Buzbuz #24

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GRATUIT FÉVRIER - MARS 2015

SPORT

HAND DE RUE PORTRAIT

JACK

SOCIÉTÉ

LA BALADE DES GENS BEAUX



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ÉDITO

NOTRE AMI YAKUP Magie des réseaux sociaux oblige, notre page Facebook se retrouve “aimée” par de nombreuses personnes dont on se demande souvent comment ils nous ont connus. Yakup, qui suit notre page depuis quelques semaines, en fait partie. On a vite compris comment il était arrivé jusqu’à nous, mais on vous garde l’explication pour la fin. Yakup, donc, est turc. Il vit à Istanbul, avec sa femme, Nesrin, et leur petite fille. Yakup aime les voitures et la clarinette. Nesrin, elle, travaille dans une pharmacie,

to to total f e s t i va l j e u n e p u b l i c du 6 au 20 mars 2015

avec son père, notamment, et porte un beau voile en soie. Apparemment, Yakup est assez croyant, et il essaie d’arrêter de fumer. Bref, si nous vous parlons de notre nouvel ami Yakup, qui nous a sans doute trouvés en pianotant notre nom dans la barre de recherche de Facebook, c’est parce que le voir aimer notre page, ça nous a fait rire. Car, comme sa femme Nesrin, comme sa nièce Irmak, comme son cousin Omer

DANYÈL WARO / ZE JAM AFANE

et sa femme Ikbal, Yakup porte un nom de famille qui nous a rappelé quelque chose. Il s’appelle Yakup Buzbuz. L A R É D A CT I O N D E B U ZB U Z

THÉÂTRE DES ALBERTS

JULIEN COTTEREAU

NEW GRAVITY / JÉRÔME BRABANT

RETROUVEZ-NOUS SUR LE NOUVEAU SITE WWW.BUZBUZ.RE

RÉDACTION Anne Chans, Anne Rochoux Raïssa Sornom-Aï, Pierre Faubet, Loïc Chaux, Juldread

DIRECTION ARTISTIQUE GRAPHISME

SARL au capital de 8250 euros 1, rue Claude Monet - Apt n°5 97490 Sainte-Clotilde 0692 55 99 98 contact@buzbuz.re

Pascal Peloux

MODE

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ALESSANDRO SCIARRONI

LES FANTASTIQUES LIVRES VOLANTS DE M. MORRIS LESSMORE CIE BABA SIFON

Stylisme : Catherine Gregoire

COUVERTURE Mannequin : Madyson Preto Photo : Romain Philippon

PHOTOGRAPHES

BUZBUZ MAGAZINE

Romain Philippon, Gwael Desbont, Stefan Grippon

Bimestriel N° 24 Février - mars 2015

IMPRESSION Graphica

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Pascal Peloux

RÉDACTEUR EN CHEF Loïc Chaux

PUBLICITÉ BuzBuz Magazine Ludovic Benard Tél. 0692 13 60 08 contact@buzbuz.re

ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 6029 Toute reproduction même partielle est interdite.

VOUS SOUHAITEZ FAIRE CONNAÎTRE UNE BONNE ADRESSE, UN BON PLAN, UNE NOUVEAUTÉ. N’HÉSITEZ PAS À NOUS ENVOYER UN COURRIEL À L’ADRESSE SUIVANTE : CONTACT@BUZBUZ.RE

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2015 / Photos : Visuel © Przemek Dzienis / Danyèl Waro / Ze Jam Afane © N’Krumah Lawson Daku / Théâtre des Alberts © Philippe Moulin / Julien Cottereau © Roux-Voloir / New Gravity © jean christophe mazué / Alessandro Sciarroni © Futura Tittaferrante / Les Fantastiques livres... © DR / Cie Baba Sifon © Gaston Dubois / Design Graphique : Rémi Engel


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LE NEZ DE H O RS TEXTES RAÏSSA SORNOM-AÏ PHOTOS GWAEL DESBONT

BIO ET BON ! Vous aimez manger des aliments à la fois gourmands et bons pour la santé ? On a trouvé un endroit qui regorge de vos futurs alliés du quotidien. Disposés en vrac, vous choisissez votre quantité de fruits secs, d’amandes, de canneberges, de flocons d’avoine, de riz de toutes sortes et même des graines de courge et de tournesol. Pour combler les petites faims, on a littéralement craqué pour les tartines craquantes bio au quinoa sans gluten. Légères et salées, juste comme il faut ! Pour les sportifs et les adeptes de la nourriture bien-être, la levure de bière en paillettes se saupoudre directement sur les plats. C’est riche en protéines, en fer et en vitamines ! Si vous êtes du genre pressés, les recettes rapides feront votre bonheur. Côté fruits et légumes, ils sont livrés tous les jeudis et sont issus de l’agriculture raisonnée. Vous n’avez définitivement plus d’excuse pour bien manger ! EDENTILLA, 8 RUE RENE-MAILLAT, LE PORT. TEL : 0693 13 44 41. OUVERTURE : DU MARDI AU VENDREDI, 9H30 - 18H30 ; LE SAMEDI, 9H30 - 12H30. FACEBOOK : EDENTILLA

LE BAR À COCKTAILS QUI VA VOUS PLAIRE LA CANTINE DES BURGERS On est prêts à parier que vous allez suivre à la trace le premier food truck de l’Île. Son nom : Kantine la Roue. Sa spécialité : des burgers élaborés à base de produits frais et de haute qualité. Son arme de séduction : Karim, le chef cuistot. Il invente ses propres recettes au feeling mais avec une bonne dose d’expérience en cuisine. L’Indian style est en tête de notre liste des burgers à dégommer : poulet croustillant coco, cheddar, confit d’aubergine, chantilly massala, apala, salade, tomate, cornichon. Des saveurs à faire tourner la tête ! Pour parfaire l’escale gourmande, on ne raterait pour rien au monde le cheese cake au miel, citron, mascarpone, spéculoos, agrémenté d’une compote de pommes bios de la Plaine-des-Cafres… KANTINE LA ROUE, PARTOUT DANS L’ÎLE. TEL : 0692 23 50 56. CALENDRIER DES ITINERAIRES SUR FACEBOOK : KANTINE LA ROUE

Vendredi soir, 22h30. On tente le nouveau point de chute de la capitale : le Kabar Live. Il est bondé et la soirée bat son plein. À la terrasse, des narguilés s’échangent entre amis, l’intérieur est classe et le bar à cocktails franchement épatant. On se rue sur la dernière table de libre. Alexandre, le barman, nous prépare un Cosmo et un Sex on the beach. On s’impatiente de siroter les classiques de l’un des meilleurs barmen de l’Île. À l’heure du verdict, c’est l’extase. Brez, celui qui tient le lieu avec ses trois associés, prépare son coup depuis un an et demi. Il a tapé fort et nous souffle un autre secret de ce pari réussi : la cuisine créative du chef réputé Shabir Dessayes. Arrivez tôt dans la soirée, les places sont précieuses et vite prises d’assaut ! KABAR LIVE, 20 RUE DE NICE, SAINT-DENIS. TEL : 0262 97 42 22 OU 0693 55 72 97. OUVERTURE : DU LUNDI AU DIMANCHE, 17H30 – 00H30. FACEBOOK : KABAR LIVE


Messieurs Dames Prêt à porter Homme et Femme Saint-Pierre 93 A rue François de Mahy 0262 714 263

Paul & Joe Sister

Jordane Lou Prêt à porter Femme Saint-Paul 16 rue du commerce 0262 960 244


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LE NEZ DE H O RS

BAGEL SUR LE POUCE OU À EMPORTER Tout juste incrustée dans une rue de Saint-Gilles, une jolie façade noire surmontée d’un nom aguicheur nous a tapé dans l’œil : l’atelier à bagels. Accoudés au comptoir, on contemple attentivement chaque ligne du menu. Si on jetait notre dévolu sur les Road tripers ? Loin des classiques, ils marient le pesto à l’ananas frais et l’aubergine grillée à la menthe fraîche. Pourquoi pas les gratinés pour la touche résolument originale ? Aux fourneaux, Aurélie et Yann nous soufflent un gratiné à base de poulet au curry et d’une compotée d’oignons. En préparant à la minute juste sous nos yeux, Yann nous livre sa recette du bagel : un pain brioché et beurré, poché et cuit dans de l’eau. Encore tout chaud, le bagel est moelleux, le gratiné apporte du croquant. La suite est un déluge de saveurs… L’ATELIER À BAGELS, 14 RUE DE LA POSTE, SAINT-GILLES. TEL : 0692 27 74 84. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, 10H - 16H. FACEBOOK : L’ATELIER À BAGELS

SORBETS DE L’ÉTÉ

L’ART DE BULLER On a passé la porte d’une librairie inédite et où l’on se sent bien. Les fondateurs amoureux de l’art, Flore et Hippolyte, nous invitent dans un noyau dédié à la culture visuelle. Les livres jeunesse, les bandes dessinées, les magazines, sont beaux et ludiques. Le concept ne s’arrête pas là. Il y a des concerts avec un tarif au chapeau, on paie au gré du hasard. Des soirées-événements où l’on mêle vins et bandes dessinées. Les artistes, eux, investissent le lieu à leur guise. Carnet de voyage, exposition permanente, des livres, des toiles, de la musique… Il faut y aller pour ressentir l’émotion unique et particulière. On peut même se poser quelques heures, feuilleter des livres, tranquillement posés avec un chai tea latte à la main. Une vraie bulle de détente dont on ne se lasse pas ! LA CABINE À BULLES, 7 RUE ARCHAMBAUD, SAINT-PIERRE. TEL : 0262 02 31 58. OUVERTURE : LE LUNDI, 11H30 - 18H30 ; DU MARDI AU SAMEDI, 9H30 - 18H30. FACEBOOK : LIBRAIRIE LA CABINE A BULLES. WWW.LACABINE.RE

Pour reconnaître un bon glacier, on a un truc pour vous. Si les sorbets sont gorgés de fruits et contiennent peu de sucre, vous êtes sur la bonne voie. On a tenté de percer le secret du nouveau glacier de la capitale. Bingo ! Les sorbets contiennent 60 % de fruits au minimum. Ils sont sans arôme artificiel, sans colorant, sans conservateur, et la fabrication est tenue par un maître artisan glacier. La spécificité du lieu : réunir au même endroit les meilleurs fruits du monde. Mangue Alphonso, fraise Senga, orange de Sicile, framboise Mecker et bien évidemment l’ananas Victoria de La Réunion. Si votre truc à vous c’est la crème glacée, ruez-vous sur le parfum caramel au beurre salé. Une valeur sûre à mettre entre les mains des plus gourmands. EDDY DELICES GLACIERS, 19 RUE PASTEUR, SAINT-DENIS. TEL : 0262 29 08 08. OUVERTURE : DU MARDI AU JEUDI, 13H - 20H ; DU VENDREDI AU DIMANCHE, 13H - 21H. FACEBOOK : EDDY GLACES


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LE NEZ DE H O RS

LABORATOIRE DE CADEAUX

Une pièce immaculée, des étagères soigneusement classées, un rangeme rangement épuré et impeccable. Marie a repris les codes de laboratoire pour lancer une idée d’un tout autre genre. Sa boutique recèle de trésors inattendus. Premier coup de cœur, le Twizz, de la start-up française Neolid, un mug isotherme sans couvercle, design et ingénieux. Deuxième béguin, les sacs en macramé de jute de The Jacksons, réalisés à la main et en matériaux naturels : la marque anglaise collabore avec une coopérative de femmes bangladaises. Notre chasseuse de cadeaux choisit des marques européennes et s’attache d’abord à la qualité. Vous allez trouver le cadeau parfait, à offrir ou pour vous. LAB CORNER, 43 RUE DU FOUR-À-CHAUX, SAINT-PIERRE. TEL : 0262 02 77 30. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 9H30 - 18H30. FACEBOOK : LAB CORNER

COURSES DE HOMARDS

Un tourteau vient de s’évader, coursé par une horde de homards ! Il est 23h, on assiste à notre première course de homards. Ça se passe chez Pepito et Philippe, dans un lieu convivial où tout le monde a le sourire aux lèvres. Ici, la bonne pêche arrive tous les jours à la même heure. Le week-end, on décide même du mets que l’on va déguster. Du couteau à la poêle parfumé à l’huile d’olive, des bouchées de chipirons à l’aïoli maison, du bar garni aux aromates tout juste cueillis. Une véritable valse de crustacés en cuisine ! Ils débarquent de Rungis, sont ultra frais et sublimés entre les mains des cuistots à la toque bien couronnée. Pour les indécis, il suffit de s’envoyer un plateau de fruits de mer. Pas un bigorneau ne manque à l’appel ! LE COSY, 2 BIS RUE DE CAUMONT, SAINT-PIERRE. TEL : 0262 57 50 57. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, MIDIS ET SOIRS ; COURSES DE HOMARDS, LE VENDREDI, 23H. FACEBOOK : LE COSY


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L’EPICERIE QUI DONNE LE SOURIRE Pour épater vos convives, on a l’adresse qu’il vous faut. Prenez votre cabas et filez à la boutique Love Cheese, fraîchement retapée par Leïla, celle qui tient le lieu. En vous faufilant entre les rayons, vous dénicherez toutes sortes de produits rares et bientôt incontournables dans votre cuisine. Du vinaigre à la pulpe de mangue José pour exalter vos camarons grillés, de la poudre de thé vert matcha pour confectionner un gâteau original et du chocolat chaud Angelina pour surprendre vos invités à l’heure du thé. Quant aux puristes, ils apprécieront votre sélection de thés Mariage Frères. Si vous y allez un jeudi, vous repartirez à coup sûr avec des légumes frais et du fromage sous le bras. Ils arrivent directement des producteurs partenaires. Au détour d’une étagère, vous craquerez même pour des ustensiles pratiques et inventifs. On parie que vous n’avez déjà plus de place dans votre panier ! LOVE CHEESE, 18 RUE ALEXIS-DE-VILLENEUVE, SAINT-DENIS. TEL : 0262 52 74 22. OUVERTURE : DU MARDI AU VENDREDI, 10H - 19H ; LE SAMEDI, 10H - 12H30 // 14H30 - 19H ; LE DIMANCHE : 10H -12H. FACEBOOK : LOVE CHEESE

L’ATELIER DE MAG

ATTENTION, LIEU MAGIQUE Philippe et Mathias ont tout plaqué pour se lancer dans une aventure passionnée et ils ont bien fait. Dans un seul et même lieu, ils ont réuni les plus grands jeux de figurines, ainsi que des jeux de société et d’ambiance introuvables ailleurs. Si vous franchissez la porte, calez deux bonnes heures, l’addiction devient vite contagieuse. Les novices découvrent avec amusement les jeux à succès, 7 Wonders, Zombicide… tandis que les plus aguerris enchaînent les parties sur plateau de X-Wing. Pour initier vos amis, calez votre mardi soir pour une soirée jeux. La magie se chargera du reste. Une chose est sûre, vous allez dépoussiérer votre placard ! SORTILEGES, 181 RUE JEAN-CHATEL, SAINT-DENIS. TEL : 0262 51 14 67. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 10H - 18H30 ; SOIREES JEUX : LE MARDI, 20H ; FIGURINES : LE MERCREDI, 14H30. FACEBOOK : SORTILEGES REUNION

Un joli liseré blanc en lambrequins dessine la devanture d’une toute nouvelle boutique à Saint-Paul. Magalie, la créatrice du lieu, a conquis les modeuses un poil écolo il y a quelques années. Le fameux sac à main fabriqué avec la chambre à air de camion, c’est elle ! Sa boutique fourmille de mille créations. Les artistes, eux, interviennent de façon éphémère et les créatrices sont exposées toute l’année. Ça m’est égal, Ashvine, Babou’Ni, Salut Chéri, Floàfleur, une ribambelle de créatrices déjà bien connues. Dans l’atelier de notre “dalone”, c’est plus attractif. Là, on met la main dans le cambouis et on se laisse guider par ses précieux conseils. La poterie amuse les adultes et bientôt le dessin et la peinture. Pour les marmailles, c’est collage, peinture, maquette avec des matériaux de récupération. THE MAG SHOP, 55 RUE LABOURDONNAIS, SAINT-PAUL. TEL : 0692 61 09 08. OUVERTURE : LES VENDREDI ET SAMEDI, 10H-19H. ATELIERS : ENFANTS, LE MERCREDI ET STAGES PENDANT LES VACANCES SUR UNE SEMAINE ; ADULTES, LE MARDI MATIN. FACEBOOK : MAG / BAG / SHOP


2015

GAMES

LAND de 9h30 à 17h30

PARC DES EXPOSITIONS ET DES CONGRÉS DE SAINT-DENIS

Games Orange

ev © by Nord

Informations : www.nordev.re / 0262 48 78 78

SPECTACLE EQUESTRE

GONFLAB LES

J EUX GEANTS ATELIERS s initiatio n

S SPORTIVE

graphisme : fabienne.desperches@orange.fr - Shutterstock

14>22 MARS


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ART, C ULT URE URBA I N E E T M ULT I M ED I A TEXTES LIVY, LOÏC CHAUX, ANNE CHANS PHOTOS GWAEL DESBONT

PLIS ET REPLIS T

out ce qui peut être plié, Simon le plie. Et nous, on a trouvé cela joli. Depuis deux ans, et parce qu’il s’était fixé comme objectif de créer une cocotte en papier en guise de faire-part de naissance, le voilà qui crée formes et animaux en pliant du papier. Il s’est défini comme un “paper geek”, découvrant l’origami, le papier froissé, le papercraft… C’est justement sur cette dernière pratique que nous allons nous pencher. Aussi appelée pepakura, il s’agit de créer des formes en trois dimensions en papier, avec force découpages, collages et surtout… pliages. “Ainsi que de la rigueur et de la patience.” À partir de logiciels dédiés, il crée ses patrons : “C’est des mathématiques sans les chiffres. Ce que j’aime, c’est d’aller de la surface à la forme, de la forme à l’objet. C’est fascinant de créer juste en pliant suivant un angle particulier, en faisant des suites de plis…” Il s’amuse ensuite a recouvrir ces objets obtenus de résine polyester et de peinture. Pour vous en faire une meilleure idée encore, son travail peut être vu sur sa page Facebook, nommée PaperLab.0.

SUR LA TOILE...

PHOTOS STYLÉES

AVIS AUX AMATEURS

CÔTÉ “DD”

SEXISME ILLUSTRÉ

Vous souhaitez imprimer des photos ? Vous avez ce côté rétro qui vous colle à la peau ? Voici pixpopuli.com où le style polaroid prime ! Quel que soit leur format, vous pouvez les imprimer sous forme de polaroid, “polamaton” (mélange de photomaton et de polaroid), magnet… Les prix sont abordables et les frais de livraison inclus… même à La Réunion.

Zilikoo.com est un site réunionnais, une plateforme gratuite au service des photographes amateurs qui souhaitent partager leurs photos et les proposer à la vente. Vous craquez sur une photo ? Vous la voulez dans votre salon en grand format ? Zilikoo se charge de tout, jusqu’à la livraison.

Découvrez un journal en ligne dédié à l’écologie et au développement durable. Vous y trouverez des articles sur le covoiturage, l’environnement, l’agriculture, la biodiversité et même des recettes de “cuisine saine”. Sur ile-reunion. pressecologie.com, il y a même un peu d’actu anglée “écolo”…

Le blog de Thomas Mathieu, projetcrocodiles.tumblr.com, illustre en bandes dessinées des situations de harcèlement sexuel où les hommes sont représentés par des crocodiles. Des situations apparemment réellement vécues par des femmes. Et c’est bien de s’en rendre compte.


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MÉMOIRE PHOTOGRAPHIQUE SES GRAFFITIS NE VOUS SONT PAS INCONNUS. PEUT-ÊTRE VOUS SOUVENEZ-VOUS ENCORE DE LA MINE BOUDEUSE D’UN JEUNE GARÇON SUR LES LONGÈRES DU FRONT DE MER DE SAINT-DENIS OU ENCORE LE NELSON MANDELA DU PARKING DE L’ANCIEN COMMISSARIAT DE SAINT-PIERRE. TOUT ÇA EST DÛ À MÉO.

M

éo, trente-six ans, est calme, la voix posée et les gestes lents. Son regard révèle pourtant certains éclairs de colère rentrée. Depuis plus de quinze ans, Méo pose, et il a toujours du mal à avaler le syndrome “goyave de France”, ce mouvement inconscient des Réunionnais visant à préférer ce qui vient de Métropole. Du mal à entendre des promesses, avant de se faire coiffer au poteau par ceux qui ont de meilleurs réseaux. Donc Méo ne fait pas de politique politicienne. Il dessine une “créolité réaliste”, et ne nous demandez pas de définir ça ; c’est un écueil et les quêtes identitaires sont bien trop personnelles pour être mises en boîte. Sur les murs, il peint des portraits de métisses. Ces personnages pourraient être de partout, donc d’ici. Sa patte, c’est dans le réalisme qu’on la reconnaît. Tout dessinateur vous expliquera que le portrait est un exercice difficile ; alors on s’imaginait Méo en travailleur stakhanoviste sur sa feuille, fervent lecteur de livres d’anatomie. Non : “Je ne travaille pas tous les jours parce que je veux que ça reste un plaisir”. C’est son regard qu’il exerce, et cela

depuis tout petit : “Je regarde beaucoup d’images, mais je n’ai pas passé des heures à recopier des proportions anatomiques.” Son trait, il l’a exercé en regardant sa mère corriger ses dessins de catéchisme, puis grâce à sa formation aux Arts appliqués de Saint-Pierre. Au bout de deux décennies, sa technique est rodée. Il commence par regarder autour de lui ce qu’il veut dessiner ; il lui arrive de fixer un regard, un sourire, une attitude, si c’est possible grâce à la photo. Ensuite, il trace une esquisse. Quand il arrive devant son mur, c’est parti, il sait ce qu’il veut faire et toujours à la bombe. On lui a soutiré son “cap” (embout de bombe) préféré : le skinny (“maigre”, en anglais, soit un capuchon donnant une projection fine). Arrive alors une étape importante pour lui : “Si tu as un mauvais tracé (base du dessin, ndlr), c’est difficile de faire quelque chose de bien.” Ensuite, il met en général un jour et demi à faire une peinture. Toujours sur sa lancée, il aimerait faire des grands formats et réfléchir tranquillement à une future exposition sur toiles. Une pratique toujours compliquée pour les graffeurs.


CU LTU RE POP

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TEXTES JULDREAD - LOÏC CHAUX

ŒUVRES MAJEURES

POUR MÉLOMANES LECTEURS CE N’EST PAS TOUJOURS D’UNE SIMPLICITÉ ÉVANGÉLIQUE QUE DE TROUVER SA VOIE FACE À L’OFFRE TITANESQUE DES OUVRAGES QUI ONT LA MUSIQUE POUR SUJET. POUR VOUS ÉVITER D’ERRER L’ÂME EN PEINE FACE AUX ABSCONS RAYONS DE LIBRAIRIE, ON VOUS PROPOSE DE COMMENCER PAR UN QUARTET D’OUVRAGES ESSENTIELS RACONTANT AU MIEUX LE BLUES, LA RÉVOLUTION JAMAÏCAINE, LE HIP-HOP ET LES MUSIQUES ÉLECTRONIQUES.

S

ur son chemin de croix, le pénitent mélomane avide de connaissances doit souvent s’orienter seul et faire sa propre expérience. À lui les assommants pavés ouvragés par d’ennuyeux savants, les creux essais de journalistes fans. Alors, quand il déniche en un seul tome un véritable auteur et un propos intelligent et argumenté, il place l’ouvrage au rayon “bibles”. Du blues aux musiques électroniques en passant par la Jamaïque et le Bronx, voici quatre œuvres majeures pour mélomanes lecteurs : Feel Like Going Home de Peter Guralnick, Bass Culture de Lloyd Bradley, Can’t Stop Won’t Stop de Jeff Chang et Electroshock de Laurent Garnier et David Brun-Lambert. Elles ont en commun d’être faciles d’accès sans pour autant céder à une vulgarisation réductrice. En plongée au cœur de quatre fantastiques phénomènes musicaux, Peter Guralnick, Lloyd Bradley, Jeff Chang, Laurent Garnier et David Brun-Lambert n’empruntent pourtant pas les mêmes voies. Feel Like Going Home est en quelque sorte une galerie de portraits bien taillés des plus grandes figures du blues rencontrées par l’auteur sur plusieurs années ou pour lesquels les témoignages de contemporains viennent en chassé-croisé révéler les contours. Peter Guralnick est un érudit et un parfait conteur, son travail est une référence. Le Bass Culture de Lloyd Bradley s’aborde plus comme un livre de chevet où l’on pioche à loisir pour y savourer les récits extraordinaires évoquant l’homérique odyssée de la musique

ROCKSTEADY SPORTING CLUB Dumbs and Dopes / Catlike Les Rocksteady ont pressé leur deuxième vinyle, on ne pouvait pas passer à côté. Voilà donc le festif et foisonnant groupe de ska de retour, avec sa musique qui commence à dépasser nos frontières, puisqu’on en parle à l’étranger, et que c’est mérité. Tout l’univers des Rocksteady, du graphisme aux cuivres, des photos à la voix de Manou, est emballant. Ça sent le boulot derrière.

jamaïcaine. Particulièrement bien écrit, l’ouvrage se lit sans effort et avec gourmandise. Tout en recélant la force et la précision d’un travail d’historien, ce dictionnaire encyclopédique amoureux de la révolution de Kingston vous offre les clés pour appréhender au mieux ce phénomène planétaire et révolutionnaire. De la même façon, on peut considérer que la puissante brique de Jeff Chang possède les mêmes caractéristiques appliquées au séisme hip-hop. À ceci près que Can’t Stop Won’t Stop, non content de prendre la génération hip-hop dans son ensemble et de l’expliquer sous tous les angles possibles (historique, politique, sociologique, environnementale, économique…) est un manifeste. L’introduction de Dj Kool Herc, pionnier parmi les pionniers, ne dit pas autre chose : “Voilà ce que j’attends de la génération hip-hop : qu’elle nous emmène tous au degré supérieur en nous rappelant constamment que ce qui compte, ce n’est pas de rester authentique, c’est de rester juste”. Le baseball, les gangs, les quartiers, les émeutes, les ghettos, les DJs, les graffs, l’urbanisme, l’affairisme, les droits civiques… tout y passe. Une œuvre monumentale à l’échelle d’un mouvement culturel exceptionnel. À recommander à tous ceux qui se revendiquent d’un mouvement qu’ils connaissent finalement peu. Enfin, la biographie de Laurent Garnier. Electroshock, coécrit avec David Brun-Lambert s’appuie sur une vie. La vie d’un voyageur électro, d’un défricheur, d’un passeur, d’un

CONCERTS 18, 20 ET 21 FÉVRIER

jouisseur. Des rave parties anglaises, aux “cathédrales” de Berlin en passant par les clubs japonais, le maestro Garnier mène son aventure électro et nous mène d’acid house en techno, de big beat en electroclash, en minimal et dubstep. L’électro vit en chaque disque, chaque studio, au travers de personnages loufoques, attendrissants et géniaux. La vie électro de Garnier est une clé de décryptage d’un logiciel culturel puissant. Quatre livres, simples et plaisants, riches et intenses. Essentiels.

AGENDA

Feel Like Going Home DE PETER GURALNICK Rivages Rouge

Bass Culture DE LLOYD BRADLEY Allia

Can’t Stop Won’t Stop DE JEFF CHANG Allia

Electroshock DE LAURENT GARNIER ET DAVID BRUN-LAMBERT Flammarion

DIVERS 22 FÉVRIER

BERNARD LAVILLIERS

TRAIL DES ANGLAIS

AU TAMPON (LUC-DONAT) ET À SAINT-GILLES (TEAT PLEIN AIR)

ENTRE LE PORT ET SAINT-DENIS (SPORT)

TOUS LES MERCREDIS

CINÉMA

7 MARS

KARL HUNGUS

DU 18 AU 21 FÉVRIER

HOUSE OF CARDS (SAISON 3)

MÊME PAS PEUR

SUR CANAL+ SÉRIES (SÉRIE TV)

À SAINT-DENIS (POT’IRONS) 14 MARS

PALAXA MASTER KLUB, À SAINT-DENIS (PALAXA) 27 ET 28 MARS

ROCK À LA BUSE

À SAINT-PHILIPPE FIN FÉVRIER

DU 14 AU 22 MARS

AMERICAN SNIPER

WEEK-END DES GAMERS

MI-MARS

À SAINT-DENIS (JEUX VIDÉOS, NORDEV)

LE 2 AVRIL

LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE – LA LÉGENDE DU SANCTUAIRE

OXMO PUCCINO TRIO

MI-MARS

AU PORT (KABARDOCK)

BIRDMAN

À SAINT-DENIS (PALAXA)

5 AVRIL

MAD MEN (SAISON 7, 2E PARTIE) SUR AMC (SÉRIE TV, USA)



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DERRIÈRE LA PUB

IMPACT AVEC SA PUB POUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE, FACTO SAATCHI & SAATCHI A ÉVITÉ QUELQUES PONCIFS TOUT EN RÉALISANT UN VISUEL MARQUANT. TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON

C’est le genre de campagne qui ne rapporte pas un rond à l’agence qui la réalise, quand elle n’en coûte pas – ça n’a apparemment pas été le cas cette année pour ce coup-ci. Pour Fabrice Boutin, directeur de création et directeur général chez Facto, et son équipe, il s’agissait de dire aux Réunionnais de ne pas trop picoler avant de reprendre le volant, en pleine période de fêtes.

Il y a deux tendances, dans les pubs pour la sécurité routière : les “trash”, et les “rigolotes”. Et vous avez choisi une autre direction encore. Pourquoi ? L’humour, on ne se l’est pas interdit, c’est juste que la bonne idée fun, elle n’est pas venue. De toute façon, j’ai du mal à croire que, dans ce domaine précis, le côté “On fait sourire, on va retenir” soit efficace. Alors, puisque le but est de changer le comportement, on aurait pu aller sur du “trash”. Mais il y a beaucoup de choses qui ont été faites. Et il y a tellement de violence autour de nous qu’en en rajoutant encore, les gens pourraient se dire “Ça va, là, j’en ai marre.”

On a cherché à bien placer le curseur entre l’impact visuel et la réaction “j’aimerais pas être dedans”…

image qui lui reviendra. Avec ses collègues qui lui disent de rester, c’est une petite touche supplémentaire.

D’ailleurs, on ne voit personne… Ça pourrait être n’importe quelles voitures, et on ne voit pas qui conduit. C’était une volonté de ne pas personnaliser. Ça peut être toi, moi, n’importe qui.

La pédagogie est importante, dans ce genre de sujet ? On est en effet sur du premier degré, l’association d’images entre le verre et le véhicule. Je pense que ça marque, le but étant de viser le buveur occasionnel, celui qui pourra refuser le verre de plus.

C’est un moment particulier, aussi, cette campagne pendant les fêtes ? On sait que c’est une période plus propice aux accidents liés à l’alcool. Et puis l’accident du Moufia (début décembre, un jeune homme roulant trop vite et ayant consommé de l’alcool a fauché huit personnes, en tuant sept, ndlr) est arrivé aussi à ce moment-là… Et puis je savais que sur les affichages, on serait à côté de pubs d’alcools illustrées de verres, comme sur la nôtre, cela ne pouvait que renforcer le message. C’est-à-dire que la communication n’est qu’un élément de l’édifice ? La personne qui sort d’un repas où il a bu, peut-être qu’au moment de partir, il aura notre

Ça vous change, de travailler sur des pubs qui n’ont rien à vendre ? Non, parce que le but reste exactement le même : changer un comportement. Changer un comportement d’achat ou un comportement de conduite, c’est la même chose. Il faut d’abord trouver l’obstacle au changement. Ici, c’était le fameux “Ça n’arrive qu’aux autres”. Puis, nous avons cherché à mettre le doigt sur le bon ressort psychologique. Je reste humble, je ne connais pas les résultats ; mais on sait de toute façon que, quand la sécurité routière cesse de communiquer, le nombre d’accidents augmente. Dans tous les cas, je ne connais pas de recette miracle.



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DERRIÈRE LA PO RT E

DERRIÈRE, LES GROLLES CE TTE F OIS - CI, DE U X P O R T E S NOUS INTRIGU A IE N T, E T NOUS LE S AV ONS F R A N C H IE S TOUTE S DE U X . UN RE PORTA GE G A R A N T I S A NS ODE UR D E P IE D . TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON

UN BAZAR ORGANISÉ

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n y passe souvent, rue Jules-Auber, devant cette pancarte un peu vieillie, annonçant La Dioniçoise, avec ce dessin de chaussure et ce petit portail en fer donnant sur une case, au fond d’un bout de pelouse. Comme nous avons plutôt tendance à mettre des baskets, nous avons franchi cette entrée pour la première fois, par curiosité. Et puis, voici donc un petit magasin, avec cette porte entrouverte, reliant madame à monsieur : madame accueille les clients, monsieur répare les chaussures. Nous allons ici vous épargner le laïus sur ces métiers “lontan”. Non pas qu’on méprise le travail du petit artisan, bien au contraire. Mais parce que des articles sur Gérard Hoarau, dernier maître artisan cordonnier de La Réunion, sur le mode “C’était mieux avant, ma bonne dame”, la presse locale en a déjà fait. Et on ne vous conseillera jamais assez de lire des magazines et des journaux. Derrière la porte de Gérard, nous étions d’abord étonnés : son petit atelier ne pue pas des pieds : “Oui, tiens, c’est vrai, ça ne sent pas mauvais. De toute façon, depuis le temps, je suis habitué, je le sentirais plus…” Dans la pièce patientent pourtant plus de trois cent paires de chaussures, et ça sent plutôt le cuir, un peu la colle. Pas désagréable.

Et c’est là que nous arrivons à notre deuxième remarque : pour nos yeux de novices, c’est le bordel. Il y en a partout. Seules les machines de plus de quarante ans ne sont pas envahies. Notre cordonnier sourit : “Non, non, c’est très organisé. C’est une nécessité pour moi de m’y retrouver. Après, oui, c’est vrai, je pense qu’il n’y a que moi qui m’y retrouve…” Comprenons un peu le système. Madame, à l’accueil, reçoit donc les clients et leurs soucis de souliers. Ceux-ci (les souliers, pas les clients) sont ensuite envoyés derrière la porte, et commencent un cheminement. Ils se parent d’une étiquette rappelant le problème et la date de sortie, et se mettent dans des recoins que le savetier connaît. Pour l’attente, comptons “entre dix et quinze jours.” C’est ce qui hante l’esprit de notre hôte, le temps. “Toute mon organisation repose sur l’efficacité, sur le respect des délais de livraison. Mon point faible, c’est le temps.” Pas de pendule, pourtant, dans la pièce.“Mais je me mets Free Dom, ça me fait un bruit de fond, et puis les journaux me donnent une indication sur l’heure, même si je n’écoute pas vraiment tout ce qu’ils racontent…” Cette pièce, c’est un peu son antre… “Je laisse la porte entr’ouverte, les gens pensent peut-être que je suis un peu un ours, mais j’aime bien avoir la paix, pour rester concentré sur mon travail.” Et son travail, c’est la réparation. La confection, il n’a pas le temps, et les formes en bois ne sont plus là que pour rappeler qu’il y a longtemps, le cordonnier fabriquait. Mais avec trente paires qui entrent chaque jour, plus le temps. Et pourtant, rien n’est fait à la va-vite. Chaque chaussure a droit à son attention particulière. Mais comme nous vous le disions, la minutie, la recherche des matériaux, le coup de main, c’est une autre histoire.


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PORTR A I T


J A CK

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CELUI QUI MARCHE AVEC LA LUNE C’EST L’HOMME AUX CAPES BLANCHES, AU VISAGE TATOUÉ, À LA DÉMARCHE MENAÇANTE. JACK LE “FOU”, LE VAGABOND, L’INSAISISSABLE. L’HISTOIRE D’UN SDF STAR, C’EST AUSSI CELLE D’UN HOMME MALADE, LIVRÉ À LA VIOLENCE DE LA RUE. JACQUES COUPOUCHETTY LA SUBIT DEPUIS PLUS DE VINGT ANS. TEXTE PIERRE FAUBET PHOTO GWAEL DESBONT

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e regard droit, le torse bombé, le visage tatoué, le pas décidé. À Saint-Paul ou SaintDenis, quand il arrive en ville, les gens changent de trottoir. Du moins ceux qui ne le connaissent pas. Car Jack, dit le “Fou”, est au fond plus craintif que menaçant. Derrière les hurlements guerriers, les postures agressives, les déguisements mystiques, il y a l’errance d’un homme usé par la rue depuis plus de vingt ans. L’itinéraire d’un quadragénaire schizophrène qui fait se bidonner les réseaux sociaux autant qu’il inquiète sa famille. À l’origine, un marmaille du Moufia, aîné d’une fratrie de trois garçons. À l’époque, son grain de folie est plutôt créatif ; il peint sur des nacos, dessine sur des planches de bois ou transforme les noyaux de mangues en petits personnages. Un talent certain et reconnu dans le quartier : son frère Stéphane se souvient de ces heures passées sous un kiosque à faire des dégradés aux ciseaux... “Tous les gars du Moufia venaient se faire coiffer par Jacques.” Et puis l’absence d’un père. Et puis les premières conneries d’un adolescent hors de contrôle. La vie en foyer d’accueil qui se termine dans la rue, très tôt. Là, les souvenirs de son entourage sont confus. Quand Jacques a-t-il perdu le cap ? Personne n’est en mesure de l’assurer. En dépit du diagnostic médical

établi, son entourage évoque des anecdotes ici et là. “Ils lui ont fait la malice”, explique toujours son frère. “Au début des années 1990, c’était un super danseur. Et un jour, avant un concours de danse, des gars lui ont fait consommer de la datura. Depuis, il marche avec la Lune, comme on dit...”

UN SDF DÉPOUILLÉ, C’EST BIEN MOINS DRÔLE QU’UN SCHIZOPHRENE QUI TRAVERSE LE CHAUDRON EN NUISETTE. L’effet ou la maladie, toujours ces brumes qui entourent le personnage. Mais au fond, peu importe puisque Jacques n’est pas soigné. Il est envoyé en prison de temps en temps. Des courts séjours pour de sombres affaires. L’enfermement, la punition ultime du vagabond. Là encore, chacun donne sa version. Un vol ou une agression. Un accès de délire ou des actes soufflés par d’autres. “Plein de gens lui ont fait faire des conneries”,

confie un proche. “Ils lui font boire ou fumer des saloperies, ensuite ils lui disent, “Jack, fais-ci”, “Jack, fais-ça”. Pour ses intimes, Jacques est une victime de la rue. Même ses tatouages exubérants leur paraissent suspects. Peut-être plus subis que choisis. Car Jack le “Fou” offre régulièrement l’occasion de se marrer entre potes. Au-delà de la moquerie ordinaire, la réalité est crue. Jacques se fait racketter souvent et bastonner parfois. Loin des regards de ses “amis” qui l’invitent dans des clips de rap ou impriment son visage sur des tee-shirts. Loin du social-fashion. Cette histoire-là n’est jamais publiée sur les deux pages Facebook qui lui sont consacrées. Il faut bien l’avouer, un SDF dépouillé, c’est bien moins drôle qu’un schizophrène qui traverse le Chaudron en nuisette. Heureusement, Jacques garde un noyau familial attentif et quelques vrais protecteurs. Des guichetiers qui lui donnent son APH (Allocation pour personnes handicapées) sans pièce d’identité. Des proches qui lui offrent à manger mais pas à boire. Qui lui apportent quelques cigarettes mais pas de zamal. “Et puis quand il est fatigué de tout ça, il entre à l’hôpital. Il va se reposer”, raconte encore son frère. Ce sont les vacances de Jack qui renonce à sa liberté pour quelques nuits sans coup ni béton.


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MICRO- T RO T T ’ RECUEILLI PAR ANNE CHANS PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

QUEL CADEAU FERIEZ-VOUS À VOTRE PIRE ENNEMI ? VENGEANCE OU CONCILIATION ? CERTES, C’EST BINAIRE, MAIS NOUS NE FAISONS QUE RAPPORTER LES RÉPONSES DE NOTRE PANEL. ON AURA APPRIS UNE CHOSE : SI QUELQU’UN QUI NE VOUS AIME PAS VOUS OFFRE À MANGER, N’Y TOUCHEZ PAS.

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1 - Ndorick et Helloïse “Un couteau et des baffes.”

3 - Hemrick “Une bombe emballée.”

2 - Christopher “Si c’est une fille, une fleur fanée. Pour un homme, un pantalon déchiré.”

4 - Yann, Himé et Béatrice Yann : “J’offre mon indifférence, chacun sa vie, ses problèmes.” Béatrice : “Je ne veux surtout pas souhaiter le malheur à quelqu’un, je lui proposerais de boire un coup.”

5 - Jean-Claude “Même à mes ennemis, je pardonne. Je lui souhaiterais la chance et le bonheur.”


M I C R O- T RO TT’

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6 - Marie-Laurence “Un gros serpent jaune et blanc.” 7 - Wilfrid “J’offrirais un bijou, je crois, parce que j’ai bon cœur. Je pense que c’est un cadeau qui serait apprécié.”

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8 - Yann et Eden “Un livre sur la foi rasta avec une chanson gnambeni, une musique rastafarie.” 9 - Raphael et Lorenzo “Une balle et une tombe.”

10 - Delphine et Mélanie “Un gâteau à la mort-aux-rats ou encore un gâteau yaourt ou chocolat avec des produits gâtés.“ 11 - Marcelino “Une jolie boîte de pâtisseries remplie en fait de cafards et de vers.”

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MODE STYLISME CATHERINE GRÉGOIRE PHOTOS ROMAIN PHILIPPON MANNEQUIN JESSICA VÊTEMENTS ET ACCESSOIRES TROC ADDICT REMERCIEMENTS COLOSSE WAKE PARK



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STATIS T I Q UE M E N T TEXTES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS FREDDY LECLERC

RÉUNIONNAIS SUR

a entre 16 et 29 ans

des jeunes de 16 à 29 ans n’ont aucun diplôme

JEUNES FEMMES RÉUNIONNAISES SUR ont déjà un enfant à 22 ans

LES JEUNES

vivent encore au domicile parental dont 0,7% en couple

DE 16 À 29 ANS À LA RÉUNION

Le taux de pauvreté des jeunes de La Réunion est

fois supérieur à celui de la France métropolitaine vivent en colocation

JEUNE SUR vit dans un logement suroccupé

Parmi les jeunes ayant un emploi,

des jeunes hommes réunionnais vivent toujours chez leur parents

des jeunes Réunnionnais ont déja vécu au moins six mois à l’extérieur de La Réunion

travaillent dans la fonction publique


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S OCIÉ TÉ

LA BALADE DES GENS BEAUX LA BEAUTÉ. UN CONCEPT QUI N’EST PAS SI FLOU QUE CELA LORSQU’ON PARLE DE VISAGES. ELLE EST MESURABLE, ELLE PEUT PROVOQUER L’ U N A N I M I T É , L A J A L O U S I E O U U N P E U P L U S D E C O N F O R T. S U R T O U T, ELLE EST INJUSTE. ON EST (NAÎT ?) BEAU OU PAS, ET C’EST AINSI. TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

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S OCIÉ TÉ

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st beau ce qui plaît universellement, sans concept.” Commencer par cette définition d’Emmanuel Kant, c’est d’emblée poser le sujet. Et faire fi, ainsi, des réponses de l’homme de la rue quand on lui demande ce qui fait un bel homme ou une belle femme. Faire fi, ainsi, de ces réponses : “Moi, j’aime bien les femmes enrobées.” “Il faut que le mec soit musclé.” “Ah, non, faut qu’elle ait des petits seins !” “La fossette au menton, j’adore !” Ce sont des goûts ; et ceux-ci viennent de nos expériences, du milieu dans lequel on a grandi, de la civilisation, même, dans laquelle on vit. Les goûts des Asiatiques ne sont pas ceux des Africains. Mais ce n’est pas universel. Il y a pourtant des êtres qui sont beaux, qui font l’unanimité, sans que le pékin moyen sache exactement dire pourquoi. Néfertiti, le David de Michel-Ange, Alain Delon, Ursula Andress, Marylin Monroe, Brad Pitt, Naomi Campbell, Charlize Theron… Ils sont – ou ont été – beaux. Et il n’y a rien à rajouter, tout le monde saura le concéder. Quelle que soit l’époque. Quels que soient les goûts. Si certains traits font l’unanimité, c’est qu’il y a un “truc”. Et si la beauté était quantifiable, mesurable ? C’est ce que pense Caroleen Parc, de l’agence de modèles Kwaheri, à Saint-Denis. “Ce qui fait la beauté, c’est la symétrie.” La voilà, la donnée mathématique, la symétrie. Evidemment, comme les chercheurs aiment chercher, certains se sont penchés sur la question. Dans une étude commune entre les universités de San Diego et de Toronto, des étudiants se sont vu proposer différentes photos d’un même visage, où seules la distance entre les yeux et la bouche avaient été modifiés sous Photoshop. Ils ont dû déterminer les visages qui leur plaisaient le plus, ce qui leur a permis de conclure que la distance idéale entre yeux et bouche est de 36 % de la longueur du visage. C’est un peu compliqué. Mais ce n’est pas une découverte. Depuis toujours, les peintres avaient déterminé des règles mathématiques : outre la symétrie, donc, le visage devait être divisé en trois tiers en hauteur : le premier, de la base du menton à la base du nez ; puis de la base du nez aux sourcils ; enfin, le front. Pour l’anecdote, ces règles, que Léonard de Vinci avait notamment utilisées, sont aujourd’hui une des bases du travail des chirurgiens esthétiques. Outre ces considérations purement chiffrées et donc un peu froides, la beauté a d’autres constantes : “La jeunesse, évidemment, nous dit-on chez Kwaheri. Ce n’est pas pour rien si on veut toujours être plus jeune. Puis il y a le grain de la peau, sa couleur, suivant si elle renvoie bien la lumière ou pas. Une coiffure, mettant en valeur la forme d’un visage. Bien sûr, aussi, l’hygiène : avoir de belles dents, une belle peau, de beaux cheveux, c’est aussi une question d’hygiène.” Pas étonnant si, jusqu’à

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l’époque contemporaine, les modèles de beauté pour les artistes étaient des femmes de condition sociale assez élevée pour pouvoir se payer savonnettes et onguents pour les dents. En rencontrant nos interlocuteurs, il est ressorti que la beauté revêtait quelque chose de tabou. Il paraît difficile à quelqu’un de s’avouer “beau”. Passons sur cette fausse modestie post-pubère qui consiste systématiquement à dire “naaaaaan, mais je suis trop moche” (on a déjà entendu une candidate à Miss Réunion sortir ce genre de bêtise) pour simplement remarquer que la phrase “Oui, je suis beau” est difficile à exprimer. Et pourtant, si c’est le cas, ce n’est pas faire preuve de forfanterie. C’est admettre un fait.

“EST BEAU CE QUI PLAÎT U N I V E R S E L L E M E N T, S A N S C O N C E P T. ” E. KANT Nous avons donc discuté avec Ken. Il est beau, et il n’y a rien à ajouter à cela, même s’il préfère le terme “mignon”. Se pense-t-il beau ? Il rit, d’abord. Puis : “Avec objectivité, mon ressenti, non, pas tout à fait. Du moins, pas comme je suis perçu, je me vois des défauts. Je saurais dire qui est beau ou pas, mais en ce qui me concerne, disons que je ne dirais pas que je suis laid.” Passionnant entretien, que celui avec Ken. Il emmène dans un monde que, définitivement, le commun des mortels au physique banal ne peut comprendre. Un monde décrit sans modestie inutile, mais sans narcissisme exacerbé non plus. Un monde un peu plus simple. Il y a d’abord eu la découverte : “Quand je m’en suis rendu compte, ça m’a déjà aidé à être moins timide. À toucher une partie de la gent féminine que je considérais comme inaccessible.” Puis, les petits avantages : “Bon, ça peut aider au quotidien, d’être beau. Sur plein de petites choses. Par exemple, il y a quelques jours, on fait une sortie en moto à plusieurs. On s’est arrêtés pour boire un café, mais la somme était trop petite pour payer avec une carte bleue, on n’avait que des petites pièces. J’ai dit à mes amis de me donner toute leur monnaie, même s’il en manquait, et de me laisser faire. On a eu nos cafés… Ou encore, en avion. Je voyage pas mal, et une fois sur deux, je dépasse le poids autorisé pour mes bagages. J’abuse même un peu, des fois… Mais je n’ai jamais payé d’excédent. Avec un sourire, une attitude sympathique, on débloque beaucoup de choses…” “La beauté inspire l’amour, la beauté inspire l’art. Mais attention, il faut savoir la gérer…”, nous avait prévenus Caroleen



S OCIÉ TÉ

Parc. Ken ? “Dans une société assez “m’as-tu vu ?”, le physique aide énormément. Mais d’un autre côté, les gens font assez facilement le parallèle entre beauté et manque d’intelligence. C’est assez difficile à assumer. Si je veux être crédible, j’ai deux fois plus de choses à prouver. Je dois obliger les gens à aller plus loin, à voir que chez moi, il y a autre chose. Parce que la beauté, faut être franc, si ça te tombe dessus, c’est juste un coup de bol. Associée à un bon parcours scolaire et professionnel, ça aide un peu plus. Mais toute seule, elle n’est pas grand-chose.” On trouve ici la limite, être beau implique des responsabilités. C’est ainsi que, pour répondre aux critiques des “élections pour jolies filles écervelées”, les concours de miss ont introduit des questionnaires de culture générale – certes à peine d’un niveau de collège – histoire de donner le change. Mais les miss, nous y reviendrons plus tard. Ken est architecte. Brillant, donc. À choisir, il préfère être “intéressant” que “beau”, reprenant à son compte la phrase de George Sand, “La beauté de l’âme l’emporte sur la beauté physique.” Facile à dire : Ken, il est les deux. Alors, en 2015, dans une société “m’as-tu vu ?”, comment exister face aux gens beaux ? Ça peut paraître compliqué. La jalousie est le caillou dans la chaussure des apollons. “C’est bien malgré moi, mais ça crée la gêne.” Il se souvient d’une soirée un peu arrosée où ses amis, l’alcool aidant, lui avouèrent leur embarras à se retrouver à côté de lui. Cette phrase, dont il se souvient : “Partout où on va, il n’ y en a que pour toi. Nous, on ne nous voit pas.” Ces conversations qui s’arrêtent, lorsqu’il entre dans un bar. Ces regards insistants sur lui. On comprend ses amis. Il doit s’excuser. “Progressivement, on m’appelait de moins en moins pour sortir.” Et à l’opposé, ces situations où “des gars se disent “on va emmener Ken avec nous, il nous ramènera plein de filles.” Ça ne me plaisait pas non plus.” Exister, quand on n’est pas “beau” ? C’est le “aller plus loin” qu’évoquait Ken. Ces notions de charme, d’intelligence, de culture qui, quoiqu’on dise, n’ont pas le retentissement qu’ont la beauté des corps. Les médias grand public ont compris le potentiel vendeur de la beauté ; au moment des élections de miss, locales puis nationales, les unes n’ont d’yeux que pour ces jolies femmes participant à des concours où, justement, il s’agit d’être beau. Et rien d’autre : une jeune femme superbe mais peu cultivée aura plus de chances de gagner que la même, laide mais ayant fini major de promo aux Mines. Et puis, les miss… Il ne faudrait pas croire qu’elle sont justement des porte-drapeaux de la beauté, comme nous en parlons ici depuis le début. Elles véhiculent plutôt le symbole de “goûts”, à un moment donné. À l’époque où le public aimait les rondeurs, on élisait des

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femmes rondes. Plus aujourd’hui, il faut être mince. Le pire est de croire que la beauté s’acquiert ; rien n’est plus faux. Ken, encore : “J’ai compris qu’on me trouvait beau un jour, comme ça. Je n’avais rien fait de particulier pour le devenir. Ce n’est qu’après que je l’ai travaillé, par les fringues, l’attitude.” Il n’y a rien à faire contre cette injustice, et l’énorme “travail” que les mannequins ou les miss vous vendent, c’est du flan. Pour la publicité, à La Réunion, ce sont les mannequins “métisses” les plus plébiscités ; non parce qu’ils sont plus “beaux” que les autres ; juste parce qu’ils permettraient mieux au public réunionnais de s’identifier. Objectivement, la beauté n’a pas de couleur, pas de taille, ni de poids : la Vénus de Botticelli, peut-être une des plus belles femmes jamais peintes, ne serait jamais rentrée dans du 38…

IL PARAÎT DIFFICILE À QUELQU’UN DE S’AVOUER “BEAU” Alors, si travail il y a, c’est peut-être d’essayer de la conserver, cette beauté. “C’est tellement éphémère”, soupire Caroleen Parc. Ken : “Il faut en profiter quand elle est là. Je pense que chaque époque de la vie a sa propre beauté, et qu’il faut faire avec. Vivre avec le passé, c’est ce qu’il y a de pire, essayer de retrouver ce qu’on a eu, non. Sinon, on devient dépendant de son physique.” Et justement, toutes ces considérations sur la beauté, au final, ne sont pas si importantes. Si les gens beaux sont privilégiés – des études ont notamment confirmé que les gens considérés comme “beaux” étaient mieux payés que les autres – il y a évidemment moyen de s’en sortir avec un double menton, des oreilles en feuilles de chou et un gros nez. C’est ce qu’on appelle le charme. Une toute autre histoire. Et d’ailleurs, pour écrire ces quelques lignes, nous avions dans les oreilles l’album Aux Armes etc., de Gainsbourg. Pas un choix anodin : dans sa chanson Des Laids des laids, il dit : “Enfin faut faire avec ce qu’on a, la sale gueule, mais on n’y peut rien / D’ailleurs, nous les affreux, je suis sur que Dieu nous accorde / Un peu de sa miséricorde car / La beauté cachée des laids des laids, se voit sans délai, délai. On aurait tout autant pu se mettre La Chanson de Jacky, de Brel, et son doux rêve : “Être une heure, une heure seulement / Beau, beau, beau… Beau et con à la fois !” Quand on n’a pas eu la chance d’être touché par la beauté, Serge Gainsbourg et Jacques Brel sont d’inestimables sources d’espoir. À condition d’avoir écrit, bien sûr, La Javanaise ou Ne me quitte pas.


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CARNET DE V O YAG E

PIERREFONDS, ÇA SE VISITE IX ANS POUR L

TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS STÉFAN GRIPPON

Pierrefonds, ce n’est pas seulement le Marché de gros où on va se garer avant de prendre les navettes pour le Sakifo. C’est aussi autre chose que l’aéroport, la caserne, les bâtiments en ruines et d’autres en construction… Il y a, bien sûr, l’ancienne usine Léonus-Bénard, et la commune qui s’étend autour, abritant de belles boutiques. Le Parc Exotica et ses drôles de plantes succulentes sur la route de l’Entre-Deux ; l’hôtel du Domaine des Pierres, assez classe ; ou encore, le Domaine du Café grillé. Celui-là, il vaut le coup d’œil : outre les jolies plantes, il s’agit aussi de découvrir l’histoire de La Réunion à travers son passé agricole, et notamment tout ce qui y a poussé. Une bonne idée pour sortir les gosses le dimanche.


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EXTRA M URO S

PLAISIR DE CONSTRUIRE EN JUIN DERNIER, L’ORDRE DES ARCHITECTES DE LA RÉUNION REMETTAIT SEPT PRIX DANS LE CADRE DU PRIX D’ARCHITECTURE DE LA RÉUNION. LA “VILLA SUR PATTES” D’EMILIE LEBAS EN A RAFLÉ DEUX. NOUS NOUS SOMMES DONC RENDUS DANS LES HAUTS DE LA POSSESSION. TEXTE ANNE CHANS PHOTOS GWAEL DESBONT

C

ela avait commencé trop bien. L’histoire d’un coup de foudre pour un terrain : une vue magnifique sur Le Port à partir des hauteurs de La Possession. Un flash sur une autre maison du lotissement. La chance est au rendez-vous : l’habitante des lieux en est elle-même l’architecte. La collaboration commence. Le premier permis de construire est refusé. Qu’à cela ne tienne, Emilie Lebas dessine pour Jean-Paul Burkic et sa famille un nouveau plan. Elle n’avait qu’une consigne : ouvrir la maison sur la vue. Mission réussie. La maison se dresse sur des pilotis de cinq mètres et se compose de deux “boîtes” qui se rejoignent perpendiculairement. Vous y accédez par un escalier en béton ; vous arrivez alors sur la véranda-terrasse. En face de vous, la vue. À vos pieds, la piscine surveillée par un olivier presque trentenaire. L’espace tout en bois fait la jonction entre les deux parties de la maison. À droite, un grand salon, bureau, salle multimédia. L’endroit est protégé par de larges baies vitrées. Elles donnent sur une coursive. Elle-même peut être fermée par des cloisons en bois. “Jean-Paul a déjà vécu un cyclone et tout s’est bien déroulé” nous raconte sa compagne, Marie.

À gauche, la cuisine, la salle de bains et la chambre parentale. Chacune des pièces a sa couleur et donne sur le patio central avec piscine. Un détail discret attire notre intention : à quoi sert cette petite table en bois sur la terrasse ? C’est en fait un “puits à linge sale”, menant à la buanderie. Parce qu’il y a bien sûr un rez-de-chaussée. Trois pièces en bas, la fameuse buanderie, une salle de bains et une chambre supplémentaire. Le principe est le même, chaque pièce ouvre sur l’extérieur. Au total, la maison offre un peu plus de 150 m2 habitables. Et pourtant, le rêve est passé à deux doigts du cauchemar. L’entreprise choisie pour les travaux a multiplié les erreurs et fini par faire faillite. JeanPaul Burkic s’est alors transformé en maître d’ouvrage. Il est parti en quête d’artisans. Il ne l’a pas regretté et ne cesse de vanter les mérites de ceux avec qui il a collaboré; “des gens professionnels, ils m’ont beaucoup appris et ont été à l’écoute, c’étaient de vrais échanges, ils ont été investis, précis, prêts à recommencer ce qui n’allait pas, certains ont dormi sur le chantier.” Dans cette maison, il y a un peu plus que le doigté de l’architecte, il y a aussi la sueur du propriétaire.


EXT R A MU RO S

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MA BULLE TEXTE ANNE ROCHOUX PHOTOS GWAEL DESBONT

HOUSE MUSIC PAPE DE LA BLACK MUSIC À LA RÉUNION, KARL HUNGUS EST UN MILITANT DE CELLE-CI. TOUJOURS À L’AFFÛT DE NOUVELLES PÉPITES DANS LE DOMAINE, CET ANCIEN RÉSIDENT DU MARULA CAFÉ DE BARCELONE SE DÉFINIT COMME UN “DIGGER” DE VINYLES. CHEZ LUI, ÇA SE VOIT.

MON DERNIER COUP DE CŒUR


M A BU L L E

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L’INTERVIEW EXPRESS

MON OBJET PRÉFÉRÉ

Vintage ou contemporain ? Vintage, sans hésiter ! Des années cinquante aux quatrevingt, avec une prédilection pour les seventies. J’aime le design de cette époque, la robustesse de ses objets. Ville ou campagne ? Je suis originaire d’un petit village à côté de Lyon. Enfant, j’ai toujours vécu en contact avec la nature. Je partais en balade avec mon chien dans la campagne, j’allais pêcher… J’ai toujours gardé ce mode de vie. Où aimerais-tu vivre, ailleurs qu’ici ? Avec ma compagne, nous sommes là depuis quatre ans, et nous n’avons pas envie de bouger. Mais si je devais imaginer un autre lieu de vie, ce serait peut-être le Panama ou le Costa Rica : des endroits tournés vers la nature mais qui possèdent une histoire et une culture très riches. As-tu une anecdote à propos d’un de tes objets ? Oui, il s’est passé une chose amusante quand j’ai voulu faire ajouter une entrée pour écouteurs sur mon objet fétiche, le tourne-disques Fisher Price. J’ai demandé à un copain bricoleur de m’installer ça. Mais quand il me l’a rendu, il était cassé ! J’en étais malade… J’ai réussi à retrouver une cellule, et finalement, je l’ai fait réparer par quelqu’un d’autre. Et ça fonctionne ! Ton astuce pour mieux vivre dans la maison ? Avoir un chien… Il fait partie de la famille. J’ai toujours vécu avec un chien. C’est un élément vivant dans la maison, qui me semble indispensable. Un bon plan déco à La Réunion ? Les brocantes, très tôt le matin. Qu’est-ce qui te ferait craquer, pour ta maison ? Je rêve d’avoir une pièce remplie de vinyles et de pouvoir gratter là-dedans ! L’objet que tu ne pourrais pas avoir chez toi ? Une télé à écran plat. Ton livre de chevet du moment ? Je n’ai pas le temps de lire ! Qu’est-ce que tu écoutes en boucle ? L’album Black rhythm revolution, d’Idris Muhammad, sorti en 1971. J’écoute aussi Bruce Ruffin.


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ÇA SE PAS S E LÀ- BA S TEXTES LIVY ILLUSTRATION MATTHIEU DENNEQUIN

ZÉRO POINTÉ ? PAS DU TOUT ! PARLONS PLUTÔT D’AVENIR, DE RÉDUCTION DE DÉCHETS ET DE SUCCÈS DU “ZÉRO EMBALLAGE”…

MAIS QU’EST-CE QUE C’EST, LE “ZÉRO EMBALLAGE”? Il s’agit de magasins ou d’épiceries qui ne proposent à la vente que des produits en vrac. Finis les sachets fraîcheur, les films protecteurs et les emballages en carton ! Dans ces magasins, le client ramène ses contenants : bouteilles, bocaux, barquettes… et achète sa quantité en fonction de ses besoins.

D’OÙ ÇA VIENT ? Le concept “zéro emballage”, bien qu’il vienne d’Angleterre, est encore timide en Europe, même si l’Allemagne, l’Italie et l’Autriche s’y sont mis. Mais il connaît un franc succès aux États-Unis dans la veine du mouvement “zéro waste” (“zéro déchet”). En France, la première épicerie “zéro emballage” a vu le jour en juillet 2014, à Bordeaux.

À QUOI ÇA SERT? Ça sert à encourager l’écologie préventive : traiter le problème à la source, au lieu de réfléchir au recyclage. Mais aussi de lutter contre le gaspillage alimentaire, car il s’agit de consommer selon ses besoins. Enfin, finis les packagings qui poussent à la surconsommation, l’achat est utile !

ET À LA RÉUNION? Pas de magasin ou d’épicerie “zéro emballage” ici, mais des actions menées et des campagnes de sensibilisation telles que la Semaine européenne de réductions des déchets, des ateliers de cuisine avec les restes, et des éco-emballages.


C U LT U RE G

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TEXTES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN

Harrison Ford a rencontré George Lucas en venant faire des travaux de charpenterie chez lui.

Quand il était petit, François Bayrou était bègue. Avant d’envoyer un letchi en orbite autour de la terre, Guy Pignolet a créé en 1975 le Lo Maveli, le drapeau réunionnais.

L CU

Popular Science, un magazine américain de vulgarisation scientifique plusieurs fois primé pour la qualité de ses articles, a décidé de supprimer les commentaires sous ses articles sur Internet, pour mettre fin à “une culture d’agression et de moquerie qui fait obstacle à des échanges de qualité.”

La Réunion abrite deux préfets sur son territoire : celui de La Réunion (à Saint-Denis), et celui des Terres australes et Antartiques françaises (Saint-Pierre). Ce dernier est surnommé “Le préfet des manchots”.

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POUR FAIRE LES MALINS DEVANT LES AMIS, VOICI QUELQUES INFOS QUI VOUS DONNERONT LA CLASSE DANS LES DISCUSSIONS.

Le Réunionnais Daniel Sangouma a conservé pendant quinze ans le record de France du 100m, en 10’’02, de 1990 à 2005.

Bud Spencer a été le premier Italien à nager le 100m nage libre en moins d’une minute. Il a joué aussi en équipe nationale italienne de water-polo.

En 1995, Charlie Hebdo et notamment Charb avaient pris la défense du spectacle du Théâtre Vollard Votez Ubu colonial, menacé à cause de ses attaques sur le clientélisme des politiques locaux.

Laurent Robert est le seul Réunionnais à avoir gagné un titre avec l’équipe de France de football, la Coupe des confédérations en 2001.

Paul Vergès, quatre-vingt neuf ans, est l’homme politique français actuel à la plus grande longévité : avec cinquante-neuf ans de vie politique, il devance d’un an Jean-Marie Le Pen. Il est par ailleurs le doyen du Sénat, ayant un mois de plus que Serge Dassault.


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SPORT

SUR LES PAVÉS, STREETBALL, STREET SOCCER ? À LA RÉUNION, LE SPORT DE RUE, C’EST AUSSI UN PEU DE HANDBALL. ET SI ON Y RÉFLÉCHIT, CE N’EST PAS ÉTONNANT. TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON

V

enice Beach, Harlem, Le Champ-de-Mars… On vous parle ici de lieux où bat le cœur du sport de rue. Et, en l’occurrence, le basket. D’ailleurs, et en général, le sport sur bitume est divisé en deux groupes distincts – qui, à Paris, finissent généralement par se mettre sur la figure : les pousse-cailloux du foot d’un côté, les dunkeurs de playgrounds de l’autre. D’un côté, donc, un sport historique, universel, et médiatisé depuis belle lurette ; de l’autre une activité ayant profité de l’explosion de la NBA au niveau international, et de l’arrivée dans les foyers des chaînes payantes. George Eddy a balancé dans la rue des millions de gamins. Et puis, il y a La Réunion. Sur le bitume, il se passe autre chose : comme Miami et sa pelote, le Bronx et son double dutch, La Réunion fait office de petite poche de résistance face aux mastodontes basket/foot, avec son handball. Direction donc le quartier dionysien de La Source. À quelques pas de là, le club de Château-Morange s’est fait construire un gymnase flambant neuf. Le quartier luimême possède un club de première division – Lasours – et, pas loin, Joinville fait office de formateur mythique (Daniel Narcisse y a

notamment fait ses gammes). De mémoire, on y joue au hand depuis des années ; Patrick Cazal, entraîneur de Dunkerque et champion du monde 2001 ne cesse de raconter ses souvenirs à longueur d’interview, lorsqu’il bousillait ses chaussures dans le coin, sur le dur goudron au lieu d’aller à l’école. Il reste, bien évidemment, des jeunes pour jouer au basket, et surtout au foot. La concurrence s’effectue avec les seconds qui ont eux aussi besoin de cages pour s’amuser. Le foot, c’est quasi universel. Ne nous y attardons pas. Pour les jeunes, en revanche, le sport par lequel tout commence, et surtout dans cette sorte de “triangle d’or” nommé plus haut, c’est le hand. “Oh, il arrive qu’ils partent en effet vers d’autres sports ensuite, comme le foot, sourit à peine un des éducateurs de Lasours, Johny Nourry. Disons qu’en venant de ce quartier, ils sont presque obligés de commencer par jouer au hand.” Car outre les entraînements du club, le petit terrain de quartier se remplit de jeunes qui viennent se prendre pour les idoles. On y tente les gestes vus à la télé. Et d’autant plus lorsque l’on sort de championnats du monde où – évidemment – la France a fait bonne fi-

EN MÉTROPOLE, JORDAN SUR CANAL+ NOUS A POUSSÉS À ESSAYER DE DUNKER DANS LA RUE. ICI, RICHARDSON ET NARCISSE À JOUER AU HAND.


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gure. Ces petits garçons, venus pour jouer avec les copains, se retrouvent souvent ensuite repérés par les clubs. D’autant plus dans ces quartiers réputés pour leur tradition handballistique, où la famille pousse, sans le faire exprès, à mettre des ballons dans des cages avec ses mains… Le hand est ancré dans la tradition sportive réunionnaise, pour des raisons qui nécessiteraient un numéro entier d’explications. Cela fait d’ailleurs tellement partie de l’ADN local que, lorsque nous avons contacté Valérie Delors, chargée de développement à la Ligue, pour lui demander pourquoi le hand était ici un sport de rue, elle a ri : “Je ne me suis jamais posé cette question !” Elle nous donne pourtant quelques pistes de réflexion. Et un mécanisme propre à tous les sports de rue : “Le hand est très développé dans certains quartiers de Saint-Denis, ou encore à Saint-Pierre. C’est évidemment lié au fait qu’à Saint-Denis, il y avait des stars comme Narcisse ou Cazal, et qu’à Saint-Pierre, il y avait Jackson (Richardson, ndlr).” L’apparition de Jordan sur nos écrans nous avait donc fait sortir dans la rue pour essayer de toucher le cercle du terrain du bas de l’immeuble. Le

modèle des héros handballeur a donc poussé les jeunes réunionnais à tenter roucoulettes et chabalas. Mais pas que : “Il y a souvent, dans les familles, une culture du hand, avec des parents, des amis qui y jouent ou y ont joué. Ça se transmet, c’est pour cela que les clubs bénéficient aussi de beaucoup de licenciés” En 2011, le handball était le quatrième sport comptant le plus de licenciés à La Réunion, derrière le foot, le tennis et la natation, selon l’Insee. En France, il n’est “que” sixième. Cause ou conséquence ? Les politiques des villes réunionnaises sont en tous cas plus propices à construire des aires où l’on peut jouer au handball (et au foot, au passage) qu’en Métropole. En effet, d’après les chiffres du ministère chargé des sports que nous nous sommes procurés, la part de ces équipements représente 17% du nombre total de lieux où l’on peut pratiquer du sport à La Réunion. En France, elle n’est que de 9 %. Autant dire qu’il y a de la place pour voir poindre de futurs handballeurs locaux, et que les parents n’ont pas fini de disputer leurs marmailles rentrant à la maison avec les coudes éraflés et les baskets trouées.


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LE JOU R O Ù…

6 JUILLET 1989 DÉBARQUE À LA SAINT-PIERROISE CONSIDÉRÉ EN FIN DE CA RRIÈ RE , L’INTE RNATIONA L CA ME ROUNA IS QUITTE LA D1 NATIONA LE POUR RE JOINDRE LA JS S P QUI LE RELANCE RA POUR DE UX COUPE S DU MONDE TEXTE LOÏC CHAUX ILLUSTRATION MATTHIEU DENNEQUIN

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oger Milla, ce sont deux images. La plus récente date de 1994 lorsque, contre la Russie en Coupe du Monde, il devient le plus vieux buteur de l’histoire de la compétition à quarante-deux ans. L’autre est devenue légendaire. On y voit Milla courir aux côtés de Roger Higuita, le gardien colombien, qui a raté sa sortie au pied. Le Camerounais lui inscrit un doublé, propulsant son équipe en quarts de finale du Mondiale 90, ce qu’aucune équipe africaine n’avait réussi auparavant. Sa danse au poteau de corner sera reprise dans des pubs vingt ans plus tard… À ce moment-là, celui qui va obtenir son deuxième Ballon d’or africain en fin d’année est titulaire d’une licence à la JS Saint-Pierroise, en première division réunionnaise.

UNE ÉPOQUE OÙ LE CLUB MET EN JEU DES VOITURES LORS DES TOMBOLAS.

Milla aurait dû arrêter le foot en 1989. Un an plus tôt, pour fêter la fin de sa carrière internationale à trentecinq ans, il avait jubilé devant plus de cent mille personnes à Yaoundé. Ne lui restait qu’un contrat à terminer en roue libre avec Montpellier en Première division française, et ce bon Roger pouvait prendre sa retraite, en juin 1989. Fin de l’histoire ? Non, début de la légende. La Saint-Pierroise de cette fin des années quatre-vingt du tout nouveau président Abdul Cadjee a des allures clinquantes. C’est une époque où le club met en jeu des voitures lors des tombolas. Où le foot transpire par tous les pores de la cité sudiste. Où l’on commence à parler d’“OM péi”. Chez les dirigeants de la JSSP, un certain Jo Amiel avait sympathisé avec Milla en Métropole. C’est lui qui va le convaincre de venir terminer sa carrière pépère à La Réunion, dans un club de quatrième division qui joue le titre régional. Il a six mois de contrat, une deuxième année en option. Unes des journaux, accueil triomphal à Gillot, Milla a le sourire de ces retraités sereins. Pendant qu’il découvre le championnat local, les Camerounais se qualifient pour la phase finale de la Coupe du Monde italienne de 1990. Le pays se dit alors qu’il aura besoin de son idole, et c’est carrément Paul Biya, le Président de la République, qui passe un coup de fil à Roger pour le convaincre d’enfiler à nouveau le maillot des Lions indomptables. Milla effectue son retour lors de la Can de 1990, éliminé au premier tour. Avant de partir, il avait rempilé pour six mois avec Saint-Pierre, qu’il avait emmenée au doublé championnat (le premier depuis onze ans !) – Coupe régionale de France fin 1989. Il surfe sur son passé, et conserve un statut de remplaçant luxueux avec sa sélection, sans avoir cassé la baraque à La Réunion : il avait mis deux mois à marquer ses premiers buts. Recruté pour jouer milieu de terrain et pour son expérience, il quittera la Réunion en avril, après avoir marqué sept buts en matches officiels. Direction l’Italie, pour un voyage qui se terminera le 1er juillet, sur un but de l’Anglais Gary Lineker dans les prolongations du quart de finale napolitain. Milla n’en aura pourtant pas encore fini avec sa sélection : il sauvera l’honneur du Cameroun face à la Russie et le quintuplé de Oleg Salenko, au premier tour de la World cup 94.



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