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360° DÉVELOPPEMENT DURABLE
Initiatives locales
De multiples actions à soutenir En Suisse, les actions locales en faveur de la durabilité se comptent par centaines : Repair Cafés, épiceries en vrac et réseaux d’agriculture solidaire se multiplient dans tout le pays. Qu’est-ce qui anime et motive leurs initiateurs ? Et quels en sont les effets ? Texte : Peter Bader « Venez voir par vous-même les produits de la région et de la jardinerie Maurer ! » C’est ainsi que This Rutishauser présentait l’épicerie en vrac Tante Emma à Munisenges (BE), lors de son ouverture. Ce géographe et journaliste scientifique gère ce commerce avec une petite équipe et le soutien d’une coopérative de 50 personnes. Les produits proposés sans emballage sont disposés dans de grands récipients, des distributeurs ou sur les étagères. « Nous sommes engagés à fond et souhaitons rendre ainsi le monde un petit peu meilleur », expliquait-il sur les réseaux sociaux. Les épiceries en vrac se multiplient comme des champignons dans tout le pays. Le même week-end, d’autres magasins ouvraient à Glaris, Biberist (SO) et Thoune (BE). Partager, échanger, réparer : les offres et initiatives pour une consommation durable ont la cote, tout comme les actions permettant de « sauver » des denrées alimentaires ou de les produire soi-même. En effet, de plus en plus de gens sont séduits par un style de vie écologique. À juste titre : la consommation et l’économie suisses actuelles ne sont pas compatibles avec les limites planétaires, comme le montre le rapport Environnement Suisse 2018 du Conseil fédéral. Pour que cela change, des citoyens et des entrepreneurs se retroussent les manches et explorent de nouvelles pistes afin de défendre un mode de vie et une écono-
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mie plus respectueux de l’environnement. C’est le cas de Simone Alabor : avec Who is Nik, « l’agence pour une économie d’avenir », cette Zurichoise trentenaire a créé en collaboration avec Engagement Migros la plateforme #MoveTheDate Switzerland, sur laquelle particuliers et start-up peuvent présenter des idées novatrices. Ainsi, Anja Glover, Lausannoise de 26 ans, a lancé le Festival du chocolat pour montrer comment produire du chocolat durable. La société No Bullshit de l’Argovienne Nicole Blum fabrique des cosmétiques naturels aussi durables que possible. Et Andreas Fehr, à Zurich, réalise des vêtements à partir de filets de pêche.
Repousser le jour du dépassement L’idée de la plateforme est simple : faire connaître des initiatives durables pour repousser chaque année le jour du dépassement, c’est-à-dire le jour où la population mondiale a épuisé les ressources naturelles dont elle dispose en principe pour une année. Le reste de l’année, l’humanité vit aux frais de la planète. Simone Alabor a grandi dans une famille où le respect des animaux et de l’environnement était important. Aujourd’hui encore, elle s’efforce d’adopter un style de vie durable, même s’il n’est pas toujours facile de « surmonter notre côté flemmard ». Elle est
toutefois convaincue que des plateformes visuellement attrayantes telles que #MoveTheDate Switzerland peu vent apporter une contribution de poids : « Elles présentent des solutions novatrices, pragmatiques et souvent attrayantes. Nous touchons ainsi un public plus large. C’est plus efficace que de donner des leçons. »
« Il s’agit d’implanter ces idées dans un cadre aussi large que possible, pour que les effets se fassent sentir dans toute la société. » Karin Fink | OFEV
L’environnement est aussi au cœur de la démarche de Matthias Probst. Avec son épouse et son fils âgé de 1 an, ce scientifique spécialisé dans l’environnement habite le quartier Hunziker Areal à Zurich-Leutschenbach, un laboratoire d’innovation en matière d’habitat alternatif et de modes de vie durables. Sa famille vit dans une collocation de 14 personnes, avec deux enfants. En tout, le quartier abrite environ 1300 personnes réparties dans 13 bâti-