NUMÉRO SPÉCIAL
SKIPPER, CONTEUR, PAYSAN, HISTORIEN…
ILS NOUS FONT DÉCOUVRIR
LE GOLFE DU MORBIHAN
PETIT-MONT ET GAVRINIS LES FERMIERS DE TASCON LE GARDIEN D’ILUR LES VISITES INSOLITES...
L’Arzonais Bérenger Laurent a réalisé un tour du monde entièrement écolo en bateau.
Ce magazine vous est offert par la Compagnie des Ports du Morbihan
CARTE : LÉONIE SCHLOSSER
DÉCOUVRIR LE GOLFE
LE GOLFE PAR LES CHEMINS DE TRAVERSE
I
ls sont paysans, conteur, skipper ou ingénieur. Tous, ils aiment le Golfe du Morbihan et en connaissent chaque merveille. Embarquez à leurs côtés, et découvrez toute la richesse de cette petite mer intérieure : les îles, les plages, la nature… Ce numéro
SOMMAIRE IV. PETIT-MONT
ARZON ET GAVRINIS
VI. LES
FERMIERS DE TASCON
VIII. LE
GARDIEN D’ILUR
X. SAINT-GOUSTAN
AURAY
XII. YANN
GUICHARD
XIV. BÉRENGER
LAURENT
XVI.
GAÉTAN SÉNÉ
XVII. CLAUDE
PUIG
XVIII. VISITES
INSOLITES
XX. LIEUX
ÉTONNANTS
XXII. AGENDA
2, place de la République - BP 43950 56039 Vannes Cedex 02 97 47 22 30 www.bretons.bzh redaction@bretons-mag.com Conception graphique : David Yven Textes : Adélaïde Haslé et Maiwenn Raynaudon-Kerzerho Photographes : Emmanuel Pain et Gwénaël Saliou Relecture : Nathalie Perrot Publicité, promotion : Cécile Derré, Claire Guillemot pub@bretons-mag.com BRETONS est édité par : Les Éditions Blanc et Noir Directeur de la publication : Didier Le Corre Imprimeur : Calligraphy-Print 35220 Châteaubourg Magazine réalisé en partenariat avec la
spécial du magazine Bretons, offert par la Compagnie des Ports du Morbihan, vous propose de parcourir cette région par les chemins de traverse, de vous attarder dans ses petits coins secrets, ses lieux méconnus, et vous invite à découvrir ce joyau de façon originale.
18 rue Alain Gerbault - CS 62221 - 56006 Vannes Cedex 02 97 42 63 44
PHOTO DE COUVERTURE Gwénaël Saliou
HAUTEUR DE VUE
DÉCOUVRIR LE GOLFE / REPORTAGE
Le cairn du Petit-Mont.
LES CAIRNS DU PETIT-MONT ET DE GAVRINIS
LES JOYAUX HISTORIQUES DU GOLFE CONSTRUITS 4 100 ANS AVANT NOTRE ÈRE, LES SITES MÉGALITHIQUES DU PETIT-MONT ET DE GAVRINIS SONT LES TÉMOINS D'UNE ÉPOQUE CLÉ DANS L'HISTOIRE DES HOMMES : LE DÉBUT DE LA SÉDENTARISATION ET LE FONDEMENT DE NOS SOCIÉTÉS.
L
e Sud-Morbihan dispose d’un paysage mégalithique exceptionnel, à travers 550 sites historiques considérés comme les plus anciens du monde. Si les alignements de Carnac et le grand menhir brisé de Locmariaquer figurent parmi les plus connus, les cairns du Petit-Mont et de l’île de Gavrinis valent le détour. Ces cairns sont les vestiges et les derniers témoins du monde néolithique en Bretagne. “Contrairement au tumulus qui est une sépulture IV
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fermée, les cairns sont composés de couloirs qui permettent au monde des vivants de pénétrer le monde des morts”, explique Florence André, guide. Cairn, qui signifie amas de pierres en ancien celtique, désigne ces structures architecturales en pierres sèches, c’est-à-dire sans utilisation de mortier. Ces deux cairns sont surtout les témoins d’une histoire riche. Sur la presqu’île de Rhuys, à Arzon, le cairn du Petit-Mont domine la mer et le Golfe. Ce bâtiment architectural mégalithique servait de sanctuaire près de 4 100 ans avant notre ère. Éventré par la construction d’un bunker pendant la Seconde Guerre mondiale, il recèle plusieurs dalles qui présentent des gravures caractéristiques du néolithique : crosses, haches… Le cairn de l’île de Gavrinis, au large de LarmorBaden, est encore plus impressionnant. “Son insularité l’a protégé du vandalisme des hommes”, analyse Florence André. Pour visiter ce site
quasi intact, il faut embarquer depuis LarmorBaden pour faire escale sur l’île de Gavrinis. Le lieu est tout simplement l’un des sites préhistoriques les plus exceptionnels de France : une architecture funéraire de pierres sèches abritant un dolmen. Il est surtout reconnu pour ses étranges décorations gravées : “Il s’agit du seul monument avec autant d’ornements, il n’y a pas d’équivalent à cela en France. Pour reprendre la phrase de Prosper Mérimée, en 1835, inspecteur des monuments historiques, on y voit “une série de lignes droites, courbes brisées, tracées et combinées de cent façons différentes”. C’est symétrique, géométrique et harmonieux”, décrit Florence André. Une beauté rare, et donc fragile : “C’est pourquoi les visites commentées n’ont lieu que par petits groupes”, ajoute la guide. Ce tombeau devait être destiné à des personnages illustres de la société de l’époque. COMMENT VIVAIENT NOS ANCÊTRES ?
EMMANUELPAIN
Les cairns de Gavrinis et du Petit-Mont sont aussi les témoins d’une vie passée riche. L’homme néolithique connaît à ce moment-là une véritable révolution. En effet, il passe du statut de nomade à celui d’agriculteur éleveur sédentaire. Il cultive la terre, produit du blé, de l’orge, élève des animaux et fabrique des poteries en terre cuite. Il commence à construire des maisons aux façades en torchis et aux toits en paille : “C’est d’ailleurs étonnant de constater que ces hommes construisaient des maisons légères, presque éphémères, pour les vivants, et à côté de cela de telles structures imposantes en pierre pour leurs morts”, s’interroge Florence André.
“À L’ÉPOQUE, IL N’Y AVAIT PAS D’ÎLES, LE PAYSAGE ÉTAIT COMPOSÉ DE COLLINES. C’EST LÀ QU’ON CONSTRUISAIT LES CAIRNS, SUR LES PLUS HAUTS DES SOMMETS.” FLORENCE ANDRÉ, GUIDE Les restes et les témoignages de cette vie se transmettent grâce au paysage mégalithique breton. Qui étaient donc nos ancêtres ? Comment vivaient-ils ? Ces sites mégalithiques fascinent autant qu’ils interpellent. Le cairn du Petit-Mont est également un formidable point de départ pour se balader autour du monument, sur les sentiers côtiers et sur les plages environnantes, sans compter le point de vue exceptionnel qu’il offre sur l’horizon . Il culmine en effet à 36 mètres au-dessus de la mer, avec une vue imprenable sur les plus belles îles du département, Houat ou Hoëdic, par exemple. “À l’époque, il n’y avait pas d’îles, le paysage était composé de collines. C’est là qu’on construisait les cairns, sur les plus hauts des sommets.” Comme pour dominer le monde. Lien entre les vivants et les morts, témoins d’une histoire passée incroyable, magique et mystérieuse, les cairns n’ont sans doute pas encore révélé tous leurs secrets.
PETIT-MONT Ouvert du 4 février au 5 novembre. Consultez les horaires et réservez votre visite au 02 97 53 74 03.
GAVRINIS Embarquez au port de LarmorBaden pour découvrir Gavrinis, du 4 février au 5 novembre. Horaires et réservations au 02 97 57 19 38.
Le cairn de Gavrinis.
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V
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GWÉNAËL SALIOU
LES DERNIERS FERMIERS DE L’ÎLE TASCON
VI
B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
CHRISTIAN ET MERYEM LE MENACH SONT LES DERNIERS FERMIERS DE L’ÎLE TASCON, À SAINT-ARMEL. CHRISTIAN LE MENACH RACONTE LA VIE DE L’ÎLE OÙ IL EST NÉ ET QU’IL NE QUITTERA JAMAIS.
L’
île Tascon est la troisième plus grande île du Golfe, après l’Îleaux-Moines et l’Île-d’Arz. Elle est reliée au continent par le radier de Tascon, situé à Saint-Armel. Il s’agit d’une chaussée submersible, ce qui rend l’île accessible aux piétons et aux voitures seulement à marée basse. Située aux portes de l’océan, elle possède la particularité d’être l’une des dernières îles cultivées du Golfe. Sur ce petit bout de terre, il y a trente maisons dont vingt-six résidences secondaires. Un hameau de demeures de pierre regroupées autour d’une ferme, la Tasconnaise, gérée par Christian Le Menach et son frère, qui représentent la cinquième génération d’agriculteurs. Quand la saison se termine et que les maisons se vident (on compte près de 150 habitants l’été), l’île retrouve son calme. L’hiver, ici, ils ne sont que neuf habitants en comptant les jumeaux de Christian et de Meryem Le Menach, Jules et Gabriel, 17 mois. La ferme est le parfait modèle d’une agriculture paysanne en circuit court, qui ne dépend de personne. S’ORGANISER SELON LES MARÉES
Christian et Meryem cultivent et vendent leur production, viande charolaise, œufs de la ferme, blettes, pommes de terre, artichauts, tomates anciennes et toutes sortes de légumes oubliés, la grande fierté de Christian. Il se dit ici qu’il s’agirait des meilleurs légumes de la région : “Tout est cultivé sur l’île et les légumes ont quelque chose en plus, c’est certain. C’est le goût des prés-salés. Je vends toujours l’intégralité de ma production, donc oui, les gens sont contents, je pense”, raconte Christian. Pas besoin, ici, d’un quelconque label biologique : “Les légumes de l’île Tascon sont estampillés du label de l’île, juste des produits sains”. Les Le Menach font les marchés trois fois par semaine. Mais ils doivent jongler avec les marées. La petite route étroite crée une presqu’île durant cinq heures deux fois par jour. Alors, il faut s’organiser. “Soit c’est marée basse et c’est parfait, soit c’est marée haute et je dois amener le camion de l’autre côté de l’île la veille et prendre le bateau le lendemain matin. Ça demande de l’organisation”, explique-t-il. Un peu d’organisation, oui, mais dormir sur une île, ça n’a pas de prix : “Quand on est entouré d’eau, on vit comme sous une cloche sans un seul bruit. C’est magique, même après autant d’années. J’ai grandi sur l’île et j’y ai même rencontré ma femme, originaire de Marseille. Son père était venu avec elle chercher des pommes de terre. Nous nous sommes revus et puis voilà.
La vie sur l’île n’est pas toujours facile et ma femme aimerait bien, par moments, s’installer sur le continent, mais moi, je tiens à rester ici”, sourit-il. Au cours des siècles précédents, il n’y avait que des paysans sur l’île. Ils vivaient de pêche et de petite agriculture. L’industrialisation des années 60 a poussé les cultivateurs à déménager sur le continent. Dans les années 90, les maisons de l’île ont été rachetées une par une par des vacanciers, et sont devenues des résidences de vacances qui demeurent volets fermés de longs mois durant. Ce qui, finalement, arrange Christian, qui aime bien être tranquille l’hiver venu. Son île, il y tient. C’est d’ailleurs pour cela qu’il fait un peu de politique locale, pour protéger le caractère sauvage et dépaysant de l’île Tascon : “Il faut vraiment éduquer les promeneurs. L’état de l’île s’est un peu dégradé avec le temps. Toutes les personnes qui viennent ici pour la pêche à pied doivent comprendre qu’il faut préserver l’île en faisant attention. On ne gronde pas, mais on se permet de le dire quand on les voit mal faire”, raconte-t-il. Avec la baie de Sarzeau, l’anse de Tascon est le deuxième site d’accueil d’espèces d’oiseaux comme la bernache, et c’est également un herbier sous-marin exceptionnel. Les Le Menach ont bien de la chance. Ils vivent ici, au rythme des marées, au rythme du vent, au rythme de l’île. Christian aimerait donner envie aux jumeaux de reprendre la ferme familiale pour perpétuer la tradition. Parce que, sur Tascon, on n’est pas seulement paysan. On est aussi gardien de l’île.
“QUAND ON EST ENTOURÉ D’EAU, ON VIT COMME SOUS UNE CLOCHE SANS UN SEUL BRUIT. C’EST MAGIQUE, MÊME APRÈS AUTANT D’ANNÉES.” CHRISTIAN LE MENACH B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
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GWÉNAËL SALIOU
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VINCENT CHAPUIS
LE GARDIEN DE L’ÎLE D’ILUR ENTRE L’ÎLE-D’ARZ ET LA POINTE DU RUAUD, À SARZEAU, ILUR EST UNE DES ÎLES DU GOLFE. ENTIÈREMENT PUBLIQUE, ELLE SE TRANSFORME PEU À PEU POUR ACCUEILLIR DES VISITEURS. VINCENT CHAPUIS VEILLE SCRUPULEUSEMENT SUR CE PETIT BOUT DE TERRE ENCORE HABITÉ JUSQUE DANS LES ANNÉES 50.
I
l est 9 heures, il fait très beau dans le Golfe. Soleil radieux et lumière rasante du matin, sur l’embarcadère de Port-Blanc à Baden. Vincent Chapuis, le gardien de l’île d’Ilur, s’apprête à partir au travail, sur son île. Aucune navette régulière n’y fait escale. Sur ses côtes, il n’y a pas d’embarcadère, il faut donc mouiller dans la baie avant de rejoindre le rivage. VIII
B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
Jusque dans les années 50, une trentaine de personnes habitaient ici. Elles vivaient d’une agriculture plutôt sommaire et d’un peu de pêche. Il n’y avait aucun arbre, le vent soufflait très fort de tous les côtés. Avec l’avènement de l’industrialisation agricole, les paysans ont, peu à peu, quitté les îles du Golfe pour s’installer sur le continent. Les petites maisons blanches du hameau d’Ilur sont abandonnées. Un riche propriétaire les acquiert une à une. L’île devient ainsi totalement privée jusqu’à son rachat en 2008 par le Conservatoire du littoral. L’objectif ? Préserver cet écrin tout en l’ouvrant aux visiteurs. La gestion en est alors confiée au parc naturel régional du Golfe du Morbihan. RESTAURER LA DIVERSITÉ
L’île d’Ilur se transforme en grand laboratoire pour témoigner de l’histoire du Golfe. Sur une quarantaine d’hectares, elle présente un paysage de bocage (prairies, haies, bosquets...), un littoral absolument magnifique (plage de sable, microfalaise, petites dunes...) et des points de vue sur le Golfe offrant mille paysages uniques. Au centre de l’île subsistent les maisons du hameau, une petite dizaine de demeures en pierre, une très jolie chapelle dédiée aux marins, des fours à pain et un ancien hangar à varech.
Vincent Chapuis est originaire de Seine-SaintDenis. Écologue et passionné de nature, il a longtemps travaillé dans la Somme avant de s’installer ici. Le gardien de l’île est sur le pont depuis huit ans. Il vient ici presque tous les jours, et y dort cinq nuits sur sept en pleine saison. Cette île, il aime en prendre soin : “Il a fallu d’abord restaurer la diversité du paysage, rouvrir les prairies et y réintégrer des animaux”. C’est chose faite, avec l’arrivée de vingt-cinq brebis qui viennent de donner naissance à quarante agneaux. Il s’agit d’une race ancienne, les landes de Bretagne, “une race de brebis qui avait quasiment disparu. Elles vivent en plein air, toute l’année, se nourrissent de tout et sont totalement autonomes”, explique-t-il. Vincent Chapuis aime raconter l’histoire de l’île aux visiteurs : “Je leur fais découvrir l’histoire du hameau. Je fais aussi de la sensibilisation en saison, surveillance, information, animations scolaires, chantiers participatifs... L’île accueille 15 000 personnes par an, qui accèdent ici librement par leurs propres moyens, débarquant sur les plages au gré des marées. Elle n’est pas facile d’accès, venir ici, ça se mérite !”, sourit-il. L’objectif du parc naturel est d’allier préservation et restauration des espaces naturels et du village. L’île est aujourd’hui totalement autonome en eau
et en électricité. Certaines maisons du hameau vont être réhabilitées en gîtes. Elles pourront recevoir quelques personnes pour une nuit ou deux. D’autres projets sont à venir, notamment la mise en place d’une navette maritime électrosolaire de petite capacité avec un passage par jour. Mais, là encore, tout restera mesuré. Il ne s’agit pas de l’ouvrir au tourisme de masse. Ilur est, avant tout, un lieu d’accueil, d’échange et un outil de sensibilisation à la vie insulaire d’autrefois. Vincent Chapuis, le p’tit gars de Paris, n’en revient toujours pas de travailler ici : “Je vais sur l’île tous les jours à bord de mon petit bateau. Je ne vois jamais les mêmes paysages. Le Golfe n’est jamais le même. Jamais”.
“JE VAIS SUR L’ÎLE TOUS LES JOURS À BORD DE MON PETIT BATEAU. JE NE VOIS JAMAIS LES MÊMES PAYSAGES. LE GOLFE N’EST JAMAIS LE MÊME. JAMAIS.” B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
IX
BERTHIER-EMMANUEL / CRT BRETAGNE
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SAINT-GOUSTAN, LA PERLE D’AURAY AUJOURD’HUI JOLI SITE DE FLÂNERIE, SAINTGOUSTAN FUT AUTREFOIS L’UN DES PLUS IMPORTANTS PORTS DE LA RÉGION. RETOUR SUR L’HISTOIRE AUSSI BELLE QUE MOUVEMENTÉE D’UN PORT QUI N’A EU DE CESSE DE SE RÉINVENTER.
L
orsqu’on est sur les hauteurs d’Auray, au détour d’une ruelle pavée, en jetant un œil en contrebas, on découvre une petite merveille. Lové au creux de la rivière d’Auray, le port de Saint-Goustan traverse les années sans vieillir. Il a su garder son charme d’antan avec ses ruelles pavées, son pont de pierre, ses jolies maisons à pans de bois, son calme et sa sérénité. À cette heure-ci de la journée, quelques promeneurs et les habitués du quartier profitent des terrasses pour déjeuner. On en oublierait presque que, à une autre époque, une grosse activité maritime animait le lieu et lui donnait un tout autre visage. X
B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
C’est au Moyen Âge que le port de SaintGoustan a été construit, grâce à la volonté du duc de Bretagne. À Auray, l’anse du Golfe du Morbihan est resserrée, c’est donc l’endroit parfait pour créer un carrefour commercial incontournable. “Comme souvent, c’est la géographie qui influence l’urbanisme des villes. C’était un port de cabotage assez rudimentaire. Il n’y avait pas de quai. On débarquait les marchandises grâce à des planches de bois”, explique Geneviève Hamon, chargée du patrimoine à Auray. À cette époque, la région produit beaucoup de céréales. Elle exporte donc du seigle, mais aussi du poisson. En échange, elle importe du vin, du sel, du cuir, du fer et de l’acier. Grâce aux taxes portuaires, la ville devient riche, les armateurs et les commerçants s’y installent, appréciant le cadre de vie. Au 16e siècle, l’activité du port bat son plein, Saint-Goustan devient le premier port breton ! L’aménagement du port d’Auray s’achève en 1641, avec la construction d’un quai et de deux cales. C’est de ces travaux
PORT DE SAINTGOUSTAN Pour partir à la découverte d’Auray ou flâner dans les ruelles pavées de SaintGoustan, le port accueille les plaisanciers le long du joli quai où fleurissent les terrasses en été. 02 97 29 46 39
MUSÉE DE LA CARTE POSTALE
Dans les années 60, Auray se tourne vers le tourisme, et le port de Saint-Goustan devient l’un des plus jolis ports de plaisance du SudMorbihan. Des architectes, des peintres s’installent ici, puis des galeries d’art, de beaux restaurants et de jolies boutiques. La ville développe l’accueil des plaisanciers qui affluent dans le Golfe. Aujourd’hui, le port de Saint-Goustan compte 130 bateaux. Il serait presque victime de son succès ! “Quarante places supplémentaires sont prévues”, explique Patrick Gouegoux, élu en charge du patrimoine, du tourisme et du port. “Et d’autres projets vont voir le jour : création de quais, de pontons, éclairage...” À Saint-Goustan, on peut flâner à toute heure de la journée. La place Saint-Sauveur et le quai Franklin sont animés toute l’année. Car, si le quartier est touristique, c’est aussi et d’abord le lieu de vie de nombreux habitants. De brocantes en spectacles de rue ou en apéros musicaux, le port s’anime encore plus en fin de journée. C’est incontestablement à ce moment-là, quand il s’illumine, qu’il est le plus joli.
que naissent la place Saint-Sauveur et le quai aujourd’hui baptisé Franklin. Mais la construction du port de Lorient, en 1666, associée au manque de voies routières pour relier le port à l’arrière-pays, entraîne une grande baisse d’activité qui finira par avoir raison de la vitalité de Saint-Goustan. Les bateaux n’accostent plus, les quais se vident et les riches négociants partent s’installer plus près de Lorient. “À ce moment-là, toute l’économie du pays d’Auray est bouleversée. La commune avait tout misé sur son port”, analyse Geneviève Hamon. Les pertes économiques sont considérables. L’état du port se dégrade : “Il fallait le draguer régulièrement pour éviter son envasement, ça coûtait très cher”. Le quartier s’appauvrit et se délabre. UN PORT EN DÉVELOPPEMENT
En 1845, la famille Le Doré construit une importante scierie qui donne du travail à de nombreux hommes de la région. La ville se relève et trouve un second souffle. Peu à peu, des familles fortunées investissent dans les jolies maisons du port. Celles-ci sont rénovées, reprennent des couleurs et le port, lui, regagne un peu de vie. Le quartier s’embourgeoise de nouveau, notamment près de la rue du Petit-Port.
“C’ÉTAIT UN PORT DE CABOTAGE ASSEZ RUDIMENTAIRE. IL N’Y AVAIT PAS DE QUAI. ON DÉBARQUAIT LES MARCHANDISES GRÂCE À DES PLANCHES DE BOIS.” GENEVIÈVE HAMON, CHARGÉE DU PATRIMOINE À AURAY B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
XI
CHRIS SCHMID/SPINDRIFT RACING
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YANN GUICHARD
LE GOÛT DU GRAND LARGE INSTALLÉ À ARRADON, LE SKIPPER QUI A GRANDI ENTRE PERROS-GUIREC ET LA ROCHELLE A APPRIS À NAVIGUER EN FAMILLE AU LARGE DE L’ÎLE-AUX-MOINES. IL RACONTE LA COURSE, LE GOLFE ET SON BESOIN, VITAL, DE VOIR LES MERS DU MONDE.
XII
B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
Y
ann Guichard est l’un des meilleurs skippers de sa génération. Amateur de courses au large, il n’aime pourtant rien de plus que de partir tôt le matin en famille et en bateau pour aller pique-niquer sur l’île de Houat ou d’Hoëdic. Passionné du temps qu’il fait, Yann Guichard aurait pu devenir météorologue. Mais, nourri par les belles histoires des illustres navigateurs, son destin s’écrira sur l’eau. Numéro deux d’une fratrie de six enfants, il s’initie à la navigation, tout petit, avec son père et son grand-père, grands amateurs de voile. “Nous n’habitions pas la région mais nous
passions toutes nos vacances dans le Golfe. Mon père travaillait dans les télécoms, par chance, nous déménagions beaucoup : Perros-Guirec, puis La Rochelle avant de revenir ici, dans le Sud-Morbihan”, raconte-t-il. Si son premier souvenir en bateau lui échappe, il se rappelle en revanche très bien sa première leçon de natation : “Ce n’est pas un très bon souvenir. J’ai appris à nager avec le Club Mickey de l’Île-aux-Moines. Je me souviens d’une eau froide et de nager au milieu des crabes et de la vase avec mes Méduses et une bouée. C’est drôle comme les souvenirs de la petite enfance peuvent être lointains et parfois très proches. Celui-ci m’a vraiment marqué”, sourit-il. “C’est sans doute pour ça que je n’aime pas trop nager.” Lui et son frère passent beaucoup de temps en mer sur un Optimist. “Il faisait beaucoup de compétitions. On le suivait partout en famille et en camping-car”, se rappelle-t-il. En section sport-études de la sixième à la terminale, Yann use ses cirés en Optimist, puis en 420. Sur ce dériveur, il devient même vice-champion du monde en 1994. À son retour, Yann recherche un bateau “plus fun, plus glisse”. Un Tornado traîne au club de voile. L’essai est concluant. Il fait une première préparation olympique à bord
projet plus global, Yann Guichard découvre donc un nouveau métier. Mais les envies de grand large rattrapent bientôt le skipper. Il repart ainsi sur la Route du Rhum en 2014, seul à bord de ce grand bateau conçu au départ pour un équipage d’une dizaine de personnes. Puis, en 2015, nouveau défi, nouvelle course, Yann Guichard tente une première fois le record du trophée Jules-Verne et enregistre le troisième meilleur temps (47 jours, 10 heures et 59 minutes) avant de remporter la Transat Québec-Saint-Malo en 2016 sous les couleurs de son écurie. Yann Guichard aime l’aventure et l’évasion que procurent les grandes courses sur les mers du globe. Avec son équipe, il prépare assidûment la prochaine, le trophée JulesVerne. Objectif ? Battre le record du monde et l’effectuer en moins de quarante jours. Le départ est prévu pour cet hiver. Quand il ne navigue pas sur les mers du monde, le navigateur, plutôt réservé de nature, aime se ressourcer, “au sein du cocon familial. Je suis plutôt secret. On se retrouve entre nous et en famille souvent sur l’Île-aux-Moines et dans le Golfe. Le point d’accroche d’un marin est
PORTBLANC EN BADEN ET ÎLE-AUXMOINES Au cœur du Golfe, ces deux ports offrent 424 places. C’est une escale formidable pour découvrir sur terre ou par mer le Golfe et ses nombreuses îles. Une offre de places à flot ou à terre est disponible dans ces deux ports. 02 97 26 30 57
“ON SE RETROUVE ENTRE NOUS ET EN FAMILLE SOUVENT SUR L’ÎLE-AUX-MOINES ET DANS LE GOLFE. LE POINT D’ACCROCHE D’UN MARIN EST IMPORTANT.” du catamaran et remporte une quatrième place aux JO de Sydney. Ensuite, il élargit son horizon et prend un virage en se concentrant sur la navigation au large à bord de trimarans, notamment en compagnie de Marc Guillemot qui lui propose d’intégrer l’équipe de La Trinitaine, pour la Transat Jacques-Vabre. Il travaille également avec Fred Le Peutrec, devient skipper du Gitana Team et dispute ainsi sa première Route du Rhum en 2010. Durant dix ans, il alternera alors régates et courses au large. LE TOUR DU MONDE EN MOINS DE 40 JOURS
En 2011, il crée l’écurie Spindrift racing avec sa femme, Dona Bertarelli, elle aussi skippeuse émérite. L’écurie possède, entre autres, le plus grand trimaran de course, Spindrift 2, un “outil de travail unique au monde”. Le trimaran géant est le plus gros jamais construit pour la course en équipage. Chercher des sponsors, développer un
important. C’est fantastique de voyager mais c’est encore mieux de revenir. Parce qu’on sait que revenir, ça signifie bientôt repartir”. L’écurie Spindrift racing organise une journée porte ouverte exceptionnelle pour une immersion au sein de sa base sportive. Samedi 13 mai, le public pourra découvrir l’univers de l’équipe et partager une expérience pédagogique unique avec ses membres, qui accueilleront et partageront avec les visiteurs leur passion pour la voile. Au programme, exposition de bateaux de la flotte, ateliers ludiques pour comprendre la vie à bord du maxi-trimaran Spindrift 2 (nourriture, équipement, électronique, composite), immersion à bord de multicoques de la flotte grâce à des vidéos 360°, échanges avec les membres du team et avec les navigants, expositions photo… Pour, peut-être, partager avec Yann Guichard la passion du grand large. B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
XIII
DÉCOUVRIR LE GOLFE / RENCONTRE
BÉRENGER LAURENT
UN TOUR DU MONDE ÉCOLO
FAIRE UN TOUR DU MONDE À LA VOILE SANS UNE GOUTTE D’ESSENCE : C’ÉTAIT LE RÊVE DE QUATRE AMIS, MENÉS PAR BÉRENGER LAURENT, AUJOURD’HUI INSTALLÉ À ARZON. L’OBJECTIF D’ÉCO SAILING PROJECT : TRAVERSER LE GLOBE EN S’APPUYANT UNIQUEMENT SUR L’ÉNERGIE DU SOLEIL, LA FORCE DU VENT ET CELLE DE L’EAU.
C’ PORT DU CROUESTY –ARZON Face à la baie de Quiberon, à la pointe de la presqu’île de Rhuys, le grand port du Crouesty dispose de 1 832 places. Le Crouesty est également une station balnéaire qui accueille des évènements nautiques majeurs. Ce port propose différentes formules de places de port à flot ou à terre pour profiter des avantages du Passeport Escales. 02 97 53 73 33
XIV
est l’histoire d’un rêve de gamin, devenu réalité. Bérenger Laurent est né à Paris. Ce jeune homme suit des études en génie civil avant de partir effectuer la suite de son cursus au Canada. Il se spécialise en développement durable et s’intéresse de près aux énergies renouvelables. Il se souvient alors d’une conversation avec Martin, un de ses amis en classe de troisième. Les deux garçons s’étaient promis un jour de faire le tour du monde ensemble. Des années plus tard, de retour du Canada, Bérenger Laurent décide de lui en reparler : “Banco !” L’Éco Sailing Project est né. Avec deux autres amis, François Allemand et Pierre Laparre, Bérenger Laurent et Martin Delapalme décident de réaliser un tour du monde pendant vingt et un mois sur un voilier, tout en réduisant au minimum leur impact sur l’environnement. FORMER LES ENFANTS
Coût du projet : 200 000 euros. “Nous avons essuyé beaucoup de refus. Tout le monde nous soutenait, trouvait l’idée bonne, mais on ne trouvait pas l’argent. Peu à peu, nous avons fini par réunir la somme et nous avons pu bénéficier de partenariats techniques”, explique Bérenger Laurent. Le projet se construit, avec des idées ingénieuses : le bateau sera un voilier totalement autonome en énergie, qui fonctionnera avec la force du vent, une propulsion électrique pour le moteur, des panneaux solaires et des hélices agissant comme des éoliennes sous l’eau. Les quatre amis s’associent à Naviwatt, concepteur
B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
de bateaux électriques installé à Saint-Gildas-deRhuys. Le 21 octobre 2014, c’est le départ. Durant vingt et un mois, les quatre garçons sillonnent le monde : golfe de Gascogne, Panama, Antilles, Brésil, Cap-Vert. Ils interviennent dans les écoles pour expliquer aux enfants du monde les enjeux écologiques de notre temps : “Ce sont eux qu’il faut former maintenant. Nous sommes face à une grande crise écologique. C’est un problème global. Nous expliquions donc aux enfants l’importance de préserver le plancton, par exemple. C’est grâce au plancton que nous pouvons respirer. Il absorbe le CO2 et le transforme en oxygène. La fonte des glaces qui s’amplifie avec le temps est aussi un thème important.
GWÉNAËL SALIOU
Le niveau de la mer monte peu à peu et déracine des arbres au Panama, par exemple”, décrit Bérenger Laurent. VIVRE ENSEMBLE SUR UN BATEAU
Le voyage autour du monde se passe bien, sauf au large de Tahiti. Le bateau fonctionne au maximum avec la force du vent : “Problème : là, il n’y avait pas de vent. On a dû utiliser la propulsion électrique. Au bout de deux jours, on n’avait plus d’énergie. Mais toujours pas de vent. Nous sommes restés bloqués cinq jours sur le bateau en n’ayant strictement rien à faire”, raconte-t-il. Hormis les quelques soucis techniques, il a également fallu apprendre à vivre ensemble sur un
“CE N’EST PAS ÉVIDENT DE S’INSTALLER DANS UN ENDROIT OÙ L’ON NE CONNAÎT PERSONNE MAIS, QUAND JE PARS DE CHEZ MOI LE MATIN, QUE JE MONTE SUR MON VÉLO ET QUE JE REGARDE LE GOLFE, J’Y VOIS LES LEVERS ET LES COUCHERS DE SOLEIL, C’EST MAGNIFIQUE. ET ÇA ME SUFFIT.” bateau pendant vingt et un longs mois. “Au bout de dix-huit mois, j’ai failli tout abandonner. Être sur un bateau tout le temps, ça a un côté un peu contemplatif, et puis, au final, j’avais l’impression de n’avoir rien construit. C’était assez difficile. Je suis tout de même allé au bout et je n’ai pas regretté.” Après ce beau périple, Bérenger Laurent revient à Paris. C’est la douche froide : “Je n’en pouvais plus de respirer un air pollué. Je circule à vélo. Cette pollution m’a vraiment sauté au nez !” Le jeune homme prend alors ses cliques et ses claques pour s’installer à Arzon. Il travaille désormais pour Naviwatt, l’entreprise qui a cru en son projet de voyage autour du monde. Avec elle, il conçoit des bateaux de plaisance 100 % électriques, produits à 95 % dans le Morbihan. Naviwatt adapte aussi des moteurs électriques sur des voiliers déjà existants. Et Bérenger Laurent ne regrette rien : “Je ne connais personne ici, c’est donc vraiment un choix de cadre de vie. Ce n’est pas évident de s’installer dans un endroit où l’on ne connaît personne mais, quand je pars de chez moi le matin, que je monte sur mon vélo et que je regarde le Golfe à ma gauche et à ma droite, j’y vois les levers et les couchers de soleil, c’est magnifique. Et ça me suffit”. B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
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EMMANUEL PAIN
DÉCOUVRIR LE GOLFE / PORTRAIT
GAÉTAN SÉNÉ
VOIR LA MER D’EN HAUT GAÉTAN SÉNÉ EST CHAMPION DE STAND UP PADDLE. CE VANNETAIS DE 39 ANS RACONTE SA PASSION POUR CE SPORT QU’IL AIME PRATIQUER DANS LE GOLFE.
P
hysique d’athlète et beaux yeux clairs, Gaétan Séné, 39 ans, est un garçon un peu timide. Derrière cet air calme se cache pourtant un véritable champion de paddle. Si le paddle n’est bien souvent connu que sous sa forme randonnée (on pagaie debout sur une planche en eau douce), il se pratique cependant aussi en pleine mer. On appelle cela le paddle surf. Le paddle surf consiste à prendre les vagues au large en ramant avec la pagaie. Gaétan Séné a longtemps été kayakiste en rivière avant de découvrir, en 2008, ce nouveau sport tout droit venu d’Hawaï. Ce sont les rois polynésiens qui furent les premiers à prendre des vagues debout, sur de grosses planches faites en bois et avec une pagaie. Dans les années 2000, Laird Hamilton et Dave Kalama remirent au goût du jour la discipline. Ils se servaient du paddle pour entretenir leur corps de sportifs les jours sans vagues. C’est avec une vieille planche à voile Dufour et sa pagaie de kayak customisée que Gaétan Séné XVI
B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
découvre les sensations d’une position de rame debout. “J’ai commencé les sports d’eau avec le surf et le kite. Mais j’étais mauvais surfeur, et après avoir vu une vidéo sur YouTube d’un champion de paddle, j’ai voulu faire de même. Une fois sur l’eau, j’ai tout de suite pris ma première vague. J’ai découvert alors, pour la première fois, la mer vue d’en haut”, explique-t-il. DES COURSES DE PADDLE DANS LE GOLFE
En 2010, il se lance dans les compétitions et s’impose rapidement comme l’un des meilleurs Français dans cette discipline : “Il faut apprendre à lire la mer. Une fois qu’on sait lire les courants et les plans d’eau, ça fonctionne”, raconte-t-il. Gaétan Séné enchaîne ainsi les grandes compétitions et les voyages partout dans le monde. Vainqueur du Morbihan Paddle Trophy en 2015, Gaétan Séné, aujourd’hui, a ralenti la compétition. Quand il ne travaille pas en tant qu’infirmier ou contrôleur anti-dopage, il alterne différentes activités pour ses sponsors, et propose également des cours de paddle dans le Golfe. De l’Île-d’Arz à l’Île-aux-Moines, la Petite Mer lui offre un terrain de jeux parfait pour être à l’abri du vent ou pour partir un peu plus loin chercher la vague. Et puis, il y a le port du Bono, un endroit qu’il affectionne particulièrement pour y retrouver un peu de calme.
PORTRAIT
CLAUDE PUIG
“LE GOLFE EST LE PLUS BEL ENDROIT DU MONDE”
GWÉNAËL SALIOU
CLAUDE PUIG EST LE PRÉSIDENT DE L’UNION DES USAGERS DE PORT-BLANC BADEN. ORIGINAIRE DE LA ROCHELLE, IL A REJOINT SON BATEAU, ICI, QUAND EST VENU L’ÂGE DE LA RETRAITE. TRÈS INVESTI DANS LA VIE MARITIME LOCALE, IL FAIT PARTIE DES INSTIGATEURS DE LA CRÉATION DU DEUXIÈME PORT À SEC DU GOLFE, À PORH-ER-BLEYE BADEN.
C
laude Puig a longtemps habité La Rochelle, mais il navigue dans le Golfe depuis plus de vingt ans. S’il aime partir en croisière entre l’Angleterre et le Portugal, il n’oublie jamais la Petite Mer, bien sûr “le plus bel endroit du monde”, à ses yeux. Il y a dix ans, à l’heure de la retraite, il a rejoint son bateau dans le Morbihan : “J’envisageais de m’installer ici, et comme c’est
plus facile de trouver une maison qu’une place dans un port, alors j’ai préféré suivre mon bateau”, sourit-il. Et il ne regrette pas son choix de vivre dans ce paradis pour plaisanciers. DE NOUVEAUX ÉQUIPEMENTS
D’autant plus que la Compagnie des Ports du Morbihan a inauguré il y a quelques mois un tout nouvel équipement : un terre-plein à Porh-er-Bleye, à Baden, qui a
PORT DE PORHER-BLEYE Ce port bénéficie d’un terre-plein de services pour tous les plaisanciers du Golfe du Morbihan, hivernage et services techniques à terre. 02 97 57 26 74
changé la vie des plaisanciers. Le port à sec est un service destiné à accueillir les bateaux en dehors de leurs périodes de navigation. Le port de Porh-er-Bleye comporte ainsi une zone de stockage de bateaux afin de les mettre au sec, l’hiver venu. Ce nouvel équipement comprend également une station de carénage (nettoyage de bateau) qui, avec ses quatre postes, permet aux plaisanciers de remettre en état la coque de leur navire de manière écologique et hors eau : “Les résidus de peinture sont récupérés et traités. Auparavant, pour repeindre les coques, les plaisanciers devaient le faire à marée basse sur les cales ou sur un chantier naval privé. Le site propose aussi plus d’installations techniques comme des bornes d’eau, et c’était un vrai besoin”. Autre grand avantage, d’après Claude Puig, le président de l’Union des usagers de Port-Blanc : grâce à ce nouveau lieu de stockage, un peu de place est laissée pour d’autres navires dans les bassins hors saison. Une bonne nouvelle quand on sait que près de 6 000 bateaux navigueraient dans le Golfe... B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
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DÉCOUVRIR LE GOLFE / VISITES INSOLITES
À LA DÉCOUVERTE DES ÎLES DU GOLFE À BORD DU FAL BEN
L
e Fal Ben est la réplique d'un ancien borneur du Golfe du Morbihan, construit au 19e siècle pour le transport de petites marchandises et de personnes au départ d'Arradon vers les îles du Golfe. "L'ancien propriétaire avait émis une condition très claire pour quiconque l'achetait, le Fal Ben devait rester dans le Golfe", commente Nicolas Bourdy, propriétaire de cette beauté depuis quinze ans. PIQUE-NIQUE ET BAIGNADE
Alors, Nicolas prend soin du Fal Ben. Ce jour-là, d'ailleurs, c'est la remise à l'eau. Le petit voilier a bénéficié d'un bon coup de peinture qui lui redonne chaque année une seconde jeunesse. "Voyez comme il est beau. La coque et les bordées sont en chêne, et la mâture est en sapin des Pyrénées", explique
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B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
EMMANUEL PAIN
À BORD DE CE VIEUX GRÉEMENT, RÉPLIQUE D’UN ANCIEN BORNEUR DU GOLFE, NICOLAS BOURDY VOUS EMMÈNE À LA DÉCOUVERTE DES ÎLES.
le passionné. C'est vrai qu'il est beau, blanc et gris bleuté, ces couleurs qui rappellent le ciel breton. Au départ de la cale de Pen er Men à Arradon, Nicolas vous emmène à la découverte des îles du Golfe, l'Île-d’Arz, l'Île-aux-Moines, l'île d'Ilur, où vous débarquez sur l'une des nombreuses plages pour une pause pique-nique et baignade. C'est donc une tout autre vie pour ce misainier qui servait au trafic des petites marchandises de port en port : "Le Fal Ben transportait du bois, de la farine et aussi des personnes. J'ai retrouvé il y a peu une photo du Fal Ben où on voit des femmes à bord qui allaient à la chapelle de l'île d'Ilur pour se recueillir. Son faible tirant d'eau permettait d'accoster partout". S'il est équipé d'un petit moteur, ce bateau navigue surtout grâce au vent et aux moussaillons à bord. Car, sur le Fal Ben, tout le
monde participe à la navigation sous les ordres de son capitaine. Ainsi, selon le vent, chaque balade est différente et le bateau navigue de cale en cale comme bon lui semble. Un peu comme autrefois. Finalement, à bord du Fal Ben, rien n'a vraiment changé. PRATIQUE Réservations au 02 97 44 80 91 et au 06 09 85 71 63 ou sur www.belleplaisance.com
PORT D’ARRADON 501 places sont disponibles au port d’Arradon, sur corps-mort et sur ponton. 150 places sont également destinées à la voile légère. 02 97 44 01 23
EMMANUEL PAIN
RÉMY COCHEN
AU CŒUR DES LÉGENDES DES ÎLES SUR LES CHEMINS DE L’ÎLE-AUXMOINES, RÉMY COCHEN VOUS PLONGE DANS LE MONDE DES CONTES ET LÉGENDES BRETONNES.
R
émy Cochen n’est pas devenu conteur par hasard. Sa grand-mère lui chantait des comptines en breton quand il était petit, à Spézet, au cœur des montagnes Noires, en Basse-Bretagne. C’est de là que lui vient son envie de raconter les contes et les légendes
bretonnes. Pour parler un peu de lui et de sa passion, il nous emmène à l’anse du Pô, à Carnac. Loin des tumultes de Carnacplage, on se croirait ici dans le Nord-Bretagne, avec de grandes plages et, au loin, des parcs ostréicoles : “Les légendes et les contes ne sont pas seulement de jolies histoires qu’on raconte au cours d’une balade”, explique-t-il. “Ils mettent en avant les questionnements du monde. Les contes parlent de la vie. Si le monde
est moche, la vie, elle, est belle”, sourit-il. Depuis une dizaine d’années, durant deux heures de balade, il raconte les contes d’ici et d’ailleurs. “Le conte est générationnel. C’est un art de la relation avant d’être une forme de spectacle”, précise-t-il. Et il est une légende qu’il aime tout particulièrement raconter : celle de la sirène de l’Île-d’Arz. On rapporte qu’une jeune fille pauvre de l’Île-d’Arz tomba amoureuse d’un jeune seigneur très riche. Pour contrer cet amour, on enferma le jeune homme dans le couvent de l’Île-aux-Moines. À cette époque, l’Île-d’Arz et l’Îleaux-Moines se trouvaient réunies par une langue de terre et, malgré l’interdit, la jeune fille qui chantait comme une déesse venait sans cesse charmer son amant jusque sous les murs de sa prison. Les moines de l’île, qui gardaient le jeune homme enfermé, exaspérés par les chants de la jeune fille, enlevèrent les pierres qui reliaient les deux îles, et la mer recouvrit le tout. De chagrin, la pauvre femme se jeta à l’eau. Elle devint alors une sirène. De ce chemin de pierres ne restent aujourd’hui que deux pointes rocheuses séparées par la mer. Et Rémy Cochen l’affirme : “Parfois, dans le murmure du vent, on entend son chant. Oui, on l’entend chanter son désespoir”. CONTACT Rémy Cochen, conteur. www.mondoral.org/?-RemyCochen-Conteur-
B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
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DÉCOUVRIR LE GOLFE / LIEUX ÉTONNANTS
EMMANUEL PAIN
Le Corlazo
Le petit paradis de Conleau
L SUR LA PRESQU’ÎLE DE CONLEAU, À VANNES, SE CACHE UN JOLI BISTRO CONNU DES VANNETAIS DEPUIS CENT ANS, LE CORLAZO, DU NOM D’UN POISSON QUI, PARAÎT-IL, N’EST BEAU QUE QUAND IL RESTE À L’EAU.
oin de l’agitation du centre-ville, Le Corlazo est un petit bistro au bord de l’eau dans le quartier de Conleau, à Vannes. C’est une jolie maison blanche aux volets bleus avec des tables en bois, des vieilles pierres et des jonquilles dans un grand vase vert. Dedans, ça sent le feu de cheminée et le bon café. Il est 10 h, le bar ouvre et les premiers clients, des habitués, affluent déjà. Jean-Luc Le Ray, l’actuel propriétaire, a racheté cette petite maison il y a deux ans. On y boit un petit noir ou un petit blanc, et on y mange à toute heure de la journée la pêche du jour, de bons desserts ou des huîtres et des langoustines à partager entre copains. Arnaud, le chef cuistot, Fanny, Sébastien, Maela, David et Enora travaillent ensemble dans, disent-ils, “un petit coin de paradis”. Au Corlazo on prend le temps de prendre son temps. Et c’est vrai que ça y ressemble un peu, au paradis.
PORT DE VANNES Ce port à écluse est situé en plein centre, au pied des remparts de la vieille ville. 300 places sont disponibles, dont 60 pour les visiteurs. 02 97 01 55 20
GWÉNAEL SALIOU
La Cabane à Huîtres
Les pieds dans l’eau
IVAN SELO PROPOSE DES VISITES EN BATEAU DE SES PARCS OSTRÉICOLES, AVANT UNE PETITE DÉGUSTATION D’HUÎTRES, LES PIEDS DANS L’EAU.
C’
est au bout de la pointe de Toulvern, à Baden, que se situe La Cabane à Huîtres : vue imprenable sur l’entrée du Golfe, une jolie cabane et des parcs ostréicoles à l’horizon. Ivan Selo, dont la famille est ostréicultrice depuis cinq générations, vous fait découvrir son métier à travers une visite en bateau de ses parcs. Les plus téméraires peuvent même l’aider à travailler. À bord ou sur terre, sur la terrasse de sa Cabane à Huîtres, la dégustation de la perle de Toulvern s’impose : produite et élevée au large de l’île de Gavrinis, affinée en haute rivière, elle est charnue, iodée, puissante. La Cabane à Huîtres de
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B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
Toulvern propose aussi des assiettes de fruits de mer à partager, accompagnées d’un petit verre de vin, les pieds dans l’eau, les yeux vers le Golfe. La Cabane à Huîtres, Au Rythme des Marées, pointe de Toulvern à Baden. Du mercredi midi au dimanche soir de mai à septembre, et 7 jours sur 7 l’été. Possibilité de réserver en ligne sur www.aurythmedesmarees.fr.
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DÉCOUVRIR LE GOLFE / AGENDA
VOICI UNE SÉLECTION DES GRANDS ÉVÈNEMENTS NAUTIQUES DU GOLFE DU MORBIHAN. LA SEMAINE DU GOLFE DU 22 AU 28 MAI Tous les deux ans, la Petite Mer voit affluer des milliers de bateaux traditionnels, pour sept jours de fête. Ces embarcations naviguent tous les jours de la semaine, et se retrouvent chaque soir dans un port différent. Concerts, stands et dégustations rythment ces escales.
BARRACUDA TOUR DU 12 AU 20 MAI Cette compétition de pêche au départ du Crouesty oppose des équipages naviguant sur des Barracuda de Bénéteau, équipés d’un matériel spécifiquement défini pour l’évènement. Les participants doivent pêcher les plus beaux bars, qui sont convertis en points, puis relachés, pour déterminer un équipage gagnant dans chaque catégorie : amateurs ou pêcheurs plus aguerris.
GRAND PRIX DU CROUESTY DU 2 AU 5 JUIN La vingt-neuvième édition du Grand Prix du Crouesty aura lieu du 2 au 5 juin. Plus de cent bateaux sont attendus, de plusieurs catégories : IRC - Monotypes - HN/Osiris, Vipers National... La compétition est ouverte aux doubles. XXII
B R E T O N S / NUMÉRO SPÉCIAL
MORBIHAN PADDLE TROPHY OUEST-FRANCE 1er ET 2 JUILLET La quatrième édition du Morbihan Paddle Trophy OuestFrance se déroulera les 1 et 2 juillet. Les 500 concurrents attendus font de cette manifestation le plus important rassemblement national sur deux jours ! Coupe de France, course pour les moins de 15 ans, mais également Grande marche sur l’eau ouverte à tous sont à l’affiche.
GRANDES RÉGATES DE PORT-NAVALO 22 ET 23 JUILLET En 1894 se déroulaient les premières Régates internationales de Port-Navalo, organisées par la Société des régates de Vannes. Depuis, cette histoire a été perpétuée et, cette année, la course s’élancera dès le 22 juillet. Une parade de bateaux traditionnels et des animations à terre complètent le programme.
FESTIVAL DE LA VOILE DE L’ÎLE-AUX-MOINES DU 13 AU 15 AOÛT Les jolies régates de l’Îleaux-Moines rassemblent Dragons, Guépards, dériveurs et catamarans. Amateurs et professionnels naviguent ensemble, tandis que, sur l’île, des stands et des animations font vivre cette fête de la mer.
CATAGOLFE 30 SEPTEMBRE ET 1er OCTOBRE La Catagolfe est organisée depuis 1988 par la Société des régates de Vannes. Sur le joli terrain de jeux qu’offre le Golfe du Morbihan, les catamarans de plusieurs catégories s’affrontent, avant d’enchaîner sur quelques festivités à terre.
LE MILLE SABORDS DU 27 AU 30 OCTOBRE Au Crouesty, du 27 au 30 octobre, se tiendra le Salon du bateau d’occasion. Pendant quatre jours, professionnels et particuliers exposeront près de 800 bateaux, voiliers de plaisance ou hors-bords pour amateurs de vitesse.
En entreprise, en famille, entre amis… Louez ce magnifique voilier du patrimoine avec son équipage et naviguez en Baie de Quiberon, dans le Golfe (ou ailleurs) et vivez une expérience bretonne inoubliable à la journée, en soirée… Une sortie avec le personnel, des clients, commerciaux, dirigeants Convivialité, authenticité, cohésion de groupe Anniversaire, mariage, enterrement de vie garçon/fille… Devis personnalisé 06 47 35 73 84
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