Citad'elles 17

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N°17

Bullez

tout

l'été

Le féminin sans barreaux

ÉTÉ 2018


CITAD'ELLES Revue éditée à 600 exemplaires • COORDINATION GÉNÉRALE : Les Établissements Bollec Ligue de l’enseignement d'Ille-et-Vilaine • COORDINATION ARTISTIQUE : Les Établissements Bollec • COMITÉ RÉDACTIONNEL : Barbara Bettina Elène Ines Xavi Dominique Kamel Mina Ata 22 Sisi Fatou Charlotte Samia • INTERVENANTS : Audrey Guiller Agathe Halais Alain Faure Delphine Marie Louis Colette David • PARTENAIRES : SPIP 35 Ligue de l'enseignement d'Ille-et-Vilaine Centre pénitentiaire des femmes de Rennes Fondation M6 Fondation Agir Sa Vie Fondation La Poste Fondation de France Transmission et Fraternité Le Géant des Beaux-Arts • REMERCIEMENTS : Marina Carrère d'Encausse Le Refuge Olivier Coldefy Julien Salingue Sylvie Couvert Delphine Froc Anne-Marie Leguerrier Annick Berthelot Charlotte Desmousseaux Charlène Guinoiseau-Ferré Marie-Annick Marion Anne-Héloïse Botrel-Kerdreux Mickaël Marellec Pierre-François Lebrun La médiathèque Les surveillantes du bâtiment J Merci à tous ceux qui nous ont généreusement apporté leurs compétences pour la réalisation de ce numéro. Illustration Fond Couv : freepik.com Imprimerie Chat Noir - Rennes

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Bullez tout l'été ! Je me souviens de l'été. Je me souviens de partir à la plage en vélo avec mon frère dans ma roue. Nous avions huit kilomètres à parcourir avant de pouvoir sauter dans les vagues. Nous allions à la plage de la Comtesse à Saint-Quay-Portrieux, endroit idéal pour aller explorer les rochers et pêcher des crevettes. Je me souviens d'être rentré en faisant la course, me prenant pour Lucien Van Impe, le petit grimpeur belge, imaginant que les hautes herbes étaient une foule compacte placée le long de la route et venue m'encourager dans mon échappée solitaire. Je me souviens que nous arrivions pour suivre l'arrivée de l'étape du jour sur la vieille télévision noir et blanc. Ma grand-mère nous avait fait un quatre-quarts pour le goûter. Des mouches agonisaient dans le ruban collant accroché au plafond. Je me souviens que nous prenions bien soin de noter le vainqueur de l'étape, les porteurs de maillots jaune, vert et à pois sur la carte offerte par Le Télégramme de Brest. Je me souviens qu'ensuite nous filions courir dans les bois, dans les champs fraichement moissonnés, que nous construisions des cabanes dans lesquelles nous inventions mille aventures. Je me souviens, que, le soir fourbus, nous nous couchions avec du sable entre les doigts de pieds et de gros coups de soleil sur le dos. Ce projet est ouvert à toutes, n'hésitez pas à venir rejoindre l'équipe pour nous proposer vos idées d'articles et d'illustrations. Citad'elles est un projet mené conjointement par le SPIP 35, la Ligue de l'enseignement d'Ille-et-Vilaine et l'association rennaise les établissements Bollec. Il n'existerait pas sans le soutien de nos partenaires privés que nous remercions au passage. Tous les numéros de Citad'elles sont également lisibles gratuitement sur le site etablissementsbollec.com Alain Faure, coordinateur du projet.


Sommaire Rencontre

Marina Carrère d'Encausse............................................................. p.4

Société

L'homophobie abîme les jeunes ................................................... p.7

Psycho

Le CNE, ce n'est pas du temps perdu......................................... p.10 Le respect, une question de point de vue ?................................ p.12 Curatelle, tutelle, ce qui coince dans le système....................... p.14

Ailleurs

Israël-Palestine, les clés pour comprendre 70 ans de guerre.... p.16 Tout ce que t'offre le Japon.......................................................... p.20

Cuisine

Un maître mot : la gourmandise................................................... p.30

Santé

Apprendre à vivre avec le diabète................................................ P.34

Écriture

Quel plaisir d'ouvrir une lettre ..................................................... p.36 Le milieu du livre, un monde féminin ? ....................................... p.38

Zoologie

Avant que les rhinocéros ne disparaissent ................................. p.42

Histoire

Sous les pavés, mai 68 ................................................................. p.45 Expression libre ............................................................................ p.49

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rencontre

Marina Carrère d'Encausse Marina Carrère d'Encausse s'est déplacée au CPF pour nous répondre. Nous avons rencontré une belle personne qui sait reconnaître ses fragilités, qui se mobilise pour le droit et le respect des patients et qui a choisi de parler d'une femme détenue dans son dernier roman. Par Bettina, Samia et Barbara Citad'elles : Marina, tout le monde vous connaît comme animatrice du Magazine de la santé, sur France 5, avec Michel Cymes. Mais tous les spectateurs ne savent pas que vous êtes médecin. Marina Carrère d'Encausse : En effet, je suis médecin. J'ai exercé une dizaine d'années en tant qu'échographe, dans un dispensaire dans le 92 et dans un h ô p i t a l d ’ I s sy- l e s Moulineaux. J'ai aussi été experte auprès des tribunaux, pour évaluer les dommages subis par des victimes d'accidents sur la voie publique. C o m m e j e m e tt a i s souvent le maximum des cœfficients pour que les victimes soient bien indemnisées, la compagnie d'assurance m'a virée ! Mais avant cela, ma carrière a été très influencée par l'accident de voiture que j'ai subi à 24 ans. J'ai été dans le coma, puis longtemps hospitalisée. C'est très utile de vivre un tel accident quand on s'apprête à être médecin. Pendant des mois, j'ai été immobilisée, à la merci de tout, complètement dépendante des équipes soignantes. J'ai réalisé ce que c'était d'être victime : l'absence de pudeur, de respect, de délicatesse, de prise en compte de

la douleur. Ça rend très humble. C'est pour cela que je prône le respect total des victimes et que le droit des patients m'intéresse. Quand un patient dit qu'il a mal, il faut qu'on le croit. J'ai aussi eu l'occasion de rencontrer beaucoup d'aide-soignants et d'infirmières qui font un boulot extraordinaire. Je me rappelle une infirmière, qui venait le soir juste pour me faire un petit

de la maladie, apprennent à d'autres malades les bons gestes, les bons réflexes et automatismes. Les médecins, eux, ne savent pas ce que c'est que de vivre telle ou telle maladie au quotidien. Il faut aussi davantage d'intimité pour les patients hospitalisés : par exemple que les soignants et les médecins frappent aux portes avant d'entrer. Je crois aussi aux les médecines parallèles. Elles ne doivent pas exclure la médecine classique. J'ai vu des jeunes femmes mourir d'un cancer car elle ont été traitées par des "plantes" plutôt qu'avec une chimio et ça me fait hurler. Mais il y a des études qui montrent que les magnétiseurs et les radiesthésistes aident les patients à supporter une chimio et aller au bout. Tout ce qui soulage et aide les patients est bon à prendre. Les médecines alternatives, c'est peut-être compliqué à entendre pour un vieux médecin cartésien. Les jeunes médecins, eux, ont conscience qu'ils ne peuvent pas tout soigner, pas tout soulager. Ils sont plus humbles et donc plus ouverts.

"Je pense souvent aux femmes détenues" massage du dos. Le geste, dans l'état où j'étais, était inestimable. Ces gens qui prennent la peine de vous soulager, avec un sourire, ça change tout. J'ai reçu la légion d'honneur pour mon combat en faveur du droit des patients. Je crois fermement qu'aujourd'hui, les patients ne peuvent plus être des cobayes qui ne font que prendre des médicaments. Ils s'informent sur leur maladie, sur leurs traitements. Il faut reconnaître leurs compétences. L'exemple des "patients experts" est très inspirant : ce sont des patients qui, par leur expérience

Etre passé très près de la mort, qu'estce que ça fait ?

Quand je serai grande, je serai... Écrivaine Après avoir défini le genre (romans, essais, théâtre) et le sujet de son livre, l'écrivaine se documente, réalise des enquêtes et se confronte au réel pour que son livre soit crédible et que le lecteur puisse s'identifier aux personnages. 4 - CITAD’ELLES N°17


C'est compliqué à gérer, après. D'un côté, on devient exigeant sur la qualité des moments. Je ne supporte plus de gâcher des moments importants. De l'autre, on mesure combien on est gâté par la vie, on retrouve la valeur de se réveiller chaque matin. Je le dis à mes enfants : remerciez tous les matins d'être en vie, en bonne santé, dans un pays en paix. Il faut être conscient de cela pour pouvoir aider les autres. C : Vous avez commencé votre carrière télé au Disney Club... On en parle ou c'est tabou ? MCE : Ah, ah ! Eh oui, j'ai commencé la télé au Disney club, en 1990. J'expliquais la santé aux enfants : ce qu'est un vaccin, par exemple. C'était un super exercice, pas simple du tout. Sur le plateau, il y avait des gamins très curieux et avides d'apprendre. Ils avaient des questions très pertinentes. Ça a été

très instructif. J'interviens toujours dans des écoles. Je trouve que les gamins sont bluffants. Mais c'est une génération qui n'a pas bien évolué en ce qui concerne l'éducation à la sexualité, à cause de ce qu'ils voient sur Internet, notamment le porno. Et certains parents n'osent pas aborder le sujet. J'ai fait un documentaire sur la prostitution des jeunes filles. Je me suis rendu compte que certains jeunes avaient des notions surréalistes : c'était normal pour eux d'envisager une fellation en échange d'un téléphone portable. Les filles ne considèrent pas ça comme un acte sexuel. Quand elles s'en rendent compte après, c'est dramatique pour elles. Il faut qu'elles comprennent que tout acte sexuel doit être fait par volonté et par plaisir, et pour rien d'autre.

en moi. Je n'en ai aucune. J'ai passé mon temps à vouloir tout éviter, tellement je me sens nulle. Je ne me regarde pas dans les miroirs. Je ne me suis jamais aimée, ça ne s'arrange pas avec le temps. Même en médecine, après mes études, je me suis toujours dit que j'étais une usurpatrice. Que je ne méritais rien de ce qui m'arrivait. Pourquoi ? C'est certainement lié à une enfance compliquée. Psychologiquement, c'est difficile d'avancer quand on ressent cela. Mais je me botte les fesses depuis toujours. Et puis j'ai une mère qui nous a toujours tirés vers le haut. Il nous était interdit de nous reposer sur nos lauriers. Il fallait réussir, persévérer. Je voulais être indépendante et je ne pouvais

C : Quel est le plus gros obstacle que vous avez eu à surmonter ? MCE : Mon manque de confiance

Formation : 2 ans d'études en classes préparatoires littéraires ou 3 ans d'études pour préparer une licence de langues, littératures, civilisations étrangères et régionales (LLCER), de lettres, de philosophie... Ces diplômes peuvent être complétés par un master (2 ans).

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rencontre

pas être la seule à ne pas réussir dans ma famille. Ecrire des romans m'aide à surmonter tout cela. La télévision, c'est un travail d'équipe, c'est confortable. Mais quand j'écris, je suis seule face aux pages. C'est la première fois que je prends tant de risques. Et donc que je suis fière de moi. C : Vous avez écrit deux romans aux éditions Anne Carrière : Une femme blessée et Une femme entre deux mondes, qui parle d'une femme détenue. Pourquoi vous intéresser à l'univers carcéral ? MCE : Je suis venue parler de mon premier roman, Une femme blessée, à Fleury-Mérogis. Ça a été une journée étonnante, enrichissante. Cette visite fait partie des choses les plus intenses que j'ai vécues. Je pense souvent aux femmes détenues. Je sais que beaucoup d'entre elles écrivent et lisent et j'espère que ça les aide. Je suis persuadée que ça fait réfléchir, ça fait grandir. Plusieurs détenues m'ont écrit à la suite de cet échange, certaines des lettre très fortes. Je me suis tout de suite dit que mon roman suivant parlerait de femmes en détention. Dans ce roman, j'émets l'idée qu'on n'est pas plus libre à l'extérieur qu'en prison. Dehors, on peut être enfermé dans des souffrances, des peurs, des désirs. Dans mon histoire c'est la femme détenue, qui est psychanalyste, qui fait avancer l'autre dans son chemin. C : Votre personnage de détenue semble ne pas réussir à se pardonner. Pensezvous que ce soit impossible ? MCE : Pas du tout. Je pense que le pardon et la résilience sont possibles en prison. Il faut savoir se pardonner soi-même. Partout, pas qu'en prison. Car il y a des gens coupables hors de prison aussi. Quand j'ai commencé à écrire mon roman, je n'avais aucune idée de la fin. Je ne sais pas écrire en sachant

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ce qui va se passer. Je n'y peux rien. Je pars avec une idée initiale, mais mes mains font autre chose : je tape autre chose. Les personnages évoluent par eux-mêmes. Dans la réalité, je crois que chacun a le droit et la capacité d'accepter les aléas de la vie. La vie, la société, font vivre des choses injustes. Et parfois, à la souffrance, on répond en causant d'autres souffrances. Je pense par exemple à la situation terrible des femmes victimes de violence conjugales qui sont en prison car elles se sont retournées contre leur agresseur. Qu'elles soient condamnées est légitime. Il faut une justice, il faut une peine. Mais

elles ont déjà tellement payé avant ! Que fait-on de leur souffrance ? Dans les prisons de femmes, j'ai entendu beaucoup d'histoires de femmes victimes de viols, de coups. J'ai l'impression que beaucoup de femmes détenues se sont retrouvées là à cause d'accidents de vie, après des parcours parsemés d'embûches. Les femmes paient ce tribut plus que les hommes. C'est un autre aspect de l'inégalité entre les hommes et les femmes que je croise à un autre niveau, dans mon travail. À la télé, pour le même boulot, le même poste, on est payées deux fois moins que les hommes et on doit bosser plus. La tendance des femmes, c'est d'être sérieuses et perfectionnistes. Les hommes le savent. Alors ils se relâchent d'autant plus et laissent les femmes faire le boulot. Et dans plein d'émissions, les femmes

servent juste à montrer leurs jambes et à sourire. Ça m'horripile qu'on prenne des filles intelligentes et compétentes pour des potiches. C : Quel est votre rêve ? Quels sont vos projets ? MCE : Mon plus grand rêve était d'avoir des enfants : je l'ai réalisé et je suis très fière d'eux. Pour le futur, j'ai des projets. J'ai un projet d'adaptation de mes romans pour la télévision. Je vais aussi me remettre à écrire quelque chose de nouveau à la fin de l'été. Et puis j 'ai un projet d'émission télé littéraire, complètement différent de ce qui existe. Ça sera pour les gens qui ne lisent pas, qui se sentent incultes, qui disent qu'ils ne sont pas intelligents, qui n'ont pas le fric d'acheter les livres à leur sortie. Je veux aussi faire parler les gens qui lisent, pas seulement ceux qui écrivent. Je ne supporte pas le mépris de certaines personnes qui disent par exemple Guillaume Mu s s o n ' e s t p a s u n écrivain. Un écrivain, c'est quelqu'un qui donne du plaisir à un lecteur, et il y arrive très bien.

BioExpress Marina Carrère d'Encausse, née le 9 octobre 1961 à Paris, est échographiste, écrivaine, journaliste et animatrice de télévision et de radio française. Elle devient chroniqueuse santé dans l'émission Le Club Disney sur TF1. Ses interventions étant de qualité, elle est par la suite recrutée par France 3 pour l'émission Parole d'expert. En 1989, elle écrit pour Santé magazine, Femme actuelle et Téléstar, toujours dans la rubrique santé. Depuis 2004, elle co-anime Le Magazine de la santé, sur France 5, avec le médecin spécialiste en ORL Michel Cymes. Depuis 2014, elle présente l'émission de débat, Le Monde en Face, diffusée le mardi soir sur France 5.


société

L’homophobie abîme les jeunes Trop de jeunes homosexuels sont rejetés par la société et par leur famille. Le Refuge est l'une des associations qui les aident, notamment en les hébergeant. Par Kamel situations quelquefois jamais évoquées.

Frédéric Gal est directeur général du Refuge. Citad'elles : Quand Le Refuge a-t-il été créé ? Frédéric Gal : En 2003, a f i n d e p re n d re e n charge la question de l ’ h o m o s ex u a l i t é o u la problématique de l’homophobie subie par ces jeunes : que ce soit l’homophobie extérieure ou intériorisée. L'association fournit un hébergement temporaire, un accompagnement social et psychologique ainsi qu’une réinsertion socio-professionnelle. Nous intervenons aussi, dans une démarche de prévention, auprès des publics scolaires, professionnels et en milieu carcéral. C : Pourquoi ces jeunes ont-ils besoin d'aide ? FG : Ils arrivent chez nous après avoir été rejetés de leur famille à cause de l’annonce de leur homosexualité. Certains sont dans un mal-être lié à leur propre homosexualité (difficultés d’acceptation) ou à leur difficulté de s’insérer d’un point de vue culturel ou religieux. Au Refuge, ils nous racontent leur parcours, souvent empreint d'une grande violence. Nous essayons de

proposer un dialogue avec les parents lorsque celui-ci est possible, avec l’aide d'un intermédiaire. Nous faisons éventuellement appel à des membres de l'association Contact, spécialisée dans ce dialogue parents-enfants. C : Logez-vous les jeunes qui font appel à vous ? FG : Le Refuge est une organisation semblable à un lieu de vie à l’aspect familial. La colocation permet aux jeunes de partager un espace de vie, de parler ou simplement de sentir une présence. C’est un cadre rassurant, qui comporte aussi certaines règles. Des groupes de parole sont organisés pour mettre des mots sur des ressentis, des

C : Qu’est-ce qui est dur à vivre pour eux ? FG : L’homosexualité, dans la société est parfois mal perçue, car hors de la norme hétérosexuelle. Beaucoup de gens ne peuvent concevoir que deux personnes de même sexe puissent s'aimer. Les religions aussi y sont hostiles : elles considèrent l'homosexualité comme un péché impardonnable. Les jeunes qui arrivent au Refuge sont souvent déstructurés et n'ont bien souvent pas de repères éducatifs ou sociétaux. Ils ont été rejetés et les conséquences du rejet sont diverses : conduites addictives (alcoolisme, toxicomanie...), prises de risques diverses, scarification, prostitution, tentatives de suicide. Il faut qu’ils apprennent un tout autre schéma, qu’ils défassent ce qu'ils ont construit. C : Qu’est-ce qui les aide à s’accepter ? FG : Mettre des mots sur des situations est rassurant. Nommer ses peurs, ses doutes, ses projets est important. Il ne s’agit pas de chercher un « coupable » ou un «responsable » de cette situation, mais bien de laisser s'exprimer le jeune sur son vécu.

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société

C : Les jeunes bénéficient-ils d’un suivi psy dans l’association ? FG : Je citerai Isabelle Choillet, notre psychologue à Montpellier : « La présence régulière du psychologue offre aux jeunes un repère différent. Même s’ils vivent en collectivité, ces jeunes éprouvent quelquefois un grand isolement compte-tenu de leur histoire personnelle et de la difficulté de s’en sortir. Le jugement lié à la religion, au poids des habitudes familiales ou à celui des clans (gitans, jeunes de quartiers sensibles) les met souvent dans une solitude et une perte d’estime de soi qu’il est difficile de récupérer. Ils sont obligés de devoir faire leur vie ailleurs : ce qui n’est pas forcément facile à vivre. Pour pallier cela, ils s’attachent très vite à quelqu'un de manière à ne pas se retrouver seul et du coup, ils se mettent dans des dispositions qui ne leur sont pas favorables. Dans les séances de thérapie, il est important qu’ils prennent conscience de leurs réactions, pour comprendre leur comportement et avoir un regard un peu plus critique. Ils retrouveront peut-être ainsi un sens à leur vie."

France, les tentatives de suicide sont la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans, notamment chez les hommes. Cette « sursuicidabilité était due à l’image dévalorisante de l’homosexualité au sein de la famille ou à l’école, qui produit des effets désastreux sur la construction personnelle», indique le sociologue Eric Verdier. «Beaucoup ont intériorisé l’homophobie à laquelle ils ont été confrontés tout petits à travers les insultes ou les blagues

visant les homosexuels». Pour enrayer cette dévalorisation, il faut un encadrement efficace effectué par des bénévoles spécialement formés.

C : Que dire à des gens encore ouvertement homophobes ? F G : D ’ a b o rd , ce ne sont pas des homophobes, mais des gens ayant des comportements homophobes, ce q u i n’ e s t p a s l a même chose. Je leur dirais « Venez donc nous rencontrer » ! Pourquoi sont-ils homophobes ? Se rendent-ils compte que l’homosexualité est vue différemment dans d’autres cultures ? Que, contrairement à ce que l’on avance souvent comme argument, l’homosexualité n’est pas contre-nature ? Elle est présente dans de nombreuses espèces animales. Voir les études du sociologue Bruce Bagemihl (Biological exuberance: a n i m a l h o m o s ex u a l i ty a n d natural diversity), ou de Fleur Dau gey ( A n i m au x h o m o s ) . L’homosexualité existe bel et bien dans la nature ! Par contre, ce qui n’y existe pas, c’est…l’homophobie ! Les animaux ne se rejettent pas pour raison de comportements homosexuels. Les gens pourraient y réfléchir ?

C : Que conseiller à un jeune qui pense au suicide ? FG : Qu’il parle, qu’il n’hésite pas à rencontrer du monde : il n’est pas seul. Il peut contacter des associations, des lignes d’écoute (2). Il faut oser faire le premier pas pour « mettre des mots sur des maux », pour citer Sigmund Freud. Les jeunes ne sont pas coupables : ils sont simplement et naturellement (1) Ce témoignage a été publié sur le site eux-mêmes. Internet du Refuge. www.le-refuge.org.

C : Certains jeunes vont jusqu’à se suicider… FG : Le geste suicidaire est le résultat de plusieurs facteurs : climat familial, difficultés professionnelles, psychologie… Une étude épidémiologique parue en septembre 2005 révélait que sur un échantillon de 993 hommes âgés de 16 à 39 ans, les jeunes homosexuels avaient treize fois plus de risques C : Les actes homophobes sont-ils en de faire une tentative de suicide hausse ? que des jeunes hétérosexuels. En F G : L e s r a p p o r t s d e S O S

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H o m o p h o b i e e t d u Re f u ge constatent des hausses très claires (voir encadré). L'homophobie est de plus en plus apparente. Ces actes sont recensés parce qu’ils ont été dénoncés, qu’une plainte a été déposée. C’est la partie immergée de l’iceberg : beaucoup de victimes ne souhaitent pas poursuivre en justice.

(2) La ligne d'écoute SOS homophobie 01.48.06.42.41 assure un service d'écoute téléphonique nationale pour les personnes victimes ou témoins.


Insultes et agressions en hausse. Dans son rapport annuel, l'association SOS Homophobie note une nette augmentation des actes homophobes et transphobes (+ 4,8%) avec 1 650 témoignages reçus en 2017, contre 1 575 en 2016. Il s'agit le plus fréquemment d'insultes, de menaces, de harcèlement et d'agressions physiques. Ces chiffres "très préoccupants montrent l'ancrage et la persistance des LGBTphobies dans la société française", souligne le rapport.

Le Refuge, dont le siège

est implanté à Montpellier, compte dix-huit délégations qui gèrent des hébergements temporaires et l'accompagnement des jeunes. Ces délégations sont basées à Avignon, Bastia, Besançon, Bordeaux, Cayenne (Guyane), Grenoble, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nice, Paris, Perpignan, Rennes, Saint-Denis (Réunion), Strasbourg, Toulouse.

Gildas, 18 ans (Réfugié au Refuge) (1) "Un jour je suis allé sur Facebook, j'ai découvert un message de ma mère, à qui je ne parlais plus depuis plus de 3 ans : « Quelqu'un m'a dit qu'il t'avait croisé avec un mec, apparemment vous vous teniez la main. Si tu avais été éduqué par moi, tu ne serais jamais devenu "PD", tu es la honte de la famille. Tu peux dire que je n'ai pas été une bonne mère, mais alors toi, tu es un "PD". Il faut vraiment que tu ailles en psychiatrie mon fils, tu es un malade mental. Ta grand-mère t'aurait tué si elle était encore vivante. Tu mérites d'aller te faire violer en prison, tu apprendrais ce qu'est la vie. Tu n'es plus mon fils, je te renie. Ne viens même pas sur ma tombe quand je serais morte, je ne veux pas d'un fils "PD". Toute la famille te reniera, tu mérites de crever en enfer ». Quand je suis rentré chez moi, je me suis effondré. Je n'ai pas osé en parler à ma famille d'accueil car j'avais peur de leur réaction. Avec cette famille d'accueil, je m'entendais bien : j'étais arrivé chez elle à l'âge de 1 an et demi. Ils étaient comme mes parents, ils m'avaient soutenu quand j'ai été opéré du cœur, soutenu quand ma mère m'a laissé tomber pendant plus de 1 an et demi pour aller voir ses copains... Je ne voulais pas que ma famille d’accueil soit au courant car quand ils regardaient des reportages ou autres dans lesquelles il y avait des homosexuels, ils disaient « Regarde-les, les « PD », c’est honteux ». Mais lorsque ma meilleure amie, qui était excédée par le comportement autoritaire de ma famille d'accueil, leur annonça que j'étais homo, ça a changé d'un coup : je devais rester dans ma chambre quand je rentrais du lycée, je devais manger en 5 minutes et remonter aussitôt, je devais rentrer le mercredi après-midi à pied car ils ne voulaient pas venir me chercher, je devais passer mes week-ends hors de chez eux parce qu'ils voulaient être tranquilles... À chaque fois qu'ils parlaient des homosexuels à la télé, j'avais le droit aux insultes : « sale race », « que des "PD", ils n'ont qu’à s'enculer ! ». Je devais toujours laver mon linge à part, je n'avais plus le droit de passer un peu de temps avec les petits, je ne devais pas toucher le bébé. Au début, je ne disais rien, pensant que ça passerait. Mais au bout d'un mois, ça me démangeait, alors j'ai commencé à leur répondre. En décembre 2012, j'ai été convoqué par mon éducatrice qui m'a annoncé que ma famille d’accueil ne voulait plus de moi et qu'ils me laissaient une semaine pour partir et trouver quelque chose. Le 6 janvier 2014, j'ai pris mon envol, grâce au Refuge. Depuis ce jour, je me sens bien dans ma vie, et surtout, j'ai une famille que j'adore : le Refuge. Qui sera toujours là pour moi, et moi, je serai toujours là pour eux."

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psycho

Le CNE,

ce n'est pas du temps perdu Ce n'est pas un diplôme Le CNE (Centre National d’Évaluation) a été créé en 1950. C’est un lieu où sont évalués les détenus, la plupart du temps à mipeine. Une session au CNE dure six semaines. Il existe trois centres habilités en France : Fresne, Réau et Sequedin. Des sessions spéciales sont consacrées aux femmes détenues. L’évaluation globale des détenus consiste en une alternance de rendez-vous qui permettent de faire le point sur l’évolution globale de la personne (parcours, expertise psychologique, comportement, formation). Il s’agit d’évaluer la dangerosité du détenu. "Ce n’est pas un diplôme, il ne donne pas un droit de sortie obligatoire", rappelle

Olivier Coldefy, psychologue expert. Olivier est membre d’une CPMS (Commission pluridisciplinaire de mesure de sureté) qui intervient dans des CNE. Formée de 6 personnes, cette commission donne un avis consultatif et non décisionnaire. C’est le JAP (Juge d’application des peines) qui prendra la décision finale et décidera d’un aménagement de peine ou d’une éventuelle remise en liberté. Généralement, il suit l’avis de la CPMS. La validité d’un CNE est de deux ans. Plusieurs experts s'intéressent à un.e détenu.e L’expertise s’articule autour de quatre pôles : surveillance dans l’établissement, pôle Spip, p ô l e p syc h o l o g i q u e e t p ô l e

psychotechnique. On retrace notamment le parcours carcéral de la personne : les établissements qu’elle a fréquentés et les motifs des transferts, ses antécédents d i s c i p l i n a i re s , l e s p é r i o d e s d’isolement, les hospitalisations sous contrainte, les épisodes d’agressivité et son projet de réinsertion. "Ce qui intéresse avant tout les experts, c’est l’évolution de la personne par rapport aux faits qu’elle a commis." Même à mi-peine, certains détenus sont encore remplis de colère. Elle permet d’avoir une approche individuelle. "L’important, c’est qu’on voit les gens au cas par cas, poursuit Olivier Coldefy. On se rend compte que chacun évolue différemment pendant sa détention. Sur trois personnes condamnées pour des

Quand je serai grande, je serai... Psychologue Elle reçoit des particuliers, des employés ou des patients pour détecter leurs blocages psychologiques, troubles du comportement ou leurs problèmes d'adaptation.

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Le CNE, Centre national d'évaluation, est né dans les années 1950. Son but est d'observer les détenus condamnés à des longues peines pour les orienter ou évaluer leur dangerosité avant leur sortie. Les détenus le critiquent. Pour Olivier Coldefy, psychologue, c'est pourtant un bel outil. Par Mina, Sisi, Ata 22, Fatou.

faits similaires, on voit des réactions très différentes. A mi-peine, une n’aura pas changé et restera toujours potentiellement dangereuse, une autre aura déprimé, la dernière aura assumé sa peine et se sera apaisée". Berner les experts ? Une illusion... Pe n d a n t l e s s i x s e m a i n e s , les détenus sont observés en permanence par des surveillants formés spécialement pour ça. Les échanges entre détenus ainsi qu’avec le personnel pénitentiaire sont scrutés au quotidien. Les détenus qui pensent pouvoir dire aux experts ce qu'ils attendent ne se rendent pas compte que toute leur façon d'être est analysée. C'est aussi pour cette raison que les experts tiennent à les voir dans un univers

différents de celui de leur détention habituelle. "Il y a du stress, c’est normal. Le but, ce n’est pas de casser les gens, mais de les évaluer. Tout le monde est soumis aux mêmes tests, indépendamment des crimes, des faits. Un CNE ne se prépare pas, mais il ne faut pas y aller en se moquant de tout. Par exemple, dans sa première semaine de CNE, un détenu a été pris avec un téléphone portable : cela montre qu’il refuse de se plier aux règles". Un projet de sortie, pas forcément un CDI Pour Olivier Coldefy, il est préférable de demander volontairement un passage au CNE. Cela permet de montrer ses bonnes intentions et sa motivation, ce qui est généralement très apprécié par

les juges d’application des peines. Il faut aussi que cette démarche soit accompagnée d’un projet de sortie déjà bien avancé : projet professionnel, formation, mais il n’est pas nécessaire d’avoir un CDI à la sortie. Quelques semaines après le séjour au CNE, le détenu reçoit l’avis du CPMS par courrier recommandé. Si l’avis est négatif, les motifs sont précisés. Depuis quelques temps, certains magistrats veulent supprimer le CNE car cela coûte cher. Olivier Coldefy est résolument contre : "J’estime que le CNE est un bel outil. Cela montre que chaque personne a le droit d’évoluer et de changer".

de rédactrices "À quoi ça sert d’aller m’emm…er six semaines en CNE ? C’est beaucoup trop long ! " "Le CNE, c’est une mascarade. On n’a qu’à dire aux experts ce qu’ils ont envie d'entendre. Peut-on vraiment évaluer la dangerosité, prévenir la récidive ? Ils font ça simplement pour se couvrir en cas de pépin." "Pourquoi ne peut-on pas faire le CNE là où on est déjà détenu ? Pourquoi pas par visio-conférence ? C'est beaucoup de temps perdu."

Grâce à son écoute attentive et diverses techniques, elle les aide à préserver ou retrouver leur bien-être et une certaine qualité de vie. Formation : 5 ans d’études pour obtenir un master en psychologie.

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psycho

Le respect,

une question de point de vue ? Le respect, chacun l'attend de l'autre. Mais les uns et les autres, en avonsnous la même vision ? Interview croisée de détenues et de surveillantes qui donnent leur définition du respect. Par Fatou Pour vous c'est quoi, le respect ?

Surveillante n°1 : Respecter quelqu'un, c'est bien lui parler et le laisser parler. C'est accepter sa personnalité, sa religion, ou sa façon de manger. Surveillante n°2 : Le respect, c’est une relation positive entre deux personnes, c’est le fait de prendre en considération la personne en face de soi.

Pour vous c'est quoi, le respect ?

Elene : Le respect, ça passe d’abord par des formules de politesse : merci, bonjour, s’il vous plait. Beaucoup de jeunes détenues ont du respect par rapport à mon âge. Respecter quelqu’un, c’est respecter ses idées, sa façon de penser. Mais pas forcément adhérer à ce qu’il dit. Anaïs : C'est les bases de la politesse (merci, si vous plait, au revoir). C'est aussi primordial pour communiquer. Sans respect on n’obtient pas grand-chose. Fatou : Le respect, c’est dire bonjour et surtout accepter l’autre comme elle est, quels que soient sa différence ou son handicap.

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Qu'est-ce que le respect entre détenue et surveillante ?

Surveillante n°1 : Bien se parler, utiliser le vouvoiement pour garder des distances, s'écouter mutuellement, savoir entendre les arguments de l'autre. Surveillante n°2 : ça passe par la politesse, l’écoute de l’autre, même si on n’est pas du même avis.

Qu'est-ce que le respect entre détenue et surveillante ? Elene : Déjà, la détenue vis-à-vis de la surveillante, c’est respecter son statut, ses missions. Elle est là pour mettre des barrières : pas mettre la musique trop fort, éviter

les conflits entre détenues. Et puis même si la détenue a raison, il faut respecter la hiérarchie pour ne pas avoir de problème. Si tu respectes une surveillante, automatiquement, elle te respecte. Si tu ne le fais pas, elle te prend en grippe. Plus tu te fais remarquer par ton manque de respect, moins tu es respectée par les surveillantes. Elle ne le disent pas clairement, mais elles te le font comprendre. Une surveillante doit respecter une détenue car malgré la raison pour laquelle on est là, on n’est pas qu’un numéro d’écrou. Anaïs : Il faut un minimum de respect vis à vis des surveillantes, parce qu’on a besoin d'elles. Fatou : Si l'une dit bonjour, l'autre répond bonjour : ça va dans les deux sens.


Avez-vous déjà manqué de respect à une détenue? Ou été témoin de cela ?

Surveillante n°1 : Je ne suis pas une machine. Il m'arrive de ne pas être d’accord avec une détenue. Mais je ne la juge pas. J’ai vu des collègues manquer de respect. Surtout une. Je la laisse. Si ça allait trop loin, j'interviendrais. Surveillante n°2 : Le respect se fait de plus en plus rare en détention, comme à l’extérieur. On est de moins en moins à l'écoute. On nous ment. Je trouve que les discussions, les échanges entre personnel et détenues sont de plus en plus limités.

Avez-vous déjà manqué de respect à une surveillante ? Ou été témoin de cela ?

Elene : Une fois j’ai été agressive avec une détenue. La surveillante est intervenue, je l’ai insultée, mise plus bas que terre. Je lui ai manqué de respect. J’ai été changée de division. On m’a demandé de faire des excuses à la surveillante. Je ne voulais pas. Puis je me suis retrouvée avec elle et là je lui ai présenté mes excuses. Elle m’a répondu : "Madame, ça se serait passé

dehors, je vous aurais mis KO. M'a-telle respectée ? En tout cas, elle s’est retenue, car elle était dans le cadre professionnel." Anaïs : J'ai déjà vu ça. Si je trouve que la colère de ma collègue est justifiable, je ne m'en mêle pas. Mais je n’attendrai pas qu'elles se tapent dessus. F a t o u : To u t d é p e n d d e s circonstances.

Une détenue vous a-t-elle déjà manqué de respect ?

Surveillante n°1 : Oui, la détenue était en colère, car elle n’était pas contente de la réponse que je lui ai apportais liée au règlement. En règle générale, je garde mon calme ou j'essaie de parler comme la détenue, mais calmement. Surveillante n°2 : Certaines ne disent pas les mots élémentaires de la politesse. Je réagis soit par l’ignorance, soit avec un grand sourire.

Une surveillante vous a-t-elle déjà manqué de respect ?

Elene : Non. Une nous a insultées, une fois. On a été choquées. On lui a demandé de baisser d’un ton car on ne l’avait pas agressée, mais elle est

restée campée sur ses positions. Que les autres détenues me manquent de respect, c’est beaucoup plus fréquent, malheureusement. Anaïs : Oui. J'ai très mal réagi. J’ai fini au mitard Fatou : Oui on m’a déjà manque de respect. Je suis allée voir le chef et vu que personne n'a réagi, j’ai écrit au droit de l’homme et ils m'ont dit qu' il fallait que j’écrive à une autre personne .

Quelque chose à ajouter ?

Surveillante n°1 : Le respect, c'est la base de toute civilisation humaine. Surveillante n°2 : Le respect est basé sur plusieurs choses : l’éducation, la politesse, l’honnêteté, l’équité. Tout ce qui met les deux personnes sur un pied d’égalité.

Quelque chose à ajouter ?

Elene : Cet article sur le respect va faire réfléchir certaines. Idéalement, avec plus de respect, personne ne se fait remarquer, il y a moins de conflits et le quotidien fonctionne mieux. Anaïs : Sans respect, le monde serait plus triste car personne n'aurait de limite. Mais souvent, ce respect manque. Ici, j’ai appris à respecter les personnes qui étaient aussi respectueuses envers moi. Fatou : Depuis que je suis ici, je suis plus polie je pense. Pour moi, le respect idéal serait qu'on se considère tous pareils, au même niveau.

CITAD’ELLES N°17 - 13


psycho

Curatelle, tutelle :

ce qui coince dans le système

Mesures de protection des personnes dites vulnérables, les tutelles et curatelles ont de gros avantages pour les gens qui ne peuvent pas gérer leurs biens seuls. Mais aussi des inconvénients sur lesquels nous levons les tabous. Par Elene Qu'est-ce qu'une tutelle ou une curatelle ? En France, 800 000 personnes sont placées sous tutelle ou sous curatelle. Un chiffre en constante progression. La tutelle est destinée à protéger les intérêts d’une personne dite "vulnérable", c’est-à-dire dont les facultés mentales ou corporelles sont altérées et qui ne peut gérer seule ses biens. La curatelle est une mesure de protection judiciaire. Au sens où seul le juge des tutelles est habilité à prendre la décision de mettre une personne sous curatelle. Un tuteur gère l’argent de poche du majeur protégé, ses moyens de paiement, paye ses factures d’électricité, son loyer ou sa maison de retraite, gère son patrimoine et peut même vendre sa maison. Les tuteurs suivent une formation théorique de dix semaines et dix semaines de stage. La différence entre la tutelle et la curatelle se situe dans le degré de contrainte appliqué aux actions du majeur qui en fait l'objet. La tutelle est la mesure de protection juridique ayant le plus de conséquences sur les actions du majeur protégé. Quel est le problème ? Les escroqueries et les placement sous tutelle abusifs existent. Il y a

aussi des cas de négligences de la part des tuteurs. Certains "oublient" par exemple de donner de l’argent à la personne placée sous leur protection, ou estiment qu’elle n’en a pas besoin. Ces négligences ont parfois des conséquences graves. En 2016, la Cour des comptes a écrit un rapport très sévère : "La protection juridique des majeurs : une réforme ambitieuse, une mise en œuvre défaillante." Elle

constate qu'il n'existe parfois qu'un seul contact par an entre les tuteurs et leurs majeurs. De nombreuses demandes d’ouverture de droits d’allocations chômage ou de pension d’invalidité sont faites avec retard, privant ainsi ces personnes de ressources. Par ailleurs, des négligences sont constatées dans les remboursement de dépenses de santé, avec des impayés ou des retard de paiement d’impôts, de

Quand je serai grande, je serai... Assistante sociale Toujours sur la brèche, elle aide les individus et les familles à faire face à des problèmes divers : chômage, problèmes médicaux, recherche de logement, surendettement, divorce…

14 - CITAD’ELLES N°17


Comment dénoncer une mise sous curatelle abusive ?

Si quelqu'un a demandé une mise sous curatelle vous concernant, vous ne pouvez pas annuler la procédure. En revanche, vous pourrez vous défendre lors de l’audition devant le juge des tutelles et lui expliquer que selon vous, la procédure est abusive. C’est le juge qui a le dernier mot. Si le juge des tutelles accepte la demande de mise sous curatelle, vous disposez d’un délai de 15 jours pour faire appel. Vous pouvez vous faire aider par un avocat en droit de la famille.

loyers, ou de factures d’électricité. Tous les curateurs ou tuteurs ne sont pas des escrocs ni des incompétents ! Mais le fait que la Cour des Comptes s’alarme des dérives montre qu'il y a un véritable problème. Tr o p d e d o s s i e r s , t r o p d'administratif En 2007, le système des tutelles a été réformé. Mais c'est justement la mise en oeuvre de cette réforme sur le terrain, sans moyens suffisants, qui a dégradé la situation. "Les curateurs sont une profession en souffrance", constate un professionnel qui connaît bien le système, mais préfère rester anonyme. "Depuis la réforme, tous les services sont en grande restructuration, il y a des réductions d'effectifs, des financements à la baisse. Le système est devenu très administratif, très

lourd. Les curateurs ont beaucoup plus de dossiers à gérer qu'avant. Ils ne s'en sortent pas". Leur formation n'est plus la même. Avant, c'était des travailleurs sociaux, souvent des éducateurs qui devenaient curateurs. "Maintenant, ce sont plus des juristes qui n'ont pas de formation à l'accompagnement", poursuit-il. Ils ne rencontrent presque plus les personnes sous tutelle. Les dossiers passent par différents filtres : secrétariat, comptabilité, ce qui ralentit tout le processus "Avant, il y avait des rendez-vous, des explications entre le tuteur et la personne sous tutelle. La mesure était mieux comprise donc mieux vécue. Maintenant les malentendus et les lenteurs se multiplient". Ainsi que l'amertume de beaucoup de personnes sous tutelle.

« Pécule insuffisant » "Je suis sous curatelle depuis 2002. Je venais de vendre ma maison. C'est ma sœur qui m'a mise sous curatelle. Si elle n'avait pas fait ça, tout l'argent serait parti comme un feu de paille. A l'époque, l'argent me brûlait les doigts. Avant la détention, je n'ai jamais eu de problème avec cette mise sous curatelle. Ma curatrice était à l'écoute de mes besoins. J'ai pu acheter un frigo, un canapé : elle demandait des devis, on en discutait. Je suis détenue depuis 2009. Et ça fait deux ans que les choses se compliquent. Une fois, pour mon anniversaire, je devais faire une sortie avec ma visiteuse de prison. Mais l'argent que mon tuteur devait mettre sur mon compte pour avoir cette permission de sortie n'est pas arrivé à temps. Pourtant l'argent, je l'avais sur un livret ! Mais il a gardé mon autorisation de prélever l'argent de mon compte pendant trois semaines sur son bureau. Voilà pourquoi l'argent n'est pas arrivé à temps. Quand on a droit à une permission tous les trois mois, en manquer une pour cette raison est démoralisant ! Récemment, après avoir passé des mois très difficiles, je devais sortir en permission à Lourdes pendant une semaine. Ça représentait beaucoup de choses pour moi, pour mon moral et sur le plan religieux. Quelques jours avant le départ, le gradé de la détention m'a fait savoir que je ne partirais pas. Mon tuteur avait encore oublié de créditer 150 euros sur mon compte. Je ne suis pas partie. C'est terrible de toujours devoir attendre, de dépendre des oublis des autres. Parfois, mes achats de nourriture, de tabac de la semaine sont refusés faute d'argent mis sur mon compte. « Pécule insuffisant », me répond-on. Pourtant, cet argent, je l'ai. Parfois, mon tuteur appelle l'agent pour qu'il me crédite "de l'argent de poche" : mais c'est mon argent,et je n'ai pas 5 ans ! Ce n'est pas du superflu pour m'amuser. C'est l'argent dont j'ai besoin pour vivre."

Pour y parvenir, il ne suffit pas de compatir ; il faut surtout être utile et efficace, ce qui implique de collaborer avec des éducateurs, des magistrats et des médecins… Formation : 3 ans pour préparer le DEASS (diplôme d'État d'assistant de service social). ou DUT carrières sociales.

CITAD’ELLES N°17 - 15


ailleurs

Israël-Palestine

Les clés pour comprendre

70 ans de guerre Le conflit entre Israéliens et Palestiniens n'en finit pas. Il suscite de vives réactions et des affrontements idéologiques. Julien Salingue est docteur en science politique, spécialiste de la question palestinienne, et enseigne à l’université Paris 8. ll nous explique (simplement) ce sujet brûlant et complexe. Par Samia Citad'elles : Pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes et les causes de ce conflit? Julien Salingue : Le plus simple est peut-être de commencer par ce que ce conflit n’est pas. Il ne s’agit pas, tout d’abord, d’un conflit entre « deux peuples » qui refuseraient de vivre ensemble pour des raisons de « haine » ou de « cultures incompatibles ». Il ne s’agit pas davantage d’un conflit religieux entre juifs et musulmans. Il s’agit bien d’un conflit politique, dont la racine profonde est la question du contrôle territorial, et donc de la souveraineté. A partir de la seconde moitié du 19e siècle, les juifs considèrent que le développement (bien réel) de l’antisémitisme et de la haine des juifs était la preuve que les populations juives ne pouvaient pas « s’intégrer » dans les sociétés européennes et qu’il fallait donc que les juifs aient leur propre État. D'où la naissance de l’État d’Israël en 1948. Le choix s’est porté sur la Palestine et un mouvement de colonisation s’est mis en place à

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partir de la fin du 19e siècle. Entre 1900 et 1947, la proportion de juifs parmi la population vivant en Palestine est ainsi passée de 5% à 35% environ. Après la Seconde Guerre mondiale, les grandes puissances ont reconnu ce fait accompli. Mais la Palestine n’était pas une terre vide : il y avait des gens qui habitaient là ! Des gens qui, petit à petit, ont vu leurs terres conquises par des colons juifs, soit par des transactions commerciales, soit par la force. Cette dépossession se poursuit aujourd’hui avec la colonisation israélienne et les expulsions de Palestiniens, en Cisjordanie et à Jérusalem. C : Il y a eu diverses tentatives de négociations et d’accords. Pourquoi ontelles échoué ? JS : En 1993-1994, ont été élaborés et rendus publics les accords dits « d’Oslo » entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui était alors reconnue internationalement comme représentante légitime du peuple palestinien. Les accords

d ’ O s l o d e va i e n t o uv r i r u n « processus de paix » et aboutir, au bout de cinq ans (donc en 1999), à un accord de paix définitif. Aujourd’hui, on en est très loin… Dans les « conditions » imposées par les accords d'Oslo, il y avait le fait que la population palestinienne ne se révolte pas, ne s’en prenne pas à l’armée d’occupation toujours présente autour des villes, ni aux colons toujours plus nombreux sur des terres volées aux Palestiniens. En résumé « Arrêtez de lutter pour vos droits, et ils seront peut-être satisfaits ! » Il était évident qu’un tel dispositif n’allait pas pouvoir fonctionner longtemps. C’est ce qui s’est passé avec un soulèvement palestinien en septembre 2000 '(Intifada), une répression violente de l’armée israélienne, des affrontements militaires pendant plusieurs années et, depuis environ dix ans, une situation très instable, avec des affrontements périodiques et un État d’Israël qui refuse de faire la moindre concession. Ce qui n’a pas fonctionné, c’est


Liban

Liban

Liban

Liban

Palestine

Palestine

Palestine Palestine

1946 Mandat Britannique

1947 Plan de partition de l'ONU

1948-1967 Mandat de l'ONU

politiques, une autre génération… Estce que le conflit s’enlise ou se durcit ? JS : Un peu de deux, en réalité : enlisement dans la mesure où nous sommes dans un entredeux depuis environ une dizaine d’années, où l’on ne voit pas de soulèvement massif et coordonné de la population palestinienne, mais où il est évident que l’on n’est pas dans une situation viable, « stabilisable ». Mais aussi durcissement car ceux qui gouvernent aujourd’hui en Israël ne donneront rien aux Palestiniens, bien au contraire : ils ont été élus pour liquider toute revendication palestinienne . On assiste donc à un glissement toujours plus à droite du champ politique israélien. Côté palestinien, il y a une crise historique du mouvement national, que ce soit du côté de l’OLP (Abbas) ou du mouvement islamique Hamas : ils n'ont rien réussi à gagner pour C : 70 ans après, les forces en présence les Palestiniens, ont accepté des ne sont plus les mêmes : de nouveaux compromis et semblent davantage leaders, de nouveaux mouvements préoccupés par le pouvoir que par que l’on a fait passer au second plan les droits des Palestiniens, en espérant qu’ils cesseraient de les revendiquer, mais aussi qu’Israël et les Palestiniens devaient être considérés sur un pied d’égalité, alors qu’Israël est un État, avec des institutions, une économie, une armée, etc., mais que les Palestiniens n’ont à peu près rien de tout cela, et sont donc totalement dominés par Israël. Lorsque l’on considère à égalité le fort et le faible, lorsque l’on n’essaie pas de contraindre le fort à respecter les droits du faible, on accompagne le fort et on ne règle rien. C’est ce que les pays occidentaux font semblant de ne pas comprendre depuis 25 ans en refusant d’exercer des contraintes, des pressions, voire de prendre des sanctions contre Israël.

Jordanie

Egypte

Occupation israelienne

Jordanie

Occupation israelienne

Egypte

Jordanie

Egypte

Jordanie

Egypte

Occupation israelienne

2012 Réalité actuelle

le sort de la population. Alors c’est vrai, de nouvelles générations émergent, et n’ont pas dit leur dernier mot, mais on est encore loin, côté palestinien, de la reconstruction d’un mouvement national massif et populaire, même si certaines initiatives comme la « Marche du Retour » montrent que les choses avancent. Mais aussi que la répression israélienne est terrible. C : Malgré tout, une partie de la population israélienne (mères, intellectuels, artistes, militants de gauche...) milite en faveur de la paix et de la création de deux États. Ces pacifistes ont-ils encore du pouvoir et de l’influence ? JS : Ils sont ultra-minoritaires. On parle beaucoup de ces « pacifistes » israéliens, et on a raison de valoriser ce qu’ils font. Mais il ne faut pas se tromper : ce n’est pas parce qu’on en parle beaucoup qu’ils représentent une force conséquente. Le champ politique israélien glisse toujours


ailleurs

Comment analysez-vous cette protestation massive des Palestiniens ? JS : Il y a d’abord une raison politique : la question du retour des réfugiés est une question primordiale pour le peuple palestinien qui, il faut le rappeler, vit en majorité hors de la Palestine. Les habitants de Gaza sont dans une situation très difficile. Ils vivent une situation de blocus intolérable, qui génère une vie faite de manque, de privation, d’isolement, d’ennui. On parle souvent de Gaza comme d’une C : Donald Trump a décidé d’installer prison à ciel ouvert, à ceci près qu’il l’ambassade américaine à Jérusalem . C ’est une décision qui exacerbe les tensions chez les Palestiniens et les Israéliens. Cette décision du Président américain enterre-t-elle définitivement la solution à deux Etats ? JS : Je p e n s e personnellement que la « solution à d e u x Ét at s » est enterrée depuis longtemps, faut y ajouter les bombardements ne serait-ce que parce qu’Israël a récurrents de l’armée israélienne tellement colonisé la Palestine qu’il et les « opérations militaires » qui n’y a plus de place pour faire un État peuvent faire des centaines, voire palestinien… La décision de Trump des milliers de morts comme à l’été est avant tout symbolique, elle ne 2014. change pas grand chose à la réalité Pour toute une génération de Palestiniens de Gaza, la vie se limite sur le terrain. Mais en déplaçant l’ambassade, il a à un minuscule territoire de 360 km² donné des signes d’encouragement à sans aucune perspective d’avenir. Israël et à sa politique discriminatoire Dans de telles circonstances, il ne et expansionniste. Il n’a pas un mot faut pas s’étonner que des dizaines pour les Palestiniens de Jérusalem qui de milliers de gens se soient saisis subissent une situation économique de la « Marche du Retour », qui et sociale catastrophique. Cela ne a servi de point de ralliement à la peut être vécu par les dirigeants et population de Gaza. Ils ont voulu les colons israéliens que comme dire :« Nous sommes là, vous ne une autorisation à poursuivre leur nous ferez pas disparaître, nous ne renoncerons pas à nos droits ». politique. C’est d’ailleurs cela qui a inquiété C : L e v e n d r e d i à G a z a , l e s Israël et qui explique la violence manifestations palestiniennes pour de la répression, avec depuis le 30 réclamer le « retour » sont violemment mars, plus de 130 morts, abattus réprimées par l’armée israélienne. froidement par des snipers. plus vers la droite, avec aujourd’hui un Parlement (la Knesset) et un gouvernement dans lesquel l’extrême droite est la force motrice. L’historien israélien Zeev Sternhell déclarait ceci : « Il est difficile d’échapper à la conclusion que la droite israélienne (…) distance de très loin la droite du Front National de Marine Le Pen. Comparée à la plupart des membres du gouvernement et de la Knesset, cette dernière ressemble à une dangereuse gauchiste. »

18 - CITAD’ELLES N°17

C : Que va-t-il se passer maintenant ? Quels sont les différents scénarios ? JS : La situation générale est très instable. Il peut y avoir de nouvelles mobilisations populaires côté palestinien, comme il peut y avoir une nouvelle période de « calme » relatif. L'avancée de la colonisation et les politiques violentes vont tôt ou tard déboucher sur une nouvelle confrontation. Les jeunes générations réclament en priorité le droit à vivre dans la dignité, la fin des injustices et des inégalités sociales, la fin des mécanismes d’oppression. Un élément décisif concernant l e s Pa l e s t i n i e n s sera le soutien et la solidarité qu’ils reçoivent et qu’ils recevront à l’international : isolés face à Israël, ils n’ont aucune chance de gagner leurs droits. Et un autre aspect, complémentaire, est tout aussi important : la pression exercée s u r I s ra ë l . À c e titre, la campagne internationale BDS (boycott-désinvestissementsanctions), qui vise à accroître les pressions et les sanctions contre Israël, à l’image ce qui s’était fait avec l’Afrique du Sud de l’apartheid. C'est un élément essentiel car Israël ne comprend pas d’autre langage que celui du rapport de forces. BDS se fixe comme objectif de construire l’isolement international de l’État d’Israël tant qu’il ne respectera pas les droits humains fondamentaux. BDS remporte de plus en plus de succès, le dernier en date étant l’annulation du match de football Argentine-Israël, qui devait se tenir à Jérusalem début juin, avec un message clair : le mépris du droit international a un coût.


CITAD’ELLES N°17 - 19


ailleurs

Tout, ce que t offre le Japon! C’est les vacances, on a du temps pour nous ! Citad’elles vous invite à profiter de plusieurs sagesses du Japon pour vous ressourcer, panser vos blessures ou trouver votre voie. Et même renouer avec le calcul mental ! Par Ata 22.

Respire pour retrouver la sante La méthode Aïki est un art de vivre basé sur la respiration. Fondé par le japonais Morihei Ueshiba, il la décrit comme "la méthode suprême de santé". Cet art consiste à apprendre à se libérer des pensées négatives. L’aïki nous apprend à nous libérer de nos faiblesses, de nos rancunes, nos envies de vengeances… La méthode consiste à respirer : une respiration ventrale. Quand on inspire on gonfle le ventre. Quand on expire, on le dégonfle. Il faut se poser et respirer profondément en se concentrant sur un point situé sous le nombril. Asseyez-vous en tailleur ou bien en « seiza » (façon japonaise de s'asseoir, utilisée également dans les dojo lors des entrainements des sports martiaux). Faites le vide et concentrez-vous sur votre respiration. Rien d'autre ne compte que l'instant présent. Seulement le mouvement opéré par votre respiration. Concentrez-vous sur votre axe respiratoire. Ressentez l'énergie vitale qui circule en vous de la tête aux pieds, grâce au souffle. Faites descendre vos perceptions vers le sol. Essayez de lâcher prise et d’accueillir ce que votre corps à vous dire : par exemple les raideurs, les fatigues ou les blocages. Essayez de laisser de côté votre intellect, afin de vous permettre de vous écouter. Vous pouvez penser : "J'inspire la Terre, j'expire de Ciel". Vous pouvez imaginer une spirale montante lorsque vous inspirez, et une spirale descendante lorsque vous expirez. Cette méthode peut vous permettre de vous ancrer dans la Terre jusqu'à percevoir sa respiration profonde : le mouvement du monde. A lire : Et si vous respiriez un peu mieux ? L'art de vivre Aïki, de Jean-Philippe Desbordes (First éditions).

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CITAD’ELLES N°17 - 21


Trouve ta voie L’ikigaï est une méthode réfléchie d’introspection pour trouver sa mission de vie, sa raison d’être et donc par la même occasion sa voie professionnelle. Il suffit de se poser les bonnes questions, schématisées en quatre cercles : Qu’est-ce que j’adore faire ? Quels sont mes talents ? De quoi le monde a besoin ? Pour quoi puis-je être payée ? L'intersection entre les quatre cercles, au centre, est ton ikigaï, c'est-à-dire ta mission de vie. Ensuite, tu peux approfondir la méthode avec les questions suivantes : Qu’est ce qui me rend curieux(se) ? Qu’est ce qui me rend jaloux(se) ou envieux(se) chez les autres ?

Quelles sont les personnes passionnées autour de moi ? (que ce soit des personnes proches ou des personnes célèbres) Toutes les réponses à vos questions vont vous aider à trouver votre voie. C’est une méthode assez simple mais ça peut prendre du temps de trouver son Ikigaï. Vous pouvez vous amuser à trouver votre Ikigaï entre copines. Cet exercice demande de la réflexion, une introspection et surtout d’être vraie, de savoir reconnaitre ses compétences et talents. Ça nous pousse à réfléchir à qui l’on est vraiment et à ce que nous aimons vraiment. A lire : Trouver son ikigaï, de Christie Vanbremeersch (First éditions).

Ce que tu aimes

Passion Ce dans quoi tu es bon

Mission

IKIGAI Profession

Vocation

Ce pour quoi tu peux être payé.

22 - CITAD’ELLES N°17

Ce dont tu as besoin


Deviens la pro du calcul mental Les Japonais ont une méthode très simple pour multiplier les chiffres. Dites adieu aux tables de multiplications. Au japon, il suffit de faire des traits ! Pour vous expliquer, rien de mieux que de vous donner un exemple.

Prenons la multiplication suivante 321 x 13 Vous faites des traits comme sur le schéma ci-contre :

Ensuite, vous entourez vos différentes zones et vous comptez les points d’intersections.

3 2 11

3 1

1 7

3

Et vous obtenez le résultat. Attention, si lors des additions des points de zones vous obtenez un numéro supérieur à 10, il faut reporter le chiffre des dizaines (à additionner) sur la zone de points précédente.

3

11 4

7 3

321 x 13 = 4 173

CITAD’ELLES N°17 - 23


psycho

Transforme tes cicatrices en force Kintsugi signifie "jointure en or". C'est un art japonais de restauration des objets, qui peut être aussi perçu comme une forme d'art-thérapie. Cela consiste à réparer un objet cassé en soulignant ses citatrices de poudre d'or. C'est un processus lent et minutieux qui invite à la résilience. Ce cérémonial permet de guérir nos blessures, étape par étape, jusqu'à les sublimer. Céline Santini, dans son ouvrage Kintsugi, l'art de la résilience (Editions First), vous accompagne dans chacune des étapes. Son livre est très bien écrit, documenté de citations positives et d'exercices à faire au fur et à mesure de votre lecture, afin que ce

moment devienne un véritable chemin initiatique. Parmi ses paroles inspirantes qui illustrent parfaitement l'idée du Kintsugi on trouve "pansez (pensez ?) vos blessures, transformez vos lignes de faille en lignes de force et les éclats de votre vie en éclats de rire !" Ou encore : "Jusqu'ici vous avez survécu à 100% de vos pires épreuves". Dans son ouvrage, Céline Santini nous dit que la voie de Kintsugi "vous rappelle que vos cicatrices, qu'elles soient visibles ou invisibles, sont la preuve que vous avez surmonté vos difficultés. En matérialisant votre histoire, elles disent : "tu as survécu !" et vous apportent un supplément d'âme".

Encore plus beau Encore plus résistant Encore plus précieux Encore... là !

24 - CITAD’ELLES N°17


bricoles

votre cadeau pour l'été le cahier détachable

ORIGAMI Le mot ORIGAMI est le regroupement de deux mots japonais : « ORU » qui signifie « plier » et « KAMI » qui signifie « Papier ». Le Japon est le pays de l’origami. Le Japon est le pays qui a le plus développé cette technique pour l’élever au rang d’art et de véritable tradition.

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LE SAVIEZ-VO

siècle, le pliage Depuis le XIXe Japon aux enest enseigné au es primaires fants dans écol et les collèges.

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Prends un bain de foret En japonais, "Shinrin Yoku" signifie "bain de forêt". Dans son ouvrage Shinrin Yoku, l'art et la science du bain de forêt (Editions First), le docteur Quing Li nous explique les bienfaits de passer du temps en forêt. Que ce soit pour se promener, méditer, marcher pieds nus... Et comme il le dit si bien dans son ouvrage : "je suis un scientifique pas un poète". Dans son livre, ce sont des faits scientifiques qui sont énoncés. Lorsque nous sommes au contact avec la nature, nous nous sentons tout de suite mieux. Car lorsque nous sommes à l'extérieur, nous utilisons nos cinq sens, (contre deux lorsque nous sommes à l'intérieur). "Dehors, nous avons la possibilité de sentir les fleurs,

de goûter l'air frais, de regarder les couleurs changeantes des arbres, d'entendre le chant des oiseaux et de sentir la brise sur notre peau. Et lorsque nos sens sont ouverts, nous pouvons commencer à nous reconnecter au monde naturel", nous dit-il dans son ouvrage. En effet, en ouvrant nos cinq sens, Shinrin Yoku nous permet de créer un pont entre nous et le monde naturel. Nous sommes initialement issus de la nature : tous nos cycles biologiques sont reliés aux cycles naturels. Aussi les bains de forêt nous permettent de renouer le contact avec notre nature profonde, de s'harmoniser avec la nature. Nous pouvons ainsi atteindre l'osmose et nous retrouver. Dans ses recherches,

le Dr Quing Li et son équipe ont démontré que les bains de forêt permettent entre autre : diminuer la pression artérielle et le stress, diminuer le taux de glycémie, améliorer la concentration et la mémoire, faire disparaître la dépression, diminuer l'anxiété et la colère ou encore abaisser le seuil de la douleur. Miracle ! Si vous ne pouvez pas vous rendre en forêt, dans son livre Pourquoi la nature nous fait du bien (Dunod), le chercheur Nicolas Guéguen a montré qu'en regardant simplement des photos de forêts et d'arbres, certains bienfaits apparaissaient. Car notre cerveau fait remonter à la surface tous les moments qu'on a déjà passés en forêt, comme si on en réactivait les bienfaits.

CITAD’ELLES N°17 - 29


cuisine Pour chaque numéro, un ou une Chef(fe) relève le défi de concocter pour vous un menu original avec les listes de cantines.

Un maître mot :

la gourmandise Sylvie Couvert et Delphine Froc aiment bien manger. Elles aiment les bons produits, les moments conviviaux et elles le prouvent en cuisinant en binôme. Pour ce numéro, ce sont elles qui régalent ! Collectif Sylvie et Delphine habitent toutes les deux à Saint-André des Eaux, bourgade de 150 âmes dans les Côtes-d’Armor. C’est dans le resto-café-concert que tient Sylvie, dans le bourg, que ces deux-là se sont rencontrées. Très vite, elles parlent cuisine, épices et produits locaux. Très vite, elles ont l’idée de travailler ensemble. Il faut dire qu’en plus de son café, qui fête ses 10 ans d’existence cette année, Sylvie cuisine pour les caterings (restaurants éphémères) de gros festivals rennais comme Travelling ou le Grand Soufflet. Maintenant, Sylvie et

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Delphine travaillent ensemble sur ces évènements. "J'ai toujours aimé cuisiner, raconte Sylvie. J'ai été élevée à la campagne dans une famille nombreuse. J'ai pris l’habitude de cuisiner des produits du jardin pour des grandes tablées". Delphine, elle fait "des galettes et des crêpes dans les festivals, pour les associations ou les particuliers". Toutes deux cultivent un intérêt commun pour les bons produits, pratiquent la cuisine parce qu’elle crée du lien et sont "très gourmandes". Cela se voit dans les recettes qu’elles nous proposent pour ce numéro... et c'est tant mieux !


// Entrée Salade de roquettes à la feta et aux fraises

pour 4 personnes 800 g de roquettes 3 échalotes 12 tomates moyennes en grappe 200 g de fraises 200 g de feta a l'huile un peu de menthe fraîche un peu d'huile d'olive un peu vinaigre de framboise sucré (sinon ajouter un peu de sucre ou de miel pour lui donner un léger goût sucré) une pincée de cardamone moulu une pincée de gingembre moulu un peu de gomasio (mélange de sésame grillé et de sel marin) un peu de pignons de pin torréfiés

ans un saladier, mettre la roquette, la feta, D les échalotes et les tomates en grappe coupées en deux, émincer la menthe finement, ajouter les fraises coupées en tranche, l'huile d'olive , le vinaigre de framboise et les épices. Avant de servir ajouter les pignons de pins et le gomasio.

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// Plat Poulet au curry coco pour 4 personnes 4 cuisses de poulet 4 carottes 6 oignons 1 gousse d'ail 1 ananas frais ou en boîte 50 cl de lait de coco un bouquet de coriandre fraîche 6 cuillères à soupe de curry une demi cuillerée à soupe de cumin 200 g de raisin sec une demi cuillerée à soupe de curcuma 800 g de semoule de coucous moyenne

nduire les cuisses de E poulet avec 4 cuillerées à soupe de curry, d'ail écrasé, de sel, de poivre et un peu d'huile d'olive. Mettre au four pendant 30 minutes th 180.

jouter 25 cl de lait de coco A sur le poulet et remettre au four 5 minutes. Dans un faitout, faire revenir les oignons un peu d'ail, le cumin, le curry, les carottes. Ajouter un peu d'eau et couvrir, laisser cuire 20 minutes à feu moyen. Ajouter 20 cl de crème liquide et le reste du lait de coco. Faire gonfler les raisins sec dans un peu d'eau chaude Dans un saladier, mettre le semoule et ajouter une pincée de sel et le curcuma un peu d'huile d'olive mélanger le tout et laisser reposer. Pendant ce temps faire chauffer un peu d'eau (assez pour recouvrir la semoule). Mettre l'eau sur

la semoule et couvrir le saladier pendant 5 minutes. Émietter la semoule avec vos mains et ajouter les raisins. Ciseler finement la coriandre et l'ajouter directement dans l'assiette au moment de servir. Ce plat est génial car il convient au végétariens car le poulet est cuit à part…

Quand je serai grande, je serai... Cheffe cuisinier Dans les restaurants, cantines ou restaurants d'entreprise, elle cuisine les plats. Découpe des légumes, cuisson des viandes, préparation des desserts : elle doit aussi gérer son temps et ses quantités. 32 - CITAD’ELLES N°17


// Desserts Gâteau fondant au chocolat

pour 8 pers 5 œufs 250 g de beurre 150 g de sucre 1 demi cuillerée à soupe de farine 200 g de chocolat à cuire le zeste d'une orange une poignée de pralin ou de noix aire fondre le chocolat et F le beurre au bain-marie. Bien mélanger les deux et laisser refroidir.

élanger le sucre et la M farine , ajouter les œufs et bien mélanger. Ajouter le chocolat et le beurre fondu et bien mélanger. Ajouter les pralins ou les noix et le zeste d'orange. Beurrer et fariner un moule et ajouter le mélange, cuire 15 à 20 minutes th 180.

Caramel beurre salé

200 g de sucre 200 g de beurre 25 cl de crème liquide + un peu d’eau aire fondre le sucre avec F 3 cuillères à soupe d’eau Quand le sucre est fondu comme un sirop transparent, mettre le beurre en petits cubes et laisser fondre Fouetter le mélange jusqu’à obtenir une pâte jaune un peu épaisse. Fouetter pendant 10 mn jusqu’à ce que le mélange brunisse (marron clair) Mettre la crème et fouetter. En mettre partout, sur les crêpes, gâteaux, glaces

Pâte brisée

300 g de farine 100 g de beurre ramolli 35 g de sucre glace Peu d’eau élanger la farine M et le sucre glace. Faire une fontaine. Ajouter le beurre. Verser un peu d’eau. Pétrir en boule activement.

Formation : 2 ans pour préparer le CAP cuisine. 3 ans pour le bac pro cuisine.

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santé

Apprendre à vivre avec le Il y a deux types de diabète. Le diabète est une maladie chronique qui ne se guérit pas, mais que l’on peut traiter et contrôler. Une diabétologue nous en dit plus. Par Sisi

A

p rè s 4 0 a n s c o m m e praticienne hospitalière, Anne-Marie Leguerrier, médecin diabétologue, est aujourd’hui la vice-présidente de la Maison de la Nutrition et du Diabète à Rennes. Elle nous renseigne sur les différentes formes de diabète. Le pancréas fonctionne mal Le diabète est une maladie chronique qui ne se guérit pas, mais que l’on peut traiter et contrôler. Il est causé par un manque ou un défaut d'utilisation d’une hormone appelée insuline. L’insuline est produite par le pancréas. Elle permet au glucose (sucre) d’entrer dans les cellules du corps pour qu’il soit utilisé comme source d’énergie. "Le diabète est une atteinte du pancréas, dont le rôle est de sécréter de l’insuline, indispensable pour permettre le passage du sucre du sang aux cellules", résume Anne-Marie Leguerrier. Un traitement est indispensable sans quoi un patient atteint de diabète risque d’avoir des artères bouchées par un trop-plein de sucre. "Son système visuel peut être atteint, et la sensibilité de ses pieds peut diminuer". Les risques d’infarctus et d'AVC (accident vasculaire cérébral) sont quatre fois plus fréquents chez les diabétiques. Il n'y a pas de petit diabète Le diabète affecte autant les

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hommes que les femmes. "Il n’y a pas de petit diabète. On est diabétique à vie. Mais sans répercussions sur la vie quotidienne si l’on suit son traitement", poursuit Anne-Marie Leguerrier. Le diabète n'empêche pas de vivre. Le sport n'est pas du tout contre-indiqué pour les diabétiques. "Même à haut niveau et pour les diabètes de type 1, c'est possible. Il faut juste bien surveiller son taux de sucre avant la pratique du sport." De même, une femme diabétique peut être enceinte. Quand le patient diabétique travaille dans certaines professions (peintre en bâtiment, chauffeur routier, etc.), il est plus surveillé par la médecine du travail.

pour empêcher le taux de sucre de grimper et une injection d’insuline lente avant de dormir. Quelquefois, on utilise une pompe à insuline (petite aiguille avec cathéter). L’insuline coule en permanence. Quand le taux de sucre d'un diabétique de type 1 baisse cela, entraîne des malaises hy p o g l yc é m i q u e s : s u e u rs , tremblements, fatigue, sensation de faim, palpitations, fourmillements autour de la bouche, pâleur, troubles visuels. "Le plus important est alors de prendre tout de suite 3 morceaux de sucre, une grosse cuillère de confiture ou miel ou un verre de jus de fruits sucré."

Diabète de type 1, le plus contraignant Le diabète de Type 1 est parfois appelé "diabète insulinodépendant". "Ce type de diabète fait maigrir, on a soif, on urine beaucoup, on est fatigué". Il concerne 7 à 8% des diabétiques. Il apparaît chez les 12-25 ans, voire à partir de 18 mois. Il n'a aucun rapport avec l’alimentation. "C’est un virus qui pénètre dans un organisme prédisposé. Les cellules du pancréas sont détruites, il n’y a plus d’insuline et le taux de sucre monte", explique la diabétologue. Le patient doit se faire 4 injections quotidiennes d’insuline. C’est un traitement très contraignant : avant chaque repas les personnes s’injectent de l’insuline rapide

Diabète de type 2, causé par la malbouffe Le diabète de type 2 concerne 90% des diabétiques. Il est sans cesse en augmentation dans le monde : il va passer de 450 000 000 personnes atteintes aujourd'hui à 600 000 000 en 2030. Cette pandémie est liée à la malbouffe et au manque d’exercice. "Cette forme de diabète est difficilement décelable, elle est souvent découverte lors d’une analyse sanguine. Les risques sont plus importants s’il y a un diabétique dans la famille, du surpoids, de l’hypertension ou du cholestérol. Ou bien pour les femmes, si l’on a accouché de gros bébés", rappelle Anne-Marie Leguerrier. Le diabète de type 2 se soigne d’abord en faisant un régime. Si


cela ne suffit pas, on ajoute un traitement médicamenteux et une prise de sang tous les trois mois. Au bout de 15 à 20 ans, un patient atteint de diabète de type 2 est obligé de passer à l’insuline, comme pour le type 1.

Sisi "J'ai 56 ans et je viens de découvrir que je suis diabétique, comme ma mère, mes tantes, mes oncles, ma grand-mère. Ma vie en a été changée. C'est une maladie qui demande un suivi très contraignant : prendre 3 médicaments différents par jour, contrôler la glycémie deux fois par jour, suivre un régime alimentaire. Je mange moins de gâteaux, j'essaie de boire moins de sodas, de coca-cola. J'ai une prise de sang tous les trois mois et un soin des pieds régulier. C'est une maladie qui est prise en charge à 100 % par l'assurance maladie."

VRAI OU FAUX Diabète : avez-vous tout suivi ? La tablette de chocolat est un bon choix pour traiter une hypoglycémie. Faux. Le gras contenu dans le chocolat ralentit l’absorption du sucre. Par ailleurs, une tablette de chocolat contient beaucoup plus de sucre que nécessaire, ce qui peut conduire à l’hyperglycémie. Mieux vaut traiter l’hypoglycémie avec 3 sucres ou une cuillère à soupe de miel. Le miel, le sirop d’érable et le sucre des fruits ne sont pas meilleurs que le sucre blanc. Vrai. Qu’ils proviennent de sources naturelles ou non, les sucres font tous augmenter la glycémie. Cependant, les fruits sont un meilleur choix pour la santé que les desserts sucrés, car ils procurent beaucoup plus d’éléments nutritifs, comme des vitamines, des minéraux et des fibres. Les femmes diabétiques de type 1 ne peuvent avoir d’enfants. Faux. Il est tout à fait possible pour une femme diabétique d’avoir des enfants. Toutefois, cela demande un excellent contrôle de la glycémie avant la conception et durant la grossesse, ainsi qu’un suivi médical régulier.

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écriture

Quel plaisir d'ouvrir

une lettre

Le Courrier de Bovet est une association qui met en relation des bénévoles qui veulent correspondre avec des détenus. Il y a plus de correspondants volontaires que de détenus à qui écrire. Alors inscrivez-vous pour recevoir des lettres : ça fait beaucoup de bien ! Par Elene Le Courrier de Bovet est une association de loi 1901, laïque, qui organise des échanges de correspondances durables entre des détenus et des personnes bénévoles. "La correspondance contribue à lutter contre leur isolement et leur solitude", ex p l i q u e A n n i c k B e r t h e l o t, présidente de l'association "Le Courrier de Bovet". L'association a été créée dans les années 1950 par Madame Bovet. Cela permettait d’écrire aux prisonniers de guerre. Ensuite elle s’est développée vers les détenu.es. Il y a 800 adhérents. Comment ça marche ? Les bénévoles qui veulent écrire aux détenus remplissent un dossier d'adhésion. "Pour devenir adhérent, il faut écrire une lettre de motivation et une lettre d’engagement. L'association cherche à connaître le rapport du potentiel adhérent avec l’univers carcéral et son niveau d’étude", explique Annick Berthelot. E n s u i te i l y a u n e nt re t i e n téléphonique d’une heure trente avec une personne de l’association qui sélectionne les adhérents. Bénévoles et détenus remplissent un questionnaire sur leurs goûts, s'ils veulent correspondre avec un homme ou une femme, des lettres manuscrites ou à l'ordinateur. "On choisit des bénévoles qui ont un profil d’écoute, capables d’entendre sans juger, d'écrire sans imposer leur personnalité." Ce sont des personnes sensibles, tolérantes, ouvertes d’esprit. Une commission valide l'adhésion

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et l’adhérent reçoit les premiers courriers. Pourquoi passer par une association? Le Courrier de Bovet est une association qui vous garantit l'anonymat. "Il y a une règle d’anonymat imposé, le nom de famille est changé pour l’adhérent. L’adhérent choisit un pseudonyme". Tous les bénévoles adhérents sont soumis à une "charte de confidentialité" : ils s’engagent à garder la correspondance secrète. Les courriers sont envoyés à l'association ne sont pas ouverts par elle. "Le courrier n’est lu que par l’adhérent concerné". Le ou la détenu.e est prévenu que par le biais de l'association, il ne doit pas attendre de relation sentimentale

de sa correspondance. En tant qu’ex-détenu, on peut devenir bénévole. L’association ne s’occupe que de correspondants majeurs. Les bénévoles ont au moins 22 ans, parce qu’en-dessous, il y aurait un manque de maturité, de recul nécessaire face au détenu. "La tranche d’âge des adhérents est assez élevée. Mais quand on fait des interventions dans les lycées pour parler du milieu carcéral, on sent l'intérêt de la jeune génération, qui se sent interpelée", explique Annick Berthelot. On parle de quoi ? Les correspondants ont la liberté des sujets de conversation. "Les échanges sont basés sur le respect et la discrétion. L’adhérent doit s’adapter au besoin de discussion du ou de la détenue". En général, les adhérent ne connaissent rien du délit ou de la situation pénale des détenus. Les bénévoles peuvent parfois donner des idées pour aider la détenue dans sa réinsertion. Pourquoi c'est chouette ? Les détenus trouvent que c'est une aide pour ne plus se sentir seul, ça permet de discuter de sujets qui les intéressent, de se confier sans crainte d’être jugé, d'écrire dans sa propre langue. Car 16 langues de correspondance sont disponibles. "Ça donne le sentiment d'exister, ça permet d'exprimer ses émotions". Les bénévoles apprécient parce que c'est une "expérience humaine". "Le correspondant n’est ni un proche, ni un ami, ni un membre de la famille,


Angélique (1) "On m’a parlé du Courrier de Bovet il y a quatre ans. J’ai adhéré à l’idée d’un échange épistolaire avec un correspondant. Mais j’ai hésité. Je me suis décidée un mois plus tard à prendre ma plume et à adresser ma demande au Courrier de Bovet qui m’a retourné un questionnaire pour cibler mes centres d’intérêt. Et, le choix fut vraiment judicieux de leur part car ils m’ont trouvé la perle rare. Je ne connais ni sa vraie identité, ni son adresse. Juste son vrai prénom :Jérôme. Je lui envoie mes missives par l’intermédiaire de l’association. Le ton amical de sa première lettre m’a bouleversée : "Si vous êtes d’accord je vous ferai participer à ma liberté", m'a-t-il dit. Qu’y a-t-il de plus touchant que de partager la liberté de quelqu’un, pour moi, une détenue qui passait 20 heures sur 24 enfermée dans sa cellule ? Nous nous écrivons tous les 15 jours. Je prends beaucoup de plaisir à le lire et à lui répondre. Ce sont des heures de pleine joie car je quitte mon quotidien pour écrire et partager des passions et des pensées. Nous évoquons nos points de vue qui sont parfois opposés, sur l’actualité ou la littérature par exemple. Il répond aussi à mes nombreuses questions. Nos sujets sont divers et variés et vraiment intéressants. Cette rencontre épistolaire inattendue avec Jérôme a été une chance. Ses lettres, qui m’étonnent chaque fois, je les attends avec impatience. Quand je les reçois je voudrais les dévorer, mais je prends mon temps pour les savourer à leur juste valeur. Elles sont riches de connaissances, d’espoir, de vie et de joie. Il m’apporte beaucoup, car il parle de la vie simplement mais dans un style ineffable. Il est humble et discret. Ses lettres me marquent de matière indélébile. Et aujourd’hui même entre les murs je goutte le plaisir de la liberté d’écrire. Alors merci au Courrier de Bovet ! Merci Jérôme... Anonyme !" (1) Le prénom a été modifié.

mais encore autre chose. Il est à part", remarque Annick Berthelot. Les ex-détenus peuvent continuer à entretenir des courriers avec leur correspondant après leur sortie. L’association reçoit entre 9000 et 10 000 lettres de détenus par an. Aujourd'hui, dans l'association, il y a plus de bénévoles qui veulent écrire que de détenus qui souhaitent recevoir des lettres. Alors n'hésitez pas ! Ecrivez à l'association pour avoir la joie de recevoir des lettres et d'échanger avec quelqu'un.

En bref… Pour vous inscrire et recevoir des lettres Ecrivez à : LE COURRIER DE BOVET BP 70039 75721 PARIS Cedex 15 Inscrivez dans votre courrier vos nom, prénom, n° d'écrou, adresse et pourquoi vous souhaitez correspondre.

Elene "J’ai connu le Courrier de Bovet il y a huit ans, quand j'étais à Bordeaux. Hélas, mon premier correspondant m’a vite déçue, ce n’était pas la bonne personne. Nous n’avions aucun point commun. Aussi après quelques mois j’ai cessé ma correspondance avec lui. Puis je suis arrivée ici à Rennes. J'ai écrit à l’association pour retenter l'expérience et leur demander un nouveau correspondant. En leur précisant ce que j’aimais dans la vie, ainsi que mes centres d’intérêt, mais avec tout de même une exigence non négociable : que ces lettres soient des lettres manuscrites car j’adore écrire. Une lettre écrite sur un ordinateur c’est tellement fade, impersonnel. Moi j’adore toucher le papier, le sentir, je trouve que ça a quelque chose de magique, de sensuel. Quelques semaines plus tard je recevais la première lettre de Marc et là j’ai trouvé, non pas un trésor, mais carrément Le Graal. Dans mes premières lettres, je lui ai d’abord parlé de mon passé et pourquoi j’étais en prison. Plus je lui écrivais et plus je me dévoilais. Et de courriers en courrier il a fait la connaissance de ma famille par écrit bien sûr mais aussi avec des photos. Chaque semaine, j’attendais sa lettre avec beaucoup d’impatience. J’attendais la fermeture de la cellule pour la lire et la savourer. Comme on savoure un gâteau en cachette. C’est ainsi que Marc est entré dans ma vie et moi dans la sienne. Marc sait pratiquement tout de ma vie, même plus que ma propre famille elle-même. Marc m’écrit tous les dimanches et ce que j’aime par-dessus tout c’est qu’il fait lui-même son papier à lettre, décoré suivant les saisons ou les fêtes. Il fait aussi ses propres enveloppes, décorées de chouettes ou de hiboux car ce sont mes oiseaux préférés. Puis chaque semaine, j’ai aussi droit à mon lot de stickers qu’il fait aussi lui-même. Marc va même jusqu’à me chercher sur internet de la doc sur tout, le sport, l’actualité, et même à ma demande des modèles de point de croix, et ça c’est trop top. Marc adore aussi les perroquets, il en possède plusieurs. Marc est un saint ;) En réalité, c’est un évangéliste. Pour moi, il est devenu un membre de ma famille."

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culture

Le milieu du livre, un monde au féminin ?

C'est l'été... l'occasion idéale de se plonger dans un bon livre ! Mais que se passe-t-il exactement dans les coulisses du milieu du livre ? Cette occupation habituellement réservée aux femmes trouve-t-elle aussi sa part de féminité dans le milieu professionnel ? Par Barbara

La valorisation de la place de la femme dans le milieu du travail est un vaste chantier. Le monde du livre semble épargné. Une île peuplée d'amazones où sexisme et discrimination n’auraient pas lieu d'être ? Dans le milieu professionnel du livre, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Elles s'orientent inconsciemment d ava n t a ge ve rs d e s é t u d e s littéraires et par conséquent sont nettement majoritaires sur les bancs des universités de lettres. Sûrement formatées dès leur plus

jeune âge au plaisir de la lecture, sur une base purement sexiste cette fois, qui consisterait à éduquer les petits garçons à jouer dehors tandis que les petites filles resteraient à la maison à bouquiner.

commerciaux résistent. Il reste des bastions à prendre... Nous sommes allées mener notre enquête pour comprendre si le monde du livre est plus féminin que masculin. Et pourquoi...

Depuis une trentaine d'années, la féminisation gagne les milieux de l’édition, des bibliothèques et des librairies. Si 74 % des effectifs du monde de l'édition sont des femmes, elles sont plus nombreuses parmi les employées et les techniciennes, en revanche, les postes de directeurs et de

Quand je serai grande, je serai... Libraire Passionnée de livres, elle reçoit les nouveautés, possède une bonne dose de culture générale et se tient au courant de l'actualité littéraire pour répondre à la demande de ses clients.

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L'avis de l'éditrice

Questions à Charlène Guinoiseau-Ferré, responsable éditoriale aux Éditions Jouvence Diriez-vous que le monde du livre est un milieu plus féminin que masculin ? Pourquoi ? Concernant les professions… Il y a plus d’éditrices que d’éditeurs, de correctrices que de correcteurs, plus d’attachées de presse que d’attachés de presse… mais d’un autre côté, plus de représentants libraires que de représentantes, plus de directeurs généraux que de directrices. Cette année, parmi 13 candidats à la Présidence du Syndicat national de l’édition, seules deux femmes s o nt c a n d i d ate s . Je d i ra i s q u e l a fonction créatrice est majoritairement féminine mais que la fonction dirigeante est (encore) m a j o r i t a i re m e n t masculine. On dit que les femmes lisent plus que les hommes : pourquoi ? En effet, on estime le lectorat à 80% féminin. Je ne tiens à pas verser dans les clichés, mais il est possible de penser que les femmes développent une sensibilité plus grande ou plus affirmée que celle des hommes. J’avoue néanmoins ne pas totalement expliquer ce phénomène car il y a des livres sur tous les sujets (littérature, sciences, bien-être, etc.). Concernant les conséquences : Est-ce que cela influence les manuscrits que vous choisissez d’éditer ? Cela influence notre sélection de manuscrits, leurs thématiques et même leur graphisme, car, nous prenons forcément cette donnée en considération. En ce moment, la tendance du féminin est justement

montante. Vous trouverez alors de nombreux ouvrages sur le pouvoir au féminin, le féminin sacré, les oeufs de yoni, etc. Il est certain qu’en ce moment, les femmes donnent le cap. En tout cas, la thématique du féminin est en pleine croissance. Mais, nous n’oublions pas les hommes ! Chez Jouvence, nous publions par exemple en janvier 2019, un ouvrage dédié à la bonne santé des

hommes après 50 ans (Manuel de survie pour les hommes après 50 ans, de Philippe Morgado). Recrute-t-on davantage de femmes dans les maisons d'édition? Pourquoi ? Oui, pour ce qui est des postes relatifs aux missions éditoriales. Tout simplement parce qu’il y a bien plus de candidates que de candidats ! Dans des romans à gros tirages, écrits par des femmes, comme par exemple, Harry Potter et 50 nuances de Grey les éditeurs à l ’ é p o q u e d e m a n d e nt u n e initiale pour masquer le fait que

l’auteure soit une femme ? Est-ce toujours un procédé actuel ? Je ne crois pas que ce procédé soit aujourd’hui en vigueur. Ne seraitce que parce que les éditeurs comptent sur la promotion de leurs ouvrages et que cela implique une visibilité forte de leurs auteurs. Editez-vous plus d'hommes ou de femmes ? Parité ? Pourquoi ? M e rc i p o u r c e t t e q u e s t i o n i n t é re s s a n t e c a r nous ne nous sommes jamais véritablement penchés sur celle-ci ! Sur l’année 2018, nous avons publié 70 nouveautés écrites par des hommes et 97 nouveautés écrites par des femmes. Nous ne cherchons pas à publier davantage de femmes que d’hommes, nous recrutons nos auteurs en fonction de leur profil professionnel et de leur personnalité, leur engagement.

Lire…

5 livres à lire cet été Dans le jardin de l'ogre, de Leïla Slimani (Gallimard). Reviens, de Samuel Benchetrit (Grasset). Danser au bord de l'abîme, de Grégoire Delacourt (JC Lattès) Les mots, de Jean-Paul Sartre (folio) La carte et le territoire, de Michel Houellebecq (Flammarion)

Formation : 2 ans pour préparer le DUT information-communication, option métiers du livre.

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culture

L'avis de la bibliothecaire

Questions à Marie-Annick Marion, du service médiation et action éducative des bibliothèques de Rennes. On dit que la gente féminine lit plus que les garçons ? Certifiez-vous cette information ? Effectivement, 93 % des femmes et 89 % des hommes lisent. En revanche, l'importance accordée au plaisir de lire varie selon le sexe : Pour les hommes, c'est avant tout un moyen d'approfondir leurs connaissances à 39%, même si la notion de plaisir a progressé chez eux, car, 41 % lisent pour s'évader, se faire plaisir et se détendre. Du côté des femmes, c'est 63 % qui lisent pour s'évader, se faire plaisir et se détendre contre 17 % pour approfondir leurs connaissances. 79 % des femmes lisent des romans contre 59 % des hommes. Les femmes sont aussi plus présentes dans la majeure partie des activités organisées dans nos bibliothèques : cercles de lecture, atelier d’écriture, rencontres d’auteurs... En 2017, dans les bibliothèques, à Rennes comme ailleurs, 41,5% des inscrits sont des hommes et 58,5% des inscrits sont des femmes. Cela at-il une influence sur l’achat de vos collections ? En tant que bibliothécaire, on essaie d’avoir une vue globale sur la production. On n’achète pas soit pour les hommes, soit pour les femmes, mais pour tout citoyen lambda. On fait en sorte que tous les domaines soient représentés dans nos collections. Pensez-vous qu’il soit plus approprié d’embaucher des bibliothécaires de sexe féminin pour s’adresser aux lectrices ? Sont-elles plus à même de répondre à la demande du public ? Dans les faits, les femmes sont majoritaires dans la profession de bibliothécaire, même si, ces dernières années, on observe une progression des hommes dans

les effectifs. A votre question, je répondrais : non. Quand on est bibliothécaire, on s’informe, on s’intéresse à une collection de documents en fonction de la production éditoriale et non en fonction de ses propres centres d’intérêt. Sinon, il faudrait les enfants qui conseillent les enfants et les personnes âgées qui conseillent les personnes âgées...

Quand je serai grande, je serai... Éditrice Chaque mois, des centaines de manuscrits inondent les bureaux des maisons d'édition. C'est à l'éditeur de dénicher les nouveaux talents. Son pire cauchemar ? Rater un succès littéraire et passer à côté d'un nouveau talent !

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L'avis de la libraire

Questions à Charlotte Desmousseaux, gérante de la librairie « La vie devant soi », à Nantes. Le monde du livre est-il un milieu plus féminin que masculin ? Pourquoi ? Comme dans les autres milieux, les hommes occupent des postes clés, de direction. Et les femmes sont très représentées dans le reste des postes, plus que dans d’autres milieux. Cette répartition est certainement due au panachage scolaire : beaucoup de femmes font des études de lettres et se retrouvent donc à travailler dans le milieu du livre. Les écrivaines, elles, ont du mal à être autant visibles que les hommes et c’est, entre autres au libraire, de les rendre plus visibles ! En valorisant leur travail, en veillant à l’équité, en les faisant découvrir aux lecteurs et lectrices. Au niveau de votre clientèle, avezvous plus de femmes ou d'hommes?

Cela intervient-il dans vos choix d'achats ? Il y a peut-être plus de femmes, oui. Si on se réfère aux statistiques nationales, les femmes lisent plus. Notre clientèle est très panachée, et, même s'il y a des exceptions, la majorité des femmes va plus vers la littérature et la majorité des hommes vers la bande-dessinée. Mais ce que l’on ressent c’est que cela change. Et beaucoup d’hommes énoncent le souhait, de plus en plus, d’une littérature sensible ! Il y a également de plus en plus de jeunes femmes qui s’ouvrent à une littérature très engagée, très féministe. On sent un réel changement de ce point de vue-là. Et en effet, cela influe sur mes choix d’achat. Il y a une forte demande, par les femmes

de livres « qui font du bien, qui racontent une histoire, qui vous emporte ». Mais, mon rôle est aussi de proposer d’autres choses, des livres qui amènent à une réflexion, par les histoires sur le monde, le monde intérieur et l’engagement, la conditions des femmes, l’écologie… Recrute-ton davantage de femmes dans les librairies ? Oui ! Et plus largement sur notre métier : alors, en termes de gérance, on voit émerger une forte génération de jeunes femmes hyper motivées, très dynamiques qui ouvrent des librairies. Mais en termes de direction, que ce soit direction commerciale ou éditoriale ou direction de très grosses librairies, à mon sens, cela reste très masculin.

En bref…

Enthousiasme, dynamisme, plaisir de travailler semblent être les maîtres-mots du "royaume du livre". Plus qu'une course à la parité des sexes, les professionnels privilégient la satisfaction de la clientèle, point central de toutes leurs attentions. Hommes, femmes, enfants, grands-parents, la lecture ne fait pas la différence et n'a qu'un seul but : vous en mettre plein les yeux !

Formation : 5 ans d’études pour obtenir un master métiers du livre et de l'édition. Autre possiblité : un diplôme d'école de commerce afin d'acquérir des compétences en marketing-vente désormais essentielles au sein des entreprises du secteur.

CITAD’ELLES N°17 - 41


zoologie

Avant que

les rhinocéros

ne disparaissent

Aujourd’hui, en Afrique et en Asie, les rhinocéros sont en voie de disparation à cause du braconnage. Qui sont les rhinocéros ? Quels sont leurs petits secrets ? Qui les protège ? Plongez avec nous dans l’histoire de ces animaux mystérieux. Par Kamel

J

usqu’au 19 e siècle, les rhinocéros étaient très nombreux dans les savanes d’Afrique et les forêts tropicales d’Asie. Aujourd’hui, pratiquement toutes les espèces sont menacées de disparition (Source : Le monde des animaux n°7 et WWF). Voici les derniers rhinocéros menacés d’extinction d’ici à 2020. • Le rhinocéros noir : « Il a des lèvres pointues. Elles leur permettent de se nourrir en hauteur, coupant les feuilles des arbres et des buissons plutôt que de brouter. » Un peu plus de 5 000 individus (en danger critique d’extinction). En 2014, 1 215 rhinocéros ont été braconnés en Afrique du Sud ; ces crimes ont donné lieu à (seulement!) 386 arrestations. • Le rhinocéros blanc : « Il a une lèvre inférieure plate, qui lui permet de brouter. C’est la plus grande espèce de rhinocéros sur Terre. Sa corne mesure en moyenne 90 cm de longueur. » Les rhinos blancs du Nord et du Sud vivent en Afrique. On compte environ 20 000 individus (espèce quasi menacée).

3 500 individus (espèce vulnérable). Environ 70% vivent dans le parc national de Kaziranga, en Inde. Le rhino indien est en voie d’extinction d’ici à 2020. • Le rhinocéros de Java : « Il n'existe qu’une seule population de rhinocéros de Java ; elle vit sur l’île de Java, en Indonésie. Les animaux ont des incisives inférieures très coupantes et parfaites pour se combattre. » Il ne reste plus que 40 à 60 individus (en danger critique d’extinction). •Le rhinocéros de Sumatra : « C’est le plus petit et le plus poilu et c’est le seul qui est proche parent du rhinocéros laineux, une espèce éteinte. Ses poils retiennent la boue qui agit comme une protection contre la chaleur et les insectes. » Il reste moins de 100 individus. En danger critique d’extinction, car leur habitat disparaît à un rythme alarmant et leur reproduction en captivité est très difficile.

Trois associations majeures travaillent sans relâche pour protéger les rhinocéros. • La réserve Ol Pejeta C’est le plus grand sanctuaire pour les rhinocéros noirs en Afrique de l’Est. Il abrite les 3 derniers rhinocéros blancs du Nord. La réserve emploie 150 rangers, dont 32 sont armés pour éloigner les braconniers qui cherchent à s’approcher des animaux. • Le World Wide Fund (WWF) for nature Le WWF soutient 12 projets de réserves africaines. Il aide à créer de nouvelles zones protégées et agrandit celles qui existent déjà. Il coopère avec le réseau de surveillance du commerce de la faune sauvage, pour lutter contre le braconnage. • Save the Rhino Cette organisation s’associe aux projets en Afrique et en Asie pour prévenir le braconnage, éduquer les populations locales et faire baisser la demande en cornes de rhinocéros.

• Le rhinocéros indien : « Il est unicorne et vit près de l’eau. Sa peau plissée, qui ressemble à une armure, lui permet de réguler sa température corporelle. » On recense

Quand je serai grande, je serai... Soigneuse Qu'elle travaille dans un parc aquatique, un zoo ou une animalerie, elle distribue les repas, nettoie ensuite les cages, et assiste le vétérinaire.

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Gestation : 16 mois Poids à la naissance : entre 30 et 50 kg Taille à la naissance : 50 cm Taille adulte : de 2,50 à 4,20 m Poids adulte : de 600 à 3 600 kg Durée de vie : 40 à 50 ans

Des cornes très convoitées Les cornes, sont la "malédiction" des animaux. Au poids, sur le marché noir, une corne vaut plus cher que de l’or ou de la cocaïne, En Asie, on prête aux cornes des vertus thérapeutiques et aphrodisiaques. La demande est intarissable, malgré tous les interdits. Les braconniers continuent à sévir.

Au Vietnam, le dernier rhinocéros de Java est retrouvé mort, sans sa corne. Vendre et acheter des cornes de rhinocéros est désormais interdit.

2010 1977 1952

Le Népal prend des mesures anti braconnage pour protéger le rhinocéros indien.

1992

Il ne reste plus que 2 300 rhinocéros noirs : soit une baisse de 90% depuis 1970.

2014

Il ne reste plus qu’un rhinocéros blanc du Nord et les rhinocéros noirs sont toujours autant victimes de braconnage.

Formation : 4 établissements - Carquefou, Gramat, Vendôme, Sury-le-Comtal - proposent des formations accessibles au niveau CAP au minimum avec une expérience au contact des animaux.

CITAD’ELLES N°17 - 43


Le rhinocéros le plus proche de Rennes Maya, Saar et Ajang vivent à 1h20 de Rennes. Au zoo de Branféré (56), ces trois rhinocéros indiens cohabitent avec des antilopes ou des cerfs. Le rhinocéros indien est un très bon nageur. Il passe son temps à patauger dans l’eau ou dans la boue. Ces bains lui permettent de réguler sa température et de prévenir les dangers du soleil. La boue est un soin efficace pour la peau, elle permet de contrôler les parasites. En milieu naturel, le rhinocéros cohabite avec des oiseaux insectivores qui, en se posant sur son dos, se chargent de le débarrasser d’éventuels parasites. Les rhinocéros vont pour la plupart déféquer toujours au même endroit. Ces immenses tas de fumiers servent de points de « communication ». Après avoir déféqué, ils y frottent leurs pieds arrière et « transportent » leur propre odeur sur les sentiers. Le rhinocéros indien a tendance à utiliser toujours le même sentier, qu’il manquera par les secrétions des glandes des pieds, l’urine et le fumier. Autant d’informations transmises aux autres individus qui emprunteront ce chemin !

(1) http://association-imad.fr

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Premier code animal Une première en France mais également en Europe : le premier code juridique de l’animal a vu le jour en France le 22 mars 2018. Il a été réalisé par une équipe de spécialistes du droit animalier et la Fondation 30 Millions d’Amis. Toute vie animale a droit au respect. Avant ce code de l’animal, c’était très difficile de défendre au tribunal une affaire de maltraitance ou d’euthanasie abusive d'animal, cela pouvait être un casse-tête. Ce code est destiné principalement aux magistrats, aux procureurs, aux avocats, aux vétérinaires, aux étudiants et également aux enseignants, cela facilitera le travail de ceux qui s’intéressent à la protection animale. Il existe sept codes : code civil, pénal, de procédure pénale, rural et de pêche maritime, de l’environnement, des collectivités territoriales et le code de la santé publique. L’article 521-1 du code pénal punit les personnes à 2 ans d’emprisonnement et à 30 000€ d’amende pour des sévices graves et à des actes de cruauté commis envers des animaux domestiques. L’article L214-1 du code rural stipule que tout animal, étant un être sensible, doit être placé par son propriétaire dans des conditions convenable et adapté à l’animal. Il y a encore l’article 515-14 du code civil, qui indique, depuis une loi de 2015 que « les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité ».

Un bébé-éprouvette rhinocéros ?

Le 19 mars 2018, le dernier rhinocéros blanc mâle du Nord est mort. Donc il ne reste plus que deux représentantes, les femelles Najin et Fatu, dans une réserve du Kenya. Malheureusement, elles n’ont pas pu s’accoupler avec Sudan avant son décès. Des chercheurs d’une équipe internationale ont un plan audacieux : réaliser la première FIV (Fécondation in-vitro) sur un rhinocéros. Ce projet a été lancé il y a deux ans. Il s'agissait de récolter du sperme de Sutan et des ovules de Najin et Fatu. Une fois la cellule œuf créée en laboratoire, il ne reste plus qu’à l’implanter dans l’utérus d’un rhinocéros blanc du Sud. Pour le moment, il n’y a pas eu de test pour l’implantation. Un labo italien est en train d'y travailler, à partir de sperme congelé. Ils se donnent trois ans pour réussir à faire un bébé-éprouvette rhinocéros.


histoire

Il y a cinquante ans, les pavés volaient et la soif de liberté était une épidémie contagieuse. Album-souvenirs de mai 1968 et son vent de révolte qui reste inspirant. Collectif.

Par Sisi.

Anne Guérin (1) dresse un état des lieux de la prison en 1968. Les bâtiments semblent tous vétustes et construits au XIXe siècle. "Les prisons connaissent une surpopulation. La nourriture est infecte et sans équilibre nutritionnel. Des problèmes d’hygiène s’expliquent par la saleté et le manque d’eau. les soins sont rares. L’information

est censurée et la culture limitée", écrit l'auteur du blog Zones Subversives, qui commente l'ouvrage(2). En Mai 68, la révolte n’atteint pas les prisons. Mai 68 est passé à côté de la question des prisons. Mais cela a peut-être permis de faire naître le débat. Notamment parce que deux cents maos, particulièrement actifs dans l’agitation d'après 68, sont alors emprisonnés. Ils continuent la lutte en prison. Les maos participent à

des grèves de la faim et obtiennent des avantages. Dans les années 1970, les luttes des prisonniers se développent. Parmi les mutins des années 1970, certains ont participé au mouvement de Mai 68. Ces révoltes alimentent une réflexion sur la prison et l'ordre social. Les mutineries permettent de sensibiliser la population aux conditions de détentions. La révolte, d’abord pacifique, se transforme en véritable mutinerie. Ces révoltes débouchent sur les réformes de René Pleven, en 1972. Et en 1971, Michel Foucault et Daniel Defert mettent sur pied un Groupe d'information sur les prisons (GIP) ayant pour vocation de sensibiliser l'opinion publique aux problèmes soulevés par l'institution carcérale. Le GIP recueille la parole des prisons pour briser la honte et la culpabilité des détenus. À LIRE : G. Salle, Mai 68 a-t-il changé la prison française ?, Critique internationale , n° 16, juillet 2002. (1) Prisonniers en révolte. Quotidien carcéral, mutineries et politique pénitentiaire en France, de Anne Guérin, Agone 2013. (2) "Les luttes des prisonniers dans les années 1970", publié le 20 Août 2013 sur www.zonessubversives.com

CITAD’ELLES N°17 - 45


histoire

des premières manifestations, le 1er mai jusqu'à l'évacuation définitive des 2 places fortes étudiantes, la Sorbonne et le théâtre de l'Odéon.

le 3 mai, après l'évacuation musclée de la Sorbonne. On compte parmi elles Jacques Sauvageot, dirigeant de l'Unef, Daniel Cohn-Bendit, Brice Lalonde et Alain Krivine.

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c'est l'âge de la majorité en 1968. La plupart des étudiants qui manifestent n'ont donc pas le droit de voter.

En 1968, on compte près de

en France, soit 3 fois plus qu'en 1958, sans aucun budget supplémentaire.

à Paris lors des émeutes les plus violentes du 3 mai : 279 étudiants 202 policiers.

les dégâts évalués par la préfecture de Paris (équivalent à près de 3 millions d'euros en 2018).

CITAD’ELLES N°17 - 47


histoire

Au plus fort de la grève générale, le 22 mai, ont cessé le travail. Le record précédent, 6 millions en 1936, est largement battu.

se lancent à l'assaut des barricades étudiantes dans la nuit du 10 au 11 mai.

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Le bilan de la préfecture de police de Paris s'élève à 4 morts,

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libres

FANTÔME Par Elene

Que reste-t-il de notre amour ? Des jours heureux que nous savions créer de toutes petites choses qui, une fois assemblées, formaient Une magnifique tour si élevée qu’ils nous semblait impossible d’en atteindre la cime. Que reste-t-il de toutes ces attentions aussi manifestes que grotesques... puisqu’à la fin, il n’en reste rien. Se peut-il que l’amour renaisse de ses cendres éparpillées dans le ciel ? Aujourd’hui, je regarde et je vois. Ce que j’aperçois n’est pas comparable à ce qui a été. Ce qui reste de notre amour semble si léger qu’il flotte dans l’atmosphère comme le brouillard. Évanescent ,qu’un simple vent, un léger courant d’air, fait disparaître à tout jamais. Tu, je, n’y crois plus. Et pourtant, le fantôme de notre amour s’évaporera parce que nous ne sommes plus capables de redonner un sens à ce qui en a. Va en paix, condamnée à errer à tout jamais… Fantôme d’amour et de liberté.

MARC Par Elene

Pour toi ces quelques mots avec toutes mes pensées amicales. S’écrire au-delà de ces murs et m’ouvrir à toi est une délivrance en tout et pour tout. Je te remercie de ton attention et de ton écoute. Je t’adresse mes plus tendres pensées. L’ouverture de ta porte m’a délivrée et je ne trouve pas de mots pour te remercier. Mon cœur a beaucoup à donner. Mais l'amour m’a tellement déçue que revivre une histoire m’est difficile. Il me faudra du temps pour retrouver une confiance. La vie n’est pas un jeu. Il est temps que le monde soit juste. Dieu est amour, qu’il te protège et te garde longtemps dans ce monde. Qu’il entende ma prière.

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RACISME Par Elene

La nature humaine fait preuve de racisme. Racisme envers tout ce qui est différent : différent d’eux, couleur de peau, religion, physique. Et aussi choix de sa compagne ou de son compagnon. Compagne ou compagnon de même sexe que le sien, ça dérange ! Racisme, intolérance, homophobie. Homophobie pourquoi ? Est-ce que tout ce qui est différent doit faire peur ? Peur, les gens ne comprennent pas et jugent mal. Mal c’est peut-être la clé du problème. Problème rencontré dans l’enfance, dans l’adolescence ou la vie d’adulte à l’origine du traumatisme. Traumatismes physique, psychiques, nous avons tous et toutes une bonne raison. Raison de se tourner vers un amour différent, différent pour le commun des mortels, mais rassurant. Rassurant pour nous et pour oublier nos frayeurs, frayeurs peut-être subies pendant des années et qui nous font choisir une voie montrée du doigt. Doigt interrogateur, incompréhensif, voire jaloux, oui jaloux du bonheur que cet amour peut apporter, réconfort, sécurité, tranquillité d'esprit. Esprits dérangés disent certains pour se rassurer. Se rassurer face à l'inconnu, face à nos choix, choix qui ne demandent pas leur approbation. Mais que l'on nous laisse vivre sans nous condamner.


é t i c i l b u P ! b e w e l est sur

Vous y retrouverez gratuitement TOUS LES NUMÉROS PUBLIÉS depuis 6 ans en version numérique Feuilles Libres, la mini-série documentaire de Pierre-François Lebrun consacrée AU MAGAZINE EN INTEGRALITÉ LES LIENS VERS LES PARTENAIRES qui soutiennent activement le projet

PRATIQUE !

LA BASE DE DONNÉES remise à jour régulièrement.

Les structures venant en aide au détenu(e) et à leurs proches sont regroupées par thématique.

une seule adresse : citadelles.org CITAD’ELLES N°17 - 51


citadelles.org


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