L'ADN d'une Église qui grandit • Daniel Liberek

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DANIEL LIBEREK

Comment donner envie aux gens de venir... et de revenir. PRÉFACE DE RAPHAËL ANZENBERGER



Daniel Liberek s’appuie sur l’Écriture, sur ses recherches missiologiques, et sur l’expérience d’Églises belges pour identifier les pratiques saines et propices à la croissance qualitative et quantitative de l’Église. C’est un ouvrage stimulant qui recense et analyse de nombreuses approches, y compris celles qui ne reçoivent pas son aval. Ce fondement posé, le livre devient une sorte de manuel pratique qui aidera les responsables à développer une vie d’Église communicative. Un livre utile, plein de bon sens.

Florent Varak

Pasteur, auteur et enseignant à l’Institut Biblique de Genève

Quand on implante une Eglise, il faut savoir où on va et par quels moyens. Cette vision de l’ADN de l’Eglise sera donc utile pour tous ceux qui veulent implanter une nouvelle Eglise car elle est truffée de bonnes analyses, d’excellents conseils, de vraies expériences de terrain. On aime l’accent fort que l’auteur donne à la prédication et à l’enseignement - il traduit ainsi les préoccupations majeures du nouveau testament quant au ministère de la parole, son efficacité, sa suffisance et les fruits qu’elle produit d’amour, d’adoration, de témoignage, de service et de pertinence. Tout implanteur d’Eglise bénéficierait d’une lecture attentive de ce livre.

Philip Moore

Implanteur d’Églises et directeur d'Actes 29 Europe

J'ai aimé ce livre. Il fait partie de ces ouvrages où dès les premières pages vous sortez votre stabilo et vous commencez à surligner. C'est un condensé d'idées, d'expériences, de pépites, d'analyses, de modèles, de suggestions et de pistes concrètes. Avec bienveillance, savoir et expérience Daniel nous partage son amour pour l'Eglise. Pari réussi ! Il nous donne vraiment envie de passer à l'action.

Emmanuel Maennlein

Évangéliste, conférencier, auteur


À travers cet ouvrage dans lequel le professeur Liberek nous présente une recherche plus qu’intéressante pour le bon développement des communautés chrétiennes, nous pouvons nous réjouir de voir combien notre Seigneur aime son Église et continue à la bâtir en utilisant les ministères d’enseignants comme Daniel. Ils rappellent les priorités et les défis de l’Église du Christ et nous sensibilisent en tant qu’enfant de Dieu à ne pas nous tromper de combat. Je remercie grandement l’auteur non seulement pour ses enquêtes et ses statistiques mais également pour avoir relevé l’importance de rechercher la vie de l’Esprit dans l’Église afin que celle-ci puisse garder sa position conquérante et à dépeupler l’enfer.

Salvatore Sorce

Pasteur, enseignant à la Faculté de théologie à Jérusalem

La lecture du livre de Daniel est de nature à renouveler l’amour et l’enthousiasme de tous ceux qui sont engagés dans l’implantation, la conduite ou l’accompagnement d’Églises. Difficile d’en arrêter la lecture… En effet, on est pris de bout en bout par la foi contagieuse et le dynamisme réaliste qui s’en dégagent et qui donne envie de se mettre au travail ! Dès les premières lignes, on ressent l’expérience de terrain de son auteur ainsi que sa confiance dans le projet souverain de Dieu. Ancrée dans un contexte francophone dans lequel plusieurs se reconnaîtront, la démonstration de l’intention de Dieu pour la bonne santé de l’Église ne peut que convaincre et triompher de tous les prétextes qu’on pourrait être tenté d’avancer pour justifier le statu quo. Pour autant, rien ne va de soi en la matière… Sans recette, sans raccourci, ni slogan facile, mais grâce à une analyse rigoureuse des principes favorisant la croissance, cette réflexion pertinente et concrète offre au lecteur une compréhension, un chemin en vue de travailler activement à la croissance de l’église. Tous les aspects de la vie quotidienne de l’Église sont passés au crible, sans rien laisser au hasard. Une lecture rafraîchissante de nature à renouveler l’élan pour l’Église !

Jean-Marc Potenti

Pasteur et président de la CEEF, responsable du Réseau Apostolique Nouvelles Connexions


Si elle fonctionne bien, l’Église est l’espoir du monde. J’ai souvent entendu cette déclaration, qui peut paraître trop optimiste et présomptueuse dans notre contexte belge. Je suis ravi de recommander cet excellent ouvrage écrit par mon ami pasteur, Daniel Liberek. Tout d’abord, il fournit à chaque lecteur une théologie solide de l’Église, basée sur le Nouveau Testament, ce qui est si nécessaire à une époque où toutes sortes d’idées fausses et de théories non bibliques circulent à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église. Lorsque nous comprenons que l’Église est l’idée de Dieu, nous pouvons être certains que nous n’investirons pas nos efforts dans la construction et la direction d’Églises en bonne santé. Deuxièmement, l’auteur fait un excellent travail en nous donnant une compréhension du statut de l’Église chrétienne dans le contexte de l’évangélisme en Belgique. Il analyse les facteurs qui expliquent la faiblesse spirituelle et numérique de l’Église dans notre pays, avec des directives spécifiques pour nous aider à retrouver un nouveau sens d’espoir, d’enthousiasme et d’engagement envers la cause de la croissance de l’Église. Je suis très reconnaissant pour le travail en profondeur du Dr Liberek, qui servira certainement d’outil à tout croyant désirant faire partie du plus grand chef-d’œuvre de la planète, un projet dont la victoire éternelle est garantie par son propriétaire et son constructeur, celui qui a dit : «Je construirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle.»

Daniel Costanza

Pasteur principal du Brussels Christian Center et responsable du ministère Espoir Wallonie

Pour écrire cet ouvrage, Daniel Liberek a plongé ses regards dans la Bible et a aussi étudié la croissance telle qu’elle se produit dans sept Églises en Belgique. Il produit un outil descriptif qui nous éveille à comment Dieu œuvre habituellewtra au lecteur de saisir rapidement les autres approches en ce qui concerne la croissance. En valeur ajoutée, chaque chapitre contient des questions de réflexion, des idées de formation et d’action pour les étudiants ou les équipes de responsables qui feraient la lecture ensemble. Lisez ce livre ! Et soyez ouverts aux changements que Dieu veut effectuer à l’Église locale.

Paul Every

Pasteur à Bruxelles et professeur à l’Institut Biblique Belge


Comme un peintre talentueux, Daniel Liberek brosse à grands traits et, en même temps, avec une extrême minutie, le tableau d'une Église qui se doit de croître qualitativement et quantitativement. Il le fait à partir d'un travail de recherche monumental, de sa propre expérience pastorale, si diversifiée, et, bien sûr, d'une étude approfondie des Écritures. Il en déduit un ensemble de principes spirituels dont il expose les tenants et les aboutissants concrets et pratiques. Les lecteurs désireux d'avoir par le moyen de leur Église un impact pour le Royaume, en bénéficieront largement. Convaincu, comme l'auteur, de la centralité de l'Église locale dans le plan de Dieu, et ayant de surcroît, connu toutes les étapes de la vie d'une Église: stade pionnier, petite Église, Église moyenne, Église enfin parvenue à la maturité, j'ai trouvé l'ouvrage excellent. J'ai particulièrement apprécié chez Daniel Liberek l'équilibre entre accueil et enseignement, entre ministères pastoraux et d'évangélisation, entre ministères spécialisés et ministère spécifique à chaque chrétien dans la sphère ou le réseau où Dieu l'a placé, entre Église rassemblée et Église dispersée. Voyageant moi-même de plus en plus dans le cadre du Mouvement de Lausanne, il m'apparaît que les principes spirituels pour la croissance de l'Église énoncés et préconisés par Daniel Liberek ne sont pas seulement pertinents pour la francophonie européenne, mais aussi dans d'autres contextes, peut-être même à l'échelle « globale ». Je ne peux donc que recommander très chaleureusement la lecture de L'ADN d'une Église qui grandit à quiconque souhaite être stimulé dans sa réflexion et son action dans la perspective d'une Église qui interpelle toujours davantage croyants et non-croyants, pour la gloire de Dieu.

Jean-Paul Rempp

Pasteur de l'Église La Bonne Nouvelle à Lyon et directeur régional du Mouvement de Lausanne pour l'Europe


De nombreux ouvrages ont été rédigés sur le thème de la croissance de l’Église, particulièrement dans le monde anglo-saxon et dans une moindre mesure en français. Chacun apporte un aperçu et un éclairage utiles sur ce qui devrait être la norme dans l’Église, c’est-à-dire une croissance régulière. Daniel Liberek est celui qui, à mon avis, aborde le sujet en fournissant le plus d’éléments permettant à nos Églises et nos ministères pastoraux de se remettre en question. Sa recherche minutieuse, fouillée et basée sur de nombreux témoignages d’Églises évangéliques différentes, nous donne un panorama très clair des raisons pour lesquelles nos Églises grandissent ou pas. Il met l’accent sur l’acteur principal du dynamisme et de la croissance de l’Église primitive (le Saint-Esprit) et sur l’importance de la prière dans notre approche de l’évangélisation. Il montre également les nombreux paramètres qui doivent être mis en place pour que l’Église devienne un lieu de vie plutôt qu’un musée. Ce livre mérite non seulement d’être lu mais à devenir également un outil pour préparer nos Églises à entrer véritablement dans le plan de Dieu, celui d’évangéliser le monde.

Baudouin Galantyj

Pasteur de l’Église Protestante Évangélique de Réveil de Grâce-Hollogne, Belgique

Dans cet ouvrage remarquable, Daniel Liberek nous offre une fine étude des facteurs de croissance des Églises belges francophones. Belgique et France étant proches géographiquement et culturellement parlant, les résultats de cette enquête poussée et leur analyse ne peuvent qu’être utiles aux responsables d’Églises français et belges qui sont sensibles au sujet de la croissance de l’Église. Dans ce concentré de sa thèse de doctorat, pétri par quarante années de ministère pastoral, Daniel nous présente la substantifique moelle de ses recherches. Il a su poser les bonnes questions, mettre des mots, donner des explications claires et rationnelles sur des éléments que nous ressentons ou observons de manière empirique dans le vécu de nos Églises évangéliques. Je ne peux que le remercier pour cet énorme travail de synthèse qui fera gagner un temps précieux à tous les serviteurs soucieux de faire avancer efficacement et bibliquement le Royaume de Dieu.

Franck Segonne

Pasteur-évangéliste, auteur et enseignant à l’Institut Biblique de Genève


J’ai eu plaisir à lire et me plonger dans l’ouvrage de Daniel Liberek. Il est scripturaire, il pose les bases, affirme les fondamentaux, la théorie est solide et juste, et les applications, les anecdotes, histoires et expériences sont tellement pratiques. Il est donc équilibré et structuré. Qu’on soit disciple, pasteur, novice ou expérimenté, tous trouveront des éléments essentiels à la réussite de leur projet de service pour vivre l’évangile au travers d’Églises saines qui font des disciples témoins dans le monde. Il pose les questions : quoi faire ? Pourquoi le faire ? Comment bien le faire ? Il nous motive pour une vie de foi et de service fructueux et joyeux. Il est optimiste et à la fois réaliste, en nous posant devant les réalités, sans éviter ou masquer les défis. C’est inspirant, motivant, formateur. Chacun saura exactement quoi faire dans son parcours pour l’étape d’après. Je vous avoue qu’habituellement, à force d’en lire, je saute toutes les annexes, survole les exercices pratiques… pardon Seigneur ! Ici ce serait une grave erreur ! Vous passeriez à côté d’une des forces de cet ouvrage : la mise en pratique. J’ai été captivé par les sections « pour aller plus loin ». Les rubriques réflexion, formation, activités et prière sont tellement profondes ! C’est impactant, motivant, un appel aux partages et la mise en commun. Je préconise même de travailler ces rubriques en couple, en équipe d’Église, c’est remarquable !!! Un bel ouvrage de référence, un cahier pratique, qui devrait trouver sa place dans les mains de ceux qui œuvrent pour l’avancement du royaume. A lire pour soi, à partager ou à offrir. En avant !

Patrick Boudehent

Pasteur de l’Église de Blois-Mer et Amboise, directeur de la Mission Intérieure Nord des ADD France, membre de la commission CIEN du CNEF




DANIEL LIBEREK

COMMENT DONNER ENVIE AUX GENS DE VENIR... ET DE REVENIR.

PRÉFACE DE RAPHAËL ANZENBERGER


L’ADN d’une Église qui grandit : Comment donner envie aux gens de venir… et de revenir ? • Daniel Liberek © 2020 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Couverture : Seegn. Mise en page : BLF Éditions Impression n° XXXXX • SEPEC • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur. Les autres versions sont indiquées en abrégé de la manière suivante : La Bible en français courant (BFC), la Bible du Semeur (BDS), la Colombe (COL), la Louis Segond 1910 (LS1910), la Nouvelle Bible Segond (NBS), la Segond Nouvelle Edition de Genève 1979 (NEG1979), Louange vivante (LVV), Parole de vie (PDV), Parole vivante (PVV), Prophétie vivante (PPV), Darby (DAR). ISBN 978-2-362495-42-7 ISBN 978-2-362495-43-4

broché numérique

Dépôt légal 1er trimestre 2020 Index Dewey (CDD) : 262 Mots-clés : 1. Église. 2. Croissance. Accueil. Christianisme.


Au Père qui, aimant l’Église dès avant la fondation du monde, a envoyé son Fils pour la racheter à un grand prix, À l’Esprit qui œuvre sans relâche pour intégrer ceux et celles choisis par Dieu de toutes races, de toutes langues, de toutes cultures et de tous temps, Au Fils qui prépare son épouse en attendant le jour où il la présentera à son Père sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais glorieuse, sainte et irrépréhensible, À tous ceux et celles qui ont été contaminés par la même passion trinitaire pour l’Église. Merci à vous qui, dans ma famille, dans les écoles où j’ai étudié, dans les ministères dans lesquels j’ai été impliqué, dans les Églises où j’ai milité (surtout l’EPE de Huy), ont nourri, encouragé, participé à et multiplié mon amour pour le corps du Christ.



Table des matières Préface....................................................................................................................................15 Introduction.........................................................................................................................19 Chapitre un

L’Église de Jésus-Christ est née pour grandir....................................21 Chapitre deux

Un survol des théories existantes concernant la croissance de l’Église.......................................................... 35 Chapitre trois

Le travail de l’Esprit dans la croissance de l’Église.......................55 Chapitre quatre

La grâce et l’accueil favorisent le retour des visiteurs.............. 79 Chapitre cinq

La puissance de la parole prêchée............................................................. 103 Chapitre six

La puissance de l’amour....................................................................................... 125 Chapitre sept

La puissance d’une équipe................................................................................. 139


Chapitre huit

La puissance d’une vision claire et dynamique.............................. 157 Chapitre neuf

La puissance de la prière et de la mobilisation.............................. 175 Chapitre dix

La puissance d’un premier pas...................................................................... 193 Bibliographie.................................................................................................................. 203 Notes........................................................................................................................................ 211


Préface Il y a des Églises qui vous invitent et dont vous avez du mal à vous rappeler le nom et l’adresse. Et d’autres qui vous laissent un souvenir impérissable. Une en particulier, celle de Huy en Belgique. J’y étais invité par mon ami et collègue Daniel Liberek. Nous avions chauffé les bancs de l’université ensemble, à Columbia International University aux États-Unis. Je connaissais sa rigueur théologique, sa passion pour la missiologie, son cœur pour l’Église. Après nos études, nous avions travaillé au développement du Forum des Évangélistes en sillonnant les continents européen, africain et américain. Je lui avais découvert un fardeau pour l’évangélisation du monde, dans l’esprit du Mouvement de Lausanne : l’Église entière annonçant l’Évangile entier au monde entier. Restait sa face cachée, celle de pasteur de l’Église de Huy. Serait-elle en accord avec tout ce que je connaissais de sa personne, de son ministère international au sein de la United World Mission ? Si on peut se cacher derrière l’excellence académique, ou les signatures de bas de courriel, là-bas, au loin, on ne peut échapper à la dure réalité du terrain, ici, auprès des hommes et des femmes dont Dieu nous confie la charge pastorale. J’allais enfin découvrir l’envers du décor. Peine perdue. Ce routard de la mission est redoutable de cohérence. À Huy, son fief pastoral, j’ai découvert une assemblée à l’image de son pasteur : chaleureuse, rigoureuse, et pleine d’entrain pour la mission. 17


L'ADN D'UNE ÉGLISE QUI GR ANDIT

La veille, j’assistai au groupe de jeunes. Au menu, partage biblique et match de hockey. Dans les locaux ! Renversant. Daniel me lance : « C’est le Club Oasis et Paracool qui font une soirée inter-jeunes ». Paracool. J’adore ! Dans les tribunes improvisées, une personne de la rue qui a vu la lumière et est entrée dans l’Église. « Bienvenue Robert ! » lance Timothée, le fils de Daniel en charge de ce grand remue-ménage. Visiblement, l’homme connaît les lieux et Timothée connaît la rue. Symbiose entre le dehors et le dedans. Je commence à aimer cette Église. Le lendemain matin, j’y apporte la prédication dominicale. Ce qui me frappe au premier regard, c’est l’amour qui émane de cette assemblée. Quel que soit l’arrière-plan familial, sociologique, professionnel. Quelle que soit la tranche d’âge. Jeunes et vieux qui se réjouissent ensemble. Étonnant ! Je retiens également de la salle de culte cet espace accueillant, reposant, où la croix domine. Haute, nous rappelant la séparation de l’homme avec Dieu. Large, nous rappelant l’amour de Dieu pour les hommes. L’architecture du bâtiment en adéquation avec la dynamique communautaire. Une seule Église, visible et invisible. Le thème choisi par Daniel ce matin : « La place du chrétien de tous les jours dans le plan souverain de Dieu ». L’auditoire est attentif, il prend des notes, comme à la fac. Énergisé par le lieu, je « mouille ma chemise » et je donne tout, sillonnant en long et en large cette longue estrade. Je me dis : « Mission accomplie, merci Seigneur ! ». Que nenni. Ils en redemandent ! Après des agapes copieuses, dans la plus pure tradition belge, on remet le couvert pour une deuxième session sur les défis apologétiques d’aujourd’hui. Les questions fusent, je n’arrive plus à suivre. Quelle soif spirituelle et théologique ! Il fallut m’extirper de la réunion par la porte de derrière pour que je réussisse à prendre mon train de 15h00. Affalé sur la banquette, je médite. Quelle expérience ! Un verset me vient à l’esprit : « Pour ce qui est de l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive, car vous avez vous-mêmes appris de Dieu à vous aimer les uns les autres, et c’est aussi ce que vous faites envers tous les frères dans la Macédoine entière » (1 Thes. 4 : 9-10). 18


Préface

Il y a des Églises qui vous laissent un souvenir impérissable. Une en particulier, celle de Huy en Belgique. Le livre que vous tenez entre les mains est une mine d’or, tant sur le plan des acquis théoriques de la missiologie que sur les aspects pratiques de leur mise en œuvre au sein de l’Église locale. À l’heure où les Églises francophones réfléchissent à la revitalisation de leurs assemblées1, quoi de mieux qu’un regard pastoral éclairé sur les apports passés et présents des théoriciens de la croissance de l’Église. Dans son livre, Liberek retrace la généalogie de ces grands courants du XIXe et XXe siècle, pour la plupart inconnus du public francophone, afin de mieux saisir les enjeux de la missiologie d’aujourd’hui. Fort de ces recherches doctorales, Liberek nous livre, page après page, les clés d’une croissance d’Église éprouvée dans le creuset scripturaire et mises en œuvre intentionnellement au sein de son Église locale. En lisant ces pages, j’y ai revu ces visages que j’avais croisés lors de ma visite. Plus qu’une invitation à découvrir son Église, c’est un voyage au cœur de la croissance de l’Église que vous propose Daniel Liberek. Parce que ce qui se vit à Huy peut se vivre ailleurs. Pourquoi pas dans votre Église ! Nice, janvier 2019 Raphaël Anzenberger Directeur de RZIM.fr Professeur-adjoint des Universités en études interculturelles, Columbia International University, États-Unis.

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Introduction Je me souviens de cette nuit d’été comme si c’était hier. Nous passions quelques jours chez des amis à Oglesby, une minuscule bourgade au sud de l’Illinois. La date butoir pour rendre les résultats préliminaires de mes recherches approchant, j’avais choisi de travailler tard. Ken et Mary ont une horloge imposante qui carillonne toutes les heures : je l’ai entendu marquer chaque heure et les aiguilles qui couraient sur son cadran ont progressivement transformé mon tard en tôt. Il devait être au moins trois heures du matin lorsque j’ai eu envie de crier, de hurler ma joie, de danser autour de la table (couverte de notes et de tableaux) mais... la maisonnée dormait. Là, sur le tableau résumant les analyses, recherches, interviews et sondages couraient quelques lignes quasi continues qui indiquaient qu’il existait bel et bien des facteurs communs aux Églises qui grandissaient. J’avais entrevu la perspective de n’en découvrir aucun et, dans le cadre de mes études, cela aurait été un résultat acceptable car infirmation des hypothèses proposées. Ce qui, nonobstant la désillusion, n’en demeure pas moins une avancée. Mais voilà, les Églises francophones en croissance que j’avais analysées partageaient certains facteurs communs. Si ces éléments pouvaient être soigneusement définis, puis reproduits dans des Églises désireuses de grandir, cela pourrait devenir source de bénédiction significative. Il n’est pas question de trouver une clef magique mais plutôt de définir le portrait-robot d’une philosophie de ministère ou d’un travail assidu qui porte du fruit. 21


L'ADN D'UNE ÉGLISE QUI GR ANDIT

Les pages que vous allez lire sont issues de cette nuit blanche révélatrice sans pour autant n’être que le fruit du songe d’une nuit d’été. Le rôle crucial de ces facteurs dans la croissance des Églises a été étayé lors de conversations avec des collègues aux quatre coins de la francophonie et d’échanges avec des frères et sœurs sur quatre continents. A posteriori j’ai trouvé soutien et confirmation en revisitant les cours suivis et les conférences auxquelles j’avais assisté. J’ai aussi découvert que divers livres épaulaient ces révélations nocturnes. Après avoir lu ces innombrables volumes je me suis rendu compte que les introductions les plus courtes étaient souvent les plus appréciées. Faute d’être la meilleure, la mienne sera au moins une des plus courtes. Bonne lecture !

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Chapitre un

L’Église de Jésus-Christ est née pour grandir « Je bâtirai mon Église et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » Matthieu 16 : 18 – NEG

Comme Obélix je suis tombé dans la marmite étant enfant Fils de pasteur, j’ai vécu mon enfance et ma jeunesse en Belgique francophone. J’ai observé le travail pastoral de mes parents et leurs efforts pour que l’Église de Huy grandisse. J’ai vécu beaucoup de campagnes d’évangélisation visant à implanter des Églises ou à fortifier des communautés existantes. Pour ces premiers efforts de proclamation, j’étais le wagon que traînaient mes parents. Après ma conversion, je me suis engagé comme équipier avant de devenir responsable d’équipe. Dès mon entrée dans le ministère à temps plein, j’ai été préoccupé par la question de la croissance de l’Église universelle et des Églises locales. J’avais en tête les idées héritées de mes parents, mes observations de fils de pasteur et les stratégies reçues de quelques mentors. J’ai enrichi ma réflexion en lisant abondamment et en suivant des cours ou des séminaires traitant de divers aspects 23


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de la croissance de l’Église. J’ai observé des Églises locales sur quatre continents et beaucoup discuté. Durant quasi quatre décennies de pastorat, j’ai mis en œuvre nombre de ces idées avec plus ou moins de réussite. À un moment, il m’a semblé opportun de m’arrêter pour les évaluer et soumettre l’idée de la croissance des Églises évangéliques en francophonie belge à une étude approfondie. J’ai approché cette problématique imprégné du réalisme européen qui frôle parfois le scepticisme, voire le cynisme. J’étais aussi infecté du positivisme américain qui flirte occasionnellement avec l’activisme, le pragmatisme, la naïveté, les effets de mode et le manque de repères historiques et culturels. En commençant cette étude, j’avais la conviction que le plan de Dieu pour son Église et pour ses Églises est de grandir tant numériquement que qualitativement. Sans retenue, j’acceptais les affirmations de quelques observateurs et spécialistes de la croissance de l’Église : • « L’expansion appartient à la nature essentielle de l’Évangile et du Christianisme. »1 • « La croissance de l’Église explose de la nature vivifiante du Dieu éternel. »2 • « Dieu désire clairement que son Église grandisse numériquement »3 • « La croissance de l’Église est simplement le résultat attendu d’une obéissance au mandat missionnaire. La croissance de l’Église était, et est, l’évangélisation efficace. »4

Jésus s’est engagé envers l’Église Durant son ministère, Jésus a établi son autorité et communiqué son plan en affirmant : « Je bâtirai mon Église et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » (Matthieu 16 : 18 – NEG). Jésus affirme qu’il va activement s’occuper de bâtir, de construire son Église. Jésus s’est engagé personnelle24


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ment. Il n’y a pas de place pour un « peut-être », un « si » ou un « j’espère » dans son affirmation. Voyageant en Andalousie près du village de Freila, nous suivions la route qui mène au lac Negratín. Elle est bordée de maisons inachevées, vestiges de projets de développement ambitieux, victimes de la crise économique et de la bulle immobilière. Il y a là plusieurs dizaines de maisons à divers stades de finition. Aucun signe de vie n’est visible si ce n’est l’eau qui s’infiltre, le gel qui s’impose, les herbes qui s’implantent, les oiseaux qui s’invitent et les araignées qui s’installent. L’Église de Jésus-Christ est peut-être un chantier inachevé mais ces maisons n’en sont pas l’illustration. Le chantier de l’Église est bourdonnant de vie. Il y a des bacs de mortier frais, des palettes entamées de blocs de béton ou d’argile et des grues qui déplacent des matériaux. Les ingénieurs planchent sur les schémas et les chefs d’équipe supervisent la construction d’extensions et d’agrandissements constants. De son côté, l’architecte ne lâche rien. Il s’est engagé à terminer ce chantier et il est dans les temps. C’est l’affirmation de Jésus, « Je bâtirai mon Église et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle », qui a amené Archibald Robertson à s’exclamer : « L’Église du Christ prévaudra et survivra parce qu’il éclatera les portes de l’hadès et surgira conquérant. Il vivra à jamais et sera la garantie de la perpétuité de son peuple ou Église. »5 D’autres enchérissent, proclamant que « l’assurance vie de l’Église, son assurance survie et son assurance pérennité sont ancrées dans la puissance de résurrection de Jésus6 ». Ou encore : « Notre assurance est fondée dans la plénitude du Saint-Esprit7 » ou « dans l’autorité de Jésus sur terre et au ciel8 ». « Elle est fortifiée par l’assurance que l’enfer ne prévaudra point et devra abandonner ses prétentions sur [...] les êtres humains9 ». En étant aussi clair, Jésus n’a laissé aucun doute quant à ses intentions.

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L'ADN D'UNE ÉGLISE QUI GR ANDIT

Dieu s’est engagé envers son Église La Bible affirme et l’histoire témoigne que Dieu termine ce qu’il commence. Voyons quelques textes qui soulignent cette vérité. Je reconnais que tout est possible pour toi et que rien ne peut s’opposer à tes projets. Job 42 : 2

L’Éternel, le maître de l’univers, a pris une décision. Qui pourrait y faire échec ? Sa puissance est déployée. Qui pourrait l’écarter ? Ésaïe 14 : 27

Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la poursuivra jusqu’à son terme, jusqu’au jour de Jésus-Christ. Philippiens 1 : 6

Ce que Dieu commence, il le finit toujours ! Rien, ni personne ne peut empêcher Dieu d’achever ce qu’il entreprend. Il est souverain. N’est-ce pas le même principe que nous voyons à l’œuvre dans l’interaction de Dieu avec le croyant ? J’aime ce texte qui proclame que rien ne peut entraver l’action de Dieu, bloquer ses promesses ou empêcher sa volonté d’être réalisée. Puis-je suggérer de ne pas sauter ce passage si connu mais au contraire de ralentir et de le lire lentement ? Du reste, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan. En effet, ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à devenir conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né d’un grand nombre de frères. Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi déclarés justes ; et ceux qu’il a déclarés justes, il leur a aussi accordé la gloire. Que dirons-nous donc de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a donné pour nous tous, comment ne nous accor26


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derait-il pas aussi tout avec lui ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? C’est Dieu qui les déclare justes ! Qui les condamnera ? [Jésus-] Christ est mort, bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous ! Qui nous séparera de l’amour de Christ ? Serait-ce la détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger ou l’épée ? [...] Au contraire, dans tout cela nous sommes plus que vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. En effet, j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. Romains 8 : 28-38

Dieu s’est engagé envers le croyant et rien ni personne ne pourra l’empêcher de réaliser son plan. Ce qui est vrai au niveau du croyant l’est tout autant au niveau de son Église. Si Dieu a fait serment de bâtir son Église, il le fera aussi sûrement qu’il a ressuscité Jésus d’entre les morts. Il le fera aussi sûrement qu’il préservera chacun de ses enfants jusqu’à la maison du Père. Ni la mort, ni l’hadès, ni Satan, ni aucun autre ennemi ne pourra jamais engloutir l’Église. Ni le communisme, ni le matérialisme, ni le relativisme, ni l’athéisme, ni l’humanisme, ni le libéralisme, ni l’islamisme ne pourront terrasser son Église. Jésus lui-même se porte garant envers l’Église. Il est son assurance. Peters donne une perspective théologique quand il écrit : Le Seigneur veut que son Église s’étende autour du monde et offre sa bénédiction à tous ceux qui ont été rachetés en Jésus-Christ. L’expansion n’est pas optionnelle : elle est impérative. Elle est impérative en raison de la nature et du dessein de l’Église (Matthieu 5 : 13-16 ; Éphésiens 2 : 11-22 ; 3 : 6). Elle est impérative en raison du besoin du monde (Éphésiens 2 : 1-3 ; 1 Jean 5 : 19). Elle est impérative en raison du dessein rédempteur de notre Seigneur (Matthieu 28 : 18-20 ; Luc 24 : 45-48). Elle est impérative en raison du dessein démontré à la Pentecôte concernant le 27


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ministère de l’Esprit saint (Jean 16 : 8-11 ; Actes 2 : 39). Elle est impérative car l’expansion imprègne de la manière la plus frappante les pages du Nouveau Testament.10

Jésus a ordonné la croissance Avant d’être enlevé au ciel, Jésus a donné à ses disciples le mandat missionnaire. Les dernières paroles du maître à ses disciples revêtent une grande importance. Le Saint-Esprit a souligné la priorité de ce commandement en l’incluant dans le récit proposé par trois évangélistes (Matthieu 28 : 18-20, Marc 16 : 15 et Luc 24 : 46-47). D’ailleurs, le Saint-Esprit a été donné pour que les disciples puissent obéir à l’ordre reçu. En Jean, nous voyons le Seigneur ressuscité apparaître à ses disciples et leur donner un avant-goût de la venue du Saint-Esprit. Jésus plaça le don du Saint-Esprit dans la dynamique du mandat missionnaire en s’exclamant : « Que la paix soit avec vous ! Tout comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jean 20 : 21). Ce texte souligne que l’Église a été envoyée. Il assure les croyants de l’autorité divine au travers de Jésus et au travers du Saint-Esprit pour compléter la tâche. C’est le désir de Dieu : que la terre entière soit remplie de la gloire de son nom.

L’apôtre Jean a vu la réalisation du plan de Dieu pour l’Église Dans le dernier livre de la Bible, l’apôtre Jean a donné un aperçu de la beauté de l’Église et de sa nature internationale en anticipant la réalisation du plan de Dieu. Il écrivit : Après cela, je regardai et je vis une foule immense que personne ne pouvait compter. C’étaient des hommes de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l’agneau, habillés de robes blanches, des feuilles de palmiers à la main. Apocalypse 7 : 9 (cf. aussi 5 : 9) 28


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Des années auparavant, Jean avait entendu Jésus promettre : « Je bâtirai mon Église », et maintenant il contemple en vision la réalisation de la promesse. Il admire l’Église de Jésus-Christ, complète, multiethnique, multiraciale, multilingue, sanctifiée, pure, sans ride et sans tache. C’est le plan divin dès avant la fondation du monde. C’est le désir de Dieu dans l’Ancien Testament (Genèse 12 : 2-3 ; Josué 4 : 24 ; Psaumes 67 ; 98 : 2-3 ; 102 : 22 ; 117 ; Ésaïe 49 : 6 ; 66 : 19). C’est le mandat missionnaire qu’il donna aux disciples. Le récit des trente premières années de l’Église de Jésus-Christ démontre que les disciples avaient compris cet ordre. Marc confirme la compréhension par les disciples du mandat divin : (les disciples) « s’en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la parole par les signes qui l’accompagnaient » (Marc 16 : 20). Le livre des Actes des Apôtres est une chronique de la mise en œuvre du mandat missionnaire. Ce récit raconte l’expansion et la croissance naturelle, explosive, de l’Église en réponse à la proclamation de l’Évangile. L’Église est la puissance de la résurrection à l’œuvre. De toute éternité, Dieu a désiré le salut des perdus (Luc 19 : 9-10 ; Jean 3 : 16 ; 1 Timothée 2 : 4 ; Luc 15 : 7 ; 2 Pierre 3 : 9 ; Ésaïe 53 : 11 ; Jérémie 1 : 5). Il a choisi de travailler en partenariat avec les disciples (Marc 16 : 19-20) et avec les membres du corps de l’Église (1 Corinthiens 3 : 6-7). Pierre et Marc ont signalé que Dieu est l’acteur principal dans l’œuvre de l’expansion de l’Église (1 Pierre 2 : 5 et Actes 2 : 47). Dieu est le maître d'œuvre de l’ouvrage, tandis que les croyants sont ses assistants dans la plus grande œuvre de construction jamais entreprise. Jésus désirait que ses enfants portent beaucoup de fruits. Il a donné le Saint-Esprit afin de les aider à rendre témoignage de lui et accomplir son mandat (Actes 1 : 8). C’est l’histoire d’un partenariat : Dieu envoie les croyants pour moissonner tandis qu’il prépare les champs, les rendant blancs pour la moisson. L’Esprit est celui qui prépare les cœurs (Jean 16 : 8), donne la foi (Éphésiens 2 : 8), la vie éternelle et l’adoption (Romains 6 : 23 ; 8 : 15 ; Jean 1 : 12), régénère et justifie (Jean 1 : 13 ; Romains 4 : 5, 17), prépare les moissons et ouvre les portes (Jean 4 : 35, 29


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Actes 8 : 5-25 ; 1 Corinthiens 16 : 9 ; Actes 15 : 13-14 ; Romains 11 : 25 ; Éphésiens 3 : 1-12). Jésus s’attendait à ce que son Église grandisse. Il donna à ses disciples, au travers du Saint-Esprit, tout ce dont ils auraient besoin pour assurer la croissance. Dans le dessein de Dieu, l’Église de Jésus-Christ croît. Elle grandit qualitativement et spirituellement via la sanctification et la production du fruit de l’Esprit dans les cœurs et les vies des croyants. Elle grandit aussi quantitativement lorsque l’Esprit y ajoute ceux qui sont sauvés.

Et quand la croissance n’est pas présente ? Il peut arriver que des Églises locales stagnent ou soient en repli. Ce fut le cas pour l’Église de Jérusalem lorsque la persécution dispersa les croyants (Actes 8 : 1-2). À un certain moment, l’Église d’Asie dut certainement connaître une phase de décroissance, voir un effondrement, car l’apôtre Paul se disait seul et abandonné de tous (2 Timothée 1 : 15 ; 2 Timothée 4 : 16). Occasionnellement, l’Église ne grandit pas et parfois même décroît. Nul besoin de mentionner les inévitables divisions ou conflits internes. Une Église peut perdre de nombreux membres à cause d’un exode massif d’une région ou d’une ville suite à la fermeture d’une usine, aux effets d’un conflit, d’une persécution, d’une famine ou d’une pandémie. Lors de la guerre de Trente Ans, Martin Rinkart, pasteur allemand, enterrait en moyenne 15 personnes par jour. En 1636, alors que sa paroisse était ravagée par la guerre, la maladie, la mort et l’effondrement de l’économie, 11 il est rapporté qu’il présida à 5000 enterrements . Il est facile d’imaginer l’impact de telles circonstances sur la taille d’une Église. De même, lorsque la Belgique et la France traversèrent e e les persécutions intenses des xvi et xvii siècles, elles connurent un grand nombre d’exécutions et d’émigration, vague après 12 vague . La Contre-Réforme et l’Inquisition peuvent expliquer la 13 taille minimaliste de l’Église protestante contemporaine. Même Peter Wagner, un des avocats les plus convaincus du Mouvement 30


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de la Croissance de l’Église, ajoute qu’en certaines situations il est acceptable d’avoir une Église qui ne grandit pas14. Cependant, la norme, la condition par défaut pour l’Église et pour les Églises, est et demeure la croissance15. Même s’il est parfois légitime qu’une Église ne croisse pas, les croyants ne peuvent se dédouaner en invoquant cette excuse quand la stagnation est devenue la norme. Quand des croyants sont enlisés dans le découragement, habitués à des Églises impuissantes et stériles, ils ne peuvent se résigner. Dieu a donné à son Église un ADN de croissance et de reproduction et lui a donné un mandat d’expansion. L’Église a reçu l’ordre et tout ce qui lui est nécessaire pour y satisfaire.

L’exemple de la Belgique La Belgique, comme beaucoup d’autres pays d’Europe, est un champ missionnaire hostile à l’Évangile. J’ai passé mon enfance et mon adolescence dans la ville de Huy en Wallonie, en Belgique francophone. C’est là que depuis presque 40 ans j’exerce un ministère pastoral. Je suis donc bien conscient des réalités d’un milieu hostile à la propagation de l’Évangile, d’un milieu postchrétien, postmoderne et quasi post-post. Ce royaume fut béni d’un éveil puissant lors de la Réforme, mais la ContreRéforme mit rapidement sous l’éteignoir la flamme ardente de l’Évangile qui y brûlait. S’ensuivirent des décennies, des siècles d’absence d’une proclamation puissante de l’Évangile. La première guerre mondiale a annoncé un nouveau mouvement de l’Esprit. Des milliers se sont convertis et de nombreuses Églises ont été implantées. Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale, le manque d’ouvriers et l’avènement d’une société de consommation, de droits et d’individualisme vont étouffer ce début de réveil16. Aujourd’hui, même si une ouverture plus marquée est observée, les conversions sont assez rares et la croissance des Églises demeure très faible. Les convictions bibliques concernant l’ADN de l’Église y sont testées et mises à rude épreuve. Cependant, 31


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nous ne pouvons accepter une croissance anémique, une stagnation ou une régression comme étant une fatalité. Malgré la résistance du terrain, le mandat missionnaire demeure inchangé. Jésus a dit : « Allez et faites de toutes les nations des disciples ». Il n’a ni abrogé ni limité son ordre. Les temps sont entre les mains du Seigneur. Il décide des saisons et l’Esprit souffle où il veut. Mais, envers et contre tout, notre ordre de marche demeure : « Allez et faites des disciples ! » Rappelons-nous que le mandat ne souffre aucune remise en question et que les promesses du Seigneur n’ont pas été révoquées. Leur date de péremption n’est pas dépassée. Il a dit : « Je bâtirai mon Église » et il le fait. Il a affirmé : « Voici je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde », et il est avec nous. Mais alors, pourquoi nos Églises semblent-elles atteintes de minimalisme ? Pourquoi un développement si limité, quand l’ADN de l’Église respire la croissance ? Nous pourrions trouver réconfort dans l’idée qu’une « croissance ininterrompue n’est ni réaliste sociologiquement, ni théologiquement, ni bibliquement.17» Les mots de Leslie Newbigin pourraient servir de baume : Celui qui revisite l’enseignement du Nouveau Testament est obligé de dire que, d’une part, il y a une joie à la croissance rapide de l’Église dans les premiers jours mais que, d’autre part, il n’y a aucune preuve que la croissance numérique de l’Église est un souci premier. Il n’y a pas un soupçon de preuve dans les lettres de Paul qui pourrait suggérer qu’il jugeait les Églises à la mesure de leur succès à rencontrer une croissance numérique rapide et, d’ailleurs, il n’y a rien de comparable aux cris stridents de certains évangélistes contemporains qui vitupèrent que le salut du monde dépend de la multiplication des croyants. [...] Mais ceci n’apparaît nulle part comme une anxiété ou un enthousiasme concernant la croissance numérique de l’église.18

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Nous pourrions continuer notre chemin, travailler avec fidélité et ardeur pour le Seigneur sans trop nous tracasser de l’absence de croissance. Il se peut que l’Esprit nous ait donné un ministère comme celui de Jérémie qui pleurait la désolation. Ou qu’il nous ait placés dans une situation similaire à celle de l’apôtre Paul à Antioche de Pisidie lorsqu’il partit en secouant la poussière de ses sandales (Actes 13 : 51). Il suffit alors de présenter au Seigneur notre fidélité à la tâche, même si elle n’a pas généré de croissance remarquable. Il est toujours possible d’argumenter que si nos efforts ne produisent pas de croissance numérique, ils contribuent, tout au moins, au développement spirituel des chrétiens. Ou bien qu’ils sont bénéfiques à la croissance en maturité du corps de Christ ou à son unité. Mais l’un des signes de la maturité spirituelle n’est-il pas de porter du fruit, de multiplier et de se reproduire ? Ne court-on pas le risque de ressembler à celui qui a enterré son talent (Matthieu 25 : 14-30) et omis de le faire fructifier ?

L’étude de la croissance des Églises en Belgique Même en francophonie, certaines Églises connaissent une croissance régulière et stable. Pourquoi ? Sont-elles les exceptions qui confirment la règle ? Le fruit de la conjoncture fortuite de quelques facteurs isolés ? Voilà la problématique qui a attiré mon attention et fait l’objet de mes recherches. Les questions que je me posais étaient : • Pourquoi certaines Églises grandissent-elles quand la majorité des communautés peinent à maintenir le statu quo ? • Y a-t-il des éléments communs aux Églises en expansion qui pourraient expliquer leur croissance ? • Si des similitudes existent entre ces Églises, pourrionsnous en déduire des principes de croissance ? Serait-il possible de les appliquer à d’autres communautés afin qu’elles aussi grandissent ? 33


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C’est ainsi qu’a débuté un processus d’étude de la croissance des Églises et des facteurs responsables de la croissance continue de certaines communautés. J’ai d’abord réalisé un état des lieux et constaté que parmi les Églises qui ont un ministère auprès de la population autochtone, il y avait généralement peu de croissance. J’ai identifié les Églises qui avaient expérimenté une croissance régulière sur un laps de temps prolongé. Pour améliorer la fiabilité des résultats, des critères ont été établis pour définir une Église en croissance. Ainsi, il fut décidé de n’étudier formellement que les Églises qui rencontraient trois critères précis. 1. Avoir au minimum une moyenne de 100 personnes lors 19 de la rencontre hebdomadaire principale . 2. Avoir connu une croissance d’au moins 15 % sur les 10 dernières années20. 3. Avoir un ministère majoritairement axé vers la population autochtone21. Sur base de ces critères, j’ai retenu vingt-trois Églises au sein du protestantisme évangélique francophone de Belgique. Devant l’impossibilité de les analyser toutes en profondeur, un échantillon représentatif de six Églises a été tiré au sort. Elles ont été contactées et ont toutes accepté de collaborer à l’étude envisagée. Je leur renouvelle ici l’expression de ma gratitude. Il fallait alors déterminer quels aspects de la vie de ces communautés investiguer, quelles questions poser et à qui et comment les poser. Mais, avant de s’investir dans des interviews, sondages, analyses et perspectives historiques, il paraissait judicieux d’examiner les recherches déjà réalisées concernant la croissance de l’Église et des Églises. Le prochain chapitre présentera le socle des connaissances sur le sujet.

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POUR ALLER PLUS LOIN RÉFLEXION :

Questions pour analyse, recherche et réflexion Si le Seigneur a effectivement donné un ADN de croissance à son Église, qu’est-ce que cela implique pour l’Église dont je suis membre ? Si l’Église dans laquelle je suis impliqué (ou l’association d’Églises dont elle fait partie) n’expérimente pas une croissance saine, y a-t-il des circonstances exceptionnelles justifiant ce constat ? Quels pourraient être les obstacles à la croissance ? Franck Segonne propose le résultat de recherches intéressantes concernant la croissance des Églises en France dans son livre « L’Évangélisation Durable »22. FORMATION :

Enseignement à donner à l’Église ou à divers groupes de l’Église Enseigner : Les promesses et les affirmations concernant la croissance voulue par Dieu pour son Église. Former : Au souci concernant la croissance de l’Église et des Églises afin de motiver les croyants à penser croissance, témoignage et évangélisation. ACTIVITÉS :

Si les données sont disponibles, établir une courbe de croissance sur les vingt dernières années pour l’Église dont je suis membre.

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Si les données sont disponibles, établir une courbe de croissance sur les vingt dernières années pour l’association d’Églises à laquelle je suis associé. Recenser, dans ma région, des Églises qui connaissent une croissance régulière et continue afin de pouvoir les visiter, les observer et en interviewer les responsables. SUJETS DE PRIÈRE :

Prier pour une saine croissance de l’Église dont je suis membre, pour celle des Églises de la ville, de la région, du pays. Prier que les Églises redécouvrent leur ADN de croissance. Prier pour l’élimination des obstacles à la croissance.

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Chapitre deux

Un survol des théories existantes concernant la croissance de l’Église « Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. » Actes 2 : 47

Les débuts de l’étude de la croissance de l’Église Jésus ordonna à ses disciples d’aller le proclamer jusqu’aux confins de la terre. Les douze étaient convaincus que l’expansion de l’Église était la volonté et le plan de Dieu1. Ils s’y sont consacrés sans retenue. Ils ont vécu, sacrifié et souffert et, souvent, ont offert leur vie pour obéir au mandat donné par le Seigneur. Depuis lors, à leur instar, les croyants ont œuvré pour que l’Église grandisse en nombre et en maturité. Au travers des périodes apostolique, patristique et monacale du Moyen Âge, de la Renaissance, de la Réforme et de la Contre-Réforme et même du mouvement missionnaire moderne, les chrétiens ont cherché à répandre l’Évangile. Ils désiraient voir l’Église, son Église, grandir localement et s’implanter jusqu’aux extrémités de la terre. Mais ils se tracassaient peu de savoir pourquoi l’Église grandissait ou d’identifier les obstacles entravant son expansion. Même lors des grandes avancées du Christianisme, tandis que 37


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l’action était à son comble, l’analyse était ignorée. L’Église de Jésus-Christ existe depuis près de vingt siècles. Mais ce n'est que récemment que des missionnaires et des théologiens ont commencé à étudier le processus d’expansion et les facteurs la favorisant ou la freinant.2 Ils désiraient déterminer les stratégies optimales pour accélérer l’expansion de l’Église en étudiant les facteurs de croissance. Cette préoccupation a amené la naissance du Mouvement de la Croissance de l’Église.3

Les facteurs de croissance trouvés dans la Bible La Bible est indiscutablement la première source à consulter pour ceux qui désirent voir l’Église grandir et les Églises locales se développer et multiplier. L’étudiant de la parole de Dieu remarquera que la croissance est favorisée par : 1. La plénitude du Saint-Esprit dans la vie des croyants (Jean 3 : 8 ; 20 : 21 ; Actes 1 : 8). Le Saint-Esprit a été donné pour aider à l’accomplissement du mandat missionnaire et apporter puissance au témoignage rendu par les chrétiens. 2. La proclamation de la parole inchangée dans son sens mais adaptée au contexte4, (Matthieu 13 : 3 ; Actes 6 : 7 ; 12 : 24 ; 13 : 49 et 19 : 20 ; Éphésiens 6 : 17 ; Jacques 1 : 18). Selon William Larkin : « La parole de Dieu proclamée est véritablement le pont connectant le salut accompli et [le salut] appliqué. »5 3. L’unité, l’harmonie et la communion dans l’Église6 (Matthieu 5 : 16 ; Jean 13 : 35 ; Actes 2 : 42-47 ; 1 Corinthiens 6 : 6) 4. La mobilisation de tous les membres du corps7 (Éphésiens 4 : 11-16) et leur déploiement selon les dons et les appels8 (Actes 13, 1 Corinthiens 12). 5. La prière (Matthieu 9 : 38 ; Luc 10 : 2). 38


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6. La dynamique des petits groupes ou des groupes de maison9 (Actes 1 : 13-14 ; 2 : 46 ; 5 : 42 ; 10 : 22 ; 12 : 12 ; 16 : 15, 32-34 ; 17 : 5 ; 18 : 7, 26 ; 20 : 7, 20-21 ; 21 : 7-8 ; 28 : 17-18). 7. Une priorisation de l’évangélisation et des actions envers ceux du dehors10 (Actes 8 : 4, 1 Pierre 3 : 15).

Les précurseurs de l’étude systématique de la croissance de l’Église Lorsque le missionnaire anglais Rolland Allen est parti pour la Chine, il a emporté dans ses bagages un intérêt dévorant pour le sujet de la croissance de l’Église. Il ambitionnait de libérer le potentiel de croissance inhérent à l’Église. Il a identifié cinq principes majeurs11 qui jouent un rôle dans le développement des Églises : 1. La dépendance envers le Saint-Esprit12. 2. Une nationalisation du leadership et des pratiques qui reconnaît l’interdépendance régionale et l’unité spirituelle globale13. 3. Une contextualisation du message de la parole et des 14 méthodes . 15 4. Une mobilisation des laïcs (non-membres du clergé) . 16 5. Une priorisation de l’évangélisation .

S’inspirant de ce travail d’ensemencement, Jarrell Waskom Pickett, missionnaire méthodiste en Inde, a identifié dix principes17 : 1. La nécessité d’étudier l’environnement pour appréhender la situation. 2. L’importance de se concentrer sur les groupes et les mouvements de groupes plutôt que sur les individus. 39


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3. La puissance de l’identité du groupe (le principe de l’homogénéité du groupe). 4. La puissance destructrice de la dislocation sociale et l’importance de maintenir les nouveaux chrétiens dans leurs réseaux sociaux. 5. Les dangers de l’individualisme occidental. 6. L’abandon de l’approche basée sur la station/campus missionnaire. 7. Le concept de l’ascenseur social. 8. La nécessité d’affecter les ressources missionnaires selon la réceptivité. 9. La nécessité d’adopter les formes et les symboles de la liturgie et des célébrations d’adoration locales plutôt que d’importer des coutumes ou pratiques perçues comme étrangères. 10. L’importance de se concentrer sur les masses comme étant plus réceptives que les classes supérieures.18

La naissance du « Mouvement de la Croissance de l’Église » Donald McGavran a donné au mouvement le nom de Mouvement de la Croissance de l’Église (« Church Growth Movement »). Il l’a défini comme « Tout ce qui est impliqué dans le travail d’amener des hommes et des femmes qui n’ont pas une relation personnelle avec Jésus-Christ à la communion avec lui et à devenir des membres d’Églises engagés. »19 Il a reconnu s’être appuyé sur le travail de ses prédécesseurs allant même jusqu’à s’exclamer : « J’ai allumé ma bougie au feu de Pickett »20. Convaincu que « Dieu désire que son Église grandisse »21, il aspirait à une riche moisson. Il a étudié la croissance de l’Église via le kaléidoscope des sciences humaines et du comportement. La question qui le motivait était : « Pourquoi 40


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les gens deviennent-ils chrétiens ? »22 Il voulait découvrir des principes applicables au développement de l’Église « qui, bien interprétés et appliqués, contribueraient significativement à la croissance des Églises et des dénominations. » Il proposa quatre principes majeurs : 1. La mission est la proclamation et le rassemblement des nouveaux croyants en Églises. « C’est la vérité de Dieu qui conduit son Église à répandre la Bonne Nouvelle, à implanter Église après Église et à faire grandir son Corps » 2. Les résultats doivent être évalués par rapport à la fidélité des évangélistes mais aussi par rapport au rendement (fertilité). 3. Les efforts missionnaires doivent viser les mouvements de masse et garder à l’esprit le principe de l’homogénéité. Il faut garder à l’esprit que les gens aiment devenir chrétiens sans devoir traverser des barrières de race, de langue ou de classe sociale. 4. Les missionnaires doivent s’attacher à amener les gens au Christ ET à faire des disciples de tous les peuples de la terre. Ils ne doivent toutefois pas chercher à les rendre parfaits.

La maturation du Mouvement de la Croissance de l’Église Bientôt, des personnes qui partageaient ses convictions se sont rassemblées autour de Donald McGavran. Notons C. Peter Wagner qui, sur base du ta ethnē (de toutes nations) de Matthieu 28 : 19, propose le concept du « groupe-peuple » (people group). Il a souligné que le mot ethnē est communément traduit par « nations ». Mais en Matthieu 28 : 18-20, il devrait plutôt être compris comme faisant référence aux groupes ethnolinguistiques dont les membres partagent une identité spécifique et 41


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propre. Au lieu de considérer les nations comme étant la cible du mandat missionnaire, il encourageait à prendre en compte des entités bien plus petites. Ainsi, une nation qu’on considère comme atteinte par l’Évangile pourrait contenir certains groupes ethnolinguistiques (« groupe-peuple ») qui n’ont aucunement été touchés par l’Évangile. On pourrait imaginer que le mandat missionnaire a été accompli pour cette nation alors que ce n’est clairement pas le cas. Imaginons une ville de 50 000 habitants qui compte 10 Églises évangéliques. Nous pourrions nous dire que la ville est atteinte. Mais nous devrions réévaluer notre conclusion si nous découvrions que cette ville a accueilli 500 réfugiés somaliens qui ne bénéficient d’aucun témoignage viable. En effet, la communauté somalienne (un « groupe-peuple ») n’est pas atteinte alors même qu’elle est située dans une cité atteinte. Ce serait la même chose pour une ville desservie par de nombreuses Églises mais dont le monde de la nuit ou celui de la rue est ignoré.

Les classifications E0 à E3 et P0 à P3 Pour permettre de définir les barrières culturelles, linguistiques et géographiques que doit franchir un évangéliste pour atteindre les personnes ciblées, Peter Wagner a proposé la classification E0, E1, E2 et E3. Cette catégorisation permet de mesurer la distance (linguistique, culturelle, ethnique…) qui existe entre le missionnaire, l’évangéliste ou le témoin, et les personnes qu’il voudrait atteindre. Le E représente l’évangéliste tandis que les quatre chiffres représentent la distance qu’il doit parcourir pour témoigner à la personne ciblée. Le 0 envisage le témoignage à une personne qui est dans l’Église sans pourtant être véritablement convertie. Le 1 celui pour une personne hors Église mais pour qui il ne faudra franchir ni barrière linguistique ni culturelle (si ce n’est la culture de l’Église). Le 2 pour une personne qui est d’une culture différente quoique proche. Par exemple, une Française qui est missionnaire en Suisse ou un Burkinabé au Sénégal. Le 3 définit la distance séparant une 42


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personne qui cherche à témoigner à quelqu’un d’une culture très différente. Par exemple une Belge missionnaire en Inde ou un Malien au Québec. Échelle E pour évangélisation - Évaluation de la distance (culturelle, linguistique, philosophique, religieuse) à parcourir par un chrétien désirant témoigner à l’un de ses contemporains (d’après C. Peter Wagner)

ÉGLISE Même culture (sauf celle interne à l’église)

Autre culture mais relativement proche

Autre culture mais fort distante

E0 E1

E2 E3

Un chrétien à un membre ou sympathisant non-chrétien de l’église.

Une chrétienne française à sa voisine ou collègue française.

Un chrétien sénégalais Peul à un Malien Peul ou une chrétienne belge à une amie française.

Un chrétien belge à un Iranien musulman ou un chrétien allemand à un Chinois taoïste.

On peut inverser la perspective afin d’examiner la distance à parcourir par des non-chrétiens en recherche d’une Église à même de leur présenter l’Évangile. Ainsi une personne P 0 est une personne dans l’Église mais pas encore en Jésus-Christ. Une personne P 1 n’a pas de culture d’Église mais trouvera aisément une Église culturellement proche. Une personne P 2 est en mesure de trouver une Église pertinente malgré des différences culturelles modérées. Une personne P 3 ne trouve que des Églises composées de gens différents et culturellement très éloignés. Le but pour ceux qui se soucient du salut de tous est que chaque personne ait dans son environnement une Église accessible (linguistiquement, culturellement, sociologiquement). Ces différents outils d’analyse ont permis au Mouvement d’atteindre une certaine maturité sans toutefois faire l’unanimité. 43


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Les opposants au Mouvement de la Croissance de l’Église Le mouvement a été sévèrement critiqué. Certains l’ont affublé du surnom de « numérolâtrie » en raison d’un intérêt prononcé pour les chiffres, les calculs et les graphiques. D’autres ont estimé que le mouvement : • Offrait une ecclésiologie trop superficielle, • Œuvrait pour la croissance numérique au prix de la croissance qualitative • Proposait uniquement des procédés manipulatoires • Préconisait des méthodes ou des artifices pour résoudre des problèmes spirituels • Fournissait des techniques humaines élaborées à partir des sciences humaines (sociologie, anthropologie, psychologie) ou du marketing pour résoudre des problèmes spirituels. • Accordait trop peu de valeur aux sacrements et à la parole. • Conduisait l’Église à adopter « une évangélisation sans l’Évangile. » L’essence de beaucoup de ces critiques a été remarquablement résumée par David Wells : « Le plaidoyer involontaire pour une forme de foi dépouillée de contenu théologique a rendu la technique du mouvement de la croissance de l’Église totalement vulnérable aux intrusions de la modernité. En effet, c’est en cela que sont rejetés les aspects transcendants de la foi chrétienne qui constituent la meilleure défense contre le dogme relativisant de la modernité. » Parmi les défenseurs du mouvement, Charles Van Engen propose une perspective historique, dogmatique et théologique concernant la nature de l’Église dans son opus. Il valide la 44


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