Courir avec persévérance • Collectif

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13 auteurs dont Tim Keller Don Carson Étienne Lhermenault Éric Waechter Sous la direction de Collin Hansen

P ERSÉVÉRANCE

LES DÉFIS DU MINISTÈRE PASTORAL



J’ai pris plaisir à lire ce livre plein d’humanité et d’intégrité eu égard au ministère pastoral et aux responsabilités d’un pasteur. Après quarante ans de ministère, je confirme que ces situations et ces questions correspondent tout à fait au vécu d’un pasteur : le ministère en tant que leader, la prédication, le couple pastoral, les finances, le conseil d’administration, etc. C’est une idée originale d’encourager à la fidélité et à la persévérance à partir de situations pratiques dans lesquelles n’importe quel pasteur se reconnaît. Je souscris tout à fait au conseil qui insiste sur une vigilance personnelle en particulier de notre cœur, comme le bien le plus précieux. Dans les moments de bénédictions et d’épreuves, notre cœur est ce que nous devons surveiller par-dessus tout pour éviter de glisser dans une satisfaction dangereuse, ou dans l’amertume et le découragement lors des crises. Le psaume 91 affirme que les justes croissent comme les palmiers et comme les cèdres du Liban, c’est-à-dire souvent en terrain hostile. Le ministère doit se vivre par la force de celui qui nous a appelés, non par la nôtre, afin que la gloire revienne à Dieu.

Christian Blanc

Président du Conseil national des évangéliques de France

Un pasteur, ça connaît l’usure et la fatigue ; ça tombe dans le découragement et la dépression. Ce livre est court mais riche sur le plan pastoral. Nul doute qu’il redonnera de la vigueur spirituelle aux pasteurs. Pasteurs, lisez et méditez chacune des contributions de ce livre : elles vous apporteront force et réconfort tout au long de votre cheminement.

Thomas R. Schreiner

Professeur d’interprétation du Nouveau Testament au Southern Baptist Theological Seminary

Le ministère est loin d’être un long fleuve tranquille. Qui n’a pas eu envie de jeter l’éponge à un moment donné devant l’usure, le doute, la critique, les injustices, la solitude et j’en passe ? Mais l’abandon du ministère ne résout pas pour autant le dilemme, car à des degrés différents, ce sont les difficultés de tout chrétien qui veut suivre fidèlement son Seigneur. Il est donc important d’affronter ces remises en question et les auteurs de ce livre nous font part avec simplicité, mais aussi avec courage de leur parcours dans la découverte de la toute suffisance de la grâce de Dieu. À lire et relire !

Mike Evans

Président d’Évangile 21 Directeur émérite de l’Institut biblique de Genève


Voilà un livre utile à tous ceux qui sont épuisés ou découragés dans leur engagement au service du Seigneur et de son Église. C’est également un livre nécessaire pour ceux qui commencent un ministère. Leur route comprendra des chemins parallèles dont ils n’ont pas encore la mesure : celui, joyeux, d’un service aux objectifs nobles et éternels, et l’autre, terriblement sombre, de leurs propres insuffisances humaines et spirituelles, aggravées au contact de celles des autres. Cette lecture permettra à tous d’anticiper les embûches du ministère et de prendre en compte les sages conseils distillés par ces serviteurs expérimentés.

Florent Varak

Pasteur, missionnaire avec la mission Encompass Blogueur sur ToutPourSaGloire.com Ce livre est génial ! Je ne saurais insister sur la sagesse inestimable qu’il contient. Chaque chapitre foisonne de conseils pratiques, tous prodigués par des pasteurs aguerris. L’appel au ministère pastoral est un grand honneur et la responsabilité de prêcher l’Évangile est magnifique, mais la vie d’un pasteur traverse inévitablement des périodes difficiles. Chaque auteur en parle avec la tendresse de la compassion, la grâce de la compréhension et l’aide de la vérité dite dans l’amour. Si vous êtes pasteur, procurez-vous ce livre et lisez-le à cœur ouvert. Puis conservez-le précieusement parce que vous passerez par des moments où vous devrez y retourner. Vous trouverez alors en lui un ami.

Paul David Tripp

Président de Paul Tripp Ministries Auteur de Être parents et Un Appel dangereux Fatigue, souffrance, découragement, doute… une série de lettres interpelle des pasteurs expérimentés, sur les épreuves rencontrées au service de Dieu. En réponse aux questions qui assaillent les responsables d’Église sur leur vocation, les chapitres de ce livre sont un baume apaisant. Ils constituent de courtes exhortations, faciles à lire, fondées sur l’Écriture, la foi et l’expérience de ces aînés dans le ministère. Les conseils partagés sont autant d’encouragements fraternels à s’enraciner toujours plus en Jésus-Christ, en déjouant les pièges que nous tendent notre propre cœur ou la vie communautaire de notre Église. Les chapitres de ce livre nous font réfléchir et parfois pleurer ou rire, mais toujours pour nous aider à persévérer dans le beau ministère de pasteur.

Frédéric Bican

Pasteur de l’Église Action Biblique de Grasse Président de l’Action Biblique France


Si vous aspirez au ministère pastoral, ou si vous êtes pasteur, ne vous privez pas des effets bienfaisants de ce livre. Il est unique : des pasteurs expérimentés – dont certains francophones – vous transmettent leurs « secrets » quant aux aspects plus ardus du service pastoral. Loin d’être un livre de recettes, cette compilation de réflexions honnêtes, empreintes de sagesse, chassera les clichés et les raisonnements simplistes sur le pastorat. Les pasteurs qui en feront la lecture se sentiront compris, revigorés et bien guidés pour la suite de leur ministère. J’ai l’intention de faire lire cet ouvrage à mes étudiants qui se forment pour le ministère pastoral.

Dominique Angers

Professeur de Nouveau Testament et de théologie pratique, Faculté de théologie évangélique de Montréal (Université Acadia) La vocation pastorale est un métier à risques. La moisson est grande, mais les ouvriers sont insuffisants et les abandons trop nombreux. Voici un livre réaliste qui avertit des risques, mais qui aide aussi à mieux les gérer et les anticiper. Certes, il s’adresse aux pasteurs et à ceux qui se préparent à l’être, mais les membres d’Églises en tireront aussi profit, car il n’y a pas de berger sans troupeau et certaines brebis mordent le berger. En se gardant d’une vision désincarnée ou triomphaliste, les auteurs sont des hommes de terrain qui ont connu les douleurs du ministère : les critiques, les crises, les doutes quant à l’appel, l’épuisement, la dépression et l’envie d’abandonner. Ils savent de quoi ils parlent, ils nous rejoignent dans nos détresses, et ils partagent de manière simple et concrète ce que veut dire courir avec persévérance.

Jonathan Ward

Président du Réseau de soutien aux ministères (Resam) Directeur de Pierres Vivantes, Entrepierres

Dans le ministère, vous avez besoin de quelqu’un qui vous accompagne. Et plus le compagnon est sage, mieux c’est. Nous n’avons pas tous l’heureux privilège de nouer des amitiés avec des pasteurs comme ceux qui ont contribué à ce volume, mais ici, eux-mêmes vous ouvrent les portes de leur vie. Ils confient ce qu’ils ont traversé, leurs doutes, leurs épreuves, tout ce qui a brisé leur cœur de pasteur. Ce faisant, ils prodiguent des conseils qui redonneront espoir à ceux qui sont engagés dans le ministère. Et nous en avons tous besoin.

J. Ligon Duncan III

Président et directeur du Reformed Theological Seminary Professeur de théologie systématique et historique


Les auteurs de ce livre ont bien su identifier les zones où la planche est savonnée pour les responsables d’Église. Les témoignages vécus et les conseils avisés de la part de pasteurs sages aideront les responsables à éviter certains dérapages malheureusement communs. J’apprécie le recours salutaire aux Écritures dont beaucoup de contributeurs font preuve. À lire par tous les jeunes pasteurs et tous les pasteurs qui passent par un moment difficile.

Brad Dickson

Pasteur implanteur d’Église à Aix-en-Provence Ancien professeur et membre fondateur du comité de l’IBG Notre service nous plonge dans la découverte de réalités profondes. Jésus déclare : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12 : 24). C’est au service de l’Église, comptant sur l’aide de Dieu que nous entrons dans l’acceptation de la mort, de celle qui propage la vie autour de nous ! Je ne savais pas, jeune pasteur, que ma mort « au moi » est l’outil qui communique la vie ! Il fallait que je l’expérimente : que Jésus croisse et que je diminue ! Les auteurs m’encouragent à poursuivre le pèlerinage en m’appuyant sur Dieu ! J’ai bien pris conscience que mes fragilités ne me disqualifient pas dans cette marche vers l’au-delà. C’est si bon d’être au service du Roi des rois, et de favoriser la beauté de son Épouse ! C’est l’effet de SA GRÂCE !

Daniel Herrmann

Pasteur et coach de pasteurs Incendié, dérouté, meurtri, insatisfait, désespéré, dans le doute, confus, perplexe, etc. Les pasteurs sont étonnamment des êtres humains et il est bon de le rappeler, autant pour nous tous que pour eux-mêmes. Ce livre met en lumière ce que beaucoup d’entre eux vivent malheureusement dans l’ombre. Il a la pertinence de l’honnêteté : pas de discours bien policé, mais des cœurs sincères dont les réflexions seront autant utiles pour les jeunes pasteurs que pour les plus âgés. Les plus jeunes, car la charge pastorale est un défi quotidien dans lequel tous les domaines de la vie sont éprouvés ; les plus âgés, car il est bon de se rappeler que les épreuves vécues sont supportées par beaucoup et que le ministère a une visée éternelle. Enfin, pour tous : qu’il en est un, Jésus-Christ, qui nous a précédés et qui a vécu l’ensemble de ces souffrances dans le passé, qu’il les partage avec nous dans le présent et qu’il les fera disparaître dans le glorieux avenir qu’il nous prépare.

Samuel Laurent

Conseiller biblique


L’apôtre Paul a écrit : « Suivez ma façon de suivre Christ ». Nous grandissons non seulement par l’apprentissage des notions chrétiennes véritables, mais aussi en côtoyant des gens fidèles. Dans ce livre, une brigade de pasteurs aguerris invite les jeunes pasteurs à lui emboîter le pas à travers les secousses et les tentations du ministère. Ces hommes nous ouvrent le chemin de sagesse que le Seigneur, dans sa fidélité, offre à chaque nouvelle génération. J’aurais aimé lire ce bon livre quand j’étais jeune pasteur.

Ray Ortlund

Pasteur de l’Église Immanuel Church de Nashville (États-Unis) Nombre de pasteurs soupirent après la reconnaissance. Reconnaissance de leur épouse, de leurs proches, des membres de leur communauté, de la société, etc. Cette quête participe, certes, aux besoins fondamentaux de l’être humain, mais ne manque-t-elle pas la réalité profonde du pastorat ? En visitant des lieux de précarité comme l’épuisement, le doute face à l’appel, les difficultés financières, le manque de retours positifs suite à nos prédications, ce livre met des mots sur des expériences vécues. Il encourage aussi à être ouvert à la « critique », tout en se rappelant le fondement de ce qui anime notre vie : Jésus-Christ. Merci à cet ouvrage de nous rappeler cet horizon face à nos besoins de reconnaissance !

Serge Carrel

Pasteur et journaliste Fédération Romande d’Églises Évangéliques (FREE) Le pastorat est, à certains égards, comparable au rôle de parent : il est à la fois l’une des vocations les plus gratifiantes de l’existence, tout en étant pénible et impossible par moment. Ce petit livre intègre bien cette double réalité inhérente au ministère pastoral, que l’on soit novice ou vétéran. Il encouragera l’enthousiasme des jeunes aspirants sans nourrir la naïveté qui les caractérise peut-être. Il rafraîchira les ouvriers désillusionnés qui persévèrent en tenant bon, mais qui risquent de céder au cynisme ou à l’amertume. Chaque chapitre de cet ouvrage, court, mais complet, m’a apporté une bénédiction ; je le recommande hautement.

Pascal Denault

Pasteur de l’Église réformée baptiste de Saint-Jérôme (Québec) Auteur du livre Le Côté obscur de la vie chrétienne



P ERSÉVÉRANCE LES DÉFIS DU MINISTÈRE PASTORAL


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Faithful Endurance : The Joy of Shepherding People for a Lifetime © 2019 • The Gospel Coalition Publié par Crossway, un ministère de Good News Publishers 1300 Crescent Street • Wheaton • IL 60187 • États-Unis Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Courir avec persévérance : Les défis du ministère pastoral © 2020 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : E2m Couverture : Peter Voth Mise en page : BLF Éditions Impression n° XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Nouvelle version Segond révisée (Bible à la Colombe), © 1978 Société biblique française. Avec permission. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par les contributeurs du présent ouvrage. Des versions alternatives ont aussi été employées : la Nouvelle Édition de Genève (NEG), la Bible Darby (DRB), la Bible du Semeur (BDS) et la Second21 (S21). Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les chapitres 8, 9 et 11 de l’édition originale ont été remplacés par des contributions propres à l’édition française. Une coédition BLF Éditions et Évangile21 ISBN 978-2-36249-545-8 ISBN 978-2-36249-546-5

broché numérique

Index Dewey : 253.2 (cdd 23) Mots-clés : 1. Ministère pastoral – Leadership 2. Vie personnelle du pasteur


À mes pasteurs. Que Dieu nous donne la force et la foi de finir la course ensemble. Collin Hansen

Pour Harry Reeder et Tony Rose, Deux héros du ministère ; Qui ont couru avec persévérance et fidélité à travers les nombreux dangers, les peines et les pièges. Jeff Robinson



TA B L E D E S M AT I È R E S Préface.......................................................................................... 13 Étienne Grosrenaud Introduction................................................................................ 17 Collin Hansen CHAPITRE UN Je sers, mais spirituellement je suis vidé............................ 19 Tim Keller CHAPITRE DEUX Est-il temps pour moi de démissionner ?.......................... 27 Don Carson CHAPITRE TROIS J’ai l’impression de me répéter quand je prêche............... 37 Bryan Chapell CHAPITRE QUATRE Je suis sous le feu des critiques............................................. 51 Dan Doriani CHAPITRE CINQ Je n’aurais jamais fréquenté l’Église que je dirige............ 65 Tom Ascol CHAPITRE SIX Je suis critiqué et c’est pesant pour ma femme................. 77 Juan Sanchez, avec Jeanine Sanchez


CHAPITRE SEPT Ils ont quitté l’Église et je suis anéanti !............................. 89 Dave Harvey CHAPITRE HUIT Mon Église ne grandit pas, ai-je échoué ?.......................... 105 Gilles Georgel et Pierre Bariteau CHAPITRE NEUF Je n’en peux plus, je me sens perdu et j’aimerais que le Seigneur me reprenne................................................ 117 Étienne Lhermenault CHAPITRE DIX Mon Église est devenue trop grande pour mes dons....... 129 Scott Patty CHAPITRE ONZE Comment persévérer quand les finances ne suivent pas ?...................................................................... 141 Éric Waechter CHAPITRE DOUZE J’en suis venu à douter de mon appel.................................. 153 Jeff Robinson Postface : Un entretien avec John MacArthur....................... 167 Les auteurs................................................................................... 177 Index biblique............................................................................. 179 À propos d’Évangile 21.............................................................. 183


PR É FAC E « Celui qui aspire à être un dirigeant dans l’Église désire une belle tâche » dit l’apôtre Paul à Timothée. C’est effectivement extrêmement beau d’être au service du meilleur des Maîtres ! Mais le chemin peut être difficile et les découragements nombreux. Il semble que nous traversions une période plutôt sombre de ce côté-là. Comme le remarque Jérôme Cottin1 : « Qu’ils soient Français, Belges ou Suisses, une vague de démissions, burnout et dépression touche les pasteurs ». Ce n’est ni nouveau ni banal. Je remercie vivement les auteurs de Courir avec persévérance de nous aider à faire le point et à chercher le soutien auprès du Maître de la moisson. Tim Keller évoque le grand vide intérieur que l’on peut ressentir, et il met le doigt sur les problèmes d’identité liés au ministère et sur les dégâts fréquents de l’orgueil dans nos vies. L’option de l’abandon est quelquefois criante. Don Carson nous invite à faire un tour d’horizon des questions à se poser et des repères utiles pour réfléchir dans la tourmente. Bryan Chapell nous aide à faire face avec réalisme à la question de la lassitude et du manque de ressourcement personnel du prédicateur qui veut donner aux autres quand il est à bout de souffle lui-même. Les critiques font partie des flèches particulièrement douloureuses. Certaines très injustes, d’autres dénonçant de vrais faux pas de notre côté. Don Doriani nous accompagne dans ce laby1 Jérôme Cottin, professeur de théologie pratique et auteur d’une grande enquête sur la crise de cette profession, cité par le Cnef début 2020.

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Courir avec persévérance

rinthe pour viser une bonne gestion des critiques et de bonnes réactions. Nous aimons les nouveaux élans et l’esprit d’initiative. Certes. Mais que faire quand ça part dans tous les sens et que tous comptent sur notre soutien et si possible notre approbation ? Tom Ascol nous offre ici un nombre étonnant de conseils aussi sages que pratiques. C’est ensuite avec finesse et pertinence que Juan et Jeanine Sanchez abordent la question des retombées douloureuses dans la vie du couple de certaines épreuves liées au ministère. Nous avons quelquefois envie de tout abandonner. Nous pouvons redoubler d’effort pour persévérer. Mais que faire quand les autres partent ? Dave Harvey n’accuse pas que les autres. Il ne nous lance pas la pierre non plus. Il nous prend la main à l’écoute de plusieurs cas bibliques pour supporter les coups et pour retrouver l’espoir là où il est. Heureusement, il y a aussi tous les cas où les choses vont bien ! Certaines Églises se développent et grandissent. Et… nous pouvons nous retrouver dans une situation inquiétante, en nous sentant totalement dépassés par les changements et sous le poids de nouvelles responsabilités. Merci à Scott Patty pour ses conseils devant nos doutes et nos besoins. Nous pouvons grandir et progresser. Nous pouvons quelquefois discerner le bon moment pour passer la main à d’autres. Jeff Robinson aborde avec beaucoup de douceur la grande question de notre appel remis en question dans la tourmente. Les expériences de Moïse, Jérémie et Paul peuvent nous aider à faire un point honnête et approfondi de notre propre situation. Certains serviteurs contemporains peuvent aussi avoir des vies riches en expériences et en leçons. Après cinquante ans de ministère, c’est bien le cas de John MacArthur ! Le livre se termine très heureusement avec quelques apports de collègues francophones qui m’ont aidé à aller encore plus loin en contextualisant ma réflexion personnelle. 16


Préface

Gilles Georgel nous parle du ministère dans une situation où les choses stagnent. Que fait le Potier dans ce cas-là ? Quelle est ma responsabilité ? Pierre Bariteau propose une réflexion de fond sur le succès, la croissance et la bonne santé. Comment voyons-nous les choses ? Ne devrions-nous pas revoir notre copie et oser repenser autrement ? Étienne Lhermenault poursuit le parcours en répondant à un collègue désespéré qui supplie le Seigneur de le reprendre ! Le « doux murmure de la grâce » entendu par Élie à Horeb est plus doux que tout. Entendons-le. Et ne restons pas seul. Crions au Seigneur et appelons nos frères au secours. Les frères peuvent être très précieux. Et le Seigneur sera toujours là ! Éric Waechter termine ce parcours en osant la question des finances. Oui, il parait qu’elle peut avoir un impact dans nos journées et dans nos vies ! Merci à Éric pour son réalisme et les repères bibliques qu’il nous donne pour nous accompagner aussi dans ce domaine. Quelle richesse ! Ce livre bénéficie des apports de collègues réunissant une grande expérience et une grande maturité. Un mot encore pour féliciter un choix de forme. Les chapitres sont construits sous forme de dialogues entre un collègue en situation difficile et la réponse d’un des auteurs de ce collectif. C’est vraiment très agréable à lire ! On sourit, on compatit, on s’identifie souvent. Un livre qui m’a énormément apporté. Le bonheur de lire des collègues expérimentés et compatissants. Et surtout, à travers eux, le bonheur de réentendre la voix du bon Berger ! Étienne Grosrenaud

Pasteur, professeur à l’Institut biblique de Genève Membre du comité national du Cnef

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INTRODUCTION Pasteurs, anciens et autres responsables ont été appelés à une tâche bien spécifique : enseigner. Tous les chrétiens ne se voient pas confier ce genre d’appel. En revanche, bergers et brebis marchent tous à la suite de Christ de la même manière. Tous sont appelés de la même manière à courir avec persévérance. Cela signifie que Jésus les appelle à reproduire ce qu’il a fait pour eux. Le bon Berger donne sa vie pour les brebis (Jean 10 : 11, 15) afin de la reprendre (Jean 10 : 17) : « Il n’y a pour personne de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15 : 13). C’est une chose que Pierre, rocher sur lequel le Christ a promis de bâtir son Église (Matthieu 16 : 18), n’a pas comprise. Il n’en a tout d’abord pas accepté l’idée. Quand Jésus lui annonce que Christ doit traverser bien des souffrances jusqu’à en mourir, Pierre le réprimande. Mais Jésus le réprimande en retour, allant jusqu’à l’appeler « Satan », c’est-à-dire « accusateur » ou « adversaire » (Matthieu 16 : 21-23). Jésus a expliqué à une foule, à Pierre et à ses autres disciples ce qu’il en coûtera de le suivre avec fidélité et persévérance : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Quiconque en effet voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera » (Marc 8 : 34-35). Même lorsque Pierre promet à Jésus qu’il donnera sa vie pour son ami, Jésus en sait plus que lui : « En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera point, que tu ne m’aies renié trois fois » (Jean 13 : 37-38). Jésus, cependant, a rétabli son ami Pierre. Par sa mort et sa résurrection, il restaure également notre communion avec Dieu et notre service dans son Église. En dehors de Jésus, nous ne 19


Courir avec persévérance

pouvons « rien faire » (Jean 15 : 5), mais en lui, nous sommes « plus que vainqueurs » (Romains 8 : 37). Le bout du chemin, c’est le ciel. Un jour nous verrons le Berger de nos âmes face à face (1 Corinthiens 13 : 12). En attendant ce jour, Jésus montre où mène le chemin de la fidélité et de la persévérance. Pour nous tous en tant que chrétiens, mais aussi en particulier, pour nous les responsables d’Église. Nous donnons notre âme et notre vie. Nous nous donnons tout entiers. Ce sacrifice est l’essence même de l’amour, comme l’apôtre Jean l’a enseigné : « À ceci, nous avons connu l’amour : c’est qu’il a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères » (1 Jean 3 : 16). L’amour implique des sacrifices. C’est ce chemin-là d’amour que les réflexions de ce livre vous aideront à parcourir avec assurance et joie ; une responsabilité majeure qui pèse sur les épaules de ceux qui servent l’Église tout au long de leur vie. Chaque chapitre débute par une question qui reflète une situation que les pasteurs connaissent bien. Un pasteur aguerri y répond en tâchant d’appliquer la sagesse de Dieu. Nous espérons que ce dialogue vous aidera à courir « avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection. Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a supporté la croix, méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu » (Hébreux 12 : 1-2). Collin Hansen

Directeur des éditions de la Gospel Coalition

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C H A PI T R E U N

JE SERS, MAIS SPIRITUELLEMENT JE SUIS VIDÉ Tim Keller

Cher Pasteur Tim, Dimanche dernier, j’ai été frappé par les paroles de Paul où il écrit avoir appris le secret du contentement en Philippiens 4. Grâce à Dieu, je sers dans un excellent endroit et je pense que cela se passe plutôt bien. J’aime creuser les Écritures, cette préparation indispensable dans la prédication hebdomadaire. Je dois probablement travailler dans les cinquante heures par semaine au bureau de l’Église… si ce n’est plus. Je continue à grandir dans ma connaissance des choses de Dieu, mais mon être intérieur s’est affaibli. Je ne connais tout simplement pas le contentement. Je m’inquiète pour beaucoup des choses. Je me demande surtout si l’Église s’épanouit sous ma direction, si je travaille assez durement et si j’ai assez de connaissances. Je dois avouer que, même si notre Église se porte bien, je ne suis pas enchanté de savoir que les Églises environnantes se développent alors que la nôtre semble avoir atteint un plafond. L’Église s’en est assez bien tirée sous ma direction, mais pour être franc, je m’attendais à mieux. Alors, oui, c’est vrai, j’aurais largement de quoi être satisfait, mais aucun « succès » ne semble jamais assez grand à mes yeux. 21


Courir avec persévérance

Pourquoi je me sens comme ça ? Qu’est-ce qui m’a rendu si apathique, voire légèrement amer ? Votre cher ami, Un berger insatisfait

Cher berger insatisfait2, J’ai œuvré pendant quarante-deux ans comme pasteur à temps plein. Beaucoup de ceux qui ont commencé avec moi n’ont pas atteint la ligne d’arrivée et vous seriez affligé d’en connaître le nombre ! Pourquoi sont-ils autant à ne pas avoir persévéré ? Pour plusieurs raisons, j’imagine, mais surtout parce que personne ne les a avertis par quelles tentations le ministère peut nous faire tomber dans l’orgueil. C’est là que les paroles de Paul aux Corinthiens m’ont beaucoup aidé en tant que pasteur. Paul a beau avoir été formé à la théologie et au ministère par le Christ ressuscité en personne, cela ne l’empêche pas de nous avertir. Nous pouvons finir par nous enorgueillir de notre formation théologique et de notre ministère si nous ne parvenons pas à les relier à l’intervention gracieuse de Christ : Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter, pour que je ne sois pas enflé d’orgueil. Trois fois j’ai supplié le Seigneur de l’éloigner de moi, et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. C’est pourquoi Ce chapitre est adapté de Tim Keller, « 3 ways ministry can make you conceited » [3 façons de se prendre pour ce que nous ne sommes pas à cause du ministère], The Gospel Coalition, 5 juillet 2017. URL : <www.thegospelcoalition.org/article/3-ways-ministry-can-make-you-conceited> (consulté le 27/11/2019). Avec permission.

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Je sers, mais spirituellement je suis vidé

je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les privations, dans les persécutions, dans les angoisses, pour Christ ; en effet quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. 2 Corinthiens 12 : 7-10

À moins que Dieu n’intervienne, le ministère peut faire de vous quelqu’un d’imbu de vous-même et ce, de plusieurs manières. Voici trois façons de tomber dans la vanité à cause du ministère. Je vous aurai averti, faites-y vraiment attention.

La connaissance théologique peut vous gonfler d’orgueil Nous pouvons tomber dans la vanité à cause de la connaissance théologique. Vous pourriez objecter : « Paul soutient-il vraiment que la connaissance théologique mène à la vanité ? C’est un peu exagéré ! ». Il a pourtant bien écrit : « Nous savons que nous avons tous la connaissance. — La connaissance enfle, mais l’amour édifie. Si quelqu’un croit savoir quelque chose, il n’a pas encore connu comme il faut connaître » (1 Corinthiens 8 : 1-2, NEG). Cette parole se réfère explicitement aux connaissances théologiques. Certains chrétiens de Corinthe possédaient les bonnes connaissances théologiques au sujet de la viande offerte aux idoles, mais qu’est-ce que cela a donné ? Ils étaient bouffis d’orgueil. Ce que dit Paul n’a rien de difficile à comprendre. Lorsque vous connaissez la vérité, vous avez tendance à vous gonfler d’orgueil. Les choses commencent à tourner autour de vous. Vous devenez rempli de vous-même et fier. Fier de savoir ce que vous savez. Fier de vos trouvailles. Quant à l’amour, il n’a que faire du moi. L’amour déclare : « Tes besoins sont plus importants que les miens ». Mais nous nous enflons vite d’orgueil. Pour Paul, les choses ne devraient pas tourner de cette façon, mais le fait est que c’est très souvent le cas. 23


Courir avec persévérance

D. Martyn Lloyd-Jones a prêché sur Éphésiens 6 et ce qu’il en a déduit devrait vous éclairer : Chaque fois que vous traitez la vérité de manière purement théorique et académique, vous tombez sous l’emprise de Satan. […] Au moment où, dans votre étude, vous cessez de vous laisser influencer par la vérité, vous êtes devenu une victime du diable. Si vous pouvez étudier la Bible sans vous laisser sonder, examiner et rendre humble, sans que cela vous élève au point de louer Dieu, sans que vous soyez ému de tristesse en pensant combien vous avez résisté à l’action de Dieu en vous, sans vous étonner de la beauté et de la sagesse de ce que Christ a fait pour vous, si vous n’avez pas envie de chanter quand vous êtes seul dans votre bureau comme vous en avez envie pendant vos prédications, vous êtes en mauvais état. Et vous devriez toujours éprouver quelque chose dans cette puissance [de la vérité divine]3.

Lloyd-Jones fait ressortir des traits distinctifs de ceux qui ont appris à maîtriser la Bible comme un ensemble d’informations seulement, et non comme une « puissance » extraordinaire. Par exemple, le souci du spirituellement correct peut tourner à l’obsession. Ce genre de personnes se plaint toujours de la plus petite nuance dans les différences doctrinales. Dans les disputes sur telle ou telle traduction biblique, c’est toujours l’autre qui a tort. Ces personnes sautent sur la dernière controverse théologique pour dénoncer ceux qui sont du mauvais côté. Une telle obsession spirituelle se sert de la parole de Dieu, mais ne la sert pas. Ces personnes sont rongées par l’orgueil intellectuel et la protection de leur clan théologique.

D. Martyn Lloyd-Jones, « Knowledge puffeth up » [La connaissance enfle], dans The Christian warfare : An exposition of Ephesians 6 : 10-13 [Le combat chrétien : prédication sur Éphésiens 6 : 10-13], Grand Rapids : Baker, 1976, p. 180.

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Je sers, mais spirituellement je suis vidé

Le ministère peut devenir une fausse identité Nous pouvons aussi tomber dans la vanité lorsque nous empruntons une fausse identité à cause de notre ministère. Nous tendons alors à nous identifier personnellement à notre ministère au point que son succès (ou son manque de succès) devient notre succès (ou notre manque de succès). Une fois que vous commencerez à vous identifier de la sorte, vous créerez une fausse identité qui dépendra de votre performance dans le ministère. Si vous ne comprenez pas ce point, il risque d’être votre pire ennemi dans un avenir proche. Qu’est-ce que je veux dire par fausse identité ? Elle peut se manifester de quatre façons au moins. 1. Le succès Chacun d’entre nous peut élaborer une fausse identité en fonction des circonstances et de ses performances. Tous les chrétiens luttent contre cette tendance. Tous les non-chrétiens luttent contre cette tendance. Lorsque vous travaillez à plein temps dans le ministère, vous devrez affronter la rançon du succès d’une manière ou d’une autre. Quand les gens se joindront à votre Église, vous prendrez cela pour une marque d’approbation. Quand ils la quitteront, vous le prendrez pour une attaque personnelle. 2. Les critiques Si vous avez fondé votre fausse identité sur votre ministère, vous n’aurez pas la force d’assumer les critiques. Elles vous blesseront profondément parce qu’elles remettront en question vos qualités de pasteur. Les critiques lancent : « Tu sais, tes prédications ne sont pas vraiment géniales… Je cherche un meilleur pasteur ». C’est comme une attaque personnelle. Aussi, soit la critique vous dévaste, soit vous la rejetez et n’en tirez alors aucun profit.

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Courir avec persévérance

3. La lâcheté Si votre ministère devient votre fausse identité, vous succomberez à la lâcheté. Deux types de lâcheté existent. La vraie lâcheté : vous avez peur de faire des vagues ou d’offenser les gros donateurs de l’Église ou vous craignez de faire fuir les jeunes à cause de vos prédications. C’est là de la vraie lâcheté. Mais il y a une autre sorte de lâcheté que j’appellerais une « contrefaçon » de lâcheté. C’est la lâcheté qui vous rend trop abrasif, trop dur. Vous faites fuir les gens pour vous vanter : « Regardez comme j’ai le courage de dire la vérité ». Là encore, vous vous êtes identifié à votre ministère. 4. La comparaison Un dernier signe qui montre que vous êtes tombé dans une fausse identité : vous ne supportez pas les comparaisons. La réussite des autres vous rend jaloux parce que vous pensez qu’ils ne travaillent pas aussi dur que vous ou que leur théologie est moins habile que la vôtre. Tout est au beau fixe pour eux dans le ministère… et cela vous chagrine. Cher pasteur, il n’y a rien de pire que de s’identifier à son propre ministère. Et d’ailleurs, si vous ne croyez pas qu’il s’agit d’un combat de toute une vie, vous ignorez ce qui se passe dans votre propre cœur.

Vous pouvez être obsédé par les apparences à cause du ministère Vous avez deux options quand vous parlez de Dieu aux gens : être en communion avec Dieu ou faire semblant de l’être. Or, votre tâche est de leur dire à quel point Dieu est grand et combien la vie chrétienne peut être merveilleuse. Votre vie doit donc refléter ce message. Vous devrez donc exercer votre ministère soit en vous tenant proche de Dieu, soit en prétendant l’être. Soit vous apprenez sincèrement à communier avec Dieu, soit vous apprenez à en donner l’apparence. C’est-à-dire que 26


Je sers, mais spirituellement je suis vidé

vous parlez comme si vous étiez très proche de Dieu alors que la réalité est loin de refléter cette situation. Et non seulement les gens commencent à le penser, mais vous commencez aussi à le penser. Cela peut être dévastateur pour votre cœur. C’est l’aspect terriblement dangereux du ministère. Lors de sa dernière nuit avec les disciples, Jésus a prédit que l’un d’eux le trahirait (Jean 13 : 21). Observez comment les disciples ont répondu. Ils ont tous regardé autour d’eux et ont demandé qui était cette personne. Jésus leur a précisé que c’était celui à qui il donnerait du pain, mais en réalité, ils n’ont toujours pas réussi à saisir. Vous savez pourquoi ? Parce que Judas n’avait pas l’air si différent d’eux que cela. En apparence, il agissait de manière efficace dans le ministère, mais en lui, le néant régnait. Il faisait plus attention à son image qu’à sa vie intérieure. Jonathan Edwards en a parlé dans son magnifique livre Charity and its fruits [La charité et ses fruits]. D’après lui, Dieu a utilisé Judas alors même qu’il n’était pas sauvé. Nous ne voulons pas que ce soit ce que l’on retiendra de notre ministère. Mais c’est là que l’hypocrisie commence. Le ministère fera de vous soit un bien meilleur chrétien, soit un bien pire chrétien que vous ne l’auriez été sans lui. Cela fera de vous un hypocrite endurci, un pharisien… ou une personne plus douce et plus tendre, car vous aurez été forcé de vous approcher du trône de grâce et de supplier le Seigneur de vous aider dans votre faiblesse. Le ministère vous rapprochera de lui ou vous en éloignera. Comme Judas, vous devez choisir la vie à laquelle vous tenez.

Comment vaincre la vanité ? Comment surmonter les pièges de la vanité ? Rappelez-vous la situation de Paul en 2 Corinthiens. Il combat de faux apôtres et des enseignants qui l’accusent de ne pas avoir les qualifications du véritable apôtre. Paul rétorque qu’il les possède bel et bien, mais non comme on pourrait s’y attendre. Il renverse 27


Courir avec persévérance

toutes les catégories. Au lieu de se vanter de son savoir théologique, de ses grandes réussites ou de sa vie extérieure parfaite, il se vante d’outrages, de difficultés et de sa fuite de la ville dans une corbeille. Telle est sa manière d’affirmer que Dieu est vraiment avec lui : « Regardez tout ce que Dieu a entrepris pour me mettre à genoux ! ». Pasteur, considérez toutes les choses que Dieu a conçues pour briser votre orgueil. Observez toutes les occasions dont il s’est servi pour vous amener jusqu’au bout de vous-même afin que vous vous accrochiez à lui plus fermement. Que tous vos échecs, vos désillusions et vos faiblesses vous enfoncent comme un clou dans l’amour de Dieu. Ce n’est qu’en les accueillant à bras ouverts que vous exercerez véritablement le ministère et franchirez, un jour, la ligne d’arrivée.

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C H A PI T R E D EU X

EST-IL TEMPS POUR MOI DE DÉMISSIONNER ? Don Carson Cher Pasteur Don, Je crois que je suis au bout du rouleau avec cette Église et j’ai désespérément besoin de vos conseils. J’y exerce comme pasteur depuis quarante ans et je suis quasi certain que l’avenir de cette Église se fera sans moi. Devrais-je la quitter ? Prendre ma retraite ? Je ne sais pas. Des signes forts semblent le confirmer. Je prie régulièrement pour un peu de sagesse dans le domaine, mais jusqu’à présent, Dieu ne m’a pas clairement montré la voie à suivre. Je suis plutôt à sec côté leadership ou prédication. Je suis fatigué, frustré et découragé. Comprenez bien qu’il ne s’agit pas d’un problème moral. Mon culte personnel me nourrit et je ne cache aucun péché qui remettrait en question mon ministère. J’apprécie toujours autant les bons ouvrages de théologie et d’histoire de l’Église (bien sûr, je ne m’interdis pas, de temps à autre, la lecture de quelque roman de qualité). Il est peut-être temps pour moi de passer à autre chose, ce serait probablement mieux pour l’Église. J’ai peut-être fait tout ce que j’ai pu pour mon troupeau. Est-ce que je ne serais pas resté trop longtemps, d’ailleurs ? J’ai vu d’autres pasteurs s’accrocher en dépit des avertissements de Dieu. Je ne veux pas en arriver là. En nous éternisant à un endroit seulement parce que nous ne savons pas quoi faire d’autre, nous affaiblissons l’Église et déshonorons Dieu. 29


Courir avec persévérance

Que me conseillez-vous ? Suis-je en train de franchir les limites permises par la Bible, la théologie ou la morale ? À quel moment, selon vous, est-il sage d’aller exercer son ministère sur une autre scène évangélique ? J’attends vos conseils avec impatience. Fidèlement, Accroché depuis trop longtemps

Cher pasteur accroché depuis trop longtemps4, Je reçois assez régulièrement des questions comme la vôtre – une fois par mois environ. Vous n’êtes donc pas le seul à me la poser. Cela ne me surprend d’ailleurs pas, car bien des circonstances peuvent nous pousser à envisager de démissionner. En général, quand un jeune pasteur pose cette question, c’est qu’il cherche à fuir les difficultés. Mais ce n’est pas la même chose avec celui qui a atteint la cinquantaine, la soixantaine ou plus. Vous conviendrez avec moi, je pense, que notre réflexion doit reposer avant tout sur des principes bibliques et théologiques.

Une question légitime Dans un sens, vous avez formulé la question de la bonne façon. Vous n’avez pas encore atteint l’âge de cette retraite idéale tant attendue et vous êtes en train de chercher un prétexte pour vous retirer du ministère et vous offrir ce camping-car qui vous permettra de passer les deux prochaines décennies entre lacs de pêche et visites aux petits-enfants. Après tout, les Écritures n’évoquent rien de précis sur la retraite. Il s’agit même d’une interrogation raisonnable de la part de quelqu’un qui a subi la Ce chapitre est adapté de Don Carson, « On knowing when to resign » [Comment savoir quand il est temps de démissionner ?], Themelios, vol. 42, n° 2, 2017, p. 255-258. Avec permission. 4

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