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ARCHITECTURE ENVIRONNEMENTALE ET RÉNOVATION THERMIQUE
UN GOUFFRE ENERGETIQUE
Tandis que le réchauffement climatique dû aux émissions de polluants par les diverses usines et moyens de transport, le coût environnemental des logements, bien que très lourd, reste très souvent à dans l’ombre de ces deux premières sources qui inquiètent beaucoup plus le grand public.
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En Belgique le chauffage seul des bâtiments représentait 19% des émissions de CO2 de tout le pays et ce sans compter l’éclairage, les divers appareils électroménagers et autres. Les logements bruxellois, représentent 74% de la consommation énergétique de la région et près d’un tiers de ceux-ci ne sont pas équipés de la moindre forme d’isolation aussi minime soit-elle. Ces bâtiments, en raison de leur état et de leur statut extrêmement gaspilleur, sont vus comme un grand potentiel de rénovation thermique dans l’espoir d’optimiser l’usage des ressources énergétiques allouées.
Face à ce problème alarmant, le gouvernement belge compte suivre le PNEC 2030 (plan national énergie climat) visant à réduire de 32% les émissions de gaz à effets de serre de la région (et de 80% d’ici 2050) ; cela implique l’adoption d’une stratégie de rénovation thermique, tentant d’amoindrir le gouffre énergétique que représente Bruxelles . Contrairement aux problèmes de pollution dûs à l’industrie, l’énergie ou le transport, celui de l’optimisation énergétique des bâtiments est en comparaison assez facile et rapide à régler.
Mais quelles sont les solutions possibles au problème de nos foyers énergivores, requièrent-elles des changements radicaux à nos méthodes actuelles ?
ET CONCRÈTEMENT ?
Le gouvernement met en place :
• Des primes énergie, pour promouvoir des travaux « remboursés jusque 70% » par la région Bruxelles-Capitale, qui amélioreront grandement l’efficacité thermique des bâtiments énergivores.
• Le programme SolarClick ayant pour but l’installation de cellules photovoltaïques sur les toits de bâtiments publics.
• Un programme NrClick renforcé, service de comptabilité énergétique servant à accompagner les pouvoirs publics dans leur gestion de l’énergie.
• Une réglementation urbanistique sur performances énergétiques de bâtiments (PEB) mise à jour
• Et d’autres mesures moins signifiantes, s’il vous intéresse de vous informer dessus je vous invite à consulter le site le Bruxelles environnement afin d’avoir des informations plus complètes.
DIVERSES SOLUTIONS
Parmi les innombrables concepts et solutions qui existent et qui se rapportent au caractère énergivore de nos constructions, les quatre mentionnés dans la liste non exhaustive suivante font beaucoup parler d’eux et sont déjà utilisés à une échelle plus ou moins grande.
L’habitat passif : Par définition un bâtiment dont les apports solaires compensent grandement voire totalement les besoins énergétiques et se basant sur six caractéristiques, selon Wikipedia : une bonne isolation thermique, une étanchéité excellente, une absence de ponts thermiques, une ventilation à double flux, une captation optimale des énergies solaires et du sol et la limitation de la consommation des appareils électroménagers. Un point positif de l’habitat reposant sur les critères stricts suivants qui doivent être remplis pour être qualifié d’habitat passif :
1. énergie en chauffage requise par an inférieure à 15 kWh/m2
2. étanchéité à l’air (n50 < 0,6 h−1), (considéré comme très étanche pour un bâtiment, pour en savoir plus se renseigner sur l’unité n50)
3. besoin en énergie finale inférieure à 50 kWh/m2 par an
L’habitat passif est donc une appellation standardisée et rigoureusement caractérisée et est le plus probablement le résultat visé par toutes les mesures de rénovation thermiques.
Le bâtiment frugal : Concept qui n’est pas indissociable de l’habitat passif malgré sa dénomination similaire, ce dernier correspondant à des concepts quasi identiques. La définition du bâtiment frugal est plus sinueuse, moins rigoureuse et plus laxiste, et finalement plus commerciale. Il peut être problématique d’être induit en erreur et de confondre les deux, tout comme biodégradable et compostable sont à tort, bien trop souvent confondus.
Le négawatt : Le négawatt, unité de mesure théorique représentant l’énergie économisée prenant en compte des facteurs tels que la sobriété énergétique qui est le comportement des usagers de l’infrastructure par rapport à leur consommation d’énergie et de l’efficacité énergétique. Autrement dit, c’est la consommation énergétique brute des appareils sans que la façon dont on en fait usage soit altérée, qui est liée assez souvent à la sophistication technologique des appareils (ampoules basse consommation plutôt que des ampoules incandescentes) ou simplement à la conception/modification d’un environnement facilitant l’économie d’énergie. Par exemple l’isolation thermique augmente l’efficacité d’un chauffage, ou le positionnement des fenêtres d’une maison peut faire en sorte que les pièces occupées durant la journée soient face au soleil pour accroître l’efficacité de l’éclairage et du chauffage. L’usage du négawatt peut donc s’avérer très utile pour mieux évaluer et répertorier la performance énergétique des bâtiments ; permettant ainsi par la suite de promouvoir de nouveaux standards écologiques et permettre, à défaut de rejoindre la liste des arguments marketing à la définition et aux réglementations floues et dont l’aspect écologique ne sont subséquemment que marginales. Ce concept est promu par l’association négawatt, principalement active en France, que la Belgique pourrait prendre à son tour.
La construction circulaire : Tout comme l’économie circulaire est une alternative à l’économie linéaire, la construction circulaire est une alternative à la construction linéaire et est par son fonctionnement, une partie intégrante de l’économie circulaire. Il est donc normal que les deux aient par essence un raisonnement identique. Sa logique consiste à maintenir les produits, leurs composantes et les matériaux déjà présents en circulation le plus longtemps possible afin de recourir un minimum à la transformation de matières premières. On aurait tendance à penser que la construction circulaire va presque exclusivement avoir recours au recyclage, mais cela n’est pas très exact. Le recyclage étant toujours favorisé par rapport à la production ; celui-ci passe tout de même par plusieurs phases coûteuses de transformation. Cela reste moins polluant que de produire à partir de matières premières extraites. Le processus du recyclage est tout de même coûteux et énergivore. En Europe, 31% des ressources naturelles exploitées sont utilisées dans le secteur de la construction, qui représente d’ailleurs 33% des déchets. Il est donc essentiel de maximiser l’usage des matériaux afin de minimiser l’exploitation des ressources naturelles pour les produire. La construction circulaire peut se résumer grossièrement de la façon suivante:
• Utiliser un bâtiment le plus longtemps possible pour ne pas devoir en construire un nouveau (tant que les normes de sécurité le permettent)
• Si un bâtiment doit absolument être démoli, essayer au maximum de récupérer ses matériaux en bon état pour les réutiliser dans d’autres structures (poutres en acier, fenêtres,
• Pour les matériaux en trop mauvais état pour être réutilisés, les envoyer au recyclage
• Et finalement, pour la construction suivante utiliser en priorité les matériaux récupérés pendant des démantèlements, ensuite des matériaux recyclés et ainsi utiliser le minimum de matériaux nouvellement fabriqués, issus de circuits linéaires.
• Quand la nouvelle structure est trop âgée et que son démantèlement est inévitable, le cycle se répète, d’où le nom circulaire.
Ce système permet de soulever des problèmes graves comme le gaspillage d’une partie significative des matériaux dans les chantiers et l’impossibilité de réutiliser des matériaux à cause d’un usage bien trop répandu de matières toxiques. Ce système met aussi en évidence des solutions, telles que designer des bâtiments de façon à faciliter son démontage et la réutilisation de ses matériaux, ou même de favoriser le préfabriqué pour de nombreuse applications. La construction circulaire est donc un jeune système en pleine mutation avec ses propres avantages et ses propres défis à surmonter. Son défaut majeur est actuellement sa sous-utilisation malgré beaucoup de tentatives de mise en place. Est-ce que son usage universel est une question de temps ou est-ce un idéal inatteignable ?
CONCLUSION
Une proportion excessive des bâtiments que chacun·e occupe journalièrement n’est pas respectueuse de l’environnement. Outre le manque d’optimisation énergétique, les matériaux de construction ont également un poids non négligeable sur l’environnement. Les solutions possibles sont légions. Un enjeu majeur est de rendre ces solutions accessibles au plus grand nombre, afin d’éviter que l’architecture durable ne soit finalement qu’un luxe pour personne fortunée. Un changement à l’échelle d’une société se doit de s’effectuer à chaque niveau. Éviter ce problème permettra d’avoir un immense impact à l’échelle nationale, voire mondiale.
Un autre enjeu majeur est de rendre ces changements rentables pour l’usager ; en effet l’installation d’infrastructures plus respectueuses de l’environnement coûte plus cher que l’utilisation d’anciennes installations archaïques, inefficaces et polluantes pendant de nombreuses années.
L’un des meilleurs moyens de faire face à ces enjeux est simplement l’intervention du gouvernement, par le biais de réglementations (PEB) et de subventions comme celles mentionnées plus haut, pour inciter voire contraindre à diverses rénovations et à l’usage de certains matériaux afin d’alléger le poids de celles-ci. D’autres primes et subventions à plus grande échelle devraient être les bienvenue, notre gouvernement s’est après tout engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, celui-ci doit respecter son engagement et montrer sa volonté d’apporter un changement durable.
EMRE DALGIC