et découvrir comment il a réussi à confondre le double meurtrier Colin Pitchfork par profilage d’ADN et avec l’aide de l’analyste d’ADN, Alec Jeffreys, ils devraient regarder la série télévisée en trois épisodes « Code of a Killer ». Ce drame policier peut être visionné au choix sous forme de streaming ou sur DVD, mais dans les deux cas, uniquement en anglais.