Warren W. Wiersbe
biblique
vivants commentaire
Jean 1 Ă 12 Texte de Parole vivante inclus
Soyez vivants • Jean 1 à 12
Warren W. Wiersbe
biblique
vivants
commentaire
Jean 1 Ă 12 Texte de Parole vivante inclus
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Be Alive • Warren W. Wiersbe © 1986, 2009 • David C. Cook 4050 Lee Vance Drive Colorado Springs, CO 80918 U.S.A. Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition publiée en langue française : Soyez vivants • Warren W. Wiersbe © 2021 • BLF Europe Rue de Maubeuge, 59164 Marpent, France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : E2m • entre2mondes@gmx.com Couverture : BLF Éditions Mise en page : BLF Éditions et NouvelleCreation Impression n° XXXXX • Evoluprint, 10 rue du Parc, 31151 Fenouillet, France Sauf mentions contraires, les citations bibliques sont extraites de la version Louis Segond révisée, dite « Bible à la Colombe ». © 1978 Société biblique française. Avec permission. Les autres versions sont abrégées comme suit : la Bible Darby (DRB), la Nouvelle Bible Segond (NBS), la Nouvelle Édition de Genève (NEG). Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Le texte de l’Évangile selon Jean qui figure en fin de livre est extrait de Parole vivante : Transcription dynamique du Nouveau testament, par Alfred Kuen © 2013 • BLF Éditions. ISBN 978-2-36249-572-4 ISBN 978-2-36249-573-1
brochée numérique
Dépôt légal 1er trimestre 2021 Index Dewey (CDD) : 226.5 Mots-clés : 1. Bible. Nouveau Testament. Évangiles. 2. Évangile selon Jean. Commentaire. 3. Justification. Sotériologie. Grâce. Salut. Expiation.
Table des matières Préface, par Ken Baugh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Suggestion de plan de l’Évangile selon Jean �������������������� 15 Chapitre 1 | Dieu est ici ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Chapitre 2 | Connaître Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Chapitre 3 | Une question de vie ou de mort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Chapitre 4 | La Samaritaine pécheresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Chapitre 5 | L’homme qui était l’égal de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Chapitre 6 | Jésus perd son auditoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Chapitre 7 | Altercation durant la fête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Chapitre 8 | Contrastes et conflits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 Chapitre 9 | L’aveugle voit clair dans leur jeu . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 Chapitre 10 | Le bon Berger et ses brebis .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 Chapitre 11 | Le dernier miracle, le dernier ennemi ����������� 149 Chapitre 12 | Christ et la crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 Questions d’étude .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Évangile selon Jean, 1 à 12 (Parole vivante) ������������������� 189
Préface L’idée maîtresse Je vais vous poser une question, prenez le temps de réfléchir avant d’y répondre : « Qu’est-ce qui est de la plus haute importance, mais que vous ne serez pas en mesure de faire sur la nouvelle terre ? ». Allez ! Un peu de courage : ne lisez pas tout de suite la réponse ! Pensez-y vraiment, rien qu’un instant : « Qu’est-ce qui est de la plus haute importance, mais que vous ne pourrez pas faire sur la nouvelle terre ? ». Vous donnez votre langue au chat ? Nous pourrions tout simplement répondre ceci : « Au ciel, je ne serai plus en mesure d’évangéliser ». Aviez-vous déjà pensé à cela ? Partager la foi avec les non-croyants est la chose la plus importante que nous pouvons accomplir ici-bas sur la terre. Eh bien, nous ne serons plus en mesure de le faire au ciel ! Alors, comment vous y prenez-vous pour évangéliser ? À quand remonte la dernière fois que vous avez parlé de Jésus à quelqu’un ? À quand remonte la dernière fois où vous avez ouvert votre porte à des témoins de Jéhovah pour leur annoncer le véritable Jésus de la Bible ? À quand remonte la dernière fois où vous avez sorti votre Bible dans un transport en commun en espérant que la personne à côté de vous serait assez curieuse pour entamer la conversation ? Vous culpabilisez ? Moi aussi, et pourtant, je suis pasteur. Je ne sais pas pour 9
Soyez vivants vous, mais quand je monte dans un train, je me cache derrière ma tablette, en prenant un air inexpressif. En 2004, l’entreprise de sondage Barna a demandé à un certain nombre de chrétiens combien de fois ils avaient partagé leur foi au cours de l’année écoulée. 49 % des personnes interrogées seulement l’avaient fait. Houlà, moins de la moitié ! Et après, on s’étonnera que tant de personnes ne se tournent pas vers Jésus ! La vérité est que Dieu nous a choisis, vous et moi, pour communiquer l’Évangile aux autres. Nous avons des occasions de faire connaître notre foi, mais n’en tirons pas le meilleur parti. Si nous laissons filer ces occasions, les gens n’entendront pas l’Évangile. Et s’ils ne l’entendent pas, ils ne pourront pas décider de se tourner vers Christ. Et s’ils ne se tournent pas vers Christ, ils mourront dans leurs péchés. Et s’ils meurent dans leurs péchés, ils seront séparés de Dieu pour l’éternité. Ils la passeront dans un endroit de tourments bien réel : l’enfer. Peut-être bien que j’en fais des tonnes, mais franchement, vous ne croyez pas que le sujet est important ? Jean, lui, en était convaincu. À tel point qu’il va consacrer les douze premiers chapitres de son Évangile à présenter Jésus comme le divin Fils de Dieu. Telle est son idée maîtresse. L’Évangile selon Jean se distingue des Évangiles synoptiques. Il ne présente pas la généalogie de Jésus. Pas de récit de la naissance de Christ. Rien sur sa tentation dans le désert. Aucune mention de la transfiguration. Aucune mention de la façon dont Jésus a désigné ses disciples. Pas de paraboles. Pas de récit de son ascension. Pas de référence au mandat missionnaire. Au lieu de cela, Jean souligne que Jésus est le Créateur, l’unique Fils du Père, l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde, et même le « JE SUIS » d’Exode 3 : 14. Jean met surtout l’accent, plus que tous les autres auteurs des Évangiles, sur la nature divine du fils de Dieu. Jean souligne clairement que toute personne qui ne croit pas que Jésus est le Fils divin de Dieu est condamnée : « Celui qui lui refuse sa confiance est déjà condamné, car il n’a 10
Préface pas mis sa confiance en la personne du Fils unique de Dieu » (Jean 3 : 18). Vous vous dites peut-être : Ken, je n’ai pas le don d’évangéliser. Je pense qu’il est préférable de déléguer à d’autres toute cette affaire d’évangélisation, n’est-ce pas ? Eh bien, je n’irai pas par quatre chemins : c’est NON ! Certes, des chrétiens possèdent le don d’évangéliser, mais nous n’allons pas nous en tirer à si bon compte. (Eh oui, moi y compris : je suis un pasteur qui n’a pas le don d’évangéliser… Allez comprendre.) Que cela nous plaise ou pas, le mandat missionnaire est confié à tout croyant, invité à aller et « faire des disciples ». Et bien sûr, le premier pas pour devenir un disciple est de croire que Jésus est le divin Fils de Dieu. Alors, pourquoi est-il si difficile de faire œuvre d’évangéliste ? Quels obstacles se mettent-ils en travers de notre chemin ? J’en vois deux. 1. La barrière du manque-de-connaissance. Une personne (peut-être vous) pense qu’elle ne possède pas assez de connaissances biblique ou théologique pour répondre correctement aux questions. 2. La barrière de la peur (je sens que celle-ci vous est familière). Beaucoup d’entre nous sommes terrifiés par l’opposition qui émerge souvent de la part des personnes évangélisées. Je suis cependant convaincu que chaque croyant peut surmonter ces deux obstacles et communiquer sa foi de façon à porter du fruit. Et voici comment. Comment surmonter au mieux l’obstacle du manquede-connaissance ? Lorsque vous avez l’occasion de témoigner, concentrez-vous sur le témoignage personnel de Jésus concernant sa nature divine. C’est l’idée principale qui ressort des douze premiers chapitres de l’Évangile selon Jean. Vous avez certainement déjà entendu des propos comme : « Oui, je crois que Jésus a existé et qu’il était un grand professeur de morale, mais je ne crois pas qu’il était réellement Dieu ou qu’il ait affirmé l’être ». Eh bien, Jésus a vraiment déclaré qu’il 11
Soyez vivants était Dieu. Et bien des exemples l’attestent dans l’Évangile selon Jean. Ouvrons Jean 10. Les Juifs s’apprêtent à lapider Jésus. Il leur en demande alors la raison : — Mon Père m’a rendu capable d’accomplir sous vos yeux beaucoup de bonnes actions ; pour laquelle voulez-vous me tuer à coups de pierres ? Les Juifs répliquèrent : — Ce n’est pas pour une bonne action que nous voulons te tuer, c’est parce que tu blasphèmes ; bien que tu ne sois qu’un homme, tu veux te faire passer pour Dieu. Jean 10 : 32-33
Dans cet exemple, Jean utilise le témoignage personnel de Jésus concernant sa nature divine comme outil d’évangélisation. Pourquoi ? Lorsqu’une personne est confrontée aux manifestations du statut divin de Jésus, lorsqu’elle le lit comme venant de la bouche même de Jésus, elle doit prendre une décision : Jésus est-il, oui ou non, de nature divine ? C. S. Lewis a parfaitement saisi l’enjeu de la question lorsqu’il l’exprime en ces quelques mots : Un homme qui ne serait qu’un homme et qui tiendrait les propos que tenait Jésus ne serait pas un grand professeur de morale. Ce serait soit un fou – tel l’individu affirmant qu’il est un œuf poché – soit le Démon des enfers. Il vous faut choisir : ou bien cet homme était et reste le Fils de Dieu, ou bien il ne fut rien d’autre qu’un aliéné ou pire encore. Vous pouvez l’enfermer comme fou, lui cracher au visage et le tuer comme un démon ; ou, au contraire, vous jeter à ses pieds et l’appeler Seigneur et Dieu. Mais ne vous laissez pas entraîner à favoriser ce non-sens, à savoir qu’il est un grand maître issu de l’humanité. Il ne nous a pas laissé cette possibilité. Il n’a pas eu cette intention*.
Par conséquent, un des meilleurs moyens de surmonter la barrière du manque-de-connaissance est de se comporter comme Jean. Comment ? Mettez l’accent C. S. Lewis, Les fondements du christianisme (LLB, p. 66).
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Préface sur le témoignage que Jésus donne de lui-même : il affirmait être Dieu incarné. Vous en viendrez ainsi plus rapidement au cœur du message de l’Évangile. Ensuite, le meilleur moyen de surmonter la barrière de la peur est de garder à l’esprit que votre rôle n’est pas de convertir qui que ce soit. Ça, c’est le travail de Dieu. Votre responsabilité, dans l’évangélisation, consiste à semer, ici et là, des graines de vérité. Répandre la vérité sur la personne et l’œuvre de Christ. Répandre la vérité sur la nature divine de Jésus (voir Jean 1 : 1-3 ; Col. 1 : 15-17 ; 2 : 9 ; Héb. 1 : 3) et sa mission terrestre (voir Jean 3 : 16-18). Alors, quelle est l’idée maîtresse qui émane des douze premiers chapitres de l’Évangile selon Jean ? Jésus est le divin Fils de Dieu. Et la meilleure façon de présenter cette vérité est de faire connaître le témoignage de Jésus sur lui-même. Faites-le avec audace. Faites-le tout en reconnaissant que votre rôle consiste uniquement à répandre les graines de vérité au sujet de la personne et de l’œuvre de Christ. Rien de plus. La parole de Dieu ne retourne pas sans effet : Car la pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent jamais sans avoir arrosé et fécondé la terre, sans l’avoir fait verdir, sans fournir au semeur le grain qu’il doit semer, et sans donner du pain à tous ceux qui le mangent. Il en sera de même de ma parole prononcée de ma bouche : elle ne reviendra jamais vers moi à vide, sans avoir accompli ce que j’ai décidé, et sans exécuter jusqu’au bout la mission que je lui ai confiée. Ésaïe 55 : 10-11
Les commentaires de Warren Wiersbe me guident et m’inspirent depuis le début de mon pastorat. Son style propre n’est pas très académique, mais théologiquement très juste. Warren explique les vérités profondes des Écritures de façon à ce que tout le monde puisse les comprendre et les mettre en pratique. Que vous soyez un érudit de la Bible ou un tout nouveau croyant en Christ, ses enseignements vous seront bénéfiques, comme ils l’ont été pour moi. Prenez votre Bible dans 13
Soyez vivants une main et ce commentaire dans l’autre. Vous serez en mesure d’analyser correctement les vérités profondes de la parole de Dieu et vous apprendrez à les mettre en pratique au quotidien. Cher ami, délectez-vous des vérités de la parole de Dieu : elle est source de liberté, de paix, d’assurance et de joie. Elle vous mènera à Jésus-Christ.
Ken Baugh Pasteur de l’Église Coast Hills Community Aliso Viejo, Californie
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Introduction Pour rédiger mon commentaire, j’ai dû étudier l’Évangile selon Jean des mois durant. Tout ce temps, j’ai ressenti cette impression étrange de me tenir sur une terre sainte. Plus j’étudiais le texte et le commentais, moins je me sentais à la hauteur. Pas étonnant que le grand helléniste Alexander Robertson ait appelé cet Évangile « le livre le plus profond au monde ». Mon livre n’a pas l’ambition de sonder ces profondeurs, mais je me suis efforcé d’en présenter les enseignements fondamentaux. L’Évangile selon Jean est assez simple pour que l’enfant puisse y barboter, mais assez profond pour que l’érudit et le saint le plus aguerri puissent y plonger sans jamais toucher le fond. Le livre que vous tenez entre les mains est le premier de deux volumes consacrés à l’Évangile selon Jean. Le second, Soyez transformés, se concentre sur les chapitres 13 à 21. Lisez ce livre avec le cœur et l’esprit d’un adorateur. Jean ne s’est pas contenté de rédiger un livre, mais il a fait bien plus. Il a brossé des portraits passionnants. Les pages de son Évangile regorgent d’images telles qu’un agneau, une porte, un berger, la nouvelle naissance, la lumière et les ténèbres, l’eau de la vie, le pain, la cécité, les semences et bien plus encore. Étudiez cet Évangile en vous appuyant sur votre « imagination sanctifiée » et vous aurez l’impression de le lire pour la toute première fois. 15
Soyez vivants Surtout, gardez à l’esprit que vous n’êtes pas en train d’étudier un livre, mais en train de contempler une personne. Oui, nous avons contemplé sa splendeur glorieuse […]. Tout en lui n’était que grâce et vérité. Jean 1 : 14
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Suggestion de plan de l’Évangile selon Jean Thème : Jésus est le Christ, croyez et vivez ! Verset-clé : Jean 20 : 31 1.
Occasions (Jean 1 : 15 à 6 : 71) Jésus se présente : 1.1 À ses disciples (Jean 1 : 19 à 2 : 12) 1.2 Aux Juifs (Jean 2 : 13 à 3 : 36) 1.3 Aux Samaritains (Jean 4 : 1 à 54) 1.4 Aux autorités juives (Jean 5 : 1 à 47) 1.5 Aux foules (Jean 6 : 1 à 71)
2. Opposition (Jean 7 à 12) Un conflit éclate avec les autorités juives au sujet de : 2.1 Moïse (Jean 7 : 1 à 8 : 11) 2.2 Abraham (Jean 8 : 12 à 59) 2.3 L’identité du Messie (Jean 9 : 1 à 10 : 42) 2.4 Sa capacité à faire des miracles (Jean 11 : 1 à 12 : 36) 2.5 Leur incrédulité à son sujet (Jean 12 : 37 à 50) 3.
Résultat (Jean 13 à 21) 3.1 La foi des disciples (Jean 13 à 17) 3.2 L’incrédulité des Juifs (Jean 18 et 19) 3.3 La victoire de Christ (Jean 20 et 21)
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1 Jean 1
Dieu est ici ! Mais quoi ! Dieu habiterait-il véritablement sur la terre ?
C’est la question que Salomon pose lorsqu’il dédicace le temple (1 Rois 8 : 27). Très bonne question, en effet ! À cette époque-là, il n’y avait plus de tabernacle. La gloire de Dieu avait demeuré dans le tabernacle (Exode 40 : 34). Elle avait ensuite résidé dans le temple (1 Rois 8 : 10-11). En revanche, cette gloire s’était éloignée des Israélites à cause de leur désobéissance (Éz. 9 : 3 ; 10 : 4, 18 ; 11 : 22-23). Puis un événement merveilleux s’est produit : la gloire de Dieu s’est approchée à nouveau de son peuple, en la personne de son fils, Jésus-Christ. Les auteurs des quatre Évangiles nous ont laissé des « aperçus » de la vie terrestre de notre Seigneur, car personne n’aurait jamais pu rédiger sa biographie complète (Jean 21 : 25).
• Matthieu a écrit en ayant à l’esprit ses contem• • •
porains juifs. Il a mis l’accent sur le fait que Jésus de Nazareth avait accompli les prophéties de l’Ancien Testament. Marc, pour sa part, a écrit pour les Romains, un peuple toujours en action. Alors que Matthieu présentait un roi, Marc présentait le Serviteur, qui pourvoit aux besoins des personnes. Luc s’est adressé aux Grecs et leur a présenté le Fils de l’homme, plein de compassion. Jean, le disciple bien-aimé, quant à lui, a écrit aussi bien pour les Juifs que pour les non-Juifs. Il 19
Soyez vivants a présenté Jésus comme le Fils de Dieu. Comment savons-nous que Jean avait les Juifs et les Grecs à l’esprit ? Il a souvent « interprété » les expressions et coutumes juives pour ses lecteurs (Jean 1 : 38, 41-42 ; 5 : 2 ; 9 : 7 ; 19 : 13, 17 ; 20 : 16). Il a insisté auprès des Juifs : Jésus a non seulement accompli les prophéties de l’Ancien Testament mais il en a aussi réalisé les types : Jésus est l’Agneau de Dieu (Jean 1 : 29) et l’Échelle du ciel vers la terre (Jean 1 : 51 ; voir Genèse 28) ; il est le nouveau temple (Jean 2 : 19-21), et propose une nouvelle naissance (Jean 3 : 4s) ; il est le serpent élevé (Jean 3 : 14) et le Pain de Dieu venu du ciel (Jean 6 : 35s). Alors que les trois premiers Évangiles se concentrent sur les événements de la vie de Christ, Jean met l’accent sur le sens de ces événements. Par exemple, les quatre Évangiles racontent tous que Jésus a nourri une foule de cinq mille hommes. Seul l’Évangile selon Jean évoque le discours de Jésus sur « le pain de vie ». C’est par ce discours, juste après la multiplication des pains, que Jésus a donné l’interprétation de ce miracle aux gens. Mais le thème principal qui traverse tout l’Évangile selon Jean est le suivant : Jésus-Christ est le Fils de Dieu et si vous vous engagez personnellement auprès de lui, il vous donnera la vie éternelle (Jean 20 : 31). Lisez son premier chapitre et vous verrez déjà que Jean donne sept noms et titres à Jésus qui le présentent comme le Dieu éternel.
1. La Parole (1 : 1-3, 14) Tout comme nos paroles révèlent l’état de notre cœur et de nos pensées, Jésus-Christ est la « Parole » qui révèle le cœur et les pensées de Dieu : « Celui qui m’a vu a aussi vu mon Père » (Jean 14 : 9). Un mot est constitué de lettres. Jésus-Christ est « l’alpha et l’oméga » (Apoc. 1 : 11, il s’agit des première et dernière lettres de l’alphabet grec). Selon Hébreux 1 : 1-3, Jésus-Christ est 20
Dieu est ici ! la dernière parole de Dieu pour l’humanité, car il est l’apogée de la révélation divine.
• Jésus-Christ
est la Parole éternelle (v. 1-2). Il existait dès le commencement non parce qu’il avait un commencement en tant que créature, mais parce qu’il est éternel. Il est Dieu et il était avec Dieu « avant qu’Abraham soit venu à l’existence, moi, je suis » (Jean 8 : 58). • Jésus-Christ est la Parole créatrice (v. 3). Le parallèle est évident entre Jean 1 : 1 et Genèse 1 : 1, entre la « nouvelle création » et « l’ancienne création ». Dieu a créé les mondes par sa Parole : « Et Dieu dit que [la chose] soit », « car lorsqu’il a parlé, cela s’est fait, lorsqu’il a commandé, cela est apparu » (Ps. 33 : 9). Dieu a créé toutes choses par Jésus-Christ (Col. 1 : 16), ce qui signifie que le Fils n’est pas un être créé. Il est le Dieu éternel. Le verbe « a été » est conjugué dans un temps grec qui exprime une « action achevée ». L’acte de création est terminé. Il ne s’agit pas d’un processus qui suit son cours, bien que Dieu soit sûrement à l’œuvre dans sa création (Jean 5 : 17). La création n’est pas un processus, mais un résultat.
• Jésus-Christ
est la Parole incarnée (v. 14). Lorsque Jésus exerçait son ministère sur la terre, il n’était pas un fantôme ou un esprit. Son corps n’était pas non plus une pure illusion. Jean et les autres disciples en ont chacun fait l’expérience personnelle et cela les a convaincus de la réalité du corps de Jésus (1 Jean 1 : 1-2). Certes, Jean a mis l’accent sur la nature divine de Christ, mais il a aussi clairement précisé que le Fils de Dieu est venu dans la chair. Il l’a dépeint comme étant sujet aux faiblesses (non pécheresses) de la nature humaine.
En effet, Jean précise que Jésus était fatigué (Jean 4 : 6) ou qu’il avait soif (Jean 4 : 7), qu’il était « profondé21
Soyez vivants ment bouleversé » (Jean 11 : 33), qu’il a pleuré en public (Jean 11 : 35). À la croix, il a eu soif (Jean 19 : 28), il est mort (Jean 19 : 30) et a saigné (Jean 19 : 34). Après sa résurrection, il a prouvé à Thomas et aux autres disciples que son corps était bien réel (Jean 20 : 24-29), alors même qu’il s’agissait d’un corps glorifié. Comment est-ce que la « Parole est devenue chair » ? Au travers du miracle de l’immaculée conception (Ésaïe 7 : 14 ; Matt. 1 : 18-25 ; Luc 1 : 26-38). Il a revêtu la nature humaine (sans le péché) et s’est identifié à nous dans chaque domaine de notre vie, de la naissance à la mort. La « Parole » n’était pas un concept philosophique abstrait, mais une vraie personne que l’on pouvait voir, toucher, entendre. Le christianisme, c’est Christ, et Christ, c’est Dieu. La révélation de la gloire de Dieu est un thème important de l’Évangile. Jésus a révélé la gloire de Dieu par sa personne, ses œuvres et ses paroles. Jean a recensé sept signes hors du commun (des miracles) qui proclamaient ouvertement la gloire de Dieu (Jean 2 : 11). La gloire de l’ancienne alliance, celle de la loi, allait en diminuant, tandis que la gloire de la nouvelle alliance en Christ allait en croissant (voir 2 Cor. 3). La loi était en mesure de révéler le péché, mais elle était totalement incapable de l’ôter. Jésus-Christ est venu avec une plénitude de grâce et de vérité, et cette plénitude est disponible pour tous ceux qui croient en lui (Jean 1 : 16).
2. La lumière (1 : 4-13) La vie est un thème-clé de l’Évangile selon Jean. Le mot « vie » y figure trente-six fois. Quels sont les éléments indispensables à la vie humaine ? Il en existe au moins quatre : la lumière (sans soleil, il n’y aurait pas de vie), l’air, l’eau et la nourriture. Jésus est tout cela à la fois !
• Il est la lumière du monde et la lumière de la vie 22
(Jean 8 : 12). • Il est le « soleil de justice » (Mal. 4 : 2).
Dieu est ici !
• Il répand le « souffle de vie » au travers de son
Saint-Esprit (Jean 3 : 8 ; 20 : 22), ainsi que l’eau de la vie (Jean 4 : 10, 13-14 ; 7 : 37-39). • Enfin, Jésus est le pain de vie venu du ciel (Jean 6 : 35-42). Non seulement il possède la vie et procure la vie, mais il est aussi la vie (Jean 14 : 6). La lumière et les ténèbres sont des thèmes récurrents de l’Évangile selon Jean. Dieu est lumière (1 Jean 1 : 5), alors que Satan est « la puissance des ténèbres » (Luc 22 : 53). Les gens aiment soit la lumière soit les ténèbres, et cet amour contrôle leurs actes (Jean 3 : 16-19). Ceux qui croient en Jésus sont des « fils de lumière » (Jean 12 : 35-36). Tout comme la première création a commencé par « que la lumière soit ! », la nouvelle création débute par l’entrée de la lumière dans le cœur des croyants (2 Cor. 4 : 3-6). La venue de Jésus-Christ dans le monde a marqué l’aube d’un jour nouveau pour l’humanité pécheresse (Luc 1 : 78-79). De fait, l’on s’attendrait à ce que les pécheurs aveugles accueillent avec joie la lumière, mais ce n’est pas toujours le cas. La venue de la véritable Lumière a engendré des conflits, car les pouvoirs des ténèbres s’y sont opposés. Nous pouvons traduire littéralement le verset 5 de la manière suivante : « Et la lumière continue de briller dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont ni vaincue ni comprise ». Le verbe grec signifie « vaincre », mais aussi « saisir » ou « comprendre ». Dans l’Évangile selon Jean, vous observerez les deux attitudes suivantes : les gens ne comprendront pas les propos et les actions du Seigneur, ce qui les poussera à s’opposer à lui. Les chapitres 7 à 12 du livre de Jean décrivent l’opposition grandissante qui finit par mener à la crucifixion du Christ. Chaque fois que Jésus enseignait une vérité spirituelle, ses auditeurs l’interprétaient de manière matérielle ou physique. La lumière ne parvenait pas à opérer une brèche dans les ténèbres de leurs pensées. 23
Soyez vivants Comme lorsqu’il a comparé son corps à un temple (Jean 2 : 19-21). Ou lorsqu’il a abordé le thème de la nouvelle naissance (Jean 3 : 4), de l’eau vive (Jean 4 : 11), de la consommation de sa chair (Jean 6 : 58). Ou encore lorsqu’il a parlé de liberté spirituelle (Jean 8 : 30-36), ou comparé la mort au sommeil (Jean 11 : 11-13), sans compter de nombreuses autres vérités spirituelles. Satan met tout en œuvre pour maintenir les gens dans les ténèbres, car elles sont synonymes de mort et d’enfer, alors que la lumière symbolise la vie et le ciel. D’où le ministère de Jean-Baptiste (Jean 1 : 6-8). En effet, Jean était envoyé comme un témoin de JésusChrist. Son objectif ? Annoncer que la Lumière était venue dans le monde. La nation d’Israël, en dépit de tous les avantages spirituels dont elle bénéficiait, était incapable de reconnaître son Messie ! Le mot « témoin » est le mot-clé de ce livre. Il apparaît quatorze fois sous forme de nom et trente-trois fois en tant que verbe. JeanBaptiste faisait partie des nombreuses personnes qui ont rendu témoignage à Jésus : « Celui-ci est le Fils de Dieu ! ». Hélas ! Jean-Baptiste a été martyrisé et les dirigeants juifs n’ont pas levé le petit doigt pour le défendre. Pourquoi la nation a-t-elle rejeté Jésus-Christ ? Parce qu’elle « ne l’a pas reconnu » (v. 10). Les Juifs manquaient de connaissance spirituelle. Jésus est la « lumière véritable » (v. 9). Il était l’original dont toutes les autres lumières ne sont que de pâles copies. Copies dont les Juifs se sont volontiers contentés. Ils avaient Moïse et la loi, le temple et les sacrifices, mais ils n’ont pas saisi que ces « lumières » pointaient vers la véritable lumière qui était l’accomplissement, l’achèvement parfait de la religion de l’Ancien Testament. En étudiant cet Évangile, vous découvrirez que Jésus enseigne qu’il est l’accomplissement de tous les « types » dans la loi. Il ne suffisait pas de naître juif. Il fallait naître de nouveau, naître d’en haut (Jean 3). Jésus a délibérément accompli deux miracles durant le sabbat pour montrer qu’il avait un nouveau repos à offrir (Jean 5 et 9). Il est la manne qui rassasie (Jean 6) et l’eau 24
Dieu est ici ! qui procure la vie (Jean 7 : 37-39). Il est le berger d’un nouveau troupeau (Jean 10 : 16) et le vin nouveau (Jean 15). Mais les Juifs, fermement enchaînés à leur tradition religieuse, ne pouvaient pas comprendre les vérités spirituelles. Jésus est venu dans son propre monde, celui qu’il avait créé, mais son propre peuple, Israël, ne pouvait pas le comprendre et encore moins le recevoir. Ils ont vu ses œuvres. Ils ont entendu ses paroles. Ils ont été témoins de la vie parfaite qu’il a menée. Il leur a donné toutes les occasions possibles de saisir la vérité, de croire et d’être sauvés. Jésus est le chemin, mais ils n’ont pas marché à ses côtés (Jean 6 : 66-71). Il est la vérité, mais ils n’ont pas cru en lui (Jean 12 : 37-49). Il est la vie… et ils l’ont crucifié ! Mais aujourd’hui, les pécheurs ne devraient pas reproduire les mêmes erreurs. Jean rapporte une merveilleuse promesse de Dieu : quiconque reçoit Christ naîtra de nouveau et fera partie de la famille de Dieu (Jean 1 : 12-13) ! Jean en dira plus sur cette nouvelle naissance au chapitre 3. Ce qu’il souligne, ici, c’est le fait que la nouvelle naissance est spirituelle et vient de Dieu ; il ne s’agit pas d’une naissance physique qui dépend de la nature humaine. La lumière brille encore ! Avez-vous personnellement reçu cette lumière ? Êtes-vous devenu enfant de Dieu ?
3. Le Fils de Dieu (1 : 15-28, 49) Jean-Baptiste est l’une des personnes les plus importantes du Nouveau Testament. Il est fait mention de lui au moins trente-neuf fois. Il a le privilège très particulier de faire connaître Jésus à la nation d’Israël. Il doit aussi assumer la lourde mission de préparer la nation à recevoir son Messie. Il appelle ses compatriotes à se repentir de leurs péchés et à prouver leur repentance en se faisant baptiser, puis en vivant d’une tout autre manière. Que devait dire Jean-Baptiste au sujet de JésusChrist ? Jean a résumé ses propos (Jean 1 : 15-18). 25
Soyez vivants
• Tout
d’abord, Jésus-Christ est éternel (Jean 1 : 15). En effet, Jean-Baptiste est né six mois avant Jésus (Luc 1 : 36). Jean fait donc référence à la préexistence de notre Seigneur et non à sa date de naissance. Jésus existait bien avant la conception de Jean-Baptiste. • Ensuite, Jésus-Christ possède la plénitude de la grâce et de la vérité (Jean 1 : 16-17). La grâce est la faveur et la bonté de Dieu qu’il accorde à des personnes qui ne les méritent pas et ne peuvent les obtenir. Si Dieu agissait avec nous uniquement sur la base de la vérité, personne ne survivrait. Il agit sur la base de la grâce et de la vérité. Jésus-Christ, par sa vie, sa mort et sa résurrection, a rempli toutes les exigences de la loi. Dieu est désormais libre de partager la plénitude de sa grâce avec ceux qui se confient en Christ. La grâce sans la vérité serait une source d’illusion et la vérité sans la grâce une source de condamnation. En Jean 1 : 17, Jean laisse-t-il entendre que la loi de Moïse ne fait preuve d’aucune grâce ? Non, parce qu’elle existait bel et bien. Chaque sacrifice était une expression de la grâce de Dieu. La loi a également révélé la vérité de Dieu. En JésusChrist, toutefois, la grâce et la vérité atteignent leur plénitude et cette plénitude nous est rendue accessible. Nous sommes non seulement sauvés par la grâce (Éph. 2 : 8-9), mais nous vivons aussi par elle (1 Cor. 15 : 10). En outre, nous dépendons d’elle dans tout ce que nous faisons. Nous pouvons recevoir une multitude de grâces, car « la grâce qu’il nous accorde aussi […] est d’autant plus grande » (Jac. 4 : 6). Jean insinue qu’un tout nouvel ordre avait vu le jour pour remplacer le système mosaïque (Jean 1 : 17).
• Enfin,
Jésus-Christ nous révèle Dieu (Jean 1 : 18). Par essence, Dieu est invisible (1 Tim. 1 : 17 ; Héb. 11 : 27). Les gens peuvent voir Dieu
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Dieu est ici ! au travers de la nature (Ps. 19 : 1-6 ; Rom. 1 : 20) et dans ses interventions puissantes dans l’histoire, mais nul ne peut voir Dieu en personne. JésusChrist nous révèle Dieu, car il est « l’image du Dieu que nul ne voit » (Col. 1 : 15) et « l’expression parfaite de sa nature » (Héb. 1 : 3). À la fin du verset 18, le mot traduit par « révélé » (ou « fait connaître ») est synonyme du mot « exégèse », qui signifie « expliquer, dérouler, montrer la voie ». Jésus-Christ ne fournit pas seulement des détails au sujet de Dieu, il va plus loin : il interprète la personne de Dieu. Nous ne pouvons comprendre Dieu sans connaître son Fils, Jésus-Christ. Le mot « Fils » apparaît pour la première fois chez Jean pour désigner un des titres de Jésus-Christ (Jean 1 : 18). Le mot « unique » signifie « seul du genre ». Il ne sous-entend pas qu’à une époque le Fils n’existait pas et que le Père a dû le créer. Non, car Jésus-Christ est le Dieu éternel. Il a toujours existé. Jésus est désigné comme le « Fils de Dieu » au moins neuf fois dans l’Évangile selon Jean (Jean 1 : 34, 49 ; 3 : 18 ; 5 : 25 ; 10 : 36 ; 11 : 4, 27 ; 19 : 7 ; 20 : 31). Souvenezvous que l’objectif de Jean est de nous convaincre que Jésus est le Fils de Dieu (Jean 20 : 31). Le mot « Fils » apparaît au moins dix-neuf fois dans cet Évangile. Jésus n’est pas seulement le Fils de Dieu, mais il est aussi Dieu le fils. Même les démons l’ont attesté (Marc 3 : 11 ; Luc 4 : 41). Six personnes de cet Évangile ont témoigné de la divinité de Jésus, dont Jean-Baptiste. Les autres sont Nathanaël (Jean 1 : 49), Pierre (Jean 6 : 69), l’aveugle qui a été guéri (Jean 9 : 35-38), Marthe (Jean 11 : 27) et Thomas (Jean 20 : 28). Si vous incluez le Seigneur luimême (Jean 5 : 25 ; 10 : 36), vous avez alors sept témoins reconnus. Jean raconte quatre jours de la vie de Jean-Baptiste, de Jésus et des premiers disciples. Il poursuit ce récit en Jean 2 et décrit, pour ainsi dire, une « semaine » dans la 27
Soyez vivants « nouvelle création », comme en parallèle de la semaine de la création en Genèse 1. Le premier jour (Jean 1 : 19-24), un comité mandaté par les chefs religieux juifs interroge Jean-Baptiste. Ces hommes en ont tout à fait le droit puisqu’ils ont pour devoir de garantir la foi. Ils lui posent donc plusieurs questions, auxquelles Jean-Baptiste apporte des réponses précises. « Qui es-tu ? » : question évidente. Est-il le Messie promis ? Est-il le prophète Élie qui doit venir avant l’avènement du Messie (Mal. 4 : 5) ? D’immenses foules se sont rassemblées pour écouter Jean-Baptiste et plusieurs personnes se sont fait baptiser par lui. Certes, Jean n’a accompli aucun miracle (Jean 10 : 41), mais cela n’empêche pas les foules de le considérer comme le Messie tant attendu. Jean-Baptiste dément être Élie ou le Messie. (Dans une certaine mesure, il était l’incarnation du prophète Élie ; voir Matt. 17 : 10-13.) Il n’a rien à dire sur lui-même, car il a été envoyé pour parler de Jésus ! Jésus est la Parole, Jean n’est qu’une « voix », mais… vous ne voyez jamais une voix ! Jean rappelle la prophétie d’Ésaïe (Ésaïe 40 : 1-3) et affirme qu’il en est l’accomplissement. Après avoir vérifié son identité, le comité s’enquiert de ses activités : « Pourquoi baptises-tu ? ». Il a reçu l’autorité de baptiser du ciel, et non des hommes, car il a été mandaté par Dieu (Matt. 21 : 23-32). À cette époquelà, les chefs religieux juifs baptisaient les non-Juifs désireux d’adopter la religion juive, mais Jean-Baptiste baptisait des Juifs ! Jean explique aux foules qu’il baptise d’eau, mais que le Messie viendra et effectuera un baptême spirituel. Il prouve encore qu’il ne cherche pas à poser les bases d’une nouvelle religion, encore moins à se glorifier. Il dirige les gens vers le Sauveur, le Fils de Dieu (Jean 1 : 34). Nous verrons plus loin que c’est par son baptême que Jésus-Christ sera présenté au peuple d’Israël. 28
Dieu est ici !
4. L’Agneau de Dieu (1 : 29-34) Jean reprend le fil de sa semaine et en raconte le deuxième jour. Certains membres de ce même comité étaient sûrement présents pour écouter Jean-Baptiste. Cette fois, il désigne Jésus comme « l’Agneau de Dieu », titre qu’il reprend le lendemain (Jean 1 : 35-36). Ce titre pourrait résumer tout le message de la Bible. La question dans l’Ancien Testament est : « Où est l’agneau ? » (Gen. 22 : 7). Les quatre Évangiles mettent l’accent sur : « Voici l’Agneau de Dieu ! ». Il est là ! Après vous être confiés en lui, vous chantez désormais avec le chœur céleste : « L’Agneau […] est digne » (Apoc. 5 : 12). Le peuple d’Israël associait couramment les agneaux aux sacrifices. À la Pâque, chaque famille devait sacrifier un agneau. Durant l’année, deux agneaux étaient sacrifiés chaque jour sur l’autel du temple, sans compter tous les autres agneaux sacrifiés pour des raisons personnelles. Ces agneaux étaient apportés par des hommes et remis aux hommes, mais l’Agneau de Dieu a été donné par Dieu à l’humanité ! Ces agneaux ne peuvent ôter le péché, seul l’Agneau de Dieu en est capable. Ces agneaux étaient réservés à Israël, mais cet Agneau versera son sang pour le monde entier ! Quel est le lien entre le baptême de Jean et le fait que Jésus soit l’Agneau de Dieu ? Tous les chrétiens, quelle que soit leur dénomination, vous le diront : dans le Nouveau Testament, le baptême se faisait généralement par immersion. Il représentait la mort, l’ensevelissement et la résurrection. Le baptême de Jésus par Jean-Baptiste symbolisait le « baptême » que Jésus allait endurer à la croix à sa mort en tant qu’agneau sacrificiel de Dieu (Ésaïe 53 : 7 ; Luc 12 : 50). En effet, pour « accomplir toute justice » selon Matthieu 3 : 15, l’Agneau de Dieu devait subir la mort, l’ensevelissement et la résurrection. Jean-Baptiste pensait peut-être se tromper. Peut-être doutait-il que Jésus de Nazareth soit réellement l’Agneau de Dieu ou le Fils de Dieu ? Pour lever ce doute, le Père a envoyé l’Esprit sous forme de colombe. Quelle belle image de la Trinité ! 29
Soyez vivants
5. Le Messie (1 : 35-42) Voici maintenant le troisième jour du récit. Les noces de Cana (Jean 2 : 1) auront lieu au septième jour. Les mariages juifs se déroulant traditionnellement le mercredi, le troisième jour est donc le jour du sabbat. Pas un jour de tout repos pour Jean-Baptiste ou Jésus : Jean-Baptiste prêche et Jésus rassemble ses disciples. Les deux disciples de Jean-Baptiste qui ont suivi Jésus sont Jean, l’auteur de cet Évangile, et son ami André. Jean-Baptiste se réjouit de voir des gens le quitter pour suivre Jésus. Pourquoi ? Parce que son ministère tourne autour de la personne de Jésus : « Il doit devenir de plus en plus grand, moi de plus en plus petit » (Jean 3 : 30). Lorsque Jésus leur demande : « Que désirezvous ? », il les pousse à définir leurs objectifs. Sont-ils à la recherche d’un chef de file révolutionnaire pour renverser Rome ? Si c’est le cas, ils feraient mieux de rejoindre les Zélotes. Ce jour-là, André et Jean sont loin de se douter de toute la transformation que le Fils de Dieu opérera dans leur vie. « Où habites-tu ? » lui demandent-ils, comme pour lui dire : « Si tu es trop occupé maintenant, nous pouvons toujours te rendre visite plus tard ». Mais que fait Jésus ? Il les invite à passer la journée avec lui (il est 10 heures du matin). Il profite certainement de ce temps avec eux pour les informer de sa mission, leur révéler les pensées de leur propre cœur et répondre à leurs questions. Ils sont tellement impressionnés qu’ils partent appeler leurs frères pour les amener à Jésus. André vient avec Simon et Jean avec Jacques. Voilà de vrais gardiens de leurs frères (Gen. 4 : 9) ! Dans l’Évangile selon Jean, dès qu’il s’agit d’André, vous le verrez toujours amener quelqu’un à Jésus : son frère, le garçon aux cinq pains et aux deux poissons (Jean 6 : 8-9) et les Grecs qui veulent voir Jésus (Jean 12 : 20-21). On ne trouve aucun discours d’André dans l’Évangile, mais ses actes valent mieux que les plus grandes prédications pour ce gagneur d’âmes ! 30
Dieu est ici ! « Nous avons trouvé le Messie » : André vient de témoigner à Simon. L’hébreu « Messie » signifie : « oint » (en grec : « Christ »). Pour les Juifs, il a le même sens que « Fils de Dieu » (voir Matt. 26 : 63-64 ; Marc 14 : 61-62 ; Luc 22 : 67-70). Dans l’Ancien Testament, les prophètes, les sacrificateurs et les rois étaient oints et, par conséquent, mis à part pour un ministère spécifique. Les rois étaient désignés comme les « oints de Dieu » (1 Sam. 26 : 11 ; Ps. 89 : 20). Le Messie, dans la conception juive, était donc un roi qui viendrait les délivrer et mettre sur pied un nouveau royaume. Les enseignants juifs n’étaient pas tous d’accord sur ce que le Messie allait accomplir. Certains le considèrent comme un sacrifice (Ésaïe 53), et d’autres comme un roi glorieux (Ésaïe 9 et 11). Jésus doit expliquer, même à ses propres disciples que la croix doit précéder la couronne. Qu’il doit souffrir avant de pouvoir entrer dans sa gloire (Luc 24 : 13-35). Jésus est-il vraiment le Messie ? C’est une question essentielle qui fait débat chez les Juifs de l’époque (Jean 7 : 26, 40-44 ; 9 : 22 ; 10 : 24). L’entretien de Simon avec Jésus change sa vie. En outre, il reçoit un nouveau nom : Pierre (en grec), ou Cephas (en araméen, la langue parlée par Jésus). Dans les deux langues, ce nom signifie : « rocher ». Jésus a dû fournir des efforts considérables pour transformer le faible Simon en roc, mais il y est parvenu ! « Tu es […] tu seras […] » (v. 42) est une grande source d’encouragement pour tous ceux qui croient en Christ. Il donne réellement « le pouvoir de devenir » (Jean 1 : 12). Notons qu’André et Jean croient en Christ à travers la prédication fidèle de Jean-Baptiste. Pierre et Jacques viennent à Christ grâce à la compassion agissante de leurs frères. Plus tard, Jésus gagnera personnellement Philippe, puis Philippe rendra témoignage auprès de Nathanaël et l’amènera à Jésus. L’expérience diffère d’une personne à l’autre, car Dieu utilise divers moyens pour amener les pécheurs au Sauveur. Le plus important est de se confier en Christ et de chercher ensuite à en amener d’autres à lui. 31
Soyez vivants
6. Le roi d’Israël (1 : 43-49) Jésus a personnellement appelé Philippe, Philippe lui a fait confiance et l’a suivi. Dieu prépare habituellement une personne avant de l’appeler ; comment a-t-il préparé le cœur de Philippe ? Nous l’ignorons complètement. En revanche, nous savons que Philippe a manifesté sa foi en la partageant avec son ami Nathanaël. Selon Jean 21 : 2, au moins sept des disciples de notre Seigneur pratiquent la pêche, Nathanaël y compris. Les pêcheurs sont des personnes courageuses qui savent affronter les difficultés. Au départ, Nathanaël doute au sujet de Jésus. Il ne croit pas que quelque chose de bon puisse venir de Nazareth. Notre Seigneur est né à Bethléem, mais il a grandi à Nazareth est donc montré du doigt. (Matt. 2 : 19-23). Se faire appeler « nazaréen » (Actes 24 : 5), c’est être méprisé et rejeté. Face à l’hésitation et aux arguments de Nathanaël, Philippe s’approprie les paroles de Jésus : « Venez et vous le verrez » (Jean 1 : 39). Plus tard, Jésus lance cette invitation : « qu’il vienne à moi et qu’il boive ! » (Jean 7 : 37) et « Venez déjeuner » (Jean 21 : 12). « Viens » est la formidable invitation de la grâce de Dieu. Nathanaël vient donc à Jésus. Là, il découvre que le Seigneur sait déjà tout à son sujet ! Quel choc ! Jésus l’a désigné comme « un Israélite sans arrière-pensées », certainement en référence à Jacob, l’ancêtre des Juifs. Jacob avait employé la ruse pour tromper son frère, son père et son beau-père. Le nom Jacob a été changé en Israël qui signifie, « un prince avec Dieu ». La référence à « l’échelle de Jacob » en Jean 1 : 51 le confirme. Lorsque Jésus révèle ce qu’il sait de Nathanaël, d’où il vient et ce qu’il fait, il finit par le convaincre qu’il est « le Fils de Dieu, […] le roi d’Israël » (v. 49). Nathanaël fait une expérience similaire à celle de la Samaritaine au puits : « Quand il [le Messie] sera venu, il nous annoncera tout » et « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait » (Jean 4 : 25, 29). Les Églises locales doivent aussi être capables de révéler les pensées des cœurs (1 Cor. 14 : 23-35). 32
Dieu est ici ! Lorsque Philippe rend témoignage auprès de Nathanaël, il se base sur Moïse et les prophètes (Jean 1 : 45). Jésus vient peut-être de lui donner un cours « en accéléré » sur les prophéties messianiques de l’Ancien Testament, comme il l’a fait avec les disciples d’Emmaüs (Luc 24 : 13s). Il est toujours bon de relier notre témoignage personnel à la parole de Dieu. Le titre de « Roi d’Israël » est similaire à celui de « Messie, l’Oint ». En effet, les rois étaient toujours les oints de Dieu (voir le psaume 2, particulièrement les versets 2, 6 et 7). À un certain moment de son ministère terrestre, les foules veulent introniser Jésus comme Roi, mais il refuse d’accéder à leur requête (Jean 6 : 15). Il s’est bel et bien présenté comme Roi (Jean 12 : 10s), et il a affirmé à Pilate qu’il est Roi depuis sa naissance (Jean 18 : 33-37). Nathanaël et Barthélemy sont-ils la même personne, comme certains commentateurs le croient ? Contrairement aux trois autres auteurs des Évangiles, Jean ne mentionne jamais Barthélemy dans son récit, mais Nathanaël. Dans la liste des noms, Philippe apparaît aux côtés de Barthélemy (Matt. 10 : 3 ; Marc 3 : 18 ; Luc 6 : 14). Il est donc possible que les deux hommes n’en fassent qu’un. À cette époque-là, il est assez courant qu’un homme ait deux prénoms.
7. Le Fils de l’homme (1 : 50-51) Le titre « Fils de l’homme » était l’un des préférés de notre Seigneur. Ce terme apparaît 83 fois dans les Évangiles et au moins 13 fois dans l’Évangile selon Jean. Ce titre fait référence à la fois à la divinité et à l’humanité de Jésus. La vision de Daniel 7 : 13 présente le « Fils de l’homme » dans un contexte messianique bien défini et Jésus utilise ce titre de la même manière (Matt. 26 : 64). En tant que Fils de l’homme, Jésus fait office de « lien vivant » entre le ciel et la terre. D’où sa référence à l’échelle de Jacob (Gen. 28). Jacob, le fugitif, se croyait seul, mais Dieu avait envoyé les anges pour le protéger 33
Soyez vivants et le guider. Christ est « l’échelle » de Dieu entre le ciel et la terre : « Personne ne parviendra jusqu’au Père sans passer par moi » (Jean 14 : 6). À plusieurs reprises dans Jean, Jésus rappelle qu’il est venu du ciel. Les Juifs savent que « Fils de l’homme » désigne leur Messie (Jean 12 : 34). À la fin de ce quatrième jour, six hommes croient en Jésus. Six disciples. Ils n’ont certes pas immédiatement « tout abandonné pour le suivre » sur-le-champ, mais ils le feront plus tard. En revanche, ils lui font confiance et sont témoins de sa puissance. Durant les trois prochaines années, ils vont grandir dans leur foi, en apprendre davantage sur Jésus et poursuivre son œuvre sur la terre pour que la Parole soit apportée à toute l’humanité. Jésus de Nazareth est Dieu fait chair. Lorsque Philippe l’appelle « fils de Joseph », il ne nie pas la naissance virginale ou la nature divine de Jésus. Il fait simplement référence à son identité légale, liée à celle du père, chez les Juifs (Jean 6 : 42). Le témoignage qui ressort de ce chapitre est clair : Jésus de Nazareth est Dieu fait chair !
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2 Jean 2
Connaître Jésus Les six disciples qui ont maintenant mis leur confiance en Jésus commencent une marche avec lui qui durera toute leur vie. Dès le début, ils apprennent à le connaître davantage. Nous qui avons accès à tout le récit de l’Évangile, nous avons tendance à prendre ces événements pour acquis, mais ce n’est pas le cas des disciples. Chaque jour apporte son lot de nouveautés. Chaque nouvel événement leur réserve des prodiges difficiles à comprendre. Dans ce chapitre, Jean recense trois révélations merveilleuses au sujet de Jésus-Christ.
1. Sa gloire (2 : 1-12) Le « troisième jour » de la « semaine » de Jean correspond à trois jours après l’appel de Nathanaël (Jean 1 : 45-51). Étant donné qu’il s’agit du quatrième jour de la semaine consignée dans l’Évangile (Jean 1 : 19, 29, 35, 43), les noces ont lieu le « septième jour » de cette « semaine de la nouvelle création ». Tout au long de son Évangile, Jean montre clairement un Jésus engagé dans un programme divin, obéissant à la volonté du Père. Selon la tradition juive, les vierges doivent se marier le mercredi et les veuves le jeudi. En ce « septième jour » de la semaine spéciale de Jean, on s’attendrait à ce que Jésus se repose, tout comme Dieu s’est reposé au septième jour (Gen. 2 : 1-3). Mais le péché a interrompu le repos de Dieu, et le Père et le Fils ont dû se mettre au 35
Soyez vivants travail (Jean 5 : 17 ; 9 : 4). En effet, Jean mentionne deux miracles que Jésus a délibérément accomplis les jours de sabbat (Jean 5 et 9). Durant les noces, Jésus endosse trois rôles différents : l’invité, le fils et l’hôte.
Jésus l’invité (v. 1-2) Notre Seigneur n’est pas un solitaire comme JeanBaptiste (Matt. 11 : 16-19). Il accepte les invitations aux réceptions, même si ses ennemis s’en servent comme argument pour l’accuser (Luc 15 : 1-2). Jésus assiste aux activités de la vie courante et les sanctifie par sa présence. Le couple qui l’a invité à son mariage fait preuve de sagesse ! Jésus est accompagné de sa mère et de ses six disciples. La venue de sept invités supplémentaires a-t-elle causé l’incident ? Si c’est le cas, il s’agissait alors d’un petit festin. Nous avons des raisons de penser que la famille terrestre de Jésus était modeste et ne comptait donc pas d’amis riches. Le vin manque peut-être parce qu’il s’agit d’une fête à petit budget. Jésus et ses disciples ont-ils été invités à cause de Marie ou de Nathanaël (Jean 21 : 2) ? À ce moment-là, notre Seigneur n’a pas encore réalisé de miracle et n’est donc pas très connu. Il est peu probable qu’il soit invité parce que les gens savent qui il est. Il doit certainement son invitation à son lien de parenté avec Marie. Jésus le Fils (v. 3-5) Dans la tradition juive, les noces duraient une semaine, et pour cela, le marié devait prévoir assez de provisions. Imaginez à quel point il aurait été embarrassant de manquer de nourriture ou de vin. Une famille coupable d’un tel faux pas pouvait être poursuivie en justice ! Le fait de manquer de vin avait donc un coût aussi bien sur le plan financier que social. Pourquoi Marie parle-t-elle du problème à Jésus ? S’attend-elle réellement à ce qu’il fasse quelque chose de spécial pour le résoudre ? Certes, elle sait qui il est, 36
Connaître Jésus même si elle n’a partagé cette merveilleuse vérité avec personne. Elle doit être très proche des mariés pour se sentir aussi concernée par la réussite de l’événement ou pour être au courant que la réserve de vin est épuisée. Marie a peut-être apporté son aide pour la préparation et le service du repas. Marie ne dit pas à Jésus ce qu’il doit faire. Elle se contente de lui exposer la situation (comparez le message de Marie et de Marthe à Jésus quand Lazare était malade, en Jean 11 : 3). La réponse de Jésus semble froide et même dure, mais ce n’est pas le cas. « Femme » est une façon polie de s’adresser à elle (Jean 19 : 26 ; 20 : 13). Ses propos signifient simplement : « Pourquoi me mêles-tu à cette affaire ? ». Il explique clairement à sa mère qu’il n’est plus sous son autorité (Joseph est probablement déjà mort), mais qu’il fera désormais la volonté du Père. Il y avait déjà fait allusion quelques années auparavant (Luc 2 : 40-52). C’est alors que Jean introduit l’un des éléments-clés de son récit : l’idée de « l’heure ». Jésus vit d’après un « programme céleste » préparé par le Père (voir Jean 7 : 30 ; 8 : 20 ; 12 : 23 ; 13 : 1 ; 17 : 1 ; notez aussi les paroles de Jésus en Jean 11 : 9-10). Nous aurons l’occasion d’observer, tout au long de ce récit, la façon dont Jean développe ce concept de « l’heure ». Les paroles de Marie aux serviteurs montrent qu’elle est disposée à laisser son fils agir à sa guise et qu’elle lui fait confiance pour faire ce qui est juste. Nous serions bien avisés d’obéir aux paroles de cette femme ! C’est Jésus, et non Marie, qui prend les commandes dans la résolution du problème. Marie, pour sa part, envoie les serviteurs vers Jésus et non vers elle.
Jésus l’hôte (v. 6-12) Le premier miracle de notre Seigneur n’est pas un événement spectaculaire observé par tous. Marie, les disciples et les serviteurs sont au courant, mais tous les autres ignorent qu’un miracle s’est produit. Son premier miracle est un événement discret lors d’un mariage, 37
Soyez vivants contrairement à son dernier miracle raconté par Jean qui est un événement public après des funérailles (Jean 11). Chacune des six jarres en pierre peut contenir environ 75 litres. Cependant, rien ne dit que toute l’eau dans les vases est transformée en vin. Seule la quantité apportée et servie est transformée en vin. Ce nouveau vin est d’une qualité tellement supérieure au précédent que le responsable du banquet en fait un éloge appuyé. Et, bien entendu, la famille du marié se réjouit de tant de compliments. Selon Jean, cet événement marque le « premier de ses miracles », invalidant, de fait, tous les récits sur les miracles qu’il aurait prétendument accomplis durant son enfance. Ce ne sont que des fables et quiconque reconnaît l’autorité de la Bible ne peut que les rejeter. Ce miracle a un impact sur ses disciples : il leur révèle sa gloire (Jean 1 : 14) et affermit leur foi. Certes, les miracles à eux seuls ne suffisent pas à prouver que Jésus est le Fils de Dieu (2 Thes. 2 : 9-10), mais la succession des miracles fera un tel effet sur eux qu’ils seront convaincus de sa divinité. Les disciples devaient bien commencer quelque part et, au fil des mois, leur foi s’affermira à mesure qu’ils apprendront à mieux connaître Jésus. Si Jésus accomplit ce miracle, ce n’est certainement pas seulement pour répondre à un besoin humain ou préserver une famille de l’humiliation publique. L’Évangile selon Jean, contrairement aux trois autres récits de l’Évangile, entend partager le sens profond – la signification spirituelle – des œuvres de notre Seigneur. Il fait de chaque miracle une « prédication en action ». Nous devons faire attention à ne pas trop « spiritualiser » ces événements au point de les détacher de leur contexte historique. En même temps, nous ne devons pas trop nous focaliser sur la partie « histoire », au risque de passer à côté de « son histoire » (comme le disait A. T. Pierson). Pour commencer, Jean n’emploie pas le mot dunamis (terme qui met l’accent sur la puissance), mais sêmeiôn : 38
Connaître Jésus « un signe ». Qu’est-ce qu’un signe ? Une chose qui renvoie à quelque chose de plus grand. Les gens ne devaient pas seulement croire aux œuvres de Jésus, ils devaient aussi croire en lui et en son Père qui l’avait envoyé (Jean 5 : 14-24). C’est la raison pour laquelle Jésus accompagne souvent ses miracles d’une prédication. Celle-ci sert à interpréter le signe. En Jean 5, la guérison du paralytique, le jour du sabbat, lui permet de délivrer un message sur sa divinité, « le Maître du sabbat ». Après avoir nourri cinq mille personnes (Jean 6), il prêche tout naturellement au sujet du pain de vie. Si notre Seigneur avait prêché après avoir transformé l’eau en vin, qu’aurait-il pu dire ? Il aurait pu enseigner que la joie apportée par le monde est éphémère et que rien ne peut la renouveler. En revanche, la joie qu’il donne se renouvelle sans cesse et nous comblera toujours. (Dans les Écritures, le vin est le symbole de la joie ; voir Juges 9 : 13 ; Ps. 104 : 15.) De prime abord, le monde offre le meilleur. Puis, une fois que vous êtes « accro », la situation se dégrade. Jésus, par contre, va toujours offrir ce qu’il y a de meilleur jusqu’à ce que nous jouissions des meilleures bénédictions du royaume éternel (Luc 22 : 18). Ce n’est pas tout. Notre Seigneur délivrerait certainement un message spécial ici pour son peuple, Israël. Dans l’Ancien Testament, la nation est comparée à une « mariée » à Dieu, infidèle à son alliance matrimoniale (Ésaïe 54 : 5 ; Jér. 31 : 32 ; Osée 2 : 2s). Israël était à court de vin et il ne lui restait que six vases vides ! L’eau dont il disposait servait aux nettoyages externes, mais il ne disposait de rien pour des nettoyages internes. Rien qui puisse apporter de la joie. Grâce à ce miracle, notre Seigneur apporte la plénitude là où il y a manque, de la joie à la place de la déception. Il apporte un élément interne pour ce qui était réservé à un usage externe (l’eau pour les ablutions rituelles). Lorsque Jean mentionne « le troisième jour » (Jean 2 : 1), il s’agit peut-être d’une allusion à la résurrection de notre Seigneur. En effet, toutes ces bénédictions 39
Soyez vivants peuvent se répandre à cause de son sacrifice sur la croix et de sa résurrection d’entre les morts (Jean 2 : 19). Fait intéressant, le premier miracle de Moïse était un fléau, la transformation de l’eau en sang (Exode 7 : 19s). Un symbole de jugement. Le premier miracle de notre Seigneur, lui, nous parle de la grâce. De ce miracle, nous pouvons aussi tirer une leçon quant au service pour Dieu. L’eau est changée parce que les serviteurs ont collaboré avec Jésus et obéi à ses ordres. Jean présente plusieurs de ces signes comme le résultat d’une coopération entre les hommes et Dieu : la multiplication des pains (Jean 6), la guérison de l’aveugle de naissance (Jean 9) et la résurrection de Lazare (Jean 11). Nous l’assistons toujours dans l’accomplissement d’un miracle, que ce soit pour distribuer du pain, laver de la boue ou rouler la pierre. Il est important que les serviteurs connaissent la source de ce vin spécial (Jean 2 : 9). Lorsque Jésus a guéri le fils du haut fonctionnaire (Jean 4 : 46-54), ce sont les serviteurs qui en connaissaient le secret. Nous ne sommes pas uniquement ses serviteurs ; nous sommes aussi ses amis et nous savons ce qu’il fait (Jean 15 : 15). À l’époque de Jésus, les gens avaient l’habitude de boire du vin. Ce miracle ne plaide pas en faveur de l’abus d’alcool, comme c’est le cas de nos jours. Un alcoolique m’a dit un jour : — Après tout, Jésus a transformé l’eau en vin ! J’ai répondu : — Si selon vous, Jésus est l’exemple à suivre en matière de consommation d’alcool, pourquoi ne suivez-vous pas son exemple dans les autres domaines ? Ensuite, je lui ai lu Luc 22 : 18. Ce verset indique clairement que, désormais au ciel, Jésus ne boit plus d’alcool ! Les chrétiens honnêtes de notre époque prennent en compte des versets tels que 1 Corinthiens 8 : 9 ; 10 : 23, 31 avant de considérer la consommation d’alcool comme une pratique avisée. Je me souviens de l’histoire 40
Connaître Jésus de ce mineur de charbon alcoolique qui s’était converti et qui a commencé à annoncer Christ. Un de ses amis a essayé de le prendre au piège en lui demandant : — Crois-tu que Jésus a transformé l’eau en vin ? — Bien sûr ! a répondu le croyant. Chez moi, il a transformé le vin en meubles, en vêtements seyants et en nourriture pour mes enfants ! Enfin, sachons que les Juifs diluaient toujours le vin avec de l’eau (généralement trois mesures d’eau pour une mesure de vin). Certes, la Bible ne prône pas l’abstinence totale d’alcool, mais elle loue le fait de ne pas en consommer et met en garde contre l’ivrognerie.
2. Son zèle (2 : 12-22) Jésus, sa famille et ses disciples restent quelques jours à Capernaüm, puis il se rend à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Chaque homme juif doit assister à trois fêtes annuelles dans la ville sainte : la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tabernacles (Deut. 16 : 16). Les fêtes que Jean mentionne dans son Évangile sont la Pâque (Jean 2 : 13 ; 6 : 4 ; 12 : 1), la fête des Tabernacles (Jean 7 : 2) et la Dédicace (Jean 10 : 22). La fête non nommée en Jean 5 : 1 pourrait être Pourim (Esther 9 : 26, 31). Certes, Jésus a délibérément violé les traditions religieuses des pharisiens instaurées par l’homme, mais notre Seigneur obéit aux ordonnances de la loi et œuvre fidèlement au respect de la loi. Par sa vie et sa mort, il a accompli la loi pour qu’aujourd’hui, les croyants ne ploient plus sous ce « joug de servitude » (voir Actes 15 : 10). 1. Jésus montre tout d’abord son zèle pour Dieu en purifiant le temple (Jean 2 : 13-17). Les prêtres avaient monté une petite affaire qui leur rapportait gros : ils échangeaient des devises étrangères contre de la monnaie juive et vendaient les animaux nécessaires aux sacrifices. Ce « commerce religieux » a certainement été mis en place au départ pour faciliter les choses. Les Juifs parcouraient de longues distances pour venir ado41
Soyez vivants rer Dieu au temple. Mais au fil du temps, cette « facilité » s’est transformée en petite entreprise. Elle n’a plus rien d’un ministère. Le plus déplorable, là-dedans, c’est qu’elle se déroule dans la « cour des païens », dans le temple. Le lieu où les Juifs devaient rencontrer les nonJuifs pour leur parler du seul vrai Dieu. Un non-Juif à la recherche de la vérité n’allait certainement pas la trouver auprès des marchands religieux du temple. Soudain, notre Seigneur fait irruption au temple et opère un grand nettoyage ! Il prend soin de ne détruire aucune propriété – il n’a pas relâché les pigeons –, mais il indique clairement qu’il est aux commandes. Le temple est la maison de son Père et il ne permettra pas aux chefs religieux de le souiller avec leurs affaires lucratives. L’état du temple reflète parfaitement l’état spirituel de la nation. En Israël, la religion s’était convertie en une routine ennuyeuse. Ses chefs se laissent guider par l’esprit de ce monde et ne pensent qu’à asseoir leur autorité et à s’enrichir. Tout comme le vin avait manqué au mariage, la gloire de Dieu avait disparu du temple. Les disciples de Jésus se sont souvenus du psaume 69 à la vue de son zèle plein de courage : « L’amour que j’ai pour ta maison est en moi comme un feu qui me consume » (v. 10). Le psaume 69 est de toute évidence un psaume messianique cité à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament : Psaumes 69 : 4 (Jean 15 : 25) ; Psaumes 69 : 8 (Jean 7 : 3-5) ; Psaumes 69 : 9 (Jean 2 : 17 ; Rom. 15 : 3) ; Psaumes 69 : 21 (Matt. 27 : 34, 48) et Psaumes 69 : 22 (Rom. 11 : 9-10). Il reste toutefois quelques personnes pieuses en Israël qui aiment Dieu et respectent son temple (Luc 1 : 5-22 ; 2 : 25-38). La plupart des chefs religieux, quant à eux, ne sont que de faux bergers qui exploitent le peuple. Lorsque Jésus purifie le temple, quel message fait-il passer ? En fait, il est en train officiellement de « déclarer la guerre » à des autorités religieuses hypocrites (Matt. 23). Cet acte conduira finalement à sa mort. Son zèle pour la maison de Dieu l’a effectivement consumé ! 42
Connaître Jésus 2. Jésus montre également son zèle en donnant sa vie (Jean 2 : 18-22). Les chefs religieux lui demandent à quelle source il puise son autorité. Logique. Après tout, ils sont les garants de la foi juive et ont le droit d’éprouver tout nouveau prophète : « Les Juifs demandent des miracles » (1 Cor. 1 : 22). À certaines reprises, pendant son ministère, les chefs religieux demandent à Jésus un signe, et il refuse de leur en donner à l’exception du signe de Jonas (Matt. 12 : 39s). Le « signe de Jonas » symbolise la mort, l’ensevelissement et la résurrection. Jésus utilise l’image du temple pour transmettre cette vérité : « Détruisez ce temple [mon corps], et en trois jours, je le relèverai » (Jean 2 : 19). Ses auditeurs ne peuvent pas le comprendre, car ils sont spirituellement aveugles. Vous trouverez, tout au long de votre lecture de cet Évangile, un tas de personnes qui interprètent mal les vérités spirituelles qu’elles reçoivent. Elles les comprennent de manière matérielle ou physique (Jean 3 : 4 ; 4 : 11 ; 6 : 52). La construction du temple d’Hérode a débuté en l’an 20 av. J.-C. et n’a été achevée qu’en 64 apr. J-C. Comment un homme pourrait-il le « relever » en trois jours ? Cette déclaration est, évidemment, une prédiction de sa propre mort et de sa résurrection. Ses disciples s’en souviendront après sa résurrection. Ses ennemis s’en souviendront aussi et en feront mention lors de son procès (Matt. 26 : 59-61). Certaines personnes se moqueront de lui en utilisant cet argument, à sa mort sur la croix (Matt. 27 : 40). Jean parsème son Évangile d’images fortes pour décrire la mort du Sauveur. La première est le sacrifice de l’Agneau en Jean 1 : 29. Elle indique que sa mort se substituera à celle des pécheurs. La deuxième est celle de la destruction du temple (Jean 2 : 19). Elle suggère une mort violente qui aboutira à une résurrection victorieuse. La troisième image est celle du serpent élevé (Jean 3 : 14). Elle fait référence à Nombres 21 : 5-9. Le Sauveur 43
Soyez vivants sera fait péché pour nous (1 Pi. 2 : 24). Sa mort sera volontaire (Jean 10 : 11-18), car le berger donnera sa vie pour les brebis. Enfin, l’image de la graine semée en terre (Jean 12 : 20-25) enseigne que sa mort produira des fruits pour la gloire de Dieu. Sa mort et son ensevelissement auront l’apparence d’un échec, mais à la fin, Dieu fera éclater la victoire. Le temple est un élément important de la foi juive : il est la maison de Dieu. Il se trouve au cœur de toutes les cérémonies et de tous les sacrifices de la religion juive. Lorsque Jésus a annoncé la destruction du bâtiment précieux pour les Juifs, leur colère était prévisible. Après tout, si son corps est le temple, alors le temple juif ne sera plus nécessaire. Avec cette déclaration énigmatique, notre Seigneur prédit, en réalité, la fin du système religieux juif. C’est précisément un des buts que Jean se fixe en rédigeant son Évangile : le système légal a pris fin et « la grâce et la vérité » sont venues par Jésus-Christ. Il est le nouveau sacrifice (Jean 1 : 29) et le nouveau temple (Jean 2 : 19). Jean dira plus tard que le nouveau culte dépendra de l’intégrité intérieure et non de l’apparence (Jean 4 : 19-24).
3. Sa connaissance (2 : 23-25) Durant son séjour à Jérusalem pour la Pâque, Jésus accomplit des miracles qui ne sont détaillés dans aucun Évangile. Nicodème est probablement attiré par ses miracles (Jean 3 : 2). À cause d’eux, beaucoup de personnes prétendent croire en lui, mais lui ne se fie pas à leurs déclarations. Peu importe ce que ces personnes disaient ou ce que les autres disaient à leur sujet. Il n’acceptait pas les témoignages venant des hommes. Pourquoi ? En tant que Dieu, il sondait le cœur et l’esprit de chacun. Les verbes « croire » (v. 23) et « se fier à » ou « faire confiance à » (v. 24) traduisent le même mot grec. Ces gens croient en Jésus, mais Jésus ne croit pas en eux ! Ce sont des « croyants non sauvés » ! C’est une chose 44
Connaître Jésus de réagir face à un miracle, c’en est une tout autre de croire en Jésus-Christ et de s’attacher à sa Parole (Jean 8 : 30-31). Jean ne méprise pas les signes de notre Seigneur. En effet, il écrit justement son Évangile pour consigner ces signes et encourager ses lecteurs à croire en JésusChrist et à recevoir la vie éternelle (Jean 20 : 30-31). En revanche, Jean explique tout au long de son livre que pour être sauvé, il ne suffit pas de croire aux miracles. Voir les signes et y croire est un bon début. En fait, même les disciples ont commencé de cette façon et ont dû grandir dans leur foi (comparer Jean 2 : 11 et 22). Jean le montre à plusieurs reprises : le peuple juif est divisé sur la signification de ces miracles (Jean 9 : 16 ; 11 : 45-46). Les mêmes miracles qui ont attiré Nicodème à Jésus ont poussé certains chefs religieux à désirer sa mort ! Ils sont même allés jusqu’à affirmer qu’il tenait sa puissance de Satan ! Les miracles de notre Seigneur étaient des témoignages (Jean 5 : 36) : ils attestaient sa filiation divine. Mais aussi des tests : ils révélaient le cœur des gens (Jean 12 : 37s). Les mêmes événements qui ont rendu la vue à certains en ont plongé d’autres dans un aveuglement plus profond (Jean 9 : 39-41). Jésus a relié ses miracles à la vérité de son message. Il sait que le cœur humain est attiré par le sensationnel. Les cinq mille personnes qu’il a nourries ont voulu faire de lui leur roi ; jusqu’à ce qu’il prêche au sujet du pain de vie. C’est alors que des foules l’ont quitté ! « La grâce et la vérité n’ont leur source qu’en Jésus-Christ » (Jean 1 : 17). En s’appuyant sur la grâce, Jésus a nourri les affamés ; en se fondant sur la vérité, il a enseigné la Parole. Les foules voulaient la nourriture physique, mais pas la vérité spirituelle, alors elles l’ont abandonné. « Il connaissait la nature humaine » : Jean le démontre à plusieurs reprises dans son Évangile. Jésus connaissait Simon (Jean 1 : 42). Il connaissait les pensées de Nathanaël (Jean 1 : 46s) et il a dit à la Samaritaine « tout ce qu’elle avait fait » (Jean 4 : 29). Il savait que les chefs religieux juifs n’aimaient pas réellement Dieu 45
Soyez vivants (Jean 5 : 42) et qu’un de ses disciples ne croyait pas vraiment en lui (Jean 6 : 64). Il a vu la repentance dans le cœur de la femme adultère (Jean 8 : 10-11) et le meurtre dans le cœur de ses ennemis (Jean 8 : 40s). Plusieurs fois dans le message de la chambre haute, Jésus a révélé à ses disciples leurs propres sentiments et questionnements. Suivez le ministère de notre Seigneur dans l’Évangile selon Jean : voyez-vous la progression ? Nous le voyons s’éloigner progressivement des feux de la rampe de la popularité et s’engouffrer dans les ténèbres du rejet. Au départ, les foules n’ont aucun mal à le suivre et à assister à ses miracles. Puis, ses paroles commencent à pénétrer les cœurs, à dénoncer le péché. Or, ce genre de conviction conduit soit à la conversion soit à l’opposition. Personne ne peut choisir d’être neutre. Il faut faire un choix et la plupart de ses auditeurs choisissent de s’opposer à lui. Oui, Jésus connaît le cœur de l’homme : « Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croirez donc point ! » (Jean 4 : 48). Ceux qui acceptent ses œuvres mais rejettent sa Parole ne pourront jamais partager sa vie. « Voir, c’est croire » : cette approche n’a rien de chrétien (Jean 11 : 40 ; 20 : 29). Nous croyons d’abord, ensuite, nous voyons. Les miracles ne peuvent que nous conduire à la Parole (Jean 5 : 36-38), et la Parole engendre la foi qui sauve (Rom. 10 : 17). La connaissance exacte que Jésus a du cœur humain fournit une preuve supplémentaire de sa divinité. En effet, seul Dieu peut sonder la personne intérieure. Ce court paragraphe fait office d’introduction à l’entretien avec Nicodème, au chapitre suivant. Notez la répétition du mot « homme » de Jean 2 : 25 à 3 : 1. Nicodème voulait mieux connaître Jésus, mais il a fini par en apprendre davantage sur lui-même !
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3 Jean 3
Une question de vie ou de mort Benjamin Franklin, grand inventeur et homme d’État, était aussi un excellent correspondant. Il recevait d’innombrables courriers venant de personnes célèbres de par le monde. Un jour, une lettre, qui peut être considérée comme la plus importante de sa vie, lui est parvenue. Son expéditeur n’était autre que George Whitefield, le célèbre prédicateur anglais : J’ai appris que votre popularité s’accroît de jour en jour dans le monde des érudits, déclarait Whitefield. Vous avez tellement progressé quant aux mystères de l’électricité ! Je vous encourage humblement à essayer de percer le mystère de la nouvelle naissance. Son étude est bien plus cruciale et enrichissante. Lorsque vous en percerez les contours, vous serez richement récompensé pour la peine que vous vous serez donnée.
La nouvelle naissance est l’un des sujets-clés de Jean 3. Dans ce chapitre, Jésus se présente sous trois différents rôles : l’enseignant (Jean 3 : 1-21), l’époux (Jean 3 : 22-30), et le témoin (Jean 3 : 31-36).
1. Jésus-Christ, l’enseignant (3 : 1-21) Nous avons déjà constaté la corrélation entre Jean 2 : 23-25 et Jean 3 : 1. Nicodème est d’abord attiré vers Jésus à cause de ses miracles. Il veut en savoir davantage sur Jésus et ses enseignements doctrinaux. 47
Soyez vivants Nicodème est « l’enseignant des Juifs » par excellence (Jean 3 : 10, traduction littérale) et il témoigne le plus grand respect envers l’enseignant originaire de Galilée. Nicodème est un pharisien. Il applique donc les règles religieuses les plus rigoureuses. Tous les pharisiens ne sont pas des hypocrites (comme pourrait le laisser croire une lecture rapide des remarques de Jésus en Matthieu 23). Selon toute évidence, Nicodème était réellement sincère dans sa recherche de la vérité. Il est allé rencontrer Jésus la nuit, non par crainte d’être vu, mais parce qu’il désirait une conversation paisible – sans être interrompu – avec le nouvel enseignant « venu de la part de Dieu ». Nicodème utilise « nous » et Jésus lui répond en disant « vous » (Jean 3 : 7) : cela peut indiquer que Nicodème représente les chefs religieux. Nicodème possède de grandes qualités morales, une grande faim religieuse, mais fait preuve d’un profond aveuglement spirituel. Notre Seigneur va lui enseigner alors les bases du salut. Pour cela, il l’illustre de quatre manières. 1. La naissance (v. 1-7). Jésus commence par présenter une expérience familière et universelle : la naissance. L’expression parfois traduite par « [naître] de nouveau » signifie aussi « [naître] d’en haut ». Les hommes ont tous vécu une naissance naturelle ici-bas. Mais pour espérer aller au ciel, ils doivent passer par la naissance spirituelle et surnaturelle venue d’en haut. L’aveuglement des pécheurs apparaît encore dans cet épisode : Nicodème, le chef religieux très instruit, ignore tout à ce sujet ! Jésus parle de la naissance spirituelle et Nicodème ne pense qu’à la naissance physique. Il en est de même de nos jours. Lorsque vous discutez de la nouvelle naissance avec certaines personnes, elles ne comprennent pas. Elles parlent plutôt de l’héritage religieux de leur famille, de leur appartenance à une Église, des cérémonies religieuses, etc. Notre Seigneur s’est montré un enseignant patient face à Nicodème. Il a utilisé les mots employés par 48
Une question de vie ou de mort Nicodème pour mieux lui expliquer la nouvelle naissance. Naître « d’eau », c’est naître physiquement (« une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître »). La nouvelle naissance est une naissance de l’esprit. Une naissance physique nécessite deux parents, tout comme une naissance spirituelle : l’Esprit de Dieu (Jean 3 : 5) et la parole de Dieu (Jac. 1 : 18 ; 1 Pi. 1 : 23-25). L’Esprit de Dieu anime la parole de Dieu et dès que le pécheur croit, l’Esprit lui communique la vie de Dieu. La nouvelle naissance se produit-elle par le baptême de l’eau ? Ce n’est pas ce que Jésus affirme. Dans le Nouveau Testament, le baptême est lié à la mort, et non à la naissance. L’eau physique ne peut opérer de changements spirituels dans une personne. En Jean 3 : 14-21 l’accent est mis sur le fait de croire, car le salut vient par la foi (Éph. 2 : 8-9). La présence du Saint-Esprit dans une personne est la preuve de son salut (Rom. 8 : 9). L’Esprit entre dans votre vie lorsque vous avez cru (Actes 10 : 43-48 ; Éph. 1 : 13-14). Le baptême d’eau montre sans aucun doute notre obéissance à Christ et notre témoignage en sa faveur (Matt. 28 : 18-20 ; Actes 2 : 41). Ce baptême n’est toutefois pas un critère essentiel pour le salut. Autrement, aucun des saints de l’Ancien Testament n’aurait été sauvé, encore moins le brigand sur la croix (Luc 23 : 39-43). La foi en la promesse divine demeure l’unique chemin vers le salut indépendamment des époques. Bien que la preuve extérieure de cette foi ait changé au fil du temps. La naissance humaine implique un travail (Jean 16 : 21) ; eh bien celle d’en haut aussi. Notre Sauveur a dû travailler à la croix afin que nous devenions membres de la famille de Dieu (Ésaïe 53 : 11). Les croyants engagés doivent également travailler par la prière et le témoignage lorsqu’ils veulent amener des pécheurs à Christ (1 Cor. 4 : 15 ; Gal. 4 : 19). Tout comme l’enfant hérite de la nature de ses parents, il en est de même pour les enfants de Dieu. Nous devenons « participants à la nature divine » (2 Pi. 1 : 4). La nature détermine l’appétit, raison pour laquelle 49