#26
GRATUIT
SEPTEMBRE - OCTOBRE 2015
POP CULTURE
BLACK HERO
SPORT
LA MARCHE DES CÎMES
PORTRAIT
ALAIN DJEUTANG
DESIGN
SANS VIS CACHÉE
LUI ET SON CONTRAIRE
STATISTIQUEMENT
EXTRAMUROS
LES JEUX DES ÎLES
ZIGZAG SONGEUR SOCIÉTÉ
GOSSE RIDER
I O M Z E H C DÉTA NOUVEAU PACKAGING TOUJOURS AUSSI ABSORBANT
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ÉDITO
JARDIN DE L’ÉTAT
GÉRARD, T’ES PUNI La mode est un cycle. Il en va ainsi avec le “vintage” (mot qui, par décret de la rédaction en chef de BuzBuz, a été prohibé dans ces pages), qui remet donc au goût du jour ce qui ne l’était plus depuis longtemps. Ainsi, pour les vêtements, le design, la bouffe, le ciné, la musique… et les prénoms. Sauf que pour nommer les enfants, la machine à remonter dans le temps fonctionne à plein, puisqu’elle nous ramène carrément au temps de nos grands-parents : on observe donc les naissances de petits Léon, Marius, Adèle, Charles, Alice, Rose… Et puisqu’il s’agit d’un cycle, il est temps de parler du futur. Nous donnons donc à nos enfants les prénoms de nos grands-parents ; nos enfants à nous piocheront sûrement dans les noms de nos parents pour leurs futur s marmailles. Vous commencez à nous voir venir. Cela paraît étrange aujourd’hui, mais dans quelques années, on enverra Patrick au coin, on demandera à Chantal de finir son cari et on sommera
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Jean-Pierre d’arrêter de boire du Cot toute la journée. Quant à Gérard, il aura intérêt de finir ses devoirs s’il veut avoir du dessert et s’il veut aller jouer au foot avec son copain Guy. PS : Pour ne pas nous fâcher avec notre hiérarchie, nous avons évité d’évoquer le cas du petit Pascal, qui, en 2039, aura la fâcheuse habitude de dessiner sur les murs. LA R ÉDACT I ON DE BUZ B U Z
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Pascal Peloux
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Modèle : Claire Chemisier : So Boutique Fleurs : Arflora Photo : Le Studio
Gwael Desbont, Morgane Fache, Le Studio
BUZBUZ MAGAZINE Bimestriel N° 26 Septembre - octobre 2015
DIRECTION DE LA PUBLICATION Pascal Peloux
IMPRESSION Graphica
PUBLICITÉ BuzBuz Magazine Ludovic Benard Tél. 0692 13 60 08 contact@buzbuz.re
ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 6110 Toute reproduction même partielle est interdite.
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LE NEZ DE H O RS TEXTES RAÏSSA SORNOM-AÏ, LIVY PHOTOS GWAEL DESBONT
UN ENDROIT AU POIL On a repéré un nouveau lieu cool et branché, confortablement aménagé de canapés Chesterfield capitonnés. Vous avez vu juste, un barbier-coiffeur a planté son studio dans une boutique de Saint-Denis. La barbe est sculptée à la tondeuse ou au coupe-chou traditionnel japonais, c’est à vous de choisir. Pour le style des coupes, du classique, à l’américaine, à la mode ou même avec des dessins personnalisés. Ramenez votre image et les pros manient leurs ciseaux… Une pointe de couleur est même envisageable ! Après s’être faufilés en douce, on vous l’assure, c’est bien un salon où l’on discute musique, moto et taille de barbe, entre hommes uniquement. STREETS BARBERSHOP, 35 RUE DE LA COMPAGNIE, SAINT-DENIS (DANS LA BOUTIQUE STREETS WEAR). OUVERTURE : LE LUNDI, 14H - 19H ; DU MARDI AU JEUDI, 9H - 19H ; LES VENDREDI ET SAMEDI, 9H - 20H. TEL. : 0262 58 21 84
UNE BOUTIQUE BIEN GAULÉE FAIT AVEC AMOUR Voilà un restaurant à tester absolument dans le Sud. Parce que c’est très bon et que tout est fait avec amour, de la déco à la cuisine. Et parlons-en, de cette cuisine familiale où, bien entendu, tout est fait maison, avec une importance particulière accordée aux produits, à la présentation, le tout arrosé de vins du monde accompagnant votre entrecôte ou votre magret, spécialités servies généreusement et de façon originale. Vous pouvez aussi tout simplement venir boire un verre au comptoir et déguster des pintxos. Une chose est sûre, quand on pénètre dans ce bistrot qui sert jusqu’à tard (notez-le), on plonge dans un univers simple et convivial… Un peu moins rock, quand même, que son homologue bordelais des Capus, les connaisseurs comprendront. LA LUNE DANS LE CANIVEAU, 1 BIS RUE AUGUSTE-BABET, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, 19H - 00H30. TEL. : 0262 01 73 66
Impossible de rater la devanture de cette nouvelle boutique de déco ! Des bananes, du rose bonbon, des objets à customiser, le tout sur fond tropicalisé. À l’intérieur, notez bien les repères : les “coups de cœur” sont marqués en blanc, et les créations marquées en noir. Justement, les fabrications sont faites à La Réunion, avec des touches arty ou humoristiques. Une marque dont la fibre ne vous échappera pas. Lampe Takamaka, Niagara ou Biberon, des noms de jolis recoins de l’Île mais surtout des objets inspirés par la tradition créole, commes des lambrequins, à vous de choisir la couleur de robe, du plus flashy au plus pâle. À côté de ça, vous dénicherez aussi du papier peint PQ, un porte-bananes, une lampe “Chaplin”… PARDON! HOME & LIFE, 55 RUE PASTEUR, SAINT-DENIS. OUVERTURE : LE LUNDI, 13H30 - 19H ; DU MARDI AU JEUDI, 9H30 - 12H30 // 13H30 - 19H ; LES VENDREDI ET SAMEDI, 9H30 - 19H. LIVRAISON POSSIBLE. TEL. : 0262 92 58 86
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ET BIEN D’AUTRES...
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LE NEZ DE H O RS
TOUT SE RÉPARE, LA PREUVE… Si vous ne connaissez pas encore les Réparali kafés, il est grand temps de découvrir ce concept : la réparation collective. Le principe est simple : vous venez avec vos objets cassés et des bénévoles “qualifiés” vous aident à les réparer. En plus des petits électroménagers et autres ordinateurs, de nouvelles spécialités ont vu le jour et, désormais, la couture pour réparer et customiser les vêtements est possible. Vous pouvez aussi les retrouver aux marchés de créateurs, aux rencontres alternatives et sur demande de certaines associations comme ATD Quart-monde. L’objectif : créer des Réparali pas loin de chez vous. REPARALI KAFE, RONDA DES FILAOS, SAINT-LEU. FREQUENCE : UN MERCREDI TOUTES LES DEUX SEMAINES, 18H. TEL. : 0692 32 11 10
UN QG QUI VAUT LE DÉTOUR
QUE LE TARTARE SOIT AVEC VOUS Pour un déjeuner sur le pouce qui en jette, on vous donne le nouveau plan : savourer des tartares fraîchement livrés à votre boulot ou chez vous. Vincent, celui qui a lancé le concept, est bien connu des fins gastronomes. Le Paraz’art, c’était son repaire. L’idée du tartare à livrer lui est venue lors d’une soirée. Depuis, ça cartonne ! Pour une touche résolument originale, la base classique est agrémentée de six sauces. Imaginez un tartare aux fruits de la passion ou encore assaisonné avec un duo ananas/coco. Du thon, de la dorade ou encore du marlin, c’est selon l’arrivage, débarqué directement de la Bonne Pêche à Sainte-Marie. Comme notre spécialiste du poisson joue à fond la carte de la qualité, les tartares sont servis avec un mesclun de salades et roquette et un petit pain individuel au pavot. MIEUX VAUX TARTARE, ZONE DE LIVRAISON : DE SAINTE-MARIE À SAINT-DENIS. LIVRAISONS : 11H - 12H30 (SELON LES ZONES) ; COMMANDE : 8H - 10H30 ; POSSIBILITÉ DE LIVRAISONS LE SOIR POUR UN MINIMUM DE CINQ TARTARES. TEL : 0693 50 25 39
On a déniché un endroit exceptionnel. Tellement authentique qu’on le garderait presque pour nous : un restaurant planté dans la fraîcheur de l’Île. Abdou, toque en wax vissée sur la tête, est le chef cuistot et instigateur de la bonne cuisine et de la convivialité ambiante. Sénégalais et voyageur, ses plats sont un concentré de produits du terroir, de la gastronomie française, de la cuisine africaine et du fait maison. Introuvables ailleurs, ses saveurs prônent le bon goût et la qualité. Chez lui, on se délecte aussi bien d’un cari la patte cochon, d’un duo de saumon et gambas servi avec d’excellentes frites maison, ou d’une belle pièce de bœuf de Galice. Amoureux des brocantes, son quartier général épate aussi pour son intérieur. De l’artisanat savamment bricolé, véritable lieu de vie d’artistes, ça vaut le détour. Foncez-y ou gardez précieusement l’adresse sous le coude pour un moment inoubliable ! Ô QG, 60 BIS RUE ALFRED-PICARD, BOURG-MURAT. OUVERTURE : DU LUNDI AU DIMANCHE, 7H - 22H. TEL. : 0692 48 22 80 OU 0262 38 28 55
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UN TEMPLE DE LA BEAUTÉ
Situé à Saint-Paul, Derma-Nüde propose ses prestations de “rajeunissemen “rajeunissement”, de maquillage permanent et surtout d’épilation définitive à la lumière pulsée. Maîtres mots dans cet institut de beauté : technologie, résultat et, bien sûr, détente et bien-être. Muriel vous y attend - mesdames et messieurs ! - dans un cadre sobre et élégant invitant au calme et à la volupté. En plus, le premier rendez-vous est gratuit, histoire de se rassurer et d’obtenir un devis. DERMA-NÜDE, 21C ROUTE DES PREMIERS-FRANÇAIS, SAINT-PAUL. OUVERTURE : LE LUNDI, 14H - 18H30 ; DU MARDI AU SAMEDI, 8H30 - 18H30. TEL. : 0262 91 92 61
DITES “OUI” !
Vous connaissez toutes la boutique Jordane Lou à Saint-Paul. Eh bien main maintenant, découvrez l’atelier du même nom, au-dessus de la boutique : un espace de 150 m2 dédié à l’univers de la mariée. Alexandra, talentueuse créatrice locale, vous y attend et vous propose trois univers : l’atelier de confection, le show-room “prêt-à-marier” où sont exposées les robes de mariée et de demoiselles d’honneur, et le boudoir, un espace cosy pour les essayages et pour recevoir les clientes. Votre robe de mariée sur-mesure n’est plus un rêve mais bien une réalité. M COMME JORDANE LOU, 16 RUE DU COMMERCE, SAINT-PAUL. SUR RENDEZ-VOUS. TEL. : 0262 96 02 44
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LE NEZ DE H O RS
DES PIZZAS COMME EN ITALIE Dentelle de mozzarella di bufala, base de tomates fraîches, roquette, tomate cerise et surpiqûre de parmesan. Ça c’est l’Italienne, une pizza comme on aime l’apprécier dans son pays d’origine. Sa pâte se façonne et s’étale à la main. Sa farine d’origine italienne est utilisée avec très peu de levure, de quoi se sentir léger après une pizza engloutie. Pour mettre la main sur cette merveille, on s’est posés au Delizia. Le pizzaiolo passionné, Anthony, a perfectionné son tour de main auprès de deux champions de France de la pizza, Thierry Gourreau et Robin Ricordel. Pour le reste, une bonne dose de produits frais et un brin de talent ! On salue d’ailleurs sa participation prochaine au “France Pizza Tour”, la compétition française qui découvre les meilleurs talents régionaux. Buon appetito ! LE DELIZIA, 81 RUE ROMAIN-ROLLAND, ZAC SAINT LAURENT, LA POSSESSION. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 11H30 - 14H // 18H30 - 21H. TEL. : 0692 25 46 07
LA BOULANGERIE DES GOURMETS À VOS MARQUES, PRÊTS… PILOTEZ ! Amateurs de sensations fortes, vous allez adorer le nouvel espace dédié aux courses virtuelles. Passionnés de sport automobile, Joévin et Frédéric ont lancé un concept unique ici. Destiné au grand public et aux pilotes confirmés, les six simulateurs dynamiques offrent une approche complètement nouvelle. Les circuits font référence aux spots du monde entier. Les clins d’œil aux routes de l’Île optimisent les performances des pilotes aguerris. Certains profitent même des configurations personnalisées des différentes voitures pour améliorer leurs performances réelles. Des spéciales sont même en cours de développement et en exclusivité. Le plus du lieu, l’accessibilité à tous. Dès cinq ans, les enfants peuvent s’adonner aux joies du pilotage et un équipement est prévu pour les personnes à mobilité réduite. SIMRACE, 1450 AVENUE DE L’ÎLE-DE-FRANCE, SAINT-ANDRÉ. OUVERTURE : DU MARDI AU DIMANCHE, 18H - 22H. TEL. : 0692 44 11 11 OU 0692 74 89 88
Cette – presque – nouvelle boulangerie de la capitale est pile dans les tendances du moment : cuisine ouverte façon fournil, atelier dégageant une odeur de pain chaud à faire tourner la tête de n’importe quel passant… Demandez le pavé de Perlin, un pain traditionnel d’une forme originale. Croquez le royal au beurre de cacahuètes, le cheesecake et parfois même un cronut ! Comme on raffole des burgers et des bagels, ici, c’est évidemment artisanal. Les pains sont préparés à l’avance et une fois garnis, vous les dégustez à emporter ou sur place. Justement, la déco de l’arrièresalle est carrément dans l’air du temps. Et bientôt, un concept inédit va transformer le lieu pour le plaisir des amoureux de la cuisine ! PERLIN PAIN PAIN, 43 RUE DE LA COMPAGNIE, SAINT-DENIS. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, 5H30 - 19H30 ; LE DIMANCHE, 5H30 - 13H. TEL. : 0262 23 01 21
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ART, C ULT URE URBA I N E E T M ULT I M ED I A TEXTES LIVY, ANNE CHANS, LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT, DR
SANS VIS CACHÉE LE TRAVAIL DU DESIGNER RÉUNIONNAIS MICKAËL DEJEAN SE FAIT SANS CLOU, SANS VIS. C’EST BEAU, D’ACCORD. MAIS SURTOUT UTILE.
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ickaël Dejean a grandi au Chaudron, étudié à l’École supérieure d’Art de La Réunion, puis à la prestigieuse École cantonale d’art de Lausanne. Ça, c’est pour le CV. Mais il fait quoi, maintenant ? Une table, Agrafe ; une série d’étagères, Allumettes. Et des objets, plein d’objets, autoproduits ou sur commande. Un jeu de lignes graphiques, toujours, mais de fixations, vis et autres points de colle, jamais. Mickaël fonctionne par maximes, beaucoup. Tout projet naît d’un assemblage de mots, avant le dessin : “Ma première démarche n’est pas de dessiner. Je crée une constellation de mots, des associations d’idées. C’est très instinctif, comme approche.” Il aime citer des sortes de mantras, particulièrement parlants : “Contempler, c’est une chose, retranscrire en est une autre” ; “Ce qui est lisible fonctionne, pas de vis cachée.” Un hymne à l’épure, à la simplicité, qui n’est évidemment pas simple à retranscrire. “La simplicité, cela demande de la réflexion. J’utilise l’“intelligence” des matériaux, que les assemblages fonctionnent et soient solides. Les meubles ne servent à rien si on ne peut les utiliser.” D’ailleurs, il retient de ses études, entre autres, son apprentissage “technique” : “C’est essentiel, la technique, c’est ce sur quoi on s’appuie pour créer. Ce qui est sur le papier doit exister.”
Ayant remporté des récompenses, ayant fait des apparitions au Paris Design Week, au Salon Maison & Objet, et avec quelques projets pour distribuer ses créations, Mickaël Dejean plaide pour son activité de designer… “C’est un vrai métier. Cela demande des connaissances dans beaucoup de domaines, un apprentissage. En ce sens, l’imprimante 3D, c’est un vrai carnage.” En effet, n’est pas designer qui veut. La suite ? Peut-être du design culinaire, des expos en son nom, et une incursion dans le béton, inspirée par le volcan de son île natale. Des “battles” de designers, aussi, puisqu’il fait partie du collectif de la Fédération française du design. Évidemment, toujours sans vis cachée.
LA RUE EN A3 De chez So Hype, on ne part pas qu’avec de chouettes fringues, des autocollants et un BuzBuz. Souvent, en plus, on sort de làbas avec le souvenir d’une jolie expo. La prochaine accueillera, comme à l’habitude, de l’art urbain. Car, comme le dit Steven, “Le magasin vend des vêtements qui se portent dans la rue. Avec ces expos, on fait le chemin inverse, on amène la rue dans le magasin.” Comme chaque année, Ant, des Pandakroo, sera de la partie. Cette fois avec le Lyonnais Monsta, qui revisite les dessins d’enfants de manière assez incroyable, et Mademoiselle Terite, adepte des collages et des découpes en tous genres. “On veut faire connaître des artistes, c’est pour ça qu’on leur fera de la place, et qu’on devrait exposer une trentaine d’œuvres.” Une seule règle : montrer des œuvres au format A3. D’où le nom de l’expo : A3. A3, DU 11 SEPTEMBRE AU 11 OCTOBRE À SO HYPE, 131, RUE JEAN-CHATEL, SAINT-DENIS.
LA TRADITION SUR LE SMARTPHONE
POUR FAIRE DES ÉCONOMIES !
Voilà une application qu’il faut avoir sur son smartphone pour respecter au mieux LA tradition créole par excellence, le piquenique. Avec Picnic péi, vous trouverez l’aire de pique-nique qu’il vous faut en fonction de votre situation géographique ou de critères spécifiques : montagne, mer, volcan, avec barbecue, toilettes, point d’eau… Une façon aussi de découvrir de nouveaux lieux. Alors marmay atrap zembrocal, rougail saucisses, cari volaille, ni sa pic nic chemin volcan…
Chez BuzBuz, on aime l’agréable, mais aussi l’utile. C’est pourquoi nous souhaitions vous parler de l’appli lapub.re qui permet de faire des économies. Économie de papier car vous pourrez lire désormais les prospectus sur votre ordi, tablette, téléphone. Et économies, car il s’agit de retrouver sur un seul et même site, les promos des enseignes locales autour de chez vous. Rien de bien glamour mais du bien pratique !
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JE BULLE, TU BULLES, IL OU ELLE BULLE, NOUS BULLONS…
Pas le temps de vous rendre à la boutique de Saint-Gilles ? Mais une envie folle de faire du shopping chez Rouge Céladon ? Eh bien maintenant, sans bouger de chez vous, c’est possible… il vous suffit juste d’une connexion et de votre carte bleue. Accessoires, déco, papeterie… Vous êtes à un clic de l’objet de convoitise sur rougeceladon.com.
On vous avait parlé dans le BuzBuz de février-mars d’une librairie-concept à Saint-Pierre pas tout à fait comme les autres et qui valait le détour. Et bien elle a désormais son site : lacabine.re. Vous saurez tout sur les événements, les enchères en ligne, les coups de cœur… Alors on zieute régulièrement et on vient rendre visite à Flore et Hippolyte à Saint-Pierre dès qu’on peut !
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DJ: MR THING (LONDON UK) DJ FORMAT (BRIGHTON UK) BLACK BEN KARL HUNGUS GRAFF: BRUSK (LYON FR) JACE PANDAKROO VJ: PIERRE MOULIN
BLACK BEN, PIERRE MOULIN ET KARL HUNGUS OFFICIERONT À LA WHAT’S UP DOCK ? #3 LE 4 SEPTEMBRE AU KABARDOCK, AVEC MR THING ET DJ FORMAT INVITÉS AUX PLATINES, TANDIS QUE BRUSK, JACE ET PANDAKROO SERONT AUX GRAFFS. L’OCCASION D’APPROFONDIR ENCORE SES CONNAISSANCES SUR LA “BLACK MUSIC”…
P. M. : Après, y a tout un tas de genres… Y a de l’horreur, y a de l’action, Blacula, Blackenstein… B. B. : Le but, c’était de mettre pour une fois le Black en héros. Le thème de ces films n’était jamais la musique, en fait… K. H. : Jamais ! Les thèmes, c’était le karaté, l’horreur, pas la musique. Le but, c’était justement de mettre les Afro-Américains dans un autre contexte que celui pour lequel ils étaient connus.
BLACK HERO DANS LES ANNÉES SOIXANTE-DIX, LE COURANT AMÉRICAIN DE LA BLAXPLOITATION A POSÉ L’HOMME NOIR EN HÉROS DE CINÉMA. ON EN A DISCUTÉ AVEC BLACK BEN, KARL HUNGUS ET PIERRE MOULIN.
Comme c’est désormais l’habitude, la rubrique “pop culture” a consisté en une discussion à bâtons rompus dont il a fallu tirer un sujet en particulier. Et comme nous sommes allés rencontrer les DJ Karl Hungus et Black Ben, ainsi que l’imagier Pierre Moulin pour palabrer autour de la “black culture”, nous nous sommes retrouvés à évoquer la blaxploitation, un genre ciné un peu foufou mais plus profond qu’il en a l’air. La blaxploitation, aujourd’hui, on la connaît d’abord par la musique ? Black Ben : Je ne sais pas pour les autres, mais moi j’ai commencé à collectionner les BO hyper tôt. C’est une des portes d’entrée. Il y avait même des BO mythiques de films qui ne sont jamais sortis ! Karl Hungus : Moi, j’avais chopé le premier, Sweet Sweetback’s Baadasssss, avec Melvin Van Peebles, le père de Mario… Je l’avais trouvé ici, à La Réunion, j’avais dit “wow !”
Et comment on en arrive à écouter, puis à regarder ça ? K. H. : Déjà, tu peux trouver ces références dans les films de Tarantino. Tu vois Jackie Brown, et du coup, tu te demandes pourquoi Pam Grier est mythique, tu découvres qu’elle a tourné dans un paquet de ces films… Après, souvent, les acteurs étaient aussi les chanteurs des BO. Pierre Moulin : Dans les années quatre-vingtdix, quand t’écoutais de la funk ou de la soul, t’allais pas trouver une cassette de blaxploitation chez le loueur du coin. On a pu commencer à s’y intéresser parce que des compiles de films sortaient, et tu pouvais trouver les films sur Internet, plus tard… Vous auriez une définition simple de ces films ? K. H. : Des films de Blacks, faits par des Blacks, dont le héros est un Black, et où le Blanc est un méchant. C’est tout le temps ça. Le héros, il a des supers femmes avec des énormes seins…
S’intéresser à ces films, c’est donc aussi s’intéresser à l’Histoire de la culture noire ? B. B. : Si tu prends un artiste que j’adore Gil Scott Heron, tu sens de la rage, et t’as envie de savoir d’où elle vient. K. H. : Si le Black, dans ces films, est érigé en héros, c’est justement en contestation de toute l’oppression qu’il a subie. C’est pour ça qu’il est ultra dominant, ultra cool, avec les femmes, le pognon... B. B. : À partir des années soixante-dix, beaucoup des artistes en vue, d’origines africaines, ont eu besoin de ce retour aux sources. Rappelle-toi de When we were kings, le documentaire sur le combat Foreman - Ali, où t’avais James Brown, toute la Fania, Celia Cruz… La blaxploitation a aussi suivi ce chemin : tu as eu un Shaft en Afrique…
DES FILMS DE BLACKS, FAITS PAR DES BLACKS Donc, de la culture qui vient d’Afro-Américains retourne en Afrique… Pour les films, mais aussi pour la musique ? B. B. : Non, mais tu as des mouvements hallucinants : le funk est né, je pense, en Amérique, et dans le même temps, t’as des Africains au Nigéria qui captent des radios américaines et qui se mettent à faire du funk… T’as une espèce de dialogue qui se crée. T’as notamment des artistes nigérians, c’est des Michael Jackson… […]
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DERRIÈRE LA PUB
FAIRE PARLER LES BÂTIMENTS
KAMBOO A EFFECTUÉ LA “MISE EN PATRIMOINE” DU DOMAINE DES TOURELLES, À LA PLAINE-DES-PALMISTES. EXPRESSION OBSCURE QU’IL NOUS EXPLIQUE, LUI QUI A GRANDE HABITUDE DE TRAVAILLER SUR LE PATRIMOINE. ENTREVUE LOÏC CHAUX
Comment définirais-tu le fait de travailler sur des bâtiments faisant partie du patrimoine ? Kamboo : “C’est un peu toujours la même problématique, ce sont des bâtiment muets, qu’il faut faire parler. Il faut donc que les gens entrent, qu’ils soient projetés dans une histoire, dans une époque.
PHOTO GWAEL DESBONT
PHOTOS LAURENT PANTALEON
Quelle a été la demande pour le Domaine des Tourelles ? K. : La directrice de l’association du Domaine des Tourelles, Lavinia Joseph, voulait faire une “mise en histoire” du lieu, tout en le plaçant dans son contexte, le bâtiment, les Hauts, les Plaines, la flore, l’Histoire, les Hommes… Mon travail s’est décliné en trois parties : la muséographie – qu’est ce qu’on va dire ?, la scénographie – comment on modifie l’espace ?, et le graphisme. Tu as donc “chapeauté” beaucoup d’intervenants différents ? K. : J’aime pouvoir travailler sur un projet complet, afin d’avoir une vision globale. J’ai donc travaillé avec des historiens, une paysagiste, des archivistes…
Comment a été pensé le parcours extérieur ? K. : Le but, c’est de faire circuler les gens. Pas forcément dans un parcours précis, ils ne vont pas toujours où tu penses, il vaut mieux qu’ils puissent picorer. Dans ce genre de lieu, on dit parfois qu’il s’agit, pour les gens, de “lire un livre debout”. Je parlerais, plutôt qu’un livre, d’un journal : il faut que les gens, en ayant juste vu les photos et les titres, aient compris les idées-forces. On remarque des plantes dans les totems, des petits animaux dans les jardins… K. : Le risque, dans ce genre de lieu, c’est d’être trop cérébral. Il faut l’être, oui, mais j’aime bien aussi ce petit décalage poétique. Il y a tout de même des passages obligés, comme des points historiques… K. : Oui, mais c’est important de fournir une information, de comprendre l’histoire de l’endroit où on est. Tu mets une grande photo, ça y est, tu vois immédiatement où tu te trouves, comment c’était avant. C’est mieux qu’un livre.
En amont, cela demande quel genre de travail ? K. : Pendant plusieurs mois, tu travailles sur un plan. Mais il faut aussi savoir se projeter à l’intérieur, je veux dire physiquement. Imaginer les couleurs, les lumières, savoir si ça va marcher ou non. Tu peux nous parler de la typo utilisée au Domaines des Tourelles ? K. : Il fallait être “historique” et “contemporain”. J’ai utilisé l’Émigre, en général. Sur des expos qui vont durer dans le temps, tu ne peux pas être “tendance”. J’ai essayé d’être élégant, sobre et intemporel. Essayé, hein…”
Pour voir le travail de Kamboo, et surtout, apprendre beaucoup de choses sur le Domaine des Tourelles et la Plaine-des-Palmistes, le site est ouvert les lundi, mercredi, jeudi, vendredi de 9h à 18h ; le mardi de 9h à 17h ; les samedi et dimanche de 10h à 17h.
DIRECTION DU PROJET : LAVINIA JOSEPH CONCEPTION, SCÉNOGRAPHIE & DESIGN : KAMBOO COMMISSARIAT HISTORIQUE : BERNARD LEVENEUR ET LORAN HOAREAU PHOTOS ET REPORTAGES : LAURENT PANTALÉON PAYSAGISTE : LAURENCE BRÉGENT / ZONE UP
* RCS : B 4 482 2 283 83 694 - Juillet 2015
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DERRIÈRE LA PO RT E
DU SANG SUR LA ROUTE LE S A NG E S T À S AIN T- D E N IS , LE S GE NS QUI E N O N T B E S O IN S ONT PA RTOUT. IL FA U T D O N C LE UR A ME NE R. E T V IT E , S I POS S IB L E . TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO MORGANE FACHE
UN GAIN DE TEMPS QUI NÉCESSITE DES ASTUCES
A
vant de commencer à vous expliquer quoi que ce soit, un petit point “code de la route”, et son article R415-12 : “En toutes circonstances, tout conducteur est tenu de céder le passage aux véhicules d’intérêt général prioritaires”. On les reconnaît à leur sirène “deux tons”, et à leur feu tournant bleu. Et outre la police, les pompiers – qui font pin-pon – et le Smur, comme on l’a appris en passant le code, il faut aussi laisser la place aux gens dont nous allons parler, qui sont en général quelque peu pressés. La société Symbiose médical assure justement le transport de sang, organes, échantillons et autres joyeusetés comme les produits explosifs ou dangereux. Nous nous cantonnerons à vous parler du sang : sur les quasi huit cents urgences vitales mensuelles, le transport du précieux liquide rouge est une partie très importante. Et puisque les poches sont conservées à Saint-Denis, et que les Réunionnais qui en ont besoin sont un peu partout, il faut le transbahuter. Rencontrer Eric Hermann, qui dirige Symbiose médical, c’est parcourir une armoire à souvenirs étonnante. Écouter ces histoires de voitures à fond de train sur la Route du littoral fermée à la circulation, suivies par
les caméras de la Direction générale des routes. Du Transal utilisé lors de la fermeture du pont de la Ravine Saint-Étienne. De ce Saint-Denis Saint-Pierre à toute berzingue pour amener du sang irradié à un grand prématuré… “Une urgence vitale, c’est trente-cinq minutes, nous précise monsieur Hermann. Oui, il faut aller vite. Je touche du bois : en un peu plus de dix ans, un seul accident.” Les conducteurs, en plus de permis spécifiques, ont des formations régulières de conduite rapide. Histoire de ne pas finir dans une ravine ou, pire, contre une autre voiture. Mais surtout, les diriger nécessite une organisation, disons, complexe. Que l’arrivée des GPS a grandement facilitée : “Avant, tout se faisait au téléphone. Maintenant, avec un logiciel de géolocalisation qu’on a développé, on peut savoir à n’importe quel moment qui est où.” Et là, on se retrouve avec, sur un écran devant les yeux, une carte de La Réunion parsemée de petites voitures. On y apprend leurs vitesses, la température des caissons de conditionnement… Toujours, dans le but de gagner du temps. Un gain de temps qui nécessite des astuces ; puisqu’une équipe de chauffeurs se trouve dans le Nord, une autre dans le Sud, et qu’il n’est pas question de déshabiller l’une ou l’autre région de l’Île, ils ont trouvé la parade : “Si j’ai besoin de sang dans le Sud, j’ai un chauffeur qui part du Nord avec la poche, un autre qui part du Sud. Ils se rejoignent sur la Route des Tamarins, et font le transfert sur un parking. Puis les deux repartent de leur côté.” On ne le sait pas toujours, mais les transporteurs de sang font partie de la chaîne des secours. Lors d’un accident grave, on entend parler des pompiers, des policiers… Mais on ne sait pas forcément qu’au même moment, toute une organisation parallèle se met en place pour qu’au moment de passer sur le billard, le blessé puisse faire le plein de sang frais.
On vous embarque !
Tartare ou carpaccio ?
Adorable dorade ! Astuces de poissonnier !
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ALAIN DJ E UTAN G
P ORTRA IT
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LUI ET SON CONTRAIRE ALAIN DJEUTANG EST AUMÔNIER. ET MILITAIRE. ET CHEF D’ENTREPRISE. ET ÉTUDIANT. ET PRÉSIDENT D’ASSOCIATION. ET ADEPTE DES CHEMINS DE TRAVERSE. TEXTE PIERRE FAUBET PHOTO MORGANE FACHE
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ecevoir le Mérite maritime français quand on vient des montagnes du Cameroun ? Assez improbable. Alain Djeutang a célébré l’événement il y a quelques semaines, sans sourciller. Il n’est plus à un paradoxe près. L’aumônier protestant du Port est ainsi né dans une famille catholique. Lui-même en fut d’ailleurs un fervent : enfant de chœur, séminariste, quand son père, polygame, “ne fréquentait pas beaucoup l’église du village”. À quarante-trois ans, l’homme de Dieu a déjà usé mille vies et pris tous les chemins qui se sont présentés à lui ; son CV ne tiendrait pas dans un livre. Une litanie d’aventures plus originales les unes que les autres que nous sommes contraints d’abréger, faute de pouvoir lui consacrer un numéro spécial. Actuellement au chevet d’un doctorat en sciences sociales, Alain Djeutang est tout autant un homme d’affaires avisé. Ainsi a-til fait fortune dans le passé avec un modèle inédit de jupes plissées. Une success story africaine aussitôt contrariée : alors qu’il venait de boucler la guerre du Golfe au Koweït, avec l’armée camerounaise, le patron couturier a pris le chemin des États-Unis qu’il a quittés avec un MBA dans la musette. Alain Djeutang n’a pas réintégré le monde
des affaires par la suite. Trop attendu, trop conformiste. Le trentenaire a préféré la... théologie. Trois années studieuses en Allemagne qu’il a donc fallu vite compenser. Le contre-pied dans l’âme. Alors pour s’assurer d’un maximum de contraste, il s’est engagé dans une école de missionnaires au Bénin. Un bateau-école qui lui a offert sa première expérience de navigation.
“TONDRE LA PELOUSE, ÇA ME DÉTEND.” Cette vocation-là ne s’est pas démentie depuis. C’est d’ailleurs en tant que missionnaire qu’il a posé ses valises sur notre île en 1999. Sauf que l’homme a évidemment enrichi la fonction. Il apprend au moins autant qu’il enseigne. Pour briser la routine, Alain Djeutang a obtenu quelques menus diplômes. Des masters en marketing, en ressources humaines, en administration des entreprises, en droit, et il en oublie. C’est lui, aussi, qui a rebâti le Centre d’accueil des marins au Port il y a quelques années.
Un point fixe, un repère pour les voyageurs, qu’il dirige depuis. Mais pas question d’attendre les visiteurs sur le perron. Le patron quitte plus souvent encore son foyer pour donner des conférences à travers le monde. Il s’envolera pour l’Australie le mois prochain. Mais d’ici-là, il aura tenu plusieurs assemblées générales dans les associations qu’il préside. En lien avec la mer ? Avec l’Afrique ? Pas vraiment, puisqu’il organise à temps perdu des concerts de gospel et des repas solidaires pour les SDF. Lorsqu’il ne célèbre pas des mariages civils à la demande, évidemment. “J’aimerais en faire moins mais je n’y arrive pas”, dit-il sans rire. Lui qui réussit le double exploit de répondre constamment au téléphone tout en calant un rendez-vous à l’improviste dans la journée. Le stakhanoviste ne garde que deux lignes vierges dans son agenda d’extraterrestre. Une pour son épouse et leurs deux enfants. “Si tu ne sais pas gérer ta maison, comment tu peux donner des conseils aux autres ?”, glisse-t-il dans un sourire en coin. L’autre pour son jardin. “Moi ce que j’aime, c’est tondre la pelouse, ça me détend.” Pour un marin, mari, militaire, chef d’entreprise, étudiant, président, directeur, aumônier, c’est original.
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MICRO- T RO T T ’ RECUEILLI PAR ANNE CHANS PHOTOS MORGANE FACHE
QUEL EST VOTRE GENTIL TOC ? VOUS CONNAISSEZ AMÉLIE POULAIN ? LA JEUNE FILLE ADORE PLONGER SA MAIN DANS UN SAC DE HARICOTS. TOUT LE MONDE A ÇA, UNE HABITUDE POUR SE DÉTENDRE, POUR SE FAIRE PLAISIR, POUR RÊVER... ET VOUS C’EST QUOI ?
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1 - Simon “J’aime mon rituel du matin, dire “bonjour” à mon chien Yéti.” 2 - Myriam “Je me détends devant ma machine à coudre. J’aime le bruit qu’elle fait.”
3 - Laurent “J’aime monter dans les Hauts pour partir en nature. L’une des choses que je préfère, c’est regarder les orchidées.” 4 - Agnès et Elena “J’aime me prendre en selfie !” “Moi, je joue avec mes cheveux pour m’’endormir.”
5 - Élisabeth et Jimmy “J’aime plonger ma main dans le sable.” “Je porte une protection au travail, à chaque fois que je l’enlève, je me touche les cheveux pour me rassurer.”
M I C R O- T RO TT’
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6 - Chloé, Franck et Samira “J’aime m’arranger devant le miroir.” “Prendre du temps à bien ranger mes cheveux.” “M’allonger sur mon lit en mettant mes jambes en l’air contre le mur.” 7 - Jean-Michel “Je ramasse des coquillages, ça me détend.”
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8 - Carole “J’aime me trouver un coin tranquille pour égrener mon chapelet. Au fur et à mesure, je rentre ainsi en moi-même.” 9 - Jean-Claude “Mon petit plaisir, c’est d’écouter à la radio et à la télévision les récits et documentaires de voyages. C’est grâce à ça qu’un jour, je suis parti en Italie.”
10 - J-B “Aller à la cueillette aux champignons, bien sûr. Sinon, il n’y a pas plus grand kif’ que de voir des étoiles dans les yeux des gens quand je fais des bolas.” 11 - El Chaarawy “Je mâchouille mon bracelet en plastique.”
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MODE STYLISME PASCAL MAQUILLAGE MEL MAKE UP PHOTOS MORGANE FACHE
THOMAS Sweat French Terry, tee-shirt, veste et pantalon Impérial, chèche Guess, boots Bunker,
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CLAIRE Robe en soie Toupy, sandales à talon en cuir noir Samsœ, gilet zippé à capuche Free People, collier à plumes et perles turquoises,
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LUXE, EXOTISME ET SÉRÉNITÉ Ce havre de paix alliant tout en finesse l’élégance contemporaine au charme du patrimoine créole doit son nom à la perle d’Akoya, trésor des terres d’Asie, reconnue pour sa pureté, sa douce couleur nacrée et la perfection de sa forme. Ces influences éclectiques s’expriment avec subtilité dans les choix architecturaux de cet établissement cinq étoiles qui offrent à ses visiteurs une immersion dans un univers à la croisée du luxe, de l’exotisme et de la sérénité. L’Akoya Hôtel***** & Spa invite ainsi ses hôtes au sein d’un sublime écrin dédié au confort, au bien-être et à la détente.
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SOCIÉT É
GOSSE RIDER LES PETITS MECS EN SCOOTER PARFOIS UN PEU FOUFOUS FONT PARTIE DU PAYSAGE ROUTIER RÉUNIONNAIS. ON SE DOUTAIT QU’IL Y AVAIT TOUTE UNE PHILOSOPHIE DERRIÈRE, ON EST ALLÉS VOIR ÇA. ET PARFOIS, ÇA FAIT UN PEU PEUR. TEXTE NICOLAS GOINARD PHOTOS MORGANE FACHE
S O CIÉ TÉ
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ntre les bâtiments du quartier RicoCarpaye au Port, un son se propage. Au pied d’un immeuble, quatre jeunes écoutent. Le bruit de tondeuse à gazon se rapproche et repart. “Sa lé d’origine.” L’avis est tranché, le son est connu. La mécanique, ici, on tombe dedans petit. On bricole, on rafistole. Éric est de ceux-là. Le jeune homme traîne son scooter blanc et vert du côté de chez Motors, un magasin spécialisé où se pressent les marmailles qui veulent gonfler un peu leurs petites bécanes. Lui s’en défend. “Pour moi, ce qui compte, c’est l’esthétique.” Il a changé le carénage et, tout de même, le pot, pour un gain de quelques kilomètres par heure. “Il monte à soixante-dix, pas plus. Je m’en sers juste pour aller au travail.” C’est déjà trop. Depuis un an et demi, gendarmes et policiers veillent au grain avec cet outil magique qu’est le curvomètre. Un tapis roulant sur lequel est placé le bolide, et qui est chargé de
“ mesurer la vitesse. Au-delà de 45 km/h, la machine est suspecte. Après 70 km/h, c’est plus que louche et le bolide est immobilisé. “Il y en a qui peuvent atteindre les cent soixante”, note Philippe Haw-Shing, le gérant de Motors. “Je leur dis que c’est dangereux, que ce n’est pas fait pour ça, mais les jeunes n’y pensent pas. Ce qu’ils veulent, c’est la performance, la vitesse. Les freins de ces scooters ne sont pas faits pour les arrêter à cette allure. Ce sont des cercueils roulants. Il y a des scooters plus faciles à débrider que d’autres. C’est le cas des MBK, Piaggio et Yamaha. En une simple manipulation, ils peuvent déjà atteindre les 80 km/h.” Les scootéristes disposent de nombreux arguments, pour gonfler les moteurs, qu’ils servent au vendeur. “S’ils se font agresser, ils veulent pouvoir fuir facilement. Ils estiment aussi que rouler à quarante-cinq n’est pas sécurisant. Pour monter dans les Hauts, aussi, un 50 cc, c’est assez limité.”
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CE QU’ILS VEULENT, C’EST LA PERFORMANCE, LA VITESSE. LES FREINS DE CES SCOOTERS NE SONT PAS FAITS POUR LES ARRÊTER À CETTE ALLURE.
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Le gérant essaie surtout de faire porter des casques à sa jeune clientèle. Mais ce n’est pas gagné. Sur sa vitrine, il a placardé une petite affiche encourageant à ne pas rouler la tête nue. Philippe conclut : “La vie vaut plus qu’un casque.” C’est beau comme un slogan de la Prévention routière. Dans les rues du Port, depuis quelque temps, les deux roues motorisés, comme on les appelle, se font moins nombreux. On y croise davantage de vélos. Beaucoup trop à notre goût. À croire qu’en cette fin de mois de juillet, le Tour de France a fait des émules. Stéphane, trente-quatre ans, et ses dalons assis sur des marchepieds, y voient une autre explication : “La loi est partout. Y a trop de police, les jeunes ont peur.” Ils font référence à ce contrôle organisé début juillet qui avait déclenché le courroux d’une partie de la jeunesse portoise, demandant des comptes devant le commissariat par une manifestation improvisée. Treize bécanes avaient été immobilisées et une cinquantaine de jeunes scootéristes ou proches de scootéristes étaient venus crier à l’injustice devant les grilles de la police. Des menaces de mort avaient fusé en direction des fonctionnaires, bien connus des jeunes. C’est dire si le scoot est un sujet sensible et un outil sacré pour les gamins du
MAIS IL A TROIS VIES, LUI. C’EST LE PLUS FOU DU PORT. IL VA DANS TOUS LES QUARTIERS ET FAIT DES FIGURES.
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Port. “Nous, on fait ça pour s’amuser. Les policiers perdent leur temps à venir nous voir, ils pourraient courir derrière les vrais délinquants au Port. S’ils cherchent, ils vont en trouver plein”, avait justifié ce gosse, en marge de la comparution immédiate durant laquelle ses potes étaient jugés pour avoir promis aux policiers un retour de bâton. Stéphane, lui, s’en fout un peu. Bas de survet’ satellite, chaussettes dans ses sandales, lunettes de cycliste sur le nez, il raconte : “J’ai été arrêté quatre fois. Mais je roule. Quand je suis sur la route, je mets toujours mon casque.” Son scoot, pas esthétique mais efficace, le promène depuis huit ans, presque neuf, dans toutes les artères portoises. Il peut le pousser à 100, mais ne fait pas de course. Pas son truc. L’un de ses camarades passe : “Lui, c’est un pro du bricolage.” Stéphane touche aussi sa bille en mécanique. Jamais il n’emmène sa bécane chez un garagiste. Il se débrouille, réalise lui même les révisions. “J’ai appris tout seul.” Il se met sur le trottoir où on l’a trouvé, à côté d’un mur tagué d’un “Je t’aime”. Et il fourre ses mains dans le cambouis, “dans son moteur, il tripatouille” comme le chantait Renaud. Un dalon de Stéphane lâche : “C’est normal qu’on fasse des pousses. On a grandi avec Taxi.”
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“ Quand ils ne sont pas assez doués pour les réglages et les modifications, ces gamins se pressent dans les quelques garages marron que la ville compte. Un gérant d’un magasin offre une façade officielle en journée et une autre officieuse connue de tous sur son temps libre. Dans une cour, il fait quelques heures sup’, aidant les marmailles à se faire des frayeurs. En cherchant un peu, des bricoleurs ouvrent des ateliers officieux pour gonfler les bécanes un peu partout dans l’Île. On évoque Saint-Gilles-les-Hauts, Le Tampon, Saint-Benoît… À Saint-Denis, au Chaudron, dans le secteur de l’avenue Eudoxie-Nonge, un de ces garages non déclarés prépare autos et scooters. Le “patron” est peu prolixe. S’il veut que son business dure, il doit être discret. Il reconnaît néanmoins qu’il ne “chôme pas avec les gosses du quartier qui veulent toujours aller un peu plus vite.” Deux enfants, visiblement très jeunes, descendent l’avenue Raymond-Vergès, au Port, qui traverse de part en part la ZUP 1. Leur deux-roues file. Plutôt, il fuse. Ils n’ont pas de casque. Ils sont ados et sont loin de penser qu’une bagnole ou un bord de trottoir peut les arrêter en pleine vie. Ils sont beaucoup
QUAND ILS NE SONT PAS ASSEZ DOUÉS POUR LES RÉGLAGES ET LES MODIFICATIONS, CES GAMINS SE PRESSENT DANS LES QUELQUES GARAGES MARRON QUE LA VILLE COMPTE.
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dans ce cas. Chaque dimanche soir, sur le boulevard de Tamatave au Port, la peur des flics est bien loin. À cul des voitures, les “teams” bricolent, préparent. Si on a l’impression que tout est improvisé, c’est bel et bien organisé. “On arrive vers 16h30 et on reste jusqu’à la tombée de la nuit”, explique Giovanni. Lui ne court pas. Il regarde depuis son siège de scooter. Son casque ? “Ça aplatit les cheveux et je fais attention, je ne vais pas trop vite.” Des filles sont là, en simples spectatrices. Depuis quelques minutes, un motard – un vrai – se montre en spectacle sur son gros cube. Une Triumph. Il ne porte pas de protection, si ce n’est un casque. Avec la vitesse, son t-shirt laisse apparaître son dos. “S’il chute, il est mal”, reconnaît un des gamins présents ce soir-là. “Mais il a trois vies, lui. C’est le plus fou du Port. Il va dans tous les quartiers et fait des figures.” Il vient de passer en wheeling (sur la roue arrière), ne tenant le guidon que d’une main et saluant la foule d’un doigt d’honneur de l’autre. Tous se marrent. “Il est fort ! Son père fait la même chose.” C’est le seul motard à zoner dans le coin. Les autres sont affairés sur leurs scoots.
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“ Chez le team BHP de Saint-Paul, on cherche la panne. L’un est chargé de réparer, la main dans la caisse à outils. L’autre teste sur route. Le testeur : “Il bafouille encore. Après ça va, mais au départ, il bafouille.” Une voiture de police passe là au même moment. “La loi tourne, ça ne va pas durer longtemps, ce soir.” La bagnole des flics est encadrée comme pour les narguer, d’un scootériste sans casque devant, et d’un autre dans le même genre, derrière. Ils achètent la paix sociale en laissant faire cette fois-ci. “Quand on passe comme ça, c’est pour dissuader les courses. On n’est pas assez nombreux pour faire des contrôles, alors on tourne et on essaie de dissuader. Cela permet d’éviter les prises de risque”, dit un policier. Malgré les rondes policières, deux gamins s’élancent en direction du rond-point marquant le point de départ du boulevard de Tamatave. D’un giratoire à l’autre, sur route ouverte, ils poussent leurs machines. À ce jeu-là, c’est le scooter noir piloté sans casque qui gagne à tous les coups. Pas moyen de vérifier la vitesse, les compteurs allant jusqu’à 80 km/h. L’aiguille est au taquet. “Le record sur ce boulevard, c’est 145 km/h...”, nous dit-on. Mesuré comment ? “Par une voiture qui roule
ON N’EST PAS ASSEZ NOMBREUX POUR FAIRE DES CONTRÔLES, ALORS ON TOURNE ET ON ESSAIE DE DISSUADER. CELA PERMET D’ÉVITER LES PRISES DE RISQUE.
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à côté. Sur la quatre-voies, on est allés jusqu’à 160, comme ça.” En recherche d’aérodynamisme, les pilotes disparaissent derrière la machine, la tête plongée dans le guidon, jetant brièvement un œil sur la route et un autre sur l’autre concurrent. À la moindre chute, c’est le drame. “Il n’y a jamais eu d’accident” nous promet le préparateur. “On change les freins. On met des gros disques et des grosses plaquettes qui correspondent à la vitesse atteinte. Équiper un scooter comme ça, ça coûte 4500 euros pour une machine qu’on a payée 2800 euros. Dans les familles, dès qu’on a les moyens, on s’équipe. Quand ils grandissent ces jeunes passent sur la préparation des voitures, c’est une passion comme une autre” affirme un des gars de BHP. Lui, a eu sa première bécane à l’âge de quatre ans. “C’était une petite Honda Piwi 50 cc.” Les flics repassent. Cette fois-ci, c’est un camion de la Compagnie départementale d’intervention (CDI). Ces fonctionnaires ne sont pas à résidence sur le Port mais viennent en renfort quand c’est jugé nécessaire. Le dimanche soir, le rendez-vous est connu. Ils ont la consigne de ne pas “chasser” derrière les scootéristes qui n’auraient
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“ pas de casque. La consigne est verbale, pas écrite. “On nous accuserait de manquer de discernement si on poursuivait des jeunes, sans casque, qui refusent de s’arrêter quand on leur demande. On mettrait leur vie en danger. L’idée est d’éviter le pire”, explique ce policier. Surtout qu’en moyenne, seul un scootériste sans casque sur dix accepte d’obtempérer. Le flic poursuit : “C’est GTA. Si on fuit devant la police, on prend du galon dans la bande de copains.” Ce soir-là, au Port, on vient de Saint-Louis, de Saint-André. “Il y a un point de rendezvous partout dans l’Île” lance ce Portois. “On va à Saint-André, Saint-Denis, Saint-Pierre et Le Port. Y a pas vraiment de leaders. Les teams portent les noms des garages chez qui ils se fournissent” relate ce pousseur. La piste pour rentrer dans la légalité ? “C’est trop cher. Il faut payer l’entrée, payer une licence, puis ce n’est pas la même chose. C’est pour ça que des pistards viennent là. On ne fait pas de courses avec des virages, on teste juste la puissance des moteurs.” David Mété, chef du service addictologie du CHRU Félix-Guyon a étudié le sujet : “Ces jeunes qui roulent sans casque, à des
ÉQUIPER UN SCOOTER COMME ÇA, ÇA COÛTE 4500 EUROS POUR UNE MACHINE QU’ON A PAYÉE 2800 EUROS. DANS LES FAMILLES, DÈS QU’ON A LES MOYENS, ON S’ÉQUIPE.
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vitesses folles, on appelle ça un comportement ordalique qui consiste à prendre des risques et à jouer avec la mort. À La Réunion, les pousses, très prisées par des hommes, plutôt jeunes, entrent dans cette catégorie.” Un comportement suicidaire qui peut être soigné par des séances de psychanalyse visant à une prise de conscience. “C’est très à la mode avec les succès de films comme Fast and Furious”, conclut le médecin. Les autorités s’intéressent d’autant plus à ce phénomène de mode que depuis le début de l’année, la moitié des morts sur les routes de l’Île circulaient sur des deux roues. En juin, six pilotes de cyclomoteurs et sept conducteurs de motos avaient perdu la vie depuis le mois de janvier, sur vingt-six décès au total dans des accidents. Un nouveau fourgon de police passe sur le boulevard de Tamatave. Les casques sont mis, ou pas, et tout le monde disparaît dans un énorme vrombissement. Cinq minutes plus tard, le boulevard et la voie portuaire, sur le front de mer, ont retrouvé leur quiétude. Les coureurs à pied font leur jogging et les familles préparent le cari du soir. Le silence règne... jusqu’au prochain dimanche.
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STATIS T I Q UE M E N T TEXTES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS FREDDY LECLERC
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Mayotte a remporté ses deux premières médailles d’or aux Jeux lors de cette édition, dans les épreuves masculines du javelot et du saut en longueur.
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LES JEUX DES ÎLES DE L’OCÉAN INDIEN
La nageuse réunionnaise Alizée Morel a remporté huit médailles d’or, participant au quart du total des médailles d’or remportées par La Réunion en natation.
Deux disciplines n’ont pas vu de femmes participer : la boxe et le cyclisme.
Sur quatorze disciplines, La Réunion en a dominé huit.
24,4
C’est l’écart de buts moyen en faveur de La Réunion lors des victoires de l’équipe féminine de handball. Pour les garçons, il n’est “que” de 17,5 buts.
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Dix villes réunionnaises ont accueilli des épreuves. Les villes des Hauts et du sud-est ont juste vu passer la flamme.
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C’est, en minutes, le temps pendant lequel les athlètes Comoriens sont restés dans le stade olympique lors de la cérémonie d’ouverture.
38%
C’est la part de la natation dans le nombre de médailles d’or réunionnaises. Sans cette discipline, La Réunion serait derrière Maurice au tableau final des médailles.
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EXTRA M URO S
ZIGZAG SONGEUR LA VILLA DES SONGES, À LA MONTAGNE, DONNE UNE IMPRESSION DE ZIGZAG. VUE DU DESSUS, C’EST LA FORME DE SON PLAN, UN CHOIX ESTHÉTIQUE ET IMPOSÉ PAR LA PENTE DU TERRAIN. À L’INTÉRIEUR, DE GRANDS ESPACES. TEXTE ANNE CHANS PHOTOS GWAEL DESBONT
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uand on entre dans la “Villa des songes” à La Montagne, on comprend le concept de “boîtes qui s’imbriquent”, que nous explique son propriétaire. On pénètre dans la première avec le salon, la cuisine à gauche. À droite, une large salle à manger s’insère perpendiculairement dans le cube salon-cuisine. Cette boîte-là contient aussi deux chambres entre lesquelles vient se placer une salle de bain pour les enfants. Cette discrétion est recherchée par les architectes. La troisième boîte, celle de la “suite parentale”, devait être dissimulée derrière une porte qui, une fois fermée, se serait fondue dans le mur ; une proposition finalement refusée par des propriétaires trouvant l’aspect “un peu brut”. Une porte coulissante fait très bien l’affaire. Revenons dans la cuisine. Elle s’ouvre sur un petit deck ayant permis l’installation d’une table et de chaises. Il se prolonge en couloir, permettant de rejoindre la salle à manger. Le fameux deck n’est pas que pratique ; il est aussi esthétique. La villa est entièrement en bois, donc surélevée d’au moins quarante centimètres du sol. L’avancée boisée sert de prolongement naturel au bâtiment. Mais le choix a été fait de ne pas créer de grandes vérandas : “Ici, nous avons pris l’option d’une chaleur solaire passive, avec de larges baies vitrées, explique l’un des architectes. La lumière du soleil couchant permet ainsi de réchauffer
le cœur de la maison.” Passif, passif, c’est vite dit : en rigolant, les occupants parlent plutôt de système “actif”, vue son efficacité. Entrons donc dans la “suite parentale”, vocabulaire d’architectes. Une armoire centrale sépare la chambre à coucher de la salle de bain. On y découvre un des deux petits jardins intérieurs. “Cela nous permet d’adsorber certaines infiltrations d’eau”, décrit l’un des architectes. Quatre de ces jardins étaient prévus, mais finalement, “Cela reste compliqué à entretenir”, justifie la propriétaire. Rien n’empêche les propriétaires de rêver, mais la “Villa des songes” fait surtout référence à cette végétation intérieure. La façade sud de la suite, donc, ainsi que celle du salon, sont composées de fenêtres à lames. Celles-ci permettent une ventilation traversante. Ventilation facilitée par le fait que les architectes ne sont “pas des grands fans des portes.” Ainsi, à l’exception des chambres et de la salle de bain des enfants, toutes les pièces communiquent entre elles sans entrave. On a un peu menti. Il n’y a pas que du bois, il y a aussi du zinc. Le matériau est utilisé pour de larges ouvertures que l’on retrouve sur la terrasse et comme fenêtre de la mezzanine du salon. Dernière chose remarquable du bâtiment, son plan en zigzag. Si vous la survoliez, la forme vue de dessus vous ferait penser à plusieurs “s” imbriqués, donnant ainsi une impression de continuité.
EXT R A MU RO S
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MA BULLE ENTREVUE LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT
HÉTÉROCLITE, PAS BORDÉLIQUE BUZBUZ EST ALLÉ CETTE FOIS CHEZ KARINE ET PASCAL, NOTRE DIRECTEUR DE PUBLICATION. PAS POUR FAIRE PLAISIR, MAIS PLUTÔT PARCE QUE LEUR DÉCO EST CHALEUREUSE, ORIGINALE… ET BIEN RANGÉE.
M A BU L L E
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L’INTERVIEW EXPRESS
MON OBJET PRÉFÉRÉ
Quel est ton endroit préféré de la maison ? Le salon. Parce qu’il y a la télé avec les matches de foot, oui, mais surtout parce qu’on s’y sent bien, la pièce est chaleureuse, par sa petite taille et son parquet. Vous êtes tous les deux bordéliques ou ordonnés ? Ordonnés, sans être psychorigides non plus. Quel est l’objet pour lequel tu pourrais craquer ? Une station Böse, avec des enceintes à répartir dans toute la maison. J’adore écouter de la musique, et le son de Böse a une chaleur que les autres n’ont pas. La chose la plus insolite qu’on trouve chez toi ? Un mesureur de pénis, que j’ai dans les toilettes. Ça surprend toujours les gens quand ils y vont… Si tu n’avais qu’un seul objet à garder ? Ma lampe Arco. C’est la première lampe que j’ai pu acheter en ayant économisé. J’en rêvais. Qu’est-ce qu’il ne pourrait pas y avoir dans ta maison ? Les housses en plastique sur les canapés, qu’on voit parfois… Ou le papier d’alu sur les plaques de cuisson… Le dernier objet que tu as acheté ? Un chevalet, pour faire de la peinture. Si tu devais aller dans une autre maison, elle serait comment ? Une maison super fonctionnelle, simple, où tout à été pensé. Pas forcément très grande, mais pas tortueuse, sans étage, sans couloir et peu de pièces. Si tu devais aller à un autre endroit ? L’Étang-Salé-les-Bains. Ça m’a l’air paisible, comme une petite enclave. Et il n’y a pas que la mer, j’ai l’impression qu’il y a une âme. Quel est ton objet préféré ? Une tête de zébu faite avec des emballages de lessive. C’est un copain qui m’avait ramené ça d’Afrique du Sud. Elle est faite par un jeune designer africain. Comment tu choisis tous tes objets ? C’est l’aspect visuel qui m’attire. J’aime les références à la pop culture. Tu aimes cuisiner quoi ? Le poulet rôti. Ça me rappelle le repas de chez mes parents le samedi. Le poulet-frites, ça représentait le début du week-end. Tu lis quoi en ce moment ? Prenez votre santé en mains ! Un pote me l’a conseillé. On parlait d’équilibre au quotidien, de petits détails pour prendre soin de soi, et de ce bouquin. T’apprends plein de trucs. Tu devrais le lire.
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ÇA SE PAS S E LÀ- BA S TEXTE LIVY
BOULOT, ÉCOLO, RIGOLO, VÉLO… CES QUELQUES MOTS DONNENT LE TON D’UN CONCEPT NOVATEUR, “LES BOÎTES À VÉLO”.
QU’EST CE QUE C’EST?
POURQUOI C’EST GÉNIAL?
“Les Boîtes à vélo” est un collectif français réunissant des gens qui créent leur entreprise autour d’un mode de transport doux, le vélo.
D’abord car cela a un impact positif sur l’environnement. Cela permet aussi de développer des initiatives entrepreneuriales innovantes et locales. Surtout, grâce au collectif, les futurs entrepreneurs sont aidés et appuyés dans leurs démarches. On retrouve un libraire à vélo, un bar, un coursier, un transporteur/déménageur, un cafetier, une sandwicherie …
D’OÙ ÇA VIENT ? Il paraît que c’est français et plus précisément nantais. En 2012, quatre entrepreneurs avec des métiers différents mais ayant la passion du vélo en commun ont décidé de se lancer… Un an plus tard, une dizaine d’entreprises à vélo sillonnaient les rues de Nantes. Une ville assez plate, concédons-le.
ET À LA RÉUNION? Pas forcément en vélo mais il y a déjà dans nos rues des petits commerçants ambulants qui circulent. Un problème, cependant : les villes réunionnaises ont du dénivelé. Avec la démocratisation des vélos électriques, pourquoi pas ?
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CULTU RE G TEXTES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN
Du XVIe au XVIIIe siècle, les marins Hollandais, puis les colons français, ont mangé toutes les tortues endémiques de Rodrigues.
Juste avant de rentrer dans les ordres, le futur pape François était fiancé. Selon son ex‘, il lui aurait écrit, après que ses parents aient découvert – et désapprouvé - leur relation : “Si je ne me marie pas avec toi, je deviendrai curé.”
À l’origine, les Irlandais creusaient des navets pour Halloween. En émigrant aux États-Unis au XIXe siècle, ils ont creusé ce qu’ils ont trouvé sur place, des citrouilles.
En 1954, la mairie de Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse) a pris un arrêté “interdisant aux Ovnis d’atterrir sur la commune”, et qui est toujours en vigueur.
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Un stylo Bic permet théoriquement de tracer un trait de deux kilomètres de long.
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PUISQU’ON NOUS LE DEMANDE SOUVENT : OUI, CE QUE VOUS TROUVEZ SUR CETTE PAGE A ÉTÉ VÉRIFIÉ, ET REVÉRIFIÉ. VOUS POUVEZ DONC BEL ET BIEN VOUS EN SERVIR POUR FAIRE LES MALINS.
Lors de sa première observation à Maurice, les Hollandais ont appelé le dodo “walgovel”, littéralement “oiseau répugnant”, en référence au goût de sa chair.
Cilaos est la commune réunionnaise dont la création est la plus récente, puisqu’elle a été détachée de Saint-Louis en 1965.
Si Mayotte compte, comme les chiffres officiels le disaient en 2012, 212 645 habitants, alors chaque Mahorais – tous âges confondus - a consommé cette année-là 246,9 kilogrammes de riz, puisque 17504 tonnes avaient été alors vendues sur l’Île. Plus sûrement, les habitants de Mayotte sont – beaucoup – plus nombreux.
Le vélo en acier du premier vainqueur du Tour de France, en 1903, pesait vingt kilogrammes.
Le véritable cri de ralliement des Mousquetaires, dans le roman d’Alexandre Dumas, est : “Tous pour un, un pour tous”.
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SPORT
LE SPORT, C’EST DES MUSCLES, PEUT-ÊTRE. MAIS SUR DES EFFORTS LONGS, ON NE SE DEMANDE JAMAIS CE QUI PEUT BIEN PASSER DANS LA TÊTE DES SPORTIFS. NOUS, SI. TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS MORGANE FACHE - THINKSTOCK
C’
est une anecdote dont seuls les puristes de la natation ont entendu parler. L’immense nageur de fond Grant Hackett, lors des championnats d’Australie en petit bassin à Perth en 2001, qui se perd complètement sur le 1500 m. Soixante longueurs : il n’a pas compté, n’a pas entendu la cloche annonçant le dernier aller-retour ; il bat le record du monde de neuf secondes en touchant avec les pieds, ayant effectué sa culbute pour repartir… et nager cinquante mètres de rab’. Trop concentré sur sa nage ? Sur ses adversaires – pourtant très loin ? Mais à quoi pensait-il donc ? Cette question, nous l’avons posée à quelques sportifs réunionnais. Nous ne leur avons pas demandé à quoi pensait Grant Hackett, évidemment. Plutôt sur ce qui leur passe dans leur caboche à eux quand ils pratiquent de longs efforts. Ceux avec qui nous en avons discuté nous le confirment : plein de choses. Très rare, cependant, l’ennui. Qu’on retrouve peutêtre seulement dans les efforts collectifs : “Dans un peloton, si la course est bloquée, que tu ne peux pas sortir parce que tu as des mecs devant, tu peux t’ennuyer, oui…”, sourit
Emmanuel Chamand, coureur cycliste réunionnais vainqueur du contre-la-montre des Jeux des Îles en août. Un ennui qui disparaît avec l’effort solitaire. “Si tu commences à t’ennuyer sur des efforts solo, faut faire autre chose”, assène Pascal Blanc, spécialiste des trails ultra-longs, et coach. La pensée des sportifs semble bien sinueuse. Sur un effort long, elle part un peu dans tous les sens. Emmanuel Chamand : “Sur un chrono, je commence à fond, sans réfléchir. Puis tu prends ton rythme, tu penses à ta respiration, à ta cadence, à ton braquet. Tu as des flashes, aussi, de tes proches, de tes parents, de gens disparus… Puis, dans les derniers kilomètres, tu deviens con, tu penses plus à rien, t’es en mode “robot”. Aux Jeux, j’ai débranché mon cerveau, je criais sur mon vélo, et je ne m’en rendais même pas compte.” Comme Peter Pan essayant de s’envoler, Emmanuel nous parle donc de pensées heureuses pour améliorer la performance. Pascal Blanc assure que pendant la course, “il ne faut pas hésiter à sourire.” Anne-Marie Nedellec, triathlète spécialiste des longues distances, fait la même chose : “Dans les moments de
ILS PENSENT AUX PROCHES, À L’ENTRAÎNEMENT, AUX PETITS OISEAUX… OU À RIEN.
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SPORT
“LE PARCOURS, JE LE CONNAISSAIS PAR CŒUR, JE POUVAIS LE FAIRE RIEN QU’EN FERMANT LES YEUX. SUR L’ENTRAÎNEMENT, TU TRAVAILLES TES TRAJECTOIRES, TU N’AS QU’À SUIVRE CE QUE TU AS APPRIS. LES AUTOMATISMES TE FONT ÉVITER LES RÉFLEXIONS.”
difficulté, dans les petits coups de mou, je pense beaucoup à la famille, les enfants.” Pascal Blanc va plus loin : “Je pense peu à courir, quand je cours. Sur quatre heures, il doit y avoir une vingtaine de minutes pendant lesquelles je pense vraiment au sport. Le reste du temps, je m’organise pour ma vie, mon boulot. Je me fais une réunion tout seul.” On s’échappe ? Anne-Marie Nedellec confirme, avouant même se “souvenir du chant des oiseaux sur l’Iron Man de Nice”… Laisser vagabonder ses pensées pourrait faire croire à un manque de lucidité. Pascal Blanc contredit : “Si tu t’es bien entraîné, tu te retrouves sur le terrain avec des automatismes. Le corps humain est bien fait, tu as toujours tes réflexes. Et heureusement.” L’entraînement, donnée-clé. Pour le physique et la pensée. Sûrement la raison principale de la victoire d’Emmanuel Chamand sur le chrono des Jeux : “Le parcours, je le connaissais par cœur, je pouvais le faire rien qu’en fermant les yeux. Sur l’entraînement, tu travailles tes trajectoires, tu n’as qu’à suivre ce que tu as appris. Les automatismes te font éviter les réflexions.” Las, le progrès a amené aussi de quoi parasiter l’esprit du sportif. Les capteurs, compteurs et autres machines en –eur ou –mètre. “Ça peut être perturbant, dit Pascal Blanc. Il t’arrive plein de paramètres, se focaliser dessus est l’erreur à ne pas faire. C’est intéressant de regarder ces données a posteriori, et de ne pas avoir les yeux rivés sur son rythme cardiaque, d’autant que pour tout interpréter correctement, il faut avoir des notions de physiologie… Tu peux te tromper, paniquer pour rien. Le matériel te permet surtout de savoir si t’es en forme par rapport à ce que tu as fait auparavant à l’entraînement. C’est un indicateur, comme l’étaient, avant, tes concurrents. Lors du Grand Raid de 2011, ma meilleure performance (Il termine deuxième derrière Julien Chorier, ndlr), j’arrive au Cap Anglais, ma fréquence cardiaque ne montait pas comme je pensais qu’elle aurait dû le faire. Au lieu de commencer à y réfléchir, j’ai tout débranché, j’y suis allé à fond, j’ai pris un plaisir fou jusqu’à l’arrivée.” Emmanuel Chamand affirme, lui, carrément “ne plus courir avec un compteur, juste aux sensations. Sinon, ça me perturbe.”
À quoi pensent les sportifs ? Beaucoup de choses, donc. Parfois, même, ils ne pensent pas. Ou à des choses bizarres. Anne-Marie Nédellec : “Sur un Iron Man, le vélo, c’est très, très long. Tu as le temps de réfléchir. À te trouver une raison de terminer : quand t’as raqué cinq cents dollars à l’inscription, ça te motive… Et puis tu penses au futur, au fait que tu seras fier de l’avoir fait.” Une chose, cependant, est certaine : le ciboulot, il faut le travailler, autant que ses muscles. “Le pire, c’est de manquer de lucidité sur une course. De se demander ce qu’on fout là, termine Pascal Blanc. Il ne faut jamais oublier que lorsqu’on est sur les sentiers, lorsqu’on court dans de beaux paysages, on est des privilégiés. Faire du sport, ce n’est pas se prendre la tête.”
L’APPRENTISSAGE une voie de réussite
OÙ SE RENSEIGNER : www.regionreunion.com | 0262 92 47 78
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AGIR POUR plus d’égalité
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LE JOU R O Ù…
29 OCTOBRE 1989
ARRIVE AU TREMBLET LE F U TUR GRAND RAID, DANS L E S JOURNA UX , N’OCCUPA IT PA S LE S PA GE S “ S PO R T S ” , M AIS “ÉVASION”, OU “AV E NTURE ” . CE S CE NT K ILOMÈ TRE S PA RA IS S A IE NT ALORS INS URMONTA BLE S . TEXTE LOÏC CHAUX ILLUSTRATION MATTHIEU DENNEQUIN
Pourtant, bien peu de casse. Trois cent treize arrivants sur cinq cent cinquante inscrits (dont un concurrent avec son chien), c’est bien. Une seule blessure notable, un genou qui ne plie plus, c’est peu. Quand on se plonge dans les photos d’époque, qu’on y voit des concurrents en godiots ou en Stan Smith, on peut se dire que ç’aurait pu être pire. Et des questions, avant le démarrage, il y en eut. Le Comité du Tourisme, qui doute que cela vaille le coup d’inviter des journalistes métropolitains. Un des concurrents, qui se demande si “550 personnes à La Réunion étaient capables de faire une telle distance à la marche”. Le médecin de la course, qui rappelle que “l’intitulé, c’est la marche”, et qu’il ne servira à rien de courir… Et il n’est pas inquiet : “300 se livrent à la marche occasionnellement, cela suffit.” Voilà pourquoi il ne voit pas non plus l’utilité de prévoir un hélicoptère pour l’assistance…
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DES CONCURRENTS EN GODIOTS O U E N S TA N S M I T H .
illes Trousselier, guide de haute montagne à Chamonix et premier vainqueur ; Jean-Jacques Mollaret, ancien gendarme et créateur de la Maison de la Montagne à Cilaos, qui, un an après le Cross du Piton des Neiges, invente une course où il s’agit de traverser l’Île… Ces épisodes sont connus et régulièrement remis en avant par la presse locale. Pourtant, on se souvient peu de l’aspect rudimentaire du premier Grand Raid, appelé alors la Marche des Cîmes, et de son côté aventureux. Pour preuve, lorsque la presse locale a décidé de présenter la course, elle n’avait aucun repère. Le Journal de l’Île avait alors envoyé trois de ses journalistes sur le parcours, résumant l’expérience en un mot : “galère”. Profils de la course tracés au crayon, sponsoring hasardeux – “La traversée de l’île avec Peter Stuyvesant.” Oui, la marque de clopes –, conseils rigolos du docteur O. T. Lacrampe qui propose, pour le sac à dos, de prévoir “ une sangle de rechange ou un bout de ficelle ”… On comprend vite que cette course, c’est l’inconnue totale.
Courue pour la première et la dernière fois dans le sens Nord-Sud, cette traversée sera remportée, donc, par Trousselier, recevant un diplôme à Saint-Philippe comme l’ensemble des inscrits, même ceux ayant abandonné. Seize heures pour effectuer cent kilomètres, en passant par la Roche-Écrite, le col des Bœufs, Marla, le Taïbit, Cilaos, le Coteau Kerveguen, l’oratoire Sainte-Thérèse et le Tremblet. Le jour suivant, ce n’est pas lui qui fait la “une” des journaux, mais bien l’épreuve en général. L’esprit de compétition est alors quasiment absent. Aujourd’hui, le Grand Raid mesure presque 170 kilomètres et son petit frère, le Trail de Bourbon, 93. Il est aussi le plus grand événement local et un des fers de lance du tourisme réunionnais. Surtout, il n’y a plus grand monde pour parler d’aventure : le Grand Raid a trouvé sa place dans les pages “Sports”.
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L’A B U S D ’A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R AV E C M O D É R AT I O N .