N°18
VOT MAGAZRE INE
Le féminin sans barreaux
HIVER 2018
CITAD'ELLES Revue éditée à 600 exemplaires • COORDINATION GÉNÉRALE : Les Établissements Bollec Ligue de l’enseignement d'Ille-et-Vilaine • COORDINATION ARTISTIQUE : Les Établissements Bollec • COMITÉ RÉDACTIONNEL : Barbara Elène Xavi Kamel Ata 22 Sisi Fatou Charlotte Sophie Law 85 Marion • INTERVENANTS : Audrey Guiller Agathe Halais Alain Faure Delphine Marie Louis Colette David • PARTENAIRES : SPIP 35 Ligue de l'enseignement d'Ille-et-Vilaine Centre pénitentiaire des femmes de Rennes Fondation M6 Fondation Agir Sa Vie Fondation La Poste Fondation de France Transmission et Fraternité Le Géant des Beaux-Arts • REMERCIEMENTS : Pascal Duret - Sylvain Delouvée Maude Boulanger - Cristina Cordula Sophie Cadalen, Nathalie Favier Emmanuelle Tanneau Maria-Pia Briffaut Laura Stalder - Phantom Jean-Luc Le Bouffo Marie-Claude Lebret Yoann Congiu - Valérie Guenancia Maryse Rupin - Vanessa Mme Kerlau - Clara Grisot Janette Habel - Sandrine Pagnon Antoinette Le Pomellec Youenn Flovie Anne-Héloïse Botrel - Julie Girard Mickaël Marellec La médiathèque Les surveillantes du bâtiment J Merci à tous ceux qui nous ont généreusement apporté leurs compétences pour la réalisation de ce numéro. Illustration Fond Couv : freepik.com Imprimerie Chat Noir - Rennes
Je me souviens de Noël. Ma mère donnait le coup d'envoi en rentrant le sapin en pot qui habituellement trônait dans le jardin. Mon frère et moi fonçions au grenier chercher les décorations. Nous nous battions pour mettre les guirlandes, les boules et surtout la lampe clignotante. Nous installions la crèche avec tous ses éléments : la vache, l'âne, des poules. Une nouvelle figurine venait tous les ans enrichir la saynète. Tous les ans, l'enfant Jésus était égaré au moment du rangement. Et puis, il fallait attendre le 24 décembre. Je me souviens que le tonton et la tata venaient des des Côtes-d'Armor en ramenant des crabes, des langoustines et des huîtres. Je me souviens que l'apéritif durait des heures, que pour nous calmer les parents nous envoyaient dehors ou nous reposer dans nos chambres. Et quand nous revenions, MIRACLE, le Père Noël était passé. Je me souviens que mon père râlait dans la cuisine parce que sa pintade farcie était en train de brûler et qu'il fallait passer à table parce que ça allait être sec. Cette effervescence, je la retrouve tous les ans. Ma maman et mon tonton ne sont plus là, mais ma fille me rappelle ces moments d'excitation et d'impatience propres à cette époque particulière de l'année. Toute l'équipe de Citad'elles vous souhaite de joyeuses fêtes. Ce projet est ouvert à toutes, n'hésitez pas à venir rejoindre l'équipe pour nous proposer vos idées d'articles et d'illustrations. Citad'elles est un projet mené conjointement par le SPIP 35, la Ligue de l'enseignement d'Ille-et-Vilaine et l'association rennaise les Établissements Bollec. Il n'existerait pas sans le soutien de nos partenaires privés que nous remercions au passage. Tous les numéros de Citad'elles sont également lisibles gratuitement sur le site etablissementsbollec.com et sur citadelles.org
La Filmographie Noël: Piège de Cristal - John McTiernan – 1988 – Etats Unis Santa & Cie – Alain Chabat – 2017 – France
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Alain Faure, coordinateur du projet.
Sommaire Couple
Il est jeune et pas elle ................................................................. ...p. 4
Psycho
Ces stéréotypes et préjugés qui ont la peau dure...................... p. 9 Les parloirs sont-ils adaptés aux enfants ................................ ...p. 11
Interview
Look, maquillage et féminité ................................................... ...p. 12
Admin
Démarches administratives : 36 15 comment faire ? ............. ...p. 16 Accoucher et naître dans le secret .......................................... ...p. 18
Vécu
Violences conjugales ................................................................... p. 20 Apprivoiser l'autisme.................................................................... p. 23
Feel good
Donner et recevoir autrement ................................................. ...p. 26
Ailleurs
Prisons du monde ..................................................................... ...p. 32
Histoire
Hasta siempre Comandante..................................................... ...p. 36 Qui suis-je ? .................................................................................. p. 40
Cuisine
Princesse Boulettes ..................................................................... p. 42
Café
Un café qui rend joyeux ........................................................... ...p. 46
Culture
La culture, c'est la vie !.............................................................. ...p. 49
Smile
100 bonnes raisons de rester en vie en 2019 ............................ p. 52 Sourires à découper .................................................................... p. 53
La Filmographie Noël: L'étrange Noël de Monsieur Jack - Henry Selick – 1993 – Etats Unis Le pôle express – Robert Zemeckis – 2004 – Etats Unis
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couple
Il est jeune et pas elle Le couple est plein de mystère... Rajoutons-lui l'évolution des mentalités et la montée des droits de la femme, alors son schéma habituel semble bouleversé. Pour le meilleur ou pour le pire ? Par Barbara Miss France 2007, Rachel Legrain -Tra p a n i, 3 0 a n s et Benjamin Pavard, 22 ans Emmanuel Macron, 39 ans et Brigitte Macron, 65 ans Valérie Trierweiler, 53 ans et Romain Magellan (ex-rugbyman pro) 45 ans Pamela Anderson 51 ans et Adil Rami (footballeur) 32 ans Zlatan Ibrahimovic , 37 et Helena Seger 48 ans Laurence Ferrari, 52 ans et Renaud Capuçon 41 ans Virginie Efira, 41 ans et Mabrouk El Mechri (réalisateur), 31 ans… Quand il se sont rencontrés, Marguerite Duras (romancière et cinéaste), avait 66 ans, et Yann Andréa (écrivain), 28 ans. Dominique Rolin (écrivaine), 46 ans, et Philippe Sollers (écrivain), 23 ans. Des femmes à part ? La première question que l’on pourrait se poser est : est-ce une tendance réservée aux stars, aux personnes connues ? Finalement, en y réfléchissant bien, a-t-on une vieille copine de lycée, une cousine éloignée ou une vague belle-sœur qui se trimballe fièrement au bras d’un « plus jeune qu’elle » ? Et, pourquoi qualifie-t-on ces femmes de cougars pour certaines, de Milf ("Mother I'd like to fuck", terme issu du rap) pour d’autres, et pourquoi pas d’incestueuses pendant qu’on y est ? Beaucoup d’interrogations se bousculent lorsqu’on aborde ce thème d’inversion des tendances,
d’évolution du schéma de couple. Certaines rougissent, d’autres se frottent les mains. Toutefois, notons que le point de vue féminin diverge de celui masculin. 20% des couples Pourtant, il faudrait avoir l’esprit bien étriqué pour fermer les yeux sur ce nouveau phénomène de couple « avant-gardiste » où l'homme est plus jeune que la femme, qui représente 20% des unions aux Etats-Unis, 16% en France. Et la tendance serait à la hausse. Mais attention, il est intéressant de souligner que la part des femmes vivant avec un homme plus jeune est plus forte chez les quadras : à 43 ans, 15% des femmes ont un conjoint plus jeune, contre 11% des femmes de 33 ans et 3% des jeunes femmes de 23 ans. Ils ont changé d’envie De nombreux jeunes hommes sont
La Filmographie Cougar: Le diable au corps – Claude Autan-Lara – 1947 – France
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fascinés et attirés par l’expérience et la maturité d’une compagne plus âgée. Selon les sondages, ils aiment aussi le côté maternel des femmes plus âgées. La psychologue américaine Jan Sinnott (de Baltimore) a longuement étudié les couples dont la femme est plus âgée que l’homme. Le résultat est surprenant : ces couples sont souvent plus harmonieux et plus stables qu’on le présumait jusqu’à présent. Dans un second temps, selon Dominique Babin, spécialiste de prospective sociale : « Il ne faut pas négliger l’attrait des femmes plus âgées pour les garçons car elles représentent moins de pression financière, plus de confort matériel, et moins de pression pour avoir un enfant. » Un désir de parité pour elle, une attirance venue de l’enfance pour lui L e s f e m m e s a p p ré c i e nt u n
« Il faut être très fort psychiquement pour s’affranchir des jugements. » Sophie Cadalen est psychanalyste et auteure de Aimer sans mode d’emploi, suivre les chemins de son désir (Eyrolles).
La Filmographie Cougar: Un été 42 – Robert Mulligan
- 1971 – Etats Unis
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couple
partenaire plus jeune parce qu’il est capable d’une relation basée sur l’amitié et le respect mutuel. « Beaucoup d’hommes qui ont mon âge ont une attitude trop paternaliste », témoigne Laura. Et ces hommes qui se mettent en couple avec des femmes plus âgées ont été élevés par des mères autonomes. Cela a rendu les enfants sensibles à un idéal de femme forte. La relation amoureuse s’apprend avec les parents... Ils ont donc cherché une femme qui s’assume et cette femme se trouve dans une tranche d’âge supérieure. Ce faisant, il est devenu flatteur pour ces jeunes hommes de s’afficher avec une femme plus expérimentée sexuellement. Mais
aussi dans la vie, car cela montre qu’ils assurent sur tous les plans ! Peur du regard des autres Notons que les hommes qui s’intéressent aux femmes plus âgées déplorent que nombre d’entre elles n’assument pas la différence d’âge et n’osent pas franchir le cap. L’opinion de l’entourage a sans aucun doute un impact important sur cet attentisme. Et pourtant, ces couples ont du potentiel : leur relation reposant en grande partie sur la tolérance. D’après le Dr Madeleine Gerardin-Toran, sexologue et thérapeute de couple, « une femme qui s’affiche avec un homme plus jeune risque de s’attirer
La Filmographie Cougar: 20 ans d'écart – David Moreau – 2013 – France
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des regards désapprobateurs, voire des jugements acerbes. On observe pourtant une certaine évolution depuis une dizaine d’années. » Une évolution des mentalités « Les gens osent davantage assumer cet écart, mais pas dans toutes les couches sociales, explique Philippe Brenot, auteur de Inventer le couple(1), interrogé par Le Figaro Madame. En réalité, ce genre de couple est arrivé avec l’augmentation de la longévité. À partir des années 1980, la révolution sexuelle a permis l’émancipation des amours et donc des écarts d’âge. » Aujourd’hui, on ne réfléchit plus en terme d’âge. On observe une certaine fluidité, un peu comme avec le genre. En effet, aujourd’hui les femmes bénéficient d’une espérance de vie plus longue que les hommes d’en moyenne six ans et pour tout le monde, les signes du temps sont beaucoup moins visibles qu’auparavant. Par ailleurs, au moment où la plupart des femmes ont gagné leur indépendance financière, où 44% des mariages se terminent en divorces, où le nombre de familles monoparentales explose (+ 78% depuis 1990) et où les unions se font et se défont en un swipe sur tinder, les couples deviennent de moins en moins stéréotypés.
ENTRETIEN
avec Pascal Duret, sociologue, spécialiste de l'identité et du couple. Citad'elles : Aujourd’hui, il semble que les jeunes hommes sont de plus en plus attirés par des femmes plus âgées qu'eux. S'agit-il d'une mode postélection du couple Macron ou d’une évolution des mœurs plus profonde ? Pascal Duret : La question de l’éventuel effet de modèle du couple Emmanuel et Brigitte Macron et de son influence sur les mœurs de nos contemporains, c’est un peu celle de la poule et de l’œuf. Il ne faut pas confondre la cause et les effets. C’est parce que les Françaises se sont reconnues en Brigitte Macron qu’Emmanuel Macron l’a mise en avant durant sa campagne. Les mœurs avaient déjà changé. Brigitte Macron, elle, semble respirer et inspirer le bonheur conjugal. Dans les années 80, l’écart moyen entre un conjoint et sa conjointe était de cinq ans. Cet écart s’est amenuisé à trois ans dans les années 2000, puis s’est encore réduit à deux ans dans les enquêtes les plus récentes. En outre, ces statistiques ne prennent en compte que les couples mariés. Or la transformation des mœurs est toujours plus nette aux marges du mariage. Pourtant, point de contresens ! Il ne s’agit pas de lire dans cette évolution le triomphe de l’âge mûr sur la jeunesse, mais bien au contraire le prolongement indéfini, en tout cas le plus longtemps possible, de la jeunesse. Car aucun doute n’est permis sur ce point : Brigitte Macron, à 65 ans, parait plus jeune que ma grandmère à 55. C : Ce nouvel état d'esprit masculin montre-t-il un recul de la société patriarcale ? P.D : Il n’y a pas à proprement parler de disparition de la société patriarcale. Mais elle trouve en face d’elle une contre-société qui lui est
aujourd’hui opposée et qui sait en limiter les ambitions : la cité des femmes avec ses propres normes, pas forcément en décalque de celles des hommes. Cette société des femmes peut se percevoir nettement aux moments de ruptures biographiques (séparations conjugales, décès..). Les femmes ont des amies pour les écouter et les réconforter. Elles s’entraident à remonter en selle. La différence principale entre une « looseuse » et une fille qui s’en sort, c’est souvent justement l’appartenance à cette cité invisible
« Les sites de rencontre sur Internet sont de formidables outils pour mesurer la désirabilité des personnes. » faite de solidarité et d’entraide. Dans ma région, il existe un club informel et quasi-clandestin appelé le « FLBG » (Front de libération des beaux gosses) où des femmes séparées ou momentanément seules se retrouvent pour partir ensemble à la chasse aux proies masculines et plus globalement pour s’épauler. C : L’accès libre à Internet et à la pornographie a-t-il eu une influence sur cette nouvelle modernité dans le couple ? C’est l’accès à Internet plus que la pornographie (où les exploits des cougars ne sont pas toujours très enviables) qui a fait évoluer les choses. Tout particulièrement la banalisation des sites de rencontres. Les femmes de plus de 40 ans peuvent faire valoir leur beauté et rentrer en compétition avec des bien plus jeunes. Les normes corporelles
sont toujours indissociablement liées à l’âge : quelle que soit sa position sociale, sa richesse, son niveau de diplôme, son emploi, on se pose toujours des questions : comment puis-je me permettre de m’habiller à mon âge ? À partir de quand n’ai-je vraiment plus l’âge de porter tel ou tel maillot de bain ? Il s’avère que la beauté est un capital très important que, malheureusement, les sociologues passent souvent sous silence, car il est très difficile à mesurer (inversement aux diplômes ou à l’argent). Les sites de rencontre (Meetic, Tinder, Adopte un mec…) sont de formidables outils sociologiques pour mesurer la désirabilité des personnes. À partir de quelques photos d’appel, certaines sont « likées » plus de 1 365 fois alors que sur un même site, d’autres ne dépassent pas les 40 fois. Plus pertinent encore, regarder les profils de ceux qui entrent en contact avec les personnes les plus likées. Dans ce cadre, les belles femmes de la génération quadra tirent effectivement leur épingle du jeu, car elles peuvent tout aussi bien s’imposer auprès de jeunes trentenaires que des hommes de leur âge ou de plus âgés. Alors que les moins belles doivent se limiter davantage à leur âge. Enfin, il ne faut pas confondre le choix d’une partenaire d’un soir et le choix, qui engage à long terme, d’une conjointe.
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ENTRETIEN
avec Sophie Cadalen, psychanalyste et auteure de "Aimer sans mode d’emploi, suivre les chemins de son désir" (Eyrolles). C : Un conjoint plus jeune est désormais admis ? Sophie Cadalen : C’est une tendance plus facilement admise chez les gens « en vue », qui donc se l’autorisent plus facilement. On ne juge pas de la même façon les gens « ordinaires », et ces élites qui nous paraissent vivre dans un autre monde. Mais en réalité, ces amours, ces désirs qui ne suivent pas la soi-disant norme existent partout et depuis toujours. En France et ailleurs. Là où les mœurs sont assez libres, ces couples effectivement existent et s’assument. Ce n’est pas tant un changement qu’une possibilité qu’on ne refoule plus, ou qu’on ne cache plus. C : N’a-t-on plus peur d’afficher ses différences ? S.C : Ça dépend où, dans quel co ntexte . Né a n m o i n s , p o u r beaucoup, dans l’intimité de ces couples, le regard porté sur eux n’est pas si facile à gérer. Et même s’ils s’affichent et se vivent davantage, le doute quant à leur « normalité », quant à leur pérennité, est souvent plus fort. Il faut vraiment être très libre, très fort psychiquement, pour s’affranchir des jugements, et vivre son amour. Il suffit d’entendre ce qui se dit sur le couple Macron… C : Cette tendance moderne est-elle fertilisée par les sites de rencontres sur Internet, par la pornographie sur Internet ? S.C : Je ne pense pas. C : Le combat des homosexuels a-t-il aussi contribué à faire bouger les lignes dans l’idée que l’on se fait d’un couple ? S.C : Oui, tout ce qui remet en cause la soi-disant norme fait bouger les lignes du couple « comme il se doit ». Tout en levant aussi des résistances très fortes ! Plus ça se libère d’un côté, plus les crispations
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s’accentuent de l’autre. On réclame tous la plus grande liberté, mais l’humain au fond a peur des possibilités qui s’ouvrent à lui.
les hommes peuvent toujours apprendre des femmes, et vice-versa. Mais si l’ego s’en mêle, la relation s’en trouve forcément empêchée.
C : Des couples qui ont un écart d’âge de huit ans ont-ils moins de chance de durer ? Puisque "l’amour dure trois ans", n’y a-t-il pas plus de risques ? S.C : Huit ans de différence, ce n’est rien… Quant à cette expression « l’amour dure 3 ans », je la mets en doute. La passion, peut-être, dure rarement plus de trois ans. Mais n’est-ce pas justement le défi de l’amour que de transformer au fil du temps des sentiments exaltés en sentiments profonds et moins « agités » ? Ce qui fait obstacle à ces couples, quand il y a une vraie différence d’âge, sera d’abord le regard des autres. Et puis les différences générationnelles : pas les mêmes amis, loisirs, envies. Aussi la question de l’enfant : lui peut en vouloir, elle ne peut plus en faire.
C : Sont-ils prêts à accepter que la femme ait plus d’expérience qu’eux et qu’elle ait eu plusieurs amants avant eux ? S.C : S’ils aiment ces femmes plus âgées, c’est aussi à cause de leur vécu, et de leur expérience. Qui n’est pas garantie d’ailleurs ! On sait bien que le nombre d’années « sexuées », à faire l’amour, ne fait pas forcément de ces femmes des « expertes ». Un homme plus jeune peut aussi révéler à une femme mûre un plaisir, une sensualité qu’elle n’a jamais connue. Le jeune homme peut être aussi l’initiateur. Comme elle peut se découvrir beaucoup de plaisir à jouer les dominatrices, les « maîtresses », au sens aussi éducatif du terme. Ce que souvent ces hommes aiment chez ces femmes, c’est leur liberté plus grande, que l’on n’a pas forcément du temps de la jeunesse. Et puis, comme dans tous les couples, la sexualité dans ces couples n’est pas toujours essentielle ou réussie.
C : Sexuellement, pensez-vous qu’aujourd’hui les hommes seraient capables d’apprendre des femmes sans se sentir touchés dans leur ego ? S.C : Quels que soient les âges,
CES STEREOTYPES ET PREJUGES QUI ONT la peau dure Quand on rencontre quelqu’un, on a tendance à le cataloguer, à le juger immédiatement sur son physique, ses vêtements, sa façon de parler, son métier, sa région ou son pays d’origine…Cette fameuse « première impression » n’est pas forcément la bonne. Le chercheur rennais Sylvain Delouvée, psychosociologue (1), a analysé le processus des préjugés et stéréotypes. Par Sophie « Quand j'ai reçu votre mail pour une demande d'interview pour Citad'elles, raconte Sylvain Delouvée, j'aurais pu avoir une appréhension du fait de venir dans une prison. Car les gens ont facilement des préjugés par rapport aux détenus. Mais ça n'a pas été mon cas, notamment parce que j'interviens depuis un certain temps à la prison pour hommes de Vezin. Mais là, c'est la première fois que je viens dans un centre de détention pour femmes ». Préjugés, stéréotypes, discriminations… Nous employons ces mots de la langue courante en pensant savoir ce qu’ils signifient. Or, il y a des différences précises entre ces concepts, explique le chercheur rennais. « Une représentation sociale est
une façon de voir, localement et momentanément partagée, au sein d’une culture. » Elle vise à mieux cerner un aspect du monde et à guider l’action à son propos. « Autrement dit, c’est une théorisation naïve de ce qui nous entoure , permettant de savoir comment agir », résume Sylvain Delouvée. Pour s’élaborer, les représentations sociales ont besoin de stéréotypes. Le stéréotype est quelque chose de spontané et quasi-automatique chez l'être humain. « Par exemple, souligne Sylvain Delouvée, quand on voit une personne, on se forge une idée - souvent fausse d'ailleurs - de ce qu'elle peut être. On pose un jugement immédiat. » Le psycho-sociologue trace quatre pistes pour lutter contre les préjugés.
La Filmographie Stéréotype: Bagdad Café - Percy Adlon – 1987 – Allemagne Thelma et Louise - Ridley Scott – 1990 - Etats-Unis
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Les préjugés visent un groupe « Les préjugés, eux, sont des sentiments ou attitudes positives ou négatives concernant les membres d'un groupe social. » C'est une attitude défavorable envers une ou plusieurs personnes en raison de leur appartenance à un groupe particulier.
conjugale, handicap… - sans avoir vécu celle-ci? « On ne peut pas se mettre à la place d'une personne dans l'une de ces situations. On peut cependant entendre ce qu'elle dit de sa position, et donc la comprendre. On imagine ce qu'elle ressent », indique Sylvain Delouvée.
Les préjugés sont plus individuels, normatifs et descriptifs. « Le fait de catégoriser les groupes amène à faire de la discrimination », ajoute Sylvain Delouvée. Par exemple : les handicapés, les détenues, les chômeurs…. Le préjugé est une définition affective (j'aime ou je n'aime pas). La discrimination, c'est le comportement qui va découler du préjugé, quand celui-ci est négatif.
Le psychosociologue explique : « Il y a deux manières de penser. La pensée automatique qui est intuitive : elle est facile et rapide. La pensée analytique qui est complexe : elle prend plus de temps et de ressources. » De ce fait, dans la vie de tous les jours, on utilise la simplicité de la première façon de penser, c'est-à-dire les stéréotypes et les préjugés.
Même si on ne l’a pas vécu… Peut-on être capable de comprendre une personne ou une situation maladie, emprisonnement, violence
BioExpress Sylvain Delouvée est maître de conférences en psychologie sociale à l'université Rennes 2. Il est directeur de rédaction de la revue Les Cahiers internationaux de psychologie sociale, et directeur de publication du site psychologie-sociale.org. Il a publié plusieurs essais, dont Stéréotypes, préjugés et discriminations, paru en septembre 2008, cosigné avec Jean-Baptiste Légal.
La prochaine fois, si vous voulez éviter les préjugés, pourrezvous reconnaître vos pensées automatiques ? Et, peut-être, prendre le temps d'analyser ce qui se passe ?
je ne suis pas un cliché !
Je me marie avec qui je veux !
je ne suis pas un clown c'est ma vraie couleur de cheveu
La Filmographie Stéréotype: La couleur de sentiments – TateTaylor- 2010 – Etats-Unis Joue-la comme Beckham - Gurinder Chadha – 2002 – Angleterre
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psycho
Les parloirs sont - ils adaptés
aux enfants ?
Il y a des solutions pour que l'enfant qui vient voir son parent se sente le plus à l'aise possible au parloir. Maude Boulanger, assistante sociale de l'Aide sociale à l'enfance, près de Rennes, nous donne des pistes. Par Alicia Comment sait-on si les parloirs sont adaptés aux enfants ? On ne peut jamais savoir. Cela dépend de chacun, de son âge et de sa compréhension de la situation. L’idéal serait de faire des visites dans un lieu autre, mais certains parents ne peuvent pas sortir de prison du tout. Ce qui n'est pas non plus facile, c'est quand on réserve un créneau pour un parloir, l'enfant ne peut pas sortir avant la fin du parloir. Même si ça se passe mal pour lui. Il serait important qu'il puisse demander à sortir. Tous les enfants ne s’adaptent pas au parloir.Le lieu ou le fait de passer les portiques de sécurité avec tout le personnel pénitentiaire peut faire peur. Nous sommes là pour rassurer et sécuriser l’enfant. Certains s'adaptent vite, surtout les plus jeunes, et tout se passe facilement. Il arrive parfois que d'autres enfants fassent des cauchemars de la prison et aient peur d’y retourner. C'est là que le parent joue un rôle très important. Plus il sécurise son enfant et plus il lui donne le temps de se sentir peu à peu à l’aise au parloir, mieux ça se passe. Les parloirs sont-ils assez sécurisés pour les enfants ? Oui, les parloirs sont assez sécurisés pour emmener un enfant de tout âge. Cependant, les parloirs restent assez froids, il y a peu de décoration, peu de jouets. C'est donc important que le parent puisse apporter du matériel adapté à l’âge de son enfant : des jeux, des feuilles et des
crayons par exemple. Au CPF, le point positif, c'est la Maison Luciole, où les enfants attendent avant le parloir. C'est bien adapté pour les enfants et permet un sas de préparation et de décompression. Après le parloir, le professionnel discute avec l’enfant pour savoir comment ça s’est passé pour lui. On essaie d’aller au rythme de l’enfant, de bien l’écouter et de le rassurer et de travailler avec le parent pour que ces visites se passent le mieux possible.
Quel comportement un parent doit avoir pour mettre à l’aise les enfants ? La priorité est de prendre l’enfant là où il en est. De lui laisser le temps de venir vers son parent. De le laisser se poser. Chaque enfant réagit différemment et il faut donc respecter son rythme. Ecouter les conseils du professionnel. Même si ce n’est pas évident pour le parent, il doit essayer de contenir son émotion au moment de la séparation notamment.
Comment préparez-vous les enfants avant le parloir ? On prépare l’enfant à aller voir son parent, en lien avec l’assistant familial qui l’accueille. Il n’y a pas de recettes magiques, il suffit d’expliquer à l’enfant comment ça va se passer et répondre à ses questions s’il en a, le rassurer autant que possible. La présence en continu du professionnel permet de sécuriser l’enfant. En fonction de la situation, le professionnel peut décider de faire des visites en parloir plus ou moins régulièrement.
Comment réagir par rapport à une éducatrice qui nous juge, en tant que détenue ? Cette situation n’est pas facile. Le rôle du professionnel ne doit pas être de juger le parent pour ce qu’il a fait ou ce qu’il est, mais plutôt de l’accompagner dans sa relation à son enfant et de lui procurer des conseils. Si un parent se sent jugé, le mieux est de pouvoir en parler calmement avec le professionnel lors d’un parloir seul à seul et d’essayer de comprendre. Il est très important que le parent se sente bien et en confiance pour que le parloir se passe bien du côté de l’enfant. Souvent les sujets de discorde entre un parent et un professionnel se jouent sur le rythme des visites (pas assez au goût du parent). Il faut savoir être patient, car nous devons surtout penser à l’enfant et respecter son rythme.
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interview
look, maquillage Entre deux plateaux de tournage, Cristina Cordula, nous a accordé un interview par téléphone. Magnifaïque !!! Par Mélanie, Sophie, Charlotte et Catherine Citad'elles : Quel look doit préférer une personne un peu forte, en dehors du noir ? Cristina Cordula : Le noir, je trouve que c'est une couleur qui est très belle, très chic. Mais une personne qui est forte, elle peut porter toutes les couleurs qu'elle veut. Ce qu’il faut, c'est que la couleur aille au teint. Si la couleur va au teint, c'est le mieux à porter. On dit que le noir a tendance à amaigrir, mais si on est ronde et que l'on assume nos rondeurs, on peut porter de la couleur, en évitant tout ce qui est imprimé à contraste. Parce que l'imprimé va augmenter les volumes. Donc, si l'on a du ventre et des hanches et que l'on met un pantalon imprimé à fleurs, à contraste ça va augmenter encore les hanches. Si vous mettez une robe qui est imprimée, il vaut mieux porter une veste, un gilet ou un manteau uni. Comme ça l'imprimé va être juste au milieu de votre corps et tout le reste sera couvert par une seule couleur. Sinon, il faut savoir que les couleurs qui brillent augmentent le volume et les couleurs mates, c'est l'inverse. C : Pensez-vous qu'une femme en prison n'a plus de féminité ? CC : Pas du tout, au contraire. En prison, il faut justement essayer
de ne jamais baisser les bras. Parce que plus on se laisse aller, moins ça va dans la tête. Il faut essayer de maintenir la féminité. Je sais que vous avez une esthéticienne qui vient chez vous, donc il faut peut-être aller la voir, faire un soin du visage, une épilation, vous maquiller un peu, vous occuper de vos cheveux, toujours les brosser. Dès qu'on a les cheveux propres, bien jolis, c'est mieux. Avec des cheveux pas soignés, pas lavés, on a tout de suite une apparence négligée. Ce n'est pas parce que vous êtes en prison qu'il faut vous oublier, les filles. C : Qu'est-ce que la féminité, pour vous ? CC : La féminité, c'est ne pas se laisser aller ; bien s'occuper de soi, c'est très important, voyez. Prendre une douche, bien hydrater sa peau pour qu’elle soit soyeuse, tout ça fait partie de la féminité. Et puis, quand on s'occupe de soi, on a plus confiance en nous. On est plus contente et ça donne de la joie et même de la confiance. La féminité, c'est se préoccuper de son apparence. Mais il y en a qui n'aiment pas ça, qui ne sont pas féminines. C : Et qu'est-ce qu'être naturelle ?
CC : Le naturel, c'est le contraire de l'artificiel. C'est à dire qu'il vaut mieux pencher pour le naturel. Mais ce n'est pas ne pas s'occuper de vous, être négligée. Le naturel, ce n’est pas « je ne me lave pas, je ne me coiffe pas, je ne me maquille pas » ! Le naturel, c'est quand vous allez vous faire une mise en beauté, il vaut mieux que le maquillage soit un peu léger : un maquillage trop chargé, c'est vieillissant et pas moderne. Quand vous allez faire une coiffure, il vaut mieux qu'elle soit naturelle plutôt que trop travaillée. Si vous faites des teintures, mieux vaut des choses qui vont avec votre carnation. D’accord pour les cheveux bleus ou roses si vous êtes une personne très extravagante, parce que ces couleurs iront avec le personnage. Mais pour une femme normale, il vaut mieux avoir des couleurs qui vont vers le naturel. Brunes, blondes ou châtains : continuez avec votre base, c'est beaucoup plus joli. C : Est-ce un avantage ou un inconvénient pour les femmes, par rapport aux hommes, d'avoir plus de choix de looks ? CC : Je pense que c'est plus avantageux, non ? Qu'est-ce que vous en pensez ? On a plus de chances, nous les filles, on a le
La Filmographie Mode: Le diable s'habille en Prada - David Frankel – 2006 – Etats Unis
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Cristina Cordula :
« Ne vous laissez pas aller, les filles ! »
La féminité : quand elles tournent autour du mot... Barbara, 48 ans: "Selon moi, la féminité, c'est la possibilité de mettre en valeur ses qualités et gommer ses imperfections. Agrandir un regard, faire briller ses cheveux, allonger ses jambes... Toute femme est dotée d'un ou plusieurs charmes qu'il ne tient qu'à elle de mettre en valeur". Elene, 61 ans: "Une femme féminine, c'est aller chez l'esthéticienne, prendre soin de soi, des massages, chez le coiffeur, s'habiller bien. Toutes ces petites choses qui font qu'une femme est féminine. Cela dit, une femme peut être féminine en jean et chemise à carreaux. Il y a aussi une façon d'être dans la vie, de se comporter en société: avoir du style, savoir recevoir... Mais la féminité, pour moi, ça n'a pas d'intérêt. Moi, en jean et pantalon, je ne me suis jamais sentie féminine. Mais à ma sortie (de prison), je vais changer. Je ferai plus attention à mon allure, j'ai envie de porter une jupe et un beau chemisier. Ca fera plaisir à ma fille et à ma frangine qui travaille à la Poste et qui est toujours tirée à quatre épingles". Sisi, 56 ans: "Etre féminine, c'est être au naturel, sans trop d'artifices. Pour moi, la féminité, c'est me parfumer, le geste et les effluves qui m'enveloppent, sans quoi je me sens vide. Le parfum, c'est l'identité". Ata 22, 30 ans: "La féminité? Oh là, comment je pourrais savoir, moi qui suis une grosse bourrine! Mais je me sens bien une femme. Parce que j'ai un vagin (rires). Je suis féminine parce que je vis ma vie comme je veux, je ne suis raccrochée à rien, pas à des préceptes. Je suis féminine parce que je suis une femme. Je ne sais pas quoi dire d'autre... Féminine, mais pas féministe. Je ne me bats pas pour les droits des femmes. Je vis comme je vis et je me fous de comment les autres vivent. Pas de différences entre les femmes et les hommes, à part biologiques".
La Filmographie Mode: Yves Saint Laurent – Jalil Lespert – 2014 – France
CITAD’ELLES N°18 - 13
interview
choix. Les garçons, c'est toujours le pantalon, la chemise, un t-shirt… Alors que nous, on a les robes et les jupes, plusieurs types de matières, du long, du court... Oh là là ! Je trouve ça plus sympa! C : Avant, les femmes devaient porter corsets et talons. Maintenant nous sommes libres, mais cette autonomie a-t-elle profité aux femmes ? CC : Les corsets étaient tellement serrés qu'elles n'arrivaient pas à respirer, elles s'évanouissaient. Heureusement, les choses ont évolué. Des couturiers, notamment des femmes, ont fait avancer les choses. Et aussi le fait qu’on soit devenues plus féministes. Nous sommes plus libres. Désormais, on
peut porter des pantalons. On est au XXIe siècle, mais on n'est pas à égalité avec les hommes. Y a encore du boulot! C : Les efforts de femmes pour lutter pour leurs droits et leur libération ontils abouti ? CC : Et bien non, justement. Je parle d’égalité en société : avoir les mêmes salaires, obtenir qu’il y ait le même nombre de femmes et d’hommes dans certains postes. Les dirigeants sont beaucoup plus nombreux que les dirigeantes. Mais on a quand même des avancées. La femme a, par exemple, plus le droit de parole, mais il y a encore beaucoup de travail. Et là, je parle dans le monde entier, pas que de la France.
La Filmographie Mode: Zoolander – Ben Stiller – 2001 – Etats Unis
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C : Les hommes aussi devraient-ils se maquiller ? CC : Pourquoi pas ? Vous savez qu'il y a du maquillage pour hommes ? De l’anti-cernes, par exemple. Pour un homme qui se sent trop cerné, et que ça dérange. Il y a des poudres, des petites lingettes qu’ils mettent sur le visage pour enlever la brillance. Ce sont des choses sympas. Et du baume à lèvres pour ne pas avoir les lèvres gercées. Et des poudres un peu bronzantes pour donner bonne mine. L’homme dispose de maquillage pour camoufler, mais il faut que ce soit tout à fait naturel.
BioExpress Cristina Córdula, née à Rio de Janeiro, est une conseillère en image, présentatrice de télévision et ancien mannequin brésilienne. Elle présente plusieurs émissions de relooking sur M6 et Téva comme "Les Reines du shopping", "Cousu main", et "Nouveau look pour une nouvelle vie".
La féminité : quand elles tournent autour du mot... Kamel, 34 ans: "La féminité, c'est d'abord avoir une bonne hygiène, être correctement habillée, même si on est en dépression. Et se maquiller, un petit coup de mascara, c'est bien. Peut-être qu'on se sent être une femme quand on devient mère. Ou à notre majorité, quand on commence à travailler. Ou quand on se met en ménage...". Assia, 28 ans: "La féminité, c'est la vie. C'est la femme qui donne la vie, la motivation. C'est comme une fleur. C'est grâce à la femme qu'on est heureux. La femme a quelque chose de plus grand, de plus extraordinaire que l'homme. Elle peut être magique. Une femme, c'est un diamant, c'est précieux. D'être maman, ça donne une plus grande responsabilité, on grandit plus vite". Sophie, 51 ans: "La féminité, c'est une allure en général, une certaine allure. Se tenir et s'habiller correctement, parler d'une façon distinguée, pas façon camionneur; prendre soin de soi. Ce n'est pas que l'apparence. Il faut que l'intérieur soit cohérent avec l'extérieur. Comme disait qui, déjà, je ne sais plus: "Une tête bien faite dans un corps bien fait"*. La féminité, cela a à voir avec une forme d'éducation, quelque chose que les parents et grands-parents transmettent. Et c'est ce que l'on voit aussi, à la télé, autour de nous. Et à travers nos goûts et nos choix qui évoluent au cours de notre vie. Moi jeune, j'avais l'allure d'une fille, mais dans ma tête, j'étais plutôt "garçon manqué". Je préférais le foot et le vélo aux poupées. Le foot et le vélo, c'est pas réservé aux garçons, mais... Moi, je me suis sentie devenir une femme vers 20 ans, quand j'ai rencontré mon premier amour, parce qu'on a envie de plaire, justement. J'ai l'impression que la féminité, on l'a ou on l'a pas, mais malgré tout, c'est quelque chose qui peut s'apprendre..." * Montesquieu
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admin
Démarches administratives :
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comment faire ? Vous avez des démarches à effectuer mais vous êtes incarcérée… à cœur vaillant rien d’impossible ! Vous pouvez être accompagnée et orientée vers les bons interlocuteurs par votre CPIP (Conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation). Morgan Kerlau (CPIP) a bien voulu nous éclairer de son expérience et ses conseils. Par Marion Se marier/se pacser en prison Le mariage est un droit civique que vous avez et que vous conservez. Il vous faut obtenir le formulaire nécessaire auprès de la mairie de Rennes. Ensuite, différentes pièces seront à fournir comme : un extrait d’acte de naissance, une attestation de domicile, une copie de votre carte nationale d’identité (également pour vos témoins) et une attestation de présence en guise de justificatif de domicile. Pour la célébration, une personne de la mairie se déplacera au CPF. Jusqu’en 2017, les PACS étaient gérés par le Tribunal de grande instance, mais désormais c’est la mairie de votre commune qui en a la charge. Ouvrir un compte en banque Mme Kerlau nous explique que « c’est une démarche particulièrement compliquée, où les gens font preuve de discrimination », mais c’est un droit malgré l’incarcération. Cette démarche est en théorie impossible puisqu’elle nécessite votre présence dans la banque. N é a n m o i n s u n e p ro c é d u re existe : dans un premier temps, il faut vous procurer le formulaire nécessaire auprès de la Banque de France. Vous devez parallèlement formuler votre demande auprès d’agences bancaires de votre c h o i x e n e x p l i q u a n t vo t re
situation. Malheureusement, très peu répondent, alors il faudra vous armer de patience et de p e rs évé ra n ce . L o rs que vous recevrez une lettre de refus, celleci sera à joindre au formulaire et à retourner à la Banque de France qui pourra alors contraindre la banque d'accéder à votre demande
Récupérer un diplôme Il n’est pas possible d’obtenir de duplicata. Toutefois, il est possible d’avoir une attestation mentionnant le diplôme obtenu en écrivant au rectorat du lieu d’examen. Pensez à bien préciser l’année d’obtention.
Faire ses papiers d’identité : CNI (Carte nationale d'identité) ou Passeport Le document à remplir peut être obtenu auprès de votre CPIP. Il faut fournir : un extrait d’acte de naissance (sauf si vous êtes en possession de votre ancienne carte), 4 photos d’identité, un timbre fiscal de 25 euros (somme bloquée auprès de la comptabilité). Le timbre fiscal et les photos d’identité sont prises
La Filmographie Administration: Brazil – Terry Gillian – 1985 – Angleterre
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en charge par la détention si vous êtes indigente. Il faut compter en moyenne 2 mois pour obtenir votre nouvelle carte. Morgan Kerlau souligne que « les pièces à fournir ont une durée de validité, donc la difficulté réside dans le fait de les réunir dans un même délais, mais cet accompagnement fait partie de la mission d’un CPIP ». Alors n’hésitez pas !
Aller plus loin Vous pouvez bien entendu avoir d’autres démarches à effectuer que celles abordées ici. Alors, comme nous le précise Mme Kerlau « même si celles-ci sont du ressort d’une secrétaire SPIP ou d’une assistante sociale, nous sommes aussi là pour vous diriger vers les personnes qui pourront vous aider ». Via le SPIP, vous pouvez par exemple rencontrer une assistante sociale du CDAS (centre départemental d'action sociale) des Champs Manceaux de Rennes puisque l’assistante sociale actuelle du CPF n’est là que pour 3 mois » Mesdames …à vos stylos !
Précision de la direction du CP Au terme d'un protocole avec la préfecture d'Ille-et-Vilaine, l'instruction des demandes de CNI déposées par les personnes détenues se fera dorénavant à l'établissement. Les demandes seront instruites sur un imprimé par l'intermédiaire du SPIP (accompagnées des justificatifs, des photos d'identité commandées auprès du photographe de l'établissement et du timbre fiscal commandé auprès de la régie comptable) puis transmises par le greffe au service compétent de la préfecture. Un préposé de la préfecture se déplacera à l'établissement ensuite pour la prise d'empreinte de la personne détenue. Il n'y aura donc plus nécessité pour les personnes incarcérées de solliciter des permissions de sortir pour obtenir une CNI.
Et a Rennes ? CDAS Formalités Cartes identité Passeport 4, rue Victor Hugo Départ : Prison des femmes Marcher 148 mètres jusqu'à Gare Sud Féval Durée : 2 min Prendre le Bus C3 à l'arrêt Gare Sud Féval en direction de Saint-Laurent Descendre à l'arrêt Place Pasteur Durée : 6 min Marcher 272 mètres jusqu'à Rue Victor Hugo Durée : 04 min Arrivée : Rue Victor Hugo
Planning Familial 11, bd de lattre de Tassigny Départ : Prison des femmes Marcher 580 mètres jusqu'à Charles de Gaulle Durée : 9 min Prendre le Métro a à la station Charles de Gaulle en direction de J.F. Kennedy Descendre à la station Sainte-Anne Durée : 2 min Marcher 712 mètres jusqu'à 11 Boulevard du Maréchal de Lattre de Tassigny Durée estimée : 11 min Arrivée : 11 Boulevard du Maréchal de Lattre de Tassigny
CDAS Centre départemental d'action sociale 15, rue Louis et René Moine Départ : Prison des femmes Marcher 300 mètres jusqu'à Gare Sud Féval Durée : 04 min Prendre le Bus C3 à l'arrêt Gare Sud Féval (Rennes) en direction de Henri Fréville (Rennes) Descendre à l'arrêt Frères Moine Durée : 04 min
CAF Caisse d'allocation familiale. Cours de Alliés Départ : Prison des femmes Prendre à gauche en sortant de la prison puis à droite rue de l'Alma. Marcher 659 m , le Cours des Alliés est la 3e rue à droite Durée estimée : 10 min La CAF se trouve face aux Champs Libres
Marcher 183 mètres jusqu'à 15 Rue Louis et René Moine Durée estimée : 3 min
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admin
Accoucher et naitre
dans le secret Chaque année, environ 600 enfants naissent "sous x" en France. Grâce à Citad’elles, j’ai pu rencontrer Maria-Pia Briffaut, présidente de l’association Adonx, pour le droit aux origines des enfants nés sous x. Par Law 85
M
aria-Pia Briffaut a appris très tôt, par ses parents adoptifs, qu’elle était née sous x et avait été adoptée à l’âge de 18 mois. Elle raconte. "Quand ma mère m’a dit qu’elle n’était pas ma vraie mère, mais ma maman de cœur, j’ai commencé à vouloir faire mes démarches. M a i nte n a nt, l a p l u p a r t d e s parents adoptifs le disent, qu’ils ont adopté. Quand j’ai perdu mes parents adoptifs, cela a été le déclic. Ma mère de cœur m’avait dit, un jour, que si je voulais faire des démarches, il n’y aurait pas de soucis et qu’elle serait à mes côtés. Malheureusement, elle est décédée avant. Le déclencheur pour une enfant qui veut retrouver sa mère biologique est soit de tomber enceinte soit de perdre un parent, ce qui s’est passé pour moi. Quand j’ai fait mes démarches, j’avais déjà un fils. Personne ne m’a aidée. Cela a été le parcours du combattant. J’étais dans une association et je n’ai jamais rien
trouvé. J’ai demandé mon dossier aux archives de l’hôpital. J’ai fait appel au CNAOP (Conseil national d’accès aux origines personnelles) qui m'a aidée dans ma recherche. On leur a dit que le dossier était détruit. Alors qu’en fait, il était bien aux archives. Là, j’ai porté plainte contre l’hôpital et l’affaire est en cours. Les hôpitaux sont obligés de fournir le dossier. La plupart du temps, les mères ne veulent pas accoucher sous x, mais elles y sont forcées : elles sont trop jeunes, la famille refuse l’enfant à venir, les femmes manquent de moyens matériels et de force mentale, etc. Ce n’est pas vraiment un choix. Un soir, j’étais chez moi, je rentrais du travail. Soudain, le téléphone a sonné. C’était une dame. En réalité, ma sœur biologique qui, de son côté, me recherchait aussi depuis très longtemps. Sur le moment, j’étais si émue que je lui ai demandé de me rappeler le lendemain.
La Filmographie Adoption: Pupille - Jeanne Herry – 2018 – France
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J’ai raccroché. Et je me suis sentie obligée d’appeler mon fils et ma meilleure amie, pour leur raconter. Le lendemain soir, c’est moi qui ai téléphoné et avec ma sœur, on s’est mis à parler comme si on se connaissait. Elle m’a appris que j’avais d’autres frères et sœurs. A partir de ce soir-là, on s’est tous téléphoné jusqu’au jour où j’ai décidé de prendre le train pour les rencontrer. Deux mois plus tard, j’ai quitté Paris pour les rejoindre en Italie. A la gare, ils étaient tous là et on s’est reconnus directement ! En fait, on se ressemble beaucoup. Quel soulagement ! Car eux aussi ont souffert de cette absence, dans leur enfance." Désormais, le secret des origines est levé. Quand j’ai rencontré Maria Pia Briffaut, le 19 octobre, cela faisait tout juste huit jours que la loi était passée, pour la levée des secrets des origines.
À lire : De cœur et de sang,
de Maria-Pia Briffaut (Amalthée).
À savoir : La France est le seul pays européen, avec le Luxembourg, l’Italie et la République tchèque, où la loi autorise les femmes à demander le secret de leur accouchement et de leur identité sur l’acte de naissance de l’enfant. Fin septembre, le Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) s’est prononcé en faveur de la levée de l’anonymat des donneurs de gamètes (spermatozoïdes et ovules). Beaucoup demandent la fin de l'accouchement sous x. Pour entamer des recherches : Adonx : 06 59 24 40 87. Cnaop : 01 40 56 72 17.
"En 2000, j’ai accouché sous x d’une petite fille et cela a beaucoup bouleversé ma vie, car à ce moment-là, on a décidé pour moi. Je ne savais pas que j’étais enceinte, je faisais un déni de grossesse. J’ai eu mal au ventre, ma mère a alerté le Samu et dans l’ambulance, sur la route, j’ai accouché. Mes parents m’ont dit : « Si tu veux le garder, on sera là pour toi, on t’aidera ». On habite une petite commune. Dans la nuit, ma tante a appelé mes parents : « Que vont dire les gens ? ». Elle les a manipulés. Le lendemain matin, ma mère a dit que c’était peut-être mieux pour moi si j’accouchais sous x. Une heure plus tard, deux assistantes sociales sont arrivées, et j’ai signé. On m’a enlevé ma fille. J’étais avec son père depuis six ans. Après la naissance, on est encore restés cinq-six ans ensemble. Mais ce n’était plus pareil. Il est parti. Après, je n’ai fait que des erreurs et je suis rentrée dans la toxicomanie pour oublier. Mais mes démons revenaient à chaque fois. Je suis descendue très bas, j’étais perdue et je commençais à perdre ma propre famille, mes parents et mes frères et sœurs. Je me suis mise à faire une cure de désintoxication, puis deux et trois, et à voir plusieurs psychiatres, mais je n’étais pas prête psychologiquement. Il y a trois ans, j’ai rencontré un homme qui me rend heureuse. Il m’a incitée à refaire des démarches, à remonter la pente et à faire mes propres recherches. Je regrette aujourd’hui de ne pas avoir fait tout ça avant. J’en ai payé le prix pendant longtemps. Mais maintenant, je suis prête et déterminée à retrouver ma fille biologique."
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vécu
Violences conjugales les vivre, en sortir, se reconstruire Le 25 novembre était la journée internationale contre les violences faites aux femmes. Pour que les femmes victimes osent en parler, il faut oser les écouter. Par Elene Qu'est-ce que la violence conjugale ? "Il s'agit des violences commises au sein des couples mariés, pacsés ou en union libre. Elles peuvent être verbales, physiques, psychologiques, économiques ou sexuelles", explique Laure Stalder, conseillère familiale et conjugale au Planning familial de Rennes, qui est venue nous répondre. La violence conjugale e s t b a s é e s u r u n e re l a t i o n de domination. Les victimes peuvent souffrir d’isolement, de harcèlement, de dénigrement, d’humiliation, d’intimidation, de dévalorisation, de menaces, de violence physique et sexuelle, de chantage affectif ou d’injures. L'alcool, la drogue et le stress peuvent favoriser l'expression de la violence, mais ils ne la justifient jamais. 225 000 femmes concernées "Une femmes meurt tous les 2 jours sous les coups de son conjoint, rappelle Laure Stalder. C'est l'enquête Enveff, menée en 2000, qui nous a fait prendre conscience de l'ampleur." Le viol conjugal n'a été reconnu par la loi qu'en 1992. En 2016, 123 femmes ont été tuées par leur partenaire ou expartenaire intime. 34 hommes ont été tués par leur partenaire. 78% des victimes sont donc des femmes. 25 enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un
contexte de violences au sein du couple (chiffres du gouvernement). Les mobiles des hommes violents jalousie, refus de séparation - sont révélateurs d'une volonté d'emprise et de contrôle de l'auteur sur sa partenaire. Les hommes tuent les femmes pour les garder, alors que les femmes qui tuent leur conjoint le font pour s'en débarrasser... Plus de la moitié, d'ailleurs, parce qu'elles sont victimes de violences conjugales. Pourquoi elles ne partent pas C'est difficile de faire la démarche seule. Parfois, les policiers refusent encore de prendre la plainte. "Au Planning, on forme les travailleurs sociaux, les policiers et les gendarmes pour qu'ils comprennent mieux ce qu'est la violence conjugale". Parfois, ils ont l'idée reçue que la violence conjugale n'a lieu que dans les ménages pauvres, alors que les études montrent que tous les milieux sociaux sont concernés, aussi bien les médecins que les ouvriers. C'est aussi compliqué parce que le cycle de la violence (voir schéma) est difficile à comprendre et briser. C'est dur de sortir de l'emprise et de dire stop. "Les femmes sont victimes, décrit Laure Stalder. Puis elles se disent c'est de ma faute, j'ai pas fait ceci, j'aurais du faire cela. Les femmes elles-mêmes excusent parfois leur mari.
La Filmographie Violence congugale: Jusqu'à la garde – Xavier Legrand – 2018 – France
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Après, elles disent que maintenant, ça va beaucoup mieux. Un bijou, un bouquet de fleur, et c'est reparti. Mais quinze jours, après elles reviennent : "ça a recommencé". Souvent, c'est quand le conjoint commence à être violent avec les enfants qu'elles ont un sursaut et se disent : ce n'est plus possible, il faut que je parte." Quand une femme est victime Elle va voir un médecin pour qu'il constate la violence, elle obtient une attestation du médecin pour aller porter plainte au commissariat. La femme peut demander à se faire accompagner. La victime qui signale les faits peut bénéficier de protection. La loi prévoit l'éloignement du conjoint violent. Parfois, il faut vraiment se battre pour que ce soit appliqué. "Après, la femme peut être hébergée dans un foyer. Si une femme part de chez elle avec ses trois enfants, on lui propose un hébergement sur le champ." En revanche, le Planning familial ne s'occupe pas de contacter la famille de la femme victime. Pourquoi il faut écouter les femmes victimes Souvent, l'entourage nie la violence conjugale. Ça les dérange. Pas parce qu'ils sont malveillants, mais parce que c'est dur à entendre et ils ne savent pas quoi faire pour aider. Ils disent : "ça va passer", "tu
vas mieux". La meilleure chose est d'écouter vraiment les victimes. "Les campagnes médiatiques ont du bon. Les médias aident à déclencher certains départs des femmes. Après chaque article ou documentaire sur le sujet, plus de femmes victimes nous appellent". L'année dernière, avec l'affaire Weinstein aux Etats-Unis et "Balance ton porc" en France, les langues se sont déliées. Les femmes osent davantage parler. "La Planning familial aide à briser le silence, constate Laure Stalder. Il faut aider les femmes à dépasser leur peur." Le Planning familial organise un groupe de parole pour aider les victimes à s'exprimer. Des femmes qui ont vécu la même chose, pour leur donner de la force. "Si on n'en parle pas, ça laisse des traces, c'est difficile de vivre avec. Ce n'est pas facile à traiter, mais on peut le faire ! Certains psychologues sont spécialisés dans le domaine." Quand on se fait aider, on transforme la douleur. Le Planning familial n'est jamais venu au CPF, pourtant beaucoup de femmes ici ont des histoires liées à la violence conjugale.
Lune de Miel Au début de la relation ou après une dispute. L'agresseur se présente sous son meilleur jour et fait comme si tout était normal.
Justification L'agresseur blâme la victime, la culpabilise et minimise l'importance de la violence commise.
Tension
Qu'est-ce que le cycle de la violence ?
L'agresseur tente de convaincre la victime de sa version des faits.
L'agresseur devient stressé. La victime tente de l'aider à résoudre ses problèmes. La tension monte et la victime commence à craindre l'agresseur.
Agression La tension accumulée éclate. L'agresseur commet un ou plusieurs actes de violences.
La Filmographie Violence congugale: Un tramway nommé désir – Elia Kazan – 1951 – Etats Unis
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vécu
Qui contacter ?
Planning Familial de Rennes : 02 99 31 54 22. Appeler le 3919 : service spécialisé dans les violences faites aux femmes. Appeler le 08 victimes : 01 41 83 42 08. ASFAD Rennes : Accueil de jour, hébergement : 02 99 59 60 01.
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Je me suis mariée en 1977, à 19 ans. Le deuxième jour de mon mariage, la première gifle tombe, à cause de vaisselle cassée sans que ce soit ma faute. On s'était fréquentés pendant trois ans : jamais il n'avait bu, jamais il n'avait été violent. Pendant plus de quatre ans, j'ai subi sa violence gratuite. J'imagine que ces hommes font ça pour sentir un sentiment de puissance. J'en avais parlé à ma mère : elle m'a dit, moi aussi j'ai subi ça. Tu n'as qu'à souffrir en silence. Au bout de ces quatre années interminables, j'ai demandé le divorce. Puis j'ai rencontré le père de mon fils Patrick, lui ne buvait pas mais il était d'une extrême violence. C'est quand il a voulu s'en prendre à mon fis que je l'ai quitté. Puis j'ai rencontré le père de ma fille Jennifer, lui aussi était alcoolique et violent. Il se passait rarement une journée sans que les coups ne tombent, pour n'importe quelle raison : un café trop chaud, une chemise mal repassée etc. Une fois, il m'a tabassée toute la nuit. Le lendemain, on a été à une foire, il a voulu m'offrir un ensemble, la jupe et le haut. Pour se faire pardonner… J'en voulais pas de ce cadeau. Je savais qu'il allait recommencer. Mes beaux-parents habitaient à 100 m de la maison, ils savaient, mais ils ne voulaient pas le croire. Je n'avais pas de marques. Ce type d'hommes, ils savent où taper, jamais sur la figure. Ma belle-mère était en adoration devant son fils, donc elle n'a jamais cru qu'il était violent. Un jour, je me baladais avec elle et ma fille en landau, j'ai décrit ce qu'il me faisait subir. Elle a dit : c'est normal, c'est de famille. Alors, est-ce qu'elle aussi était victime ? Quand tu prends deux baffes, ça passe. Le pire, c'était l'amour forcé quand il avait bu. J'avais tellement peur que quand j'allais me coucher, je prenais un couteau sous mon oreiller. Un jour où il m'a encore violé, j'ai été porter plainte. Il a pris 500 euros d'amende dont je n'ai jamais vu la couleur. Ma fille a témoigné au tribunal. Elle avait 12 ans. Mes enfants assistaient impuissants à cette violence. Je suis triste de ne pas avoir trouvé le courage de partir. Les gens pensent que si tu restes, c'est que tu adhères. Mais non. Moi j'avais trois enfants en bas âge. Où aller ? Comment faire ? Ce que je n'ai jamais compris, c'est comment je pouvais continuer à l'aimer. Autant je l'ai haï, autant je l'ai aimé. Après la séparation, il a continué à être violent. C'était encore pire. Je tenais un magasin et j'ai dû le fermer. Les gens voient la violence, mais personne ne bouge. Est-ce que c'est la peur des représailles qui les empêche d'intervenir ? Je veux dire à n'importe quelle femme victime qu'à la première gifle, il faut partir. Il ne faut pas réfléchir, il faut partir. Appeler une association. Il ne faut pas se sentir coupable. On n'a rien fait. On est des victimes. Moi j'ai voulu me reconstruire en déménageant. Mais j'ai dû laisser la famille, mes enfants. Les conséquences, c'est que je me suis réfugiée dans l'alcool, la drogue, les tentatives de suicide. C'est pas la solution. Le résultat, c'est que j'ai ôté la vie à quelqu'un, qui buvait mais qui n'était pas violent. Malheureusement, il a payé pour les autres.
vécu
apprivoiser
l 'autisme
L'autisme : nous connaissons tous le mot, mais nous ne connaissons pas assez ce que vivent et ce que ressentent les personnes autistes. Et savez-vous que des chiens dressés spécialement par l'association Handi'chiens aident des personnes autistes au quotidien ? Par Kamel
P
hantom est une personne autiste passionnée par l’autisme. Elle a créé le site d’information Comprendre l'autisme (comprendrelautisme.com). Phantom a accepté de répondre à nos questions. Citad'elles : Qu’est-ce que l’autisme ? Phantom : C’est un trouble du neurodéveloppement qui se caractérise par des troubles de la communication et des interactions sociales. La personne peut ne pas avoir accès au langage ou employer un vocabulaire très riche avec des tournures de phrases complexes, par exemple. Les personnes autistes peuvent aussi avoir des difficultés pour accompagner la parole par les gestes ou pour regarder leur interlocuteur au moment opportun dans une conversation. Certaines ont des mouvements répétitifs : battre des mains, se balancer…
C : Y a-t-il plusieurs formes d’autisme ? P : Aujourd’hui, les spécialistes parlent plutôt de « spectre » qui regroupe l’autisme infantile, le syndrome de Rett, le syndrome d’Asperger… Cette classification les distingue ensuite selon trois niveaux de sévérité.
C : Comment peut-on dire qu’une personne est autiste ? P : Seul un médecin, souvent un psychiatre, peut poser un diagnostic. Mais, après la naissance, certains signes peuvent alerter. Le bébé ne sourit pas spontanément à ses parents, il ne fixe pas leurs regards. Il semble indifférent ou réagit trop fort aux sons ou au toucher. Il utilise les jouets avec une fonction différente que celle qui leur est attribuée. Chez l’adulte, certains troubles persistent : ne pas regarder l’interlocuteur au moment approprié, lors d’un échange ; ne pas initier ou maintenir une conversation, ne pas savoir quoi dire… Ces adultes préféreront échanger des informations concrètes ou répondre à des questions qu’on leur pose. C : Qu’est-ce que les personnes autistes vivent et ressentent différemment ? P : Leur environnement, car elles ont une autre manière de le percevoir, au travers de leurs sens. Certaines, par exemple, entendent très clairement de petits sons inaudibles pour autrui ou ont besoin d’être serrées fort pour se sentir bien. Des odeurs ou des goûts peuvent être exacerbés ou atténués.
La Filmographie Autisme: Forrest Gump - Robert Zemeckis – 1994 – Etats-Unis Rain Man - Barry Levinson – 1988 – Etats-Unis
Des lieux peuvent perturber : endroits trop bruyants (café, centre commercial…) ou trop lumineux. C : A quels traitements ou thérapies peut-on recourir ? P : Il n’y a pas, aujourd’hui, de traitement qui permette de guérir l’autisme, car ce n’est pas une maladie. Des méthodes d’apprentissage aident à vivre en société et à devenir plus autonome. Par exemple, mise en place d’un langage par images ou par signes pour exprimer une demande, même simple. Il existe aussi des supports visuels pour rythmer la journée (emploi du temps imagé, étapes nécessaires pour se vêtir…). Lorsqu’un enfant est accueilli en classe, il faudrait systématiquement informer l’enseignant et les autres élèves qu’il peut être très sensible à certains bruits, angoissé pendant les récréations. Ou encore qu’il peut être trop direct et maladroit, sans vouloir volontairement blesser ses camarades. Les mêmes principes peuvent être appliqués à un adulte vis-à-vis de ses collègues ou de sa famille. Il existe des traitements médicamenteux qui soulagent la personne si elle souffre de troubles associés, comme la dépression.
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vécu
C : Comment se comporter face à une personne autiste en situation de crise ? P : Ces crises sont souvent dues à une saturation sensorielle. Si elle est liée à la sonnerie du téléphone ou à une lumière trop vive, il faut éloigner la personne de la source de stimulation. Si vous n’identifiez pas la source du mal-être, vous pouvez isoler la personne dans un endroit calme, en diminuant au maximum bruits, lumières et odeurs… Il peut être nécessaire de contenir physiquement la personne si elle se blesse elle-même ou autrui. C : Comment se passe la scolarité d’un.e jeune autiste ? P : Malheureusement en France, peu d’enfants sont scolarisés ou alors seulement quelques heures par semaines. Actuellement, 30% des
enfants autistes sont scolarisés en maternelle. Il y a un manque criant de formation des enseignants et un nombre insuffisant d’auxiliaires de vie scolaire. Pour ces jeunes, l’école peut être un lieu anxiogène (stimulations sensorielles et sociales, harcèlement).
camouflage social, cette capacité à masquer leurs traits autistiques en public, à paraître plus « normales ». Les causes de l’autisme sont génétiques et environnementales. Génétiquement, les garçons sont moins protégés et ont plus de risques d’être autistes que les filles.
C : Quelles sont les spécificités de l’autisme pour les femmes ? P : Leurs sujets d’intérêt spécifiques peuvent être plus « discrets ». Par exemple, les filles peuvent s’intéresser passionnément aux chats et aux chevaux au lieu de s’intéresser aux trains ou de collectionner les tickets de métro. A première vue, leur intérêt semble plus socialement acceptable, mais il peut être anormal dans l’intensité. Les femmes semblent aussi développer plus facilement le
C : Vous êtes membre de l’association AFFA. Quel est son but ? P : L’Association francophone de femmes autistes (AFFA) souligne auprès des pouvoirs publics les caractéristiques féminines de l’autisme. Les principales thématiques que nous traitons sont : la difficulté pour obtenir un diagnostic ; les violences de tous types, y compris sexuelles ; la parentalité et l’emploi des femmes autistes. Je me suis investie dans cette association car je suis sensible à tous type de discriminations.
GRINGO
le grand compagnon de Suzie au quotidien Dans l'Orne (61), Nathalie Favier est la maman de Suzie, 15 ans, qui est autiste. Elle nous raconte son histoire : Suzie est en classe de 3e. Vers 4 ans, elle avait des difficultés de langage, un problème d'attention. L’expérience scolaire à la maternelle a été un échec. Stressée, angoissée, mal dans sa peau, elle était très en retard par rapport aux autres. À cette époque, elle voit une une psychologue, qui ne pose pas de diagnostic d'autisme. Plusieurs spécialistes parlent de problèmes psychologiques. A la maison, tout va bien, mais à l'école, les difficultés s'accumulent. Suzie est mise à l'écart, montrée du doigt. Nos craintes de parents ne sont pas prises en considération. Finalement un neuro-pédiatre pose le diagnostic d'autisme. Suzie est autiste de haut niveau.
Suzie est très proche des animaux, elle avait très envie d'avoir un animal. J'ai fait une démarche auprès d'Handi'chiens. Aussi, depuis le CP, Suzie est accompagnée par des AVS (auxiliaire de vie scolaire) qui changent tout le temps. À chaque nouvelle AVS, il fallait toujours réexpliquer, s ' h a b i t u e r… A l o r s , on s'est dit que la présence d'un chien pourrait être un lien au quotidien. Cela aiderait Suzie à s’émanciper et s’autonomiser en dehors de notre présence et cela lui donnerait accès aux endroits publics. Nous avons monté un dossier et attendu environ 18 mois. Gringo a été remis à Suzie fin 2013. Depuis, elle est beaucoup plus autonome,
moins angoissée. Gringo lui apporte beaucoup de sérénité. Sans la présence de son chien, Suzie n'aurait peut-être pas eu autant de copains au collège. Gringo lui a facilité l'intégration au sien de sa classe. Avec lui, elle fait seule les trajets entre la maison et le collège. Gringo a aussi cette faculté de passer des messages à ses professeurs ou à ses camarades. Gringo a u n t e m p é ra m e n t très tranquille, il est imperturbable. Quand Suzie n'est pas bien, elle sait que Gringo est là pour l'apaiser. Ils sont en permanence ensemble. Il fait partie de la famille, il est essentiel, c'est la béquille sur laquelle Suzie peut s'appuyer. Ils ont une relation formidable.
La Série télévisée : Good Doctor, de David Shore et Daniel Dae Kim. Le livre : Le chien et l’enfant qui ne savait pas aimer, de Nuala Gardner.
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EN CHIFFRES
3 ans pour un diagnostic
Aujourd’hui, en France, une personne sur cent peut être concernée par un trouble de l’autisme. Selon les estimations, il y a plus de 1 200 demandes de prise en charge en attente en Bretagne. Et le délai d’attente est de… trois ans ! Pour les enfants, le dispositif comprend aussi trois unités d’évaluation et de diagnostics (UED) animées par le Centre hospitalier Régnier à Rennes pour l’Ille-et-Vilaine, l’établissement de santé mentale du Morbihan à Vannes et le CHRU de Brest pour le Finistère. Cet automne, une nouvelle antenne devait être créée à Saint-Brieuc dans les Côtes-d’Armor. Pour les adultes, la seule unité de diagnostic en Bretagne est implantée à Brest.
Handi'chiens est une association d'éducation de chiens d'assistance pour personnes en situation de handicap. Explications de Jean-Luc Le Bouffo et Marie-Claude Lebret, de l'association. • 2 mois et demi : L’âge auquel le chiot peut être sélectionné pour être dressé. • 18 mois : Le temps nécessaire à sa famille d’accueil pour le former et lui apprendre les 28 gestes utiles à la vie en société (ouvrir et refermer une porte, ramasser des objets, allumer la lumière, rapporter le téléphone…). • 6 mois : L’animal bénéficie ensuite de cette formation supplémentaire à l’association Handi’chiens. • 2 ans : L’âge auquel le chien répond à 53 demandes. • 1 à 2 ans : Le délai pour qu’un bénéficiaire récupère un chien formé. • 15 000 € : Ce que coûte le chien (achat, formation, frais de vétérinaire, nourriture…) avant d’être remis à une personne handicapée moteur, en fauteuil ou à un enfant souffrant de troubles autistiques, de trisomie ou de polyhandicaps. Ces chiens sont également confiés à des personnes âgées qui vivent en établissements. L’an dernier, Handi’chiens a formé ses premiers animaux d’assistance pour personnes épileptiques. • 140 à 150 chiens : Le nombre d’animaux remis par an, dont le 2 000e en 2017. • 5,5 millions de Français sont déclarés en situation de handicap. 84% des bénéficiaires d’un Handi'chiens se sentent « mieux dans leur tête ». • 15 000 : le nombre de personnes qui bénéficient de l’apport d’un Handi'chiens au quotidien. • www.handichiens.org 01 45 86 58 88.
La Filmographie Autisme: Elle s'appelle Sabine – Sandrine Bonnaire – 2008 - France Souvenirs de Marnie - Hiromasa Yonebayashi – 2014 - Japon
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feel good
DONNER et recevoir
autrement
La période de Noël est propice aux cadeaux : on donne et on reçoit. Dans cet article, voici différentes façons de donner de sa personne et différentes façons de recevoir à travers le flux énergétique, les émotions et le don d'organe. Par Ata 22
MAGNÉTISEUR, UN DON ? Yoann Congiu est magnétiseur et masseur énergéticien. Qu'est ce que c'est ? Le magnétisme tel qu'on l'entend dans les soins holistiques, c'est une émanation énergétique émise par toute chose vivante. Ainsi, pratiquer le magnétisme, c'est contrôler une partie de son flux énergétique pour le transmettre à un être vivant qui en manque. "Le magnétisme c'est une manie de poser les mains là où ça fait mal, sourit Yoann Congiu. On sent, en posant les mains, s'il y a besoin d'aide". Le magnétiseur se vide pour remplir autrui, en quelque sorte. Ce qui est donc potentiellement dangereux pour le magnétiseur s'il ne fait pas suffisamment attention à lui. Il doit veiller lui aussi à se recharger. Comment ça fonctionne ? « Ce qui fait que le magnétisme soigne, devrait en fait être interprété comme : le magnétisme aide la personne qui reçoit ce soin à se guérir elle-même en ayant l'énergie nécessaire à son auto guérison. » Pour imager la chose de façon très résumée et mécanique, nous
pouvons considérer un être vivant comme une grosse série de batteries électriques qui fournissent tout un tas d'énergies différentes pour le bon fonctionnement de sa vie. Lorsque l'une d'entre elles se vide un
peu trop, ou reste avec peu d'énergie trop longtemps, cela va finir par entraîner des dysfonctionnements dans ce que cette batterie est censée alimenter (système immunitaire, digestif, émotionnel etc.) « Un magnétiseur ne va pas guérir mais aider la personne à s'auto-guérir. Une personne est comme un vase vidé d'eau. Le magnétiseur va lui donner de son eau
La Filmographie Dons: Sixième sens - M. Night Shyamalan – 1999 – Etats Unis
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pour le re-remplir. Comme un système de vase communiquant. C'est pour cela que le praticien doit être bienveillant envers lui-même pour veiller aussi à se ressourcer et ne pas s'épuiser en donnant tout son flux énergétique. Le but de l'énergéticien est de trouver la fuite d'énergie de la personne ». Pour soigner quoi ? C'est sûrement l'une des questions les plus difficiles : chaque thérapeute énergéticien peut avoir développé des capacités pour soigner certains problèmes. "Dans les petits village de France, il n'est pas rare de trouver des « guérisseurs » qui savent parfaitement s'occuper des maladies de peau, par exemple, mais seulement de cela". Et sur un même problème, la cause peut être différente et donc la manière de traiter le mal également. Un mal de ventre chronique peut être la conséquence d'une intolérance alimentaire, d'un mauvais sentiment comme la peur ou encore d'un parasite énergétique. "Tout cela fait que parfois on peut aider, d'autre fois
soulager en partie ou temporairement et encore d'autre fois nous ne pouvons rien faire."
mental était même effrayé à l'idée de laisser des choses inconnues et douées d'intelligence entrer dans ma vie."
Un don seulement pour certains ? "De mon point de vue, nous sommes tous capables de tout apprendre et maîtriser, explique Yoann Congiu. Quand quelqu'un a un don, c'est qu'il vient au monde avec de grosses dispositions. Mais tout le monde peut apprendre à le faire et certains travaillent très dur pour y parvenir. Tout entraînement porte toujours ses fruits. Par exemple ressentir et canaliser des énergies a été ce qui à mis le moins de temps à se développer pour moi. A l'inverse, écouter mon intuition profonde, et pour peu que l'on y croit, l'aide et les conseils apportés par les êtres positifs de l'autre coté du voile m'a pris beaucoup plus longtemps, car mon mental était trop agité pour laisser parler ma petite voix intérieure. Mon
La capacité de Yoann à ressentir les énergies a des impacts sur son quotidien. "Mais seulement dans des cas où il est urgent que je réagisse. Si je me promène en ville, je peux parfois ressentir des endroits ou bien des personnes chargées d'énergies très négatives. Je les contourne donc pour m'éviter de sentir cette pollution s’insinuer petit à petit en moi."
La Filmographie Dons: La ligne verte - Frank Darabont
Certains n'utilisent pas leur don. "Dans notre société très mentale où tout ce qui sort de l'ordinaire est pointé du doigt comme du charlatanisme, assumer ses facultés d'énergéticien, ce n'est pas facile. Ce n'est pas seulement les utiliser, c'est aussi faire face aux regards et jugements des autres." Il
faut oser ouvrir plus ou moins le voile qui sépare la vie cartésienne et mentale d'une vie plus spirituelle. C'est l'inconnu. Et même si c'est très riche, cela fait souvent peur à l'humain. Et les escrocs ? Malheureusement, il y en a pas mal, selon Yoann Congiu. Ils le font pour l'argent ou pour manipuler et abuser de la faiblesse des autres. Mais ils sont moins nombreux que de personnes qui le font réellement dans le but d'aider leur prochain. "Le problème est que ces escrocs font énormément de tort à ceux qui peuvent vraiment aider, puisque les gens deviennent méfiants à notre égard. Il m'est déjà arrivé de recevoir des personnes qui avaient rencontré de tels escrocs, je fais alors un très gros travail de nettoyage tant elles ont été parasitées énergétiquement par ces derniers".
– 2OOO – Etats Unis
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feel good
LES ÉMOTIONS SONT DES CADEAUX
Valérie Guenancia est une coach aux multiples casquettes (coaching, relaxation, méditation). Elle nous explique en quoi les émotions sont des cadeaux et nous offre une méditation guidée.
"J
e suis une rescapée de la vie », nous dit Valérie Guenancia. Elle à échappé à trois burn out, au harcèlement moral et à un manipulateur pervers. C'est grâce à ses émotions qu'elle a trouvé le courage de changer de voie et aujourd'hui elle clame fièrement : « Je suis fondamentalement heureuse d'être en vie. » Un cadeau de l'inconscient. Pour elle, les émotions sont un cadeau que nous envoie notre inconscient pour nous livrer un message. Par exemple, si je me sens heureuse de faire quelque chose, le message c'est que je suis sur la bonne voie et que je dois continuer. Si, au contraire, je me sens triste,
frustrée, énervée de ce que je fais, c'est que cela n'est pas juste et bon pour moi : "Le message que m'envoie mon inconscient, c'est de faire différemment ou d'arrêter de faire cela. Mon émotion m'aide à prendre conscience que je ne suis pas sur le bon chemin, que cette porte est fermée, et que je devrais en emprunter une autre." Règle de base Si je souffre, je change de voie. Même si ce n'est pas toujours très confortable à vivre sur le moment. "Par exemple, quand j'ai fait un premier burn out en 2009, je n'arrivais même plus à ouvrir mes volets électriques le matin tant j'étais épuisée. En fait, cette souffrance et cette tristesse m'ont poussée à changer radicalement de vie. Et c'était ça le cadeau... c'est comme ça que j'ai pu enfin trouver le courage et l'énergie de passer du monde de la finance au monde du développement personnel. Sans le burn out, je n'aurais jamais changé de trajectoire", explique-t-elle. Il faut être attentif aux émotions qui nous perturbent et qui nous posent question. Accepter l'émotion « Si je me dis qu'une émotion est
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un cadeau, au lieu de lutter, je vais accepter ce qui se passe. Que ce soit confortable ou pas. » L'avantage, c'est que dans l'acceptation, il y a la clé du désamorçage de l'émotion. L'émotion, ce n'est pas un choix, c'est subi. "C'est comme une grande vague qui me submerge et que je ne maîtrise pas. Or cette vague, aussi haute soit-elle, a une crête, et lorsque la vague atteint son sommet, elle redescend. D'elle-même." Si on refuse une émotion, alors qu'elle tente de nous apporter une information importante de la part de notre inconscient, on ne fait que renforcer l'intensité de cette émotion et la vague va monter encore plus haut. Car l'inconscient tient à nous délivrer son message. "C'est un peu comme si je donnais des coups de poing dans un tsunami.C'est peine perdue." C'est le même processus avec les maladies. Comme un facteur, le but de l'émotion c'est de délivrer son message. Alors, si je ne veux écouter ni le message, ni la lettre recommandée, cela va finir par se transformer en paquet de plus en plus gros. Alors que si je considère l'émotion comme un cadeau, je l'accepte, elle peut alors diminuer d'intensité plus vite.
Cadeau voici une méditation sur l'émotion. Lisez et suivez peu à peu les indications. Je m'installe confortablement sur une chaise ou un fauteuil, le dos droit. Pieds et mains décroisés, les jambes légèrement écartées, les pieds alignés sur les genoux alignés sur les hanches. Je pose l'intention d'accueillir dans la méditation tous les sons environnants. Je prends trois respirations profondes. Je ferme mes yeux. Je prends conscience des points de contact de mon corps avec la chaise : le dos, les jambes. Je relâche les genoux, les mollets, les chevilles. J'imagine, partant de la plante de chaque pied, comme deux longs fils transparents qui traversent le sol de la pièce et descendent lentement dans la terre, traversent l'écorce terrestre et rejoignent le noyau de la terre. Je laisse cette énergie de la terre remonter doucement en moi par les pieds et se diffuser à son rythme, dans toutes les cellules de mon corps qui en ont besoin. Je reprends conscience de ma respiration. Sans la modifier, simplement je l'observe. Sans juger, j'accueille ce qui se passe en moi. Je relâche les organes : reins, foie, rate, poumons..., les tissus, les fluides et les solides, les os et les articulations. La conscience remonte doucement vers les épaules, qui se relâchent. Relâchement des bras. Je prends conscience de la position de mes mains sur mes cuisses et de chaque doigt, un par un. Je reviens au niveau de la gorge et je relâche les muscles derrière la gorge, souvent source de tensions sur ce que j'ai dit. La conscience arrive maintenant au niveau de la tête. Je relâche tous les muscles de mon visage. Le front devient aussi plat qu'un écran. Les sourcils s'étirent comme s'ils allaient toucher les oreilles. Les yeux sont confortablement installés dans leur orbite. Je relâche les muscles derrière les yeux. Les ailes du nez se relâchent. Je desserre les mâchoires, les mandibules. La conscience arrive au sommet du crâne, au niveau de la fontanelle. J'imagine un long fil transparent qui part de ce point culminant et qui se dirige vers le plafond, puis rejoint le ciel, les nuages, la lune, le soleil, tout l'univers. Je laisse redescendre en moi cette énergie du ciel. Je suis maintenant connectée, entre ciel et terre, à ces deux énergies, dans ma verticalité, dans un juste équilibre, un juste milieu, à la juste température, à la juste place. Je pose l'intention d'un état d'être. Par exemple, la joie, l'équilibre, la paix, l'amour, la sérénité, l'harmonie, la justesse, la générosité, la gentillesse... Je me concentre quelques instants sur ce mot. Lorsque j'inspire, j'inspire ce mot. Il existe en abondance dans l'univers tout autour de moi et pénètre en moi par tous les pores de ma peau. Lorsque j'expire, j'expire ce mot. J'expire ce qui est en trop et que je remets en circulation dans l'univers. Je garde en moi ce dont j'ai besoin. Je fais plusieurs cycles respiratoires. Au fur et à mesure, je ressens comme une dilatation, une ouverture, au niveau du cœur. Pour sortir de la méditation, je prends trois grandes respirations profondes, et tout en gardant les yeux fermés, je bouge doucement les doigts, les mains, les pieds, la tête. Je m'étire, je baille, et j'ouvre tout doucement le yeux pour revenir ici et maintenant. Sereine, harmonisée, dynamisée pour la suite de cette merveilleuse journée.
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feel good
SE DONNER CORPS… ET CORPS Maryse Rupin de l'association ADOT Vanessa est salarié de l'association ADOT 35
M
aryse Rupin, bénévole au sein de l'association Adot, fait de l'information sur le don d'organes et de tissus humain. Elle a elle-même fait un don de moelle osseuse. Elle nous explique tout sur les « Veilleurs de vie » en partageant avec nous son histoire. Citad'elles : La moelle osseuse, qu'est-ce que c'est ? Maryse Rupin : Le don de moelle osseuse, c'est un don dit « du vivant ». La moelle osseuse est la base de la fabrication de nos cellules sanguines. Elle se régénère tout le temps. C : Comment se déroule un don de moelle osseuse ? MR : Si vous souhaitez faire un don de moelle osseuse, vous devez tout d'abord faire une demande de préinscription auprès de l'Agence de biomédecine. Ensuite vous serez reçu par un médecin afin de répondre à un questionnaire et donner un prélèvement sanguin. Enfin, vous
de moelle osseuse et que l'on est compatible, nous pouvons refaire un don. L'Agence de biomédecine peut vous contacter à n'importe quel moment pour vous prévenir qu'un malade est compatible avec vous et mettre en place le prélèvement. Ce n'est pas dans l'urgence, on a le temps de prendre nos disposition, il faut savoir que les malades qui ont besoin d'une greffe de moelle osseuse sont sous chimio en attendant d'être greffés. Il faut ensuite déposer son consentement au tribunal de grande instance. On peut être inscrit sur le registre des Veilleurs de vie mais ne jamais être appelé. C : Est-ce douloureux ? MR : Ce n'est pas douloureux, on est anesthésié, on reste hospitalisé deux jours à l'hôpital ou dans un centre EFS (Etablissement français du sang) pour le prélèvement des cellules de la moelle osseuse dans les os du bassin. Quand on sort, on est un petit peu fatigué mais c'est tout. C : Pourquoi devenir Veilleur de vie ? MR : J'avais envie de sauver une personne qui, sans ce don, est vouée à mourir. C'est vraiment quelque chose de très très fort. J'avais envie qu'on m'appelle et que ça se fasse, de pouvoir sauver une vie.
serez inscrit sur le Registre National de l'Agence de la biomédecine et vous deviendrez Veilleur de vie. On ne peut donner sa moelle osseuse qu'une seule fois à une seule personne non apparentée. Le don est anonyme. Par contre, si une personne de notre famille nécessite une greffe
C : Le saviez-vous ? MR : Chaque personne possède sa propre « carte d'identité biologique » transmise génétiquement : le système HLA (Human Leucocyte Antigen). Ce système complexe n'a rien à voir avec le groupe sanguin. Les dons de moelle osseuse sont internationaux : votre moelle peut être envoyée à l'autre bout du monde. Trouver un donneur compatible est très rare, dans la fratrie, 2/3 ne sont pas compatibles, et hors fratrie, la compatibilité entre un donneur et un receveur est d'une chance sur un million.
La Filmographie Dons: 21 grammes - Alejandro González Iñárritu – 2004 – Etats Unis
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V
anessa est salariée de l'association Adot 35, elle organise les temps d'information dans les écoles à partir de la 3e et mène des actions avec les étudiants de Rennes 2. Elle a reçu une greffe du cœur. Elle est venue à Citad'elles pour partager son histoire. « Je vais fêter mes 15 ans de greffe au mois de mars » J'étais un peu fatiguée, pas bien… j'ai consulté, j'avais 26 ans, je faisais pas mal de voyage à l’étranger. J'ai passé un ECG (ÉlectroCardioGramme) et je suis rentrée directement à l’hôpital. On m'a annoncé que j'avais un cœur en fin de vie. J'ai été inscrite sur la liste Cristal d'urgence européenne, ce qui veut dire que le premier cœur trouvé était pour moi. À 13h, j'étais inscrite sur la liste. À 19h, on m'a proposé un greffon et à 21h, mon cœur à lâché. À l'époque, je ne savais rien de tout ça… On ne souffre pas, on n'a pas mal. On ne vous dit pas à quel point c'est grave. Moi, je l'ai ressenti avec la famille, parce que l’hôpital prévient les proches que c'est le moment de dire au revoir. J'ai été greffée. On nous prévient que lors d'une greffe, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Le greffon peut ne pas être viable ou ne pas être accepté par le corps. Au réveil, on m'a dit que tout s'était bien passé.
France ADOT
Fédération des Associations pour le Don d'Organes et de Tissus humain. Créée en 1961, à l'initiative du Professeur Jean Dausset, Prix Nobel de médecine, France ADOT a pour mission d'informer et de sensibiliser les citoyens de tous âges sur la solidarité du don d'organes après la mort, et du don de tissus du vivant.
« Dans cette histoire c'est la chimie le plus beau » Après l'opération, on est dans une bulle, il nous faut un environnement stérilisé. On ne peut pas recevoir trop de visites et surtout, on doit prendre des anti-rejets à vie. Ce sont ces médicaments qui nous permettent de vivre avec un organe qui n'est pas le nôtre. Les dosages sont vraiment très précis. Être greffé, c'est une maladie chronique : on est suivi à vie. Chaque petit rhume nécessite une prise en charge particulière. Mon cœur reste un corps étranger et il ne faut pas que mon système immunitaire s'attaque à lui. Chaque prescription qu'on me fait ne doit pas être prise à la légère. « On m'avait dit que c'était peu probable, mais j'ai eu deux enfants » Pour les personnes greffées, il est très difficile d'avoir des enfants. J'ai eu deux grossesses avec un suivi très très lourd. N'oublions pas que lors de l'accouchement, le corps « rejette » le bébé. Donc ça restait très dangereux pour mon cœur, qui est lui aussi un corps étranger. « J'étais jeune lorsque l'on m'a transplantée donc je me suis construite avec » Certaines personne qui ont subi une transplantation plus tard dans leur vie vous diront sûrement des choses du genre : « J'ai élevé mes enfants avec un cœur et maintenant j'en ai un autre ». Il faut s'y faire. Il y a aussi le regard des gens… En tout cas aujourd'hui, je sais qu'on meurt. Comme n'importe qui qui vit quelque chose de dur. »
Le saviez-vous ? • Les dons d'organes sont issus de personnes en état de mort encéphalique. • La mort encéphalique, c'est l'arrêt de toute activité cérébrale. La certitude de la mort est incontestable, confirmée par des examens médicaux spécialisés. • En état de mort encéphalique et lorsqu'un prélèvement d'organes est envisageable, l'activité cardiaque, la respiration et la température du corps sont maintenues de façon artificielle durant quelques heures après le décès afin d'assurer une bonne conservation des organes. • Les cornées des yeux sont prélevées jusqu’à 99 ans. • Après notre mort, nous sommes tous donneurs. Si vous ne souhaitez pas que vos organes soient prélevés après votre mort, il faut vous enregistrer sur le Registre national des refus.
PEAU POUMONS
FOIE
PANCRÉAS INTESTIN ARTÈRES VEINES
CORNÉES
VALVES
CŒUR
REINS TENDONS
LIGAMENTS OS
La Filmographie Dons: Les Yeux sans visage – Georges Franju – 1960 – France
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ailleurs
Prisons dans le monde
Pire ou mieux
ailleurs ?
Chaque pays tente de faire régner une justice. Mais d'un pays à l'autre, les façons dont les détenus sont traités est très différente. Quelles sont les pires prisons du monde ? Par Charlotte
L
e monde entier, chaque culture étant différente, tente plus ou moins de faire régner une justice. Bien que certaines lois soient mondiales, chaque pays a sa propre façon de voir et de faire payer les délits. Cela dépend de la condition du peuple lui-même, ainsi que des principes de celui-ci. Enormément d'éléments de contexte sont à prendre en compte. Le but de cet article n’est pas de trouver les causes des différences de traitement, mais de comparer. Afin de voir à quel point la condition carcérale n’est pas égale, et donc "juste". Quand on demande à Clara Grisot, de l'association Prison Insider (voir encadré), de nous comparer les pires prisons du monde, elle nous répond : "Chacun peut voir le pire selon ses propres critères. Certains systèmes reposent sur un isolement total, quasi cliniques, quand d’autres, délabrés, entrainent une forte promiscuité dans des installations vétustes. Dans un cas comme dans l’autre, c’est la dignité de la personne qui est niée." Les Etats-unis sont dotés d’une vraie technologie de l’enfermement. Elle repose sur un isolement total pendant parfois des dizaines d’années. "L’isolement a des effets dévastateurs sur l’individu, poursuitelle. Il faut réaliser qu’il s’agit d’une coupure avec tout contact humain,
pendant des périodes prolongées. Le prisonnier est seul avec ses pensées, il n’a aucun champ visuel au-delà de deux mètres, et cela induit des troubles psychiques parfois irréversibles : agoraphobie, crises de panique, automutilation, hallucinations, etc." En Turquie, on observe une au g m e nt at i o n d u re co u rs à l’isolement, principalement pour les prisonniers politiques. Plusieurs dizaines de milliers de prisonniers sont maintenus, en permanence, à l’isolement. "Les autorités invoquent les raisons de sécurité, mais certains sont traités ainsi à la suite d’infractions mineures, ou parce que l’administration ne sait pas les prendre en charge, comme les personnes souffrant de troubles mentaux. Ce régime brise la personne humaine, encore plus si celleci est vulnérable". Cela constitue un traitement cruel, inhumain et dégradant. Les rencontres avec les avocats en Turquie sont parfois jugées trop courtes pour permettre de préparer une défense efficace. A Haïti, quand des citoyens peinent à subvenir à leurs besoins à l’extérieur, les prisonniers eux, sont en danger de mort à l'intérieur : "Atteints de la tuberculose, des morts y sont entassés dans des infirmeries surpeuplées et sous-équipées." De nombreux pays d’Afrique ne sont pas en mesure de fournir des rations de nourriture nécessaires aux prisonniers .
La Filmographie Prisons: Un prophète – Jacques Audiard – 2009 – France
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Au Brésil, un prisonnier témoigne qu’ils n’ont accès à l’eau que deux fois par jour pendant deux heures. Dans certains pays, le maintien des liens familiaux se monnaie et seuls les prisonniers les plus fortunés paient des pots de vin pour faire venir leur famille au sein de la détention ! La France est loin de ça. Mais ce n'est pas un exemple non plus. Elle est critiquée dans le monde. L’été a été très dur pour certains prisonniers français. "Les ouvertures au mur sont insuffisantes, souvent recouvertes d’un caillebotis (une grille métallique) et ou d’une plaque de plexiglas. L’air est irrespirable pendant les épisodes caniculaires", ajoute Clara Grisot. La France fait aussi figure de mauvais élève en Europe, car elle incarcère trop. Aux Philippines, les prisons sont au bord de l’explosion avec un taux d’occupation moyen de 463% (exemple de l’extrême). Depuis quelques années, des politiques répressives incarcèrent à tour de bras. A u J a p o n , u n e p e rs o n n e incarcérée là-bas a envoyé il y a quelques semaines un témoignage absolument glaçant à Prison Insider. Elle racontait son emploi du temps où tout est réglé minutieusement. "Les prisonniers sont obligés de travailler et n’ont pas l’autorisation de
La Filmographie Prisons: Midnight express – Alan Parker – 1978 – Etats Unis
CITAD’ELLES N°18 - 33
ailleurs
parler, sauf quelques heures par jour. Les détenus se plaignent fréquemment de maladies provoquées par le froid. Les bâtiments sont rarement chauffés. Dans certains établissements, les vêtements et les couvertures fournis sont insuffisants." Les cigarettes sont interdites. Les repas, servis trois fois par jour, sont strictement rationnés selon les normes caloriques établies par l’administration. "Ces normes sont calculées en fonction du sexe, de l’état de santé et de la taille. Le poids n’est pas pris en compte, ni la nature du travail assigné. Les repas sont habituellement jugés insuffisants. Il en résulte fréquemment une perte de poids. L’alimentation repose sur le riz et l’orge, quelques légumes et une petite quantité de poisson ou de viande. Les prisonniers étrangers peuvent demander à remplacer de riz par du pain." Une tendance qui s’observe particulièrement au Japon est le vieillissement de la population carcérale : un prisonnier sur cinq a plus de 60 ans. Or, les bâtiments et la prise en charge sont inadaptés. Il faut savoir que les pires prisons sont celles dont nous n’avons pas connaissance. "Il y a des lieux d’enfermement secrets pour lesquels nous ne disposons pas d’information, raconte Prison Insider. Certains pays autoritaires ne communiquent aucune
donnée sur les prisons de leur pays, et dans des zones de conflit, nous savons qu’il existe des lieux d’emprisonnement illégaux, hors de tout regard extérieur."
Prison Insider est une association française. L'initiative de créer Prison Insider est celle de Bernard Bolze, fondateur en 1990 de l'Observatoire international des prisons (OIP). Prison Insider a pour objet de faire connaître les conditions de détention et de promouvoir les droits et la dignité des personnes privées de liberté partout dans le monde. Elle valorise les bonnes pratiques par comparaison et favorise le témoignage et les solidarités. On évalue à 11 millions le nombre de personnes détenues à travers le monde. Le sort de la personne détenue varie considérablement d’un pays à l’autre. Il en résulte un passage du temps de la prison vécu de façon variable. Là où l’enfermement brutal détruit, d’autres processus réparent, là où certaines pratiques abîment, d’autres favorisent l’abandon des actes de délinquance.
La Filmographie Prisons: Down by law – Jim Jarmusch – 1986 – Etats Unis
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Le saviez-vous ?
• En Océanie, entre 2000 et 2015, la population carcérale a augmenté de 60%. • Sur le continent américain, le nombre de prisonniers a augmenté de 40%. • Les pays européens connaissent, au cours de la même période, une diminution de 21% de leur population carcérale. • Les peines de prison s’allongent, notamment pour les infractions les plus graves. • Un demi-million de personnes purgent une peine de prison à perpétuité à travers le monde. • Les personnes issues des minorités ethniques et des populations autochtones sont sur-représentées en détention. • Le nombre de femmes et de filles incarcérées augmente de 53%, entre 2000 et 2017, à travers le monde. Elles demeurent minoritaires en prison et représentent 6,9% de la population carcérale mondiale. • La violence, les décès et les émeutes sont répandus en détention. Les gangs contrôlent encore de nombreuses prisons en Amérique latine. • Des épidémies de choléra touchent les prisons au Kenya, au Yemen, au Zimbabwe.
CITAD’ELLES N°18 - 35
histoire
Hasta siempre
Comandante Né en Argentine, Ernesto Guevara aurait eu 90 ans cette année. Surnommé le "Che", ce personnage est un mythe qui occupe une place à part dans l'Histoire. Collectif
S
on visage à la barbe fournie, son béret à étoile et son cigare sont devenus une image culte de la pop culture. Il a eu la force, le courage, les cojones, de lutter de toute son énergie pour forcer les portes du rêve. Le Che disait que, comme les chats, il avait sept vies : il est immortel, c’est vrai ! Janette Habel, maitresse de c o n f é re n c e s e t p o l i t o l o g u e spécialiste de l'Amérique latine, nous fait connaître l'homme derrière le cliché. Janette Habel a connu le Cuba d'après la révolution, elle a rencontré Fidel Castro et le Che. En France, elle a contribué à la création de la Ligue communiste révolutionnaire. Qui est Che Guevara ? Ernesto Guevara est un Argentin qui a participé aux préparatifs de la lutte armée à Cuba, menée par Fidel Castro pour renverser la dictature de Batista. Le Che revenait d'un périple : il a parcouru toute l'Amérique latine en moto. Au Guatemala, il a assisté à une expérience politique marquante : le renversement d'une expérience progressiste, qui voulait mettre en place des mesures sociales, par un putsch militaire encouragé par CIA. Le Che commence la guérilla en 1956. Il combat dans la Sierra Maestra. L'armée rebelle est victorieuse. Il en est devenu n°2. Fidel Castro le fait citoyen cubain.
Qu'a-t-il d'exceptionnel ? Peu d'hommes politiques lui ressemblent, car il est à la fois un grand dirigeant militaire, un homme d’action exceptionnel et il est doté d'une véritable formation théorique et d'une conception morale du pouvoir. C'est un dirigeant révolutionnaire internationaliste, révolté contre les inégalités, qui ne supporte pas injustice et qui combat pour l'émancipation. Un jour, un homme lui a écrit pour lui demander s'ils n'étaient pas de la même famille. Le Che lui répond : je ne ne crois pas, mais si, comme moi, vous souffrez devant quelqu'un victime d'une injustice, alors nous sommes de la même famille. Les Argentins ont un tic de langage, ils disent "che", c'est pour ça qu'on l'a surnommé ainsi. Que dire de sa pensée politique ? Il a une grande volonté d'émancipation des peuples, notamment par l'égalité et la culture. Il combat les tares du capitalisme et l'impérialisme américain. C'est un défenseur de la justice sociale, il lutte contre les privilèges et les inégalités sociales. Dans les premières années, la société cubaine a été très égalitaire, très solidaire, on faisait attention à éviter l'enrichissement des particuliers. Surtout, il a un
fondement éthique extrêmement fort. Il a vite compris que le pouvoir corrompait et il a dépensé beaucoup d’énergie pour lutter contre ça. Il refusait qu'on lui livre des repas de meilleure qualité que ceux de la population cubaine, qui vit alors sous blocus américain. Il n'était en rien corrompu et donc complètement different de tous les dirigeants politiques, même des guérilleros une fois qu'ils sont arrivés au pouvoir. C'est d'ailleurs à cause de cela qu'il est devenu critique par rapport à l'URSS et l'Europe de l'Est, qui reproduisaient les mêmes inégalités et privilèges que les pays capitalistes Quel était son lien à Fidel Castro ? Compliqué... Il est resté lié à Fidel Castro jusqu'à sa mort. Il admirait ses qualités politiques, stratégiques. Il ne l'a jamais mis en cause de son vivant. Mais le Che part de Cuba en 1965, seulement six ans à peine après la victoire. Il part à cause de divergences avec Castro et le cours que prend la révolution cubaine, notamment par rapport à l'URSS. Castro veut se rapprocher de l'Union soviétique pour qu'elle l'aide à résister aux USA et pour développer le pays. Le Che est très critique par rapport à ça. Il sent que Cuba aura du mal à s'en sortir et essaie de propager la révolution cubaine ailleurs.
La Filmographie Che: Carnet de voyage – Walter Salles – 2004 - Brésil, Pérou, Argentine
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La Filmographie Che: Che (film en 2 parties) - Steven Soderbergh – 2009 – Etats Unis
CITAD’ELLES N°18 - 37
histoire
La Filmographie Che: Che ! - Richard Fleischer – 1969 – Etats Unis
38 - CITAD’ELLES N°18
Le socialisme révolutionnaire du Che pourrait-il encore bouleverser notre système actuel ? En 2018, le moins qu'on puisse dire à la vue de l’évolution de la planète et de la politique, c'est que les idées du Che apparaissent comme une lointaine utopie. On le voit au Brésil : les difficultés économiques et sociales entraînent un repli identitaire et une attirance pour les extrêmes. Il faudrait envisager des mesures pour réduire les inégalités économiques et les écarts de richesses. En revanche, comme perspective politique, la pensée du Che reste d'actualité. Aujourd’hui, avec le recul et alors que nous vivons une période de recul et défaite, on comprend même mieux ses propositions. C'est juste que les rapports de force sont plus compliqués. Le Che est mort à 40 ans : sa pensée est inachevée. Mais sa conception éthique du pouvoir reste très inspirante. Il incarne
l'exigence, le rejet des systèmes et de la corruption. Comment expliquez-vous que l’image de Che Guevara soit devenue marketing, utilisée sur des vêtements et même des canettes de soda ? La marchandisation du monde est un phénomène généralisé... L'image de Guevara est en effet très vendeuse, très porteuse. Il avait du charme. Il attire la jeunesse. S’il y’a bien une chose qui l’aurait mis dans une fureur intense, c’est bien que son image soit utilisée à des fins commerciales. Être devenu un cliché réduit et limite sa pensée politique. Ça en fait un personnage apolitique, un chevalier de la vertu sans aucune pensée structurée, un romantique idéaliste, un cow-boy des anciens temps. Ce n’est pas du tout ce qu'il est. Il était certes symbole de la révolte contre l’ordre établi, mais il était aussi un homme politique efficace, concret et engagé.
BioExpress Ernesto Guevara débarque à Cuba avec Fidel Castro et 80 autres révolutionnaires, le 2 décembre 1956, pour renverser et combattre le dictateur Batista. Sa bravoure, ses qualités intellectuelles, sa générosité, les soins qu’il donne aux combattants, sa connaissance et sa science du combat lui valent le surnom de « guerillero heroico » : il est devenu le Che. Après la victoire des Barbudos en 1959, il occupe des postes de ministre à la tête de l’État cubain. Puis il décide ensuite de parcourir le monde pour plaider la cause du socialisme révolutionnaire. En 1965, il décide de retourner à la clandestinité, initie la révolution au Congo puis en Bolivie, où il est capturé et exécuté par l’armée bolivienne et la CIA le 9 octobre 1967.
CITAD’ELLES N°18 - 39
histoire
Qui suis-je ? Elles, ils sont des icônes, mais les connaissez-vous vraiment ? Collectif
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ECRIVAINE et théoricienne féministe française, compagne de Jean-Paul Sartre, auteure du Deuxième Sexe.
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ACTEUR AMÉRICAIN, connu pour ses rôles dans trois films cultes pendant les années 50. Il incarna une jeunesse révoltée, tourmentée, qui aspirait à un changement radical. Il fut fauché en pleine gloire, mort à 24 ans dans un accident de voiture.
FEMME POLITIQUE française, rescapée d'Auschwitz, ancienne ministre de la Santé, à l'origine du projet de loi pour l'accès à l'IVG.
BOXEUR AFRO-AMÉRICAIN, légende de la boxe, champion du monde des poids lourds à plusieurs reprises. Converti à l'Islam, il change de nom.
5 FEMME PEINTRE, d'origine mexicaine, au physique reconnaissable et aux tenues vestimentaires fantaisistes, d'une santé fragile, elle fut très souvent malade et peignait la douleur, sa douleur.
1 - Simone de Beauvoir. 2 - Mohamed Ali. 3 - James Dean. 4 - Simone Veil. 5 - Frida Kaloh.
40 -CITAD’ELLES N°18
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ACTIVISTE NOIRE, théoricienne de la ségrégation, écrivaine, philosophe. Symbole du mouvement des droits civiques.
DE SON VRAI NOM NORMA JEAN BAKER, actrice américaine, icône glamour et sexy, elle joua dans Sept ans de réflexion et fut mariée entre autres à l'écrivain Arthur Miller et au joueur de base-ball Joe Di Maggio. Décédée à 36 ans.
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MUSICIEN, chanteur britannique, membre des Beatles, pacifiste, auteur de chansons cultes comme Imagine.
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9 ACTIVISTE, suprémaciste afro-américain qui prônait l'usage de la violence à des fins politiques. Un des fondateurs des Black Panthers, converti à l'islam (Black Muslim).
PHYSICIEN ALLEMAND, exilé aux Etats-Unis à l'apparition du nazisme, il est connu pour ses travaux et découvertes qui ont révolutionné la physique, comme par exemple son travail sur la théorie de la relativité.
6 - Angela Davis.
GUIDE SPIRITUEL et homme politique indien, défenseur de la pensée non violente, il œuvra pour l'indépendance de son pays et s'opposa au colonialisme britannique. Il fut assassiné par un fanatique en 1948.
CITAD’ELLES N°18 - 41
7 - Marilyn Monroe. 8 - John Lennon. 9 - Gandhi. 10 - Malcolm X. 11 - Albert Einstein
cuisine
Princesse
Boulettes
Des fleurs dans sa cuisine Sandrine Pagnon, alias Princesse Boulettes, est une touche-à-tout. Désormais derrière les fourneaux, elle propose des cours pour partager ses créations culinaires colorées, à Saint-Hilaire-du-Harcouët (Manche). C’est elle qui nous a régalées lors d’un atelier cuisine. Collectif Citad’elles : Vous avez un nom original. Pourquoi Princesse Boulettes ? Sandrine Pagnon : Les boulettes, parce que j’aime bien cuisiner un peu plein de choses sous cette forme. Et princesse, parce que la majorité des femmes, quand elles sont petites filles, veulent « être » des princesses. En grandissant, on se rend compte qu’une princesse n’est pas forcement le cliché que l’on peut s’en faire plus jeune. On est une princesse, parce qu’on décide de l’être. Qu’on est une femme forte, qui s’assume et qui n’est pas forcement la nunuche en attente du prince charmant. C : Pouvez-vous nous parler de vous et de votre parcours ? SP : J’ai un parcours assez atypique. J’ai toujours aimé la cuisine, la pâtisserie. C’était un rêve. Je ne l’ai pas concrétisé parce que j’étais bonne élève et qu’on souhaitait que je suive un parcours plus « conforme ». J’ai donc fait l’Ecole du Louvre (école d’art) à Paris, puis j’ai quitté la France pour l’Italie où j’ai vécu dix ans. Je suis revenue en France et j’ai eu un enfant. Je me suis retrouvée mère célibataire et il a fallu que je trouve un
La Filmographie Différences: Soul Kitchen - Fatih Akin – 2009 – Allemagne
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Pour chaque numéro, un ou une Chef(fe) relève le défi de concocter pour vous un menu original avec les listes de cantines.
Menu de fête Couscous aux 7 legumes Salade d'oranges a la cannelle Ghoribas au citron Couscous de poulet The a la menthe au 7 légumes en 4 étapes pour 15 personnes
1 - Le bouillon de volaille
Pour la cuisson de la semoule et du couscous 2 oignons, 1 carotte, 1 poireau, 1 carcasse ou morceaux de poulet Tiges de persil - 1 morceau de céleri Poivre
job alimentaire qui puisse aussi être flexible au niveau des horaires, pour m’occuper de mon fils. J’ai donc travaillé en usine pendant plusieurs années, jusqu’à ce que j’en ai marre. A 42 ans, j’ai décidé de passer mon CAP Pâtissier ; j’ai réalisé mon rêve de gosse. J’ai ensuite lancé ma petite affaire, et je suis traiteure. C : Comment définissez-vous votre cuisine ? Et la cuisine en général ? SP : J’aime la cuisine généreuse, faire plaisir aux gens. Le partage, le plaisir, l’interactivité, c’est ça qui me plaît. Le sucré et le salé, tout me va ! Je n’ai pas de préférence. Cependant, je fais pas mal de cuisine végétarienne avec des produits bio, locaux, et de la cuisine inventive et originale avec des fleurs. C : Dans quels genres d’événements pouvons-nous vous trouver ? SP : Je suis dans des festivals, des salons, des cocktails, c’est assez varié. J’interviens aussi au niveau des structures de l’économie sociale et solidaire, beaucoup de travail en circuit court.
J e pèle les oignons, la carotte, je rince le vert du poireau, les tiges de persil et le cèleri. Je mets la carcasse du poulet dans un faitout, je couvre largement d'eau froide et je porte à ébullition. J'écume et j'ajoute les légumes. Je poivre, je couvre et je laisse frémir 1h. Je passe le fond blanc au chinois (passoire fine) et je garde au frais.
2 - Les légumes du couscous 1 boite de tomates entières 10 courgettes - 15 carottes 1 céleri rave - 15 navets 1 poireau - 6 poivrons 1 piment vert - 2 merguez
J e coupe tous les légumes en rondelles épaisses. Je verse dans un faitout avec les merguez tranchées, je recouvre à hauteur d'eau et je sale. Je laisse bouillonner jusqu'à cuisson des légumes.
La Filmographie Différences: La Grande Bouffe – Marco Ferreri – 1973 – Italie La Cuisine au Beurre – Gilles Grangier – 1963 – France
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cuisine
3 - La semoule au curry
2 kg de semoule à couscous grain moyen Le même volume de bouillon de volaille 3 cuillères à soupe d’huile d’olive 100 g de raisins secs jaunes 1 cuillère de curry J e verse 200 g d’eau dans une casserole et je porte à ébullition, je verse les raisins et les épices et je laisse infuser 15 minutes. Je verse la semoule dans un grand plat plat comme un plat à rôtir afin qu’elle soit bien étalée. Je verse l’huile d’olive le sel et les épices et je mélange délicatement avec mes doigts ou a la fourchette. Je la recouvre avec le bouillon de volaille à hauteur, ce qui représente un peu moins de mon volume d’eau . Je recouvre entièrement et soigneusement le plat de film étirable transparent, dessus, dessous et sur les cotés et je laisse infuser pendant 15 à 20 minutes. J’enlève le film plastique et j’égraine avec mes doigts la semoule, voilà c’est fini ! J’égoutte les raisins et je les dispose joliment dans un beau plat de service.
4 - Le couscous
4 branches de coriandre 3 branches de persil plat 2 grosses boites de pois chiches 600 g d’oignons 5 kg de poulet ou une patte par personne 3 c à s d’huile d’olive 1 gousse d’ail - 3 litres de fond de volaille 4 pincées de gingembre en poudre 2 pincées de safran - 1 pincée de cannelle Harissa - Sel - Poivre du moulin J e concasse les herbes à 4 millimètres d’épaisseur. J’égoutte les pois chiches et je les roule dans mes mains pour ôter toutes les peaux. J’épluche et j’égoutte les oignons. Je les taille en fines tranches de 2 mm d’épaisseur. Dans une cocotte, je les fais revenir quelques minutes à l’huile d’olive en apportant une légère coloration. J’ajoute les morceaux de poulet que je fait saisir, j’assaisonne avec le sel, le poivre, le safran, le gingembre en poudre. Je laisse cuire, je mouille avec le bouillon de volaille. Je porte à frémissement et je vérifie l’assaisonnement, j’écume et je laisse mijoter tranquillement pendant une heure minimum.
La Filmographie Différences: Le Festin de Babette – Gabriel Axel – 1987 – Danemark
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Salade d'oranges à la cannelle 500 g d'eau - 150 g de sucre 12 étoiles de badiane (anis étoilée) 1 bâton de cannelle ou 4 pincées 1 gousse de vanille 4 graines de cardamome concassées 6 kg d'oranges
J e fais bouillir l'eau avec le sucre et toutes les épices. Je couvre la casserole de sirop d'un papier film et je laisse infuser pendant 30 minutes. Je pèle à vif les oranges et je coupe des tranches de 5 millimètres d'épaisseur. Je passe le sirop dans une passoire et j'ajoute les oranges en morceaux. Je place la salade d'oranges dans un grand récipient en apportant du volume.
u terme de la cuisson, j’ajoute les A herbes concassées, les pois chiches, les raisins secs. Je prépare la semoule de couscous et je la maintiens à température. Je présente au centre du plat la semoule de couscous, j’ajoute la viande et les légumes.
Ghoribas au citron
200 g de beurre mou 2 œufs 2 citrons : le zeste et le jus 180 g de sucre poudre 2 sachets de levure 600 g de farine
Thé à la menthe
1 botte de menthe - 1 sachet de thé fort 12 morceaux de sucre pour un litre d’eau
J e mélange tous les ingrédients. Je laisse reposer au frais . Je façonne des boulettes de pâte que je roule dans le sucre glace. Je fais cuire à four pas trop fort pour 40 minutes.
La Filmographie Différences: Garçon ! - Claude Sautet – 1983 – France Ratatouille – Brad Bird – 2007 – France Vatel – Roland Joffé – 2000 - Angleterre
J e lave et j’égoutte la menthe. Je porte l’eau à ébullition. Je verse l'eau chaude sur le thé dans la théière et je verse 1 fois dans un verre. Je répète l’opération 2 fois. J’ajoute la menthe ainsi que les morceaux de sucre. Je mouille le thé à la menthe puis je porte à ébullition et je laisse infuser 3 minutes environ. Je verse un premier thé à la menthe et je le remets dans la théière de façon à bien mélanger l’infusion. Je verse le thé à la menthe dans des petits verres en versant haut ce qui a pour but de l’aérer.
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Café
un café qui rend
Joyeux ! A Rennes, il existe un café insolite, parce qu'il emploie des personnes handicapées, qu'il est beau et que l'ambiance est respectueuse. Découvrezle avec moi ! Par Sisi
La Filmographie Différences: Dernières Nouvelles du Cosmos - Julie Bertuccelli – 2016 – Documentaire - France
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Antoinette Le Pomellec
25 ans, est manageuse au Café Joyeux "La particularité de notre café, c'est que 7 personnes en situation de handicap cognitif y sont employées en CDI : serveur, cuisinier, pâtisserie, plonge, barista, caisse. Il y aussi deux encadrantes : manager et cheffe de cuisine. Le fondateur du Café Joyeux, Yann Bucaille, est propriétaire d’un catamaran, qui proposait à des personnes en retrait, en marge, (détenus, handicapés, personnes âgée, etc.) des sorties en bateau. Un jour, un des participants, un jeune en situation de handicap, l’interpelle en lui disant que c’était bien les sorties, mais que lui, il avait plus besoin d'un travail. Le projet a mis deux ans à se concrétiser. Le café est ouvert de 9h à 18h. On fait 40 couverts par jour en semaine, et jusqu’à 80 le weekend. Chaque coéquipier a un contrat adapté à ses possibilités : de 12h à 35h semaine. C’est lors du stage que le type de contrat est défini. On recrute les personnes sur leur expérience, leur reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH). Le premier café a ouvert à Rennes. On en a ouvert deux à Paris et un quatrième va ouvrir à Bordeaux. Les menus sont décidés de manière collective. Mais avec l’ouverture des autres restaurants, on va vers une uniformisation, puisqu'on sera une chaîne. On privilégie les produits locaux, avec une partie bio. On cuisine tout sur place, à la vue des clients. Le tout, c'est que chacun reparte en étant "Joyeux"! Avant de travailler ici, j'ai travaillé dans le secteur bancaire, ; puis l'humanitaire. Au café, j'ai trouvé un sens à mon travail ! Et les équipiers, avec toutes leurs différences, m'apportent beaucoup.
Sisi Lors d’une permission, je suis allée manger au Café Joyeux. Le café se situe dans une rue piétonnière, entouré d’autres restaurants et cafés. Il y a beaucoup de passage dans cette rue. C’est très oppressant quand on sort de prison. Dans les autres restaurants, c’est très bruyant, ici c’est plus calme. Les serveurs sont souriants, sympas, polis et différents des autres serveurs. Ils ont tous un handicap : trisomie, autisme… Quand on arrive, un monsieur nous dit « bienvenue, entrez ». Différentes formules sont présentées sur des ardoises au mur : soupes, pain grillé, tartines, salades, tartes salées, gâteaux, salades de fruits, jus de fruits frais, thé, café. Au moment de la commande, on nous donne un objet (cube bleu, rond rouge…) qui va permettre au serveur de savoir à qui donner la commande. La décoration est très claire, lumineuse, moderne : les lampes sont des tasses à l’envers qui font abat-jour. On sent moins le stress, l’endroit est paisible. Une jeune femme trisomique nous a servies. J’ai mangé « la pâte froide, tomates séchées, poulet » ; puis un pain grillé champignons-poulet, avec une salade verte, un jus d’orange et un cookie. J’ai tout mangé. C’est un menu léger, équilibré normal, délicieux. Au Café Joyeux, pas de tensions, les gens sont respectueux les uns des autres. Ce midilà, il y avait aussi des clients handicapés. Ils se sentent plus à l’aise pour venir, par exemple des trisomiques. Ailleurs, ils peuvent stresser, se mettre à pleurer. C’est rassurant de voir des gens pareils que soi, on se sent mieux, c’est l’endroit parfait.
La Filmographie Différences: Champions - Javier Fesser – 2018 - Espagne
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Café
Youenn Flovie
20 ans, est équipier au Café Joyeux " J'aime beaucoup mon travail au Café Joyeux. Je suis heureux parce qu'on me fait confiance. Ici, j'ai ma place. Avant de travailler au Café, j'ai fait des stages en cuisine, en pâtisserie et en supermarché. J'ai obtenu ce poste avec l'aide d'un de mes professeurs. J'ai fait plusieurs stages avant mon embauche.
Au café Joyeux, je suis polyvalent : je travaille à la cuisine, à la pâtisserie, au service, au café mais surtout la plonge. Tout est très organisé. J’adore la plonge et aussi la pâtisserie. Je fais les micuits au chocolat. Je suis la recette sur le cahier de Catherine. Après la fermeture au public, on met la musique à fond pour une heure de ménage et de préparation pour le lendemain. Il y a une super ambiance. L'année prochaine je prends un appartement avec un autre équipier."
En bref…
Café Joyeux, 14 rue Vasselot, 35000 Rennes. De 9h à 18h Il propose tout au long de la journée, sur place et à emporter, un large choix de boissons chaudes et froides, des pâtisseries, tartes et gâteaux, ainsi qu’une offre salée au déjeuner avec quiches, sandwichs, salades, et soupes dont une partie veggie et vegan. Tout est cuisiné sur place, à base de produits frais et de saison. Café Joyeux Sur La Route Du Rhum Café Joyeux a embarqué le 4 Novembre 2018 sur la Route du Rhum Destination Guadeloupe avec Sidney Gavignet. Sidney a remporté la course en classe Mono à bord du monocoque Café Joyeux !
La Filmographie Différences: Le Huitème jour - Jaco van Dormael – 1996 – Royaume-Uni,France,.
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culture
La culture
c'est la vie ! En septembre dernier, Anne-Héloïse Botrel a quitté ses fonctions de coordinatrice des activités culturelles au CPF. Julie Girard lui a succédé. Madame Botrel revient sur son passage ici. Collectif Citad'elles : Pourquoi as-tu quitté le CPF ? Anne-Héloïse Botrel : J'y ai passé plus de six ans, de janvier 2012 à septembre 2018. Je suis partie parce que cela faisait presque onze ans que je travaillais comme coordinatrice culturelle en milieu pénitentiaire et que je ressentais le besoin de me renouveler. Et puis, à la veille de mes cinquante ans, ça me semblait le bon moment pour aller vers d’autres horizons. Aujourd'hui, je cherche un autre emploi, dans le domaine culturel, notamment, et je ne suis pas la seule ! C : C’était quoi ton projet professionnel, quand tu étais jeune ? AHB : Je n’avais pas de projet professionnel bien défini quand j’étais jeune, à part celui de changer le monde, ce qui est un vaste programme ! Je me suis inscrite en fac de droit. Je suis allée jusqu’à la maîtrise (actuel Master 1) tout en travaillant à côté comme animatrice ou directrice de centres de loisirs ou de colos. A l’issue de ma maîtrise, je ne me voyais pas d’avenir dans le droit ou dans la fonction publique alors je suis partie travailler à plein temps dans l’animation. J’ai passé un DEFA (Diplôme d’Etat relatif aux fonctions d’animation) pour devenir animatrice socioculturelle, avec un grand intérêt pour la culture
en tant que lien social et l’action culturelle au service de ce lien. C : Pourquoi as-tu voulu travailler ici, à la prison ? AHB : Au début des années 2000, je travaillais dans une association tournée vers l’éducation à l’image et j’ai eu l’occasion de venir encadrer un stage d’une semaine autour du cinéma d’animation à la MA (maison d'arrêt) du CPF. Ça m’a énormément marquée et j’ai trouvé
que faire entrer la culture en prison avait vraiment du sens, que c’était une mission qui correspondait à mes valeurs. Alors quand l’opportunité s’est présentée, je n’ai pas hésité une seule seconde. C : Tu avais peur de voir les femmes détenues ? AHB : Je n’avais pas peur, mais j’appréhendais un peu. Jusqu’ici, je n’avais travaillé que dans des prisons pour hommes et cette altérité me
La Filmographie Social: La part des anges – Ken Loach – 2012 – Angleterre
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culture
convenait tout à fait. J’avais des a priori du type « les femmes entre elles ne se font pas de cadeaux » et puis je n’avais jamais travaillé avec des longues peines, il fallait que je retrouve le « bon » positionnement professionnel. C : Qu'as-tu appris ici ? AHB : Le CPF de Rennes restera ma meilleure expérience parce que j’ai vraiment eu l’impression d’y t rava i l l e r e n é q u i p e pluridisciplinaire. La principale chose que j’en retiens, c’est qu’une période de détention ne résume pas une vie et qu’il faut construire avec les personnes détenues leur retour dans la cité. Cela rejoint totalement l’un des principes d’action des Ceméa, l’association qui m’a formée à l’Education populaire et qui dit que « Tout être humain peut se développer et même se transformer au cours de sa vie. Il en a le désir et les capacités ». J’ai aussi appris, en tant que professionnelle venue de l’extérieur, qu’à l’intérieur d’un cadre contraint comme celui de la prison, on pouvait jouir d’une certaine liberté, même si ça peut sembler paradoxal. C : Qu’est- ce que cela t'a apporté personnellement ? AHB : Un sens de la diplomatie que je ne me connaissais pas ! Et au-delà, tellement de choses que j’ai encore du mal à les nommer une à une, je suis encore en plein debriefing ! En tout cas, c’est sûr qu’il y a eu pour moi un avant et un après. C : Une anecdote ? AHB : Mon premier jour. J’arrivais à la Maison d’arrêt pour hommes Jacques-Cartier et j’étais à la bibliothèque. Un détenu voulait emprunter des livres et je lui ai demandé sa carte de circulation :
il s’appelait Botrel, comme moi ! Un souvenir au CPF : la kermesse bretonne animée par les Galeries Lafaillite avec un juke-box géant qui proposait des chansons de Johnny Hallydek, Michel Polnarek etc., des initiations aux jeux et aux danses de Bretagne, des fabrications de coiffe et des dégustations de krampouz… Un grand moment de culture mais
aussi de rigolade, car oui, on peut et il faut aussi rire en prison. Mon pire souvenir : apprendre un lundi matin le suicide d’une détenue avec qui j’avais eu une petite prise de bec le vendredi précédent…. C : Pourquoi la culture est-elle importante en prison ? AHB : Les activités culturelles ne sont pas là pour « meubler une détention » mais participent p l e i n e m e nt au p a rco u rs d e réinsertion en permettant une ouverture sur le monde, une meilleure compréhension des rapports sociaux, des apprentissages… La culture, c’est la vie. Et la vie, c’est la culture. Qu’il s’agisse de cuisiner ensemble, de monter une pièce de théâtre, de créer un potager ou de réaliser un magazine comme Citad’elles.
La Filmographie Social: La tête haute – Emmanuelle Bercot – 2015 – France
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C : La culture en prison, c'est pire ou mieux qu'avant ? AHB : Pour moi, ça va plutôt dans le bon sens. Les activités culturelles sont devenues des activités « comme les autres » (le sport, les cours) et il y a des coordinateurs professionnels dans les établissements pour les mettre en place. Mais il existe encore de grandes disparités d'un établissement à l'autre. En revanche, les sources d e f i n a n ce m e nt s o nt tendance à se tarir et le budget consacré aux activités à baisser. Celui accordé par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) reste heureusement stable, mais le risque, si ça continue comme cela, c’est de n e p o uvo i r p ro p o s e r que de la Culture au sens noble / élitiste du terme. "Un président ne devrait pas dire ça…" : que ne devrait pas dire une coordinatrice culturelle ? AHB : Qu’à l’heure où tout est numérique, où toutes les démarches administratives sont dématérialisées, c’est une aberration que les détenu.e.s qui purgent des longues peines ne soient pas formé.e.s à l’utilisation d’Internet. Cela créé une fracture énorme avec l’extérieur et c’est un frein à la réinsertion. C : Quel message as-tu pour les détenues ? AHB : Merci pour ce moment !
5 questions à
Julie Girard, nouvelle coordinatrice culturelle, Ligue de l'Enseignement 35 Est-ce qu'il y a plus ou moins d'activités qu'avant ? Pourquoi ? L'idée n'est pas simplement d'avoir des diffusions dites "sèches" mais de réaliser des parcours culturels avec des ateliers de pratiques régulières, puis un spectacle et une PS dans la structure porteuse du projet. De ce fait les actions peuvent se multiplier. Elles font l'objet de plusieurs réunions de pré-programmation courant novembre et décembre 2018. Les financements baissent-ils pour les activités culturelles ? Pourquoi ? Les financements se reconduisent d'année en année pour ce qui est de l'enveloppe SPIP, parfois des hausses avec, par exemple, le plan de lutte contre la radicalisation, parfois des baisses. La culture en prison n'a jamais été une priorité, de ce fait s'il faut faire des coupes budgétaires, ce poste de dépense peut effectivement en pâtir. Est-ce qu'il pourrait y avoir, au CPF, des stages pour apprendre les bases de l’informatique ? Oui, mais cela relèverait de la formation professionnelle et non des activités culturelles de l'établissement. En revanche, des ateliers découverte du numérique ont été mis en place. Si les détenues ont une idée d’atelier, comment s’y prendre pour proposer ? Les coordinatrices culturelles, les structures culturelles, les personnes détenues et l'administration pénitentiaire peuvent avoir des idées d'atelier. Des réunions de consultation avec la direction de l'établissement et du SPIP peuvent être mises en place au CPF dans des thématiques précises, sinon je suis disposée à recevoir toutes les bonnes idées. Avec plaisir. Est-ce qu’une détenue qui a une compétence (ex. : couture, création manuelle) pourrait organiser un atelier pour transmettre sa compétence aux autres : comment ? Il faut en parler à son CPIP et à moi, pour voir s'il est possible de mettre en place quelque chose, et si oui, comment s'organiser pour que la transmission soit la plus efficiente possible.
CÔTÉ CULTURE
QU'EST-CE QUI S'EST PASSÉ ICI EN 2017 - 2018 ? L’écriture, la lecture : • 1 atelier régulier, Citad'elles • 3 rencontres d'auteur, • 1 lecture spectacle • la participation d’une détenue à un prix littéraire, le prix Wepler. Les musiques : • 1 résidence de création pour un concert « Mamies guitares » • Participation au spectacle "We can be heroes" • 3 Concerts • 1 permission de sortir à l’Opéra. Le cinéma : • 1 stage de réalisation vidéo • 1 cycle documentaire • 1 projection-rencontre • 1 permission de sortir à l’occasion du festival Travelling. Les arts plastiques : • 1 atelier régulier de dessin • 1 atelier régulier d'illustration, Citad'elles • 2 permissions de sortir Le Théâtre, la danse, les arts de la rue, les arts de la parole : • 10 ateliers avec le musée de la Danse • 2 permissions de sortir • 2 spectacles Société / patrimoine : • 1 projet documentaire « Explorations Urbaines » • 3 conférences projection avec le Musée de Bretagne • 1 permission de sortir « Rennes les vies d’une ville » Botanique : • Le potager au CPF • Le jardin éphémère "Les Vagabondes"
CITAD’ELLES N°18 - 51
smile
bonnes raisons de rester en vie
65
en 2019
1. Il y a la Coupe du Monde de football féminin en France - 2. Il y a des élections européennes - 3. Il va faire beau - 4. Il va faire chaud - 5. Le pire est derrière
- 6. Pour voir si le prochain Citad’elles sera moins déprimant - 7. Il y a des frites au
menu
la
semaine
prochaine
-
8.
Pour
nous
revoir
en
prochain - 9. J’ai encore des entrées valables sur ma carte de piscine
short
l’été
- 10. Je viens
juste d’aller chez l’esthéticienne - 11. La raison n°56 va vous surprendre. - 12. Jean
Dujardin sera célibataire, c’est le moment de tenter votre chance. - 13. 2019 année des meufs. - 14. 2019 année de la teuf - 15. Je vais discuter à bâtons rompus avec mes
enfants - 16. Pour continuer à faire chier le monde - 17. Pour continuer à narguer tout le monde avec mes cheveux - 18. Je n'ai pas encore pris la cuite de ma vie … du moins je sûre de pouvoir faire mieux - 19. Pour voir la dernière saison de Game of Thrones
20. Un mariage et un bébé - 21. Pour voyager ailleurs et découvrir - 22. Pour m'engager
dans une association pour les enfants - 23. Pour devenir bénévole dans une Spa ou Handi-chien - 24. Pour travailler comme aide à domicile - 25. Pour ne pas re-boire -
26.
Pour
être
plus
à
l’écoute
de
sa
famille
-
27.
Pour
mieux
choisir
fréquentations - 28. Il y a la perspective de la liberté - 29. Pour vivre à fond
mes -
30. Pour aller à la pêche aux gougeons - 31. Pour savourer ma liberté - 32. Pour
visiter mes copines au parloir - 33. Pour dire à mes enfants que je les aime - 34. Pour peindre mon appartement en marron clair - 35. Pour garder le sourire grâce aux sourires à découper offerts par Citad'elles - 36. Pour acheter un chihuahua
- 37. Pour faire
du shopping - 38. Pour m’installer dans un bon restaurant et bien manger (attention
au poids) - 39. Pour sortir de prison - 40. Pour être présente pour ma famille 41. Pour aimer et entourer mes proches - 42. Pour venir à Citad’elles - 43. Pour
continuer à dessiner - 44. Pour apprendre l’anglais et parler anglais comme une londonienne - 45. Pour faire une saison au zoo - 46. Pour être heureuse - 47. Rencontrer
des gens de l’extérieur, cela fait du soleil dans les cœurs - 48. Pour m'acheter le calendrier des Dieux du stade - 49. Pour voir mes enfants grandir - 50. Pour pleurer de joie - 51. Pour tomber amoureuse - 52. Pour rire à nouveau aux éclats - 53. Pour
profiter du réchauffement climatique - 54. Pour parler le russe comme les babouchkas - 55. Pour m’inscrire à un concours d’éloquence
- 56. Pour vivre toute seule -
57. Alors ? qu’est-ce que je vous disais ? - 58. Pour entendre Vaïata raconter des blagues - 59. Pour voir Béatrice les traduire en langue des signes - 60. Pour
m’installer à Rennes - 61. Pour aller au Roazhon Park supporter le Stade Rennais en plein hiver - 62. Pour continuer à me prendre la tête avec les gens que j’aime 63.
Pour
gagnant
attendre
de
Top
52 - CITAD’ELLES N°18
de
Chef
voir -
ce
65.
que
Pour
la
vie
faire
me
le
réserve
bon
-
64.
couscous
Pour
de
la
connaître page
44
le -
Gardez le sourire Commencez l'année avec le sourire, grâce à la collection de sourires Citad'elles. Découpez-les et placez-les devant votre bouche : rire assuré !
en 2019
é t i c i l b u P ! b e w e l est sur
Vous y retrouverez gratuitement TOUS LES NUMÉROS PUBLIÉS depuis 6 ans en version numérique Feuilles Libres, la mini-série documentaire de Pierre-François Lebrun consacrée AU MAGAZINE EN INTEGRALITÉ LES LIENS VERS LES PARTENAIRES qui soutiennent activement le projet
PRATIQUE !
LA BASE DE DONNÉES remise à jour régulièrement.
Les structures venant en aide au détenu(e) et à leurs proches sont regroupées par thématique.
une seule adresse : citadelles.org CITAD’ELLES N°18 - 55
citadelles.org