Citad'elles N°7 - Le reportage BD

SUPPLÉMENT PRINTEMPS 2015

ÇA TOURNE.

SILENCE !

DU TOURNAGE DE

LES COULISSES

Citad ’elles

TAULARDE

À RENNES

JACQUES CARTIER

À LA PRISON

REPORTAGE

REPORTAGE

À LA PRISON JACQUES CARTIER

À RENNES TOURNAGE DU FILM

TAULARDE

SYNOPSIS : Pour sauver l’homme qu’elle aime de la prison, Mathilde prend sa place en lui permettant de s’évader. Alors que sa survie en milieu carcéral ne dépend que de lui, Mathilde ne reçoit plus aucune nouvelle. Isolée, soutenue uniquement par son fils, elle répond désormais au numéro d’écrou 383205-B. Mathilde deviendra-t-elle une taularde comme une autre ?

RÉALISATRICE : Audrey Estrougo CASTING : Sophie Marceau Suzanne Clément - Marie Denarnaud Anne Le Ny - Pauline Burlet DURÉE : 1h40

REPORTERS : Catherine - Thérèse - Soizic Mamita - Cajoline ILLUSTRATIONS : Ata 22 - Mina - Sisi- Thérèse - Catherine Cajoline - Biyouna Oranaise INTERVENANTS : Alain Faure, coordinateur Mandragore, auteure de bande dessinée Maquette : Delphine Marie Louis MERCI Gaëtane Josse - Clémentine Charlemaine Sophie Marceau - Audrey Estrougo Anne-Héloïse Botrel-Kerdreux et l'équipe du film

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4 février 2015, température extérieure -2°C. Prison Jacques Cartier à Rennes. Tournage du film Taularde.

Sortir d'une prison pour entrer dans une autre, un comble !

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Taularde est un film réalisé par Audrey Estrougo. Sophie Marceau y incarne Mathilde.

Une jeune femme incarcérée pour avoir facilité l'évasion de son mari en lui procurant une arme.

Le film a pour unique décor l'ancienne maison d'arrêt des hommes aujourd'hui désaffectée.

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La prison est un personnage à part entière du film.

« Je ne voulais pas tourner dans les nouvelles prisons pour des raisons purement esthétiques. C'est des couleurs trop saillantes, c'est trop lisse. Au cinéma on a besoin que les choses aient du vécu.

C'est horrible à dire, mais c'est plus beau. » confie Audrey Estrougo.

1°C

La prison a été fermée en 2010 et est restée en l'état depuis. Elle sert de lieu d'entrainement pour les ERIS (équipe régionale d'intervention et de sécurité).

Au détour d'un couloir, l'équipe de tournage s’apprête pour une scène.

Il fait froid.

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Sophie marceau a gentiment répondu à quelques questions.

Non, je n'ai pas de casier judiciaire !

Sur un tournage, nous sommes très entourés, maternés.

C'est un élément essentiel de la relation acteur-metteur en scène. On a besoin de se sentir aimée ou intéressante.

Je ne connais pas toutes les prisons, mais pendant ce tournage, j'ai fait l'expérience de cette oppression permanente et ce manque de liberté qui sont contraires à la vie.

La privation de liberté est la pire des punitions.

C'est indiscutable de voir l'amoindrissement de ses facultés physiques intellectuelles sociales dues à l'enfermement. Et après, la peur d'affronter le monde réel. Pour cela, ces quelques jours de tournage ont été très éprouvants. La prison devrait laisser leur dignité aux individus emprisonnés.

Les femmes en détention sont moins nombreuses que les hommes et donc moins écoutées, elles souffrent de négligence. J'aimerais les encourager à ne pas baisser les bras pour défendre leurs droits et ne jamais abandonner l'espoir de jours meilleurs.

J'AI accepté ce rôle Pour Audrey Estrougo, avec qui j'avais envie de travailler, Nous avons fait un travail d'improvisation pour imaginer tout ce qui est arrivé à mon personnage avant son entrée en prison : comme au théâtre, un travail sur le texte, les intentions et les motivations des personnages. La réalité de la prison ne peut s'apprendre : il faut l'avoir vécue.

Ce n'est pas un rôle facile à jouer. Ce tournage a été plein d'émotion et de violence ressenties chaque jour, parce que le film raconte une histoire extrême et que la prison est un lieu extrême. Après, c'est facile de "vivre en prison" sachant que je retournais dans mon hôtel le soir.

Comment je me sens intérieurement quand il faut refaire 10 fois une scène ? envie d'en refaire une 11E !

Le métier d'actrice est exigeant.

Mais je dirais qu'il ne faut pas devenir trop perfectionniste.

Mon impression en arrivant à Jacques Cartier ?

Les lumières étaient déjà installées et j'ai trouvé l'architecture très belle et ma loge-cellule chaude. J'étais heureuse d'y aller chaque jour pour tourner, avec le privilège et l'assurance d'en sortir chaque soir. La cellule reconstituée m'a fait l'effet d'une petite scène de théâtre où se jouait le coeur de l'histoire. De ce point de vue là, j'aimais cette promiscuité.

D'un point de vue plus réaliste, c'est inimaginable d'envisager de pouvoir vivre enfermée dans 9m2.

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Lutter contre le froid a été le 1er travail de la Régie. Une aile de la prison a été entièrement aménagée en loges. Tout a été nettoyé, des tissus ont été tendus sur les murs, des canapés installés.

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C'est à cet endroit que se trouvent les loges maquillage, les costumes pour tous les acteurs et... la loge de Sophie Marceau.

Marie Denarnaud, qui interprète une surveillante tente de se réchauffer entre deux prises.

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Dans les anciens ateliers , l'équipe de décoration a reconstitué une cellule et un mitard plus vrais que nature.

Selon les séquences tournées, des pans de mur sont retirés.

Au cinéma, le cadre est plus large qu'à la télé c'est pour cela que le chef opérateur a besoin de plus de place.

paroi amovible

éclairage

paroi amovible

caméra caméra caméra

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Les décorateurs poussent le soucis du détail juqu'à poser un numéro de Citad'elles sur la table dans le décor de la cellule !

Si ! si !

"Les électros s'occupent des éclairages. en fonction des instructions du chef opérateur, ils vont installer les lumières pour obtenir l'ambiance demandée. Pour ce faire, ils utilisent des gélatines de couleur pour donner une teinte. Le Bleu donne une lumière plus froide. Même lors de tournage à l'extérieur on utilise de l'éclairage, des caches ou du gaffer pour orienter la lumière." nous explique Clémentine Charlemaine, chargée de production.

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Le monsieur à côté de la caméra, lui, il fait en sorte que l'image soit nette, son boulot, c'est que ça. Faire le point, c'est s'assurer que l'image soit bien nette et ne pas avoir un plan mou. Alors un plan mou, est un plan pas tout à fait flou. Comme les esquimaux ont 40000 mots pour dire le mot neige, et bien nous ,on a 40000 mots pour dire que c'est plus ou moins flou ou plus ou moins net. Mou, c'est juste avant d'être net et c'est pas vraiment flou, mais c'est un peu mou.

Gaëtane Josse, directrice de production chez UniFrance Films.

Le directeur de production est un technicien salarié, délégué du producteur ou de la société de production, pour la préparation, le tournage et les finitions d'un film.

le repéreur est chargé de trouver les lieux de tournages. Il lit le scénario et discute avec le réalisateur. Le réalisateur va dire "mon personnage est de tel milieu social, il a tant d'enfants, il a hérité de sa mère ou au contraire il s'est fait tout seul" et fonction de ses envies, le repéreur va aller visiter des maisons ou consulte des fichiers de location de décor. Des particuliers y inscrivent leurs lieux privés ou leurs entreprises. Le repéreur va rapporter des photos au réalisateur et en fonction de ça il va dire oui, non.

Ensuite, il y a le chef déco qui va aussi rentrer dans la discussion. Donc, on peut très bien filmer le salon dans la maison A et prendre le jardin de la maison B parce que l'on ne trouve pas tout au même endroit, et vous n'y verrez que du feu.

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on a notre restaurant attitré.

Sur des tournages où l'on change souvent de décor, le cantinier nous suit. Ici, c'est différent parce que l'on est posé, et dans la cour, ils ont le camion avec la cuisine intégrée et ils nous nourrissent. Nous sommes autonomes, parce qu'en restaurant, ils ne pourraient pas suivre nos rythmes de travail.

Un tournage, c'est aussi Des métiers étonnants, nous explique Gaëtane.

Fait pas chaud, hein ?

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j'ai passé un an à Fleury en y allant 3 fois par semaine.

J'ai rencontré beaucoup de gens dedans, dehors, des spip, des médecins, des psys, des tout ce qu'on veut, des directeurs. je suis rentrée sans a priori dans la prison. J'ai juste la conviction de l'inutilité de l'incarcération telle qu'elle est pensée aujourd'hui .

Emmitouflée dans plusieurs couches de vêtements, Audrey Estrougo, la réalisatrice répond à quelques questions entre 2 prises.

sur le tournage, les difficultés ne sont que des choses matérielles, il fait très humide et très froid. Des désagréments extérieurs au film en lui même. On est tous malades, tous fatigués.

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moi, je suis la réalisatrice. Je suis la personne qui a écrit l'histoire et qui en gros dirige un peu tout. C'est moi qui vais dire comment on filme, comment placer les caméras, qui dirige les comédiennes. C'est un métier d'autiste cinéaste ; on refait, on recrée la réalité. On décide que les gens vont dire ça, qu'ils vont s'aimer, qu'ils vont se taper, on va les rendre beaux, on va les rendre moches, on va les habiller, les déshabiller. Le monde extérieur on l'aime pas, c'est celui qu'on fabrique qu'on aime.

j'ai eu l'occasion de présenter un de mes derniers films à la maison d'arrêt hommes et femmes de Fleury Mérogis.

Quand on est complètement déconnecté du milieu carcéral, on n'a que les images qu'en donne le cinéma ou la littérature.

On vous vend la prison comme un lieu plein de testostérone, une quête de pouvoir, du banditisme et tout ça.

Quand je suis arrivée chez les femmes à Fleury, ce n'était pas du tout ça. j'ai vraiment ressenti ce qu'était la notion de privation de liberté et comment le milieu carcéral pouvait briser un être humain. C'est ça qui m'a donné envie de faire ce film.

Pourquoi ce titre « Taularde » ?

J'étais très surprise de voir qu'en prison elles s'appelaient toutes comme ça. « moi j'suis taularde, nous on est des taulardes ». A Fleury, elles passent leur temps à dire ça.

pour moi Sophie Marceau, c'était James Bond et les cheveux longs. La bonasse qu'on nous vend dans les journaux.

En fait, elle a quelque chose de très normal. C'est quelqu'un qui a naturellement quelque chose de très fort et en même temps de très fragile. C'est comme ça que je l’ai senti à première vue. Je me suis dit « En fait, c'est elle ! »

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Fin de journée. Il fait plus chaud dans la cour De l'intérieur de la prison. des Sons s'échappent.

Le tournage continue.

En place tout le monde s'il vous plait !

Des larmes s'il vous plait !

SILENCE, çA TOURNE !

Tu fais chier, SILENCE !

G

L

O

S

PRISES DE VUE : Les prises de vues sont les actions de filmer un sujet, par opposition à la prise de vue (au singulier) qui consiste à ne prendre qu'une seule image à la fois (cas de la photographie).

SÉQUENCE : Séquence est un terme technique employé au cinéma et à la télévision pour désigner un ensemble de plans se déroulant dans un même lieu et dans un même temps.

PLAN : Le plan est l’unité créatrice du film : c’est la portion d’action enregistrée sur la pellicule ou sur le disque dur entre le

S

A

I

R

E

démarrage de la caméra et son arrêt. Pour simplifier, le plan est le jeu de scène filmé entre les deux mots magiques du tournage : Action ! et Coupez !

Un ensemble de plans se rapportant à une même action et se déroulant dans le même temps et dans le même lieu, forme ce que l’on appelle une séquence, du latin sequentiă qui signifie suite ou succession.

Un ensemble de séquences situées en plusieurs lieux et/ou en plusieurs temps, et se rapportant à une même action, s’appelle une scène.