N°12
SANS LE FÉMININ
BARREAUX
CADLEENDARIEUR LE CA 2017
Réalisé au Centre Pénitentiaire pour Femmes de Rennes - HIVER 2016 - GRATUIT
CITAD'ELLES Revue éditée à 600 exemplaires • COORDINATION GÉNÉRALE : Les Établissements Bollec Ligue de l’enseignement d'Ille-et-Vilaine • COORDINATION ARTISTIQUE : Les Établissements Bollec • COMITÉ RÉDACTIONNEL : Sisi - Mina Choupinette Mowgli - Lady J. Ina - Ata22 Dominique - Bettina Anic - Cloé RCP - CC • INTERVENANTS : Audrey Guiller Agathe Halais Alain Faure Magali Arnal Delphine Marie Louis Nolwenn Weiler • PARTENAIRES : SPIP 35 Ligue de l'enseignement d'Ille-et-Vilaine Centre pénitentiaire des femmes de Rennes Fondation La Poste Fondation Raja Fondation Elle Joop Stoop Fondation Agir Sa Vie • REMERCIEMENTS : Anne-Héloïse Botrel-Kerdreux Jamel Debbouze Alee Johann Abiola Audrey Estrougo Agnès Martin-Lugand Fred Zanzim Jean-Luc Le Bouffo Elodie Majorcryk Fanny Georges Alexandra Beauvais Christian Gourcuff La médiathèque Les surveillantes du bâtiment J Merci à Mika pour sa relecture efficace ! Merci à tous ceux qui nous ont généreusement apporté leurs compétences pour la réalisation de ce numéro. Illustrations Couv et gimmick : freepik.com Imprimerie Chat Noir - Rennes
aviez-vous que des ethno-botanistes comme Jonathan Ott suggèrent l'idée que la tenue rouge et blanche du Père Noël est liée à l'amanite tue-mouches utilisée par les chamanes en Sibérie pour ses propriétés psychoactives qui altèrent leur état de conscience, pouvant ainsi réaliser leur « vol » à travers le trou de fumée d'une yourte (ce rituel chamanique étant analogue au passage du père Noël par les cheminées) ? D'autres hypothèses relient le Père Noël à la mythologie nordique. Il pourrait puiser ses origines dans les dieux Thor, vieillard habillé en rouge et à barbe blanche voyageant sur son char tiré par des boucs, ou Odin chevauchant Sleipnir, son cheval à huit pattes (avatar du traîneau du Père Noël, tiré par huit rennes). Personnellement, jusqu'à aujourd'hui, j'ignorais tout cela, pensant que ce bon homme ne servait plus qu'à faire consommer une célèbre boisson gazeuse... Ce projet est ouvert à toutes, n'hésitez pas à venir rejoindre l'équipe pour nous proposer vos idées d'articles et d'illustrations. Citad'elles est un projet mené conjointement par le SPIP 35, la Ligue de l'enseignement d'Ille-et-Vilaine et l'association rennaise les Établissements Bollec. Il n'existerait pas sans le soutien de nos partenaires privés que nous remercions au passage. Tous les numéros de Citad'elles sont lisibles gratuitement sur le site etablissementsbollec.com Alain Faure, coordinateur du projet.
Jamel Debbouze........................................................................................ p.4 Alee, le p'tit beur breton ............................................................................ p.6 Audrey Estrougo ....................................................................................... p.9 Les secrets de la fabrication d'un roman ................................................ p.12 L'art de la bande dessinée en 5 étapes ................................................... p.16 Balade en coulisses ................................................................................ p.22 A l'école des chiens extraordinaires ........................................................ p.24 Toc, toc, c'est l'huissier ........................................................................... p.27 Le Père Noël est un mytho ...................................................................... p.30 Les jeux festifs ....................................................................................... p.32 La petite boite à cadeau .......................................................................... p.34 Dessiner avec du café ............................................................................ p.35 A-t-on besoin de tous ces objets ? .......................................................... p.36 Esprit es-tu là ? ...................................................................................... p.40 Alexandra Beauvais, supercheffe en cuisine nature ................................. p.42 Christian Gourcuff, un entraineur à hauteur d'homme ............................. p.46 La beauté au naturel ............................................................................... p.50 Libres expressions .................................................................................. p.51
exclusive ! Il est drôle et, en plus, c'est une belle personne. Ministre de la bonne humeur, Jamel Debbouze a surtout eu un accident qui aurait pu lui coûter la vie. Depuis, on sent qu'il vit chacune de ses minutes avec délectation. Il a accordé une interview exclusivement géniale à Citad'elles... Par Mina et Ata 22. "J'ai commencé à rire pour dédramatiser ma vie".
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Citad'elles : Qu'est-ce qui vous a poussé à devenir humoriste ? Jamel Debbouze : C'est ma nature, c'est la vérité ! J'ai grandi dans un endroit assez difficile. La seule manière de pourvoir exorciser, c'était de rire, de dédramatiser. Je vais pas faire Cosette, mais quand la vie est compliquée, tu t'en rends pas forcément compte et le rire devient une défense naturelle. Ce qui m'a fait rire en premier, c'est d'abord ma vie. Donc, mon métier, c'est de ne presque rien avoir à faire, juste être là. Et être payé pour être moi, c'est un bon plan ! C : Saviez-vous que vous deviendriez célèbre ? JD : Nooooooon ! Tu rigoles, jamais de la vie ! Je suis d'abord devenu humoriste parce que j'ai pris beaucoup de plaisir à faire ça. Je te jure, si on m'avait proposé de pas être payé pour faire ce métier, je l'aurais fait quand même...
sa place. Quand tu fais les choses à contre-coeur, un peu vénère, pour les mauvaises raisons, parce que t'as le "seum", ça marche pas. Mais quand tu fais quelque chose vraiment du fond du coeur, avec une vraie envie, c'est vertueux et tu es aidé par une énergie que tu ne comprends pas. Je pense que les choses positives amènent des choses positives. C : Vous, vous en avez eu, de la chance ? JD : Ouais, franchement, la vérité oui ! Déjà, je suis en vie, pour commencer. J'ai eu un accident qui aurait pu me coûter la vie. Et à partir de ce moment-là, toutes les minutes que j'ai pu vivre, je les ai vécues avec délectation. J'ai remercié le ciel, j'étais conscient que j'étais en vie. Ca, déjà, c'était une grande chance.
C : Que pensent vos parents de votre célébrité ? JD : Ma mère, elle m'a toujours soutenu, quoi que je fasse. C'est d'ailleurs une des personnes les plus drôles que je connaisse. Elle nous a fait pleurer de rire avec ses imitations. Mon père, lui, il est très drôle, sauf que lui, c'est malgré lui, il ne fait pas exprès quoi ! Quand je lui ai dit que j'allais devenir comédien, mon père il a dit : "jamais de la vie, c'est pour les homosexuels et les pédés" Les deux ! Quand je lui ai offert sa première voiture, il a changé d'avis... La vérité, ça s'est fait comme ça...
C : Vous avez un surnom ? JD : J'en ai plein ! On m'appelle la belette, la pince, le généreux, le salaud ! Le plus, c'est le menteur, ou le mytho... J'ai menti toute ma vie ! Je te jure, je mens de moins en moins, surtout depuis que j'ai des enfants. Je mens juste pour gérer la susceptibilité des gens, quand je ne veux pas leur faire de mal. Mais au début, ma vie elle était pourrie, j'étais obligé de dire que j'avais un père qui avait une planche à voile ou des trucs de mytho pour que les gens s'intéressent à moi. Après, le problème, c'est qu'il faut se souvenir des mensonges, c'est compliqué ça ! Je me suis rendu compte que je me souvenais toujours de la vérité, mais que j'oubliais toujours les mensonges.
C : Dans Borsalino, Jean-Paul Belmondo dit : "La chance n'existe pas" : qu'en pensez-vous ? JD : Si on compte que sur la chance, ça marche pas. Il faut la provoquer, la chance. Si t'es pas chargé de bonnes intentions quand tu fais quelque chose, souvent la chance, elle n'a pas
Vous êtes plutôt joie ou mélancolie ? JD : La vérité, c'est la joie, je crois. Je suis souvent mélancolique, comme tout le monde. Que tu sois artiste, éboueur ou Président des États-Unis, on a tous un coeur, donc on a tous des peines. Mais j'ai la chance de faire un métier qui
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m'épanouit. J'ai conscience que c'est moi qui m'impose mon rythme. D'avoir la possibilité d'être libre, comme ça, c'est exceptionnel. Ca me rend joyeux, c'est ça qui gagne. Je peux me réveiller à l'heure que je veux, et parfois, je dois travailler dix fois plus que n'importe qui, sinon ça ne sort pas. Et mes enfants me donnent de la force. Mon fils a 7 ans et ma fille 5 ans. Pour moi c'est nouveau, je m'y habitue tout juste ! Eux, ils ont une force incroyable, une naïveté : ils sont une source de joie incroyable pour moi. C : Y a-t-il un truc de votre personnalité qui n'est pas connu ? JD : Waw, c'est compliqué, là, on dirait que je suis chez le psychologue ! Je suis timide et pudique, mais je l'ai jamais dit à personne. Je ne sais pas si c'est un scoop... D'où mon surnom : le menteur. J'ai une timidité profonde, j'ai du me battre contre elle pendant des années. Pour moi, la seule manière de changer les choses, c'était de monter sur scène et de l'affronter, comme un boxeur. C : En trois mots, qui êtes-vous vraiment ? JD : Je suis un mec de Trappes. C : Avez-vous un message pour les lectrices du CPF ? JD : Oui, pour moi, vous êtes toutes innocentes. Je veux dire, toutes victimes. Parce qu'on vit dans une société qui est tellement compliquée, qui est tellement dure. Voilà, je suis de tout cœur avec vous. J'ai été joué en prison, la plupart de mes amis ont été en prison, je ne connais évidemment pas l'univers carcéral comme vous le vivez, mais je sais que c'est très très dur. Les gens qui réussissent à sortir de là équilibrés sont des super héros, donc je vous souhaite tout le courage du monde pour affronter cette épreuve. Franchement c'était une très belle interview, la vérité !
"J'ai une timiditĂŠ profonde, j'ai dĂť me battre contre elle pendant des annĂŠes."
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le « p’tit beur breton » Il s'inspire de Renaud et Brassens, chante du rap et mêle les sons orientaux à ceux de la Bretagne. Alee est venu rencontrer la rédaction de Citadelles. Par Bettina
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lee a-t-il un souvenir du concert donné à la MA de la Talaudière ? Après une courte introspection dans sa mémoire, il se rappelle : "Le côté exigu du lieu et le petit nombre de détenues. Mais surtout l’appréhension d’un des musiciens. On a beaucoup débriefé à ce sujet le soir même!" ALEE pourrait aussi être l’acronyme d’Altruiste Lucide Exquis Equilibré. C’est un homme de 42 ans au regard intensément noir, pétillant et rieur qui franchit le seuil de la porte. Je suis aux anges en voyant qu’il a pris sa guitare. Avec Mina, nous nous apprêtons à interviewer un chanteur à la fois sincère, patient, carpe diem et qui déteste l’hypocrisie : la barre est haute ! NE PAS RENIER QUI L'ON EST Début des années 90, c’est le rap qu’Alee choisit pour s’exprimer. Celui des cités où il a grandi, s’inspirant de l’actualité et de son quotidien pour ses textes. Les graffs font également partie de son univers, c’est d’ailleurs grâce à cette pratique
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que son nom de scène «Alee» est né. Quant à son style musical, il évolue au hasard de ses rencontres et de ses coups de cœur artistiques. Mais l’écriture (le phrasé haut débit du rap) reste une constante pour beaucoup de ses chansons.
Son surnom de p’tit beur breton lui vient d’un journaliste. Jeu de mots, plutôt facile, mais charmant. Je dirais même à croquer ! Nous on adore, ça lui va comme un gant. Ses mentors ? « Renaud ou Brassens, sourit-il. Le premier pour ses textes rebelles et militants : c’est un des premiers rappeurs français ». Le second pour son âme de poète
populaire et peut-être son côté anarchiste. Beaucoup de ses chansons parlent avec amertume de racisme, de ségrégation et pourtant d’espoir ! Quel message veut-il faire passer ? : « Que nos différences sont nos plus grandes richesses. Il ne faut pas renier qui l’on est. Pourquoi devoir choisir entre deux cultures, moi je n’ai jamais voulu faire ce choix, je suis né en France de parents Algériens, respectueux des autres », explique Alee. Et, à l’écouter, on ne doute pas une seconde que cette double culture soit doublement enrichissante. MILITANT ET ENGAGÉ Le respect de l’autre est une valeur bien ancrée en lui. Il aurait bien du mal à militer pour une seule cause. « Il y en a trop, je ne peux pas me fixer sur une seule. J’interviens dès que cela me touche, pour des amis, pour une conviction… Avec mes mots portés par ma musique ou bien en descendant dans la rue ? Peu importe le moyen d’expression dès
" Nos différences sont nos plus grandes richesses. Il ne faut pas renier qui l’on est."
DISCOGRAPHIE Allons enfants – 2006 Irmat Alikoum – 2013 Mais d’où je viens ? – 2014 L’heure a sonné – 2016
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lors que l’on peut aider les autres et se faire entendre». En effet, nombre de ses textes sont militants et engagés au service de diverses causes, comme dans "Laisser faire" ou "Sur vos rêves", qui dénoncent l’hypocrisie élitiste sur des sujets aussi variés que le racisme, l'humanitaire ou bien l'écologie. Dans "L’ombre des tours" ou "Les cerisiers", il évoque la jeunesse des cités sur laquelle on colle depuis trop longtemps l'étiquette de délinquante issue du prolétariat. Avec "Vole", on découvre l'homme tendre qui parle timidement et humblement des femmes. Mais pour Mina et moi, son plus beau texte mêlant émotion et respect est "Mon enfant". « Je l'ai écrit en me mettant à la place de mon père. C'est lui qui s'adresse à moi, son fils. Le mien n'était pas encore né, » nous dit-il modestement. Alee accepterait-il de donner un concert au CPF ? «Bien sûr, avec grand plaisir, nous pourrions même choisir une chanson où vous viendriez chanter le refrain avec moi… Si vous êtes d’accord ? » Et comment que l'on est d’accord ! Il soutient aussi Citad’elles : « Continuez à faire en sorte que ce magasine vive, qu’il p e rd u re d a n s l e t e m p s , exprimez-vous, faîtes voyager la parole… » Au fur et à mesure de cet aparté, nous sommes charmées par l’artiste, puis par l’homme, ils ne font qu’un, il est l’homme de ses chansons, entier et humble. Trois chansons sont venues clore notre après-midi magique.
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"LES MOTS" D'ALEE. EXTRAIT. Il y a des mots qu'on laisse faire un peu leur loi Qui font parfois du mal, pas forcément à soi Et en fermant les yeux on s'en lave les mains. Des mots qu'on laisse fuir pour ne jamais défendre la misère des autres de peur qu'elle ne s'étende Et qu'elle finisse un jour par croiser nos chemins.
' vecu
Souvenirs... Juin 2014… Fête de la musique.... Maison d’arrêt de la Talaudière, dans la Loire. Plusieurs groupes ont accepté de donner un concert en détention. Secteur femmes, quelques détenues se comptant sur les doigts des mains assistent à la prestation d’un groupe Breton : Alee. Le leader du groupe se dépeint avec humour et esprit comme un "p’tit beur Breton". Je fais partie du public et je garde un merveilleux souvenir, bien que singulier, de leur intervention. L’espace restreint de la salle nous permet d’établir une curieuse complicité, sans doute en raison du lieu, peu commun et il faut bien l’avouer, peut-être un tantinet inquiétant ! Pourtant l’alchimie opère immédiatement entre nous et les deux mètres qui nous séparent du groupe ne tardent pas à se transformer en piste de danse. Leur musique est un mélange de son RAP, hip-hop, oriental mais aussi traditionnel breton, voire musette. Quant aux textes ils sont plein de bon sens et de générosité, teintés d’émotions, d’humeurs et d’humour. Un plaisir pour les oreilles. Une ouverture pour l’esprit… A la fin du concert, nous avons eu quelques minutes pour faire connaissance, simplement, sans chichi, sans barreaux ! Autographes en sus…Luxe suprême : chacune d’entre nous, s’est vu remettre en cadeau un CD de 4 titres. Ce CD je l’écoute, parfois en boucle, tout un après-midi, sans jamais saturer. Que du bonheur !
PLAYLIST Alee vous conseille d'écouter : SYRANO MASSILIA SOUND SYSTEM
Tournée bretonne pour
"Taularde"
Audrey Estrougo termine en Bretagne la tournée de présentation de son film « Taularde ». L'occasion pour elle de faire un premier bilan sur les réactions que ce long métrage, tourné à Rennes en 2014, suscite auprès du public. L'équipe de Citad'elles avait réalisé un reportage dessiné sur le tournage. Par Choupinette. Citad'elles : Comment avezvous choisi les comédiennes et figurantes détenues ? Audrey Estrougo : Il y a beaucoup de comédiennes avec qui j’ai déjà travaillé. Avec Sophie Marceau, c’est un pur hasard. Je la voyais comme une star, je n’imaginais pas qu’elle soit aussi abordable, alors que c’est « madame tout le monde », à la fois forte et fragile. Pour les détenues, on a fait un casting sauvage dans le quartier de Villejean, à Rennes, en essayant de coller à la réalité sociale de la France, et en montrant un panel le plus large possible. Parmi les figurantes, il y a d’anciennes détenues. C’est important d’avoir des gens qui ont vécu la prison pour éviter les incohérences. Les comédiennes ont d'ailleurs échangé avec des détenues pendant plusieurs semaines, pour que leurs personnages collent au mieux à la réalité. C : Etes-vous contente de votre film ? Pourquoi ? AE : C'est difficile de faire exister des films durs, réalistes et sans concessions. J’ai réussi à être fidèle à ce que j’avais en tête, et j'en suis
contente. S'il y avait quelque chose à changer, j'ajouterai sans doute des scènes de violence, pour sensibiliser davantage les spectateurs. Car ce que j’ai essayé de faire, c’est d’éveiller les consciences sur les conditions de vie en détention.Trop de gens refusent de voir la réalité, notamment la violence physique et psychologique qui existent dans les centres pénitentiaires. Le public pense que les prisons pour femmes ressemblent à des colonies de
" Entre la liberté et l’enfermement, la ligne est mince."
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vacances sans violence. Beaucoup de gens ont été surpris de la réalité des prisons pour femmes, ainsi que de la dureté de la réinsertion dans la « vie normale ». Beaucoup de gens me demandent : « Est-ce que c’est vraiment comme ça » ? C : Mais, justement, la violence n'est-elle pas un peu « cliché » ? AE : J’ai fait un film, donc forcément ça transcende la réalité. Pour faire une fiction qui ne dure qu’une heure et demie, on modifie les choses, on dramatise. C : Auriez-vous un message pour les détenues ? AE : Si j’ai fait ce film, c’est pour dire à ces femmes qu’elles ne sont pas seules et qu’à l’extérieur des gens pensent à elles, à leur solitude, à leur problèmes avec la justice, à l’abandon de leurs familles. J'aimerais qu'elles gardent espoir. En réalisant ce film, je voulais aussi montrer qu'il n’y a pas de « tête de détenue », que ça peut être « madame tout le monde », qu’il n’y a pas de typologie. N’importe quelle femme peut se retrouver en prison. Entre la liberté et l’enfermement, la ligne est mince, on peut facilement basculer de l’autre côté. C : Quels sont vos projets ou actualité ? Pensez-vous à l’histoire de La Taularde 2 ou pas ? AE : J’ai réalisé une série télé « Héroïne » qui passera sur Arte en Février 2017, un peu de comédie sociale à l’anglaise sur une usine qui ferme et la montée du FN dans une banlieue parisienne. Pour ce qui est de « La taularde », je ne pense pas faire une suite en prison. Mais pourquoi pas un film qui raconterait comment on fait pour se débarrasser des barreaux une fois dehors. Comment se débrouillet-on ? Comment est-on jugé par la société ?
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EXTRAITS REPORTAGE
À LA PRISON JACQUES CARTIER
Dans les anciens ateliers , l'équipe de décoration a reconstitué une cellule et un mitard plus vrais que nature.
À RENNES - FÉV. 2015
TOURNAGE DU FILM
TAULARDE
Selon les séquences tournées, des pans de mur sont retirés. Au cinéma, le cadre est plus large qu'à la télé c'est pour cela que le chef opérateur a besoin de plus de place.
paroi amovible
éclairage
paroi amovible
caméra caméra caméra
La prison est un personnage à part entière du film.
Marie Denarnaud, qui interprète une surveillante tente de se réchauffer entre deux prises.
Les décorateurs poussent le soucis du détail juqu'à poser un numéro de Citad'elles sur la table dans le décor de la cellule ! Si ! si ! "Les électros s'occupent des éclairages. en fonction des instructions du chef opérateur, ils vont installer les lumières pour obtenir l'ambiance demandée. Pour ce faire, ils utilisent des gélatines de couleur pour donner une teinte. Le Bleu donne une lumière plus froide. Même lors de tournage à l'extérieur on utilise de l'éclairage, des caches ou du gaffer pour orienter la lumière." nous explique Clémentine Charlemaine, chargée de production.
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de la fabrication d'un roman Agnès Martin-Lugand a déjà publié quatre romans. Écrire un livre peut paraître une montagne. C'est une succession d'étapes, qui se gravissent peu à peu. Par Bettina
ECRIRE ? QUELLE IDÉE !
Agnès Martin-Lugand a pris goût à l'écriture en rédigeant son mémoire à la fin de ses études de psycho « Déjà à l'époque, j'ai aimé écrire et surtout construire ma pensée. » Mais elle s'est dit que si un jour elle écrivait, ce serait pour raconter des histoires. « J'aime inventer, projeter, créer des histoires, embarquer les personnages dans une succession d'événements. C'est la dimension créatrice qui m'a appelée et m'appelle toujours », ajoute t-elle. Le déclencheur a été la naissance de son enfant ; être mère l'a libérée de ses inhibitions, comme elle le dit elle même : « tu peux tout essayer maintenant, tu ne risques rien ». PAS DE PAGE BLANCHE
Pour s'inspirer, Agnès MartinLugand part de questionnements personnels et se demande comment elle réagirait face à telle ou telle situation. Dans son 1er et 3e ouvrage, il est beaucoup question du deuil.
« Je me suis demandé comment je réagirais si je perdais mon mari et/ ou mon fils et c'est ainsi que je me suis projetée dans l'univers de Diane et construit son personnage ». C'est comme ça qu'est né son premier ouvrage Les gens heureux lisent et boivent du café. UNE COLONNE VERTÉBRALE
Avant de se mettre à écrire, la romancière commence par faire des fiches-personnages. « Je triture chacun dans tous les sens, je note leurs habitudes, leurs histoires avant le roman, leurs qualités et défauts, leurs rituels et gris-gris, leurs relations avec les autres, là où je veux les emmener. » Tout ce qui fait leur singularité. Parallèlement, elle construit l'intrigue comme un scénario « je dois avoir toute la colonne vertébrale du roman avant de commencer à écrire ». Chaque personnage constituant une vertèbre essentielle à la tenue de l'oeuvre. « Ensuite, je me lance dans l'écriture. J'écris un premier jet, qui peut me prendre deux ou trois mois, puis je fais des relectures ». Des choses changent et se précisent. Son éditrice la lit, fait des retours et Agnès MartinLugand retravaille d'une façon plus ou moins importante. LES PERSONNAGES PRENNENT LE CONTRÔLE
« Pour construire les personnages, je me demande avec qui j'ai envie de passer du temps dans ma tête.
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«Je dois avoir toute la colonne vertébrale du roman avant de commencer à écrire.»
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J'ai besoin qu'il y ait une attraction, que je sois attirée par le type de personnalité des personnages ». Ce sont des personnages avec qui elle a envie de se confronter, qu'ils aient une personnalité positive ou négative. « J'ai besoin d'être en fusion avec eux ». Ses personnages sont toujours avec elle le temps de la construction et de l'écriture : « Je les emmène faire des courses avec moi, ils sont tout le temps là ! » Après 4 romans, elle fait le constat d'une évidence : « J'ai beau tout décider, ce sont quand même mes personnages qui m'emmènent toujours ailleurs de ce qui était prévu. j'ai appris que plus je luttais contre les désirs des personnages,
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plus ce que j'écrivais était catastrophique. » Elle a lâché le contrôle tout puissant de l'auteur, et ça marche mieux. Par exemple, dans "Désolée je suis attendue", elle était en plein dialogue entre un personnage principal et un secondaire quand le personnage secondaire a donné des clés sur sa personnalité, qui n'étaient pas prévues. Agnès s'est rendue compte qu'elle voyait trop ce personnage secondaire dans le regard du personnage principal. «Donc, même si je pars d'une construction très organisée, il y a toujours des choses imprévues et des éléments qui sautent alors que j'étais convaincue qu'ils étaient essentiels.» nous confie-elle.
DES COUPLES ATYPIQUES !
L'auteure aime construire des couples où « ça se bouscule » ! Qui n'étaient pas destinés à se rencontrer si elle ne les avait pas mis dans des situations particulières. « J'aime qu'ils se confrontent l'un à l'autre. J'apprécie que les sentiments naissent de leurs différences ». Elle part du principe que tout ne s'explique pas en amour. Que ces couples se rencontrent et qu'il se passe quelque chose de plus fort que leur différence. UN CAFÉ ET UNE CIGARETTE SUR FOND MUSICAL
« Je ne peux pas écrire si je n'écoute pas de musique, mon inspiration
est au top, pour l'ambiance, l'atmosphère de la scène ou les émotions des personnages, je peux passer beaucoup de temps à trouver le bon morceau». La musique a toujours fait partie de la vie d'Agnès. Comme pour un film, chacun de ses romans a sa bande originale, qu'elle construit en phase de préparation et tout au long de l'écriture. Ses autres rituels, c'est le café et la cigarette devant l'ordinateur... LA LIGNE D'ARRIVÉE
Quand Agnès Martin-Lugand a commencé son premier roman, elle ne savait pas qu'elle le mènerait à terme. « D'abord, je me disais, va juqu'à la 5e, puis la 10e page. Puis j'ai découvert au fur et à mesure
que j'étais capable. » Au départ, elle n'avait pas pour but d'être publiée, elle écrivait dans son coin. Mais elle a conscience qu'elle a eu la chance d'être dans une époque de sa vie où elle avait du temps pour se lancer dans cette aventure. « J'ai ressenti un bonheur extraordinaire en me plongeant dans une histoire qui n'est pas la mienne. Bonheur de me sentir portée et de découvrir une autre moi en écrivant. » Même si elle écrit avec de plus en plus d'aisance et de fluidité, chacun de ses romans est pour elle un nouveau défi : « Je me demande si je vais être capable de recommencer, d'aller au bout d'une nouvelle atmosphère. » A chaque fois, elle essaie de repousser ses limites.
FIERTÉ ?
Agnès Martin-Lugand reste humble devant le succès de son premier roman. Elle n'éprouve pas de fierté mais une grande joie. Lorsqu'elle a décidé d'envoyer son manuscrit, elle a pensé : « si ça ne marche pas, tant pis, je continuerai à écrire pour moi. » Pour l'auteure, écrire est un beau rêve : « ça m'évade, même si j'ai la chance de ne pas avoir de gros soucis. » IN FINE
Considérer l'écriture comme une thérapie serait trop facile pour une ancienne psychologue... En ce qui me concerne, je pense que pour Agnès Martin-Lugand, écrire est juste une évidence.
BIBLIOGRAPHIE Éditions MICHEL LAFON Les gens heureux lisent et boivent du café. La vie est facile, ne t'inquiète pas. Entre mes mains le bonheur de faufile. Désolée, je suis attendue.
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la bande dessinée en cinq étapes Vous vous demandez comment on réalise une BD ? L’auteur-dessinateur Zanzim, créateur de « L’île aux femmes » est venu nous éclairer sur ce qu'il faut savoir avant de se lancer. Par Dominique.
I – TROUVER UNE IDÉE
« Sans idée, pas de BD. Celle-ci peut venir n’importe où et n'importe quand, avertit Zanzim qui conseille de se munir d'un petit carnet pour inscrire ses notes et croquis : c’est l’outil de base de la BD, qui ne doit jamais vous quitter » ditil. Lectures, voyages, reportages, films, musiques… l'inspiration peut prendre racine de diverses manières. « L’idée de créer « L’Ile aux femmes » m'est venue lors de discussions entre amis, relate Zanzim. C'est un projet qui a mis 2 ans à aboutir. » II – ÉCRIRE LE SYNOPSIS, PUIS LE SCÉNARIO
Le synopsis, c’est le résumé de la bande dessinée qui s’étend de 15 lignes à 3 pages. Il décrit le début, le déroulement et la fin de l’histoire (la chute). Il permet à l’auteur de faire le point sur son travail, de vérifier la structure de son récit. C'est le premier document que l'on envoie à l'éditeur, et qui lui donnera envie – ou pas – de commander la BD toute entière. Le scénario, c’est l’histoire détaillée de la bande dessinée, qui donne le rythme et le bon déroulement des péripéties. Il regroupe les actions, les lieux, la description des personnages, l’ambiance, l’émotion et le dialogue. Il permet de découper l’histoire en
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images et de visualiser toutes les cases qui constituent l’histoire. Le dessinateur entre en jeu plus tard. III – SE DOCUMENTER ET CRÉER DES PERSONNAGES
Photos, visites de lieux, passages en bibliothèque, consultation d'Internet : il existe diverses manières de se documenter. C'est une étape importante, qui permet d'avoir un récit crédible, et d’enrichir son scénario. Pour « L’île aux femmes », Zanzim s'est renseigné sur la 2e Guerre Mondiale, sur les amazones, sur la vie dans les îles… Il s'est aussi inspiré de films des années 50/60. Vient ensuite le moment d'inventer des personnages, en leur trouvant une personnalité, et un rôle dans le récit. Chaque personnage a une apparence propre : silhouette, gestuelle, vêtements. Il existe aussi des astuces, qui fonctionnent pour tous les récits. Par exemple, pour réaliser un héros comique, on met l’accent sur un défaut (maladroit, étourdi, gaffeur…) ; ou on joue sur le contraste entre deux personnages (ex : Astérix et Obélix…). Comme dans la « vraie vie », les personnages évoluent au fil du récit : « Mon personnage est à l’origine un homme à femmes, loin d’être romantique, nous confie Zanzim. Beaucoup d’entre elles rêvent d’être avec lui et d’autres le détestent, il les dégoûte.
Son rôle est celui d’un macho qui va évoluer en fonction de son arrivée sur l’île où les femmes amazones le transformeront en esclave… ». IV – DESSINER ET METTRE EN COULEURS
Il existe différents plans : le plan d’ensemble (qui sert à monter le décor), le plan moyen (où le personnage est représenté en entier), le plan américain (qui représente une action avec un personnage dessiné à mi-cuisses), le plan rapproché (le personnage est coupé au buste et aux épaules) et le gros plan (l’accent est mis sur un détail). Les cadres peuvent être rectangulaires ou
DES FESTIVALS LA BANDE DESSINÉE Pour rencontrer ses lecteurs en direct, « Zanzim » aime aller dans les festivals de BD. Celui d'Angoulème, qui se tient tous les ans, fin janvier est l'un des plus connus. Plus près de nous : « Quai des Bulles », qui se déroule tous les ans, en octobre, à Saint-Malo. « Zanzim » participe également à un atelier commun « Pépé Martini » avec d’autres dessinateurs, auteurs, coloristes… qui se situe à Rennes.
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carrés, verticaux (pour donner une impression de chute) ou horizontaux (paysage, vue d’ensemble). Les outils dépendent de la personnalité et des habitudes du dessinateur. Chacun choisit l’ustensile qui lui convient (crayon papier, feutre, plume, pinceau…) tout comme les supports (papier canson, bristol, papier dessin…) et le modèle de format (A3, A4…). Le dessinateur représente les lieux, les décors, les personnages. Il lui faudra des pages et des pages de croquis avant de trouver les bons traits, qu’il pourra reproduire d’une case à l’autre. « Je travaille par étapes, dit Zanzim. Je réalise d'abord des ébauches, s’ensuivent des croquis poussés puis j’effectue la mise en encrage. Pour apporter de l’épaisseur à mes dessins, j’emploie encre de chine et plume. »
Pour la mise en couleur, il existe 2 techniques : la mise en couleur directe et la mise en couleur par ordinateur. La première consiste à appliquer les couleurs sur les planches originales. Plusieurs moyens sont possibles : gouache, aquarelle, encre… La mise en couleur par ordinateur est de nos jours la plus utilisée. On se sert de logiciels informatiques comme Photoshop. Cette démarche nécessite l’intervention d’un coloriste. Il travaille à distance sur le fichier numérique envoyé par le dessinateur. Zanzim choisit de laisser un coloriste mettre de la couleur à ses dessins.
le synopsis de la BD, quelques photocopies des planches, une lettre d’accompagnement et une brève présentation biographique. Si le projet a convaincu un éditeur, il contactera l'auteur. Et si cela se passe bien, d'autres BD pourront voir le jour. « Pour l'«Ile aux femmes », j’ai envoyé mon synopsis et quelques planches à ma maison d’édition Glénat. Nous nous sommes ensuite rencontrés pour établir un contrat. C'est l'éditeur qui gère la mise en page, la fabrication, l’impression… Ensuite, c'est le distributeur qui intervient, pour expédier ma bande dessinée auprès des libraires… »
V – PRÉSENTER LE PROJET À L'ÉDITEUR, PUIS DIFFUSER LES ALBUMS
Certains éditeurs comme Dargaud sont à la fois diffuseur et distributeur.
Après avoir sélectionné une maison d'édition spécialisée, on lui envoie
ÉVOLUTION D'UN PERSONNAGE EN FIL DE FER EN UN PERSONNAGE EN VOLUME ET EN RELIEF
Conseil : Jouer sur l'épaisseur du trait.
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LA FORME DE LA BULLE OU PHYLACTÈRE LES EXPRESSIONS
expression réaliste
La peur
expression exagérée
expression réaliste
La surprise
expression exagérée
expression réaliste
La joie
expression exagérée
Conseil : Jouer avec la forme des lettres.
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BON À SAVOIR
Tous les ans, un concours de B.D. est organisé en partenariat avec le festival et le SPIP de Charente « Concours Transmurailles ». Toute personne détenue dans un établissement pénitentiaire en France métropolitaine ou d’Outre-Mer peut y participer. Le concours 2016 est clos, par contre pour s’inscrire à celui de 2017, qui s’ouvrira en juin, il faut faire une demande écrite auprès du SPIP/Activités culturelles. Ci-dessous, ma participation pour cette année sur le thème des fruits.
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PERSONNAGE EN MOUVEMENT
POUR EN SAVOIR PLUS Maisons d'édition spécialisées Actes sud-l’An 2 : BD adulte Ça et là : BD étrangère Delcourt : BD adultes et jeunesse, mangas, comics Glénat : BD adultes et jeunesse, aventure, science-fiction, humour, thriller La boîte à bulles : Albums de jeunes auteurs
L’ART DE L’ELLIPSE Dans une BD, on ne dessine pas tout ce que l'on raconte. Certaines étapes du récit – comme le déplacement d'un lieu à un autre – sont sous-entendues : au lecteur d'en imaginer le contenu. On parle d' « ellipse ». Elle permet d'alléger le récit en supprimant les moments « creux » (comme une nuit de sommeil) ; ou de dramatiser le récit (en gommant l'instant d'un meurtre par exemple). L'ART DES BULLES Les bulles servent à faire parler les personnages de la B.D., elles peuvent être carrées, rectangles, ovales… On écrit le texte, ensuite on dessine la bulle, jamais l’inverse. Le lettrage doit être manuel, écrit en général en lettres capitales. L’onomatopée, propre à la B.D., permet de créer une ambiance. Elle peut s’inscrire dans la bulle ou hors bulle.
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Les détenues créent une pièce de théâtre :
Cet été, des femmes ont créé une pièce de théâtre au CPF. Elles n'ont pas seulement interprété des personnages et récité des textes : elles ont créé elles-mêmes les personnages et les dialogues. Avant de monter sur scène, elles ont passé neuf jours à travailler avec les comédiens Johann Abiola et Emeline Fremont. Par Ina
C
hers lectrices et lecteurs, donnez-moi la main. Je vous emmène dans le monde imaginaire du théâtre. Dans la pénombre de la salle de spectacle. Soixante-dix personnes retiennent leur souffle, attendant le début de la représentation. Soudain, un écran s’allume et les personnages se dévoilent, chacun leur tour. Leur jeu a, parait-il, « scotché » le public.
Si ces personnages ont pu voir le jour, c'est grâce à la complicité de Johann Abiola et Emeline Frémont, comédiens, qui nous ont aidées à les faire éclore. Tout a commencé par des week-ends d'initiation au théâtre au cours desquels nous avons découvert l'improvisation et fait des exercices d'écriture. Nous étions toutes motivées pour imaginer un spectacle ensemble. L'idée a été d'utiliser une photo, qui s'appelle, "Vampire's pique-nique", de Jeff Wall, pour imaginer une pièce. Les actrices ont-elles même créé, imaginé et construit leur personnage et les textes qui vont avec. « Tout était à construire, précise Johann Abiola. Les personnages, les relations entre eux, leurs parcours individuels, etc. Nous
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avons travaillé avec les actrices de la prison comme nous l’aurions fait avec des actrices professionnelles et elles se sont comportées comme telles. Le résultat final a été au-delà de nos espérances. » Pourtant, nous n'avons eu que neuf jours pour tout créer, deux fois moins que dans un cadre professionnel ! « Nous aurions pu pousser le travail sur les textes encore plus loin, assure Johann Abiola. Mais travailler dans l’urgence apporte aussi plein de choses ; on doit se faire confiance et avancer ensemble sans remettre en question tout et n’importe quoi. On n’a pas le temps pour ça. » A la fin du spectacle, larmes et émotions. Johann Abiola conclut : "si les actrices ont pu donner le meilleur d'elles-mêmes c'est d'une part parce qu'elles ont cru au spectacle et en leur capacité à aller au bout, et que individuellement et collectivement il y avait une véritable bienveillance, un respect, une écoute et une qualité de travail." Le quotidien carcéral reprend de nouveau le dessus. Mais une petite partie des personnages reste gravée à jamais dans les cœurs. Les feux de la rampe ne s’éteignent jamais.
' vecu
Naissance de Sir Henry, mon personnage :
"C’est moi, qui t’ai mis au monde. Je t’aimais. Je te détestais. Des fois je te maudissais même. Tu ne me laissais pas dormir. Tes cris me réveillaient chaque nuit… Chaque fois tu me poussais à aller plus loin. Et encore plus loin.
Tu es le fruit de mon imagination. Je t’ai modelé à ma façon, Tel un bout de terre. Aujourd’hui tu es né. Tu es né dans la souffrance. Je t’ai vu grandir. Impossible. Incroyable. Mon « alter ego ».
Pour m’apporter de bonheur. Aujourd’hui, sur la scène, sous les projecteurs, Tu as enfin terminé ta transformation. Un peu fou et tellement poétique, Mon sir Henry. Je t’aime à la folie ! Et je suis fière de toi. Enfin… de nous deux."
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Nous sommes toujours émus de voir un handicapé avec son chien. Car ces chiens sont extraordinaires : pendant deux ans, ils sont éduqués pour apprendre comment aider et accompagner ceux qui en ont besoin. Découvrez les secrets de leur apprentissage grâce à Jean-Luc Le Bouffo, délégué de l'association Handi'chiens en Bretagne. Par Sisi QU’EST-CE QUE HANDI'CHIENS ?
Handi’chiens est une association créée en 2004 dont l’objectif est de former gratuitement des chiens pour assister des personnes en situation de handicap moteur ou psychique. Ces chiens reçoivent une éducation spécifique. Il existe 4 centres d'éducation en France, avec 19 éducateurs canins, 500 bénévoles dont 338 familles d’accueil. Car pendant leur formation, les chiens vont dans des familles d'accueil bénévoles. "En 2015, 149 chiens ont été remis à des personnes en France, dont 30 par handi’chiens Bretagne", explique Jean-Luc Le Bouffo, délégué Handi'chiens en Bretagne. Jean Luc est bénévole à Handi’chiens depuis février 1989 et a éduqué 3 chiens. Il co-anime les ateliers au CPF. IL EXISTE TROIS SORTES DE HANDI'CHIENS.
Les chie n s d ’ a s si s t a n c e au x personnes handicapées moteur. Qui souffrent par exemple de paraplégie, myopathie, sclérose en plaques, IMC, etc… ). "Les chiens
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les aident à accomplir les gestes de la vie : ouvrir et fermer une porte, allumer et éteindre la lumière, ramasser des objets tombés ou apporter le téléphone", explique Jean-Luc Le Bouffo. Cela les rend plus libres et autonomes. Le chien facilite également la communication avec les personnes valides en dédramatisant le fauteuil. Le chien sert à créer des liens. Les chiens d’éveil. Leur mission est de stimuler et apaiser un enfant polyhandicapé ou souffrant de trisomie ou d’autisme. Ils sont choisis calmes et affectueux. "Le chien devient un médiateur entre l’enfant, qui lui confie ses difficultés, et les adultes. Il est aussi éduqué à solliciter l’enfant pour jouer", ajoute Jean-Luc Le Bouffo. Les chiens d’accompagnement social interviennent dans les maison de retraite, les centres de rééducation fonctionnelle, ou les hôpitaux. Dans ce cas, le chien participe aux activités de stimulation, tranquillise les patients au moment des soins et apporte affection et réconfort aux résidents,
COMBIEN ÇA COÛTE UN SUPERCHIEN ?
Le chien est remis gratuitement aux personnes handicapées. Mais cela coûte 15 000 € à l'association pour l'éduquer : entre l'achat du chiot, les frais vétérinaires, les frais de nourriture, le fonctionnement du centre, les frais de stage, la réforme de certains chiens pour problèmes de santé, de comportement, etc. « Afin de faire connaître Handi’chiens et recueillir des dons, nous intervenons dans des écoles, collèges, lycées, des maisons de retraite, foyer logement ou des entreprises », précise Jean-Luc Le Bouffo. Plus d'infos : www.handichiens.org
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' vecu
2 ANS POUR LUI APPRENDRE 53 GESTES
L’éducation de ces chiens extraordinaires dure 2 ans, pendant lesquels ils apprennent à répondre à 53 demandes.
À 7 SEMAINES
Des tests sont effectués sur des chiots issus de lignées sélectionnées. Actuellement, Handi'chiens retient principalement des Golden retriever et des Labrador pour leur aptitude naturelle à apporter des choses fragiles (lunettes, téléphone), leur attachement à l’humain, leur caractère équilibré et leur mémoire. Ensuite, ils s'en vont en famille d’accueil. "Elle a pour mission de socialiser le chien et de lui apprendre 25 "demandes" précises, explique Jean-Luc Le Bouffo. Nous parlons de "demande" plus que de "commande" car nous apprenons à nos toutous à vouloir faire plaisir aux maîtres plus qu’à obéir, par une méthode douce et positive." La famille d’accueil, indispensable pour limiter le coût d’un chien, est formée par un éducateur canin professionnel, ou un délégué, à raison de deux cours de 2 heures par mois.
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À 18 MOIS
Le chien revient au centre Handi'chiens de Saint-Brandan, pour une formation spécifique dispensée par des éducateurs professionnels. Ils apprennent 28 demandes supplémentaires adaptées à différents handicaps. À 2 ANS
Le chien est prêt ! A l'issue d'un stage de 15 jours, il est confié gratuitement à une personne handicapée: "c’est le chien qui, par son attitude, indique aux éducateurs canin quel futur maître il choisit", explique Jean-Luc Le Bouffo. Pour pouvoir communiquer avec son chien, la personne handicapée apprend à le connaître et apprend les 53 demandes enseignées au chien. "Pour les chiens destinés aux personnes sourdes, les demandes sont doublées par des gestes qui permettront au maître et au chien de se comprendre".
à 7 SEMAINES
à 18 MOIS
Sociabilisation du chiot
28 demandes apprises
"Au CPF, je participe à 10 séances d'atelier "handi'chiens" avec quatre autres femmes. J’apprends comment on adapte et on entraîne les chiens pour les personnes handicapées qui ont besoin que les chiens les aident ou leur apportent des choses. Les chiens comprennent plein de choses, ils connaissent bien les odeurs aussi. En ville, j’avais déjà vu des chiens qui aidaient les personnes aveugles, je ne savais pas du tout comment on les éduquait. À l'atelier, il y a 2 Golden retriever et un Labrador, deux jeunes et un vieux. Je leur passe la brosse, j"attache leur collier et leur laisse pour qu'ils marchent, je leur dis "assis" avec ma main en bas. Le chien comprend. Je donne des croquettes. Je dis "Luz, viens jusqu’ à moi" : il comprend bien. Peut-être un jour en tant que sourde, je prendrai chez moi un chien adapté à mon handicap. Ces chiens peuvent comprendre la langue des signes ! Pour lui parler, on fait un petit bruit avec la bouche et en même temps un geste qu'il a appris. Pour qu’il apprenne bien, il faut faire toujours les mêmes gestes, dans le même ordre. Par exemple, dans la rue, il peut me prévenir s’il y a une bagarre que je ne vois pas, ou chez moi, il peut aller répondre à la porte quand ça sonne. Il me prévient s’il y a le feu ou s’il y a un accident que je n’entends pas. Il peut ressentir si il y a des choses inhabituelles et me prévenir. Si quelque chose tombe et que je ne l'entends pas, il me rapporte l’objet qui tombe. Bien sûr, le chien ne peut pas tout faire, il ne peut pas m’aider dans la communication. Ils ne sont pas autorisés dans les magasins, il devra m’attendre."
à 2 ANS
Le chien est prêt !
Pourquoi des détenus sont-ils amenés à croiser des huissiers ? Dans les esprits, "huissier" est plutôt synonyme "d'impayé"... et d'une joie modérée à l'idée d'en rencontrer. Véritables missions des huissiers de justice, droits des personnes condamnées : on ne vous cache rien. Par Lady J et Choupinette.
' vecu
Oups ! Un huissier a envoyé une assignation d'expulsion à une femme à son adresse... en prison. L'huissier lui a demandé de "libérer les lieux"... donc sa cellule. Nancy est incarcérée. La surveillante la convoque pour un parloir. Elle se rend au parloir en pensant voir son avocat. Surprise : elle est face à un inconnu. Monsieur se présente : "je suis l’huissier de justice et je suis présent pour vous saisir". "Mais c’est pas possible, répond Nancy. Je ne dois rien et je suis emprisonnée." L’huissier insiste. Eberluée, Nancy lui dit alors : "ça m’est égal, vous pouvez monter dans ma cellule ! Tout ce qu'il y a à prendre, c'est la télé, le petit frigo, mes vieilles chaussures, mes vieilles robes et les courriers de mes enfants ! "
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Elodie Majorcryk est huissier de justice à Saint-Lô. Elle nous explique tout ce que l'on n'a jamais saisi à propos des huissiers... À LA POURSUITE DE L'ARGENT PERDU
Une personne condamnée peut être amenée à rencontrer un huissier. "Il se peut que l'huissier ait à la mettre au courant d'actes juridiques liés à son incarcération ou à sa vie personnelle : comme un jugement de divorce ou une procédure de recouvrement d’une dette impayée", explique Elodie Majorcryk. L’huissier de justice peut également être là pour percevoir, conformément au jugement, le paiement de sommes dues aux parties civiles, en réparation de leur préjudice. VA-T-ON ME SAISIR MA TÉLÉ ?
Une personne incarcérée n’est pas exempte de payer ses dettes. "Même si le créancier n’est pas obligé d’accepter un paiement échelonné, il est parfois possible, avec l’accord de ce dernier, d’aménager les modalités de règlement de sa dette", explique l'huissier. Par ailleurs, les personnes condamnées sont tenues de payer les dommages et intérêts alloués par les juridictions aux victimes d'infractions. "Un détenu ne peut pas posséder en prison d’effets personnels ou biens meubles lui appartenant. Ils sont mis à la disposition du détenu par la maison d’arrêt ou centre pénitentiaire. Par conséquent, la saisie n’est pas réalisable en ces lieux." SI ON NE PEUT PAS PAYER...
Un échelonnement de la dette peut être demandé. Si la personne incarcérée travaille pendant sa détention et perçoit un pécule, ce pécule est saisissable et peut permettre le paiement de sa dette.
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"Il est aussi possible que la personne détenue paie sa dette à sa sortie de prison, une fois qu'elle sera réinsérée dans la vie active et aura retrouvé une activité professionnelle". LES HUISSIERS DE JUSTICE SONT INDÉPENDANTS
L'huissier de justice est un officier public et ministériel exerçant une profession libérale réglementée. "La justice ne communique aucune information aux huissiers de justice. Nous n’avons pas accès, par exemple, au casier judiciaire des personnes condamnées", rappelle Elodie Majorcryk. La saisie d’un huissier peut être contestée. Il faut saisir le Juge de l’exécution du lieu
de la saisie ou du lieu du domicile du débiteur. L'HUISSIER, UN AGENT SECRET ?
Un huissier peut être chargé de retrouver des personnes condamnées qui "disparaissent" après à l'annonce de leur condamnation. Soyons clairs : "L’huissier de justice ne peut pas enquêter comme le ferait un officier de Police. Il peut faire une enquête de voisinage ou interroger la mairie pour tenter de localiser la nouvelle adresse de la personne qui peut avoir déménagé", parfois sans succès. En revanche, quand l’huissier est missionné par la justice pour recouvrer une somme d’argent, par exemple, il a le droit d'interroger la
CPAM, la CAF, la CARSAT ou Pôle emploi pour obtenir des informations sur l’adresse ou l’employeur des personnes condamnées. Le but : poursuivre l’exécution de la décision de justice. PLUS TARD, JE SERAI... HUISSIER !
"Il peut paraitre étrange d’avoir envie de faire ce métier, mais c’est parce qu’il est surtout méconnu et mal aimé", regrette Elodie Majorcryk. Pour elle, c’est avant tout un métier de terrain, au contact des gens. "Nous incarnons une justice de proximité accessible à tous les justiciables". Et les huissiers sont nécessaires pour que les décisions de justice soient appliquées. L'huissier joue souvent un rôle de médiateur dans des situations conflictuelles. Il assiste des entreprises qui doivent récupérer de l'argent auprès de clients ou un parent à qui l'autre refuse de payer la pension alimentaire. Il peut aussi faire des constats de malfaçons ou contrefaçons. "Ce que j’apprécie, c’est la diversité des missions !"
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Comment vous le dire... Le Père noël n’existe pas. En voici la preuve scientifique. Par Mina
DEUX MILLIARDS
D’ENFANTS DANS LE MONDE. Avec une moyenne
DE 2,5 ENFANTS
par foyer
LE PÈRE NOËL AURAIT PRÈS DE
842 MILLIONS
de maisons à visiter
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POUR TRANSPORTER UN CADEAU POUR TOUS,
LE TRAINEAU DEVRAIT ÊTRE ÉQUIPÉ DE
214 200 RENNES IL DEVRAIT VOLER
à 2 057
km/seconde, SOIT 6177 PLUS VITE QUE LE SON !
LE PÈRE NOËL SERAIT SOUMIS À DES FORCES 17 500 FOIS SUPÉRIEURES À LA PESANTEUR
S'il devait entrer dans l'atmosphère terrestre
à cette allure, l'attelage serait volatilisé EN L'ESPACE DE 4,26 MILLIÈMES DE SECONDE*
Il dispose donc de
UN MILLIÈME
de seconde par foyer *C’est pourquoi, si le Père noël a existé, il a du mourir pendant sa première tournée. MAIS, CHUUT ! Source : Revue New-yorkaise Spy
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1
LES 7 ERREURS
En recopiant son dessin notre lutin dessinateur étourdi a commis 7 erreurs. Saurez-vous les retrouver ?
2
L'OMBRE DU LUTIN
Les lutins du Père Noël ont la fâcheuse habitude de jouer avec leur ombre. Saurez-vous trouver laquelle de ces ombres est celle de notre ami ?
CHARADE 1 Mon premier est le contraire de froid Mon second est un soda Mon tout est apprécié des gourmandes.
A
B
CHARADE 2 Mon premier m'arrive pendant mon sommeil paradoxal Mon second peut être sauté par un athlète
C
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D
E
Mon troisième est un atome ou groupe d'atomes porteur d'une charge électrique Mon tout se passe la veille de Noël.
3
QUE DIT LE PÈRE NOËL ?
4
RÉBUS
CHARADE 3 Mon premier est un adjectif possessif Mon deuxième est un aliment fait d'une pâte pétrie fermentée et cuite au four Ce pauvre vieux Père Noël finit sa tournée en plein jet lag. Mais que raconte-t-il ?
3
COMBIEN DE PAQUETS CADEAUX ?
Ouhlala ! Il a dû en voir le Père Noël pour passer tous ces cadeaux par la cheminée ! Comptez-les pour voir !
Mon troisième est une préposition qui introduit un adverbe de lieu Mon quatrième est la partie saillante au milieu du visage Mon cinquième est un verbe auxiliaire conjugué a la première personne du présent indicatif Mon tout vit généralement en forêt.
RÉPONSES PAGE 50
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Par CC Il faut : le carton d'un rouleau de papier toilette (sans le papier) 1,5 CM
1,5 CM 1,5 CM
2
// Mesurer 1,5 cm et marquer sur chaque coté.
1,5 CM
1
// Aplatir le rouleau pour former un rectangle.
3
// Faire une marque au milieu et en bas.
4
// Tracer un demi cercle en partant d'un bord, en passant par le milieu et en rejoignant l'autre bord.
5
// Découper les deux cotés en suivant l'arrondi.
6 // Replier les 4 bords en pinçant
légèrement entre le pouce et l'index.
7 // Décorer à votre goût. Par exemple avec des feuilles découpées dans un magazine, des tissus légers, une petite fleur séchée, un ruban, des motifs dessinés, des mots ou un nom.
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C'est vous l'artiste ! Préparez un café... non pas pour le boire, mais pour vous en servir comme de la peinture. Vous pourrez créer votre carte de vœux au lieu d'être énervée !
1
// Préparez un "café" : il suffit de mélanger du café moulu avec de l’eau chaude du robinet.
2 // Préparez trois petits pots, style pot de yaourt. 3 // Dans le premier, mettez du café avec très peu d'eau chaude.
Le mélange doit être presque solide, Ainsi les couleurs seront plus foncées et l’eau s’étendra moins facilement.
4
// Dans le second pot, il faut mettre légèrement plus d’eau pour pouvoir mieux étirer la couleur.
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// Dans le troisième pot, l’eau servira seulement à rincer le pinceau. Peignez sur une feuille, en alternant couleur claire et foncée. Il est important de commencer par la couleur la plus claire, puis la plus foncée.
6 // À vous de doser vos mélanges et d’adapter la technique à votre goût.
ASTUCE : vous pouvez tremper une feuille blanche dans du café ou du thé bien infusé et laisser sécher pour obtenir un aspect papier vieilli.
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L'Américain Dave Bruno a fait le tri parmi tout ce qu'il possédait pour ne garder que cent objets. Et vous, êtes-vous prêtes à le faire ? Par Ata 22
LE PROJET 100 OBJETS
A l'ère de la surconsommation, le challenge des 100 objets est une forme de militantisme. C'est l'Américain Dave Bruno qui l'a créée. Avant de se lancer, Dave était un Américain moyen, propriétaire d'une jolie maison en Californie et heureux papa de trois filles. Mais sa jolie maison était remplie de beaucoup de choses et il s'est un jour rendu compte que tous ces biens lui coûtaient de l'argent, du temps et de l'énergie. Dave prône de ne vivre qu'avec un nombre d'objets restreint : c'est possible, c'est même bénéfique ! FAIRE LE TRI
Il suffit de faire un tri dans ses affaires et de faire un choix sur ce que l'on garde ou pas. La nourriture n'est pas prise en compte et, pour tout le reste, chacun peu adapter à sa sauce. Par exemple, on peut compter les sous-vêtements ou les produits d'hygiène comme un ensemble ou ne pas prendre en compte les meubles en commun avec le reste de la famille, comme une table ou un canapé, par exemple. Dave Bruno a choisi de compter sa bibliothèque avec tous ses livres comme un seul objet. Certaines personnes font ça pendant un moment seulement, pour
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trier et se débarrasser de ce qu'elles ont en trop. D'autres adoptent ce tri comme un mode de vie. POUR QUOI FAIRE ?
Le but est de savoir ce dont on a vraiment besoin et quelles sont les choses auxquelles on tient et pourquoi. On se déshabitue de la surconsommation et on se défait des objets que l'on n'utilise pas afin d'en faire profiter à d'autres. Le plus important, c'est en fait que quand on se débarrasse du superflu, des choses inutiles ou encombrantes, on allège son esprit et on se sent mieux. Et vivre dans un environnement ordonné et minimaliste influe de
manière positive sur tous les autres aspects de la vie. Le titre du livre en anglais de Dave Bruno "The 100 things challenge, How I got rid of almost everything, remade my life and regained my soul" pourrait se traduire comme ça : "Le projet 100 objets, comment je me suis débarrassé de presque tout, ai refait ma vie et repris contact avec mon âme." LA MAGIE DU RANGEMENT
Marie Kondo a publié un ouvrage dans le même état d'esprit. Son livre, "La magie du rangement" (Editions First) a fait un malheur. Elle propose de ranger à fond son intérieur, une
' vecu
"Quand on arrive en taule, on est enfermée dans une petite cellule, sans rien. On a les vêtements que l'on a sur nous et, pour les plus chanceuses, un paquetage préparé par la famille. On se retrouve sans rien. Au début, c'est difficile : pas de bouilloire, très peu de vêtements. On doit attendre les jours de cantine pour s'acheter les produits urgents (hygiène, café, clopes). Mais d'un côté, ce dénuement nous réapprend à vivre sans superflu. L'homme est fait pour s'adapter. On se rend compte que certaines choses ne sont pas nécessaires pour se sentir bien et que les plus petites choses peuvent faire plaisir. Le dénuement physique peut aussi nous libérer l'esprit. Accepter que les choses soient ainsi et c'est tout. Lâcher prise et vivre au jour le jour, puisqu'en prison les premiers besoins sont pris en charge : logée, nourrie. Donc même si au début, ce dénuement fait l'effet d'une grosse claque en pleine tronche, on essaie de se concentrer sur soi et, en essayant de rester positive, de comprendre pourquoi on en est arrivé là. Comment le stress d'une vie chaotique à l'exterieur nous a menée à faire une succession de mauvais choix. Le dénuement dans sa globalité (matérielle mais aussi la solitude) nous coupe de toutes les distractions et nous ramène à l'essentiel."
bonne fois pour toutes. Cela incite par la suite à garder son intérieur rangé. Pour cela, il faut jeter. On trie les fringues, la bibliothèque, on ne garde que les objets qui nous rendent heureux. Si vous ne ressentez aucune joie quand vous tenez un objet dans vos mains, jetez-le. De même avec la paperasse qui ne sert plus à rien. Une fois que vous aurez choisi de garder un objet, il faut lui trouver une place de rangement et l'y remettre après chaque utilisation. Marie Kondo conseille de saluer sa maison. "Il faut prendre l'habitude de saluer votre maison, comme un rituel et vous vous rendrez compte que votre maison vous le renvoie".
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n SONDAGE EXPRESS.# 1 Nous avons demandé à des femmes du CPF quels seraient les 5 objets qu'elles choisiraient si elles ne devaient en garder que 5 :
e // Musiqu
hygiène
TV // Lit //
Lit // Vêtements // Pro
duits d'hygiène // Mu
Photo // M
aquillage
// Bou
Coue illoire //
Vêtements
tte // Clé
// Miroir //
de cellu
Produits d'
le
hygiène
sique // TV
// Clopes
de me // Doudou
s enfants
// Chaîne
hifi
Lit // TV // Vêtements // Miroir // Produits d'hygiène
Clopes // P
38
laystation //
Chaine hifi
// bouilloire
// Photo
Fer à lisser // lit //
produits d'hygiène
// Vêtements // ma
quillage
n SONDAGE EXPRESS.# 2 Nous avons demandé à des femmes du CPF quels sont les 5 objets qui leur manquent le plus en prison :
In
reaux // M ternet // Car
achine à lave
r // PS3 // M
euble
auffa Bon lit // Un ch
ge // Un ventilo
// Baignoire // Sh
opping
Machine à laver // Portable // Box // Miroir de plein pied
Gode // Cig
are // Phone
Bon
Gode // Grosse peluche // Manteau à capuc
he // Matériel de dessin // Four
lit
// Internet
léph // Té
// Gros noun
one /
Ordi // Portab
/ In
ours
t/ terne
/ baig
le // Box // Re
noire
//
ou Doud
vues // Mac
de m
a tail
hine à laver
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le
Vous connaissez peut-être le spiritisme, c'est-à-dire : tenter de communiquer avec les esprits des personnes défuntes. Mais savez-vous que, nouvelles technologies obligent, le spiritisme existe maintenant via Internet ! Une enquête qui vous plongera de plain-pied dans la transcommunication instrumentale ! Par Cloé SPIRITISME EN LIGNE Le spiritisme est apparu en 1853 en Europe avec les fameuses "tables tournantes". La pratique trouve sur Internet de nouvelles façons de dialoguer avec les défunts. Difficile de savoir quand a commencé le spiritisme sur Internet. "Ce sont des usages émergents, qui ne sont pas aussi visibles que l’usage de Facebook", explique la chercheuse Fanny Georges. Et les utilisateurs en parlent peu "car ils font référence à des croyances et des superstitions que les usagers n'assument pas vraiment quand on leur pose des questions". Le spiritisme s’est toujours approprié les nouveaux médias, notamment dans le cadre de la transcommunication instrumentale.
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LA TRANSCOMMUNICAQUOI? "La transcommunication, cela veut dire utiliser des dispositifs audiovisuels pour enregistrer ou faire se révéler les esprits des défunts". Avant, les usagers utilisaient de vieilles caméras
vidéos ou des enregistreurs de type magnétophones. Maintenant, c'est Internet. Le fond du spiritisme n'a pas changé, c'est juste le mode de communication avec les esprits qui change. PERTURBATIONS PROVOQUÉES PAR LES ESPRITS Les usagers pensent que les nouvelles technologies sont autant utilisées par des personnes défuntes que vivantes. "J'ai remarqué qu'en Chine, les gens achètent et brûlent des petites représentations de papiers d'Iphone ou d'ordinateurs. Pour rendre hommage au défunt et pour que ces objets se dématérialisaient et passent dans le monde de l'audelà". Ce qui change profondément avec le spiritisme en ligne, par rapport au traditionnel, c'est que les gens enregistrent les esprits avec les technologies numériques et surtout, qu'ils travaillent cet enregistrement. "Ce traitement permet de chercher et fouiller les informations. Les gens considèrent que les perturbations du signal d'un enregistrement numérique sont provoquées par des esprits. Sur les forums sur internet, il y a beaucoup de discussions pour essayer d’interpréter ces perturbations."
Ces possibilités décuplent le travail des usagers qui s’investissent encore plus dans ce travail de réécoute des enregistrements. Avant, ils écoutaient les bandes à l’envers et c’est comme cela qu’ils trouvaient des signes manifestés par des esprits. Ce qui change aussi, c'est que les gens se regroupent autour de forums sur Internet pour interpréter les enregistrements à plusieurs. PAS BEAUCOUP D'ADEPTES Peu de gens fréquentent les sites de spiritisme en ligne. "Ce sont essentiellement des médiums professionnels qui font leur promo, constate Fanny Georges. Ils mettent en garde contre certaines pratiques dangereuses. Ils défendent un spiritisme à l’américaine : l’objectif du spiritisme est de dialoguer avec les esprits élevés. Ceux qui seraient accessibles par tout un chacun seraient des esprits mauvais. Ces médiums disent que s'ils ne passent pas par eux, les gens auront des problèmes d'envoûtement". Qu'en penser ? Ne faut-il pas être médium pour pratiquer le spiritisme ?
À moins que vous soyez médium sans le savoir... À mon avis, communiquer avec l’au-delà n’est pas un jeu ! Parmi les usagers, beaucoup de personnes fréquentent ces sites juste après un deuil. Ils veulent utiliser ce moyen pour dialoguer avec des ancêtres ou des esprits de personnes connues. Ils n'y croyaient pas avant, mais sont prêts à tout tenter pour rétablir un dialogue. "Ils utilisent Internet comme espace de dialogue avec leurs proches perdus. Ils souffrent tellement qu'ils ont envie d'y croire".
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"A l’époque, je suis allée sur un site gratuit de spiritisme en ligne. Je connaissais la planchette Oui-ja mais quelle ne fut pas ma stupéfaction de la découvrir en numérique ! Ce qui est impressionnant, c'est que la réponse est en temps réel. Et le plus troublant dans cette histoire, c’est que cela répondait à mes questions avec une étonnante exactitude…"
COMMENT MARCHE LE OUI-JA NUMÉRIQUE ? "Ce sont des applications flashs", qui sont censées prédire l'avenir en communiquant avec les défunts. Difficile de savoir si ça marche. On pose une question et la tablette répond par oui ou non. "Peu d'usagers ont l'air de l'utiliser". Le mystère restera entier pour les plus sceptiques d’entre nous et pour d’autres, ce sera la continuité d’un dialogue.
Fanny Georges est Maitre de conférences en sciences de l’information et la communication et en sémiologie. Elle a fait des recherches sur le spiritisme en ligne.
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Alexandra Beauvais est cheffe, auteure d'ouvrages culinaires et conseillère en alimentation sans gluten : c'est-à-dire sans utiliser de blé et tous ses dérivés. Elle y est elle-même allergique. Sa cuisine est pleine de pep's, à son image. Par Mina. LE JOUR OÙ ALEXANDRA A DÉCIDÉ DE DEVENIR CHEFFE "Je suis née dans un chaudron. Mon père était chef, ma grand-mère aussi. Quand j'étais petite, je passais mes journées à observer ce qui se passait au restaurant. J'aimais beaucoup cuisiner. Vers 20 ans, j'ai eu un très grave accident. Je suis restée trois mois en rééducation à l'hôpital. On m'a dit que je ne remarcherais plus jamais. Je me suis dit que si je remarchais un jour, je deviendrais cuisinière. Je me suis battue ! Je ne voulais pas rester dans un état de victime. J'ai remarché puis j'ai passé un diplôme de cuisine." UNE ASTUCE EN CUISINE ? "Utilisez les produits jusqu'au bout ! Si vous faites une purée de panais, gardez les épluchures, passez-les au four avec de l'huile et du sel pour en faire des "chips" qui serviront en déco. Un bon cuisinier est économe... Une autre astuce : rappelez-vous qu'en cuisine, on ne peut pas se tromper ! N'ayez crainte, tout se rattrape..."
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DEUX CONSEILS POUR TWISTER LES LÉGUMES "Il y a des légumes que je trouve plus "difficiles" au goût, comme par exemple le navet ou le céleri. Il suffit de les cuire au four en croûte de sel, c'est-à-dire enveloppés de gros sel gris, pendant une à deux heures : c'est délicieux. Pensez aussi à utiliser les légumes pour les desserts. Pour une super terrine dessert, prévoyez par exemple 450 g de potimarron ou patate douce cuite. Mélangez la purée de légumes chaude avec 250g de chocolat fondu. Versez dans une terrine recouverte de film alimentaire. Placez au frais 24h voire 48h. Servez avec un sirop d'orange. C'est parfait car c'est un dessert sans sucres ajoutés. Un dessert trop sucré fait oublier le reste du repas."
UNE ÉTOILE : SON RÊVE ? "À un moment de ma carrière, j'ai eu envie d'une étoile. Mais je me suis rendu compte que c'était plus pour prouver quelque chose aux autres que pour satisfaire une envie profonde. Je voulais montrer qu'une femme est capable. La cuisine, c'est un métier de macho. Encore aujourd'hui, les hommes pensent que les femmes ne sont pas capables. Qu'elles sont seulement de bonnes cantinières. En tant que femme, on doit en permanence travailler plus. Au moindre faux-pas, on vous montre du doigt. Il faut savoir s'imposer. Aujourd'hui, je préfère suivre mes envies sincères plutôt que de prouver quoi que ce soit aux autres."
ENTRÉE // SALADE D’ORANGES ET DE BETTERAVES VINAIGRETTE AU PIMENT Pour 4 personnes
4 betteraves crues
4 oranges à manger
Laver, essuyer et frotter 3 betteraves avec le gros sel. Disposer au four pendant 1h15 à 210 C.
Huile d'olive Vinaigre de cidre 1 sachet de mâche
Peler les betteraves cuites, filmer et disposer au frais.
Préparer la vinaigrette avec le jus d’orange, l'huile d'olive et le vinaigre de cidre.
1 bouquet de ciboulette
Sel fin Piment d'espelette Gros sel gris
Peler et laver la betterave crue. Émincer finement.
Laver et râper les zestes d’une orange. Les blanchir dans une casserole d’eau. Presser le jus de l’orange. Filmer et placer au frais pendant 30 minutes.
Peler à vif les 3 oranges restantes. Les couper en segments.
Dressage Dans des petites assiettes (ou des verrines), disposer la mâche, les betteraves émincées, les betteraves crues et les quartiers d'oranges. Arroser de vinaigrette, décorer de ciboulette
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PLAT // SUPRÊME DE VOLAILLE CRÈME DE FOIE GRAS AUX CHAMPIGNONS Pour 4 personnes
60 g de beurre 150 g de champignons de Paris
4 suprêmes de volaille 80 g de terrine de foie gras (ou mousse)
Lever les suprêmes ou acheter des blancs de volaille !
Préparer le fond brun, ajouter l'ail écrasé . Passer au chinois. Ajouter la crème liquide puis mixer. Déposer le foie gras en petits cubes. Réduire la sauce jusqu'à la consistance nappante.
Sel Poivre 50 g de fond brun de veau 2 échalottes 1 gousse d'ail
Préchauffer le four à 200°C (th.6/7). Assaisonner les suprêmes de sel et de poivre. Dans une petite poêle, faire revenir les suprêmes dans 20 g de beurre.
Les retourner plusieurs fois pendant 10 minutes. Terminer la cuisson au four pendant 10 minutes. Réserver.
25 cl de crème liquide
Laver les champignons. En garder 2 pour la décoration. Pour le reste, séparer les pieds des têtes. Mettre les pieds de côtés. Hacher les têtes.
Réaliser une Duxelles de champignons : Mettre à cuire dans 20 g de beurre les échalotes ciselées. Ajouter les têtes de champignons hachées. Laisser cuire jusqu'à complet dessèchement.
Assaisonner. Dresser les suprêmes, avec la purée de panais, la sauce au foie gras, parsemez de noisettes torréfiées. POUR ACCOMPAGNER : UNE PURÉE DE PANAIS 10 cl de crème fraîche 500 g de panais Sel fin poivre Gros sel gris 40 g de noisettes 30 g de beurre demi-sel décortiquées, torréfiées
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Préchauffer le four à 210°C (th.7). Concasser les noisettes. Peler et laver les panais. Les tailler en morceaux et les plonger dans une casserole d'eau salée au gros sel. Porter à ébullition et cuire à frémissement jusqu'à ce que la lame d'un couteau pénètre facilement la chair. Les égoutter, les mixer, incorporer le beurre, le lait et la crème. Assaisonner. Réchauffer et maintenir au chaud.
' RENCONTRE AVEC UN chef etoile DESSERT // P OIRES POCHÉES Pour 4 personnes
180 g de sucre 25 g de sucre glace
4 poires
2 clous de girofle
2 gousses de vanille 1 badiane 1 citron
1 orange
20 cl de crème liquide
Brosser et laver la peau de l'orange et du citron. En prélever quelques zestes. Les tailler en julienne, les blanchir 2 minutes.
Huile d'olive Aneth
Facultatif : Glace au lait ribot avec du miel, 1 pot de mascarpone, 50 cl de lait ribot
Porter 1 l d’eau à ébullition. Ajouter le sucre, les zestes d'agrumes, les gousses de vanille fendues en deux, les clous de girofle, la badiane et cuire à petit frémissement 15 minutes.
Ajouter 2 c à s d’huile d’olive et laisser infuser à couvert, filtrer. Peler 2 poires, les déposer dans la casserole du sirop. Les pocher 20 à 25 minutes environ. Laisser refroidir, retirer les poires. Faire réduire le jus jusqu'à l'apparition d'un état légèrement sirupeux. Monter la crème en chantilly avec le sucre glace, réserver au froid. Préparer les deux autres poires, les peler et les couper en dés. Disposer les poires pochées dans une assiette, ajouter des palets bretons écrasés, la chantilly . finir le dressage avec la glace au lait ribot., arroser de sirop, parsemer aneth.
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Citad'elles manque cruellement de sport. Pour combler ce vide, on y est allées fort : la rédaction a reçu Christian Gourcuff, l'entraîneur du Stade Rennais, club de foot de Ligue 1. On était impressionnées à l'idée de le rencontrer. On n'a vraiment pas été déçues. C'est un homme aussi abordable que passionnant. Par Anic Citad'elles : Comment es-tu devenu entraîneur ? Christian Gourcuff : C'est la suite logique de ma carrière de joueur. Bien sûr, tous les joueurs ne deviennent pas entraîneur. Il faut des prédispositions. Il faut être passionné et il faut des circonstances favorables. Entraîneur est un métier aux domaines de compétences très vastes. J'ai suivi une formation pour cela. Il faut être un peu psy, comme dans tous les domaines. Il faut savoir gérer des egos, gérer des adultes. Le métier oblige à avoir une vision globale, une stratégie globale. Je suis un ancien prof de maths. Je me sers de tout ce que j'ai vécu pour avoir une stratégie dans mon travail. Moi, c'est le Stade Rennais qui est venu me chercher, à l'ancienne. Mais actuellement, c'est l'inverse :
les entraineurs ont des agents qui démarchent les clubs. Je dois être un des rares entraîneurs à ne pas avoir d'agent. Dans le football, il y a de plus en plus d'intermédiaires qui influent sur les recrutements. C : C'est quoi, le boulot d'entraîneur ? CG : L’entraîneur pense la stratégie collective. Comment l'équipe travaille, s’entraîne, comment elle joue. Je mets des exercices en place et je cherche à développer les qualités individuelles de joueurs pour servir cette stratégie. Je ne travaille pas tout seul. J'ai 2 adjoints, 1 médecin, 1 préparateur physique, 4 kinés, un entraîneur pour les gardiens de but. L’entraîneur doit animer tout ce staff. Toutes les techniques sont bonnes. Certains
entraîneurs recrutent de nouveaux joueur, exploitent au maximum leurs qualités et repartent au bout de 2 ans. D'autres recherchent plus l'épanouissement de leurs joueurs et de leur équipe. Le but, c'est toujours d’obtenir des résultats. Et pour moi, que l'équipe aille le mieux possible, qu'elle joue le mieux possible. Les résultats sont les conséquences du jeu. À Rennes, on voudrait nous voir au niveau européen, mais il faut avoir l'effectif pour pouvoir jouer 3 matchs par semaine. Beaucoup veulent aller trop haut, trop vite et le payent la saison suivante. C : Qu'est ce qui vous a amené à Rennes ? CG : Le Stade Rennais est le club breton par excellence. J'y avais fait
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«Je suis Breton, cela veut tout dire : authentique, déterminé et passionné...»
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un court passage au début des années 2000 et j'avais toujours gardé de très bonnes relations avec les dirigeants. Après mon passage à la tête de la sélection algérienne, la sollicitation a été faite de façon plus directe. Pour le choix de l'entraîneur, c'est le président, René Ruello, qui fait une proposition aux actionnaires du club qui décident de valider ou non ce choix. Pour le limogeage, c'est pareil. Quand le club va mal, il faut changer le management et donc c'est l’entraîneur qui saute. Parfois, il arrive que ce soit les joueurs qui demandent à changer d’entraîneur. Mais ce n'est jamais présenté officiellement comme cela. C : A Rennes, vous entraînez Yohann, votre fils : est-ce facile ? CG : Oui, parce que je le connais bien. La difficulté, s'il y en a une, est de ne pas faire d'écart par rapport au groupe. Je dois le traiter de la même manière que les autres joueurs. Ne pas créer de jalousie, ne pas faire de favoritisme. Mais cela se passe très bien. C : Que pensez-vous du foot féminin ? CG : Le foot féminin a beaucoup évolué. C'était une pratique très marginalisée en France il y a une vingtaine d'années. Les matchs de haut niveau sont très intéressants. Selon moi, le foot féminin ne doit pas essayer de ressembler au foot masculin. Cela doit rester un jeu d'évitement plus qu'un jeu de force. Il y a une vraie volonté de la Fédération Française de Football de développer des sections féminines
au sein des grands clubs français. Et puis on s'est rendu compte que la prise de licence était en hausse chez les filles alors qu'elle est en perte de vitesse chez les garçons. C : Et la future Coupe du monde de Football au Qatar ? CG : Il va faire très chaud... C'est un choix sous influence, un choix acheté, un choix aberrant.J'ai entraîné un an au Qatar. Il n'y a aucune culture Etes-vous une supportrice confirmée ? du football, il fait Testez vos connaissances ! plus de 50°C en 1) Combien d'équipes étaient été. Ce qui va présentes lors de l'EURO 2016 ? obliger à jouer cette Coupe 2) Quel est le nom du sélectionneur du monde en des Bleus en 2016 ? hiver et donc de 3) Quelle équipe a gagné l'EURO 2016 ? décaler tous les championnats. 4) Quel est le nom de la mascotte Cette Coupe n'est de l'EURO 2016 ? que le résultat de 5) Quel footballeur a été élu la corruption de la Ballon d'or 2015 ? FIFA. C : Et en dehors du football ? CG : J'aime la Bretagne... Mon Finistère bien sûr, Tréboul près de Douarnenez, la Presqu'île de Crozon. J'aime tout ce qui est sauvage, naturel. Je suis Breton, cela veut tout dire : authentique, déterminé et passionné... Côté cuisine, je préfère la cuisine italienne ; j'aime tout : les pâtes, la charcuterie, le vin... Et si on revient au foot, mon club de coeur, c'est le FC Barcelone pour la qualité du football pratiqué depuis des décennies.
Réponses : 1) 24. 2) Didier Deschamps. 3) Le Portugal. 4) Super Victor. 5) Lionel Messi.
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"Je suis une passionnée de foot. Tous les week-ends, je regarde les matchs et le dimanche, je ne manque jamais e Canal Football Club. Je sais les résultats du week-end et après je regarde le match qui suit quelle que soit l'équipe qui joue. Mon club de cœur, c'est les Girondins de Bordeaux. Mais depuis quatre ans que je suis à Rennes, je vibre pour son club et… pour son entraîneur...Rennes est un club qui marche bien. Il est pour le moment dans le haut du classement. J'aimerais vraiment qu'il finisse dans les trois premiers, comme ça ils seraient Européens l'année prochaine."
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Pour être belle, pas forcement besoin de se ruiner. Avec quelques ingrédients que nous avons toutes dans notre frigo, il est possible de se préparer des potions bien sympas et 100 % naturelles, sans conservateurs. À utiliser de suite car elles ne se gardent pas. Par CC n MASQUE POUR CHEVEUX CASSANTS ET TERNES Huile d'olive // Argile verte 1 œuf // Vinaigre de vin
Préparation : pour les longueurs, appliquer directement l'huile sur les cheveux secs ; pour les racines, mélanger 1 jaune d’œuf avec 1 cuillère à soupe d'argile verte, cela évite les excès de séborrhée Temps de pause : 20 minutes Rinçage : pour obtenir un effet satiné, faire un shampoing neutre mélangé à un jus de citron, le dernier rinçage s'effectue en diluant 1 verre de vinaigre dans un litre d'eau froide pou donner encore plus de brillance aux cheveux
n MASQUE VISAGE POUR LES PEAUX TERNES 1 citron // 1 œuf Préparation : Battre le blanc d’œuf frais et rajouter le zeste de citron Temps de pause : 20 minutes Rinçage : Enlever le masque à l'eau claire et fraîche pour obtenir un effet lifting
n PRÉPARATION POUR RENFORCER LES ONGLES CASSANTS
1 jus de citron // Huile d'olive Préparation : Mélanger le jus de citron à une cuillerée à soupe d'huile d'olive et tremper les ongles de 3 à 5 minutes dans cette préparation. Ensuite masser chaque ongle pendant 1 minute.
n MASQUE VISAGE POUR PEAUX SÈCHES Le froid et les changements de température entre intérieur et extérieur peuvent assécher la peau. En hiver, cet inconfort est fréquent. Bonne nouvelle : on peut s'en débarrasser grâce à un masque à l'avocat (il nourrit et repulpe l'épiderme, favorise la cicatrisation). 1 avocat // 1 jus de citron // crème fraîche Préparation : Écraser la chair de l'avocat. Mélanger avec une cuillerée à soupe de crème fraîche et mélanger le tout jusqu'à obtenir une mixture homogène Temps de pause : 20 minutes Rinçage : retirer le masque à l'eau claire puis masser le visage avec quelques gouttes d'huile d'amande douce pour un effet encore plus doux.
n SOINS POUR LES PIEDS SECS
Huile d'olive // Sel fin // Citron
Préparation : Mélanger 2 cuillerées à soupe de sel fin avec 2 cuillerées à soupe d'huile d'olive Masser les pieds avec ce mélange en insistant bien sur les talons. Rinçage : Passer les pieds sous l'eau et laisser tremper dans de l'eau tiède dans laquelle on a rajouté le jus d'un citron. Puis se faire un petit massage avec quelques gouttes d'huile d'amande douce pour un effet doux et déstressant garanti.
RÉPONSES : Jeux 2 : C - Jeux 3 : J'en ai plein les bottes ! Je rentre chez moi !- Jeux 4 : Joyeux Noël de la part de l'équipe de Citad'elles ! Jeux 5: 33 Charade 1 : chaud/cola (chocolat) - Charade 2 : rêve/haie/ions (réveillon) - Charade 3 : sa/pain/en/nez/j'ai (sapin enneigé)
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Entre-deux par Cloé J’fais la une des médias Décollage immédiat Direction les étoiles comme la fusée Ariane Première division comme Zlatan J’viens du pays de Marianne J’ai déclaré la guerre à la bêtise humaine A l’esclavagisme moderne L'inconscience de leurs violences Le bien et le mal est dans la balance J'rappe mes cicatrices La vie est une actrice Désespérée comme Maryline Ma vie 100 % vida loca… Ah ! 100 % vida loca (Refrain chant) Entre rage et désespoir J'reste debout Entre la cage et mon histoire C'est un truc de fou (Refrain Rap) Parfois je suis triste et en colère Je ne crois plus en dieu et en ses prières Chant : C'est une première page Sur ma vie en pointillé Premier clash Mon esprit éparpillé… Dans ma vie, j'ai fait le grand écart entre… Entre la danse et la taule J'ai eu le premier RÔLE ! Entre la noblesse et la voyoucratie Je n'ai jamais choisi… Entre petite délinquance et grand banditisme Entre le Nord et le Sud Entre Paris et la Cote d'Azur Entre chanter et rapper Entre mon envie de vivre et mon désespoir Entre ma tendresse et ma colère Entre le GHB glissé dans mon verre et mes silences… Entre mes rêves et la réalité Entre le commis d'office et la grosse pointure Entre l'erreur judiciaire et les bavures Entre les rires et les larmes Entre les cris et les drames (Refrain)
J’ai rêvé d’un Noël doux par Choupinette Cette nuit fut de loin la plus belle, À mon cœur et à mes yeux. Cette nuit, j’ai rêvé d’un Noël, Où tous les enfants étaient heureux. Un Noël vrai, sans différence, Nul n’était riche, ni miséreux, Un doux Noël, sans violence, Où le profit était hors-jeu. Cette nuit, j’ai rêvé d’un Noël, Où chacun disposait d’un toit. Cette nuit fut de loin la plus belle, Nul n’avait faim, nul n’avait froid. Hélas, ce matin au réveil, Quel ne fut pas mon désarroi, Devant mes yeux plein de sommeil, La tristesse reprenait ses droits.
Souvenir du pique-nique heureux par Choupinette Dans l’alcôve du monde, Près de l’arbre à colombe J’ai ouvert mon panier, Aux enfants oubliés. J’ai sorti un soleil, Un immense arc-en-ciel Pour sécher la rosée, Qui perlait sur leur nez. Autour de la nappe fleurie, J’avais deux milliards d’amis Qui ont dansé, chanté, Sur des airs de liberté Dans l’alcôve du monde, Près de l’arbre à colombes J’ai vu des enfants heureux, N’était-ce qu’un rêve audacieux ?
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fédératIon
ille-et-VilAine