Hypocrite N°15

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// ALBAN LEMASSON // YANNICK JAULIN // LOU RAOUL // CATHERINE DUVERGER // KRISMENN

II GRATUIT

N#15


EDITO FAIT PASSER LE MESSAGE ! Dans notre équipe de rédacteurs on trouve tous les points de vue : « je parle ça me suffit bien » dit Gwizio. Quant à Antoine c’est plutôt : «  comme je galère à articuler, je trouve une autre manière de communiquer : j’utilise le regard, les gestes voire les notes que j’écris pour faire comprendre aux gens ce que je veux dire. Après, cela dépendra de l’interprétation de la personne vis-à-vis du message ». Finalement notre équipe c’est un petit monde qui trouve son propre mode de communication. Ce trimestre on a étudié la communication sous toutes ses formes pour constater que : interprétations, messages codés, différences culturelles et/ou certains handicaps peuvent brouiller les messages. Mais que : les regards, les gestes, les interprètes, les traducteurs, tous les gens qui étudient les modes de communications des autres cultures et des animaux peuvent les clarifier. Notre message pour vous c’est : La communication c’est difficile mais c’est marrant ! C’est intéressant et enrichissant de voir comment fonctionnent les différents êtres vivants entre eux, et vous verrez que les articles ne sont pas aussi hypocrites que le laisse entendre le titre du journal.

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RENCONTRE

«Chaque personne est un pays étranger»

IL EST IMPOSSIBLE DE NE PAS COMMUNIQUER ECOLE DE PALO-ALTO Emmanuel Simonnet est un hypnotiseur et formateur en communication non verbale. Céleste

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es métiers sont l’aboutissement d’une curiosité, dès l’enfance, sur le sujet des modes de communication et de la compréhension interpersonnelle. Il s’est penché sur des sujets variés afin de compléter ses connaissances allant du théâtre et de l’animation, à la sociologie et la biologie. Il s’est enfin spécialisé sur la communication non verbale. La communication non verbale est un sujet concernant tout un chacun et que l’on applique consciemment et inconsciemment au quotidien : de notre posture au choix de registre, de notre intonation au choix de notre emplacement dans une pièce. Et encore, les exemples listés précédemment ne forment qu’une infime partie des messages que l’on émet. Même le choix vestimentaire, ou rien que notre simple présence (ou absence) envoient un message ouvert à l’interprétation. L’interprétation de ces messages est sujette à beaucoup d’études et

d’analyses, mais la communication, comme l’explique Emmanuel Simonnet, peut être perçue comme une entité vivante et ne doit pas être analysée d’un point de vue rigide. C’est un domaine hautement subjectif qui va varier d’une personne à l’autre en fonction de sa personnalité, de ses sensibilités, de son éducation, de sa culture etc. Il est donc difficile voire impossible de transposer de manière universelle les observations faites sur certains individus à toute une population, une génération, une classe sociale et encore moins à l’humanité. « Chaque personne est un pays étranger » Pour interpréter la communication au delà de son contenu, mais au niveau de sa forme, il faut faire appel à toutes ses capacités de compréhension, de la sympathie à la compassion ainsi qu’à l’empathie. Le développement de la compréhension de la communication, autant la sienne que celle des autres, est en développement constant, ce qui peut en effet la qualifier d’organisme vivant.

INFOS

cabinet-hypnose-rennes.com/qui-suis-je/


CONTES

La langue maternelle, bien plus qu’une identité Programmé dans le cadre du festival Mythos, c’était impensable de passer à coté du spectacle Ma langue maternelle va mourir et j’ai dû mal à vous parler d’amour de Yannick Jaulin qui se tenait au Théâtre de la Parcheminerie. Cécile

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onteur et metteur en scène, Yannick Jaulin nous embarque dans une heure de spectacle organisé autour de la langue des paysans de Vendée (langue d’oï) et de ce que sa disparition raconte. Des interludes musicaux savamment joués par Alain Larribet (un ancien berger béarnais) apportent des moments de respirations, d’émotions qui font résonner les mots de Yannick Jaulin. Entre identité ( celle de ses parents , grand-parents – celle de ses origines ) et détournements humoristiques de la langue, Yannick Jaulin et Alain Larribet savent nous plonger dans un spectacle particulier qui nous intrigue et nous touche. Entre musiques traditionnelles, questionnements sur notre langage et la manière dont il a vécu jusqu’à aujourd’hui, Yannick nous transporte sur ses traces. Tout comme son engagement militant en somme. Yannick Jaulin nous parle de la défense des langues minoritaires et de ce paradoxe : à partir du moment où une langue est reconnue, elle oppresse forcément une plus petite, qui a moins d’importance, moins d’occasions d’exister. Ainsi le breton écrase le Gallo, de fait . D’où l’esprit transmission de savoir qui se sent dans son spectacle, il est un porte parole des langues minoritaires, de l’identité, de la culture.

INFOS

www.yannickjaulin.com

QUELQUES

CHIFFRES

400 LANGUES et dialectes sont parlés en France EN 1539, François 1er signe l’ordonnance de Villers-Cotterêts et fait ainsi du français la langue officielle

7 % DE LA POPULATION âgée de 16 à 66 ans est en situation d’illettrisme Le français est la 2E Il y a 40

LANGUE ENSEIGNÉE dans le monde

000 ANS apparut le langage moderne

SEULEMENT 1/10E des langues parlées aujourd’hui, le seront encore dans une centaine d’années. 6 000 LANGUES environ existent dans le monde . 1 000 LANGUES sont parlées sur l’île de Nouvelle Guinée et dans les petites îles environnantes pour 5 millions d’individus.

2 000 ANS APRÈS J.C : PROPAGATION DES LANGUES STANDARDS ET ACCÉLÉRATION DE LA DISPARITION DES LANGUES LOCALES A CAUSE DU COLONIALISME.

EN L’AN 0, on parlait essentiellement grec ou latin.

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RENCONTRE

« La parole est l’organisation de la pensée»

Plongée au cœur du langage des primates et des bébés le Lundi 28 mai, nous avons rendez-vous à l’université Rennes-Beaulieu pour deux rencontres autour du langage. Tout d'abord avec Alban Le Masson, directeur du laboratoire Ethos et éthologue passionné. Puis avec deux chercheuses qui travaillent en binôme: Stéphanie Barbu, enseignantechercheuse en biologie du comportement et développement du langage et Virginie Duvier, chargée de recherche au CNRS. Hélène Alban Le Masson est éthologue. De l’âge de 3 ans à l’âge de 18 ans, il a vécu en Afrique centrale. De cette vie là, proche des singes, il a voulu en faire un métier. Lorsqu'il découvre l'éthologie, il s'exclame « mais cela a été inventé pour moi ! » . L’éthologie est l’étude du comportement des animaux, (en incluant les hommes) dans leur milieu naturel. Les recherches d'Alban porte sur la communication : comment est organisée la vie sociale, quelles capacités cognitives et intellectuelles fautil développer pour vivre en société ? Autant de questions qui traitent d'une problématique générale : le langage est-il le propre de l'homme ?

Un bon éthologue est quelqu'un qui sait observer !

L'éthologue observe comment les animaux communiquent spontanément entre eux, sans intervention de l'homme. Il a réalisé plusieurs recherches auprès d'animaux sauvages d'Afrique, (des gibbons, des duos mères-filles, d'Asie (le macaque japonais), d'Amérique. A Rennes, il étudie notamment les chevaux, les poules...

Les subtilités du langage permettent de se reconnaître et de créer des groupes.

Les propriétés du langage sont universelles : l’apprentissage social, l’imitation sémantique, la syntaxe et les conversations. Par exemple, le chant des oiseaux est déterminé génétiquement mais la mélodie est un apprentissage. Un jeune apprend à copier la signature maternelle, et chez le macaque, ce n'est pas la mère que l'on copie mais le leader du groupe (on copie le personnage influent pour se donner un statut... A bon entendeur …..!). Chez les singes comme les gibons par exemple, il y a un cri

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d'alarme pour désigner chaque prédateur, selon qu'il vienne du ciel, de la terre ou en rampant ! Les animaux ont un contrat de communication, des règles conventionnelles comme ne pas se couper la parole, respecter les tours de parole et comprendre qui doit parler en premier.

Chez l'homme, c'est sa capacité à comprendre le langage avant qu'il ne le maîtrise qui le différencie des animaux. Stéphanie Barbu et Virginie Duvier nous ont montré un documentaire sur l’évolution du langage du bébé au fil des mois. Le bébé emmagasine beaucoup d’informations in utero et au cours de la première année de sa vie. Il y a différentes étapes dans l’acquisition du langage : la perception, la compréhension puis la production.

Entre 2 mois et demi et 3 mois le bébé sollicite beaucoup les adultes.

Il est né avec des capacités pour écouter, être sensibilisé et avoir une appétence pour le langage. Il se prépare à parler en faisant des vocalises et des babillages. Il distingue aussi les syllabes courtes et longues. Il est « passionné » par les personnes qui parlent autour de lui qu'il fixe des yeux, notamment sa mère. Il est capable d’interpréter ses gestes, reconnaître l’intonation de sa voix et celles des autres adultes. A 6 mois, les bébés reconnaissent certains mots, les repèrent dans une phrase. A 11 mois, les sons sont associés aux sens. Il y a une mise en correspondance. Par exemple, il va savoir que le mot « bouteille » correspond à l’objet qui est une bouteille. A 18 mois, il doit comprendre des phrases simples.

La parole est l’organisation de la pensée. Le bébé a tout un équipement pour percevoir, comprendre et produire, mais il n'a pas le manuel d'utilisation ! Il doit craquer le code en naissant et c'est la découverte totale. Stéphanie et Virginie ont réalisé une expérience avec le fils de Carine, Aurèle, âgé de 4 mois. Le but de savoir à quel âge le bébé sait qu’il y a une alternance de parole entre les individus et aussi de connaître sa façon d’interagir... en suivant le regard du bébé. C'est en ayant accès au registre des naissances que Stéphanie et Virginie recherchent leurs petits cobayes. A quel âge un bébé s’intéresse aux échanges de paroles entre deux individus et plus particulièrement au fait d'interrompre la parole de l'autre ? Installé dans un cosy, Aurèle est face à un moniteur équipé d'une caméra infrarouge qui capte ses yeux. Deux femmes lui racontent une histoire. Sur un autre écran, des points lumineux retracent le regard de bébé. Il regarde la bouche, les yeux. Soudain, l'une des femmes coupe la parole de l'autre. Le bébé se fige sur la personne qui a été coupée. Et pourtant, les tests réalisés avec des bébés plus âgés montrent qu'ils sont plus intéressés par celle qui transgresse la règle. Le résultat de cette étude sera transmise aux parents mais en attendant c'est Aurèle qui reçoit son premier diplôme, « Graine de scientifique ».

INFOS www.ethos.univ-rennes1.fr


LES RACINES

de la communication

THEATRE

Un homme, une femme : deux monologues Un jeudi soir, au Théâtre national de Bretagne, nous avons assisté au spectacle Clôture de l’Amour écrit et mis en scène par Pascal Rambert. Un duel verbal entre un homme et une femme qui donne à voir l’exigence du langage théâtral. Rafaël & Carine Sur le plateau, des gradins dans une pièce blanche sont éclairés par des néons de couleur froide. Une porte située au fond permet aux comédiens d’entrer brusquement sur scène. L’homme d’abord, la femme ensuite. L’homme ou plutôt le comédien Stanislas Nordey commence à parler. Il s’adresse à cette femme, déroule son monologue, rentre en transe. Pendant à peu près une heure, il lui fait des reproches sur son comportement, sa façon d’agir, d’être et met un point final à leur relation. Triste mais tellement vrai, tellement proche de ce que l’on peut ressentir quand on quitte quelqu’un. Soudain, une dizaine d’enfants rentrent sur scène, un poste radio à la main, et réclament l’accès à la salle. Ils s’installent en chœur et se mettent à chanter a capella « Happe » d’Alain Bashung. Un temps de respiration autant pour les comédiens que pour le public. Ils s’en vont. La comédienne, Audrey Bonnet s’exclame. Elle aussi elle lui fait des reproches, elle l’accable. Lui se transforme, mute physiquement, se rapproche du sol, se laisse tomber. Un temps de silence, chacun se dirige vers des placards. Ils enlèvent leurs hauts, mettent une parure de plumes bleues sur la tête et ils se figent. Un instant. Les applaudissements retentissent, standing ovation.

L’Intelligence des arbres est un documentaire d’après l’ouvrage « La vie secrète des arbres » (2015) de Peter Wohlleben garde forestier allemand et Suzanne Simard, professeur d’écologie forestière à l’université de Colombie-Britannique (Canada). Ce documentaire décrit et explore la communication entre les arbres et alimente le débat sur les relations entre l’Homme et les forêts. Jean-Baptiste Introduit sous forme de vulgarisation scientifique, le récit est essentiellement tourné autour de la manière dont les arbres communiquent entre eux. C’est par la présence d’un champignon que le lien s’établit entre les différentes espèces. Comme Peter Wohlleben l’a observé le langage des arbres répond à des besoins pas si différent de celui des hommes : ils s’occupent « avec amour » de leur progéniture, de leurs anciens et des arbres voisins quand ils sont malades. Par exemple, ils cherchent à protéger ceux de leur famille en faisant en sorte que leurs feuilles reçoivent suffisamment de lumière pendant leur croissance. Ils utilisent aussi un langage développé pour s’occuper des arbres âgés car ils sont la mémoire de la forêt pour leurs congénères. A travers leurs racines qui forment un réseau sous terre, ils peuvent savoir à distance ce dont ces arbres âgés manquent. Par ce même réseau ils fournissent les ressources dont ils ont besoin. A la manière d’Internet, ils agissent en réseau : c’est ce que nomme Peter Wollheben le Wood Wide Web.

Ils vivent en symbiose : les arbres s’appuient sur la communauté pour vivre mieux. Un arbre seul vit mal. Les espèces végétales vivent « en famille » afin de comprendre le monde qui les entoure. Ce documentaire nous amène à réfléchir sur la façon dont l’homme traite les forêts. Nous avons perdu cette communion avec la nature. Ces grands « sages » vers lesquels nous aimons nous promener le dimanche ressentent, pensent et communiquent. Mais nous détruisons leur habitat, leurs modes de vie et leurs congénères. Nous ne pouvons pas nous passer de leurs ressources. Ils nous apportent de l’oxygène pour respirer et possèdent également une intelligence collective. A la différence de l’être humain, les arbres ont un langage qui n’a pas de barrière : tous les arbres se comprennent entre eux, au contraire des langues humaines qui sont locales et qui bloquent les échanges. Une belle leçon d’humanité !

Ces deux monologues sont brillamment portés et joués par ces deux comédiens absolument impressionnants. Ils incarnent parfaitement leur rôle physiquement et oralement. Le texte peut apparaitre difficile par moment mais par sa longueur, son rythme, son vocabulaire et l’interprétation des comédiens, cela ne le rend que plus sublime. A découvrir absolument.

INFOS www.t-n-b.fr/programmation/cloture-de-l-amour

Carteblanche

INFOS www.catherineduverger.com

Catherine Duverger, photographe nostalgique Catherine est une photographe de 49 ans. Son atelier se situe aux Ateliers du Vent. Les thèmes de prédilections de Catherine, c’est la création de petits mondes, la mise en scène de personnages souvent seuls dans un univers particulier, mêlant nature et architecture et où un objet vient perturber la banalité de son quotidien. Gwizio, Cécile & Carine Elle utilise des appareils photos des années 50. Une partie de son travail consiste à donner l’illusion d’une image en 3D en utilisant la superposition de deux photographies (en utilisant pour sujets différents éléments de façades de bâtiments, des lieux de vies). Elle a collaboré avec le poète Pierre Garnier, poète spatialiste, autour d’un livre l’Espace des songes. Entre texte et photographie, cette publication présente une histoire romancée inspirée de la vie de Pierre Garnier et de sa femme. On a travaillé avec elle la technique du cyanotype en lien avec le travail d’écriture mené par Lou Raoul.

Pour réaliser un cyanotype 1. On fait une photo à partir d’un appareil photo argentique 2. On développe la photo en négatif et on l’imprime sur un transparent. 3. Sur des feuilles blanches, on applique une solution chimique de couleur jaune. 4. On pose le négatif sur la feuille blanche et on le pose sous une lampe UV qui au contact de la lumière imprime le négatif sur la feuille. 5. On lave les feuilles qui dévoilent l’impression de couleur bleu cyan (d’où le nom de cyanotype). 6. On s’émerveille devant le résultat obtenu !

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AUTEURE

Hypocrite

AUX LANGUES MULTIPLES

Lou Raoul écrit depuis son adolescence, des journaux de bord, des lettres, des poèmes qu’elle rangeait dans une boîte sous son lit. Cécile

A

Après des études de lettres, elle travaille en librairie et ce n’est qu’en 2008 qu’elle se décide à sortir ses écrits de leur boite. Elle envoie une sélection de poèmes à des revues littéraires. Après plusieurs réponses favorables, l’élan est donné, elle se met à écrire tous les jours. Elle écrit le soir, sur son ordinateur. Elle dit ses textes tout fort, pour leur donner une dimension sonore. Lou Raoul travaille sur des questions d’identité et d’altérité. Ce qui l’intéresse ce sont les strates dont les individus sont construits. Sa marque de fabrique, c’est l’utilisation du breton dans ses écrits en français. Le breton du Trégor (sa langue première), la faisait se sentir différente à son arrivée à Rennes, à cause de son accent assez fort. Il y a de quoi se sentir mal à l’aise! Aujourd’hui, elle apprend le croate, langue qu’elle adorait entendre après une résidence faite en Croatie. Les mots croates arrivent naturellement dans ses œuvres tout comme elle a précédemment intégré le breton. Aujourd’hui elle travaille sur plusieurs chantiers (plusieurs œuvres littéraires en construction), participe à des lectures publiques, des festivals, des résidences d’ateliers d’écritures et des animations d’ateliers.

une bague en argent ciselé et des cochons deux sujets par défaut comme signe distinctif à priori et à raison absolument avec un rapport entre les deux et il y a de quoi un cercle de ferraille et des animaux qui ont en général une bague plastique ça respire pas la classe surtout d’où vient la bague une simple échoppe de bibelots exotiques à une poignée de mètres de la place Sainte Anne ou plutôt la mosquée d’Abu Dhabi rennaise tant le blanc nous crame les yeux à la limite ça aurait un vague rapport avec les RPG les deux formes font penser à un dragon bien que dans le domaine Warhammer je privilégie la série 40000 et seulement en maquette en ce qui concerne le lien avec ma mémé ça se...

Nous avons travaillé l’écriture poétique avec Lou à partir d’un objet personnel, chargé d’affect et de sentiments personnels. Une autre forme de langage... Vous retrouverez le fruit de ces ateliers au fil des pages. Sa collaboration avec Catherine Duverger sur ce numéro de l’Hypocrite a permis de mêler textes et images visibles également dans ce numéro.

INFOS Hypocrite

friches-et-appentis.blogspot.com/

Gwizio

Hypocrite

Le sourire fruité dans la rue Une femme qui passe dans la rue, Une femme d'une vingtaine d'années Un soir d'été du mois d'août Longeant une rue pleine de restaurants De l'autre côté, se trouve la mer avec un grand port Des bateaux, des familles, des enfants en bas âge ou des ados qui se promènent Avec des odeurs de nourriture, d'air marin Une femme qui passe dans la rue, Avec sa robe et son maillot de bain Sa bague en argent à laquelle elle tient tant A du sable dans ses doigts Sa robe volant légèrement avec le vent Dans sa main droite, tenant son sac de plage, avec sa serviette, sa crème solaire Une femme qui passe dans la rue, Avec son visage bronzé, des marques de crème solaire Une mèche de cheveux volant avec le vent qui se rafraîchit Et toujours son sourire fruitée avec son rouge à lèvres framboise qui lui apporte de la confiance Hélène

Tu as rêvé d’une histoire de gourmandise quand tu mâches un chewing-gum tu es dans l’obscure d’une haleine fraîche un moment de nervosité, l’engueulade je me pose sur une escapade où j’écoute de la musique sur un tempo que je pense vraiment Paul

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Des mots murmurés à l’oreille Un chant, une mélodie Une histoire, une vie , Pensées emmêlées. Divers personnes pour raconter Un univers, un monde, Une bulle, une isolation. La voix s’accorde tant bien que mal. Lydie


Je me disais souvent dans ma tête, «fais ceci, fais cela», sans même me sentir capable de le faire. Donc je me suis rendu compte qu’il fallait que je travaille, très dur même. Je sens en moi quelque chose qui me donne envie d’avancer, de bouger, de me muscler, c’est sans doute ça la motivation, donc j’en conclus que le sport me motive. En contemplant cette photo de ma grand-mère sur la plage, je pense à vouloir la faire réussir ou plutôt que j’aurais pu la faire réussir, qu’en ayant une carrière brillante j’aurais pu lui offrir une villa mais aujourd’hui elle n’est plus là. Triste, je verse quelques larmes et me dis qu’il n’est pas trop tard et qu’elle veille sur moi. Je travaille tous mes gestes techniques, coup droit, revers, service, volée, amorti, je travaille mon bras armé au service, j’envoie le talon de mon poignet au coup droit, je prends mes appuis au coup droit et au revers. Parfois je m’imagine en train de jouer en tenue de soirée, une tenue wax pagne vivement colorée qui me ferait briller sur le court, tout le monde me verrait d’un air chic. Tout cela, toute cette magie est grâce à un seul objet : un déodorant. Cet objet me propulse dans l’optique de réussir. Il me procure une aisance sur le court et rien que le fait de m’en mettre ça me donne envie d’avancer, de bouger, de sauter, de crier, de gagner. Je me suis toujours considéré comme quelqu’un de patient, de calme, de posé, car ce que j’ai vécu n’est pas ordinaire.

Hypocrite

Matthieu

Hypocrite Ma pagne wax C’est ma mère qui m’a offert cette chemise pour l’été ma mère a choisi le tissu ma mère a commandé cette chemise à un couturier le tissu est vert avec un peu de noir et du blanc je viens de Fatima c’est situé au kilomètre 5

C’est un regard vers nous avec ma grand-mère au bord de la mer le regard porte vers nous nous étions près de la ville de Cancale en Bretagne il y a une vingtaine d’années cette grand-mère venait de Croatie partie de son pays d’origine après la seconde guerre mondiale pour fuir la misère sociale et le communisme pour emménager en France et habiter avec sa famille dans une cité de mineurs du nord-est de la France où elle a élevé ses enfants dans un paysage d’après guerre le pays était en pleine reconstruction Bruno

Hypocrite

au kilomètre 5 les musulmans vendent ils vendent au gros et au détail des vêtements du ciment des tôles de la nourriture aussi des fruits (bananes, mangues, oranges, pommes, ananas) du poisson (chinchard, maquereaux, sardines) de la viande (du mouton, du porc, du poulet, du lapin, du bœuf, de l’éléphant, de la chèvre) du pain, des beignets de la farine de blé du miel du manioc du thé du café du lait en poudre du lait concentré du sucre en poudre des légumes (des épinards, des haricots secs, des pommes de terre, des patates, des aubergines, des poivrons) des bijoux (des boucles d’oreilles en argent, en diamant, des pendentifs, des montres) des médicaments importés du Cameroun du bois des clous des outils de la peinture les maisons sont petites et en terre les maisons sont quelquefois peintes mais il faut de l’argent pour ça le Centrafrique est un pays frontalier avec le Tchad le Cameroun le Congo Brazzaville le Congo Zaïre le Soudan il y a cinq millions d’habitants la capitale est Bangui et est distribuée en huit arrondissements Fatima est l’un des arrondissements, le sixième je parle sango et français. Wilfried


MUSIQUE

Krismenn, un musicien qui joue de la langue bretonne Dimanche 6 mai, pendant l’évènement Fous de Danse, nous avons rencontré Krismenn. Ce musicien accompagné par Alem (champion du monde de beat box) nous ont proposé un concert mêlant beat box et chants bretons. Le public a donc profité de ce moment musical pour se rassembler autour des différentes danses bretonnes. Casquette sur la tête, lunettes de soleil, Krismenn est un homme au style décontracté, abordable et sympathique. Il nous a offert 15 min après son show pour nous permettre de l’interviewer. Rafaël et Carine L’hypocrite : Est-ce que tu peux te présenter ? Krismenn : Je m’appelle Christophe Le Menn alias Krismenn. J’ai 37 ans et j’ai grandis à Plougastel près de Brest. Maintenant j’habite en centre Bretagne. L’hypocrite : Où as tu appris le breton ? Krismenn : J’ai appris le breton au lycée. J’ai eu envie de l’apprendre pour pouvoir le chanter. J’étais très motivé pour apprendre à le pratiquer. Je voulais parler le breton de « nos grands parents » car c’est la musique de la langue qui m’a plu. Tous les gens qui sont nés à l’Ouest de la Bretagne ont des grands parents qui parlent breton et en une génération ça a changé de langue : c’est passé du breton au français. J’ai toujours trouvé ça assez violent. C’est aussi pour ça que j’ai eu envie d’apprendre cette langue et de créer avec elle. L’hypocrite : As tu des influences particulières ? Krismenn : J’en ai beaucoup qui sont très variées. J’écoute beaucoup de rap très différents mais aussi beaucoup de groupes du XXème siècle (a capella, folk américaine, blues) ainsi que du beat box, rap, musique électronique… L’hypocrite : Un groupe ou un musicien qui t’a donné envie de faire de la musique ? Krismenn : Erik Marchand, un chanteur de chants traditionnels bretons qui a joué avec des tsiganes, des bluesmen, des rockeurs… Le fait qu’il ait autant joué avec de gens différents, qu’il ait eu l’audace d’aller vers des pointures m’a donné envie de faire pareil. C’est comme ça que j’ai contacté Alem, champion du monde de beat box, pour qu’on puisse travailler ensemble. Et depuis 6 ans, on tourne ensemble et on a pu faire à peu près 200 concerts (en Europe, Vietnam, Québec et Etats Unis…).

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L’hypocrite : Tu écris tes textes ? Si oui, tu parles de quoi dans tes compos ? Krismenn : Oui et je compose même en chants traditionnels. Est ce vraiment important de savoir de quoi je parle ? Pour moi, c’est le rapport musical qui compte. J’ai écouté Georges Brassens pendant longtemps sans écouter les paroles parce que j’appréciais la musique. Mais sinon, pour répondre, dans mes compositions rap, j’écris des textes introspectifs, poétiques et abstrait. Pas de politique, ni de revendication autour de la langue bretonne. Ce serait redondant. L’hypocrite : Que souhaites tu pour la langue bretonne ? Krismenn : Que tout le monde la parle ! Y’a des gens pour qui parler le breton c’est s’enfermer mais pour moi c’est un plus. Ca m’a permis de rencontrer pleins de gens, de voyager et d’exercer des métiers différents (je fais des voix pour les dessins animés, par exemple). Je conseille à tout le monde d’apprendre le breton car c’est une ouverture, une richesse, c’est cultiver ses différences. C’est se rendre plus fort culturellement pour pouvoir faire des rencontres.

INFOS www.krismenn.com


GARDE MANGER La culture c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale. La Famille Bélier réalisé par Eric Lartigau, 2014

Une jeune fille se lance dans la chanson au grand désarroi de ses deux parents sourds et muets. Mais tout change le jour où son père découvre son talent à travers la vibration de ses cordes vocales. Recommandé par Lydie Silbo par Féloche chanson sortie en 2013

Il existe un endroit où les hommes parlent comme les oiseaux. Sur l’île de La Gomera, on entend «el silbo» en écho. Recommandé par Cécile

FICHE MÉTIER

La plaque de Pioneer Il s’agit d’une plaque métallique où y est inscrit un message pictural représentant « l’Humanité ». Cette plaque fut envoyée par sonde en 1972 à destination d’extraterrestres. Le langage utilisé se veut être universel. Recommandé par Carine

Philippe Blanchet, linguiste et professeur de socio-linguistique à Rennes 2

Un gorille dans la brume réalisé par Michael Apted, 1988

Kévin B

P

Philippe Blanchet, linguiste et professeur de sociolinguistique à Rennes 2, nous a parlé de la passion qu’il entretient avec un métier peu commun en France. Avec une grande chaleur humaine, ce maître du langage à l’accent provençal a répondu à nos questions. La passion de Philippe Blanchet pour les langues est avant tout personnelle de part ses origines méditerranéennes multiples (France, Italie, Espagne). Cela le conduira à travailler au Maghreb (programme de recherche avec Alger). C’est comme un engagement de vie, puisque certaines langues y sont discriminées. Si son métier « qui n’est pas un travail » ne possède pas de journée-type, il y a cependant une grande variabilité : aller sur le terrain et écouter les gens, participer à des conférences, réaliser des enquêtes, écrire des livres et lire ses e-mails. La linguistique est l’étude scientifique des langues, observées sans jugement et selon plusieurs approches : la sociologie, la prononciation, les mécanismes … Ainsi, on apprend notamment à ne pas différencier langue, patois ou encore dialecte, qui ne sont qu’une marque de jugement extérieur. La complexité des différentes langues se traduit par une façon parfois unique de les agencer. Par exemple, notre linguiste nous a parlé d’un mot provençal permettant de désigner ‘’les petits animaux qui rampent / volent’’ n’existant pas en français. Pour autant, toutes les langues ont comme points communs ceux d’être un moyen de communiquer et de vivre en groupe. Les gestes, beaucoup moins efficaces, arrivent en seconde position. Sans

surprise, l’apprentissage précoce d’une langue est plus facile. Malheureusement, la quantité des enseignements en France est insuffisante. Malgré tout, le besoin ou la motivation, comme de vivre dans un pays ayant une autre langue, peuvent parfois suffire à acquérir un bon niveau. Philippe Blanchet, professeur de socio-linguistique et didactique des langues à l’Université Rennes 2 Haute-Bretagne, y a fondé le laboratoire PREFICS, ex-ERELLIF (créé en 2000 avec Marc Gontard). Il est spécialiste du provençal, des variétés du français et du plurilinguisme dans les espaces francophones. Il collabore régulièrement avec Henriette Walter, Louis-Jean Calvet et de nombreux linguistes. Il est expert pour plusieurs organismes internationaux et dirige plusieurs programmes de recherche à l’international1. Il contredit Frédéric Mistral par sa notion de langue d’Oc pluriel, alors Mistral dit clairement que la langue du Midi de la France s’appelle le provençal ou langue d’Oc moderne et que les dialectes sont : le provençal, le languedocien, le dauphinois, le gascon, l’aquitain, l’auvergnat et le limousin. L’élaboration du concept de glottophobie qui décrit la « discrimination linguistique » et la publication de son ouvrage sur cette question en 2016 ont connu un écho important. Philippe Blanchet est aussi poète et écrivain en provençal (collaborations aux revues L’Astrado, Les Cahiers de Garlaban, La France latine, …). Il a reçu le Grand Prix Littéraire de Provence 2001 pour l’ensemble de son œuvre littéraire.

À EN PERDRE SON BRETON

HOROSCOPE Capricorne // Du 22/12 au 20/01

Verseau // Du 21/01 au 18/02

Film autobiographique de l’anthropologue Diane Fossey qui raconte comment elle a pu s’intégrer à une communauté de gorilles en passant près de 18 ans seule dans les montagnes sauvages du Zaïre et du Rwanda. Elle consacra sa vie à lutter contre la disparition de cette espèce en créant une ligue de défense des animaux et en luttant activement contre la chasse. Recommandé par Cécile Le joueur de flûte de Hamelin Légende allemande datant de 1440 Transcrite notamment par les frères Grimm

Appelé par le maire de Hamelin pour dératiser sa ville, le joueur de flûte attira, par sa musique les rats qui le suivirent jusqu’à la rivière où ils se noyèrent. Bien que la ville fût ainsi libérée des rongeurs, les habitants refusèrent de payer le joueur de flûte en le chassant à coup de pierres. Lors d’une nuit paisible, il joua de nouveau de sa flûte, attirant cette fois les enfants de Hamelin. Cent trente garçons et filles le suivirent hors de la ville jusqu’à une grotte qui se referma derrière eux. Recommandé par Antoine A silent voice Shonen manga de Yoshitoki Oima, 2013

Shoya Ishida vit en combattant l’ennui par les jeux les plus insensés qui lui viennent à l’esprit. Un jour, Shoko Nishimiya rejoint sa classe d’école primaire et essaie de s’y faire une place, mais cette dernière est atteinte de surdité et va causer quelques soucis à ses camarades, ce qui va permettre au jeune Shoya de s’occuper en profitant des faiblesses de celle-ci. Mais tout cet amusement se retournera contre lui. Une fois lycéen, Shoya, qui décide de revoir une dernière fois Shoko pour s’excuser, va finalement se rapprocher d’elle à travers la langue des signes. Recommandé par Gwizio Déchiffrer votre horoscope !

Lion // Du 23/07 au 22/08

Vierge // Du 23/08 au 22/09

Poissons // Du 19/02 au 20/03

Bélier // Du 21/03 au 20/04

Taureau // Du 21/04 au 21/05

Balance // Du 23/09 au 22/10

Scorpion // Du 23/10 au 22/11

Gémeaux // Du 21/05 au 21/06 Sagittaire // Du 23/11 au 21/12 Cancer // Du 22/06 au 22/07

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II HYPOCRITE 15 II SAISON 06 II TRIMESTRIEL II JUIN 2018 RÉDACTEURS – ILLUSTRATEURS : Antoine, Lydie, Jean-Baptiste, Kevin B, Wilfried, Matthieu, Paul, Rafaël, Hélène, Gwizio, Bruno, Clémentine, Léo, Céleste, Kevin J, Myriam. INTERVENANTS : Catherine Duverger Lou Raoul Alain Faure

COORDINATION ARTISTIQUE : Établissements Bollec MISE EN PAGE : Delphine Marie Louis IMPRESSION : Imprimerie Chat Noir - Rennes SOUTIENS : Ville de Rennes Contrat de ville Conseil Régional de Bretagne DRAC Bretagne DDCSPP 35 Le Géant des Beaux Arts

PARTENAIRES SOCIAUX : Mission locale Villejean, Les Maffrais services, le SAS Beaulieu, Handisup, Foyer de la Thébaudais-Ugecam, Mission locale Cleunay, Grafic Bretagne-Adapt,Ueros-Adapt, Centre Hospitalier Guillaume Régnier, Savs Altaïr-Apase, Alaph, Pôle Santé Social de Rennes 1 et 2, Itep Tomkiewicz, Essor 35, CASSAJA, SESSAD, Mission locale Maurepas, SIMMPS.

TOUT ATOUT 44, rue champion de cicé Tél 09 54 73 77 50 coordination@toutatout.org toutatout.org/ Coordination artistique : ÉTABLISSEMENTS BOLLEC etbollec@gmail.com etablissementsbollec.com

REMERCIEMENTS : Cécile Chaumeil - Philippe Blanchet - Yannick Jaulin & Mathilde Dahyot du Théâtre de l’Aire Libre - Cécile et Germain des Ateliers du vent – Krismenn - Lucie Benquet du Théâtre National de Bretagne Alban Lemasson, Stéphanie Barbu & Virginie Durier du laboratoire d’éthologie animale et humaine, Ethos, Rennes 1- Romain Richard & Aurèle – Emmanuel Simonnet Les Champs Libres.

JE DIFFUSE L'HYPOCRITE Librairie, bibliothèque, lieu de diffusion culturelle, espace de co-working, ateliers créatifs, bars... ou quelque soit l’endroit où vous travaillez, si vous pensez que l’Hypocrite peut avoir sa place contactez nous par mail à : mediation@toutatout.org

II ENTRÉE LIBRE Le projet Entrée Libre est une action de l’association Tout Atout, centré sur la découverte du monde artistique et culturel. Nous proposons à des jeunes rennais de former un collectif et de les accompagner sur un parcours liant des spectacles (concerts, pièces de théâtre…), des rencontres (artistes et professionnels) et du bénévolat. Pour favoriser leur engagement sur la durée et valoriser leurs expériences de découverte, Tout Atout

et les établissements Bollec ont choisi de leur proposer la réalisation d’un journal trimestriel qu’ils ont intitulé L’Hypocrite. Tous les mercredis, les jeunes se retrouvent pour échanger sur leurs envies, découvrir des événements et/ou des structures culturels. Ils créent ensuite leur journal en utilisant à chaque fois des techniques d’impression et d’illustration différentes dans le plus pur esprit Do it yourself. //


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