Body Language Magazine N°14

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N°14 Le Magazine International de la Médecine Esthétique et Anti-Âge bodylanguage.fr

SANTÉ cutanée

OBJECTIF PEAU ZÉRO DÉFAUT - BIO TECHNOLOGIES, COSMÉTIQUE ACTIVE ET NUTRITION

HYPERSENSIBILITÉ CUTANÉE Peau et système nerveux, une relation complexe

COSMÉTOLOGIE

MARCHÉ COSMÉTIQUE

Science de haut vol et technologie de pointe

Tendances mondiales et influence des consommateurs



sommaire 06 CHRONIQUE

46 ESTHÉTIQUE MÉDICALE

ÉTAT DES LIEUX de Thomas Josse

RHINOPLASTIE MÉDICALE “STATE OF THE ART” Tour d’horizon technique et

10 FOCUS

approche artistique de la rhinoplastie médicale, par le Dr Frédéric BRACCINI

OBSERVATIONS Actualités et évènements du secteur

50 DERMATOLOGIE

18 INDUSTRIE

LE MASQUE ANTI - BOUTONS La « facialist » Kate KERR explique pourquoi le « Sulfur Masque » est son produit ZO Skin Health préféré.

TENDANCES COSMÉCEUTIQUES Wendy LEWIS décrypte l’industrie cosmétique mondiale et l’influence des consommateurs sur la transformation du marché

52 INTERVIEW

26 COSMÉTIQUE

explique l’efficacité des HIFUS dans l’amélioration de la qualité de la peau et leur intérêt préventif dans la prise en charge du vieillissement

NANOPARTICULES : DOIT-ON EN AVOIR PEUR ? Terri VINSON explique le rôle des nanoparticules dans les produits cosmétiques, ses intérêts et limites

28 DERMATOLOGIE COMMENT SE NOURRIT NOTRE PEAU ? Dr Patrick SEROG et Dr Valérie PHILIPPON expliquent l’intérêt d’une prise en charge combinant nutrition et médecine esthétique pour obtenir des résultats optimaux en santé cutanée.

32 DERMATOLOGIE HYPERSENSIBILITÉ CUTANEE Dr Tiina ORASMAË-MEDER revient sur le vrai sens d’une peau « sensible » et détaille les dernières avancées scientifiques permettant de comprendre ce syndrome afin de le traiter.

36 COSMÉTIQUE LA COSMETOLOGIE EN ACTION Dr Laurence BEILLE explique les avantages d’associer aux procédures médico-esthétiques une cosmétique active adaptée, pour réaliser une prise en charge anti-âge efficace et réussie du masque facial.

ULTRASONS FOCALISÉS Dr Pierre ANDRÉ

54 DERMATOLOGIE DERMATOLOGIE SIMPLIFIEE Dr Christopher ROWLAND-PAYNE propose des traitements simples, efficaces et peu coûteux pour les grains de beauté, taches brunes, varicosités et cicatrices disgracieuses.

56 COSMÉTIQUE MÉRISTÈME & COSMÉTOLOGIE Prof Liudmila KORKINA traite des propriétés protectrices et anti-âge cutané des cellules méristématiques et l’intérêt de leur utilisation en cosmétologie.

62 PSYCHOLOGIE DOCTOR’S BLUES Dr Martine Donnet détaille les raisons du risque important de « burnout » chez le médecin et donne quelques pistes de prévention à appliquer dans sa pratique et sa vie quotidienne.

66 PRODUITS REPÉRAGES Sélection des incontournables de la médecine esthétique & anti-âge


4 SOMMAIRE I body language

octobre novembre mars 2016 2017

N°14 Le Magazine International de la Médecine Esthétique et Anti-Âge bodylanguage.fr

SANTÉ cutanée

Serene OBAGI

body language

body language

Serene OBAGI

de la cellulite.

numéro 14

et Obagi Medical Products nal Products prolongée

Dr Jean Carruthers, MD, FRCSC, FRC, est professeur clinicienne au sein du service d’ophtalmologie et de sciences visuelles de l’université de la Colombie-Britannique à Vancouver. Avec son conjoint, le docteur Alastair Carruthers, elle a reçu le prix Kligman de l’American Society of Cosmetic Dermatology and Aesthetic Surgery (ASCDAS). Dr. Ravi Jandhyala est membre du Royal College of Surgeons de Glasgow, et membre fondateur de l’United Kingdom Botulinum Toxin Group for Aesthetics (UKBTGA). Il est également membre de la faculté de médecine pharmaceutique et expert scientifique des toxines botuliniques utilisées en esthétique.

OBJECTIF PEAU ZÉRO DÉFAUT - BIO TECHNOLOGIES, COSMÉTIQUE ACTIVE ET NUTRITION

CONTROL

comité editorial

HYPERSENSIBILITÉ CUTANÉE Peau et système nerveux, une relation complexe

COSMÉTOLOGIE

MARCHÉ COSMÉTIQUE

Science de haut vol et technologie de pointe

Tendances mondiales et influence des consommateurs

dical Products et Obagi Medical Products zo-skinhealth.co.uk/fr

o@wigmoremedical.fr marque déposée de ZO Skin Health Inc.

PHOTO DE COUVERTURE Laureen et Roki par Anna Dabrowska

Pr Syed Haq a été formé au Massachusetts General Hospital de la Harvard Medical School ainsi qu’au Tufts Medical Center. Il dirige le London Preventative Medicine Centre situé sur la fameuse Harley Street à Londres. Dr Andy Pickett travaille sur les toxines botuliniques depuis presque 25 ans. Il donne des conférences dans le monde entier sur les produits, permettant aux praticiens injecteurs de mieux appréhender les connaissances scientifiques. Il est directeur du développement chez Q-Med et a fondé Toxin Science Ltd en 2011. Dr Frédéric Braccini est Chirurgien Cervico-Facial et exerce en thérapeutique et en esthétique. Auteur d'ouvrages et publications scientifiques, il participe à des enseignements universitaires. Il est président de la SAMCEP, secrétaire de la Société Française de chirurgie Plastique et Esthétique de la Face, Membre de l’American society of plastic surgeons. Dr. Tiina Orasmäe-Meder est médecin esthétique, fondatrice et directrice de Meder Beauty Science (Suisse). Elle s’est spécialisée depuis plusieurs années dans le domaine de la création et développement de produits cosmétiques et protocoles professionnels d’application, ainsi qu'en cosmétovigilance.

DIRECTEUR DE PUBLICATION Alexandre Sister RÉDACTRICE EN CHEF Amélie Prévost amelieprevost@bodylanguage.fr DIRECTRICE ARTISTIQUE Anna Sinkovska anna@bodylanguage.fr PUBLICITÉ & PARTENARIATS publicité@bodylanguage.fr CRÉDITS IMAGES Photos : Anna Dabrowska Make up : Daniela Eschbacher Coiffure : Kim Chincholle Les photographies éditoriales ont fait l’objet d’un traitement d’image et de retouches.

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Wendy Lewis, Terri Vinson, Dr Patrick Serog, Dr Valérie Philippon, Dr Tiina Orasmaë-Meder, Dr Laurence Beille, Dr Frédéric Braccini, Kate Kerr, Dr Pierre André, Dr Christopher Rowland-Payne, Pr Liudmila Korkina, Dr Martine Donnet, Thomas Josse REMERCIEMENTS VESTIBULE Creative Team

ISSN 2491-1496. Le magazine Body Language est une publication mensuelle (6 numéros/an) éditée par WMF Média. Tout contenu éditorial est © WMF Média sauf indications contraires ou autorisations spécifiques et ne peut être utilisé sous quelques formes que ce soit sans autorisation préalable. Imprimé en France par Imprimerie de Champagne. Body Language Magazine 36, rue Cortambert 75116 Paris, Tel : +33 (0)1 45 04 14 59, e-mail : redaction@bodylanguage.fr L’abonnement au magazine se fait en ligne : www.bodylanguage.fr

Anthony Erian, FRCS (Erg) FRCS (Ed), est chirurgien plastique esthétique bénéficiant de plus de 30 ans d’expérience. Il est membre de l’American Academy of Aesthetic and Restorative Surgery et préside l’European Academy of Cosmetic Surgery. Dr Fabien Giausseran est médecin morphologue et anti-âge, spécialiste du rajeunissement facial, médecin formateur, expert-consultant en cosmétologie et conférencier sur les congrès médicaux internationaux. Il est également membre du SNMMAA, SOFMMAA, WOSIAM et des comités scientifiques du DEFEE et FACE2f@ce. Elizabeth Raymond Brown, PhD, CRadP, MSRP, est l’auteur des qualifications du BTEC (Business and Technology Education Council) reconnues au plan international en matière de traitements médicaux et esthétiques au laser/par IPL, ainsi que des normes professionnelles nationales pour les traitements à base de lumière. Elle est désormais directrice de l’enseignement chez LCS Academy Ltd. Dr Bessam Farjo, MB ChB BAO LRCP&SI, est membre de l’International College of Surgeons, membre fondateur de la British Association of Hair Restoration Surgeons et président de l’International Society of Hair Restoration Surgery. Dr Gilles Delmiglio, SpR, MD, est diplômé en techniques d'injections et de comblement et a qualifié à Harvard Medical School, Etats-Unis, en "Laser & Aesthetic Skin Therapy". Membre de l'International Peeling Society, American Society for Laser Medicine & Surgery, American Acne & Rosacea Society, AAAM, AFME, il est consultant, formateur et conférencier international pour ZO Skin Health et Wigmore Medical France & UK Dr Raj Persaud, FRCPsych, a été consultant en psychiatrie dans les hôpitaux publics de Bethlem Royal et Maudsley à Londres entre 1994 et 2008. Il est maître de conférences honoraire à l’institut de psychiatrie de l’université de Londres. Dr Valérie Philippon est médecin esthétique et anti-âge, titulaire d’un DU en gynécologie esthétique, de DIU en nutrition, médecine morphologique anti-âge, techniques de comblement et d’injection. Diplômée d’un MBA en Marketing, elle est consultante internationale en marketing management médical et communication scientifique. Dr Masud Haq, BSc, MRCP, MD, est consultant dans le domaine du diabète et de l’endocrinologie. Il est diplômé du Guy’s and St Thomas’s Hospital, et s’est formé à Johns Hopkins aux États-Unis ainsi qu’à Melbourne. Il s’intéresse tout particulièrement à la thyroïde et à la ménopause.



6 CHRONIQUE I body language

Community manager inspiré & bloggeur passionné par la médecine anti-âge et les procédures esthétiques, Thomas JOSSE dresse un « état des lieux » du secteur, de son œil frais, averti et spontané !

état des lieux

PARCE QUE JE LE « VAUD » BIEN En Suisse, on trouve un joli lac, une monnaie en franc, de grandes écoles et une florissante industrie de la beauté. C’est bien de là que je vais rédiger cette chronique, l’idée m’étant apparue lors d’une simple balade alpine, de rendre hommage à celle que des millions de femmes vont à présent pleurer, Liliane. Cette grande dame qui laisse toutes ces femmes orphelines, anciennes blondes, rousses ou brunes, car rappelons tout de même que son père Eugène Schueller, a lancé la teinture de cheveux. Mais nous n’allons pas parler cheveux, ni de la saga L’Oréal lancée en 1909 et aujourd’hui premier groupe cosmétique du monde, entre Amour, Gloire et Beauté, sans oublier Scandale et sa fameuse querelle de clans. Semblant tout droit sorti de cette saga, le terme « anti-âge » décortiqué dans ce magazine, va peut-être porter à « émulsion » de nombreuses personnes attendant la formule magique contre les rides, mais attention « spoiler », la formule magique n’y figure pas. Pourquoi n’avons-nous donc pas encore trouvé le moindre praticien, scientifique ou chercheur ayant découvert cette formule ? Peut-être tout simplement parce que le terme anti-âge, ne refléterait finalement qu’un simple coup d’éclat, coup de baguette semi magique avant une soirée et hop ! comme sans magie, l’éclat disparaît en quelques jours. Je vais me faire des ennemi(e) s ou des ami(e)s en partant sur cette pente huilée à grandes doses de silicones, que les grands groupes de cosmétiques « anti-âge » chérissent tout particulièrement. Me direz-vous ce silicone est formidable, il bouche un trou, lisse une aspérité, camoufle une ride, gomme un sillon et rend la peau toute douce. Aussi douce que le message martelé à longueur de journée par une presse avide de nouveautés et de scoops. Et si finalement, nous empruntions le mauvais chemin ? Avant d’en avoir le cœur net,

aussi net qu’une formule extemporanée, revenons à ces questions que je me pose : Pourquoi d’un côté le médecin ne croit pas aux cosmétiques anti-âge et que de l’autre, le patient constate des résultats ? Pourquoi un commercial croit en son produit anti-âge, mais ne l’essaye pas sur lui-même ? Aurait-il peur de trop rajeunir ? Le terme « anti-âge » ne s’arrête pas à la peau, au contraire, il englobe toute notre personne et il est même pris très au sérieux par les autorités sanitaires, puisque l’industrie du complément alimentaire est largement surveillée sur cette allégation. Avant de parler anti-âge, ne faudrait-il pas déjà savoir quel âge vous avez ? Âge chronologique versus âge biologique : paraître plus vieux, ce n’est pas forcément dans votre tête. Une étude démontre que votre âge biologique est peut-être beaucoup plus avancé que vous ne le pensez. Ou le contraire… L’étude en question, publiée début juin dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, explique en effet que dès la trentaine, le corps de certaines personnes vieillit beaucoup plus vite que la moyenne. Pour comprendre cette découverte d’importance, il faut

bien saisir la différence entre ces deux notions. L’âge chronologique est celui se calculant à partir de la date de naissance, alors que l’âge biologique se calcule à partir de l’ensemble des systèmes qui nous composent : cardio-respiratoire, pulmonaire, osseux, immunitaire etc. J’ai pu en parler longuement avec le Dr Christophe de Jaeger, l’un des experts mondiaux dans ce domaine. Le grand intérêt de la détermination de l’âge biologique d’un individu, ou disons plutôt physiologique, est de parvenir à une meilleure connaissance de son corps, à mettre en évidence ses faiblesses, à déterminer des objectifs personnels, et enfin, de pouvoir réaliser des comparaisons pour un même individu, à différents stades de son évolution. Mais la mesure de l’âge physiologique nécessite des moyens modernes importants afin d’approcher au mieux ce paramètre indispensable pour la prise en charge des patients vieillissants et qui souhaitent rester actifs. Si beaucoup de mécanismes biologiques contribuant au vieillissement sont connus, les horloges biologiques qui les sous-tendent restent encore à élucider. Cette question est d’autant plus cruciale


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Photo : Anna Dabrowska

que de récentes études chez la souris montrent que de nombreux effets pathologiques liés au vieillissement, sont causés par l’accumulation avec l’âge de cellules sénescentes dans les tissus. Le modèle actuel est que la présence chronique de cellules sénescentes favorise la sécrétion de nombreuses molécules pro-inflammatoires, qui entraînent une détérioration tissulaire ainsi qu’un mauvais fonctionnement des cellules souches. Une telle inflammation pourrait être maîtrisée grâce à un dosage de certains de nos marqueurs. Derrière le terme marketing « anti-âge », se cache pourtant de vraies découvertes et de vraies pistes pour

vivre mieux, car rappelons que l’objectif n’est pas juste de vivre le plus longtemps possible, mais en toute vitalité. S’il est une discussion qui m’a marqué, c’est bien celle sur la metformine, cette belle endormie depuis 1929, non pas d’un conte pour enfant, mais commercialisée depuis les années 50 pour traiter le diabète. Fausse route pour elle ? Rassurez-vous, elle ne nous transformera pas en robot indestructible, mais pourrait considérablement améliorer notre espérance de vie en bonne santé. Quel est donc ce médicament qui permettrait un tel miracle ? Il s’agit d’un antidiabétique

connu sous le nom de Metformine et commercialisé aux Etats-Unis depuis les années 50. Rappelez-vous, notre ami l’oxygène est aussi notre principal ennemi, celui qui créé des radicaux libres lors de la respiration cellulaire. Eh bien la metformine stimule le nombre de molécules d’oxygène libérées dans les cellules, permettant ainsi d’accroître leur force et leur capacité à survivre plus longtemps. Or, en améliorant la longévité des cellules, on freine le développement des pathologies liées à l’âge. Aux dires des scientifiques, cette vertu est révolutionnaire, car en retardant le vieillissement, nous retardons les


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état des lieux

maladies. Des essais effectués sur des animaux ont montré des résultats prometteurs sur la longévité, et pour prouver l’efficacité du médicament, un test clinique nommé TAME, a débuté en 2016. D’autres pistes pour « freiner » le vieillissement ? Pendant que l’Oréal investit dans la recherche fondamentale en mécanobiologie, il faut se diriger cette fois-ci du côté de l’Australie pour rencontrer le biologiste David Sinclair qui vient de récolter un milliard de dollars pour selon lui, prolonger la vie humaine d’au moins 10 ans. Un véritable pied de nez aux « geeks » de la silicone vallée, qui préfèrent parier sur l’intelligence artificielle-biosynthétique pour l’avenir de l’humanité. Mais préféreriez-vous peut-être parier sur la société Américaine Ambrosia, qui propose des transfusions de sang de jeunes adolescents pour « inverser l’âge et donc imaginer lutter contre la mort elle-même », ce face à face deviendrait-il une histoire de plusieurs milliards ? Certainement plus pacifiste qu’investir dans la guerre ! Ma balade en Suisse ma apporté une lueur de conclusion ; chacun sait qu’en Suisse, pays réputé pour être le plus beau sur terre, tout le monde est épanoui et quasi sans rides… Ils s’offrent un chalet dans les alpages, loin des vicissitudes de la pollution, vont vivre au cul des vaches, font des bouquets d’edelweiss. Rien de tel pour le teint. Ils peuvent même retirer la pile de leur montre pour que le temps s’arrête et avec lui ses outrages. Et si finalement la solution passait par le fait de s’éloigner du stress, des gens toxiques, de la névrose ambiante, de la peur ? En parlant de peur, saviez-vous que les habitants de Monaco ont la plus longue espérance de vie ? Les raisons sont multiples, d’abord la sécurité joue un rôle dans la prévention de la dégradation de différentes fonctions de l’organisme, mais aussi la santé constitue l’une des principales préoccupations des Monégasques.

La prévention serait donc l’une des clés pour ralentir son vieillissement. N’attendez pas le transhumanisme pour changer de dogme, puisque vous pouvez dès maintenant vous prendre en main, mieux agir, mieux consommer en s’équilibrant, en réapprenant à s’écouter, ses plaisirs, ses énergies intérieures en misant sur un panel d’approches différentes, et sans faire l’impasse sur son alimentation qui pour de nombreux experts, est la première étape pour bien vieillir. L’alimentation me donne la soudaine envie de me dire « que pouvons-nous encore manger sans avoir peur de faire vieillir l’organisme ? ». J’ai comme l’impression que le monde entier est devenu « intolérant » et l’humain, juste un organisme à deux pattes, inapte à supporter sans symptômes morbides l’action d’aliments, médicaments, agents chimiques ou physiques, prêt à ruiner sa vie sociale à force de brandir ses intolérances. Apparemment, nous serions 17 millions d’individus en Europe à avoir franchi les seuils de tolérance, mais je ne parlerai pas des 1% de vrais intolérants en France, ceux qui sont atteints d’une véritable maladie cœliaque. Existons-nous alors uniquement pour autoproclamer notre intolérance à quelque chose ? On se distingue comme on peut, « no gluten » ou « gluten free ». Je suis Maïzena. Un vrai pétrin, du gluten il y en a partout, même dans le yaourt. Un « boost » dément, qui roule tout le monde dans la farine au nom du rendement agroalimentaire. Érigé en héros du sans-sans-nini, l’intolérant fait même son salon, celui des allergies alimentaires. Nos sorties au restaurant ont viré en lutte intestinale des classes et même chez les ami(e)s il faudrait envoyer par mail sa liste d’intolérances. Par ce déni, l’humain s’est redéfini en se méfiant de tout. L’humain serait désormais ce qu’il ne mange pas ? Quitte à se rendre malade en ingérant des aliments

qui ne lui sont pas destinés, puisqu’il est à 99% en bonne santé. L’humain hante les magasins sanssans-ni-ni, avec la même ferveur qu’un religieux. De la maladie Cœliaque à la schizophrénie de l’humain intolérant ? L’anti-âge cache cette même obsession, la peur de vivre, la peur de tomber amoureux, mais la peur de tomber n’empêchera pas de chuter, il faudra juste savoir se relever, relever la tête de son mobile et regarder autour de soi, réapprendre à aimer pour s’aimer et ainsi rajeunir en retrouvant son âme d’enfant… Si vous n’avez pas le courage de revoir votre façon de vivre, vous pourrez toujours vous consoler avec votre crème au caviar. Si vous n’avez pas envie de poisson à l’heure du petit déjeuner, que vous avez envie de vous échapper, je vous conseille celle à la météorite et pour les princesses, l’or fera des merveilles, à condition de ne rien attendre de ces crèmes. Cette conclusion provocatrice est là pour rappeler l’importance de se méfier des systèmes simplistes que l’on trouve sur internet ou dans certains centres esthétiques et anti-âge (médicaux ou non), dans lesquels le manque de sensibilité est flagrant et les objectifs purement commerciaux. Et si la meilleure façon de vieillir était simplement de vieillir ? À une époque où certains d’entre nous souhaitent paraître dix ans plus jeune, voire que le temps n’ait plus d’emprise sur eux, le terme « anti-âge » semble dépassé. Que nous le voulions ou non, la presse renforce subtilement le message que le vieillissement est une condition que nous devons combattre. Et si elle se trompe ? Ou plutôt, et si nous nous trompions de direction ? Ne pas faire son âge c’est bien, être épanoui(e) c’est mieux ! Je vous laisse savourer ce magazine, pour ma part en écoutant « Young and beautiful » de Lana Del Rey, parce que vous le valez bien !


body language I ACTUS 9

Les sujets phares en dermatologie et chirurgie plastique

20 ANS D’EXCELLENCE PLUS D’INFORMATIONS ET INSCRIPTIONS SUR

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10 FOCUS I body language

L’E.B.A.M.E.

observations

En médecine et peut-être encore plus dans le domaine de l’esthétique, la formation continue est plus qu’indispensable pour se tenir au fait des techniques qui évoluent rapidement. Mais pour des praticiens qui se plaisent à révéler et réveiller la(les) beauté(s) par le geste, un véritable enseignement artistique ne serait-il incontournable ? La naissance de l’École des Beaux-Arts de la Médecine Esthétique, qui fête tout juste sa première année, répond à cette question en proposant la première formation en médecine esthétique artistique. Explications.

Sculpteurs du vivant D’après le Dr Jamal Djoudi, à l’origine de l’idée et du développement de cette formation unique en son genre, « Nul doute que très bientôt, les patients ne pourront concevoir de se faire injecter par des praticiens sans formation artistique ». Une vision en effet très intéressante et selon lui, les chirurgiens, dermatologues ou médecins esthétiques, ont tout intérêt à appliquer les simples règles de l’art, connues depuis des millénaires par les peintres et les sculpteurs, car au travers de leur pratique de l’esthétique, ils sont de véritables « sculpteurs du vivant ». De ce point de vue, cette profession composée de nombreux esthètes présente pourtant une curieuse particularité, plus de 99% des intervenants n’ont aucune formation artistique. Et pour cause, il n’existait jusqu’à présent aucune formation digne de ce nom permettant d’acquérir ces notions indispensables. C’est désormais chose faite avec l’E.B.A.M.E., l’Ecole des Beaux-Arts de la Médecine Esthétique, qui nous impose à présent de parler de Médecine Esthétique Artistique. Un enseignement assuré par une équipe Multidisciplinaire Essentiellement dispensé sous forme de séminaires de formation d’une durée de 1 à 2 jours, l’enseignement

de l’E.B.A.M.E. est animé par une équipe pluridisciplinaire, composée de plusieurs médecins renommés, représentant généralement les trois grandes spécialités incontournables - dermatologie, chirurgie, médecine esthétique -, d’un professeur de sculpture des Beaux-Arts, d’un peintre et d’un maquilleur de stars internationales. Ces derniers pourront être complétés ponctuellement par d’autres acteurs de l’esthétique et de l’apparence, telle une coiffeuse visagiste ou un spécialiste en relooking, et surtout par de nombreux artistes qui viendront régulièrement éclairer les consciences par leur expérience. Les objectifs de L’E.B.A.M.E Un double but pédagogique Analyse du visage Le premier est d’acquérir une méthodologie précise et reproductible d’analyse du visage, basée évidemment sur l’anatomie, mais aussi et surtout sur les proportions artistiques statiques et dynamiques expressives du visage. Correctement appliquée par la suite, celleci permettra justement d’obtenir à coup sûr et dans la majorité des cas, des résultats véritablement naturels souvent spectaculaires, plébiscités par le patient et son entourage.


rendez

vous Formation pratique Le deuxième est de délivrer une formation pratique avec des notions immédiatement applicables au cabinet, aussi bien sur l’acide hyaluronique, la toxine botulique, les fils tenseurs, que toutes les autres techniques de la médecine esthétique. Acquisition de connaissances Au terme de l’enseignement, les étudiants auront notamment acquis : Les règles artistiques indispensables Proportions, angles artistiques, rapport des différents éléments entre eux, évaluation des ombres et de la lumière. L’analyse expressive Elle permet de comprendre la sémiologie des principaux tableaux expressifs tels que la tristesse, la fatigue ou la méchanceté. En effet, à l’aide de ce fil directeur, il est possible de corriger les signaux négatifs et même d’induire des signaux positifs. La stratégie de l’injection Elle permet d’optimiser le choix entre les différents scénarios possibles, d’élaborer un projet artistique personnalisé et unique pour chaque patient, ce qui garantit l’obtention des meilleurs résultats. Tout ce qu’il ne faut surtout pas faire C’est une notion très importante, presque plus que de savoir ce qu’il est correct de faire. La gestuelle Comment bien tenir sa seringue, être précis et reproductible en toutes circonstances. Des gages de sécurité et de confiance pour le patient. Bien choisir ses produits Quels sont les produits adaptés selon les différentes du visage, les alternatives possibles, mais aussi comment « dealer » avec certains choix économiques obligatoires. Les règles de la photographie Apprendre à organiser son labo photo, prendre des photos fiables et reproductibles quels que soient les conditions de luminosité et la saison. C’est un point très important qui permet d’avoir non seulement un doc

ument médico-légal irréfutable, mais aussi un formidable outil de progression. L’art du maquillage esthétique Savoir comment estomper les défauts, révéler et mettre en valeur les points forts du visage sont des artifices vieux comme le monde qui contribuent très efficacement à améliorer l’apparence. Le relooking C’est un véritable art, car il existe des harmoniques de couleur, comme pour les sons, qui relient la couleur de la peau, la couleur des yeux et les vêtements. La coiffure visagiste Dans notre société, la chevelure est un élément de jugement fondamental de l’apparence. Comité d’experts Dr Jamal Djoudi Médecin esthétique et anti-âge, Dr Rami Selinger Chirugien esthétique, Dr Isabelle Catoni Dermatologue, Dr Sandrine Sebban Médecin esthétique, Dr Serge Dahan Dermatologue, Sylvie Werken Artiste sculpteur, Ludovic Larthomas Relookeur, Photographe et Maquilleur de stars.

Prochaine session : Paris - 18 novembre 2017 Lieu de la formation : 147 Avenue de Malakoff, 75116 Paris Intervenants : Dr Jamal Djoudi Médecin esthétique, Dr Rami Selinger Chirurgien esthétique, Ludovic Larthomas Maquilleur, Sylvie Werken Sculpteur. En partenariat avec les Laboratoires Filorga Retrouvez toutes les informations, photos et vidéos des sessions précédentes sur : formation-medecine-esthetique.fr facebook.com/EBAME Pour tout renseignements : 06 58 62 70 84

13 - 14 OCTOBRE CHIRURGIE DE LA SILHOUETTE, Lyon, France 13 - 14 OCTOBRE JOURNÉES RÉGIONALES ADEESSE GROUPE LASER, Marseille, France 26 - 27 OCTOBRE INTERNATIONAL CONFERENCE AND EXHIBITION ON COSMETIC DERMATOLOGY AND HAIR CARE, Paris, France 27 - 29 OCTOBRE WORLD CONGRESS OF AESTHETIC MEDICINE, Istanbul, Turquie 30 - 31 OCTOBRE WORLD DERMATOLOGIST SUMMIT Toronto, Canada 31 OCTOBRE - 4 NOVEMBRE ISAPS CONGRESS, Miami, USA 1 - 5 NOVEMBRE ANNUAL GLOBAL AESTHETICS CONFERENCE 2017, Miami, USA 8 - 12 NOVEMBRE INTERNATIONAL SOCIETY FOR DERMATOLOGIC SURGERY ANNUAL MEETING (ISDS) 2017 Bangkok, Thaïlande 11 - 12 NOVEMBRE NATIONAL LASER AND COSMETIC MEDICINE CONFERENCE (LCMC) Melbourne, Australie 14 - 15 NOVEMBRE THE ASIA FACIAL PLASTIC SURGERY SOCIETY CONGRESS, Bangkok, Thaïlande 16 - 17 NOVEMBRE JDEC 2017 JOURNÉES ANNUELLES DU gDEC Paris, France, www.jdec2017.com 20 - 22 NOVEMBRE ABU DHABI INTERNATIONAL LASER & EBD COURSE, Abu Dhabi, Emirats Arabes Unis 24 - 25 NOVEMBRE CANADIAN ASSOCIATION OF AESTHETIC MEDICINE’S ANNUAL CONFERENCE - CAAM Toronto, Canada 29 NOVEMBRE – 1 DECEMBRE WINTER SCIENTIFIC MEETING BAPRAS Londres, Royaume-Uni 5 - 8 DÉCEMBRE SURGERY & GASTRONOMIE Lyon, France



body language I ACTUS 13

TATOUAGE : Enfin une norme ! Le projet de norme européenne sur le tatouage est ouvert aux commentaires des professionnels du tatouage et des praticiens de santé, qui sont invités à participer à cette enquête D’application volontaire, cette norme européenne sur les bonnes pratiques d’hygiène de tatouage est un document attendu pour harmoniser la sécurité des consommateurs et des tatoueurs en Europe. Engagé en 2014 à l’initiative de l’Allemagne, ce projet de norme est donc ouvert à vos commentaires jusqu’au 15 octobre en France, avant que cette future norme européenne soit mise à disposition au premier semestre 2018. Il s’agit donc de la phase finale d’un projet mené par 11 pays* dont la France, représentée par une commission nationale de normalisation réunissant différents acteurs du marché qui ont participé à la définition d’exigences communes à l’égard de cette pratique très populaire, qui séduisait 14 % des Français fin 2016, contre 10 % en 2010 **. Une norme volontaire au bénéfice de tous Chaque tatoueur en Europe pratique son métier selon ses propres techniques et dans un contexte réglementaire national très variable selon les pays, voire absent. En conséquence, la sécurité du tatoué comme celle du tatoueur est difficile à garantir, dépendante en grande partie des compétences des tatoueurs en hygiène ; de l’organisation des locaux ; de la préparation du poste de travail ; des méthodes de désinfection, stérilisation et gestion des déchets ; des informations transmises au consommateur ou encore des procédures de soins post-tatouage. Cette démarche de normalisation européenne a donc été essentiellement engagée en vue d’améliorer les pratiques d’hygiène, mais sur le principe du volontariat cher à cet exercice, la norme n’étant pas d’application obligatoire. Cette future norme NF EN 17169

prendra la forme d’un « mode d’emploi » de l’acte de tatouage, étape par étape, assorti de recommandations et d’exigences sur la bonne gestion du matériel et des locaux. Le tatoueur européen qui choisira de l’appliquer saura précisément, grâce aux annexes du document, comment réagir face à un accident d’exposition au sang, nettoyer ses outils avec des ultrasons, stériliser ses équipements ou encore réaliser un lavage hygiénique des mains, selon les recommandations de l’OMS. Comme le précise Olivier Laizé, vice-président de la commission AFNOR et porte-parole du syndicat national des artistes tatoueurs « les Français ont mis à profit leur expérience en pesant dans les discussions pour que le texte reste pratique et orienté vers les tatoueurs. Ceux qui s’y conformeront pourront valoriser leurs bonnes pratiques auprès de leur clientèle et garantir la sécurité de tous ». Un travail commun d’harmonisation Le document proposé est donc le résultat d’un consensus établi après de nombreuses discussions et constitue une véritable avancée pour ce secteur en Europe. Dans son ensemble, Il satisfait la commission française, qui a réuni pour ce projet, des fournisseurs/importateurs de produits, des tatoueurs, des hygiénistes, des autorités de santé et des représentants de centres de formation. L’enquête publique ouverte actuellement vise donc à faire connaître plus largement ce projet auprès des tatoueurs, de leurs formateurs, mais aussi des professionnels de santé comme les dermatologues, infirmiers ou médecins. Leur avis sera pris en compte et complètera la position de la France qui sera ensuite défendue au niveau européen, face aux autres pays.

Dans le cas de la France, même si « La réglementation française à l’égard du tatouage a été pionnière en Europe et cadre déjà bien les choses » déclare Danièle Chiambaretto, président de la commission de normalisation AFNOR et pharmacien au sein de l’Agence régionale de santé Occitanie, elle ajoute que « La norme européenne aidera néanmoins les acteurs du domaine à harmoniser les pratiques d’hygiène. Ce sera aussi une première base commune pour uniformiser les formations en hygiène et améliorer la sécurité des consommateurs, comme celle des tatoueurs ». En conclusion, au regard de l’explosion du nombre de personnes tatouées dans le monde ces dernières années et de l’engouement qui ne faiblit pas, la future norme européenne est à ce titre intéressante. Bien que sur la base du volontariat, elle permettra aux clients et futurs tatoués s’ils le souhaitent, de choisir leur tatoueur en fonction de leur adhésion à celle-ci. Un regret néanmoins, cette norme ne couvre pas la question de la composition des encres, pourtant aujourd’hui sujettes à controverses et souvent impliquées dans les complications allergiques, sans parler de leur rôle lors de procédures de détatouages, qui eux aussi se multiplient. Pour participer à l’enquête publique rendez-vous sur : www.norminfo.afnor.org * Les 11 pays participants au projet sont : l’Allemagne, l’Angleterre, l’Autriche, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Irlande, les Pays-Bas, la République Tchèque, la Suisse et la Slovaquie. ** Etude IFOP pour le SNAT : « Les Français et le tatouage » - janvier 2017 http://www.ifop.fr/?option=com_publication&type=poll&id=3614


14 FOCUS I body language

SOIN SIGNATURE DR MICHEELS© Le Docteur Patrick MICHEELS signe un protocole de soin régénérant et anti-âge d’exception, dont le principal produit actif, un sérum développé par la marque de produits cosmétiques Bélénsa, s’inspire de la naissance d’une Reine, celle des abeilles.

protocole complet étudié pour les besoins spécifiques des peaux matures, fatiguées, ternes ou marquées, cet actif concentré à 3%, a également été associé à de puissants ingrédients anti-âge naturels, tels que le Resvératrol, extrait de la renoué du Japon, Collagène végétal et extrait de levure de blé. Ce soin signature d’exception va permettre : • Une accélération la régénération épidermique (fig1) • L’activation du processus de recyclage cellulaire

Augmentation du renouvellement épidermique 24 Temps de renouvelement de lapeau en jours

Une récente découverte scientifique1 a montré que les abeilles modifiaient leur code génétique en consommant de la gelée royale, dont une protéine, la Royalactine, détermine le sort de l’abeille : soit reine soit travailleuse. Ce processus biologique appelé modification épigénétique, produit des marqueurs chimiques sur l’ADN, qui modifient l’expression des gènes sans modifier le code génétique. En étudiant les effets positifs de cette protéine sur divers organismes2 et son interaction avec le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGF), il a été remarqué qu’elle favorisait également la régénération des tissus et retardait la sénescence des cellules de la peau humaine3,4, en accélérant le renouvellement des protéines grâce à l’activation du protéasome5 (recyclage des protéines endommagées). L’exploitation des bienfaits cutanés de la Royalactine semblait très intéressante, mais sa taille trop importante pour pénétrer la peau (57 kDa) et son instabilité ne permettaient pas de l’intégrer dans une application cosmétique. Ainsi, pour mimer et maximiser l’action de la Royalactine, un peptide qui copie sa séquence active a été développé. Cette séquence, qui consiste en 5 acides aminés, correspond à un domaine basé sur l’arginine, qui est partagé par des ligands différents au récepteur EGF tels que les facteurs de croissance humaine EGF et TGF-6. Pour devenir biologiquement actif et pénétrer le stratum corneum peu perméable aux composés hydrophiles et à poids moléculaire élevé, ce pentapeptide est encapsulé dans un système de vectorisation de type nano-émulsion, à base de beurre de karité et lécithine. Son absorption par les kératinocytes est améliorée, et les molécules peptidiques sont protégées dans la formulation contre la dégradation. Pour le soin Signature Dr Micheels©, qui s’intègre dans un

peau traitée 23 j

peau non traitée

23

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20 j

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Volontaires: 20 femmes caucasiennes (40-60 ans) Application: 2*/j pendant 56j Le temps de renouvellement cellulaire est réduit significativement d’environ 12% (3 jours) par rapport à la peau non traitée .


body language I FOCUS 15

Effet lissant

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+16%

16 14 12

+11%

10 8 6 4 2 0

Aprés 14 jours

Aprés 28 jours

Volontaires: 20 femmes caucasiennes (40-60 ans) Application: 2*/j pendant 28j Effet lissant observé chez 100% des volontaires. +16% après 28 jours de traitement

Amélioration de l’Homogénéité du Teint +12.6% Homogénéité de la clarté de lapeau

12 10 8 6

+6%

4 2 0

Aprés 14 jours

Aprés 28 jours

Technique : mesure de la clarté de la peau sur 6 zones définies puis calcul de l’écart type entre ces 6 valeurs. (écart type = homogénéité du teint)

Volontaires: 20 femmes caucasiennes (40-60 ans) Application: 2*/j pendant 28j Effet positif observé chez 90% des volontaires.

• Un lissage des rides et ridules (fig2) • Une hydratation de la peau en profondeur • Une illumination et homogénéisation du teint (fig3) • L’atténuation des taches brunes et un ralentissement de leur formation Le protocole complet, qui dure environ une heure, se compose de différentes étapes étudiées pour maximiser les effets de ce soin signature : Gommage doux pour éliminer cellules mortes et impuretés, et préparer la peau à une meilleure pénétration des composants du soin. • Application d’un masque en tissu de fibre de coton imprégné des actifs du soin (20 g) durant 10 minutes. • Une phase de sonophorèse aux ultrasons (4 min) pour une pénétration rapide et homogène des principes actifs. • Une phase de défibrosage aux ultrasons (4 min) permettant un effet de micro-massage de l’épiderme et du derme, stimulant la synthèse du collagène et le drainage tissulaire. L’excédent de produit contenu dans la pochette du masque est prévu pour être appliqué au pinceau sur le masque lors de cette phase. • Application d’une capsule (5g) d’émulsion Cyliane à base du composé Aquacell ® à 3%, qui permet de recréer rapidement le film hydrolipidique cassé par les ultrasons (augmentation du taux de Fillagrine, de Sodium lactate et de Sodium PCA) • Massage final du visage, de type Kobido. Ce protocole peut être recommandé en cure intensive, qui consistera à 2 soins par semaine pendant 2 semaines, puis 1 fois par semaine les 2 semaines suivantes, à renouveler à chaque changement de saison. Le maintien du résultat est assuré par l’application quotidienne matin et soir, du sérum réparateur Solyane, formulé sur une base similaire à celle du soin, concentré pour soutenir le changement de métabolisme de la peau. Ce soin restructurant signé par le Dr Patrick Micheels est hautement réparateur et permet de révéler un teint plus uniforme, lumineux, une peau rajeunie et repulpée, tonifiée, significativement plus lisse et plus douce.



body language I ACTUS 17

COSMÉTIQUES ET DIGITAL Les résultats d’une enquête menée en ligne par CCM Benchmark dévoile les comportements de recherches et d’achats en ligne de produits cosmétiques. La révolution digitale est désormais ancrée dans notre quotidien et le E-commerce fait partie intégrante de nos comportements d’achat, y compris dans le domaine de la beauté. Mais comment recherche-t-on et achetons-nous les cosmétiques ? quels sont les produits stars du web et à quel point blogueuses et YouTubeuses influencent-elles nos choix ? CCM Benchmark Institut, pôle d’études et de formations spécialisé dans les thèmes de l’Internet et des nouveaux comportements de consommation, s’est penché sur le sujet des relations entre la beauté et le digital, au travers d’une enquête en ligne menée sur 1000 femmes et 732 hommes. Voici un rapide aperçu des résultats de leur enquête* “Beauté et Digital : les nouveaux comportements d’achat”. Achats cosmétiques en ligne Soyons clairs, il s’agit surtout

des femmes, 58 % des internautes féminines interrogées ayant déjà acheté des cosmétiques sur Internet et 28% d’entre elles, l’ont fait sur leur smartphone. Concernant leur fréquence d’achat, 8 % d’entre elles le font plusieurs fois par mois et 28 % plusieurs fois par an. Expérience d’achat en ligne De manière générale, 97 % des femmes se déclarent satisfaites, voire très satisfaites de leur expérience d’achat en ligne. Les points forts : • L’aisance de navigation sur les sites • La facilité à passer commande • La facilité à trouver les produits recherchés Les points faibles : • Les frais de livraison • Les conseils d’utilisation • Les avantages des programmes de fidélité Aussi, certains critères sont

déterminants à l’acte d’achat ou peuvent être un plus pour améliorer l’expérience client : • Le détail des caractéristiques produits • La diversité des modes de livraison, • Des avis de clientes sur les produits achetés • Des photos avant/après • Des tutoriels vidéo de qualité professionnelle • Des questionnaires pour affiner leur choix de produits selon leurs besoins Cosmétiques bio ou naturels Parmi les femmes interrogées, 80 % d’entre elles déclarent acheter également des produits cosmétiques bio ou naturels, mais en comparaison aux produits classiques, 43 % en achètent moins souvent que des cosmétiques conventionnels, et 37 % plus souvent. Cependant, 30 % des achats de cosmétiques bio ou naturels se font sur internet, c’est donc le troisième canal d’achat pour cette catégorie de produits. La beauté sur les réseaux sociaux Les femmes interrogées sont 43 % à suivre au moins une marque beauté sur les réseaux

sociaux et au moins 20 % une blogueuse beauté. Leurs motivations à suivre une marque sont essentiellement pour : • s’informer sur les produits : 50% • recevoir des avantages et profiter des promotions : 48 % • être au courant des nouveautés et tendances : 48% • trouver des conseils et des tutoriels : 31 % Concernant les blogueuses, leurs motivations sont globalement les mêmes, mais dans des rapports très légèrement différents, elles auront plus tendance à rechercher des conseils et des tutoriels, pour 58 % d’entre elles. En ce qui concerne les types de médias sociaux, la proportion des abonnées aux comptes de blogueuses sont de 83 % sur Facbook, 45 % sur You Tube et de 28 % sur Instagram. Pour aller plus loin, l’étude complète “Beauté et Digital : les nouveaux comportements d’achat” est en vente sur le site Internet de CCM Benchmark. *Les échantillons étudiés sont représentatifs des populations internautes féminine et masculine âgées de 18 ans et plus.


18 FORMATION I body language

TENDANCES COSMÉCEUTIQUES Prêtresse en la matière, Wendy LEWIS dresse un large panorama des tendances actuelles de l’industrie cosmétique mondiale et revient sur l’influence qu’exercent que les consommateurs sur les tendances et la transformation du marché.

D

epuis que le Dr Albert Kligman en a inventé le terme il y a une trentaine d’années, les cosméceutiques sont non seulement devenus extrêmement populaires, mais la valeur de leur marché mondial devrait atteindre 61 milliards de dollars d’ici 2020 d’après les estimations.

Littéralement, des centaines de nouveaux produits envahissent chaque année un marché pourtant déjà très saturé. Si certains parviennent à s’imposer, d’autres disparaissent assez rapidement, pas nécessairement parce qu’ils sont mauvais, mais souvent juste pas assez bons pour se démarquer du lot.

Dans de nombreux cas, ils n’ont tout simplement pas le budget suffisant pour le marketing, la communication et les relations presse, ni pour recruter les forces de vente nécessaires, former et suivre efficacement le personnel en centres esthétiques, cliniques ou cabinets. De plus, les praticiens ne peuvent proposer qu’un nombre


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de références limité à l’espace dont ils disposent et beaucoup de marques ne peuvent malheureusement pas s’adapter, finissant alors par quitter le réseau professionnel pour se recentrer sur le grand public et la vente directe aux consommateurs. Aux États-Unis, selon Kline & Co, les produits cutanés anti-âge aux propriétés raffermissantes et antirides devraient continuer à stimuler les ventes et la croissance du marché. Les cosmétiques à la fois soin cutané et maquillage sont toujours en forte demande, mais c’est certainement l’innovation produit et la technologie qui peut permettre aux spécialistes du marketing de se différencier et de développer leurs produits au sein de ce marché fortement concurrentiel. En Europe, les produits anti-âge devraient être le principal moteur du marché des soins cosmétiques professionnels, les consommateurs recherchant continuellement des produits toujours plus efficaces, des traitements ciblés et des sérums. Réseaux exclusifs Aujourd’hui, les patients attendent de recevoir des conseils experts en matière de soins de la peau, afin de comprendre ce qui leur convient et ce qui leur offrira des résultats. Beaucoup de praticiens ou professionnels de la peau regrettent de passer 45 minutes avec des patients qui iront ensuite acheter en ligne les produits recommandés. C’est pourquoi je conseille vivement à mes clients de parler de ce problème avec leurs fournisseurs de produits, car obtenir une exclusivité sur une gamme cosméceutique est un sérieux argument de vente pour leur établissement. À ce titre, New York pourrait être considérée comme la capitale américaine des « soins signature » - peut-être en raison de plusieurs laboratoires présents sur la région – car l’on voit de nombreux médecins, dermatologues ou chirurgiens plasticiens développer leur propre marque de produits cosmétiques. Mais ces médecins ne proposent pas exclusivement leurs marques et en proposent souvent d’autres. Cependant, avec des espaces de vente parfois limités ne laissant que la possibilité de proposer un nombre défini de références, je recommande aux centres et cliniques d’étudier de près les marques qu’ils envisagent de proposer, de n’en sélectionner que les incontournables et best-sellers, puis de développer ensuite leur stock selon les demandes des ache-

teurs et le résultat de leurs ventes. Sur une centaine de références, seulement trois à cinq produits seront vraiment des succès commerciaux.

Autre segment florissant, celui des Baby-Boomers qui évidemment va probablement offrir le plus de ventes potentielles de toutes procédures esthétiques.

Nouveaux segments clés Le marché des Milléniales explose, car ils refusent de vieillir comme leurs parents. Ma fille représente la quintessence du Milléniale consommateur de soins cosmétiques, elle est absolument obsédée par la qualité de sa peau. Les Milléniales sont extrêmement instruits et connaisseurs en matière de cosmétiques ; Ils partagent leur savoir avec leurs amis, décryptent et suivent les tendances, investissent leur argent pour le soin de leur peau, de leurs cheveux et de leurs ongles. Ils partagent également leurs expériences, bonnes et mauvaises, sur les médias sociaux, plus particulièrement Instagram et Snapchat. La catégorie des consommateurs masculins est intéressante. Je ne suis pas convaincue que le nombre d’hommes consommant des cosméceutiques augmente à hauteur des taux qu’avancent les entreprises dans leurs études de marché, mais cela offre un bon « story telling ». Il ne fait aucun doute que les hommes sont plus nombreux à acheter des produits de soins pour la peau, mais je pense que beaucoup d’entre eux n’en achètent qu’occasionnellement et sont des acheteurs complétement différent des femmes. Ils ne sont pas particulièrement fidèles à une marque en soi ; mais juste un peu paresseux et se contentent la plupart du temps d’acheter le même produit encore et encore. Ils sont aussi beaucoup moins observants sur les soins quotidiens et ne peuvent gérer trop de produits ou d’étapes dans une routine de soins quotidiens. Concernant les procédures, les hommes aiment suivre des traitements le samedi matin, et en semaine le soir après vingt heures ou très tôt le matin, car ils n’ont aucune tolérance pour patienter en salle d’attente. Ils ne sont pas vraiment intéressés à expérimenter et restent sur des soins somme toute assez classiques. Ils préfèrent n’avoir qu’une quantité limitée de produits actifs, car ils ont tendance à ne pas les utiliser correctement, ni dans le bon ordre. En effet, ils n’ont pas été aussi programmés que les femmes à suivre les indications et sont moins enclins à parler entre eux de ce qu’ils utilisent ou lisent sur les tendances.

Modes de distribution Beaucoup de médecins sont très intéressés à délivrer des soins cosmétiques et les patients à recevoir des conseils ciblés et des produits exclusifs qu’ils ne trouveront pas au coin de la rue. Je suis convaincue qu’en pré et post procédures, cela peut véritablement contribuer à améliorer les résultats. En effet, il est certainement préférable qu’un patient venant de faire un resurfaçage au laser CO2, écoute et suive vos conseils sur les produits à utiliser ou non ensuite, plutôt que de le voir revenir plus tard, avec des complications ou des problèmes que vous allez devoir gérer. Vente en ligne Dans les territoires où il est autorisé de le faire, beaucoup de médecins utilisent leur propre boutique en ligne pour vendre directement à leurs patients et je pense que c’est un bon moyen d’augmenter les ventes. Je pensais que les « marques blanches » étaient en état végétatif depuis un certain temps, mais elles semblent ressusciter et l’on voit à présent beaucoup plus d’options de marque en nom propre pour les médecins. De nombreux médecins ont maintenant une boutique sur Amazon, mais je vous exhorte de réfléchir à deux fois avant de faire cela, à moins qu’il s’agisse de votre propre marque, parce que la plupart des entreprises de produits que vous délivrez n’apprécient pas du tout cette pratique. Les marques sérieuses de cosméceutiques restreignent l’accès des consommateurs à leurs produits, aux seuls experts officiels en soins cutanés, aux cliniques, praticiens et médispas, pour soutenir leurs clients et conserver leur statut de cosmétique professionnelle. Franchises Les franchises clés en main fonctionnent très bien pour les médecins peu portés sur les cosmétiques ou ceux qui ne disposent pas d’une esthéticienne dans leur équipe. RegimenMD, une plate-forme web lancée par deux dermatologues réputés aux États-Unis, est un modèle qui offre la


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possibilité de fournir en ligne des produits de qualité professionnelle aux patients, normalement délivrés par un médecin. Cela permet d’augmenter sa distribution, mais reste tout de même limité dans l’offre et nécessite quelques réajustements, comme le demandent souvent ce nouveau genre d’outils digitaux. Sinon, beaucoup de marques s’associent avec leurs cliniques pour capter des ventes en ligne. ZO Skin Health, par exemple, a mis en œuvre cette stratégie aux États-Unis, ce qui est selon moi très malin et a été une vraie réussite. La clinique obtient tout simplement des crédits pour les ventes qui passent directement par le site Web de la marque et qui se font à plein tarif. Avouons-le, les patients d’aujourd’hui sont programmés pour aller chercher en ligne les produits qu’ils veulent acheter et utiliser, et de cette façon, la clinique obtient des crédits plutôt que de perdre la vente au profit d’un discounter comme eBay ou Amazon. Soins pré et post procédures Ces produits restent une catégorie majeure de la distribution en cliniques et centres médico-esthétiques. Les produits topiques et sérums à utiliser après des traitements tels que microneedling, IPL, peelings ou lasers, offrent aux patients de vrais bénéfices en matière de confort et de récupération cutanée. Nous pouvons citer l’exemple de SkinCeuticals qui s’était associé en 2012 au système Clear + Brilliant de Solta, mais d’autres collaborations de ce type existent sur le marché, démontrant l’intérêt d’incorporer un programme de soins cutanés aux procédures basée sur des équipements et dispositifs médicaux, la combinaison permettant de réduire le temps de récupération et d’améliorer les résultats. Dans certaines régions du monde, notamment la France, il est très difficile voire illégal, de délivrer au patient des cosméceutiques ou des produits directement en cabinet. Cependant, au Moyen-Orient et dans certains pays d’Europe, dans lesquels vous ne pouvez pas vendre directement, une clinique peut par exemple facturer 1000 € un traitement en intégrant les soins pré et post procédures nécessaires. Dans ce cas, ils sont inclus au coût du traitement et techniquement, vous ne vendez pas de produits pour la peau. Il existe encore bien d’autres solutions, comme ouvrir des spas séparés, travailler en col-

laboration avec des pharmacies, ou encore créer un espace distinct du cabinet, dédié alors à la vente de produits cosmétiques et/ ou de services de spa et bien-être. Rétinol Le rétinol est véritablement le « Gold standard » en matière de cosméceutiques et il est tellement présent au sein du marché, que les consommateurs de produits anti-âge en utiliseront à un moment ou un autre. bien sûr, ils peuvent aussi se le voir délivrer par les professionnels des soins de la peau, qui leur apprendront à l’utiliser. La plus ancienne méthode consistant à varier l’intensité de la formulation, en débutant par une faible concentration, puis à l’augmenter selon leurs besoins et l’accoutumance de leur peau, reste encore la plus pratiquée. En leur proposant une sélection de produits formulés à base de rétinol, vous êtes en mesure de leur offrir des solutions bien plus efficaces, qu’un tube de Neutrogena Healthy Skin du coin de la rue. Cellules souches et facteurs de croissance La technologie des cellules souches est incroyablement intéressante, mais ses prétentions sont parfois exagérées. Il existe de nombreuses marques grand public largement promues sur le web et à la télévision, qui ont je crois, une quasi-crédibilité, mais

de là à résister à l’épreuve du temps est une autre histoire. Il est en effet très difficile de pénétrer ce nouveau marché des cosméceutiques, en particulier aux États-Unis, certainement l’un des plus matures. Parmi les nouveaux arrivants significatifs, mentionnons Alastin Skincare qui dispose d’une technologie exclusive Tri-Hex, qui se propage comme une nuée parmi les dermatologues américains en utilisation post procédures laser afin d’accélérer la récupération cutanée ; DefenAge est une autre gamme très intéressante composée de trois références, développée par un physicien russe, qui propose un sérum puissant fréquemment utilisé en post microneedling ; et enfin Sente une marque de biotechnologie proposant une gamme de soins cutanés exclusivement distribuée en réseau professionnel. Acide Hyaluronique (HA) SkinMedica a connu un énorme succès avec son HA5 Rejuvenating Hydrator et sa formulation riche en acide hyaluronique. Il est certes coûteux, mais d’une taille plutôt généreuse et ne peut être conservé longtemps en stock. L’acide hyaluronique, quelle qu’en soit sa forme, est certainement une solution indispensable à proposer dans un cadre clinique. Le Hyaluron de Swisscode est très populaire et la gamme de soins cosméceutiques du laboratoire Teoxane est parfaitement positionnée en


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complément de leur gamme d’injectables. L’acide hyaluronique est définitivement un élément à intégrer dans votre pratique, car il fait presque partie aujourd’hui de la « grande consommation » et les consommateurs comprennent parfaitement son fonctionnement et son pouvoir anti-âge. Ils sont habitués à faire des injections d’acide hyaluronique, de sorte qu’il est tout naturel qu’ils souhaitent également en appliquer sur leur peau en marge des procédures médicales esthétiques. Quand le cosmétique devient soin Les produits de soins cutanés et de maquillage ont fusionné depuis un certain temps déjà et les correcteurs de teint font véritablement le buzz ces dernières années. J’avais écrit un article sur le positionnement des cosmétiques de couleur en cliniques esthétiques, pour PRIME International Anti-Aging Journal il y a quelques années et j’ai été frappée par ce que j’ai appris en interviewant les médecins américains. La plupart d’entre eux, à l’exception de deux éminents dermatologues New Yorkais, proposaient au sein de leur structure une quantité non négligeable de cosmétiques correcteurs de teint, maquillage minéral et de camouflage, y compris du maquillage classique, et cela fonctionnait très bien auprès de leur patientèle. Nous pouvons citer les marques Jane Iredale, Glo Minerals ou Colorescience, parmi les plus représentées en cliniques depuis de nombreuses années ou encore Oxygenetix, une excellente marque à considérer avec intérêt, mais il en existe à présent bien d’autres, disponibles sur le marché. Cependant, une note de prudence est absolument nécessaire quant à l’introduction de maquillage et correcteurs de teint dans votre établissement si vous n’avez pas une esthéticienne dédiée, qui saura comment le dispenser auprès des patients, car cela se rapproche plus d’une tendance beauté impliquant quelques « règles » à respecter, que d’un soin cutané. De plus, si vous traitez un large éventail de types de peau, comme la plupart des cliniques le font aujourd’hui, vous aurez besoin de nombreuses références pour répondre aux différents teints et types de peau des patients. Cela peut alors devenir un vrai problème de logistique, de stockage, un défi en matière de présentoirs, sans oublier les besoins de former et entrainer les patients sur la meilleure façon de mixer

les différents produits pour les utiliser efficacement. Mon conseil personnel est de se limiter aux fonds de teint et correcteurs, écrans solaires teintés et maquillage camouflant, et d’éviter la tentation de plonger dans les autres produits de maquillage pour les yeux, crayons, blushs, mascaras et autres rouges à lèvres, à moins d’être parfaitement entouré par une équipe dédiée et idéalement positionné pour réussir. En revanche, les améliorateurs de cils sont une forte tendance et cela vaut la peine d’en référencer au moins un d’une marque reconnue et ayant démontré des résultats, car la demande des patients est croissante. Beaucoup de produits cosmétiques de couleur sont combinés à des ingrédients actifs contre l’acné, comme le Peroxyde de benzoyle, ou des actifs anti-âge. Les BB et CC crèmes originaires de Corée, sont toujours au top et dorénavant, presque toutes les marques en proposent, même les gammes professionnelles délivrées sur prescription d’un médecin. Enfin, les indétrônables antioxydants (vitamine C, E, polyphénols, resvératrol, acide ferulique, etc…), l’acide hyaluronique pour les peaux sèches et évidemment une gamme de SPF élevés sous diverses formes pour répondre au plus large éventail de préférences des patients (lotion, crème, spray, gel, oral) sont des incontournables absolus. En tant que praticien, il est de votre intérêt et je dirais même de votre responsabilité, d’éduquer vos patients sur les bénéfices à appliquer quotidiennement une bonne protection solaire, toute l’année, même lorsque le ciel est nuageux. Produits naturels Personnellement, je n’ai jamais pris parti pour la plupart des marques résolument naturelles, cependant cette catégorie est définitivement en hausse et je pense qu’en intégrer une à votre pratique peut présenter un intérêt. Tata Harper, une américaine possédant une grande ferme dans le Vermont, a lancé ses propres produits cosmétiques naturels aux États-Unis, qui ont rencontré un large succès malgré des prix pourtant incroyablement élevés. Les produits de beauté « green » ou biologiques séduisent un certain type de patients, définitivement influencés par les célébrités, plutôt jeunes, situés dans la tranche des millénials et qui ne souhaitent

pas retrouver trop de conservateurs dans leurs produits. Certaines de ces marques ont donc une durée de conservation beaucoup plus courte, pouvant ne pas convenir à votre pratique, à moins d’avoir suffisamment de patients intéressés par cette catégorie particulière. Si vous vous intéressez à ce type de produits, il sera judicieux d’identifier deux ou trois marques et n’en proposer que quelques références, pour tâter le terrain auprès des patients. Je ne suis pas certaine que des produits cosmétiques certifiés biologiques puissent véritablement remplacer la cosmétique active que nous sommes habitués à voir délivrée en cabinet ou en clinique, mais ils peuvent jouer un rôle. Cependant, il est primordial de vous préoccuper des labels affichés et des prétentions annoncées des produits de cette catégorie, et si vous décidez de référencer une marque bio, elle devra être certifiée biologique par les organismes appropriés pour être crédible. Il faut veuiller à ce qu’elle ait le USDA organic seal ou le EcoCert selon les territoires, pour vous assurer d’investir dans un produit de qualité. Nutraceutiques Nous voyons de plus en plus de suppléments oraux, tels les produits canadiens Glisodin, les américains Vitamedica et bien d’autres. Les versions sous forme de boisson « beauté » florissent également, visiblement une catégorie émergente. Skinade, Aneva, Collagen Gold, ou encore le nouveau programme Aethern Advanced Skin Beauty provenant d’Espagne, sont parmi les marques mondiales les plus représentées en cliniques et médispas. Ils auront certainement un rôle à jouer auprès des patients, si leurs produits offrent de véritables preuves cliniques et d’efficacité. Solutions thérapeutiques capillaires Le soin des cheveux est un sujet brûlant. J’ai connu de nombreux médecins ayant créé leurs propres solutions de restauration capillaire et formulations de produits pour la santé des cheveux, qui cherchent encore à présent comment pénétrer le marché avec leurs produits. Les traitements de repousse des cheveux sur le marché féminin, tout comme celui des hommes, augmentent significativement, autant ceux en vente libre que ceux dis-


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Dans une industrie qui prend ses racines avec des produits vantés comme étant « miraculeux », nous devons offrir aux consommateurs des conseils éclairés, basés sur l’expertise et des données fiables, et d’éviter la surenchère commerciale. C’est la meilleure façon d’inspirer confiance et fidélité à votre réputation personnelle, celle de votre établissement, voire celle de votre marque.

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pensés en réseau professionnel et l’intérêt général pour ces produits est certain. Dans ce domaine, les nutraceutiques représentent une importante catégorie, mais ne sont pas si bon marché pour les consommateurs. Typiquement, ils achètent généralement ces produits conçus sous forme de cures de 30 jours, mais vont devoir en utiliser pendant une durée bien plus longue, si ce n’est indéfiniment. Pourtant, derrière un certain nombre de grandes marques ou de nouveaux entrants sur le marché, la recherche scientifique est bien là et appuyée par des essais cliniques suffisamment sérieux démontrant leur efficacité. Nous pouvons citer Qilib, récemment lancé dans les pharmacies par Galderma ou Viviscal qui est une référence en la matière, notamment avec sa ligne Viviscal Pro, très bien notée par les dermatologues aux Etats-Unis. Une nouvelle marque de vitamine capillaire, Nutrafol, propose une formulation dédiée aux femmes et une autre aux hommes, disponible en clinique et au grand public. Nous voyons également beaucoup de marques de soins capillaires lancer trois à quatre produits en même temps : shampoing, conditionneur, associés à un anti-irritant pour les démangeaisons ou un soin antipelliculaire. C’est un ajout assez intéressant et naturel, si vous vendez déjà activement des soins cutanés professionnels et que vous pensez avoir des patients ayant un intérêt et le budget pour ce type de produits. Je crois que cette catégorie de soins capillaires mérite l’attention des cliniques distribuant ou commercialisant des produits cosmétiques. D’autres solutions font leur apparition pour les femmes et les hommes, comme la société américaine Capillus Laser, qui propose un dispositif LED installé dans une casquette de baseball, pour rebooster la croissance des cheveux, et qui a récemment obtenu l’agrément de la FDA pour les femmes. Assez surprenant, car les femmes arrivent généralement au deuxième plan, les marques ayant plutôt tendance à souhaiter en premier lieu un agrément pour les hommes. Pourtant, les femmes sont tout autant motivées que les hommes, à conserver leurs cheveux ou à en inverser leur perte. Appareils de beauté Ces « dispositifs de poche » dédiés à la beauté ont véritablement fait leur entrée

au domicile des patients qui cherchent à maintenir les effets et résultats de soins reçus en cabinet. Nous constatons beaucoup de nouveautés dédiées au visage, mais également pour les mains, les pieds, le décolleté, les cheveux et le corps. Les catégories clés sont l’épilation, le nettoyage de la peau, l’anti-âge, l’anti-acné et le blanchiment des dents. L’épilation a été l’un des piliers des équipements à domicile, tels les leaders Tria et Silk’n, mais bien d’autres sont à présent disponibles. Une nouvelle génération d’appareils a ensuite fait son apparition, les brosses électriques pour le nettoyage de la peau et l’application de maquillage, et les ventes continuent de se développer fortement. Clarisonic reste le leader du marché, mais est aujourd’hui confronté à une forte concurrence de marques provenant principalement d’Asie, très concurrentielles sur les prix. Il existe également beaucoup d’autres appareils de technologies type IPL, disponibles pour traiter les rides, la pigmentation ou encore l’acné et les peaux grasses. L’une des arrivées les plus récentes sur ce marché est l’appareil Newa développé par la société Endymed, dont la technologie « 3 Deep Skincare » pour la retente cutanée, représente certainement la prochaine frontière des équipements à domicile. Les traitements ciblés pour les yeux, les lèvres, les mains et le décolleté gagnent en popularité, comme nous avons pu le voir avec le succès de Clarisonic et nous voyons arriver de nouveaux concepts d’appareils facilitant la pénétration des actifs cosmétiques, tels que le Ultrasonic Infuser de Jenu qui de surcroit, présente des données cliniques sérieuses montrant l’efficacité du système. Parmi les autres dispositifs de soins à domicile populaires, certains offrent une sorte de microdermabrasion pour exfoliation profonde, comme PMD et Riiviva. Microneedling Le microneedling est l’un des soins incontournables en cliniques et cabinets esthétiques, notamment combiné à des soins topiques ou à d’autres types d’équipements médicaux, dans le traitement des cicatrices, cicatrices d’acné, vergetures, cellulite, rides et photovieillissement. La marque Environ, fondée par le chirurgien plasticien sud-africain Dr Des Fernandes,

considéré comme l’un des pionniers en soins cliniques pour la peau, propose aussi différents types de rollers associés à sa gamme de produits. Aussi, nombre des équipements les moins chers en provenance d’Asie posent des questions en matière d’efficacité et de sécurité, qu’il s’agisse de tampons de microneedling, stylos ou pistolet injecteurs à utiliser en clinique ou à domicile. Les praticiens doivent donc être à l’affût de la qualité des accessoires de microneedling, en raison des potentielles complications en matière d’hyperpigmentation, de cicatrices ou encore d’infections possibles. Améliorateurs de cils et sourcils Ils représentent une énorme catégorie aux récompenses annuelles du Cosmetic Executive Women Beauty Awards et il faut reconnaitre que le soin des cils est un gros business. À ma connaissance, les solutions Latisse et Lumigan (Allergan) pour la pousse des cils restent les seules marques sur prescription médicale et de nombreux médecins aux États-Unis recommandent aussi l’utilisation de Latisse pour les sourcils, avec des résultats impressionnants. Contrôle pigmentaire C’est un domaine de forte croissance et d’opportunités, en particulier sur le marché multiculturel du Royaume-Uni. De nombreuses et efficaces alternatives à l’hydroquinone continuent d’émerger sur le marché, solutions largement adoptées par les praticiens et les patients. Aux États-Unis, nous ne pouvons utiliser des termes tels que « éclaircissement » ou « blanchiment » de la peau pour plusieurs raisons, la plus importante étant que la FDA considère cela comme des allégations de médicaments, auxquels s’appliquent une stricte réglementation. Il existe de nombreux soins combinés illuminateur de teint, extrêmement populaires chez les patients. Par exemple, le kit Lytera de SkinMedica qui comporte trois références ; ZO Skin Health propose aussi plusieurs kits de produits agissant en synergie et ciblant différentes pathologies cutanées ou indications spécifiques. Les patients ont aujourd’hui compris que les désordres pigmentaires sont signe de vieillissement cutané. À mon avis, réduire l’hyperpigmentation est devenue une priorité absolue pour les cliniques



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aussi plusieurs kits de produits agissant en synergie et ciblant différentes pathologies cutanées ou indications spécifiques. Les patients ont aujourd’hui compris que les désordres pigmentaires sont signe de vieillissement cutané. À mon avis, réduire l’hyperpigmentation est devenue une priorité absolue pour les cliniques esthétiques qui doivent proposer une sélection d’agents topiques efficaces et de traitements légers à agressifs, capables de répondre à cette préoccupation clé pour tous les types de peau. Il est clair que le vieillissement cutané, l’acné, la pigmentation et les rougeurs sont les principales préoccupations de la plupart, voire de tous les patients que vous recevez en cabinet. La retente cutanée, la fonte graisseuse et la cellulite sont de leurs côtés les principaux domaines d’intérêt concernant le corps. K-Beauty L’intérêt pour les concepts beauté à la coréenne ou K-Beauty à l’anglo-saxonne, a spécialement décollé chez les Millennials. Ils sont absolument fascinés par la plupart des dispositifs, équipements, produits et techniques provenant du marché asiatique, qui a d’ailleurs eu un impact majeur sur le secteur des cosmétiques à l’échelle mondiale. La presse beauté est actuellement tout autant obsédée par tout ce qui provient de l’Asie. L’une des grandes tendances est le « Multi-masking » ou l’art de se faire un masque sur-mesure, totalement personnalisé et adapté aux différents besoins de chacune des zones de notre visage. Si l’on voit de plus en plus de masques pour le visage - dont les indétrônables masques en tissu-, le corps, les mains, le contour des yeux et le cou, intégrer les gammes de soins cosmétiques, ces produits sont idéaux à utiliser lors d’un traitement au cabinet, car ils permettent aussi de présenter une nouvelle gamme à ses patients et de leur offrir un échantillon ou un « travel size » pour essayer à la maison. Autre tendance en hausse, le rasage facial des femmes, pour lequel on trouve désormais des appareils dédiés à cette pratique, comme le très populaire DermaFlash vendu chez Sephora. Ce concept pas si nouveau, mais revenu en grâce assez récemment, est aussi connu sous le nom de « dermaplaning », popularisé dans les années 1990 et qui aurait même été pratiqué par Maryline Monroe et Elisabeth Taylor.

Les peelings de pieds coréens chargés d’acide lactique et d’urée, peu coûteux et offrant des résultats étonnants, sont maintenant largement copiés par d’autres marques de soins du visage et du corps. Enfin, les « Cushion compacts » proposés à l’origine par des marques spécialisées dans ces produits, se répandent comme une traînée de poudre, proposés à présent par les marques internationales de cosmétiques premium tels Lancôme et Estée Lauder, jusqu’aux discounters et pharmacies. Perspectives Une chose est sûre, les formulations personnalisées gagnent en popularité. Aussi, nous constatons que la vente via les réseaux sociaux va probablement énormément se développer ; nombre de centres ou de cliniques se débrouillant déjà très bien sur Pinterest et Instagram pour vendre leurs marques « signature » ou gammes exclusives de cosmétiques professionnels. Les photos et les résultats avant/après sont un énorme argument de vente, mais il n’est pas toujours aisé d’en disposer et en tant qu’industrie, honnêtement, nous sommes un peu à la traine. Pourtant, être en mesure de montrer de bonnes images est un formidable outil pour promouvoir l’efficacité de produits cosmétiques et soins cutanés, car finalement, les patients n’ont pas tant d’imagination. Il est difficile d’attendre d’eux qu’ils prennent comme acte de foi, que la crème à 150 euros que vous leur proposez, va définitivement les débarrasser de leurs problèmes de pigmentation ou rajeunir leur peau de 10 ans. Ils ont déjà tous entendu ce discours auparavant et ont été déçus ou trompés de trop nombreuses fois. Aussi, en tant que praticiens de l’esthétique et professionnels des soins de la peau, nous devons exiger des fournisseurs et laboratoires, des preuves cliniques d’efficacité et de la documentation sur des résultats pouvant être validés, afin de toujours tirer cette industrie vers le haut, dans l’intérêt des patients. Dans une industrie qui prend ses

racines avec des produits vantés comme étant « fabuleux », « miraculeux », « rajeunissants » et un chapelet d’autres adjectifs douteux, nous devons toujours garder conscience d’offrir aux consommateurs des conseils éclairés, basés sur l’expertise et des données fiables, et d’éviter la surenchère commerciale. C’est la meilleure façon d’inspirer confiance et fidélité à votre réputation personnelle, celle de votre établissement, voire celle de votre marque.

Wendy Lewis est une consultante de renom en esthétique et fondatrice de Wendy Lewis & Co Ltd en 1997 à New York, une société de conseil en communication, marketing et médias sociaux (wendylewisco. com), dont elle est Présidente et gère une équipe de consultants pour des fabricants de dispositifs médicaux, des laboratoires pharmaceutiques, des marques de cosmétiques et de biotechnologies, ainsi que pour des praticiens de différentes spécialités et des spas médicaux. Auteure de 11 ouvrages, dont America’s Cosmetic Doctors & Dentistes (Castle Connolly Medical) et Plastic Makes Perfect (Orion), elle a lancé en 2008 le blog Beautyinthebag.com dont elle est rédactrice en chef.

Références : 1.

businesswire.com/news/home/20160323006461/en/Global-Cosmeceuticals-Market-Worth-USD-61-Billion

2.

klinegroup.com/blogs/index.php/2016/01/21/whats-the-current-pulseof-the-professional-skincare-markets-ineurope-and-the-united-states

3.

3. clearandbrilliant.com/cbphysician/c-bscience/c-b-science


Nanoparticules Doit-on en avoir peur ?

Fondatrice de la marque australienne de cosméceutiques Synergie Skin et de maquillage minéral Synergie Minerals, Terri VINSON explique le rôle des nanoparticules dans les produits cosmétiques.

L

a nanotechnologie a révolutionné aussi bien l’industrie médicale que cosmétique et doit être considérée comme un élément crucial des progrès scientifiques et technologiques. Elle a permis des avancées dans l’utilisation de prothèses articulaires, avec un plus faible rejet des tissus osseux artificiels. Elle a également été utilisée afin de minimiser les effets secondaires liés à certains traitements contre le can-

cer, et l’utilisation du marquage des cellules par des nanoparticules a permis aux scientifiques de découvrir comment les différentes protéines interagissent. À mon avis, les consommateurs ont été mal informés et induits en erreur sur la nocivité et la toxicité des nanoparticules appliquées par voie topique. En réalité, c’est la particule elle-même ou l’ingrédient « nanophasé » qui peut représenter un danger, mais non le fait qu’une particule ait été nanophasée.

Qu’est-ce qu’une nanoparticule ? Une nanoparticule se définie par un diamètre inférieur à 100 nanomètres. Une particule de cette dimension est capable de pénétrer la peau humaine et d’interagir avec les cellules. Un nanomètre représente un millionième de millimètre. Pour mettre cela en perspective, une cellule humaine a un diamètre d’environ 10 000 nanomètres, soit environ 100 fois plus large que la plus grande des nanoparticules.

Photo : Anna Dabrowska

26 FILS TENSEURS I body language


body language I COSMÉTIQUE 27

Il est important de comprendre que la nanotechnologie ne définit pas les caractéristiques chimiques de la particule - elle ne définit que sa taille. Par exemple, des nanoparticules d’éléments toxiques tels que le plomb ou l’arsenic inhalées ou appliquées sur la peau dans des doses significatives, seraient mortelles pour l’humain. À l’inverse, des nanoparticules administrant des médicaments contre l’asthme par un inhalateur, pourraient alors sauver la vie d’un asthmatique. Par conséquent, l’ingrédient ou le médicament nanophasé est le plus souvent bénéfique à son destinataire. Écrans solaires et nanoparticules En tant que scientifique, je ne crois pas qu’il y ait de toxicité associée à l’application de nanoparticules d’oxyde de zinc par voie topique, comme dans une protection solaire ou un soin cutané anti-inflammatoire. La recherche montre que les particules d’oxyde de zinc de plus de 30 nanomètres, lorsqu’elles sont appliquées par voie topique, ne pénètrent pas le système sanguin et ne présentent donc aucun risque pour la santé humaine. Par ailleurs, les recherches suggèrent également que les doses considérées comme nocives, ne peuvent être atteintes par une application topique normale sur une peau humaine viable. Il a cependant été signalé que les nanoparticules de dioxyde de titane même à faibles doses, induisent un dommage radicalaire aux cellules vivantes. C’est pourquoi selon moi, ces particules ne devraient pas être nanométriques dans les formulations, afin de s’assurer qu’elles ne pénètrent pas au-delà du stratum corneum et ainsi éviter tout contact avec les cellules du derme. Malheureusement, des particules de dioxyde de titane plus larges, peuvent générer un effet blanchissant sur la peau, peu apprécié par la plupart des consommateurs, en particulier à peaux mates ou foncées.

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Une nanoparticule est simplement une description de la taille de la particule. C’est la particule elle-même qui peut être nuisible ou bénéfique

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Aussi, beaucoup de fabricants de maquillage minéral choisissent d’incorporer des particules de dioxyde de titane de large dimension associées à de l’oxyde de zinc afin d’améliorer la protection UV de leurs produits. En toute logique, le maquillage minéral n’est pas censé contenir de nanoparticules, au contraire, les particules incorporées doivent plutôt être grandes et opacifiantes. Après tout, la principale fonction du maquillage est de couvrir les imperfections et non pas d’être invisible sur la peau. En effet, les larges particules d’oxyde de zinc et de dioxyde de titane présentes dans le maquillage minéral sont justement conçues pour créer une couverture physique sur la peau, à la fois protection UV et effet cosmétique couvrant. Et pour en être parfaitement sûr, un fabricant de maquillage devrait toujours être en mesure de fournir les informations souhaitées sur le type et la dimension des particules incorporées dans leurs produits. L’avenir de la nanotechnologie en cosmétique En cosmétique, domaine en constante évolution, la nanotechnologie est utilisée avec succès pour offrir de meilleurs systèmes de libération des ingrédients actifs ciblant les cellules de la peau. L’usage des peptides est un excellent exemple de nanoparticules d’actifs utilisées pour améliorer la santé de la peau. Les peptides sont des protéines suffisamment petites (nanophasées) pour pénétrer

Le maquillage minéral ou les écrans solaires physiques (inorganiques) contenant de l’oxyde de zinc et du dioxyde de titane ont eu mauvaise presse dernièrement, celle-ci mettant en garde les consommateurs face à l’utilisation de produits cosmétiques contenant des nanoparticules. Pourtant, je crois que cette pauvre nanoparticule est l’une des entités les plus mal comprises dans le monde des cosméceutiques. Selon le Journal of Nanobiotechnology, les nanomatériaux sont à la pointe du rapide développement du domaine de la nanotechnologie et précise que « les propriétés inhérentes à leur taille unique, rendent ces matériaux supérieurs et indispensables dans de nombreux domaines de l’activité humaine ». Sachez que si vous êtes quelque peu confus quant à leurs enjeux dans l’industrie cosmétique, vous n’êtes pas les seuls. Avant de laisser ses détracteurs nuire à notre jugement concernant le choix de produits cutanés, les informations suivantes pourront peut-être aider à discerner les éléments factuels, des bavardages médiatiques.

les couches supérieures de la peau et sont eux-mêmes des nanoparticules extrêmement efficaces, capables d’apporter à la peau des effets bénéfiques spécifiques. Ils exercent une multitude d’effets biologiques sur les cellules, telles que la stimulation du collagène, la réduction de la pigmentation et la régulation de la production de sébum. Les facteurs de croissance sont également des nanoparticules, cependant, j’émet de sérieuses réserves concernant leur application topique, en raison de leur potentiel de stimulation de la prolifération de cellules malignes. Beaucoup de recherches sont encore nécessaires sur l’application cutanée de ces nanoparticules et pour ma part, j’ai fait le choix de ne pas formuler avec des facteurs de croissance. En fin de compte, les consommateurs doivent comprendre qu’une nanoparticule est simplement une description de la taille de la particule, et que c’est la particule ellemême qui peut être nuisible ou bénéfique. Les nanoparticules méritent plus d’être adoptées que redoutées et c’est la connaissance que l’on a d’elles qui peut nous permettre de dissiper les peurs des consommateurs et les aider à prendre des décisions éclairées sur leurs choix de soins cutanés et protections solaires. Terri Vinson est diplômée en sciences de Monash University en Australie, spécialisée en immunologie et microbiologie, puis a obtenu un diplôme post-universitaire en formulation chimique et un diplôme d’éducation en biologie et sciences supérieures. Elle est Membre de l’Australian Society of Cosmetic Chemists (ASCC), du Vogue Cosmetic Advisory Board, et de l’Australian Academy of Cosmetic Dermal Science (AACDS) en qualité de conseiller senior en formulation. En tant qu’expert dans son domaine, Terri participe régulièrement à des conférences sur la médecine esthétique et écrit régulièrement pour des publications de l’industrie esthétique, dont Cosmetic Surgery, Beauty Magazine et Professional Beauty Magazine. Elle a récemment publié son premier livre, « The Essential Skincare Guide ».


28 DERMATOLOGIE I body language

COMMENT SE NOURRIT NOTRE PEAU ? Ralentir le vieillissement de la peau, premier challenge en esthétique médicale, passe avant tout par l’obtention d’une bonne santé cutanée. Mais de quoi se nourrit notre peau, quels sont ses besoins et comment y répondre efficacement ? Dr Patrick SEROG, nutritionniste et Dr Valérie PHILIPPON, médecin esthétique et anti-âge, nous expliquent l’intérêt d’une prise en charge combinant ces deux spécialités afin d’obtenir les meilleurs résultats.

T

out comme le reste de notre organisme, le processus de vieillissement naturel de la peau est sous influence des gènes et modulé par les conditions de vie. Organe particulièrement sensible car exposé directement aux agressions extérieures, la peau est également « socialement exposée » et représente donc un challenge majeur dans la prise en charge médico-esthétique.

Comment la peau se nourrit-elle ? Le derme est irrigué par de nombreux vaisseaux qui lui permettent de recevoir les nutriments dont il a besoin, ce qui n’est pas le cas de l’épiderme, qui se nourrit par imbibition à partir du derme. La membrane basale séparant le derme de l’épiderme s’épaissit avec le temps, diminuant ainsi la surface d’échange et rendant alors la nutrition de l’épiderme plus difficile.

Vieillissement de la peau Les cellules sénescentes (fibroblastes, kératinocytes) restent actives, mais présentent des modifications de fonction et une réduction de leur renouvellement. Avec le temps, elles perdent leur capacité à se multiplier (dans les cas extrêmes c’est l’apoptose ou mort cellulaire), réduisent la synthèse de bon collagène de type 1, d’élastine et d’acide hyaluronique de bonne qualité, de l’ordre de 6 % par décennie chez la femme et de 3,4 % chez l’homme. Se produit alors un amincissement de la peau, le derme pouvant perdre jusqu’à 20 % de son épaisseur. Par ailleurs, le collagène de type 3, la fibronectine, l’élastase et la collagénase augmentent, entrainant quant à eux une détérioration du derme. La couche cornée s’épaissit, l’hydratation diminue et le teint se ternit. Progressivement, la peau devient plus sèche, ridée, perd de son éclat et de son élasticité, enfin, les taches peuvent apparaitre en raison d’un emballement de la synthèse de mélanine par les mélanocytes.

Comment ralentir le processus de vieillissement cutané ? Tout d’abord, il est primordial d’éviter autant que possible les facteurs d’aggravation et d’accélération du vieillissement tels que la surexposition solaire, le tabac, le stress, le manque de sommeil et d’activité physique.

Ensuite, il convient d’adopter au quotidien une nutrition équilibrée, variée et riche en antioxydants, combinée à l’usage de cosmétiques adaptés à sa problématique de peau et enrichis en ingrédients favorisant l’hydratation (acide hyaluronique), le renouvellement cellulaire (AHA, vitamine A et C) et l’équilibre pigmentaire (acide pythique, citrique, résorcinol). Bien entendu, l’intervention de la médecine esthétique en prévention et en correction des stigmates du vieillissement (rides, taches, éclat) a largement fait ses preuves et des protocoles doux, progressifs et réguliers, comme des peelings associés à une bio revitalisation, initiés dès la trentaine, sont efficaces d’emblée et sur le long terme.


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Photo : Anna Dabrowska

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La peau est le reflet extérieur de la santé intérieure, d’où la notion de bonne mine, signe de renouvellement cellulaire et source de vie.

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30 DERMATOLOGIE I body language

Santé de la peau : Le rôle nutritionnel et ses limites Afin d’apporter tous les nutriments et macronutriments nécessaires à la peau - protéines, glucides, lipides, vitamines, minéraux et oligoéléments -, il faut une alimentation variée et suffisante en quantité. La pratique de plus en plus courante de prendre un plat principal et un café au déjeuner est très insuffisante pour répondre aux besoins de notre organisme. Il nous faut donc une alimentation structurée, apportant au moins 800g d’aliments par repas, c’est à dire une entrée, un plat principal et son accompagnement, un laitage et un dessert, dans des portions alimentaires adaptées selon l’âge de chaque personne. Quels sont les ingrédients nécessaires : Protéines : elles permettent le renouvellement cellulaire de la peau en général et de l’épiderme en particulier, car son renouvellement est rapide. Lipides et acides gras : en particulier les oméga 6 et 3, essentiels à l’hydratation et à l’entretien de la peau. Glucides : en particulier les glucides complexes qui apportent l’énergie nécessaire à chaque cellule pour remplir les fonctions de synthèse de substances chimiques et de renouvellement cellulaire. Vitamines hydro et liposolubles : citons notamment les vitamines C et E qui ont un rôle antioxydant. Minéraux /oligoéléments : le sélénium, le zinc, le calcium et le magnésium qui accélèrent la cicatrisation et le renouvellement cellulaire cutané. Cependant, même une alimentation suffisante en quantité et en qualité, ne suffira pas à maintenir l’activité du renouvellement cellulaire nécessaire à la préservation de la jeunesse de la peau. Ainsi, pour aider les facteurs nutritionnels apportés par

l’alimentation, on peut aussi utiliser l’activité physique, qui en stimulant la sécrétion d’interleukine 15, améliorerait la qualité de la peau (1). Agir au cœur des cellules : La bio revitalisation en injection La revitalisation par une technique d’injection superficielle épidermique et dermique apporte au cœur des cellules les ingrédients nécessaires à son fonctionnement. Les solutions revitalisantes constituées d’un cocktail de composants tels que des vitamines, minéraux, acides aminés, coenzyme, antioxydants et acide hyaluronique, créent un écosystème idéal pour relancer l’activité du fibroblaste vieillissant et stimuler la croissance du collagène et de l’élastine, tout en protégeant les cellules contre les excès de radicaux libres. Pour obtenir des signes visibles de correction du vieillissement, en particulier sur la réduction des ridules, l’homogénéité du teint, la diminution des taches, l’augmentation de la fermeté et la réduction des pores dilatés, il est nécessaire de respecter un protocole de 5 séances espacées de 2 semaines et répété 2 fois par an, selon l’état de la peau et ses besoins.

Dr Valérie Philippon est diplômée en médecine morphologique anti-âge, gynécologie esthétique, nutrition, techniques de comblement et d’ injection. En parallèle de sa pratique médicale esthétique, passionnée des traitements de la qualité de peau elle est formatrice et conférencière en France et à l’ internationale. Dr Patrick Serog est médecin nutritionniste, membre de la Société Française de Nutrition, directeur scientifique du congrès de nutrition Diétécom. Il est l’auteur de nombreux travaux scientifiques et de best-sellers autour de l’alimentation des enfants, de la famille et des adultes. Il exerce en médecine libérale et à l’ hôpital Georges Pompidou.

Références : 1.

Alexandre Mélissopoumos et Christine Levacher, La peau, structure et physiologie, 2éme édition p 249. Editions TEC&DOC,

Régénération cutanée : Place des compléments alimentaires L’apport de compléments alimentaires n’est souhaitable que si l’alimentation est insuffisante en quantité et en qualité sur le long terme ou lors de périodes au cours desquelles il est difficile de couvrir les besoins en oméga 3 et oméga 6, en antioxydants divers et particulièrement en vitamine C et E ou en minéraux et oligoéléments comme le Magnésium, le Sélénium ou le Zinc. Conclusion Pour obtenir un succès à long terme sur la qualité de la peau, la complémentarité des traitements de bio revitalisation et de la prise en charge nutritionnelle est nécessaire. La peau est le reflet extérieur de la santé intérieure, d’où la notion de bonne mine, signe de renouvellement cellulaire et source de vie.

2012. 2.

Aging Cell. 2015 Aug ;14(4):625-34. Doi: 10.1111/acel.12341. Epub 2015 Apr 22. Exercise-stimulated interleukin-15 is controlled by AMPK and regulates skin metabolism and aging. Crane JD, MacNeil LG, Lally JS, Ford RJ, Bujak AL, Brar IK, Kemp BE, Raha S, Steinberg GR, Tarnopolsky MA.

3.

J Am Coll Nutr. 2001 Feb;20(1):71-80. Skin wrinkling: can food make a difference?

4.

Purba MB, Kouris-Blazos A, Wattanapenpaiboon N, Lukito W, Rothenberg EM, Steen BC, Wahlqvist ML.

5.

Study of the effects of repeated intradermal injection NCTF135 HA on the consequences of cutaneous ageing of the face – B. Sarrazin-Rouland Avr11.

6.

Dermato Endocrinology. 2012 July-Dec; 4:3, 298-307. Discovering the link between nutrition and skin aging.

Silke

K. Schagen, Vasiliki A. Zampeli, Evgenia Makrantonaki and Christos C. Zouboulis. 7.

Iranian Journal of Dermatology. 2015; 18: 20-24 - A review on nutrition and skin aging. Mohsen Nematy, Atieh Mehdizadeh, Farkhondeh Razmpour


Votre peau Votre formule Créés par des médecins, pour des médecins, les soins UNIVERSKIN™ sont personnalisés. Pour la première fois, le médecin peut formuler dans son cabinet un sérum adapté à chaque patient avec des résultats dermatologiques réels¹.

Photo : Abhishek Joshi

¹Cas Cliniques avec les protocoles cosmétiques UNIVERSKIN™ réalisé par les Dr Diana MURR, Dermatologue et Dr Linda FOUQUE, Dermatologue. Document interne UNIVERSKIN™

Juillet 2017.

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La peau et le système nerveux sont des jumeaux qui passent leurs vies séparées et échangent des lettres 99

Photo : Anna Dabrowska

32 DERMATOLOGIE I body language


HYPERSENSIBILITÉ

cutanée

Le syndrome de la peau « sensible » augmente considérablement dans le monde et si l’on en connaît les caractéristiques, nous sommes loin d’en comprendre le processus physiopathologique expliquant son apparition. Mais de récentes découvertes établissent un lien entre hypersensibilité cutanée, sensibilité de certains récepteurs cellulaires, et état de stress des individus. Si les mécanismes ne sont pas encore bien compris, ces avancées nous offrent déjà de meilleures pistes thérapeutiques que le Dr Tiina ORASMAË-MEDER nous détaille.

D

’après les statistiques, nous sommes confrontés à une nouvelle épidémie mondiale : de plus en plus de patients s’adressent aux dermatologues et spécialistes de la médecine esthétique avec une problématique très spécifique, celle de souffrir d’une « peau sensible ». La « sensibilité » de la peau est un terme relativement moderne - proposé par le célèbre dermatologue Albert Kligman en 1977. Quarante ans plus tard, la majorité des femmes européennes qualifient leur peau de « sensible » et déclarent être mal à l’aise dans leur vie quotidienne. Qu’est-ce que l’hypersensibilité cutanée ? Si les cosmétologues semblent parfaitement connaître la problématique de la peau sensible, la diagnostiquer n’est pourtant pas si évident. En effet, des recherches ont démontré que chez la majorité des individus considérant leur peau comme « sensible », aucun changements objectifs dans les caractéristiques de l’épiderme et du derme ne permettaient d’établir un tel diagnostic. Qui sont ces patients à la « peau sensible » ? • Des enquêtes menées en Europe, aux États-Unis et au Japon, ont montré que chez les femmes, 50% d’entre elles déclarent avoir la peau sensible, contre seulement 30% chez les hommes.

• Les Asiatiques sont plus susceptibles de considérer leur peau sensible que les Européens et les Américains. Les individus ayant la peau foncée ou noire, considèrent très rarement leur peau comme étant sensible, en comparaison aux individus ayant la peau claire, alors même que les réactions aux irritants cutanés ne diffèrent en réalité que très peu d’un phototype à l’autre. Les individus de phototype I selon la classification Fitzpatrick, souffrent plus souvent d’une sensibilité accrue de la peau, que les autres. • Les jeunes considèrent plus souvent leur peau comme étant sensible, que les personnes âgées. Il existe plusieurs hypothèses expliquant cette différence de perception : elle peut être liée à une utilisation plus active de multiples cosmétiques ou à une évaluation plus émotionnelle de l’état de leur peau. • Les patients présentant une pathologie cutanée (rosacée, psoriasis, neurodermatite, eczéma, etc.) considèrent plus souvent leur peau comme sensible, que les personnes ayant une bonne santé cutanée, dont jusqu’à 80% des patients atteints de dermatite. Caractéristiques communes aux peaux sensibles Certains signes caractéristiques ont pu être observés chez la plupart des patients sujets à la peau sensible : • Une perte importante en eau trans-épi-

dermique • Une quantité réduite de sphingolipides dans l’épiderme • Une augmentation de l’activité des glandes sudoripares • Une augmentation de l’activité du système nerveux cutané • Un stratum corneum endommagé • Un faible taux d’humidité de la couche cornée • Un stratum corneum trop fin • Des troubles pigmentaires • La présence d’érythème persistant ou son apparition en réponse à divers stimuli, y compris psycho-émotionnels. La plupart de ces symptômes caractérisent aussi une condition cutanée régulièrement rencontrée en dermatologie : la peau sèche. En effet, les peaux sèches sont également caractérisées par un amincissement de la couche cornée, un faible taux d’humidité de la peau, une augmentation de la perte en eau trans-épidermique, des troubles de la fonction barrière cutanée, un profil lipidique de l’épiderme modifié, voire la présence d’une variété de troubles pigmentaires. En un mot, les manifestations de « sécheresse » et de « sensibilité » cutanée, sont très proches. Des observations pratiques le confirme : les patients ayant la peau sèche, déclarent souvent ressentir des sensations inconfortables, comme des picotements et des tiraillements, parfois même une douleur liée aux irritations ou à des lésions de la peau, des rougeurs et


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un teint de peau inégal. Nous l’avons vu, ces mêmes signes sont aussi caractéristiques de l’hypersensibilité. Si nous pouvons en conclure qu’une peau sèche est donc presque toujours plus sensible et sujette aux irritations qu’une peau bien hydratée, les peaux grasses et mixtes peuvent également être considérées comme sensibles. Certains dermatologues prennent cela en compte lors des traitements contre l’acné et la rosacée. Facteurs aggravants de l’hypersensibilité cutanée De nombreux facteurs externes ont un impact sur l’augmentation de la sensibilité de la peau et l’apparition de sensations inconfortables. L’une des premières raisons et certainement la plus courante, est l’utilisation de produits cosmétiques inadaptés ou trop agressifs, contenant des ingrédients irritants, dont nous pouvons en distinguer les principaux : • Alcool • Propylène glycol • Butylène glycol • Cocamidopropyl • Triaetanolamin • Résorcinol • Acide trichloroacétique • Les AHA, y compris lactique (l’effet dépendant de la concentration en acides et le pH de la solution) • Rétinol et ses dérivés. Des effets similaires peuvent être observés à l’application topique de corticostéroïdes, dont l’utilisation conduit souvent à une perturbation de la fonction barrière cutanée et au développement d’un érythème locale chronique. Certaines procédures médicales esthétiques comme la dermabrasion, photothérapie, laser et chirurgie, peuvent aussi conduire à une hypersensibilité cutanée. L’environnement extérieur comme l’exposition aux UV, les variations de température, le vent, la pollution urbaine et le tabagisme sont des facteurs potentiellement aggravants. En général, les changements de température et d’humidité peuvent entraîner une perturbation de la fonction barrière cutanée et activer l’apparition de symptômes d’hypersensibilité. Aussi, le contact avec des produits chimiques lié à un travail en laboratoire ou cliniques médicales, dans la cuisine d’un restaurant ou dans un club de sport où il y a une piscine d’eau chlorée (malheureusement la

natation en piscine conduit très souvent à une sensibilité accrue de la peau). Manger trop épicé, trop chaud ou trop gras représente aussi un facteur aggravant. Mais bien évidemment, l’environnement idéal n’existe pas et la peau peut devenir plus sensible à tout moment sous l’influence de nombreux facteurs et événements aléatoires : détresse émotionnelle, stress psychologique, immunité affaiblie ou encore une maladie. Comment naît l’hypersensibilité ? En dépit du fait que le problème d’hypersensibilité de la peau fasse l’objet de nombreuses recherches par les laboratoires, une bonne compréhension de la physiopathologie du processus d’hypersensibilité de la peau n’a pas encore été publié. À ce jour, nous savons que dans la plupart des cas d’hypersensibilité, nous rencontrons les caractéristiques suivantes : • Sécheresse sévère de la peau, quantité réduite de lipides épidermiques et dysfonctionnement de la fonction barrière cutanée • Réactivité accrue du système vasculaire de la peau • Perméabilité cutanée accrue pour les substances hydrosolubles • Augmentation de l’activité de la réponse immunitaire locale • Réduction de la résistance à l’irritation des alcalis • Une réponse neurosensorielle à la stimulation plus prononcée. Encore aujourd’hui, il reste impossible de définir exactement quelles structures de la peau sont responsables de l’activation des réactions aux stimuli. Des études ont démontré l’absence de caractéristiques significatives des réponses des cellules de l’épiderme et du derme, et n’ont pas trouvé de différences notables dans le métabolisme des matériaux de construction de la peau. Ces dernières années seulement, ont été révélées les caractéristiques de la réponse de certains récepteurs cellulaires, en particulier ceux de la famille TRPV transitoire des récepteurs, dont l’activation provoque le développement de l’inflammation neurogène dans les structures plus profondes de la peau. Cependant, le mécanisme d’activation de ces récepteurs n’a pas encore été complètement clarifié - apparemment, les personnes ayant la peau sensible, ont une sensibilité accrue de certains récepteurs, ce qui conduit à l’inconfort et à des signes d’inflammation,

en réponse à des facteurs chimiques ou physiques mineurs, ce qui n’est pas le cas chez les personnes ayant une peau résistante. L’origine de l’augmentation de la sensibilité du récepteur reste encore en question. Des expériences récentes utilisant la résonance magnétique nucléaire ont montré que lors d’un contact de la peau avec irritant (dans l’expérience il s’agit d’une solution de 10% d’acide lactique), la réaction va s’effectuer dans des zones différentes du cortex cérébral, selon qu’il s’agit de personnes sujettes à une hypersensibilité cutanée ou de personnes ayant une peau résistante : le signal de stimulation prend une voie différente dans le système nerveux central. Cette réaction différente pourrait être congénital ou alors se développer en raison d’un stress - donc l’origine de la sensibilité accrue de la peau se situerait au niveau du système nerveux central et probablement du cortex cérébral. Ces résultats sont indirectement confirmés par les observations pratiques des dermatologues, qui ont constaté que les traitements par sédatifs, anti-dépresseurs ou autres types de thérapies apaisantes, conduisaient généralement à une amélioration générale de l’état de la peau. Les cosmétologues partagent les mêmes observations quant à l’amélioration de l’état de la peau sensible, sèche et irritée après des procédures de détente ou anti-stress. Pistes thérapeutiques D’après ces découvertes et ces observations pratiques, l’on pourrait donc envisager que la meilleure stratégie de traitement pour la peau sensible et irritée, consisterai en une thérapie complexe, impliquant non seulement l’utilisation quotidienne de produits topiques adaptés, mais également la mise en place de procédures de soins professionnels combinés à une analyse du mode de vie général du patient et de recommandations en vue de son amélioration. Contrôle du stress et émotions positives Avec une sensibilité accrue de la peau, il faut se rappeler que dans le contexte des expériences émotionnelles, du stress et des émotions négatives, il est très difficile de supprimer l’activation primaire des structures réceptrices des cellules de la peau, ce qui provoque le développement de tout le complexe de réactions d’hypersensibilité. Un effet anti-stress peut être exercé par le sport (bien sûr, le choix du type d’activité est très


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important et il convient de privilégier quelque chose qui soit source de plaisir et de joie), les promenades en plein air, de nouvelles expériences intéressantes, des procédures relaxantes et de bien-être (spa et massages), la méditation et les pratiques spirituelles, et enfin la psychothérapie. Procédures professionnelles de soins cutanés Des procédures professionnelles de soins de la peau visant à restaurer la fonction barrière cutanée et l’hydratation de la peau, ainsi que l’obtention d’un effet calmant et apaisant, sont tout à fait favorables. En revanche, il convient d’éviter les techniques potentiellement traumatisantes telles que la dermabrasion, laser, photothérapie, chirurgie, injections ou peelings. L’utilisation d’ingrédients irritants dans les cosmétiques est aussi à éviter. Des procédures utilisant des substances hydratantes telles que le glycérol, l’aloès, l’acide hyaluronique, le xyloglucane, l’acide glucuronique, les extraits d’algues, le centella asiatique, les sels de magnésium et certains peptides, fournissent en général de très bon résultats. L’exfoliation durant la procédure doit être douce, les effets thermiques et le froid sont à éliminer complètement. Soins quotidiens à domicile C’est une part très importante dans le traitement de l’hypersensibilité, que de nombreux patients ont tendance à sous-estimer. Pour la peau sensible, l’élément le plus important du soin est le nettoyage : les nettoyants agressifs et l’utilisation de lingettes nettoyantes sont à proscrire, car ils peuvent accroitre la sensibilité, voire entraîner le développement de certaines pathologies. Le nettoyage de la peau sensible doit donc être doux, sans substances saponifiées ni dégraissantes, il doit pré-

server et améliorer la fonction barrière cutanée. Une bonne solution peut être l’utilisation d’agents nettoyants micellaires, mais qui devront être rincés à l’eau, car avec une sensibilité accrue de la peau, même de petites quantités de conservateurs ou de tensioactifs peuvent être irritantes. Bien sûr, l’eau doit être propre et si celle du robinet n’est pas de bonne qualité, il est conseillé d’utiliser une eau minérale. L’usage d’un tonique apaisant, d’un lactosérum ou de préparations concentrées contenant des substances apaisantes et hydratantes ou des extraits végétaux est fortement recommandé. La sensibilité élevée de la peau, sa perméabilité supérieure à celle d’une peau saine, demandent un contrôle total sur l’utilisation des crèmes. Il est également important d’expliquer au patient les risques de tenter des expériences cosmétiques hasardeuses, du type échantillons « anti-âge révolutionnaire » offerts dans les magasins et qui peuvent détruire tout effort précédent. Enfin, une partie très importante du traitement des peaux sensibles est le choix des produits de protection selon les caractéristiques de la peau. Pour une peau sèche, des crèmes nourrissantes protectrices ayant un effet apaisant. Pour une peau grasse, privilégier les émulsions protectrices avec un effet anti-inflammatoire et apaisant. Mode de vie et nutrition Des recommandations sur le mode de vie et la nutrition peuvent s’avérer très efficaces, car il est presque toujours nécessaire d’apporter des modifications au régime alimentaire du patient. Les aliments et les boissons qui ont un effet excitant, activent la circulation sanguine locale et contribuent généralement à l’augmentation de la sensibilité cutanée. Les boissons alcoolisées, thé et café, chocolat, plats chauds et épicés, certaines épic-

es exotiques, sont à éviter jusqu’à stabilisation de l’état de la peau. La réintégration des aliments et boissons préférées dans l’alimentation doit être progressive et faite avec précaution, en observant les réactions de l’organisme. L’augmentation de sa consommation en eau, fruits et légumes frais, herbes fraiches, poissons et fruits de mer, est pratiquement toujours positive pour l’état général du système digestif, aide à rétablir l’équilibre des vitamines et minéraux, qui améliorent non seulement l’état de la peau, mais aussi la santé globale. Afin de maintenir sa peau au « calme », il faut aussi « endormir la vigilance » du système nerveux - la façon la plus simple et la plus abordable étant d’avoir une activité physique régulière : marche à pied, randonnée, différents sports actifs et de préférence des activités amusantes. Conclusion Le célèbre neuro-immunologiste français, le Professeur Misery, a déclaré : « La peau et le système nerveux sont des jumeaux qui passent leurs vies séparées et échangent des lettres ». Dans le processus de développement embryonnaire, la peau et le tube neural se développent à partir d’un même tissu et conservent en permanence la relation la plus étroite entre eux. Tout ce qui affecte les intérêts du système nerveux affecte l’état de la peau, et tout ce qui arrive à la peau devient « une affaire personnelle » du système nerveux qui active immédiatement les processus d’adaptation aux changements externes. Il est très important pour les dermatologues, cosmétologues et médecins esthétiques de prendre conscience que les fragiles et complexes paramètres de protection du système nerveux sont faciles à briser, mais difficiles à restaurer. Tout traumatisme ou stress ont leur prix, et chez les patients ayant une tendance à l’hypersensibilité, ce prix est cher à payer.

Dr. Tiina Orasmäe-Meder est médecin esthétique, fondatrice et directrice de Meder Beauty Science (Suisse). Elle s’est spécialisée depuis plusieurs années dans le domaine de la création et développement de produits cosmétiques et protocoles professionnels d’application, ainsi qu’en cosmétovigilance.


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La cosmétologie EN ACTION Convaincue qu’une procédure esthétique médicale seule, n’est que la moitié du chemin vers une prise en charge anti-âge efficace et réussie du masque facial, Dr Laurence BEILLE ne la dissocie pas d’une cosmétique active et adaptée au patient. Après un rappel physiologique du fonctionnement cutané, elle nous explique la philosophie, les principes et les objectifs réalisables qu’offre la cosmétologie élaborée par le dermatologue américain Dr Zein Obagi.

E

n raison de l’extraordinaire évolution et de la grande diversité des techniques en esthétique médicale, nous nous éloignons souvent de la base : savoir prescrire une cosmétique adaptée pour améliorer, corriger, conditionner et préparer la peau aux procédures. En effet, aucun acte esthétique de restructuration du masque facial n’est satisfaisant si la peau est terne, tâchée, enflammée, acnéique, vieillie (ridée et relâchée) ou avec des anomalies texturales importantes. Prescrire une cosmétique efficace et adaptée au type de peau n’est pas si facile, d’autant que le temps est souvent compté dans une consultation esthétique où l’on se concentre plutôt sur les diverses procédures laser et apparentés, peelings, injections ou fils. Et pourtant, la cosmétologie active va devenir incontournable dans notre prise en charge, car la demande se fait de plus en plus pressante en raison de l’envie suscitée par les peaux « zéro défaut » des magazines. Nos patientes nous demandent aussi plus d’efficacité, car elles constatent l’échec des crèmes hydratantes les plus chères, dans la mise en valeur de leur peau. Approche du Dr Zein Obagi Le docteur Zein Obagi est Le dermatologue cosmétologue mondial incontestable, dans la maîtrise des traitements cutanés et de la restauration d’une peau saine dans les conditions suivantes : teint terne, peau relâchée et pores dilatés, troubles pigmen-

taires sur peaux très difficiles, photovieillissement, peaux inflammatoires (acné, rosacée, dermite séborrhéique), anomalies de texture cutanée. Il évolue depuis plus de trente ans en dermatologie aux Etats-Unis, que ce soit en recherche fondamentale ou en pratique dermatologique, manipulant à loisir cosmétologie, peelings superficiels à profonds et lasers selon les cas. Ses molécules de prédilection en cosmétologie sont la trétinoïne et le rétinol, pour les peelings, le TCA. Il est d’ailleurs l’inventeur des TCA tamponnés et a lancé le célèbre « Blue Peel » dès les années 1990. Il ne pratique aucun geste sur une peau non préparée pendant au moins 40 jours voire plusieurs mois avant la procédure, ce qui correspond à un et plusieurs cycles de maturation kératinocytaire (KMC). Chaque peau est préparée de façon optimale pour qu’elle réagisse le mieux possible à la technique employée et avec une bonne cicatrisation, sans anomalie de pigmentation ou de cicatrisation. Dans son livre « The art of skin health » il partage son expérience, revient sur des bases physiologiques cutanées, les principaux agents topiques pour la restauration d’une peau saine, propose sa classification cutanée pour guider ses choix thérapeutiques et expose son expérience professionnelle en cosmétologie et procédures cutanées. Personnellement, cela fait deux ans que j’ai progressivement introduit la cosmétologie ZO dans ma pratique quotidienne, parfois en combinaison avec d’autres cos-

métiques. Cette gamme est devenue incontournable dans ma gestion des peaux car elle en améliore réellement la qualité et me permet d’élargir mes choix thérapeutiques. Il s’agit d’une prescription exigeante, reposant sur plusieurs principes fondamentaux : • «Wash, Scrub, Oil control » - Nettoyer, Exfolier, Contrôler le sebum • Stimulation et correction par du rétinol • Utilisation d’agents anti-inflammatoires et antioxydants • Contrôle de la pigmentation • Protection solaire quotidienne Si les patientes n’adhèrent pas au moins à la toilette, au ≠rétinol et à la protection solaire, je ne leur propose aucune procédure cutanée car elles seront toujours déçues par les résultats et cela augure d’une mauvaise observance thérapeutique. Pour adhérer à la philosophie Obagi, il faut utiliser personnellement ces produits très élaborés. L’offre Obagi est large et composée de deux gammes, l’une médicale ZO Medical et l’autre plus esthétique et moins dosée en rétinol ZO Skin Health. Ainsi, l’on peut mixer à loisir les deux gammes en fonction du type de peau, de la problématique et des résultats obtenus. Ce sont des produits très bien finis, associant des principes actifs stabilisés et contenants des brevets exclusifs antioxydants et d’enzymes de réparation de l’ADN ; d’autre part, les produits évoluent constamment.


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Photo : Anna Dabrowska

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Les crèmes hydratantes sont une hérésie pour le traitement des peaux sans pathologie génétique de barrière, car elles déséquilibrent la barrière lipidique de surface qui envoie alors des messages erronés en profondeur freinant le renouvellement épidermique. Dr. Zein Obagi 99


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Cette prescription paraît difficile à première vue car la gamme est large et il faut bien connaître les produits pour les superposer. Cependant, les principes restent les mêmes pour l’ensemble des problématiques : on règle la prescription sur la sensibilité et l’épaisseur cutanées, l’existence ou non d’une pathologie pigmentaire et la présence ou non de séborrhée. On avertit sur les risques d’irritation inhérents au traitement, on explique la gestion de l’irritation et on reste disponible au cas où les patientes ne s’en sortent pas, mais en général, tout va bien si l’information est bonne. L’efficacité sur le teint est assez rapide, mais il faut attendre 2 à 3 mois pour des résultats vraiment satisfaisants sur l’hydratation, l’éclaircissement et une amélioration dermique. Nous constatons au cabinet qu’une peau mieux préparée nécessite moins de procédures cutanées, notamment en acné et en pathologie pigmentaire, ce qui me permet de proposer d’autres gestes techniques (injections et fils) si elles en ont besoin. Avant d’aborder concrètement la gamme ZO, je reviendrai sur les fondements de la philosophie Obagi : les principaux points de la physiologie cutanée, les principes et objectifs de la restauration d’une peau saine, les agents topiques majeurs, la classification cutanée selon ZO. Rappels de physiologie cutanée L’évolution en biologie moléculaire, génétique et immunologie ces vingt dernières années, ont permis d’avoir un autre regard sur la peau et notamment sur le kératinocyte autrefois banalisé, mais considéré aujourd’hui comme la cellule clé de l’épiderme. La peau est constituée d’un revêtement cellulaire de surface, l’épiderme, épithélium pluristratifié kératinisé au renouvellement continu, fin comme une feuille de papier, dont la surface est perforée par les follicules pilo-sébacés et les glandes sudorales. L’épiderme repose sur le derme, tissu conjonctif dense, élastique et nourricier, dix ou vingt fois plus épais que le précédent, lui-même en continuité avec l’hypoderme, tissu conjonctif lâche et adipeux. En gros, l’épiderme est la barrière vitale et le derme, le collant de contention du corps et le support nourricier de l’épiderme. L’épiderme C’est une barrière multifonctionnelle dotée de milliards de biocapteurs sensi-

LA PEAU HUMAINE

Stratum corneum

Mélanocyte

Épiderme

Derme

Stratum sp1nosum

Hypoderme

Couche basale

tifs et sensoriels qui la relient « en live » au cerveau. En tant que barrière physico-chimique, il s’oppose à la fuite d’eau en se comportant comme une barrière quasi étanche et assure la protection contre les chocs, les agressions chimiques, les UV, les microorganismes et la pénétration de corps étrangers. Le système immunitaire cutané est un système de défense très complexe, où immunité innée et adaptative s’entremêlent pour s’opposer à la pénétration d’allergènes, de microorganismes, lutter contre le développement de cellules tumorales et créer un système de veille immunologique entre tolérance et stimulation, induit par son dialogue avec le microbiote cutané de surface. Les UV sont une arme de destruction fatale pour la peau en provoquant des dégâts cellulaires directs et indirects par les ERO (espèces réactives de l’oxygène) et en induisant une immunosuppression. La peau se défend par la mélanine, la couche cornée (diffraction et absorption par l’acide urocanique), son système antioxydant, les enzymes de réparation de l’ADN au sein des kératinocytes et la mise en route de l’inflammation. Sans ce système complet, nous serions obligés de vivre la nuit comme les patients atteints de Xeroderma Pigmentosum, un défaut génétique portant sur les enzymes de réparation de l’ADN. L’épiderme est constitué de 4 types cellulaires : les kératinocytes, les mélanocytes, les cellules de Langerhans, et les cellules de Merkel.

Le Kératinocyte C’est la cellule clé de l’épiderme par son nombre et son architecture (90% des cellules) et par son implication dans l’ensemble des fonctions épidermiques à la manière d’un chef d’orchestre. Il assure la structure et la solidité de l’épiderme par son cytosquelette fait de filaments intermédiaires de kératine et ses systèmes d’attache et d’ancrage très puissants solidarisant les Kératinocytes entre eux et à la jonction dermo-épidermique. D’autre part, il est impliqué dans l’ensemble des fonctions barrière de l’épiderme organisant, régulant, stimulant les autres cellules et les terminaisons nerveuses par des facteurs de croissance, des cytokines, des neuromédiateurs, des facteurs neuro-endocrines et communique également avec le fibroblaste du derme. Il s’occupe de tout, il est sensible à toute modification du micro et macro-environnement, aux informations internes et s’y adapte le mieux possible. L’épiderme est une barrière physico chimique par sa solidité et son pH acide. Il est hydraté par une perfusion d’eau continue provenant du derme composé de 65 % d’eau ; l’eau, nécessaire à la vitalité de l’épiderme, aux activités enzymatiques et à la résistance et la souplesse de la couche cornée, est freinée et régulée sur toute la hauteur de l’épiderme par un système très élaboré où interviennent les jonctions serrées, les aquaporines et les lipides de la couche cornée, pour atteindre une concentration de 13% en couche cornée. L’épiderme est constitué de 4 couches qui correspondent à la différenciation et à


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la maturation kératinocytaire sur 40 jours en moyenne. La couche profonde dite germinative est constituée d’une assise cellulaire fortement ancrée au derme. Les cellules souches cachées dans des niches donnent des cellules amplificatrices qui se divisent en une cellule qui ascensionne et ne se divise plus et en une autre qui reste dans le compartiment basal. Le Kératinocyte passe alors en couche épineuse, et commence à subir maturation et différenciation pour accomplir son destin vers la couche cornée. De la couche épineuse, constituée de 5 à 10 assises cellulaires, il atteint la couche granuleuse où il synthétise les constituants de la couche cornée, la filaggrine pour l’organisation de la kératine intra-cornéocytaire, des protéines membranaires pour solidifier l’enveloppe cornée et des lamelles lipidiques pour le ciment intercornéocytaire. Dans la couche cornée, les cellules s’aplatissent pour former un mur quasi étanche, très résistant tout en étant très sensible aux variations de l’environnement et des couches profondes. Les cornéocytes sont tout d’abord très reliés les uns aux autres (stratum compactum) puis vont desquamer en surface. Le cycle complet du Kératinocyte s’appelle : cycle de maturation kératinocytaire ou KMC, qui est le temps nécessaire pour un Kératinocyte de naître en couche basale, se différencier progressivement en cornéocyte et s’exfolier. Les Mélanocytes Ils sont tapis en couche basale, un pour dix Kératinocytes et leurs dendrites se prolongent en zone supra basale entre les Kératinocytes. Ils leur délivrent des grains remplis de pigment, les mélanosomes, qui protègent l’ADN en se disposant comme un chapeau au-dessus du noyau du Kératinocyte. Les Mélanocytes synthétisent deux types de pigments, un rouge la phéomélanine et un noir, l’eumélanine. La couleur de la peau dépend de la concentration de chacun. Si l’eumélanine est un pigment protecteur, la phéomélanine n’est pas un bon filtre d’UV et a contrario se comporte comme un pro oxydant quand elle est stimulée par les UV. Les Mélanocytes sont activés de manière directe par les UV et indirectement par les Kératinocytes activés par les UV (par sécrétion d’alpha MSH) et par l’alpha MSH circulant en cas de tumeur hypophysaire. 

compter les dégâts esthétiques occasionnés en surface. Le derme est divisé en trois couches, le derme papillaire, le derme intermédiaire et le derme réticulaire.

Leur dysfonctionnement est à l’origine des dyschromies. Les cellules de Langerhans Ce sont des cellules immunitaires présentatrices de l’antigène, disposées en filet au milieu de l’épiderme, qui font un pont entre immunité innée, initiée par les Kératinocytes et immunité adaptative. Elles sont inhibées par les UV, ce qui augmente le risque de développement des lésions mutagènes induites par les expositions solaires.

Le derme papillaire (DP) Il correspond à la zone d’ancrage de l’épiderme sur le derme à la manière d’une boîte à œufs, définissant un aspect festonné avec des crêtes épidermiques s’enfonçant dans le derme et des papilles dermiques en surface. Le derme papillaire est donc le derme situé entre les crêtes épidermiques. C’est à cet endroit un tissu conjonctif lâche, avec de fines fibres de collagène et l’arborisation terminale des fibres élastiques et des capillaires sanguins et lymphatiques. L’état de santé du derme papillaire est certainement capital pour le maintien de l’élasticité et de la fermeté de la peau, c’est en effet le festonnement de cette zone qui est responsable du resserrement de l’épiderme. C’est une zone très atteinte et abîmée par les UVA et la lumière à haute énergie visible, qui détruisent les fibres élastiques et les réduisent à l’état de mottes élastosiques jaunâtres atones, responsables de l’épaississement dermique, du relâchement cutané et des rides. Cette zone, quand la peau est bien préparée, cicatrise plutôt bien lors des procédures peeling ou laser atteignant le derme superficiel et entraîne une amélioration de l’élasticité. C’est probablement la limite d’action des rétinoïdes locaux et peut être des AHA et de divers peptides.

Les cellules de Merkel Situées en couche germinative, ces cellules sont impliquées dans la sensibilité cutanée aux mouvements intra-épidermiques et ont une sécrétion neuro endocrine impliquée dans la croissance nerveuse lors de traumatismes cutanés. Le derme Tissu conjonctif en communication directe avec l’épiderme par diverses molécules de dialogue, il se prolonge en profondeur par ses fibres conjonctives à l’ensemble de la structure conjonctive soutenant nos tissus. La cellule clé du derme est le fibroblaste qui est son architecte en synthétisant les fibres de collagène, les fibres élastiques et les composants de la matrice extra cellulaire. Le fibroblaste est relié à cet entrelacement de fibres et de protéoglycanes par des protéines de surface et capte ainsi des informations mécaniques qui le stimulent sans cesse. Cependant, en cas d’agression physico chimique importante, contrairement à l’épiderme qui parvient à se reconstituer quasi ad integrum, sa cicatrisation sera souvent imparfaite et se fera sur un mode hyper ou hypotrophique, scléreux, ce qui contrarie complètement ses capacités de mobilité et de transmission de forces, sans

Le derme réticulaire (DR) Il est d’épaisseur plus importante, constitué de fibres de collagène et d’un réseau élastique plus grossiers. Il sous-tend le derme papillaire et les fibres s’enfon-

MELANOCYTE

Dendrites Les granules de mélanin

t

C) Mélanosome Appareil de Golgi Mitochondrie

(�)

0

Noyau Réticulum endoplasmique



body language I COSMÉTIQUE 41

cent en profondeur vers l’hypoderme. Les procédures atteignant le derme profond ne doivent pas être trop traumatisantes sous peine de cicatrices indélébiles. La jonction intermédiaire entre DR et DP est la limite à atteindre en ce qui concerne peelings et laser CO2 continu. L’hypoderme C’est un tissu de réserve énergétique de notre corps. Il assure une fonction de protection mécanique, thermique et de souplesse du plan superficiel par rapport au plan profond. Il a un rôle endocrine et un rôle sur la trophicité de la peau, la preuve en est par l’amélioration de l’état cutané lors des lipofillings. Les procédures agressives cicatrisent mieux en cas d’hypoderme existant. Principes et objectifs de la restauration d’une peau saine Définition d’une peau saine ou pathologique selon Obagi La peau saine est souvent décrite en termes imprécis. En voici une analyse plus précise : Lisse, douce, éclatante, lumineuse, homogène en couleur, sensation d’hydratation, tolérante, sans pathologie inflammatoire active, ferme, resserrée, bien hydratée, contours rebondis. À contrario, les caractéristiques de la peau pathologique : Rugueuse, teint terne, dyschromie, intolérance, sensation de sècheresse, faible résistance, lâche, sèche, creux et dépressions, inflammation, lésions cutanées. Ainsi, sur le plan histologique, une belle peau lisse et lumineuse correspond à une fonction barrière épithéliale intacte et se traduit par un stratum corneum doux et compact, sans lésion épidermique, avec un processus de renouvellement et de réparation continue des kératinocytes sur toute la hauteur de l’épiderme. Les processus de guérison sont rapides et corrects, l’homogénéité de couleur correspond à un bon fonctionnement des mélanocytes et des kératinocytes. Une bonne qualité dermique se manifeste par une matrice extra cellulaire riche en glycosaminoglycanes (GAG), responsables d’une bonne hydratation dermique et épidermique, et des fibres de collagène élastiques et de qualité, se traduisant par la fermeté, le resserrement des pores, des contours riches, pas ou peu de rides d’expression. Une peau saine n’exprime pas de

pathologie inflammatoire, ni de lésions pathologiques cutanées épidermiques ou dermiques. Pour Dr Zein Obagi, la santé optimale de la peau se situe dans les dix premières années de vie, puis il estime qu’entre 10 ans et 30 ans la peau est altérée et qu’audelà, elle est très altérée voire inactive. • Entre 10 et 30 ans C’est le début de ce qu’il nomme : la divergence avec un KMC anormal et des irrégularités des fonctions cellulaires épidermiques, une production de sébum (pro-inflammatoire et oxydant), une inflammation chronique à bas bruit, des irrégularités texturales, des pores dilatées, une hyperplasie des glandes sébacées, une apparence terne, des dyschromies et une possibilité d’apparition de pathologies cutanées. • Après 30 ans Les fonctions cellulaires montrent de nombreuses déviations, l’épiderme et le derme sont affaiblis, on note une inflammation chronique, il existe des irrégularités texturales déjà avancées, des signes visibles de vieillissement ou de vieillissement intrinsèque, une laxité et des rides avec une augmentation de probabilité de pathologies cutanées. ZO distinguent deux types de causes de détérioration cutanée : Causes contrôlables Excès de sébum, crèmes hydratantes, dysfonctionnement mélanocytaire, exposition solaire, complications de procédures de rajeunissement, expositions prolongées à des allergènes, des irritants ou topiques médicamenteux (dermocorticoïdes), médicaments, régimes déséquilibrés, perturbateurs endocriniens, une inflammation chronique. Pour lui, les crèmes hydratantes sont une hérésie pour le traitement des peaux, sans pathologie génétique de barrière, car elles déséquilibrent la barrière lipidique de surface qui envoie alors des messages erronés en profondeur freinant le renouvellement épidermique. Causes non contrôlables Facteurs génétiques et types cutanés, changement chronologiques et intrinsèques, une pathologie systémique avec retentissement cutané. Importance de l’intégrité de la fonction barrière L’intégrité de l’épiderme est nécessaire

pour le maintien de ses diverses fonctions barrières. L’efficacité de la fonction barrière repose sur un cycle de maturation kératinocytaire (KMC) de 40 jours. Ce cycle est le fondement de la restauration d’une peau saine, parce que sans une exfoliation adéquate et par conséquent le remplacement cellulaire par des cellules fraiches et actives, la santé de la peau est compromise. Ce KMC correctement régulé est essentiel pour la production d’une peau naturellement hydratée et tolérante à des stimuli externes préjudiciables. Ce cycle est rallongé dans les vieillissements intrinsèque et extrinsèque et par l’utilisation de crèmes hydratantes. Ainsi, le principal objectif de la restauration de la peau est la restauration du Kératinocyte et donc d’induire un KMC normal pour améliorer les propriétés barrières de la peau et sa tolérance. Bénéfices de la régulation du KMC Avec la cosmétologie ZO à base de rétinoïdes ou de rétinol, l’achèvement de 2 ou 3 KMC sont suffisants pour obtenir une bonne tolérance cutanée et des bénéfices cliniques. Après 3 KMC, soit environ 5 mois, il estime qu’il y a un bon renouvellement épidermique avec une réparation des dommages de l’ADN, une meilleure qualité de kératine, une hydratation optimale et la régulation de l’exfoliation naturelle. Il propose alors trois types d’approche : • Une approche agressive avec une tolérance acquise en un KMC, au prix d’une inflammation aigüe importante. • Une approche modérée avec une application quotidienne de rétinol ou de rétinoïdes. • Une approche encore plus modérée avec deux applications par semaine de rétinol (ce qui est déjà irritant pour de nombreuses peaux). Pour lui, en cas de signes d’inflammation chronique, si les patients peuvent le supporter, il conseille l’approche rapide avec une inflammation aigüe très importante pendant 4 semaines, un véritable Big Bang cytokinique et de facteurs de croissances. La peau génère alors ses propres mécanismes de défense contre les facteurs d’inflammation chronique. Cette approche avec deux applications par jour de vitamine A acide est à mon avis peu réalisable en France et je n’ai jamais eu de patiente qui pouvait tolérer un visage rouge, des-


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quamant et douloureux pendant 4 semaines. Personnellement, le temps n’a pas d’importance, car il y a souvent des gestes de structuration du masque facial à réaliser en attendant et je préfère partir sur une bonne tolérance avec parfois des phases d’irritation que je contrôlerai, pour que le traitement soit supportable et poursuivi. Les patientes adhèrent très bien au traitement par rétinol 1% et passent progressivement de 2 fois par semaine à un jour sur deux, parfois tous les soirs si elles le supportent. J’associe selon les peaux le rétinol à des agents dépigmentant, des AHA ou des traitements d’acné, de rosacée ou de dermite séborrhéique. Nous programmons les procédures cutanées adaptées à leur type de fragilité après 3 à 5 mois d’utilisation en période non ensoleillée. Un peeling TCA atteignant la basale peut alors tout à fait nettoyer un épiderme avec une desquamation de 8 à 10 jours bien moins douloureuse que celle de l’approche agressive. C’est selon leur possibilité d’éviction sociale que nous choisirons le type de traitement peeling ou lasers et apparentés. Les six principes de ZO pour la restauration d’une peau saine 1. Préparation : nettoyage, gommage, contrôle du sébum, le fameux « Wash, Scrub, Oil control ». Elimination des impuretés, exfoliation mécanique, stimulation et élimination du micro-comédon, rééquilibration du pH cutané à 4,5, et contrôle du sébum. 2. Correction de la peau : Pour lui : Vitamine A acide au moins une fois par jour, hydroquinone (HQ) si dyschromie, exfoliation par les acides de fruit. C’est le traitement de choc de restauration de la peau saine. (Personnellement je ne la pratique pas). 3. Stimulation et Stabilisation : Nouveau principe d’Obagi : personnellement je passe tout de suite à cette phase (excepté si acné sévère), rétinol 1%, rétinols plus doux, AHA, antioxydants, enzymes de réparation de l’ADN, anti-inflammatoires, facteurs de croissance. 4. Correction et stabilisation de la fragilité pigmentaire : personnellement je n’utilise pas d’hydroquinone, ZO ne l’utilise pas plus de 5 mois pour éviter une résistance, une photosensibilité et une toxicité mélanocytaire. Il propose une combinaison très efficace d’agents

éclaircissants moins agressifs que l’HQ, du rétinol et de la vitamine C, des AHA. 5. Agents hydratants et calmants à base d’antioxydants, anti-inflammatoires, protecteurs de l’ADN, pour rendre tolérables les phénomènes d’irritation, sans excédent de corps gras. 6. Protection anti-UV : mise au point d’écrans avec filtres minéraux ou chimiques, de la mélanine végétale fractionnée (qui prolonge la durée d’efficacité de l’écran et protège dans le spectre de HEV), des antioxydants et des enzymes de réparation de l’ADN. Agents topiques pour la restauration d’une peau saine Pour Zein Obagi, peu de médecins utilisent les topiques essentiels, par méconnaissance et parce qu’ils sont guidés par le confort cutané de leurs patients. Personnellement, je pense que la pléthore de techniques esthétiques nous écarte d’une cosmétologie rigoureuse en la rendant secondaire.

les récepteurs nucléaires RAR, impliqués dans la différenciation et la maturation du Kératinocyte. Elle a non seulement une action épidermique par une amélioration du KMC avec amélioration de la fonction barrière globale et par stabilisation de la production de pigment par le mélanocyte, mais aussi dermique superficielle avec augmentation de la synthèse de collagène de type 1 et 3, des fibres élastiques et des GAG améliorant la fermeté, l’élasticité et l’hydratation du support épidermique. Le rétinol est 20 fois moins puissant que la trétinoïne, il faut donc une concentration de 1% pour correspondre à une concentration de 0,05% de vitamine A acide. Le rétinol est une molécule particulièrement instable, son mode de conditionnement est donc très important pour maintenir son efficacité.

• Les essentiels : l’activité de leurs ingrédients est scientifiquement prouvée, leur action est intracellulaire. Vitamine A acide, rétinol, hydroquinone, antioxydants, agents réparateurs de l’ADN, facteurs de croissance. • Agents de soutien : activité le plus souvent extra cellulaire, mais action très bénéfique en association avec les premiers. Acides de fruit (AHA), acide salicylique, agents dépigmentants non HQ, agents spécifiques de pathologie. • Agents discutables sans preuve d’efficacité : l’ensemble des cosmétiques ne contenant pas les deux premières catégories ! ce qui est énorme….

Hydroquinone (HQ) et autres principes dépigmentants ZO L’HQ est un des principes actifs utilisés par ZO en première intention, couplé à la trétinoïne ou le rétinol pour les dyschromies. Cependant, en raison de sa toxicité potentielle, il ne l’utilise pas plus de 5 mois. Son mode d’action est l’inhibition de la Tyrosinase, enzyme nécessaire à la conversion de la DOPA en mélanine. En France, ne sont disponibles que des préparations peu pratiques, façonnées en pharmacie et très rapidement instables. Personnellement, je ne l’utilise pas car ZO a mis au point un protocole dépigmentant sans HQ, basé sur l’association de vitamine C stabilisée (Ossential C Bright), de rétinol associé à des agents dépigmentants (Brightenex) et une crème associant plusieurs agents dépigmentants très actifs sans HQ (Brightalive).

Rétinol C’est la molécule antivieillissement par excellence. Elle agit après transformation en rétynaldéhyde puis en acide rétinoïque sur

Antioxydants ZO a fait breveter plusieurs mélanges antioxydants. Les principaux antioxydants qu’il utilise sont l’acide alpha

Zein Obagi distingue trois types de topiques :


lipoïque, la glutathione, le coenzyme Q 10, l’idébénone, la vitamine C sous forme L Ascorbic acid, la vitamine E, le niacinamide. Agents de réparation de l’ADN Les enzymes utilisées sont, de l’oxoguanine glycosylase OGG1, l’ultraviolet endonucléase, photolyase. De plus, des précurseurs naturels de l’ADN (Unirepair T-43) sont rajoutés aux enzymes pour améliorer leur performance. Agents anti-inflammatoires L’inflammation cutanée chronique agit à bas bruit et est un processus destructif. L’inflammation est la défense du système immunitaire inné contre un outrage à l’intégrité de la couche cornée. Elle est favorisée par les expositions solaires, l’exposition aux toxiques, la glycation et toute situation générant des espèces réactives de l’oxygène (ROS). La diminution d’une inflammation chronique nécessite de la méthode et une combinaison de traitements : photoprotection, rétinol, antioxydants, anti-inflammatoires et agents réparateurs de l’ADN. Les principaux agents anti-inflammatoires botaniques sont le thé vert et le Ginkgo biloba, pour l’acné on utilise le peroxyde de benzoyle (Aknétrol). Facteurs de croissance Ceux utilisés par ZO sont des lipopeptides de synthèse qui induisent des effets bénéfiques sans potentiel carcinologique. Ils ont une action de prolifération et différenciation kératinocytaire et fibroblastique. Parmi les agents de soutien, les acides de fruit et notamment l’acide glycolique (AG) occupent une place importante dans la prise en charge ZO. L’AG se présente sous deux formes chez ZO, soit une crème, le Glycogent, soit sous forme de peeling, l’Invisapeel, utilisé une fois par semaine ou toutes les deux semaines. Les AHA ont un effet peeling superficiel efficace en accélérant la desquamation des cornéocytes, cellule par cellule (et non pas par paquets comme les rétinoïdes), ce qui stimule la régénération de l’épiderme, donc le KMC et à distance celle du derme. Ils potentialisent l’action du rétinol et sont utilisés en cas d’acné, d’hyperpigmentation et de vieillissement.

Classification cutanée du système ZO Par rapport aux classifications de Fitzpatrick concernant le phototype et l’aptitude du sujet à se protéger des UV et de celle de Glogau appréciant le degré de photovieillissement, ZO propose une classification appropriée à sa démarche de prise en charge globale en vue de la restauration d’une peau saine par la cosmétique, suivie ou non d’une procédure physique, peeling et/ou laser. D’autre part, il peut prédire le risque de complications et le résultat post procédure. Ses cinq critères indispensables de classification sont : • Couleur : originelle, déviée (métisse), complexe (dyschromie, signes d’hyperpigmentation). • Épaisseur : épaisse, médium, fine. Evaluée au niveau de la joue par le pincement et au nombre de rides d’expressions en regard du front ou des orbiculaires. (Une peau fine nécessite une cosmétique et des procédures moins violentes qu’une peau épaisse). • Séborrhée : grasse, normale, sèche. • Élasticité : ferme ou lâche (les peaux très lâches nécessitent une chirurgie). • Fragilité : cicatrisation correcte ou incorrecte (retard de cicatrisation, risque d’hypertrophie et de chéloïde, dyschromie). Ainsi : • Toute dyschromie ou tendance à l’hyperpigmentation est contrôlée par l’utilisation du protocole dépigmentant (Ossential C Bright, Brightenex, Brightalive). • L’hyperséborrhée doit être traitée car elle est un agent pro-oxydant et pro-inflammatoire. Seront utilisés les toniques Balatone ou Cébatrol et le masque au soufre et à l’argile. • L’épaisseur conditionne l’intensité du traitement, plus la peau est fine moins elle tolère (et inversement) la cosmétique et les procédures agressives. • La cicatrisation pathologique doit faire éviter les techniques agressives sur le derme qui ne doivent pas dépasser le derme papillaire. Plan de traitement et description rapide de la gamme ZO Le plan de traitement est adapté à la classification ZO et à l’existence d’une pathologie sous-jacente, acné, rosacée, dermite

séborrhéique. Il convient à la fois d’instaurer le traitement de restauration cutanée avec les principes de nettoyage « wash, scrub et oil control » ; de stimulation par le rétinol et les AHA ; d’apaisement par des anti-inflammatoires, des antioxydants et des enzymes de réparation de l’ADN ; ainsi que de traiter une pathologie sous-jacente avec des agents spécifiques (Soolentra, peroxyde de benzoyle etc…). Description succincte de la gamme ZO : Préparation : “ Wash, Scrub, Oil control ” Les nettoyants La toilette se fait à la main, en massant pendant 30 à 60 secondes. Les nettoyants des gammes ZO Medical et ZO Skin Health sont à peu près les mêmes. • Peaux sèches : Normacleanse (ZO medical), Hydrating cleanser (ZO Skin Health) • Nettoyant universel : Foamacleanse (ZO medical) • Peaux séborrhéiques : Oilacleanse (ZO medical), Exfoliating cleanser (ZO Skin Health). Gommage Cristaux de magnésium ultrafins, antioxydants et acide salicylique. Personnellement je recommande deux à trois gommages par semaine, le matin. • Vitascrub (ZO medical) • Offects exfoliating polish, un gommage plus doux (ZO Skin Health).


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Oil control Dernière étape après la toilette. • Balatone : une lotion modérément astringente à l’Hamamélis équilibrant le pH. • Cébatrol (ZO medical) ou Offects TE-Pads (ZO Skin health) : deux solutions astringentes, en cas de traitement de l’acné et de l’hyperséborrhée (plutôt le matin), contient des acides de fruits, de l’acide salicylique, des antioxydants et des anti-inflammatoires. Les rétinols On distingue les rétinols doux (par rapport à ceux de la gamme ZO medical) des rétinols puissants. Les rétinols sont toujours enrichis d’antioxydants et d’anti-inflammatoires, parfois de facteurs de croissance et d’enzymes de réparation de l’ADN, de céramides et d’agents dépigmentants. Rétinols doux - ZO Skin health • Daily Power Defense : c’est un rétinol un peu universel, riche en antioxydants, en anti-inflammatoires et en enzymes de réparation de l’ADN. • Ossential Growth Factor Serum Plus : très beau produit du soir, riche en facteurs de croissance. • Ommerse Renewal Crème (jour) et Overnight Recovery Crème (nuit) : deux rétinols à texture enrichies en céramides, pour peaux sensibles ou matures. Celle de jour est enrichie en antioxydants et celle de nuit est plus hydratante. Rétinols puissants jusqu’ à 1% - ZO Medical • Rétamax 1% : rétinol puissant, antioxydants, cellules souches de plante et protéines biomimétiques. • Brightenex 1%, 0.5% ou 0.25% : rétinol et agents dépigmentants. • Ossential Advanced Radical Night Repair : soin de nuit réparateur intense et système à libération prolongée. Très actif, il peut être utilisé avant le weekend à raison de 2 à 3 applications sur deux jours, puis provoquera une exfoliation pendant le weekend, comme un peeling. Donc à utiliser avec prudence. Divers : • Glycogent : Acide glycolique à 10%, utilisé comme un accélérateur d’exfoliation sur les peaux acnéiques ou vieillies. Souvent en association avec du rétinol ou du Brightalive pour les hyperpigmentations.

• Ossential Brightalive : Crème correctrice de teint avec complexe dépigmentant (Diglucosyl gallic acid, Hexyl résorcinol, soja, racine de réglisse…), complexe antioxydant, anti-irritant, AA précurseurs de l’ADN. • Ossential C Bright : Sérum à 10% de vitamine C pure stabilisée. Action antioxydante, sur les tâches et la fermeté. • Aknétrol : Peroxyde Benzoyle à 10 % avec un complexe antioxydant. Puissant anti acnéique à appliquer le soir. • Rozatrol : contient des enzymes exfoliatrices, des agents anti-inflammatoires et anti-rougeurs, diminue l’excès de sébum, action sur la microcirculation. Formulé pour les rosacées. Ces produits sont les principaux « outils » de la cosmétique ZO, il en existe d’autres et c’est à chacun de les analyser, les comprendre, les essayer et de s’en faire une expérience, pour les intégrer dans ses stratégies thérapeutiques.

La prise en charge cosmétique est l’étape incontournable pour préparer et conditionner la peau aux procédures esthétiques, surtout cutanées. La prescription d’une cosmétique active sur mesure, un peu délaissée au profit d’autres techniques comme la mésothérapie, le PRP, les lasers et apparentés ou encore les injections, va prendre une place majeure dans notre activité esthétique pour nos patient(e)s exigeant(e)s. D’autres gammes de produits apparaissent tous les jours avec différents concepts parfois séduisants. C’est à nous de faire le tri et de les adapter à notre pratique. Encore un autre domaine à approfondir et décidemment, l’esthétique médicale n’est pas une spécialité de tout repos comme certains peuvent encore le croire !

Conclusion Dr Zein Obagi reste un des maîtres incontestés dans le monde, pour sa connaissance et sa pratique clinique concernant les traitements cutanés, pour tous les types de peaux simples à complexes. Son leitmotiv dans la prise en charge stratégique de soin, est le concept de restauration d’une peau saine avec le rétablissement du kératinocyte et du KMC.

Dr Laurence Beille est Médecin Dermatologue, spécialisée en dermato-esthétique et cosmétologie, dans la région Grenobloise. Expert pour de grands laboratoires d’ injectables et de cosmétologie, elle participe à des groupes de travail et intervient dans de nombreux congrès, sur l’anatomie appliquée aux injections et l’examen clinique en dermato-esthétique.


R

hinoplastie Médicale “State of the art”

Tout un art la rhinoplastie, longtemps exclusivement chirurgicale, mais désormais médicale, grâce au développement des produits injectables. Loin de s’opposer, les deux techniques dialoguent et collaborent. Si la rhinoplastie médicale est une remarquable procédure permettant de corriger et améliorer de manière beaucoup moins invasive que la chirurgie, elle exige une grande technicité et surtout une approche artistique de l’ensemble du visage, nous rappelle le Dr Frédéric BRACCINI.

L

a rhinoplastie médicale permet la correction des volumes et des formes du nez à l’aide des procédés de médecine esthétique. La toxine botulique pourra bloquer la dynamique musculaire parfois importante, notamment au niveau de la pointe et des narines, et les produits de comblements permettront de réaliser une véritable « sculpture nasale ». Cet effet sculptant est d’autant plus impressionnant que les supports solides du nez (cartilages et os) autorisent avec peu de produits, des modifications remarquables. Sur le plan artistique, « Le nez est une illusion » et doit être appréhendé par rapport aux volumes adjacents, notamment les pommettes et les angles de raccordements avec le front et les lèvres. Lorsque les indications sont bien respectées, cette procédure donne des résultats époustouflants et très stables dans le temps. Le concept de Rhinoplastie Médicale La rhinoplastie reste avant tout une procédure hautement chirurgicale, mais

l’intrusion des fillers et de la toxine botulique nous obligent à appréhender différemment nos indications de traitement et notre conseil. Sur le plan artistique, il convient de considérer « le nez isolément » et « le nez dans le visage », en 3 dimensions.

nez, notamment sur les vues de profil. Ainsi, on parle volontiers de profiloplastie médicale ou de profilosculpture, où la rhinoplastie médicale représente une partie du traitement de référence.

Le nez isolément Le traitement des volumes et des formes du nez correspond à la volumétrie nasale à proprement parler. L’objectif sera de camoufler une bosse, de combler une dépression ou soulever une adhérence, d’équilibrer la ligne de profil, ou enfin d’ajuster la forme et la projection de la pointe.

Bases anatomiques Occupant le tiers moyen de la face, le nez se présente sous la forme d’une pyramide triangulaire creuse de structure ostéo-cartilagineuse, avec un sommet correspondant à la racine du nez et une base où s’ouvrent les orifices narinaires. Sur cette charpente ostéo-cartilagineuse, repose une enveloppe périchondro-périostée, un plan musculaire, puis la peau.

Le nez dans le visage Le traitement des zones frontières renvoie vers l’harmonisation globale du visage. Le traitement contemporain de la lèvre et du front avec les fillers, permet de jouer sur la longueur du nez et la douceur de son raccordement vers la lèvre supérieure. Le traitement des pommettes et notamment de leur projection, permet aussi de jouer sur la « volumétrie relative » du

On reconnaît : Une portion fixe, formée par l’échancrure frontale, les branches montantes des maxillaires, les os propres, les cartilages latéraux supérieurs (triangulaires) et le septum. Une portion mobile, correspondant pour l’essentiel aux cartilages latéraux inférieurs (alaires), mais également aux cartilages latéraux supérieurs (portion inférieure) qui jouent un rôle essentiel dans la valve nasale.


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Morpho-dynamisme Les rapports entre les éléments fixes et mobiles du nez sont fondamentaux dans l’analyse esthétique et dans le projet médico-chirurgical d’une rhinoplastie. Les applications qui découlent de ces « inter-relations » font références aux concepts d’anatomie morpho-dynamique. Les injections d’acide hyaluronique se font en profondeur au contact des structures cartilagineuses ou osseuses. Ce qui est donc fondamental avant d’effectuer un traitement de rhinoplastie médicale par comblement est d’une part, la connaissance des structures de la charpente nasale, et d’autre part, la connaissance des plans de couvertures du nez. Muscles On décrit des muscles élévateurs, dépresseurs, compresseurs ou dilatateurs des narines. Leur rôle est généralement modeste, en dehors du muscle dépresseur de la pointe, qui tire la pointe nasale vers le bas et majore la cyphose. Les muscles dilatateurs des narines sont parfois toniques et élargissent la base nasale. Le muscle élévateur commun des narines et de la lèvre supérieure, entraine un allongement du nez une majoration de la cyphose, ainsi qu’une fermeture de l’angle nasolabial et la mise en évidence de la gencive supérieure (sourire gingival). Ce muscle contribue avec le muscle nasalis et le procerus sur la ligne médiane, à l’apparition des « bunny lines » Tous ces muscles sont parfaitement accessibles à l’action de la toxine botulique et seront sélectivement bloqués selon les cas. Vascularisation La vascularisation nasale est très riche, les vaisseaux sont de petites tailles, sauf au niveau de la région angulaire interne de l’œil. Cette vascularisation est assurée par les branches artérielles des réseaux carotidiens internes (a. ophtalmique) et carotidiens externes (a. faciale). Les veines se drainent vers la veine angulaire pour l’essentiel mais aussi vers la veine faciale. Malgré l’importance de cette vascularisation, les risques d’hématomes sont très réduits en pratique. Les risques liés à cette distribution artérielle sont surtout représentés par les embolisations, notamment au niveau des ailes narinaires, de l’angle interne de l’orbite et au niveau de la glabelle. On reconnaît ainsi « 3 zones à risque ».

Les injections sur la ligne médiane du nez (zone de suppléance controlatérales capillaires terminaux) nous paraissent les moins dangereuses. L’utilisation de canule peut en outre sécuriser encore davantage la procédure. L’injection à proprement parler de la pointe n’est pas particulièrement dangereuse si elle répond aux précautions techniques habituelles. Bien entendu, la qualité de l’acide hyaluronique injecté est fondamentale. Avec près de 700 rhinoplasties médicales à l’aiguille, nous n’avons jamais constaté de souffrance ischémique à la suite d’injection d’acide hyaluronique. Cependant, l’apparition dans la littérature internationale de plusieurs cas de nécroses cutanées de cause embolique, nous incite à recommander l’utilisation de canule, notamment pour les injections latérales. L’innervation Les rameaux moteurs proviennent du nerf facial et les rameaux sensitifs émanent du nerf trijumeau par l’intermédiaire du nerf nasal externe, du nerf infra-orbitaire et du nerf naso-lobaire. La blessure d’une branche nerveuse est sans conséquence. Produits injectés Compte tenu de la finesse du revêtement cutané, il est nécessaire que le produit injecté bénéficie d’un équilibre parfait entre son homogénéité, son potentiel de diffusion dans les espaces comblés, et bien entendu son innocuité. Juste après son injection, le produit doit être très malléable et permettre une véritable sculpture « comme on pourrait le faire avec la terre ». En cas d’injection préalable d’un produit non résorbable, nous contre-indiquons une nouvelle injection de fillers. Parmi les nombreux fillers disponibles sur le marché actuellement, notre choix s’est progressivement resserré sur l’acide hyaluronique, qui peut être injecté en sécurité dans toutes les régions ; à la fois au niveau du nez fixe, mais aussi au niveau de la pointe nasale où la tension cutanée est très importante et où la tolérance du produit doit être optimale. Le produit doit être fortement réticulé pour une stabilité du résultat. Il est nécessaire d’utiliser des produits dont la tolérance et la sécurité sont aujourd’hui absolues. Les produits non résorb-

ables sont contre-indiqués et les produits inducteurs ou à base d’hydroxyapatite de calcium exposent à des complications techniques importantes en cas d’intervention chirurgicale faisant suite à la rhinoplastie médicale. La quantité de produit injecté lors d’une procédure de rhinoplastie médicale dépasse exceptionnellement une ampoule de 1 ml. Techniques d’injection L’intervention se fait idéalement après application de crème anesthésiante sur l‘ensemble de la surface à traiter. Elle peut cependant être menée sans aucune anesthésie. La pointe nasale est la partie la plus sensible. Il est nécessaire de bien établir son plan de traitement avant de commencer les injections. En effet, la tension cutanée nasale notamment au niveau de la pointe est telle, que si l’on effectue de trop nombreuses injections, le produit a tendance à s’extruder. La mise en place des produits injectés peut se faire par bolus, en dépôt retro-traçant linéaire ou selon la technique en éventail. Plusieurs procédures de traitement sont décrites : Au niveau du dorsum, pour combler un angle nasofrontal et effacer une bosse L’aiguille est introduite avec une obliquité de 45° jusqu’au contact osseux. Elle est tenue par la main dominante. Avec le pouce et l’index de l’autre main, il est nécessaire d’effectuer une pression sur les murs latéraux des os propres pour éviter que le produit diffuse latéralement au niveau de la région des cernes et de la vallée des larmes. Il est parfois utile de combler l’angle nasofrontal par un abord latéral pour parfaire le traitement de cette région. Une fois le produit injecté, il est mis en place par un massage soigneux. Le comblement d’une bosse en remplissant

Concept de « profiloplastie relative » le nez et ses volumes sont directement relié aux structures environnantes


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Rhinoplastie secondaire. Encoches cartilagineuses de la pointe et déséquilibre de la ligne « dorsum – nez » Injection d’acide hyaluronique 0, 2cc de chaque coté sur la pointe et 0,5 cc sur le dorsum

l’angle nasofrontal permet aussi de « raccourcir visuellement » la longueur du nez, en avançant la projection antérieure de la région frontale. Cette injection explique l’effet bénéfique que nous pouvons obtenir également dans les « nez longs ». Autonomisation et définition de la pointe nasale Comme nous l’avons souligné plus haut, il faut éviter de multiplier les points d’injections. Ils permettent de distribuer de façon radiaire sur la pointe, l’ensemble du produit. La pression de l’injection est ici essentielle. La procédure doit être lente et progressive pour éviter d’entraîner une souffrance cutanée. La pointe ne doit pas « blanchir » durablement sous l’effet du remplissage. Dans notre expérience de près de 700 procédures d’injections nasales à l’aiguille, rappelons-le, nous n’avons jamais observé de nécrose cutanée. Les raisons qui concourent à une nécrose semblent s’orienter davantage vers des mécanismes emboliques. La face et le nez en particulier, sont très richement vascularisés et les réseaux de suppléances sont très nombreux. Pour qu’une nécrose cutanée apparaisse, il faut donc que ces réseaux de suppléances soient « dépassés », c’est à dire que le mécanisme embolique intéresse les capillaires les plus distaux. Les risques d’embolisation apparaissent donc plus grand avec les produits de faible réticulation. C’est une des raisons pour lesquelles nous recommandons l’injection de produit de forte concentration et de forte réticulation au niveau du nez. Traitement de la région columellaire et ouverture de l’angle nasolabial Il peut être fait lorsqu’un traitement par toxine botulique n’est pas réalisé dans le

même temps. On injecte directement en profondeur le produit, qui est déposé au contact de l’épine nasale, pour ouvrir l’angle. Les lignes de la columelle sont ensuite équilibrées plus superficiellement. Note technique - Injection à la canule On peut également effectuer la procédure à l’aide de micro canule spécifique. Nous recommandons l’utilisation de canules 25 G suffisamment rigides et qui permettent un décollement plus sûr, notamment sur les nez opérés où la progression de la canule est rendue difficile par les adhérences fibreuses. La canule présente l’avantage majeure d’éviter les plaies vasculaires et les embolisations. L’utilisation de canule est très intéressante pour une tunellisation du dorsum et les camouflages de bosse. Protocole de traitement Nous effectuons une première procédure sans sur-correction, puis un contrôle au 15ème jour. En cas de nécessité, une réinjection ou des raffinements techniques sont réalisés. Le résultat est alors remarquablement stable sur 18 à 24 mois, et parfois plus longtemps !

Indications Toutes les rhinoplasties ne peuvent pas être effectuées médicalement ! La rhinoplastie médicale est une merveilleuse alternative mais aussi un outil complémentaire à la chirurgie conventionnelle. Il ne peut donc en aucun cas être possible d’opposer ces deux solutions de traitement. Le chirurgien doit en connaître les avantages et le médecin doit en connaître les limites. Les indications découlent de l’analyse artistique et de la réalisation du projet, au même titre qu’une rhinoplastie chirurgicale. Un morphing informatique peut également être effectué avant le traitement. En première intention L’indication princeps est la rhinoplastie d’augmentation avec camouflage de la cyphose ostéo-cartilagineuse. Le traitement de la pointe et les comblements des angles de raccordements avec la lèvre ou le front, donnent également des résultats remarquables.

Rhinoplastie médicale primaire Inversion de la ligne de profil avec autonomisation de la pointe nasale grâce à un comblement de la région naso-frontal, de la pointe et de la région de l’épine nasale. Dose totale 0,6 cc d’acide hyaluronique


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stabiliser le résultat. Ce traitement peut être associé à une correction esthétique contemporaine (séquelles de rhinoplastie avec collapsus des cartilages triangulaires).

Nez post chirurgical ensellé Comblement de l’ensellure mais aussi projection des pommettes pour un meilleur équilibre du profil (1, 2 cc d acide hyaluronique)

Après séquelles de rhinoplastie chirurgicale Toutes les irrégularités - ensellure, asymétrie, déviation…- peuvent être comblées par un filler. Les indications de ces remplissages sont superposables à celle des greffons cartilagineux. L’injection d’un filler juste après une rhinoplastie peut s’avérer également très intéressante. En effet, dans certains cas se révèlent des adhérences après ablation de la contention (atèle résine ou plâtre), en raison par exemple d’une mobilisation d’un fragment osseux ou cartilagineux. Il est alors très utile de « soulever » cette adhérence par un bolus d’acide hyaluronique et d’éviter que la rétraction s’installe. L’espace comblé se fibrose au fur et à mesure des ré-injections et évite une reprise opératoire dans de nombreux cas.

Approche esthétique et fonctionnelle de la rhinoplastie L’utilisation d’acide hyaluronique dans la région de la valve septo-triangulaire permet de lutter contre le collapsus septo-triangulaire qui peut survenir après rhinoplastie (pathologie de la valve). Cette technique est très intéressante car elle est de réalisation simple par injection trans-muqueuse directe. L’injection se fait après tamponnement d’un coton imbibé de xylocaïne naphazolinée. Le patient apprécie immédiatement le bénéfice sur sa respiration nasale et nous « guide » dans la quantité de produit à injecter (généralement entre 0,1 cc et 0, 3 cc par côté). Cette injection « remplace » la mise en place chirurgicale de « spreader grafts », et doit être renouvelée 1 à 2 fois par an pour

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10. Redaelli A. Medical rhinoplasty with hyaluronic acid and botulinum toxin A: a very simple and quite effective technique. Journal of Cosmetic Dermatology, 2008, 7, 210-220. 11. Redaelli A., Braccini F. Medical Rhinoplasty. Basic principles and clinical practice. Ed. OEO Firenze 2010. 12. Schanz S, Schippert W, Ulmer A, Rassner G, Fierlbeck G. Arterial embolization caused by injection of hyaluronic acid (Restylane). Br J Dermatol 2002;146:928–929. 13. Toriumi DM, Mueller RA, Grosch T, Bhattacharyya TK, Larrabee WF Jr.. Vascular anatomy of the nose and the external rhinoplasty approach. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1996;122:24–34.

Braccini F, Berros P, Belhaouari L. Botulinum toxin, description and clinical applications in the treatment of the face wrinkles.Rev Laryngol Otol

tic revisions with injectable silicone. Arch Otolaryngol Head Neck Surg

Braccini F. In Anatomy and volumising injections. The nose. Fillers and rhinoplasty. E2e Medical publishing. Master collection 2. 2013. 105122.

8.

Dr Frédéric Braccini est Chirurgien Cervico-Facial et exerce sa pratique en thérapeutique et en esthétique. Ancien chef de clinique des universités de Marseille, il fut aussi praticien attaché de l’ hôpital Américain de Paris. Il est actuellement responsable du Centre Médical « l’Artistique » à Nice. Auteur de nombreux ouvrages et publications scientifiques, il participe à de nombreux enseignements universitaires et Masterclass. Ancien président de la Société Avancée de Médecine et de Chirurgie Esthétique et Plastique (SAMCEP), il est secrétaire de la Société Française de chirurgie Plastique et Esthétique de la Face, et membre de l’American society of plastic surgeons.

14. Webster RC, Hamdan US, Gaunt JM, Fuleihan JS, Smith RC. Rhinoplas-

Rhinol (Bord) 2006;127(1-2):105-11. French. 7.

9.

Conclusion La rhinoplastie médicale est une remarquable procédure qui donne des résultats surprenants avec une stabilité supérieure à celle des traitements d’autres parties du visage. Elle nécessite un apprentissage technique et une approche artistique des indications, au même titre que la rhinoplastie chirurgicale à laquelle elle ne se substitue pas.

1986;112:269–276. 15. Kim, Young Jun, Kim, Sung Soo, Song, Won Kyung, Lee, Sang Yeul, Yoon, Jin Sook M.D 16. Ocular Ischemia With Hypotony After Injection of Hyaluronic Acid Gel.

Braccini F. La rhinoplastie médicale. Mise au point. Réalités en chirurgie

Ophthalmic Plastic & Reconstructive Surgery. 2011 - Volume 27 - Issue

plastique 2016. A paraître.

6 - 152-155.


50 DERMATOLOGIE I body language

Le

MASQUE anti - boutons

Kate KERR, experte en soins cutanés et « facialist » de renom au Royaume-Uni, nous explique pourquoi le « Sulfur Masque » est son produit ZO Skin Health préféré.

C

omme les bloggeurs(euses) beauté se plaisent à dire en parlant produits cosmétiques, le masque au soufre de chez ZO Skin Health est un peu mon « Saint Graal ». Vous l’aurez compris, son principal élément actif est le soufre, ingrédient très polyvalent et puissant. Il est non seulement l’une des défenses les plus efficaces dont nous disposions contre les bactéries causant l’acné, mais il aide également à contrôler le niveau de sébum. Ce masque au soufre est donc un traitement idéal dans nombre de désordres cutanés liés à l’excès de production de sébum comme l’acné, la rosacée, la dermatite séborrhéique et péri orale ou l’hyperpigmentation. Bien plus qu’un simple masque, je compte sur ce produit aussi bien pour les traitements à la clinique, que comme élément essentiel dans la plupart des soins quotidiens recommandés à mes clients. En soin thérapeutique En tant que soin thérapeutique, sa double action est particulièrement efficace, en particulier après tout traitement dermatologique contre l’acné ou la rosacée. En effet, le soufre pénètre dans le follicule en profondeur pour attaquer les bactéries Propionibacterium acnes (PBA) et les acariens Demodex folicculorum, qui peuvent conduire à l’apparition d’acné ou de rosacée. Son usage est donc très intéressant après un nettoyage de peau dermatologique, mais il présente de plus l’intérêt d’apporter un effet apaisant à la peau, réduisant ainsi l’inflammation des follicules liée au nettoyage approfondi. Je conseille également à tous les clients qui ont eu

d’importantes extractions de comédons, d’en appliquer une mince couche dès leur retour à la maison et de laisser poser une heure. Cela va contrer l’inflammation causée par la pollution qu’ils auront rencontrée en route (particulièrement vrai pour ceux qui vivent à Londres ou Paris !), à des follicules déjà irrités par la procédure et de plus, sera très efficace pour prévenir les éruptions éventuelles. En soin quotidien En dehors de la clinique, je recommande ce produit « multitâches » pour de nombreux désordres cutanés ou en soin routine pour la peau. Peaux normales Il peut être utilisé deux à trois fois par semaine durant 10 à 15 minutes afin d’équilibrer la production de sébum, enlever les impuretés et conserver un teint clair. Il est très efficace au milieu du cycle hormonal contre les éruptions prémenstruelles, en augmentant alors la fréquence et la durée de pose. Rosacée et dermatite séborrhéique Pour les clients souffrant de rosacée et de dermatite séborrhéique ou péri orale, je recommande de l’utiliser tous les soirs pendant deux semaines ou plus, de deux à trois heures sur la zone concernée. Une fois que les symptômes sont sous contrôle, une application deux à trois fois par semaine est suffisante pour maintenir les résultats. Dans les cas récalcitrants, je recommande d’appliquer ensuite Aknetrol, un autre produit star de la gamme ZO Skin

Health, concentré à 10% en peroxyde de benzoyle. Il s’agit d’un produit médical très actif contenant également un cocktail d’antioxydants et d’anti-irritants, combattant de concert et sur différents aspects, ces désordres cutanés tenaces. Peaux grasses ou acnéiques Si vous traitez une peau grasse ou acnéique, conseillez à vos patients d’emporter ce masque avec eux durant leurs


vacances d’été. La chaleur, l’humidité et l’application répétée d’écran solaire peuvent causer des ravages sur la peau et exacerber acné, rosacée, dermatite séborrhéique, ruinant alors cette « belle mine » des vacances. Appliquer un masque après une journée à la plage et avant de sortir le soir, aide à prévenir les éruptions cutanées, à contrôler la production de sébum et à conserver une peau saine. Traitement ciblé C’est également un formidable traitement pour les boutons - il suffit de tamponner du produit sur les papules et pustules enflammées avant le coucher et de laisser poser durant la nuit pour soigner et réparer. De plus, si la peau est soumise à rude épreuve, comme après les mois d’été ou une grosse soirée, le masque peut être appliqué en couche mince sur toute la zone affectée et laissé pendant la nuit. Au matin, l’inflammation aura diminué et la production de sébum sera maitrisée. Ce produit ZO n’est pas un masque ordinaire et il apporte bien plus qu’un simple résultat à court terme, que nous connaissons à la plupart des masques disponibles sur le marché. Disposer de ce masque au souffre dans notre arsenal de soins cliniques améliore les résultats des traitements et offre plus d’efficacité aux soins d’entretien quotidien des clients, nous permettant ainsi d’avoir plus de contrôle sur le maintien d’une peau saine et plus éclatante entre chaque rendez-vous. Ingrédients clés • Soufre 10% - traite et prévient l’acné, réduit le sébum et calme les irritations • Glycérine - reconstitue l’hydratation pour restaurer la fonction barrière cutanée • Kaolin et bentonite – Absorbe l’excès de sébum et élimine les cellules mortes en surface afin de conserver les pores propres. Bénéfices • Aide à prévenir les manifestations acnéiques • Pénètre les pores pour éliminer boutons, points noirs et points blancs • Absorbe l’excès de sébum • Aide à empêcher l’obstruction des pores qui peut entraîner des éruptions cutanées • Peut être utilisé en traitement ciblé sur les boutons et imperfections

Kate Kerr - Spécialiste de la peau et Directrice de clinique. Pendant vingt ans, Kate Kerr s’est spécialisée dans les soins cutanés et le rajeunissement de la peau. Sa connaissance du double aspect dermatologique et esthétique du soin de la peau, lui a permis de développer une offre unique de soins cliniques et de traitements reconnus comme parmi les meilleurs du Royaume-Uni, recueillant le soutien de Vogue, Harper’s Bazaar, Glamour, Sunday Times Style, Good Housekeeping, Cosmopolitan et beaucoup d’autres publications grand public de premier plan. Parallèlement à son expertise des désordres cutanés tels que l’acné, la rosacée et la pigmentation, Kate accorde une grande importance au rajeunissement de la peau, de sorte que chaque traitement vise aussi bien le vieillissement cutané que la santé de la peau.

Parallèlement à ses soins cliniques, Kate a développé une procédure unique nommée FutureSkin DNA, qui utilise les résultats d’un test d’ADN du client, afin de déterminer génétiquement la santé de la peau et sa vulnérabilité sur cinq points clés du vieillissement cutané. Elle est directrice de la prestigieuse clinique Kate Kerr London, installée au « Mondrian London » et fondatrice de SkinHQ, une plate-forme en ligne apportant aux internautes les meilleurs conseils de soins cutanés et produits cosmétiques qu’offre le Royaume-Uni.


52 INTERVIEW I body language

interview

ULTRASONS FOCALISÉS

Dans la prise en charge du vieillissement, qu’elle soit médicale ou chirurgicale, la retente cutanée est aujourd’hui au cœur de toutes les attentions, le résultat final de toute procédure y étant largement corrélé. Le Dr Pierre ANDRÉ nous explique pourquoi les HIFUS sont certainement les incontournables dans l’amélioration de la qualité de la peau, parmi l’offre pléthorique du marché des équipements.

Les Ultrasons focalisés de haute intensité ou plus communément appelés HIFUS aujourd’hui, sont largement utilisés dans le domaine médical. Pouvez-vous nous en rappeler le principe ? En effet, aussi bien utilisés en ophtalmologie qu’en urologie en lithotripsie ou pour traiter certains cancers de la prostate, les ultrasons focalisés constituent une technique médicale permettant de faire l’ablation thermique d’un tissu biologique. Le principe est simple, il consiste à créer de petites plaies de coagulation par la chaleur générée par les ultrasons focalisés. La focalisation peut être faite à 4.5 mm de profondeur (muscles ou graisse selon les zones), à 3 mm (derme profond) ou à 1.5 mm (derme superficiel), ce qui permet donc de traiter différentes couches cutanées. La température atteinte est de 70 à 75° C et chaque impact est de 1 mm3 de volume. Rappelons que des milliers d’impacts sont nécessaires pour stimuler la peau. Qu’en est-il, appliqué à la médecine esthétique ? Son usage en médecine esthétique existe depuis une dizaine d’années, afin de stimuler la peau et permettre une amélioration de la tension et de la texture cutanée, les meilleures indications étant leurs effets contre le relâchement cutané modéré du visage et du cou, parfaitement adaptés aux traitements permettant de ralentir le vieillissement.

La recherche de retente cutanée est à présent au cœur des procédures médico-esthétiques et l’on entend beaucoup parler de « lifting sans chirurgie » grâce à cette technologie. Qu’en est-il concrètement et que peut-on véritablement en attendre ? Il n’existe pas vraiment de lifting médical qui puisse être comparable à la chirurgie. En réalité, il s’agit plus d’une stimulation en profondeur permettant de prévenir le vieillissement et il est donc important de ne pas commencer trop tard. Les résultats sont là, mais ils sont progressifs sur plusieurs mois après la séance. Le patient aura du mal à voir nettement l’amélioration, mais son entourage le remarquera et lui dira toujours qu’il a bonne mine ! Aussi, ce traitement est intéressant à combiner au lifting chirurgical, car il améliore toujours la qualité de la peau. Concrètement quelle est la procédure ? est-ce douloureux ? La procédure est simple et sans anesthésie, sachant que la douleur varie selon les individus et dépend souvent de l’appareil et de la puissance utilisée. Aussi, la durée de la séance dépendra de la vitesse des tirs de la machine et du nombre de tirs effectués, donc de la surface à traiter. Pour un « full face » et un cou, la séance se situe entre 20 et 40 minutes, à renouveler tous les 6 ou 12 mois.


body language I INTERVIEW 53

Justement, nombre d’appareils HIFU existent sur le marché. Qu’utilisez-vous comme équipement et pourquoi ? En effet, plusieurs systèmes différents sont proposés sur le marché et à notre disposition. Si la plupart sont comparables, certains néanmoins, sont moins douloureux que d’autres et pour ma part, j’utilise surtout des machines coréennes, toutes agréées en Europe. Pourquoi préférer les HIFUS à d’autres technologies disponibles et agissant sur les mêmes indications comme la radiofréquence ou les lasers ? Les ultrasons focalisés permettent de créer une plaie par action thermique, plus profonde et ciblée qu’avec les radiofréquences qui activent aussi le fibroblaste par effet thermique, mais a seulement à 40/45° C ou qu’avec les lasers qui ont une action épidermique ou dermique plus superficielle. Les HIFUS sont-ils pour vous un traitement de première intention pour une retente cutanée ou viennent-ils en complément d’autres procédures ? Les HIFUS sont utiles pour stimuler la peau et le tissu musculaire, les points de coagulation thermique entrainant un phénomène de cicatrisation, avec une production de collagène, de fibres élastiques et de substance fondamentale (GAGs…).

Mais le résultat obtenu n’est pas définitif et un entretien avec la même technologie est nécessaire, tous les 6 à 12 mois. Il est possible également 6 mois après une séance de HIFU, d’entretenir les résultats par des séances de radiofréquence, car même si elles stimulent plus superficiellement la peau, ces deux technologies ont un mécanisme d’action différent et sont donc complémentaires. Existe-t-il des contre-indications et quels sont les effets secondaires ou les éventuelles complications ? Il n’existe pas véritablement de contre-indications. En revanche, il peut y avoir une petite douleur lors du traitement sur les zones où siège un tronc nerveux et parfois des sensations bizarres après le traitement. Des ecchymoses ou œdèmes sont possibles et parfois, une altération cutanée superficielle. Des atteintes nerveuses passagères ont été rapportées en cas de puissance trop forte sur certaines zones, mais ces complications sont exceptionnelles et ne sont pas définitives. Dr Pierre André est dermatologiste, membre de la société française de dermatologie, de l’AAD, de l’EADV, membre fondateur de l’ESCAD et coauteur du traité de Cosmetic medicine & Surgery aux éditions CRC press.


DERMATOLOGIE simplifiée Dr Christopher ROWLAND-PAYNE fait un tour d’horizon des traitements simples, efficaces et peu coûteux en alternative aux systèmes coûteux pour les grains de beauté, les taches brunes, les varicosités et les cicatrices disgracieuses

É

tablir une relation de confiance mutuelle passe par une bonne communication, et le contact visuel est primordial. L’observation des yeux et du visage de nos interlocuteurs apporte une multitude d’informations. Tous ces éléments jouent un rôle important dans la sélection des patients. Avant de commencer un traitement, montrez à vos patients toute asymétrie ou anomalie constatée. Retenez que ce que l’on explique au patient avant un traitement, c’est de la connaissance. Ce qu’on lui explique après, ce sont des excuses... Il est recommandé d’obtenir un consentement éclairé. Avons-nous vraiment besoin d’utiliser les systèmes les plus récents et les plus onéreux ? Il existe des méthodes peu coûteuses et simples qui donnent d’aussi bons résultats. Grains de beauté L’ablation des nævi dermiques en dôme – grains de beauté ordinaires – peut se faire par excision tangentielle. Le Driclor est un hémostatique particulièrement efficace. Une dermabrasion de la base excisée tangentiellement permet ensuite de lisser les bords. C’est un traitement très simple, très rapide et qui ne laisse pratiquement aucune cicatrice. La dermabrasion peut également être utilisée dans d’autres cas. Sur un nez rhinophymateux qui présente des cratères et

des bosses, la dermabrasion localisée (spot dermabrasion) peut permettre d’atténuer les reliefs. Après l’intervention, de petites croûtes resteront visibles environ six jours, puis une trace rose persistant encore une quinzaine de jours pourra être masquée par des cosmétiques. Graisser une plaie accélère la cicatrisation. La pommade au chloramphénicol, un antibiotique incorporé à de la vaseline, convient tout à fait à cet usage. Retirer la partie supérieure d’un grain de beauté revient à peu près à étêter un iceberg : la partie immergée remonte à la surface et forme un nouveau relief, c’est l’« effet iceberg ». Si cela se produit, il suffit de retirer à nouveau la partie supérieure après trois mois. Attendez bien trois mois pour répéter l’opération car avant cela, le processus de cicatrisation n’est pas terminé. Lorsque l’on retire le dessus d’un grain de beauté pigmenté, il arrive qu’un peu de pigment apparaisse à la base de la plaie cicatrisée. Cela peut paraître inquiétant et il est préférable de le retirer. Il est recommandé de faire procéder à une analyse histologique de ce morceau de pigment en expliquant ce que vous avez fait, faute de quoi l’histologiste ne sera pas en mesure de diagnostiquer un pseudomélanome, qui est un phénomène bénin. Taches brunes Les taches brunes ou les verrues sébor-

rhéiques maculaires sont très faciles à traiter avec un pistolet à azote liquide, qui permet d’appliquer très rapidement une pulvérisation extrêmement fine. C’est ce que l’on appelle le cryopeeling. En quittant le cabinet, le patient a la peau légèrement rougie. Au cours des deux jours qui suivent le traitement, les taches brunes traitées peuvent devenir temporairement plus foncées. Ces marques foncées restent visibles quatre à huit jours sur le visage et trois semaines sur les mains. Dès lors qu’ils en sont avertis, les patients n’en sont pas gênés. Le traitement est répété deux fois à six semaines d’intervalle. Avec trois séances, vous obtiendrez un résultat parfait. Si vous essayez de tout faire en une seule séance, le patient risque d’avoir une cicatrice blanche ou certaines taches brunes peuvent ne pas disparaître. C’est pourquoi il est conseillé de réaliser ce traitement en trois séances séparées par quatre à six semaines. Chez les personnes qui ont une peau légèrement foncée ou très bronzée, il existe un risque de pigmentation postinflammatoire dont il convient d’avertir le patient. Varicosités du visage Les varicosités du visage, y compris la télangiectasie rosacée et les angiomes stellaires, sont également un problème très fréquent. Elles peuvent être traitées par des lasers excessivement coûteux, mais


body language I DERMATOLOGIE 55

il existe des méthodes plus simples. Par exemple, un traitement radiochirurgical très simple en trois séances réalisées à quatre semaines d’intervalle peut donner le même résultat qu’un appareil onéreux. L’hyfrecator Conmed est un excellent exemple d’appareil peu coûteux. L’embout utilisé est une fine aiguille d’épilation. Le traitement est à la fois facile et rapide. Lorsqu’il existe une tendance à l’urticaire dermatographique, il peut y avoir une réaction immédiate et nous devons l’expliquer au patient. Après le traitement, le patient se lave rapidement, applique un produit cosmétique et reprend ses activités immédiatement. Malgré une légère gêne, le traitement est rapide et très efficace et peut également être utilisé pour les télangiectasies post-radiothérapie. Sclérothérapie des veines des jambes Les varicosités des jambes constituent un problème très courant et très facile à traiter. La méthode la plus simple est la sclérothérapie. Commencez par examiner le patient debout pour repérer les veines qui se remplissent lentement, les veines perforantes et les veines superficielles, recherchez les veines palpables... bref, observez tout ce qui doit être traité. Si vous ne commencez pas par les plus grosses varices, les plus fines se reformeront très rapidement. J’utilise du polidocanol qui n’est absolument pas irritant même en cas d’injection extravasculaire accidentelle. La sclérothérapie permet de traiter une région étendue avec une seule injection, là où un laser devrait cibler successivement chacun des minuscules vaisseaux. Pour traiter les angiomes stellaires, ne commencez pas par les veinules en étoile mais efforcez-vous d’injecter le produit dans la veine qui les alimente. Le résultat est obtenu en trois ou quatre séances effectuées à huit semaines d’intervalle. Au cours des premières 48 heures, nous recouvrons toutes les régions traitées de tampons de laine de coton maintenus par un bandage. Des bas de compression sont ensuite portés pendant trois jours, puis nous informons le patient qu’il ne doit pas s’exposer au soleil durant six semaines. N’oubliez pas de demander au patient s’il prévoit de s’exposer au soleil, car cela accroît la probabilité d’une hyperpigmentation postinflammatoire.

Chez certains patients, l’utilisation d’une grande quantité de produit provoque des rougeurs après le traitement. Ce phénomène peut inquiéter mais il disparaît généralement en une vingtaine de minutes. Le traitement peut déclencher une migraine chez les personnes qui y sont sujettes. Les complications incluent une hyperpigmentation postinflammatoire et, très occasionnellement après une injection extravasculaire accidentelle, une ulcération minime qui peut être suivie d’une atrophie blanche. La compression est utile pour réduire le risque d’ecchymoses ou l’apparition d’une télangiectasie mate due à la sclérothérapie. Il arrive que du sang soit emprisonné à l’intérieur d’un vaisseau ou que l’inflammation provoque une pigmentation postinflammatoire. Nous nous efforçons d’éviter ces complications. En cas d’emprisonnement intravasculaire, il suffit de perforer la poche avec une aiguille et d’appuyer dessus. La pigmentation consécutive à cet emprisonnement de sang est un problème plus ennuyeux car elle peut persister plusieurs mois sur les membres inférieurs. Pour éviter cela, un bandage compressif préventif après la sclérothérapie est préférable. Cicatrices Nous pouvons traiter les cicatrices hypertrophiques, blanches ou en creux. Le traitement standard des cicatrices hypertrophiques est la triamcinolone intralésionelle. Pour les cicatrices blanches, le microneedling manuel donne de bons résultats. Si la cicatrice est de petite taille, deux séances à huit semaines d’intervalle suffisent. Pour les régions plus étendues, on peut utiliser un dermaroller, un stylo à micro-aiguilles ou un instrument équivalent. Le problème du dermaroller est que ses pointes transpercent la peau en provoquant une lésion plus importante au niveau de l’épiderme que du derme. Les lésions épidermiques sont désagréables et laissent des marques pendant quelques jours. Pour les éviter, il est préférable de pratiquer plutôt le microneedling perpendiculairement. Les stylos à micro-aiguilles effectuent jusqu’à 1 300 piqûres par minute. Leur extrémité peut comporter jusqu’à 13 aiguilles, l’action est très rapide et les lésions au niveau de l’épiderme et

du derme sont équivalentes. Avec un stylo à micro-aiguilles, aucune anesthésie n’est nécessaire sur les côtés du visage. L’opération peut être plus désagréable au centre du visage mais elle est supportable avec un anesthésique local. Associée à du plasma riche en plaquettes (PRP), cette technique est particulièrement efficace. Les cicatrices en creux comme les traces de varicelle sont également très faciles à traiter et très fréquentes. Vous pouvez en venir à bout par subcision, en introduisant une aiguille en mouvement de 18-30 G horizontalement ou tangentiellement. La procédure se fait en deux temps, à six semaines d’intervalle. Immédiatement après le traitement, la cicatrice apparaît légèrement lissée. Le seul petit inconvénient peut être un hématome intradermique pouvant persister environ quatre jours. Vous pouvez aussi injecter une série de microgouttelettes de silicone dans les cicatrices en creux. C’est un traitement controversé, mais aucun autre produit de comblement n’apporte les résultats du silicone. Celui-ci peut être injecté exactement à l’endroit souhaité, mais une formation individuelle est nécessaire avant de pratiquer cette intervention. On ne peut pas injecter d’acide hyaluronique dans une cicatrice fibrotique tendue, mais avec du silicone, c’est possible. Cette méthode est particulièrement appropriée pour les cicatrices en creux. Un patient ayant subi une rhinoplastie percutanée dans un autre établissement avait conservé des cicatrices très inesthétiques sur l’arête du nez. L’injection d’acide hyaluronique dans les creux les plus profonds et d’une série de microgouttelettes de silicone dans les autres cicatrices, associée à une dermabrasion localisée des papules en relief et un microneedling des cicatrices blanches, a permis une amélioration notable en quatre à six séances. C’est ce que l’on pourrait appeler une rhinoplastie médicale réparatrice complexe. Conclusions Ce sont des traitements de routine très simples, qui peuvent être pratiqués dans la plupart des cabinets. Ils sont faciles à réaliser et ne nécessitent généralement pas plus de trois séances. Le Dr Christopher Rowland Payne est dermatologue consultant à la London Clinic.


FILS TENSEURS II body body language language 56 COSMÉTIQUE

MÉRISTÈME

Professeur Liudmila KORKINA traite de l’intérêt et de l’utilisation des cellules méristématiques en cosmétologie destinée au rajeunissement cutané, grâce à leurs propriétés protectrices et anti-âge.

L

a fausse idée selon laquelle les cellules souches végétales (méristème) seraient absolument miraculeuses - en leur qualité de substitution aux cellules souches humaines ou aux facteurs de croissance, pour promouvoir la croissance des cellules cutanées et la régénération de la matrice extracellulaire - est actuellement l’une des plus diffusées à l’égard des experts en médecine esthétique tout comme auprès du grand public et de nombreuses allégations

et promotions agressives émergent quant à leur prétendue action magique sur le rajeunissement cutané. En tant que biologiste moléculaire et cellulaire, travaillant depuis 15 ans sur les cellules méristématiques à l’Institut italien de la dermatologie St. Mary’s à Rome, je pense que ces affirmations discréditent l’ensemble des brillantes perspectives qu’offrent véritablement ces cellules souches végétales en cosmétologie et en dermatologie.

Mon laboratoire vise à évaluer les mécanismes de l’activité biologique des méristèmes, afin de fournir de solides bases scientifiques en vue de leur utilisation en médecine esthétique et en dermatologie. Après avoir publié plus de 70 articles sur la question, je souhaite partager ma propre expérience des cellules souches végétales issues du méristème et traiter de leurs composants actifs et interactions avec la peau humaine et son rajeunissement.


body language I ÉTUDE CLINIQUE 57 body language I COSMÉTIQUE 57

& cosmétologie

Un peu d’Histoire Il y a environ 40 ou 50 ans, nous avons commencé à sérieusement reconsidérer les anciennes approches pour traiter les pathologies humaines et les processus de vieillissement, en utilisant des produits d’origine complètement naturelle. Par exemple, environ 50% des anti-inflammatoires existants sont extraits de sources naturelles ou inspirés de la nature et nous constatons une progression constante et rapide de produits cosmétiques entièrement biologiques ou de

compléments alimentaires comme adjuvants thérapeutiques. Aussi, les problèmes dermatologiques auxquels les réponses thérapeutiques ne satisfont pas, parallèlement à l’amplification des attentes du public pour un rajeunissement cutané efficace, sont en première ligne des recherches de pointe en remèdes naturels. En s’éloignant de l’utilisation de produits dérivés d’animaux, les experts en médecine esthétique ont commencé à étudier la faisabilité et de l’efficacité clinique de

produits issus des plantes. À la différence des humains et des animaux, celles-ci ne disposent pas de systèmes immunitaires, nerveux et endocriniens pour se protéger d’un milieu hostile, des infections, des blessures, des herbivores, des insectes, des tumeurs ou des espèces rivales. Dans la course évolutive, les plantes ont développé un seul mécanisme extrêmement efficace pour se protéger contre les stress biotiques et abiotiques : ils synthétisent ce que l’on appelle les métabolites secondaires.


58 COSMÉTIQUE I body language

Polyphénols simples (acides-phénols, alcools,esters)

Phénylpropanoïdes glycosylés [GlyT]

Curcuminoïdes [CuS]

Stilbenoïdes [SS]

Flavonoïdes, Isoflavonoïdes [ChS]

Subérine [PPx]

Proanthocyanidines [PPx]

Lignine [PPx] Acide cinnamique [PAL] Phénylalanine Acide shikimique

Métabolites secondaires des plantes Ils font partie des composants biologiquement actifs les plus courants dans les aliments, épices, arômes, parfums, propolis, vins, huiles essentielles, bières ou remèdes traditionnels. Au vu des nombreux rôles essentiels que jouent les métabolites secondaires dans la physiologie végétale, ces composés ont suscité un grand intérêt ces dernières décennies, particulièrement dans leur usage médical comme antioxydants naturels, écrans UV, anticancéreux, chimio-préventifs, antiviraux, anti-inflammatoires, cicatrisants et agents antibactériens. L’industrie des parfums et des cosmétiques a également récemment montré un immense intérêt pour les métabolites secondaires des plantes. Les métabolites secondaires sont de petites molécules, comme les hormones non protéiques, les neurotransmetteurs ou les médiateurs

de la réponse immunitaire chez les êtres humains. Leur molécule mère est l’acide aminé phénylalanine, le même que pour les neurotransmetteurs et hormones humains, comme l’adrénaline, la noradrénaline, la sérotonine, les hormones thyroïdiennes, les œstrogènes ou encore les androgènes. En raison de cette similitude, les métabolites secondaires définies sont hautement disponibles aux cellules humaines liées aux mêmes parties des membranes cellulaires humaines (récepteurs), que des molécules d’origine humaine. Ils sont également parfaitement métabolisés dans les cellules humaines par les mêmes enzymes et les voies métaboliques (compatibilité élevée). Les métabolites secondaires des plantes peuvent imiter de nombreuses actions biologiques des molécules régulatrices humaines, ce qui permet d’exercer une amélioration biologique sur les cellules humaines.

Production industrielle La production industrielle de métabolites secondaires de plantes est limitée par un certain nombre de facteurs : • une faible abondance de sources naturelles, • les variations saisonnières de récolte des plantes • la contamination des plantes par des polluants environnementaux (métaux lourds, hydrocarbures, pesticides, aflatoxines, mycotoxines et autres composés dangereux organiques ou non organiques), • des procédures complexes et coûteuses pour l’extraction et la purification des substances actives des tissus végétaux cultivés, • une mauvaise standardisation du produit final en raison d’inévitables variations de sols, d’eau, de conditions météorologiques et d’engrais utilisés pour la croissance des plantes. De plus, comme la demande de métabolites secondaires dérivés de plantes médicinales pour les industries pharmaceutiques et cosméceutiques augmente à un rythme très rapide, l’existence de ces plantes est de plus en plus menacée et beaucoup d’entre elles sont devenues des espèces en voie d’extinction. Dans une tentative de trouver des solutions alternatives viables à la production de composés naturels, les technologies de culture de cellules végétales ce sont donc développées, et sont de précieuses sources d’ingrédients médicinaux et cosmétiques de haute qualité, issus de sources végétales. Les cellules méristématiques Source de métabolites secondaires Les industries pharmaceutiques et cosmétiques se sont donc soudainement souvenues d’une découverte datant du 19ème siècle, la culture des cellules méristématiques. Elles étaient pourtant utilisées depuis plusieurs centaines d’années à différentes fins : reproduction de divers cultivars, modifications génétiques d’espèces végétales, préservation d’espèces disparues, production de plantes exemptes de virus, évaluation des métabolismes et physiologie des plantes. C’est seulement il y a 15-20 ans, que nous avons compris que ces cultures de cellules de méristème pouvaient être utilisées comme source de composants ac-


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tifs pour la cosmétique et la pharmacie, alors même que les technologies in vitro de plantes sont connues depuis plus d’un siècle. Parallèlement, les cellules méristématiques sont devenues une alternative extrêmement attrayante et rentable aux approches classiques, pour produire durablement et à grande échelle ces précieux métabolites secondaires dérivés des plantes (ou le concept des « green cell factories »). La culture de méristèmes végétaux est la seule manière économiquement viable, de produire des métabolites de valeur, issus de plantes rares ou menacées. La culture de cellules végétales exposées à des stimulateurs appropriés (éliciteurs) offre une unique et précieuse source de « parfaits » modulateurs de l’état oxydatif (éliminateurs de radicaux libres, antioxydants directs et indirects), protecteurs UV, chélateurs de métaux lourds, agents antibactériens ou anti-inflammatoires. Par une procédure très simple, les cellules de méristème sont prélevées de pousses, fleurs ou racines, puis cultivées dans différentes conditions, afin de produire les métabolites secondaires spécifiques souhaités. Par exemple, par une irradiation UV des cultures de cellules végétales, on peut induire une biosynthèse de métabolites secondaires contre le rayonnement UV. En conséquence, ces substances présenteront un très bon SPF contre les UVB et une excellente protection contre les UVA. Il est important de noter que les métabolites secondaires issus de cultures de méristèmes végétaux, sont facilement disponibles dans ce milieu en raison de leur pénétration de la membrane cellulaire externe. Pour obtenir des métabolites secondaires cachés dans les cellules végétales cultivées, les fines membranes cellulaires peuvent être rompues mécaniquement, sans addition de solvants toxiques ni de longue ébullition, habituellement utilisés pour extraire les métabolites secondaires de plantes cultivées, comme dans les racines, le liège, les feuilles, les graines, les fruits ou les fleurs. Généralement, le rendement de métabolites secondaires spécifiques obtenus à partir de cultures de cellules végétales stimulées par un éliciteur approprié, peut être cent fois plus élevé qu’avec une plante cultivée. De plus, ces matières premières

actives destinées à une utilisation en industrie cosmétique, sont complètement exemptes de solvants toxiques et d’additifs environnementaux indésirables, c’est un concentré de métabolites végétaux actifs et non affaiblis par des températures élevées. Action des substances actives produites par les cellules méristématiques sur les mécanismes du vieillissement cutané En préparations cosmétiques elles pourraient vraisemblablement affecter positivement et interagir avec plusieurs mécanismes de la peau humaine, à savoir ; protéger du photovieillissement ; maintenir une réaction redox équilibrée (oxydoréduction) ; équilibrer le microbiote cutané en prévention du vieillissement lié à une détérioration du système immunitaire de la peau ; réguler les mécanismes épigénétiques responsables du fonctionnement des gènes (cycles d’induction et de suppression) pour favoriser la régénération cutanée ; et contrôler les processus métaboliques des cellules de la peau et de la matrice extracellulaire. Nos connaissances actuelles nous amènent à l’hypothèse que les métabolites secondaires actifs produits par des cultures de méristèmes, pourraient permettre d’ajuster les mécanismes de vieillissement cutané mentionnés, tout en favorisant des fonctions et structures cutanées caractéristiques d’une peau jeune. Toutefois, les cosmétiques ne peuvent

en rien modifier la génétique pour rendre la peau moins sujette au vieillissement. Par définition, des produits cosmétiques ne peuvent pas non plus affecter les cellules souches et même ne doivent pas interférer avec certaines des propriétés et fonctions vitales de la peau. De plus, les cellules souches étant un centre de propagation du matériel génétique, elles sont très bien protégées par notre corps et ne peuvent être facilement atteintes par des agents chimiques ou physiques. Dans les expériences sur des cultures de cellules souches épidermiques humaines, il a été clairement démontré que ces cellules ne pouvaient pas être aisément transformées en cellules souches tumorales. Par conséquent, toutes les affirmations selon lesquelles les cellules souches végétales de méristème pourraient affecter ou se “substituer” aux cellules souches épidermiques humaines, sont fausses et insensées. Protection contre le rayonnement UV Des concentrés de métabolites secondaires issus des cellules de méristème, possèdent d’excellents effets contre la nocivité du rayonnement UV, considéré comme une cause majeure du vieillissement prématuré de la peau. Les métabolites secondaires issus de cultures de méristème stimulé par une irradiation UV (principalement des polyphénols glycosylés) montrent une puissance de protection physique, chimique et biologique de la peau humaine, extrêmement élevée.


EFFETS PROTECTEURS UV DES MÉTABOLITES SECONDAIRES DE CELLULES MÉRISTÉMATIQUES • Écrans solaires photo-stables à large spectre (UVB + UVA) • Antioxydants et destructeurs de radicaux libres pour protéger des réactions photo-induites • Protecteurs des antioxydants cutanés pour le maintien d'un équilibre de la réaction redox • Antioxydants indirectes par action sur le système détoxifiant et antioxydant endogène • Modulateurs de la réponse inflammatoire des cellules cutanées au rayonnement UV • Modulateurs de la réponse métabolique au rayonnement UV et diminution des risques de carcinogénèse

En tant qu’écran physique, ces molécules peuvent efficacement absorber les UVB et UVA, et présentent donc des SPF-B et SPF-A très élevés, comparables voire souvent supérieures à ceux des écrans solaires conventionnels synthétisés chimiquement. En outre, ces métabolites ne sont pas détruits par les UVB et en particulier par les UVA et sont des écrans solaires photostables garantissant à la peau une durée de protection supérieure. La grande majorité des métabolites secondaires sont aussi des antioxydants très efficaces, pouvant désamorcer les réactions en chaîne induites par le rayonnement UV dans les lipides des membranes cellulaires de la peau. Certains de ces écrans solaires photostables produits par des cultures de cellules de méristème soumises à une élicitation UV, protègent les antioxydants endogènes situés dans la peau, comme le tocophérol alpha et le coenzyme Q10, d’une photo destruction induite par les UV. Ils sont sécurisés en raison d’absence de propriétés photo-toxiques et photo-allergènes. La protection biologique opérée par les

métabolites secondaires est remarquable et ils offrent une large gamme d’effets positifs : • ils atténuent les réactions inflammatoires de la peau au rayonnement UV, • ils préviennent la suppression des cellules immunitaires de la peau (atténuent la dépression immunitaire associée aux UV) • ils réduisent les réponses métaboliques des cellules de la peau à l’exposition UV, ce qui atténue le risque d’activation photochimique de pré-cancérogènes en cancérogènes. Les différents métabolites de cellules de méristème exercent une action dif férentielle en tant que substances préventives, écrans solaires ou curatives en postsolaire. Les substances actives dérivées de cellules de méristème sont extrêmement efficaces dans la protection des kératinocytes, fibroblastes et vaisseaux sanguins des cellules endothéliales de la peau humaine, de la mort cellulaire engendrée par le rayonnement UV. Les métabolites secondaires protègent également la barrière antioxydante endogène naturelle de la peau, qui lorsqu’elle est jeune est une barrière parfaite contre les radicaux libres environnementaux formés dans l’air pollué, en raison d’une interaction entre rayonnement UV, particules fines, toxines organiques et métaux lourds. Cette barrière multicouche comprend des antioxydants lipidiques (tocopherol alpha et coenzyme Q10), qui sont une partie essentielle des lipides de surface de la peau. L’épiderme et le derme contiennent de grandes quantités d’acide ascorbique, d’acide urique et de glutathion, qui sont des antioxydants non enzymatiques de la peau. La peau est riche en enzymes antioxydantes, qui neutralisent les radicaux libres dans les cellules de la peau et la matrice extracellulaire. De l’autre côté, les cellules cutanées sont ellemême sources de radicaux libres. Tous les types de cellules cutanées produisent des radicaux libres afin de protéger la peau et l’organisme entier contre les invasions microbiennes, pour métaboliser les toxines, médicaments, cosmétiques appliqués sur la peau et pour effectuer une transduction du signal intracellulaire. Chez un organisme jeune et sain, la réaction redox de la barrière cutanée est équilibrée pour maintenir l’homéostasie de l’organisme et des tissus, alors que dans un organisme vieillissant ou malade, cet équilibre peut être altéré et basculer d’un

côté à l’autre. Les métabolites secondaires permettent de restaurer l’équilibre des radicaux libres et des antioxydants dans la peau, induisant soit des systèmes générateurs de radicaux libres, soit une défense antioxydante endogène. Les métabolites secondaires n’ont pas besoin d’être eux-mêmes des antioxydants, car ils ont le pouvoir d’induire nos propres systèmes antioxydants via le facteur nucléaire Nrf2, les enzymes antioxydantes de la peau commençant alors à fonctionner pour la protéger contre un excès de radicaux libres provenant de l’extérieur ou produit par l’organisme. Avancées et limites Nous devons cependant admettre que cette source de principes actifs, apparemment idéale pour les cosmétiques et les produits cutanés, comporte certaines limites. Il est par exemple encore assez difficile d’obtenir une production stable et reproductible des métabolites secondaires souhaitées à partir de cultures de méristèmes, en raison de leur instabilité génétique et métabolique, et des difficultés à les produire à échelle industrielle. En raison de ces écueils actuels, ces ingrédients actifs ont des coûts relativement élevés. Cependant, avec le développement rapide des biotechnologies combinées actuelles, de l’ingénierie métabolique et de l’amélioration dans l’élicitation de cellules végétales, de plus nombreuses gammes de méristème végétal sont disponibles pour une production industrielle stable de leurs métabolites actifs, avec des mécanismes ciblés et sélectifs d’interaction avec les cellules de la peau. Parallèlement, des processus technologiques pour développer des préparations cosmétiques stables assurant une bonne pénétration, délivrance et ciblage de ces principes actifs jusqu’aux différents types de cellules et couches cutanées sont nécessaires. Par-dessus tout, la sécurité clinique et l’efficacité cosmétologique des produits cutanés contenant des actifs issus de cellules méristématiques doivent être dûment confirmées par des études cliniques randomisées contrôlées par placebo, en utilisant le produit final pour administration topique. Plusieurs lignes de cosmétiques contenant des ingrédients actifs de Leontopodium alpinum, Buddeleja davidii, Centella asiatica, Gardenia jasminoids et Echinacea


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angustifolia issus de cellules méristématiques concentrées, ont été développées et commercialisées récemment. L’utilisation de ces gammes cellulaires particulières a été définie par de solides recherches menées en arrière-plan et publiées dans les principales revues scientifiques internationales examinées par des pairs. Ces publications ont montré des effets esthétiques impressionnants et durables dans l’amélioration de l’apparence de la peau, en raison du rajeunissement des cellules cutanées et de la matrice extracellulaire. Les effets de rajeunissement étaient encore plus évidents lorsque ces cosmétiques étaient utilisés en combinaison à des procédés connus de rajeunissement cutané, tels que laser fractionné, masque de collagène, peeling aux acides de fruit ou traitement par radiofréquence. Les effets cosmétiques ont été confirmés par des mesures instrumentales de l’hydratation de la peau, de l’élasticité et de la production de sébum. De plus, l’administration de ces produits sur la peau du visage montraient des effets protecteurs des antioxydants lipophiles dans les lipides superficiels de la peau, une diminution des niveaux d’oxydation du squalène et des protéines, et une normalisation du microbiote cutané.

Conclusion et perspectives Les cultures de cellules de méristèmes dérivés de plantes médicinales semblent être une source véritablement unique, de métabolites secondaires biologiquement actifs, biodisponibles, biocompatibles et fortement concentrés, ciblant pratiquement tous les processus moléculaires responsables du vieillissement cutané humain connus à ce jour. Ces cellules végétales cultivées produisent une grande quantité de ces précieux métabolites facilement isolables et non contaminés, présentant d’intéressantes propriétés telles que, protection UV, anti-inflammatoire, chimio-préventif de cancer cutané, cicatrisant, normalisation du système immunitaire cutané, métabolisme de la peau et équilibrage redox. Le développement industriel d’ingrédients actifs basés sur les métabolites secondaires des cellules de méristème pour les cosmétiques anti-âge est toxicologiquement, écologiquement et éthiquement durable puisqu’il n’affecte pas la biodiversité des plantes, tout en conservant des espèces menacées d’extinction ; il surmonte les problèmes de conservation et les difficultés d’extraction des métabolites issus de plantes cultivées ; il permet d’éviter la contamination par des polluants environnementaux et de mieux standardiser la matière première.

Les progrès en technologie cosmétique utilisant des véhicules appropriés avec des systèmes délivrance ciblée des métabolites dérivés de cellules de méristème à des couches et cellules de la peau définies, facilitera le développement de préparations topiques présentant une efficacité clinique et esthétique élevée et durable. Pr Liudmila Korkina est une académicienne et professeure russe en biophysique et biochimie. Elle est PDG et fondatrice du Centre for Innovative Biotechnological Investigations à Moscou, Russie et était Directrice du Département d’ingénierie des tissus de l’Institut de dermatologie (IDI IRCCS) à Rome, Italie, de 1998 à 2013. Elle est consultante en R & D pour un certain nombre d’industries pharmaceutiques et cosmétiques. Auteure de 20 brevets, de plus de 300 publications scientifiques évaluées par des pairs, et de 20 chapitres dans des ouvrages sur les effets des radicaux libres et des antioxydants sur la physiologie et la pathologie de la peau. Elle participe régulièrement à la rédaction d’articles pour des magazines et publications professionnelles sur le métabolisme des médicaments, les processus oxydatifs, la longévité cellulaire et la chimie médicinale. Elle est membre du comité de rédaction du Advanced Wound Healing Journal et Membre de la Société européenne de médecine anti-âge (ESAAM).


62 FOCUS I body language 62 STATISTIQUES I body language

Doctor’s BLUES S’il touche l’ensemble de la société, le médecin, en raison même de sa profession et du contexte dans lequel il l’exerce, est encore plus exposé au syndrome d’épuisement professionnel ou « burnout ». Auteure d’un ouvrage* très complet sur le sujet, Dr Martine DONNET offre un aperçu des risques propres aux médecins, des précautions à prendre dans sa pratique et sa vie quotidienne pour l’éviter, et souligne l’importance de lever ce tabou sociétal. .

L

e syndrome d’épuisement professionnel ou « burnout », touche aujourd’hui une grande partie des médecins, tout exercice et toutes spécialités confondues. En France, les études montrent que 47% des médecins libéraux présentent un burnout, soit presque la moitié, et que l’incidence du suicide est 2,5 fois plus élevée que dans la population générale. Véritable problème de santé publique, le burnout des médecins est aussi un sujet tabou, facteur d’aggravation de son pronostic, d’autant qu’en matière de prise en charge, la France accuse beaucoup de retard en comparaison à d’autres pays. C’est quoi le burnout ? La notion de burnout émerge dans la seconde moitié du XXème siècle avec le Dr Herbert Freudenberger, psychiatre, qui réalise une première description de ce syndrome dans les années 1970. Puis les travaux de la psychologue Christina Maslach vont conduire en 1981 à une définition basée sur une structure tridimensionnelle de ce syndrome : • l’épuisement émotionnel, • la dépersonnalisation, • la réduction de l’accomplissement professionnel.

Ce trépied va permettre la construction dans les années 1990, d’un instrument de mesure du burnout, le MBI (Maslach Burnout Inventory). Aujourd’hui, cette échelle de mesure est la plus utilisée dans le monde, la mieux maitrisée et sa validité admise par tous. Le cas du médecin – Un contexte particulier Au niveau micro-organisationnel, la médecine libérale expose à des risques physiques, mais aussi psychosociaux, source potentielle de burnout : • Exigence réglementaire L’inflation des exigences du métier, notamment avec l’émergence d’un cadre réglementaire de plus en plus contraignant et la nécessité de se conformer à des obligations relevant du champ administratif plus que médical, va progressivement réduire la marge de manœuvre du médecin dans son exercice et donc son autonomie, en particulier en matière de prescription et favoriser la multiplication des procédures de contentieux. • Litiges et contentieux La judiciarisation de la médecine est telle que la crainte des litiges et des attaques juridiques est aujourd’hui corrélée à un score élevé de burnout. Le nombre de procès intentés aux médecins ne


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cesse de croître (+0,07 % entre 2004 et 2005). Ainsi en 2005, le Sou Médical – groupe MACSF a reçu 118 plaintes pour erreur de diagnostic ; 43 plaintes pour complications de traitement (médicamenteux ou non) ; 177 plaintes pénales ou ordinales pour conduite thérapeutique contraire aux bonnes pratiques ou pour décès brutal ou inattendu ; 6 plaintes relatives à des conflits relationnels ; 8 plaintes pour non-assistance à personne en danger ; 10 plaintes pour certificat médical refusé ou injustifié ; et 4 plaintes à l’encontre d’internes de médecine suite à des décès. • Exposition médiatique L’hypermédiatisation conduisant à une surcharge d’information transforme l’image du « patient observant » en « client évaluateur », là aussi source de l’évolution de la médecine vers la judiciarisation, la santé devenant un droit. • Charge administrative Le poids administratif - paperasserie, contrôle URSSAF, harcèlement des caisses, difficultés de gestion du cabinet (sorte de micro-entreprise libérale) -, conduit à une bureaucratisation de la médecine libérale. La généralisation du tiers payant risquant fort d’aggraver cette évolution. • Poids financier et fiscal Les contraintes financières importantes auxquelles fait face le médecin - emprunts d’aménagement du cabinet, fisc, assurance -, peuvent le conduire à un surendettement. • Évolutions techniques La pression liée à l’évolution exponentielle des connaissances médicales et des technologies que le médecin, par la nécessité d’une veille permanente, doit maîtriser pour rester à la pointe. • Vie privée et vie professionnelle Le décloisonnement de la vie professionnelle et privée peut conduire à une désintégration familiale par manque de disponibilité du médecin vis-à-vis de lui-même (repos, congés, loisirs) et de sa famille (cause de divorce). • Changement sociétal Enfin, l’évolution vers une société de consommation aboutit à la notion « de client roi » où le médecin serait réduit à une sorte de « bien consommable » parmi une multitude d’autres. L’image du médecin perçue par la société s’en trouve très altérée, d’autant plus qu’elle passe par une perte de statut, de respectabilité et de reconnaissance. Relation médecin et patient La relation médecin-patient est souvent une relation d’influence. Le médecin tente de faire adopter par son patient un comportement correspondant à ses propres attentes de la relation d’aide. Ainsi, il postule sur trois qualités requises par le patient - maniabilité, curabilité et sympathie -, qui permettront de le qualifier de « compliant » ou « d’observant ». • Feedback et sentiment d’échec Le feedback en tant que processus psychologique est très impliqué dans la genèse du stress. Ce terme anglo-saxon « feedback » venant étymologiquement de « to feed » (nourrir) et de « back » (en retour), est très utilisé dans le management pour exprimer le retour d’expérience ou d’informations de la part de la hiérarchie vis-à-vis de ses collaborateurs, afin de les aider à atteindre le(s) objectif(s) qu’il leur a lui-même assigné(s) et ainsi de mettre en évidence d’éventuels écarts entre ses attentes et les résultats.

Lorsqu’il est positif, le feedback est aussi une façon pour le manager d’encourager, de motiver, voire même de galvaniser son équipe. Or, l’on peut comparer la relation médecin-malade à cette relation managériale, dans laquelle le médecin attend ce feedback positif de la part de son patient et qui se traduirait par sa « compliance » ou son « observance », c’est-à-dire le strict respect de la thérapeutique proposée et, en conséquence et dans l’idéal, sa guérison. Mais les exigences des patients sont devenues telles que le médecin ne reçoit plus de feedback positif et, de fait, lorsque l’évolution de la pathologie est fatale, la mort de ses patients est vécue comme son propre échec. Ainsi, l’accumulation des décès constatés, pourtant inhérente à la fonction médicale, va devenir l’accumulation d’échecs ressentis par le médecin et constituer une autre source insidieuse de burnout. Pourtant, comme le rappelle Corinne Pieters, professeur de philosophie, « l’objectif du médecin n’est pas la guérison, mais la prise en charge, avec obligation de soins, de moyens, mais non de résultats », en d’autres termes « care » (prendre soin) ne signifie pas « cure » (guérir). • Exigences des patients L’exigence des patients qui ne cesse de croître (patients chronophages, demandes abusives, interruption de tâches pour répondre aux demandes de rendez-vous ou de renseignements téléphoniques en pleine consultation) et pouvant aller jusqu’à de l’incivilité, de la violence, des agressions, voire du harcèlement, va conduire à un climat d’insécurité pour le médecin. Quatre types de stratégies sont possibles face au patient agressif : • la force (imposer sa volonté), • l ’acceptation (céder), • l’évitement (nier le problème), • la recherche du compromis. Les trois premières stratégies, parce qu’elles réduisent l’efficacité, vont faire le lit du burnout. De l’incompatibilité des attentes du médecin et de celles du patient, notamment le décalage entre des aspirations utopiques et humanistes initiales et la réalité du terrain, va naître le burnout. L’écart entre les « objectifs professionnels attendus » et les « objectifs réalisés » favorise en effet le burnout, notamment dans la dimension de l’épuisement émotionnel qui est fortement corrélé au degré de désillusion. Il est certain que plus le niveau de l’attente est élevé (idéalisation du métier), plus l’écart avec la réalité du terrain risque de se creuser et c’est pourquoi Pascal Chabot définit le burnout comme « une maladie de l’épuisement de l’humanisme ». Même si le sacerdoce dans le domaine médical est devenu un mythe, la relation médecin-malade doit rester basée sur l’échange et la confiance, minimum requis dans toute relation. La prise en charge du problème du burnout passe peut-être aussi par une prise de conscience de la part du patient afin de restaurer, sinon le respect, au moins la reconnaissance du médecin. Déni du médecin et diagnostic S’il est une constante chez le médecin « burnouté », le déni n’en est pas pour autant une spécificité, car il est en réalité une constante chez le médecin malade, quelle que soit sa pathologie. Le médecin refuse la réalité de ses symptômes (déni de réalité) et d’emblée, minimise son ressenti (déni de souffrance). Lorsque la pathologie finit par s’imposer, le déni reste malheureusement encore effectif.


64 PSYCHOLOGIE I body language

Le médecin en burnout peut hésiter à se confier à ses confrères par crainte de la trahison, d’un manque de confidentialité, de la stigmatisation, de ne plus avoir le droit de pratiquer, ou encore de perdre toute crédibilité vis-à-vis de sa clientèle, voire d’en être privé. Ces peurs vont le conduire à une situation de grand isolement social et ce, d’autant plus que 90 % des médecins libéraux n’ont pas de médecin traitant. L’automédication qui va en découler (antalgiques, anti inflammatoires, corticoïdes, psychotropes…) peut être inappropriée ou perturber l’expression du syndrome, rendant plus difficile encore sa prise en charge, et va s’accompagner de l’auto-analyse des examens paracliniques auto-prescrits. Ce déni est lourd de conséquence car c’est la meilleure façon d’entrer dans un cercle vicieux conduisant à un retard de prise en charge qui, allié à une mauvaise observance, va constituer un facteur d’aggravation du pronostic du burnout du médecin. Lorsque la prise en charge du confrère « burnouté » est enclenchée, force est de constater qu’elle est particulièrement difficile et périlleuse pour le médecin sollicité, car elle nécessite une formation préalable et un accompagnement afin d’éviter le piège de s’embarquer dans des erreurs diagnostiques ou thérapeutiques, dues à la volonté plus ou moins consciente de dissimulation du médecin consultant et de garder la distance. Facteurs aggravants environnementaux ou macro-organisationnels • Formation initiale Alors que les études médicales sont parmi les plus longues et les plus sélectives, elles n’abordent pas la dimension humaine de ce métier, qui en est pourtant sa fonction première - écoute du patient, décryptage de sa plainte, confrontation à la souffrance et à la mort. Elles ne préparent pas plus à l’organisation du temps, si précieuse en médecine générale, ni à la gestion d’un cabinet médical qui est pourtant une véritable micro-entreprise. De sorte qu’à la sortie de leurs études, les futurs médecins ne sont pas préparés aux spécificités de la médecine libérale et encore moins armés contre le burnout. • Formation continue Une fois installés, les médecins sont tenus de s’informer en permanence des évolutions des connaissances et des technologies médicales, la formation médicale continue (FMC) constituant en ce sens un excellent outil dont ils sont très demandeurs, d’autant plus qu’elle est aussi un moyen de rompre avec l’isolement, d’échanger avec les confrères et d’assurer une interface ville-hôpital. Toutefois, entre la légalisation de la FMC et sa mise en place opérationnelle effective, il a fallu attendre 18 ans et elle n’est pas encore aujourd’hui totalement opérationnelle. • Politique médicale La démographie médicale et la lutte contre les déserts médicaux, qui conditionnent les conditions d’accès aux soins ainsi que l’environnement de travail des médecins, est un problème purement politique de santé publique, mais aussi d’aménagement du territoire. Le choix entre des mesures incitatives et des mesures plus volontaristes (dispositifs de régulation à l’installation, conventionnement sélectif) constitue une sorte de dilemme politique qui va bien au-delà du clivage droite / gauche. Ces mesures sont vécues par les médecins français comme de la coercition or cette question, tout comme celle du burnout, reste taboue.

• Protection sociale Devant la précarité de la protection sociale du médecin libéral, il y a nécessité vitale de souscrire un contrat « prévoyance » qui pourra couvrir sa perte de revenus en cas d’arrêt de travail compte tenu du délai de carence de 90 jours pour les indemnités journalières ainsi que la prise en charge de ses frais fixes professionnels. Alors que de plus en plus est évoqué l’intérêt de la reconnaissance du burnout en maladie professionnelle, ceci s’applique pour toutes les catégories socio-professionnelles excepté les professions libérales, dans la mesure où il n’existe aucun cadre réglementaire à la reconnaissance des maladies professionnelles pour le RSI. Le médecin du travail, en participant à l’amélioration des conditions de travail, à la prévention de l’altération de la santé des travailleurs et à l’adaptation des postes, a un rôle majeur à jouer dans le burnout aussi bien en matière de prévention que de dépistage avec, dans ce cas, les mesures qui s’imposent à son niveau. La médecine du travail bénéficie à tous les salariés, quelle que soit la taille de l’entreprise mais là encore, les médecins libéraux n’en disposent pas. Prévention des risques, quelques pistes • Gestion du temps et choix du mode d’exercice Les pistes de prévention du burnout des médecins résident en priorité dans une bonne gestion du temps de travail. En premier lieu, privilégier les consultations sur rendez-vous, ce qui n’est pas si courant chez les médecins généralistes, ainsi que le mode d’exercice en groupe, qui facilite grandement le départ en vacances, l’aménagement de journées hebdomadaires régulières de pause et les échanges confraternels qui auraient un effet protecteur sur le burnout. • Secrétariat Les entretiens téléphoniques constituent pour le quotidien du médecin des tâches non rémunérées, non reconnues et le plus souvent inopinées, c’est à dire avec des interruptions de tâches, d’où l’importance du secrétariat médical qui, s’il ne supprime pas en totalité les appels téléphoniques à gérer directement par le médecin, peut l’en décharger d’une bonne partie. Le standard téléphonique à distance, moins onéreux, peut représenter une bonne alternative. • Engagement socioprofessionnel Le Pr Didier Truchot, enseignant en psychologie, au travers de ses nombreux travaux sur le burnout des médecins libéraux, est formel : l’engagement socioprofessionnel protège du burnout et est selon lui le « seul moyen de conforter le choix d’être médecin ». • Sphères professionnelles et familiales Le cloisonnement entre vie professionnelle et vie privée est primordial, car nous l’avons vu, le risque est de conduire à une désintégration familiale par manque de disponibilité du médecin vis-à-vis de lui-même et de sa famille. • Analyse de ses propres erreurs L’erreur médicale est d’autant plus une source d’épuisement professionnel et d’autodépréciation que le médecin tente d’en effacer l’épisode (déni), alors que c’est l’analyse de l’erreur en libérant la parole sur ce sujet tabou, qui va permettre au médecin de l’accepter et de se détacher ainsi de ce sentiment d’échec. • Relation avec le patient En cas de demande injustifiée du patient, il est important de savoir dire non avec diplomatie en utilisant la stratégie de la recherche du compromis.


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Selon une étude, la relation médecin-patient est la principale source de stress et de burnout, d’où l’importance d’établir un cadre à cette relation par une mise à distance. • Médecin traitant 90% des médecins libéraux n’ont pas de médecin traitant, alors que celui-ci est indispensable pour éviter l’engrenage de l’auto diagnostic et de l’auto prescription, facteurs aggravants du pronostic du burnout. • Prévoyance La cotisation obligatoire à la CARMF n’est pas suffisante et une couverture supplémentaire s’avère indispensable. Or un contrat « prévoyance » est beaucoup plus technique et complexe qu’une simple complémentaire santé, d’où l’importance de ne pas être négligeant sur ce point d’autant plus qu’en cas de burnout, la CARMF ne couvre pas les 90 premiers jours d’arrêt de travail. Prise en charge du burnout En matière de prise en charge du burnout à l’étranger, la Catalogne a mis en place dès 1998 le Programme d’Attention Intégrale pour le Médecin Malade (PAIMM), un programme pionnier en Europe, disposant de procédures collégiales (accès direct, confidentialité, contrats thérapeutiques pour les cas complexes) et d’un dispositif de prise en charge complet (suivi ambulatoire, unité d’assistance avec internement ou hospitalisation de jour). Mondialement reconnu, le PAIMM est sans doute le programme le plus abouti dans le monde. En France, c’est l’Association Pour les Soins aux Soignants (APSS) créée en avril 2009 qui s’inspire le plus du modèle catalan, en constituant des structures d’accueil et de soins spécifiques dédiés aux soignants dont elle se porte garant de la qualité, de la confidentialité et de la formation des médecins assurant leur prise

en charge. À ce jour, il existe en France métropolitaine environ cinq établissements opérationnels disposant de lits spécifiquement dédiés aux soignants, répartis sur l’ensemble du territoire et dont les adresses sont tenues secrètes. Conclusion Le burnout des médecins est aussi le reflet d’une crise de la médecine libérale et le délaissement de la médecine générale, la probable pénurie de médecins dans les années à venir et la désertification médicale, restent autant de questions politiques non résolues à ce jour. Au-delà de l’évolution du contenu et de l’environnement de la médecine libérale et même si le burnout des médecins s’impose aujourd’hui comme une réalité incontestable, elle est malheureusement encore trop taboue, régie par une sorte d’omerta qui risque d’auto-entretenir le processus et c’est peut-être là que se situe le noyau du problème. Une des clés du burnout réside sans doute dans la communication à l’intérieur même de l’ensemble du corps médical, mais aussi à l’égard des autorités de tutelle, des patients et finalement de toute la société, afin de déclencher une prise de conscience collective et la levée d’un tabou car le burnout des médecins est bien une affaire de santé publique et un phénomène de société. Après avoir travaillé dans l’ industrie pharmaceutique en recherche clinique, le Dr Martine Donnet a occupé pendant une quinzaine d’années le poste de médecin-conseil pour le régime général de l’assurance maladie, activité qu’elle a dû interrompre en 2011 à la suite d’un burnout. Elle est actuellement comédienne dans une troupe de théâtre. * « Doctor’s blues ou le Burnout des médecins » écrit par le Dr Martine Donnet et paru en 2016 aux éditions EDP Sciences dans la collection « De médecin à médecin ».


66 PRODUITS I body language

Les incontournables du marché, derniers produits et équipements en médecine esthétique et anti-âge ▼

repérages

ULTRASKIN – La Compagnie des Lasers

Basé sur la technologie HIFU, le dispositif Ultraskin permet d’obtenir un effet liftant du visage et du décolleté par un échauffement à 70°C des tissus, sans endommager l’épiderme. Les ultrasons focalisés en profondeur, dans la couche de SMAS, vont stimuler la production de collagène, redonnant à la peau son élasticité et sa tonicité ; l’ovale du visage se redessine, les rides se gomment. Les résultats sont visibles en 3 ou 4 semaines et 1 à 2 séances de 40 minutes pour le traitement d’un visage complet suffisent à garantir des résultats sur 15 mois avant que les effets s’estompent. Les 10 000 lignes garanties par cartouches et une fluence maximum délivrée de 3J/cm2, lui assure efficacité et rapidité de traitement, avec douleur ressentie beaucoup moins importante que de nombreux équipements semblables. Sans effets secondaires ni éviction sociale, 85% des patients traités recommanderaient ce traitement à des proches. Le plus de l’Ultraskin, sa cartouche 13 mm permettant l’élimination des adipocytes.

DermaFrac

Microneedling de dernière génération, DermaFrac est un équipement permettant d’effectuer un soin complet d’amélioration cutanée, qui booste la production de collagène et d’élastine dans le derme. Son roller équipé d’aiguilles très fines à usage unique (0,25 et 0,50 cm) crée des micro-canaux dans la peau par lesquels on injecte simultanément des principes actifs soigneusement sélectionnés selon les besoins du patient, pénétrant ainsi plus profondément dans le derme pour un résultat optimal. Il est particulièrement recommandé pour les pores dilatés et l’acné ; les teints ternes ou brouillés ; les cernes noirs ; les taches brunes ; les vergetures modérées et les cicatrices d’acné peu marquées. Une séance dure entre 20 et 35 minutes et se déroule en 4 étapes : Une exfoliation avec trois intensités selon de l’épaisseur de la peau ; le Microneedling et injection simultanée à la jonction de l’épiderme et du derme d’actifs anti-âge, peptides, acide hyaluronique, acide lactique et salicylique ou acide kojique selon les indications ; une lampe LED pour optimiser l’action des produits injectés ; et enfin la pose d’un masque avec des facteurs de croissance. Toutes les couleurs de peau peuvent être traitées et DermaFrac peut être utilisé sur le visage, le cou, le décolleté, les bras et les mains.

www.lcdlasers.com

www.dermafrac.net

Synergie Minerals

Gamme « makeup » de la marque australienne de soins cutanés Synergie Skin, Synergie Minerals propose une ligne complète de maquillage minéral respectueux de la santé cutanée et enrichis en actifs bienfaisants, très appréciés des patients. Les correcteurs de teint, tous enrichis d’un écran solaire physique pour assurer une parfaite protection UV à la peau, sont formulés sans aucun additifs potentiellement nocifs, en accord avec la philosophie de la maison. Non seulement ils assurent une couvrance impeccable, qu’ils soient liquides, en poudre ou en crème compacte, mais sont aussi formulés avec des ingrédients antioxydants ou hydratants, afin de répondre aux besoins de toutes les peaux. Le « Second Skin Crush », fond de teint en poudre enrichi d’extraits botaniques aux propriétés apaisantes et hydratantes, assure une puissante protection UV pour les patients avec mélasma, grâce à sa formule composée à 50% d’écrans solaires minéraux. Le « BB-Flawless » une version liquide UV protectrice, enrichie en niacinamide, lycopène et Aloe Vera, offre des propriétés hydratantes, antioxydantes et anti-inflammatoires, il minimise la pigmentation et régule le sébum. Le « MineralWhip » est le « Cushion Compact » de la gamme, comprenez un fond de teint crème compacte, le produit nomade par excellence et plébiscité par les beauty addicts. www.synergieskin.com


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Serene OBAGI

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ORASER® CELLULITE CONTROL

Créme raffermissante à action prolongée

Zo Skin Health Inc. et Dr. Zein Obagi n’ont aucune relation commerciale avec Obagi Medical Products et Obagi Medical Products

01 40 72 04 34 | www.zo-skinhealth.co.uk/fr info@wigmoremedical.fr

Serene OBAGI

pour minimiser les signes visibles de la cellulite.

Zo Skin Health Inc. et Dr. Zein Obagi n’ont aucune relation 01 commerciale Medical Products et Obagi Medical Products 40 72 04avec 34 Obagi | www.zo-skinhealth.co.uk/fr

info@wigmoremedical.fr ne vend ni ne promeut l’utilisation de quelque produit ZO que ce soit. « ZO » est une marque déposée de ZO Skin Health Inc.


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