Buzbuz #27

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#27

GRATUIT

NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2015

SPORT

AÏE POP CULTURE

PORTRAIT

NEVER GAME OVER

UN GARS À PAR JOHAN MOUNIAMA

EXTRAMUROS

UNE BONNE IDÉE PHOTO

REGARDE, C’EST FAIT POUR



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ÉDITO

JARDIN DE L’ÉTAT

DE L’ART DU TITRAGE DANS LES FILMS POUR ADULTES Parmi les métiers dont on ne parle jamais, BuzBuz a eu envie d’en évoquer un, pour lui offrir la lumière qu’il mérite : le type – ou la fille, bien que la misogynie du secteur ne soit plus à prouver – chargé de trouver des titres aux films pornos. Ne nous attardons pas sur les raisons pour lesquelles la rédaction de BuzBuz s’est mise à réfléchir de ce côté-là, elles sont inavouables, et venons-en au fait : ces personnes-là sont des génies. L’immense catégorie, source de bonheurs sans cesse renouvelés pour les adeptes des calembours, est bien évidemment la parodie d’œuvres grand public. Le Gland Bleu, Deux slips amis-amis, L’arrière-train sifflera trois fois, Le Père Noël en a une dure… Jeux de mots faciles, mais dont on ne se remet toujours pas. D’autant que les fans

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de contrepèteries pourront savourer, aussi, Qui veut la bite de Roger Rapeau ? Mais il semble que les titreurs de films X aient aussi une excellente culture littéraire. Dans la BD (Les 4 fentes astiquent), les contes (Ça glisse au pays des Merveilles), les récits autobiographiques (Gorilles dans la Brune… sans Dian Fossey), les romans (Pour qui sonne le gland)… Alors, vous allez peut-être trouver que cet édito n’est pas très fin fin. Et c’est vrai. Mais, franchement, commencer ce nouveau numéro sans évoquer Vol au-dessus d’un nid de Cuculs ou Sois belle et tète-moi eût été dommage.

DES PRESTATIONS DE GAMME ans une construction moderne, à l’architecture de tradition créole, vous profitez pour vos futurs bureaux d’espaces modulaires et lumineux, d’une consommation énergétique contrôlée et d’un parking spacieux.

LA R ÉDACT I ON DE BUZ B U Z

Erratum : dans notre dernier numéro, nous vous parlions de l’ouverture de la boutique Pardon ! Home & Life, et nous avons écrit par erreur que les objets qui y sont vendus sont fabriqués à La Réunion : ce n’est pas le cas. N’empêche qu’on vous conseille toujours d’y aller.

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COUVERTURE Modèle : Yacine Maquillage : Ericka Cattan Photo : Romain Philippon

BUZBUZ MAGAZINE Bimestriel N° 27 Novembre - décembre 2015

DIRECTION DE LA PUBLICATION Pascal Peloux

PHOTOGRAPHIE Gwael Desbont, Morgan Fache, Romain Philippon

IMPRESSION Graphica

PUBLICITÉ BuzBuz Magazine Ludovic Benard Tél. 0692 13 60 08 contact@buzbuz.re

ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 6135 Toute reproduction même partielle est interdite.

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LE NEZ DE H O RS TEXTES MARIANNE RENOIR, LIVY PHOTOS GWAEL DESBONT

VOUS SEREZ AUX ANGES ! Dans le quartier de pêcheurs de Terre-Sainte se trouve un petit restaurant où il fait bon s’installer à table. Que ce soit à midi pour la formule déjeuner à 14 euros (plat + café) ou le soir pour déguster les plats d’une carte plus élaborée, tout est un délice. Le petit plus qui vous fera craquer : sa charmante terrasse. Une adresse incontournable dans le Sud. LA BAIE DES ANGES, 28 AVENUE DU PRÉSIDENT FRANÇOIS-MITTERRAND, TERRE-SAINTE. OUVERTURE : DU LUNDI AU MERCREDI, 12H-14H // 19H15-21H15 ; LE JEUDI, 12H-14H ; LE VENDREDI, 12H-14H // 19H15-22H ; LE SAMEDI, 19H15-22H. TÉL. : 0692 39 79 65.

L’ANTRE DU PAIN MÉTAMORPHOSÉ

UNE PERLE CINQ ÉTOILES Qui a dit que le secteur touristique était en berne ? Si c’est le cas, Joël Narayin compte bien y remédier “en tirant le “critère qualité” par le haut”. De cette ambition est née un hôtel cinq étoiles surplombant le lagon de La Saline-les-Bains. L’Akoya, en quelques mots, ce sont cent quatre chambres, quatre suites avec piscines privatives et déclinées autours de six thématiques aux couleurs locales et orientales, une piscine à débordement, un restaurant gastronomique et une table “bistronomique”, un espace détente et bien-être, une salle de sport, une conciergerie, un service de voiturier, etc. On en oublierait presque de mettre le nez dehors... AKOYA HÔTEL ***** & SPA, 6 IMPASSE DES GOÉLANDS, LA SALINE-LES-BAINS. TÉL. : 0262 61 61 62.

Plus qu’une simple boulangerie-pâtisserie, la Case à Pains est une institution pour les gourmets de la côte ouest. Les deux boutiques ont bénéficié d’un relooking il y a quelque temps. Les corbeilles à pains et vitrines de viennoiseries paraissent plus gourmandes, enrobées d’un bois incarnat tandis que les abat-jours nous enveloppent dans une ambiance chaleureuse. On apprécie de pouvoir se balader plus aisément dans les boulangeries pour faire notre choix avant le passage en caisse. En revanche, le savoir-faire des artisans, le large choix des produits et leur qualité restent inchangés. Ce jour-là, on a craqué pour un moelleux au chocolat ! LA CASE À PAINS, PORT DE PLAISANCE, RUE DU GÉNÉRAL-DE-GAULE, SAINT-GILLES-LES-BAINS / 93 AVENUE DE BOURBON, L’ERMITAGE. OUVERTURE : DU LUNDI AU DIMANCHE, 6H-19H30. TÉL. : 0262 96 33 01 (SAINT-GILLES) / 0262 44 81 19 (ERMITAGE).



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LE NEZ DE H O RS

RENAISSANCE AU BARACHOIS Une brise de fraîcheur souffle sur le littoral dionysien. Exit les bâtiments abandonnés de l’ancienne gare routière et des Récréateurs. Quelques entrepreneurs se sont évertués à leur redonner des couleurs... et du goût. Une famille, celle de Sébastien Boulerand, est même allée plus loin en sortant de terre un tout nouvel établissement culinaire et éclectique. Côté Mer se veut à la fois un restaurant quasi-gastronomique, un glacier et un lounge bar dès la tombée du jour. Fraîchement débarqués face aux vagues du chef-lieu, les gérants prévoient déjà d’ouvrir une boîte de nuit attenante au restaurant vers mars 2016. Juste le temps de profiter des surprenants cocktails cet été. CÔTÉ MER, 4 PLACE ÉTIENNE-RÉGNAULT, SAINT-DENIS. OUVERTURE : DU MARDI AU DIMANCHE, 10H-00H30 ; LOUNGE BAR À PARTIR DE 17H30. TÉL. : 0692 71 33 91.

MELTING SPOT

LES JOLIES COLONIES DE VACANCES Se relaxer au son des vagues, croiser les cyclistes, crazer un maloya avec des gramounes et traverser la grotte des chauves-souris. Qui peut se targuer d’avoir fait tout ça pendant ses dernières vacances, à part ceux qui ont séjourné au centre Jacques-Tessier ? Créé dans les années soixante-dix par la mairie de Saint-Denis et désormais géré par l’association, le centre, implanté sur trois hectares en lisière du lagon, prône le tourisme social. Comprenez des hébergements simples mais très abordables pour ses adhérents. Une formule qui trouve écho auprès des familles mais pas que... Sportifs, groupes scolaires, comités d’entreprise ou clubs du 3e âge viennent s’y ressourcer. Les activités pour les marmailles, toujours aussi ludiques que pédagogiques, sont elles trop nombreuses pour être listées. On vous laisse le plaisir de les découvrir. CENTRE D’ACCUEIL PERMANENT JACQUES-TESSIER, 13 RUE DES MUREX, LA-SALINE-LES-BAINS. OUVERTURE : TOUTE L’ANNÉE ; STANDARD : DU LUNDI AU VENDREDI, 8H – 16H. TÉL. : 0262 24 60 80.

Le Passage du Chat Blanc n’avait pas encore ouvert ses portes que les murs des toilettes n’étaient plus vierges. Pendant les travaux, la déco a été confiée à une poignée de graffeurs tels que Kid Kreol & Boogie et Ceet. Une carte blanche aussi valable pour les clients qui s’en donnent à cœur joie. Sur la piste de danse, on ne s’interdit rien non plus : les combos claquettes / chaussettes côtoient les boots et talons aiguilles pendant les sets électro des DJs réguliers. Même quand le chat est là, les souris dansent. Longue vie à ce nouveau lieu incontournable du carré cathédrale qui a su raviver l’esprit des feus Potirons. LE PASSAGE DU CHAT BLANC, 26 RUE JEAN-CHATEL, SAINT-DENIS. OUVERTURE : DU MERCREDI AU DIMANCHE, 17H-00H. TÉL. : 0692 97 00 05.


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KAWAÏ & WASABI

Kawaïï est le premier mot qui nous vient à l’esprit lorsqu’on franchit la porte port de Sushi d’Art, un restaurant japonais débarqué en janvier à Saint-Gilles-les-Bains. Nos pupilles bondissent des tableaux aux lanternes animalisées en papier, des petites sculptures aux origamis. Une déco en grande partie réalisée par le gérant lui-même. Romuald Chan a souhaité allier ses deux passions dans son sushi bar : l’art et la cuisine nipponne, qu’il a appris à maîtriser à Sushi Shop puis au Yoshi de Monte-Carlo, aux côtés du chef Takéo Yamazaki. Nigiri, maki et autres chirashi sont d’ailleurs préparés comme des œuvres d’art, à la minute en fonction des commandes. Un “grand cru” à petits prix qui nous a définitivement conquis. SUSHI D’ART, 38 TER RUE ROLAND-GARROS, SAINT-GILLES-LES-BAINS. OUVERTURE : DU LUNDI AU DIMANCHE, 11H - 14H // 18H – 21H. TÉL. : 0692 94 44 62.

100% COTON –100% STYLÉ !

Nous vous avons déniché une petite boutique, un véritable écrin de douceu douceur, qui propose une ligne de vêtements 100% coton : Cotton Run. Des collections pour toute la famille : hommes, femmes et même les plus petits. Essentiellement du blanc, toujours du chic et du décontracté, et à chaque début de mois, une sélection de modèles en quantité limitée. Ce qui vous plaira autant qu’à nous, c’est leur engagement pour l’environnement avec soit du coton bio, soit du coton Éco label européen. COTTON RUN, 14 RUE MEZZIAIRE-GUIGNARD, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : DU MARDI AU SAMEDI, 9H – 12H30 // 14H – 18H. TÉL. : 0692 06 99 87.


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LE PARADIS EST À L’EST… Et plus précisément à Bras-Panon, dans cette maison d’hôtes familiale où riment confort, convivialité et détente. Éric et Hélène, les propriétaires, accueillent les visiteurs dans l’une de leurs quatre chambres. Ce projet, ils y travaillent depuis une quinzaine d’années et la concrétisation a eu lieu il y a peu. Soucieux de respecter la tradition et les bonnes choses, ils concoctent pour leurs invités des repas typiquement créoles préparés au feu de bois avec des produits lontan et achetés auprès des agriculteurs du coin. Alors, comme on ne le rappelle pas assez souvent : il y a plein de choses à faire, dans l’Est, restez donc y dormir le soir. LODGE D’EDEN, 5 CHEMIN LA CAROLINE, BRAS-PANON. TÉL. : 0692 64 62 09.

UN (VRAI) CLUB DE SPORT NOUVELLE PLATE-BANDE Quand elle a repris les clés de la bâtisse vieille d’une centaine d’années, Maya Ramassamy ignorait que celle-ci avait appartenu à l’un des cousins de sa grand-mère, autrefois commerçant dans les épices. Le palpitant de la gérante du Comptoir du Potager a probablement influencé son choix d’élire domicile rue Labourdonnais. Nombreux sont ceux qui l’ont suivie après qu’elle a quitté le Bas-de-La-Rivière. La fidélité de ses clients, Maya la doit à son estampillage 100% fait maison et à sa carte modifiée chaque semaine en fonction des fruits, légumes et poissons livrés. On vous conseille vivement de réserver : le restaurant a une capacité de trente-cinq couverts et est déjà victime de son succès. AU COMPTOIR DU POTAGER, 10 RUE LABOURDONNAIS, SAINT-DENIS. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, MIDI ; LES VENDREDI ET SAMEDI, MIDI ET SOIR. TÉL. : 0692 85 59 31.

Après celui du Port, Martine et Olivier Rivière ont ouvert un nouveau club de sport en centre-ville de Saint-Denis. Un établissement aux antipodes des salles où les adhérents pédalent à la même cadence sur des vélos alignés. D’abord, parce que les machines n’y sont pas nombreuses, au MÒ-O. Ensuite, parce qu’elles sont inutiles à la plupart des activités proposées : boxe, self-defense, tai chi, fitness, danse, etc. Des cours restreints à une dizaine de personnes et assurés par des intervenants expérimentés comme le boxeur Éric Dagard. Oui, le MÒ-O, un vrai club de sport où l’on peut venir se dépenser une petite demi-heure, partager un café avec son coach, reprendre son souffle devant les tableaux d’artistes locaux. Bref, un lieu où les valeurs de partage et de respect ne restent pas confinés aux vestiaires. LE MÒ-O CLUB DE SPORT, 12 BIS RUE PASTEUR, SAINT-DENIS. OUVERTURE : DU LUNDI AU VENDREDI, 7H - 21H ; LE SAMEDI, 8H – 12H. TÉL. : 0692 43 62 16.


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ART, C ULT URE URBA I N E E T M ULT I M ED I A TEXTES LIVY, ANNE CHANS, LOÏC CHAUX PHOTOS HIPPOLYTE, GWAEL DESBONT

REGARDE, C’EST FAIT POUR FIN OCTOBRE, QUELQUES PHOTOS EN GRAND FORMAT ONT ÉTÉ COLLÉES SUR DES MURS DIONYSIENS. LE BUT ? MONTRER AUX PASSANTS QUE, PARTOUT, DES PHOTOJOURNALISTES RAMÈNENT LES TÉMOIGNAGES DES SOUBRESAUTS DU MONDE.

A

u matin du dimanche 18 octobre, quelques Dionysiens ont sûrement été surpris de découvrir, sur quelques murs, l’apparition de grandes affiches en noir et blanc, reproductions de photos de plusieurs photojournalistes. Clichés de gangs salvadoriens emprisonnés, de migrants, de femmes pleurant la mort de leurs proches après le tremblement de terre au Népal sont donc apparus, une nuit. Les auteurs ? Un petit groupe potache de photographes locaux, armé de seaux de colle, balais et escabeau, pas mécontents d’avoir évité la police et d’avoir importé à La Réunion l’opération Dysturb. Dysturb, qu’est-ce ? Rappelons d’abord que le mot “disturb”, en anglais, signifie “déranger”. C’est en fait un regroupement de photojournalistes free lance qui, il y a quelques mois, s’est mis en tête d’offrir au grand public la vue de photos issues de leurs reportages. En gros, il s’agit de sortir la photo d’actu des médias traditionnels, des livres, des expos, et de la mettre dans l’espace public. Dès le départ, les fondateurs de Dysturb ont eu envie de trouver un moyen de donner un plus grand impact à leurs travaux, inquiets de les voir cantonnés à la presse, donc avec un impact qu’ils jugeaient faibles. Il fallait donc trouver un moyen de mettre ces photos dans des endroits visibles, fréquentés… Si l’action est venue de Pierre Tiedjman,

photoreporter désirant interpeller le monde sur la situation en Centrafrique, il a vite été rejoint par ses collègues. Quitte à braver la loi : coller des affiches sans autorisation, c’est de la dégradation, et c’est interdit. Les premiers temps, les membres de Dysturb ont donc commencé à coller leurs clichés, accompagnés de légendes, sur les murs parisiens, puis perpignanais, lors du Visa pour l’Image, un des plus grands festivals de photo. Une sorte de street art mâtiné de militantisme. Réseaux sociaux aidant, la petite communauté a essaimé dans plusieurs villes françaises d’abord, puis New-York, Sidney, Ouagadougou… Et maintenant, donc, à La Réunion. Hélas, peutêtre que lorsque vous lirez ces lignes, les affiches auront disparu. Gageons qu’elles auront été vues, au moins, c’était bien le but.


PLAISIR, SANS PRÉTENTION D’ÉCRIRE

Cela fait cinq ans que Magali tient le fanzine Dégourdi sans Malice. Tous les quatre mois, elle propose ce support d’expression libre d’une trentaine de pages et pour la modique somme de deux euros. Comme le but n’est absolument pas de se faire de l’argent, ou d’évoluer vers un magazine, Magali ne regarde pas à sa peine et vit sa passion de l’écriture. Au bout de douze numéros, et cinq hors-séries, celle-ci ne s’érode pas. Au cas où, elle peut toujours compter sur une bande d’amis qui, régulièrement, chroniquent dans ses pages. Dégourdi sans Malice, c’est Magali et Magali, c’est Dégourdi sans Malice (DSM, pour les copains). Donc nous savons de madame qu’elle aime le reggae et le rock, surtout. Se sent concernée par des thèmes tels que la décroissance et la gestion de notre consommation. Elle propose régulièrement des “do it yourself”. Elle aborde sans problème des thèmes féministes. Elle a de l’humour, apprécie les arts plastiques, le street art, l’illustration et on pense que c’est aussi une fan de bières. Vous trouverez donc bien quelque chose à lire dans DSM, et beaucoup de choses à voir. Essayez donc de le choper : on le trouve notamment à La Cerise ou chez So Hype. Ou sur son site web, évidemment.

SUR LA TOILE...

ELLE SE CHARGE DE TOUT !

ICI, C’EST “FAIT MAIN”

Une fête à organiser ? Ça tombe bien, nous avons découvert maregisseuse.com, le site qui saura vous aider, vous conseiller et vous accompagner dans l’organisation de vos événements . Mariage, enterrement de vie de garçon/jeune fille, anniversaire de mariage… et j’en passe, elle créera avec vous votre fête sur mesure. Et pour ne pas manquer d’idées suivez sa page facebook et son blog.

Escapade est une entreprise de bijoux artisanaux faits à la main. Avec un atelier à La Réunion, ces créateurs de bijoux proposent des collections pour femmes, hommes et enfants. Perles, ivoire végétal, pierre fine, cuir et argent sont autant de matières travaillées et mises en avant dans des créations à retrouver sur le site www.escapadebijoux. fr. Il est même possible de commander en ligne !

LÉ DOSS, LE ZAFER

ELLE A CE PETIT “TRUC” EN PLUS…

Voici un artiste peintre et photographe autodidacte, Doss. Depuis 2010, il consacre son temps libre à cette nouvelle passion toujours plus grandissante qu’est la peinture. Allez faire un tour sur son site, artiste-doss. com et découvrez son travail, sa vision de l’art et sa façon bien à lui de s’exprimer et de vous faire passer ses messages. Et si l’occasion se présente, n’hésitez pas à aller à sa rencontre lors d’une expo, parce que, comme on le dit à La Réunion : lé vrémen doss !

Voici une boutique en ligne de bijoux d’inspiration “arts premiers” ou contemporaine, j’ai nommé elodietrucparis.tictail.com. Edition limitée, fabrication à la main, chez Elodie Truc, il y aura surement un petit truc qui vous fera plaisir… Comme d’hab’, elle livre ici.

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CU LTU RE POP RECUEILLI PAR LOÏC CHAUX

“MARIO ? TU AVANCES, TU SAUTES SUR DES ENNEMIS. SIMPLE.”

JEUNES, ON SE FAISAIT POURRIR À FORCE DE SQUATTER LA TÉLÉ, ET MAINTENANT, LES JEUX VIDÉOS FONT PARTIE DES BIENS CULTURELS LES PLUS VENDUS. ÇA VALAIT LE COUP D’EN DISCUTER. JÉRÉMY ET BENOÎT FONT PARTIE D’UNE ASSOCIATION DE JOUEURS, LES KAZAGAMERS. ON LES A RENCONTRÉS HISTOIRE DE PARLER DE JEUX VIDÉOS : LA POP CULTURE, C’EST AUSSI MARIO ET LINK..

BuzBuz : Comment vous avez commencé ? Benoît : J’ai commencé sur Super Nes. Avec Street Fighter 2, et Le Roi Lion. Mon frère avait acheté la Playstation, j’avais joué aussi à Metal Gear Solid 1. Tout à coup, je me dis : “Woah ! Ces graphismes, c’est trop beau !” Je regarde maintenant, c’est tout carré, comment j’ai pu aimer ça ? Je me souviens bien aussi de Tomb Raider, sur PC. Jérémy : Moi, j’ai d’abord eu une IBM 386, une épave… Ensuite, la Mega Drive, avec Aladdin, Street Fighter. Ensuite, la Playstation, et là les Fifa. Le 96, ou 98, je sais plus… Ah, le 98, celui où on pouvait tomber, et où on cadrait presque tout le temps ! J.: Oui, c’est ça ! Ensuite, je suis passé aux PC.

Dans l’histoire des jeux vidéos, un héros vous marque particulièrement ? B.: Deux, pour moi. Solid Snake, dans Metal Gear, et Link, dans Zelda, notamment Ocarina of Time. Deux jeux que j’avais finis, recommencés, pour retrouver d’autres trucs, explorer. J.: Moi, c’est surtout deux héros de films qui m’ont fait jouer. Legolas, du Seigneur des Anneaux, ça m’a emmené vers Warcraft. L’autre, c’était Bakayoko, le joueur de foot. J’étais pour Marseille, c’était un joueur que j’adorais, et je le prenais toujours pour jouer. Sinon, il y a eu Matrix, qui m’a vraiment fait coller à mon PC. Comment, à partir d’un film comme Matrix, on peut basculer vers son PC ? J.: Je passais des heures sur l’ordinateur, à attendre que Morpheus me parle… B.: Mais tu faisais pas qu’attendre ? J.: Non, je jouais à Warcraft, Age of Empire, je passais des heures à jouer tout seul en attendant que Morpheus m’appelle… Mais j’avais pas compris, qu’il fallait le net, et je l’avais pas…

Ç’a changé bien des choses, Internet. Vous avez connu l’époque des magazines qu’on allait acheter pour trouver les soluces ? J.: Ç’a tué ce genre de bouquins… T’avais le CD Rom livré avec… B. : Ah ouais, y avait tout un tas de trucs inutiles dessus ! T’installais quand même les logiciels, ça faisait tout planter… Quand j’allais chez le marchand de journaux, je voyais écrit dessus “Soluce pour tel jeu”, et j’étais justement bloqué dessus. Le magazine était dans une pochette plastique, tu pouvais pas l’ouvrir, alors tu l’achetais… Tu lisais rien d’autre que la soluce qui t’intéressait… On était plus patients avant ? J.: On était plus passionnés, surtout. B. : Maintenant, on est moins patients. Tu cherches un peu, et puis au bout d’une heure, c’est bon, ça te gave. Tu vas sur jeuxvideos.com, hop, ok, faut faire ça, c’est parti. Comment vous expliquez qu’il y ait des jeux qui sont restés mythiques ? Genre Final Fantasy VII… ? B. : Aaaah, mais Final Fantasy VII… T’avais les cinématiques… Y a un passage où le méchant tue la fille du jeu, un des personnages principaux… Tu voulais aller au bout juste pour le tuer et la venger. J.: T’as des moments mythiques. Dans World of Warcraft, le “Vous n’êtes pas prêt !”, il parle à tout le monde… Ou Street Fighter, ça te faisait tellement plaisir de placer le Hadoken ! S’il y a bien un personnage entré dans la pop culture, c’est Mario. Pourquoi ? B. : Il a traversé le temps. C’est peut-être un des personnages les plus connus du monde, tous domaines confondus. J.: Mario, c’est ultra simple, tu avances, tu sautes sur des ennemis. Et il a été décliné : Mario Kart, ça fait jouer tous les âges. Regarde son univers : même les personnages secondaires de Mario ont droit à leurs propres jeux. B. : Mario, il peut pas mourir, c’est tout.


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DERRIÈRE LA PUB

INSTIT’ LUDIQUE

L’AGENCE ZOORIT A TRAVAILLÉ POUR L’AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ (ARS), LUI FOURNISSANT DES OUTILS POUR LUTTER CONTRE LA PROLIFÉRATION DES MOUSTIQUES. ON APPELLE ÇA DE LA COMMUNICATION INSTITUTIONNELLE, ET LE BUT, C’EST QUE ÇA RENTRE DANS LES CRÂNES DE TOUT LE MONDE. ENTREVUE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON

En 2006, deux nouveaux mots pour gagner des points au Scrabble sont apparus dans le langage courant réunionnais : chikungunya et prophylaxie. Mais comme on a eu tous tendance à les oublier, l’ARS a décidé de relancer des outils de communication nous rappelant les moyens de lutte contre la prolifération des moustiques. Zoorit a gagné le marché, et a choisi l’illustration. Thomas Giraud (drecteur de l’agence), Freddy Leclerc (illustrateur et directeur artistique, collaborateur à BuzBuz, même si ça n’a rien à voir) et Stéphanie Consolo (chef de publicité) nous ont raconté ça.

C’est sérieux, quand même, la lutte contre les moustiques… Comment l’ARS vous a présenté ses besoins ? Thomas Giraud : Ils avaient l’habitude d’une communication justement assez sérieuse et conventionnelle, mais ils voulaient changer de cette image un peu “posée”. Freddy Leclerc : Oui, ce n’était peut-être pas très moderne… T. G. : Ils voulaient vraiment sortir de leurs habitudes de communication.

Les illustrations ne sont pas hyper sérieuses, sans non plus être humoristiques. Le juste milieu était compliqué à trouver ? F. L. : La fenêtre de tir était très étroite, il fallait tomber juste ! T. G. : On s’adresse à une population large, puisque l’ARS s’occupe aussi de Mayotte. Les illustrations, qui allaient se retrouver sur des prospectus, des affiches, des stands, se devaient d’être compréhensibles par n’importe qui, de n’importe quel âge. Les enfants, notamment : on sait qu’ils ramènent très bien les informations chez eux. Attention : il ne faut pas être non plus infantilisant, on doit avoir un discours posé. F. L. : Pour que ça marche, il y a un capital sympathie à insuffler. Les dessins ont beaucoup évolué ? T. G. : C’est un peu l’intérêt de l’illustration. Une photo, elle est prise, tu peux faire des retouches, mais bon, c’est à la marge. L’illustration est beaucoup plus malléable… F. L. : Par exemple, j’ai rajouté du rouge à lèvres sur les moustiques après coup, car on m’a fait remarquer que ce ne sont que les femelles, qui piquent… On a

aussi travaillé sur les sourires, les tenues des personnages… C’est particulier, la communication institutionnelle, par rapport à un client privé ? Stéphanie Consolo : Oui, dans le sens où il y a plus d’intervenants qui donnent leur avis. On était par exemple en lien avec des équipes sur le terrain, qui connaissaient très bien les habitudes des gens. Les services de communication, de direction, avaient aussi leur mot à dire. T. G. : Travailler pour le privé et l’institutionnel, c’est deux métiers différents, deux rythmes différents. L’instit’ est moins “centralisé”, mais je trouve ça agréable. Et les résultats ne sont pas les mêmes non plus… T. G. : C’est sûr qu’on n’a rien à vendre, là. On ne peut pas avoir l’évolution du chiffre des ventes pour savoir si la pub a marché ou non… S. C. : N’empêche qu’on a envie de savoir s’il y a eu de l’enthousiasme. On a travaillé des mois dessus, on a créé des liens avec nos interlocuteurs de l’ARS, alors on demande si le public a été réceptif. Et apparemment, il l’est.



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DERRIÈRE LA PO RT E

MAIS QUE VIT MON COLIS ? QUA ND V OUS DÉ POS E Z UN COLIS A U BURE A U D E P O S T E , V OUS L’IMA GINE Z V I V R E D E S AV E NTURE S S UR DE S C H A ÎN E S DE PRODUCTION INDUS TRIE LLE S POU R MA GIQUE ME NT RÉ A P P A R A ÎT R E À L’A UTRE BOUT DU M O N D E . E T BIE N C’E S T (PRE S Q U E ) E X A CTE ME NT ÇA . TEXTE ANNE CHANS PHOTO GWAEL DESBONT

NE JOUEZ PAS AVEC LA “BASCULEUSE”.

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e Toulouse, vous prend l’envie d’envoyer à La Réunion un cadeau à maman. Après avoir trouvé votre bonheur, vous vous dirigez vers “le point d’entrée dans le réseau” le plus proche, votre bureau de poste. Le colis part par acheminement routier ou aérien vers le hub de Roissy. De là, décollent le courrier et les colis vers les départements d’outre-mer. Hop, hop, hop… nous allons trop vite. À la poste, avez-vous bien rempli votre CN22 ? Le formulaire de déclaration en douanes est indispensable si vous ne voulez pas entendre la fameuse phrase : “Votre colis est bloqué en douanes”. En fait, la douane ne voit que très rarement des colis, pas plus de dix à La Réunion par an. Par contre, elle est attentive à la facture que vous liez au précieux envoi. De particulier à particulier, si la valeur de celui-ci dépasse 205 euros, maman va devoir payer une

taxe : les DOM sont des territoires fiscaux à part en France. À La Réunion, il existe l’octroi de mer, l’octroi de mer régional et une TVA. Si ce fameux formulaire est mal rempli, que la facture de votre envoi ne figure pas dans les documents, votre colis va devenir “disjoint” et La Poste vous contactera. Sans réponse, elle conservera le colis au maximum quatre semaines avant de vous le renvoyer. Revenons à l’aéroport. Par les conteneurs de fret des compagnies aériennes, votre colis arrive à Roland-Garros. Le personnel de l’aéroport l’achemine dans un site réservé à La Poste où seuls ses employés peuvent pénétrer. Il y a un garde devant la grille. Une équipe récupère les colis et effectue un premier tri. Ceux qui doivent aller vers Saint-Pierre (uniquement cette ville) sont séparés du reste le plus rapidement possible pour que le tout soit acheminé, soit vers la capitale du Sud, soit vers la Plateforme industrielle du courrier du Chaudron (PIC). La PIC du nord gère quatre mille colis par jour et celle de Saint-Pierre, cinq cents. Pour le courrier c’est un volume de trois cent mille lettres quotidiennes. Sur deux fois deux mille mètres carrés, votre colis va être déchargé, puis déposé sur un tapis roulant à l’aide d’une “basculeuse” avec laquelle il ne faut pas jouer, sinon vous stoppez toute la chaîne. Passé un portique, votre colis sera séparé de ceux susceptibles d’être soumis à des taxes. Un agent de La Poste le classe ensuite selon le code postal du destinataire. Bien rangé avec ses camarades, il est dirigé vers un quai. Logiquement, les camions pour Saint-Pierre partent les premiers et ceux pour Saint-Denis les derniers. À 6 h, le facteur commence sa tournée et part avec le cadeau. En moyenne, votre colis aura voyagé entre cinq et dix jours. La suite ? On vous l’avait racontée dans un précédent numéro…



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JOHAN M O UN I AM A


P ORTRA IT

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JOHAN MOUNIAMA EST UN DE MEILLEURS JOUEURS DE GOLF LOCAUX. MAIS ÇA NE SUFFISAIT PAS POUR EN FAIRE UN PORTRAIT DANS BUZBUZ. SON HISTOIRE, SI. TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO ROMAIN PHILIPPON

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ut un temps pas si lointain où votre serviteur, qui n’exerçait pas encore sa plume dans les pages de BuzBuz, travaillant alors pour un journal local, rendait compte de quelques tournois de golf réunionnais, quand ses chers collègues du foot voulaient bien lui laisser un peu de place. Souvenirs de dimanches où jeunes filles et jeunes garçons de bonnes familles, couettes et mèches bien arrangées, se mesuraient sur un des trois parcours locaux. Au milieu, un garçon, des boucles plein les oreilles, gourmette et chaîne argentées, leur donnait du fil à retordre ; ce Johan Mouniama, un jour, il faudrait en tirer le portrait. C’est désormais chose faite. Johan Mouniama est l’exemple ultime de ce golf qui veut se “démocratiser”. Un histoire qu’il doit autant à lui qu’aux personnes qu’il a côtoyées, et qu’il côtoie encore. Début des années quatre-vingt dix, le quartier de Villèle voit tout à coup débarquer des tas de bulldozers. Johan se souvient : “On voyait qu’un truc se construisait, on allait regarder les engins en sortant de l’école. Mes frères travaillaient sur le chantier, ils nous on dit que c’était un futur parcours de golf. Un parcours ? Je ne savais même pas ce que c’était.” Il jouait peut-être un peu au foot, mais sa culture sportive ne l’avait pas encore amené à prendre connaissance des Jack Nicklaus et autres Severiano Ballesteros.

Un jour, il voit “des gens passer, avec des sacs, qui tapaient dans des balles. On regardait ça avec les copains, on ne comprenait rien, on n’avait même pas vu qu’il y avait des trous.” Ensuite, le Bassin Bleu, d’abord composé de neuf trous, s’est agrandi. Johan et ses potes ont vu de plus en plus de gens passer. Des gens qui avaient l’air heureux. Des gens qui avaient l’air de se promener. “Et puis, un

UN CLUB TROUVÉ DANS L’HERBE, DES BALLES RÉCUPÉRÉES À DROITE, À GAUCHE. jour, en allant chercher de l’herbe pour les animaux, mes parents ont trouvé un club. Avec mes amis, on a récupéré des balles tout autour, et les soirs, après la fermeture, on se mettait sur le practice, et on tapait avec ce club. Un peu n’importe comment, le plus loin possible.” La direction, pas dupe du manège, a laissé faire un temps. Puis un des entraîneurs, Mickaël Dieu, s’est mis en tête d’en faire quelque chose, de ces petits voisins. “Il nous a donné

des jetons pour jouer, à la condition qu’on s’habille bien, qu’on soit corrects. Mes parents étaient contents, au moins, ils savaient où j’étais.” Ces chenapans, il en a emmenés quelques uns en Métropole, pour rencontrer d’autres jeunes. Premier passeport, premier voyage en avion… “On regardait partout, on était émerveillés !” S’il est le seul de cette petite troupe à avoir continué le golf – “Parce que je me suis mis à regarder les compétitions à la télé, j’ai voulu faire comme les pros.” – il garde de cette époque une manière de tenir son club… particulière : “J’ai un grip inversé, parce que je me suis mis à taper comme ça, et puis, ben… c’était trop tard pour changer.” À trente-cinq ans, Johan, qui travaille au sein du golf désormais, a quatre titres de champion de La Réunion, est “celui que les autres ont envie de battre, je le sens bien…” C’est désormais Jean-Marie Hoareau qui se charge de le maintenir à un bon niveau : “Si jamais il me croise en train de ne rien faire, il me dit : “Eh, va donc taper un peu des balles !” Il est toujours là pour me motiver, me remonter le moral.” Lui qui a son nom inscrit dans le club house, en honneur de ses résultats, a toutes les raisons de le garder, le moral : batifolant autour du golf à sa construction, il y sera présent pour toujours.


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MICRO- T RO T T ’ RECUEILLI PAR ANNE CHANS PHOTOS MORGAN FACHE

ILS ÉCOUTENT QUOI, VOS PARENTS ? QU’ON SE LE DISE, MIKE BRANT EST UNE STAR. CHEZ LES LOCAUX, MISSTY DEVANCE TOUT LE MONDE.

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1 - Joëlle et Lucie -“Chez moi, maman écoutait Sylvie Vartan, et papa James Brown. Ce n’est pas par hasard que je fais de l’afrobeat aujourd’hui. - Chez nous, c’étaient les Bee Gees et Mike Brant.” 2 - Guillaume et Brandon “Nos parents écoutaient plutôt du séga et du maloya. C’est très rare que nous en écoutions encore, sauf pendant les grandes soirées.”

3 - Emmanuel “Ma mère écoutait Missty et Christophe Maé. J’écoute toujours la première.” 4 - Émilie “Maman écoutait Joe Dassin, papa aimait Bob Marley et Mano Chicot. Je pense aussi à Joselito et Claude François.”

5 - Alexandra “Ma mère écoutait les chansons de Puissance 8 et Experience 7, mais acussi Mike Brant et Frédéric François. Quand je suis chez elle, grâce à Freedom 2, nous réentendons ces morceaux, ça me ramène dans le passé.”


M I C R O- T RO TT’

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6 - André “Ma mère aimait Richard Antony et mon père Dalida. À chaque fois que je les entends, je pense à eux.” 7 - Kentin “Papa écoutait Bob Marley et maman Edith Piaf. Maintenant, Davy Sicard.”

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8 - Annabelle “À l’époque, c’était Mike Brant pour la variété française, et Manyan pour le son local. Mais ma mère écoute toujours de la musique. Elle se branche sur les stations locales et aime les nouvelles générations de musiciens, comme Mamo.” 9 - Linda et Lovencia “Nos parents écoutaient beaucoup de séga. Ils aiment beaucoup Missty et Kaf Malbar aujourd’hui.”

10 - Mathieu “Maman aime les slows, et papa le séga. On se retrouve entre générations sur Kassia.” 11 - Jean-Luc “À cette époque, il n’y avait pas de radio, il a fallu attendre les années soixante-dix pour cela. Les gens oublient vite. Pour écouter de la musique, il y avait les bals. Je me rappelle de quelques noms, Dor ou encore Madoré.”


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MODE STYLISME LEILA PATEL PHOTOS MORGAN FACHE

MARION Robe Les Demoiselles, derbies Jonak, Messieurs Dames / Jordane Lou. Sautoir Brume, sac rĂŠversible Craie, Casa Saba.


MARION Kimono en soie, dĂŠbardeur Margaux Lonnberg, short MKT, baskets Jonak, Messieurs Dames / Jordane Lou. Sac Estellon, Casa Saba.




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SOCIÉT É

L’ÉLÉGANCE

DU SAUCISSON ON PEUT S’EXTASIER DEVANT UN BOUT DE FROMAGE OU DE CHARCUTERIE : À BIEN Y RÉFLÉCHIR, IL N’Y A PAS DE QUOI SAUTER AU PLAFOND, CELA RESTE DES PRODUITS BIEN SIMPLES. MAIS C’EST DEVENU BRANCHÉ, QUAND MÊME. TEXTES LOÏC CHAUX PHOTOS ROMAIN PHILIPPON


S O CIÉ TÉ

C’

est un courriel, comme nous en recevons tant, venu d’une agence de com’ parisienne. Il nous invitait à une expo on ne sait plus où, à Paris, en tous cas. Classique présentation d’un artiste contemporain qui allait nous recevoir en nous proposant d’“excellentes charcuteries venues de sa région d’origine.” Oh ! Le petit monde de la hype culturelle parisienne allait donc se réunir pour s’abreuver de culture et de sauciflard. C’est donc que, quelque part, manger ce genre de choses est devenu classieux, branché. Il y a de quoi sourire, quand on sait exactement de quoi on parle. À La Réunion, il faut d’abord relativiser l’effet de “mode”. Comme nous l’explique le membre d’une cave du centre-ville de Saint-Denis qui sert aussi fromages et charcuteries, “Que ce soit à la mode, je n’en suis pas sûr. Si on parle de La Réunion, c’est surtout qu’il y a une quinzaine d’années, des

pue un peu, plein de gras, un produit de luxe ! Et les huîtres ! De quoi faire avaler de travers son verre de vin blanc à quelqu’un qui a vécu près d’Arcachon, qui en mangeait comme d’autres des cacahuètes. Nicolas Lebon, qui justement vend ici les précieux coquillages, le concède : “Il faut les faire venir de Métropole, ç’a un coût. Tu sais, des huîtres, j’en vendais sur les marchés en Métropole, n’importe qui pouvait acheter une bourriche, c’était normal, tu en ramenais en faisant tes courses. Ce n’est qu’une entrée, il ne faut pas l’oublier, tu ne fais pas un repas complet avec des huîtres. Mais c’est différent à La Réunion : ça reste un plat léger, mais en manger, c’est peut-être plus un luxe. C’est un produit moins courant, comme les fruits de mer, qu’on achète pour se faire plaisir.” Ce qui est rare est cher. Et si, en plus, ça vient de loin… Ici, saucissons, fruits de mer, sont rares et viennent de loin. Ils sont donc, de facto, chers. Et comme tout produit rare, en offrir vous fait un peu briller devant les copains – et nous les premiers, d’ailleurs. “Beaucoup de gens me disent, quand ils achètent un plateau de fruits de mer : “Je vais épater mes amis, ils vont en être baba ””, sourit monsieur Lebon. Un client régulier de bars à vins va plus loin : “Il m’arrive d’avoir des rendez-vous professionnels devant du vin et des plateaux de fromages. Je ne suis pas sûr que ça arriverait en Métropole, là-bas, tout le monde connaît. Mais ici, je le dis comme je le pense, ça en jette.

SAUCISSONS, JAMBONS ET AUTRES COÛTENT ICI LA PEAU DES FESSES. charcuteries et des fromages de Métropole, on en trouvait très peu. Il a fallu d’abord les faire venir.” Distinguons donc deux sortes de mets traditionnels et de retour dans nos assiettes. Ceux qui viennent de Métropole – et plus généralement d’Europe, et les locaux. Ce qui les réunit ? Des produits simples, fabriqués par les hommes de la terre et de la mer. Pour les denrées venues de Métropole, il ne faut pas y couper, et parler du prix. Saucissons, jambons et autres coûtent ici la peau des fesses. Oui, lecteur, c’est sûrement la première chose que tu t’es dite : “Ils sont marrants, chez BuzBuz, mais est-ce qu’ils regardent au moins les étiquettes ?” Oui. Le saucisson sec vendu en Métropole – on parle bien de saucisson traditionnel et artisanal – est quasiment deux fois moins cher qu’ici. Pas étonnant qu’on ait remarqué qu’ici, on en arrive à parler de “produit de luxe” pour du jambon cru, un pâté de tête ou des huîtres. Le truc qui pend dans les caves, qui

Évidemment, il y a le plaisir de manger de bonnes choses, mais à La Réunion, partager un bon Serrano ou un Saint-Marcellin, c’est classe, parce que t’en trouves pas n’importe où.” La charcuterie qui définit sa condition sociale autant que la montre et la voiture ? Presque. Mais il n’y a rien de nouveau : dans l’Antiquité, les Romains aisés ou, plus tard, les riches bourgeois au XIXe considéraient par exemple les huîtres comme des mets d’une rare finesse. Et pendant ce temps-là, les pauvres ostréiculteurs s’en mettaient des tas derrière la cravate en se frottant la panse. Ça fait bien sourire papi et mamie, en Métropole, qui en profitent pour piquer un deuxième bout de séchon dans la cloche à fromage. Pourquoi, d’ailleurs, sourient-ils, papi et mamie ? Parce qu’ils se souviennent que la charcuterie ou les fromages ont d’abord été créés dans un but pratique, et que c’est pour cela qu’ils en avaient à la maison. Pas pour faire les malins, mais par nécessité.

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SOCIÉT É

Il s’agissait, en des temps immémoriaux où ni frigos ni conserves n’avaient été inventés, de pouvoir conserver de la viande dans la durée. Saler, fumer, sécher… étaient les seules méthodes viables pour éviter la gastro carabinée – voire pire – au moment de sa consommation. À La Réunion, le taux d’humidité et la chaleur réduisant la qualité de séchage de la viande, le fait de la fumer a été privilégié. Sans oublier de la saler, évidemment : l’acheteur d’andouille saura de quoi on parle. Le fromage ? C’est la meilleure technique qui a été découverte pour transporter des produits laitiers. Les fruits de mer ? C’étaient les casse-croûte des pêcheurs… Dans un sourire, Yolan Viracaoundin, charcutier à Saint-Denis, lâche : “On peut toujours inventer des choses, mais la base, c’est des choses simples, hein…” Quand on parle de charcuterie métropolitaine - ou européenne, n’oublions pas le chorizo et les jambons espagnols - le zoreil les mangeait avant d’arriver à La Réunion ; c’était un des mets de base du moindre charcutier-traîteur dans les campagnes. Pour ceux qui vivaient pas loin des fermes, avec un cousin qui tuait le cochon, il y avait toujours un bout de saucisson ou de boudin qui traînait. Cela faisait un goûter, un apéro vite fait, un truc sans salamalec. Le Métro était entouré de cochonnailles. On imagine l’étonnement de voir cela devenir des produits rares une fois dans l’Île… Il ne faudrait cependant pas cantonner la consommation de ces mets pas vraiment raffinés à l’expression d’une position sociale. Le petit bout de gras fonctionne à la manière d’une madeleine de Proust. Combien de Métropolitains n’ont jamais ressenti, à la bouchée d’un frometon, le surgissement d’un souvenir lointain et campagnard dans l’Hexagone ? “J’ai des clients, ils adorent nous dire “tiens, je viens de là, c’est les fromages que je mangeais quand j’étais petit”, nous explique un fromager de la place. Il y a forcément un aspect nostalgique là-dedans.”

“TIENS, JE VIENS DE LÀ, C’EST LES FROMAGES QUE JE MANGEAIS QUAND J’ÉTAIS PETIT”.


S O CIÉ TÉ

Beaucoup – dont votre serviteur – demandent expressément à la famille qui vient faire un tour à La Réunion, de remplir les valises de boustifaille et de pinard. C’est bien que les souvenirs sont – aussi – liés au goût. De la nostalgie au vintage – zut, on avait promis de ne plus l’utiliser, ce mot là – il n’y a qu’un pas. Yolan Viracaoundin, charcutier de son état, le franchit : “Il n’y a aucun doute làdessus, il y a un retour vers des produits traditionnels. Est-ce un effet de mode ? Je ne sais pas. En tous cas, je vois de plus en plus de jeunes couples qui tiennent à privilégier la qualité à la quantité.” Puisque ça discute beaucoup avec le client, chez Viracaoundin, on se doutait qu’il avait une idée sur le pourquoi… “Et s’il y avait, tout simplement, une prise de conscience ? Peut-être que les jeunes gens se disent qu’ils en ont marre de… on va dire la “malbouffe”, que ça va un moment. Attention, hein, tu peux faire des hamburgers ou des tapas d’excellente qualité. Mais manger n’importe comment, ça ne peut pas durer longtemps. Il arrive un âge où tu passes à autre chose.” Nicolas Lebon n’est pas loin de penser la même chose : “On sent bien que les gens ont envie de se faire plaisir avec de la nourriture. Bien sûr, il y a le phénomène de l’originalité, mais aussi de manger de bons produits dont on connaît la provenance. La semaine, je vends un plateau de fruits de mer par jour, il y a un réel désir. J’en suis le premier surpris.” Précisons, enfin, que si ces produits de Métropole ont d’abord conquis la populations zoreille désireuse de retrouver ce qu’elle mangeait là-bas, la mode a fait tache d’huile, et touche désormais un peu tout le monde – suivant les préférences alimentaires de chacun, s’entend. Pour ce qui est des produits réunionnais, les problématiques sont différentes. D’abord, les prix explosent moins que pour les produits venant de Métropole. L’effet “branché” de manger des produits simples joue moins. Pourtant, monsieur Vircaoundin nous l’a dit, il y a un retour vers ce genre de nourritures.

“ M A N G E R N ’ I M P O R T E C O M M E N T, ÇA NE PEUT PAS DURER LONGTEMPS.»

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SOCIÉT É

“PARTAGER UN BON SERRANO OU UN SAINT-MARCELLIN, C’EST CLASSE, PARCE QUE T’EN TROUVES PAS N’IMPORTE OÙ.”

La nostalgie est un moteur, certes – “On essaie tous, à un moment ou à un autre de notre vie, de retrouver ce qu’on mangeait à la maison” – mais pas que : “Je pense que les jeunes se mettent une petite pression quand ils invitent leurs parents à manger. Ils savent qu’on attend d’eux qu’ils utilisent de bons produits, qu’ils cuisinent eux-mêmes leur carri avec une bonne viande qu’ils ont achetée, qu’on ne vient pas pour manger des hamburgers. Ils ont grandi en mangeant de bonnes choses, alors, c’est normal, non ?” Enfin, après avoir parlé de nostalgie et de passé, il faudrait un peu détourner les yeux du rétroviseur. Voir que, finalement, et souvent, le plaisir gustatif peut aussi être détaché de l’aspect “mode”. Parce que cette “mode”, elle risque de durer. Yolan raconte : “C’est drôle, il y a des jours, quand il n’y a pas école, où les enfants accompagnent leurs parents quand ils viennent au magasin. Je le vois, ils deviennent eux-mêmes des guides d’achat. Ils regardent, et ils disent “maman, faut prendre ça, c’est bon !” On ne peut pas les soupçonner de répondre à une mode, non, c’est juste qu’ils aiment ça…” Et puis, cessons de voir les produits que nous venons d’évoquer comme des éléments figés. Ce sont aussi de formidables bases pour d’autres créations… Yolan se souvient d’une tentative, il y a une vingtaine d’années, d’une terrine de porc aux mangues. Un ratage : “On tente des choses, ça réussit, souvent, mais des fois, ça fait un flop. Il faut arriver à un moment où le goût des gens est préparé à la nouveauté. Pour la terrine aux mangues, Les gens n’étaient pas encore prêts, peut-être, parce que désormais, ça marche très bien ! Notre travail est d’élaborer des choses, aussi, à base de produits dits “classiques”. Il faut que tout ça, ça évolue, tout en n’oubliant jamais


S O CIÉ TÉ

la tradition, mais aussi les manières qu’ont les gens de consommer.” C’est peut-être cela, aussi, qui fait le succès de ces saucissons, jambons… Retour dans une cave réunionnaise : “Tu as des personnes pour qui le vin, fromage et autres, c’est de la convivialité, prendre du temps entre amis. C’est une majorité, d’ailleurs. Mais on sent aussi des gens un peu plus pressés. Et la charcuterie, le fromage, c’est idéal : rien à cuire, rien à préparer. De la découpe, une planche en bois, un morceau de pain et de bon beurre, c’est prêt relativement vite. Finalement, c’est quoi, un casse-croûte ? C’est quelque chose qui n’est pas vraiment un repas, qui se mange sur le pouce. Il ne faut jamais oublier d’où ça vient, tout ça, ne jamais oublier le mot casse-croûte, même si on en fait autre chose désormais.” Comment finir sans évoquer ces gens, à La Réunion, qui surfent peut-être sur ces effets de mode, mais qui, à la base, sont de vrais passionnés de leurs produits. Ceux que nous avons rencontrés ont souvent souri devant nos interrogations. Mais, toujours, ils nous ont assuré qu’avant tout, règne chez eux le désir de faire découvrir de bonnes choses à manger. Nicolas Lebon : “Voir des gens heureux, revenir parce qu’ils ont apprécié, cela nous fait plaisir.” “J’aime tellement parler de ce que je fais manger aux gens, leur expliquer, leur faire découvrir…” confirme notre charcutierfromager du début. Yolan Viracaoundin conclut : “On est des artisans, on a une fonction de confection, évidemment, mais aussi de guide. On n’est pas là pour vendre à tout prix, mais plutôt d’orienter, de conseiller. Parce qu’on croit à ce qu’on vend.” Que ce soit une mode ? La belle affaire ! Si cela permet de manger des mets sacrément bons, ça n’a finalement pas grande importance.

“LA CHARCUTERIE, C’EST IDÉAL : RIEN À CUIRE, RIEN À PRÉPARER.”

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SOCIÉT É

LA VIANDE,

OUI, MAIS PAS TROP

BuzBuz allait partir à l’impression, et voilà que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a publié les résultats d’une étude portant sur ce dont on vient de vous parler, entre autres, la viande. Cette étude, qui, en fait, fait le bilan d’années de recherche sur le sujet, a conclu que la viande transformée (salaison, maturation, fermentation, etc.) est “cancérogène pour l’homme” ; la viande rouge, elle, l’est “probablement”. Un des chercheurs précise cependant : “Pour un individu, le risque de développer un cancer colorectal en raison de la consommation de viande transformée reste faible, mais ce risque augmente avec la quantité de viande consommée”. Le directeur du CIRC précise aussi : “La viande rouge a une valeur nutritive. Par conséquent, ces résultats sont importants pour permettre aux gouvernements comme aux organismes de réglementation internationaux de mener des évaluations du risque, et de trouver un équilibre entre les risques et les avantages de la consommation de viande rouge et de viande transformée.” En clair : continuons à manger de la viande, mais de manière raisonnable. C’est déjà ce que nous faisons : depuis 1998, les Français mangent de moins en moins de viande ; entre autres raisons à cela, la diminution, dans le budget des familles, de la part consacrée à la nourriture et l’augmentation générale des prix des produits carnés.


WWW.PARDON.NET © Ph : D.Saindrenan, NAWAR


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STATIS T I Q UE M E N T TEXTES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS FREDDY LECLERC

70 600 COCHONS vivent à La Réunion, presque l’équivalent de la population du Tampon.

17,2% de la surface de l’Île est consacrée à l’agriculture. L’équivalent des superficies du Port, de La Possession, de Saint-Denis, de Sainte-Marie et de Sainte-Suzanne réunies.

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En moyenne, un éleveur de cabris possède sept bêtes.

L’AGRICULTURE À LA RÉUNION

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La Réunion n’importe aucun œuf.

LA TOMATE est le fruit le plus cultivé à La Réunion, devant l’ananas, puis la banane.

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% 40 Kg

des fruits achetés à La Réunion ont poussé ici.

C’est la quantité de volaille qu’un Réunionnais consomme en moyenne chaque année.

1 LITRE DE LAIT SUR 7 consommé ici vient d’une vache locale.

LʼOIGNON est le légume le plus importé à La Réunion.

1 HECTARE AGRICOLE SUR 2 est utilisé pour faire pousser de la canne à sucre.

Données issues de la Chambre d’agriculture de La Réunion.



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MA BULLE RECUEILLI PAR LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT

ATYPIQUE ? T’ES SÛR ? DE SA MAISON-ATELIER DANS LE DOMAINE DU CHAUDRON, L’ARTISTE LIONEL LAURET DIT QU’ELLE EST “ATYPIQUE”. TU PARLES, CHARLES !


M A BU L L E

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ENTREVUE EXPRESS Comment tu es arrivé ici ? Je cherchais un lieu atypique, je me suis retrouvé là. Bon, j’ai fixé la barre très haute, en termes d’atypisme… L’endroit dans lequel tu passes le plus de temps ? Ma terrasse, là où je travaille mes tableaux, mes structures. J’aime beaucoup être dehors. L’endroit où tu vas le moins ? Je ne sais pas… Chaque pièce à son utilité, sa fonction. Je voudrais me la raconter, je te dirais mon lit… mais ce serait faux. J’y passe quand même du temps. Il n’y a pas d’endroit que je n’aime pas, je les aime tous. Un objet que tu ne pourrais pas avoir chez toi ? Alors là… Je ne sais pas. On y reviendra plus tard. Alors, un objet que tu garderais à tout prix ? Ma réplique numérotée de la Vierge au Parasol. Elle nous a tous sauvés : sans elle, le volcan aurait englouti l’île, non ? Si j’allais voir tes voisins, ils diraient quoi, de toi ? Ils diraient que je suis un original. Au sens artistique du terme, hein. Que je fais plein de choses. Que je suis insatiable. Les objet, les peintures que tu crées, ils auraient tous leur place chez toi ? Pas forcément, ils sont faits pour voyager. Ils doivent partir, même si certains vont rester. Qu’ils aient leur place, je ne sais pas, mais je peux toujours les imaginer ici, oui. Tu aimes quand la déco est chargée ? Le problème, c’est qu’avec une maison-atelier, il y a toujours beaucoup de choses. Mais elles partent. En fait, je préfère quand c’est épuré. Comme les objets sont de passage, on a l’impression que la maison bouge par période. Elle change de visage en fonction des aventures du moment. Il n’y a que des objets à toi, dans cette maison ? Non, et heureusement. D’ailleurs, si tes lecteurs veulent m’offrir des objets à mettre ici qu’ils ne se gênent pas. Si tu devais vivre ailleurs ? En Indonésie. J’ai déjà une maison à Bali, un endroit assez isolé, plein de quiétude pour le travail. Alors, cet objet que tu ne pourrais pas avoir chez toi ? Un sèche-cheveux ! Je n’en aurais aucun utilité, vue ma médiocrité capillaire.


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EXTRA M URO S

UNE BONNE IDÉE ... LES SERVICES CONSACRÉS À L’EAU ET À LA BIODIVERSITÉ DE LA DIRECTION DE L’ENVIRONNEMENT, DE L’AMÉNAGEMENT ET DU LOGEMENT (DEAL) SE SITUENT AU CŒUR DU PARC DE LA PROVIDENCE, À SAINT-DENIS. UN DES PREMIERS BÂTIMENTS AUX NORMES “HAUTE QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE” (HQE) À LA RÉUNION… TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT

L

orsque, au début des années 2000, la Direction régionale de l’environnement (Diren) a décidé d’installer ses bureaux au parc de la Providence, l’idée de constructions aux normes HQE n’en était qu’à ses balbutiements, en Métropole, et encore plus à La Réunion. Lors de leur déménagement en 2007, donc, les agents de la Diren, qui allaient ensuite devenir ceux de la DEAL (les services de l’État ne sont jamais avares en acronymes…) ont mis les pieds dans une sorte de nouveau concept, régissant aujourd’hui beaucoup de constructions d’établissements recevant du public. Huit ans plus tard, nous avons visité les lieux avec Jérôme Dulau, adjoint au chef de secteur “eau et biodiversité”. Cette annexe de la DEAL est composée de deux structures. L’une est un bâtiment en maçonnerie traditionnelle (comprenez “avec des murs en pierre épais de cinquante centimètres”) datant de 1850 ; l’autre est composée d’une charpente de bois venant aussi recouvrir l’ancien, recouverte d’un bardage en tôle, de menuiseries en aluminium, de larges baies vitrées. La réhabilitation et l’extension du lieu était pleine de bonnes idées : circulation de l’air, ombrages naturels, détecteurs de présence pour

limiter la consommation d’électricité… “Il y a des choses qui ont bien marché. D’autres, un peu moins, dans la pratique”, philosophe Jérôme Dulau. Ainsi, le bâtiment ancien, dont les murs épais conservent la fraîcheur, joue son rôle : il “envoie” un peu de “froid” dans les nouveaux bureaux. À condition d’ouvrir les nacos qui font office de cloisons entre les pièces et les couloirs. Ou, encore, les “passerelles”, qui sortent des anciennes fenêtres, fondant les deux structures en un ensemble qui passerait presque pour homogène. L’intégration, aussi, de la construction la plus récente au parc de la Providence, petit écrin joli de verdure au Milieu de Saint-Denis. Mais les bambous, qui devaient grimper le long des murs et apporter de l’ombre, risquaient d’obstruer complètement les fenêtres du rez-de-chaussée, il a donc fallu les tailler ; l’ombre a été créée en tirant des bâches sur les côtés. Les détecteurs de présence ? Dans la pratique, ils se sont retrouvés plutôt inutiles. Ouvrir les nacos ? Pas facile, quand on a besoin de confidentialité. Après tout, qu’en 2007, les bâtiments aux normes HQE ne soient pas encore parfaits, rien de très étonnant. C’était déjà une bonne idée…


EXT R A MU RO S

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ÇA SE PAS S E LÀ- BA S TEXTES VIRGINIE TRESSENS PHOTO SOFAR

CE SOIR, CONCERT À LA MAISON ! SOFAR SOUNDS ORGANISE DES CONCERTS CHEZ TOI, MAIS AUSSI DANS DES LIEUX ORIGINAUX. ET CE PARTOUT DANS LE MONDE.

QU’EST-CE QUE C’EST?

COMMENT ÇA MARCHE?

Sofar Sounds organise des tournées de concerts, emmenant des artistes chez des particuliers, mais aussi dans des galeries, des ateliers et des squats. C’est comme cela qu’on arrive à des moments de grâce en plein Paris mais aussi en province et partout dans le monde.

On s’inscrit sur le site web pour devenir membre. En cliquant sur la ville où l’on est, notre adresse mail est envoyée à un tirage au sort. Si notre adresse est sélectionnée, on est invité !

D’OÙ ÇA VIENT ? Trois potes passionnés de musique live, Rafe Offer, Rocky Start et Dave Alexander, ont créé Sofar Sounds à Londres en 2009. Lassés de voir un public trop souvent irrespectueux lors des concerts (toujours en train de parler, de pianoter sur leurs portables), ils ont décidé de monter ce projet pour que les gens puissent vraiment profiter des lives.

POURQUOI C’EST GÉNIAL? Parce que tu ne connais pas à l’avance les artistes qui vont se produire mais tu sais que forcément, ce sera de la grande qualité et que tes oreilles te remercieront.

ET À LA RÉUNION? Réponse du responsable de Sofar Sounds Paris, Alex : “Bien sûr ! Il faut juste quelqu’un qui veuille le faire !” À bon entendeur.



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CULTU RE G TEXTES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN

La première mention de la présence de chevaux à La Réunion date de 1703.

Le président du Comité régional de cyclisme, François Nativel, occupe cette fonction depuis 1978.

Jusqu’au milieu du XXe siècle, la rue Jean-Chatel, à Saint-Denis, s’appelait rue du Barachois.

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La police de Bangkok offre des primes à ses agents qui refusent des pots-de-vin.

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Lors du passage du cyclone Jenny dans l’Est en 1962, les seules cases de particuliers à Champ-Borne ayant résisté au vent ont été les cases Tomi.

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POUR FAIRE LES MALINS DEVANT LES AMIS, VOICI QUELQUES INFOS QUI VOUS DONNERONT LA CLASSE DANS LES DICUSSIONS.

En 1994, le premier arrivant du Grand Raid, Jacky Murat, est disqualifié pour n’avoir pas pointé à la Plaine d’Affouches. Selon lui, il a été tellement rapide que les pointeurs n’étaient pas encore arrivés sur les lieux.

De 1987 à 2011, la taille moyenne d’un rugbyman à la Coupe du monde a augmenté de 3 centimètres ; son poids, de 13 kilogrammes.

Les cas de décès suite à la chute d’une noix de coco sur la tête sont extrêmement rares dans le monde, moins de un par an en moyenne.

Le muséum d’histoire naturelle de Genève estime que “l’éléphant, surtout grâce à son imposante taille, est plus fort que l’hippopotame.”

En août 2003, on pouvait construire des bonshommes de neige à la Plaine-des-Sables, à partir de la couche de 5 centimètres qui étaient tombée.


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SPORT

LA BLESSURE, UNE DES COMPOSANTES DU SPORT, RAPPELLE QU’AVOIR UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE, CE N’EST PAS TOUJOURS BON POUR LA SANTÉ. TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS MORGAN FACHE

I

l y a les pros qui, finalement, n’ont rien d’autre à faire. C’est leur métier. Quand, en plus, ils pratiquent au plus haut niveau, même les blessures sont traitées différemment que celles du pékin moyen. Imaginez donc : six mois pour refaire du sport après une rupture des ligaments croisés, quelques heures pour obtenir une IRM, pas d’attente aux urgences, un diagnostic dans l’heure… Cela ferait rêver n’importe quel amateur qui, lui, doit patienter des semaines pour sa radio, au moins un an pour faire plier son genou, et qui attend des heures aux urgences à côté du type qui s’est brûlé en allumant le feu de bois. Pourtant, l’amateur se blesse, aussi. Pour parler de bleus et de bosses, nous sommes allés rencontrer Saïd Soulamaina, éducateur au Boxing club du Bas de la Rivière. “En muay thaï, on peut évidemment se retrouver avec des contusions, des bleus, des bosses. Un œil au beurre noir, aussi, ça peut arriver. Sur une grosse attaque, tu peux te retrouver avec un muscle écrasé, je peux te dire que tu le sens, et pendant une semaine…” JeanPierre Reyneau, ancien rugbyman qui a connu le rugby des campagnes en Métro-

pole, celui où ça cognait autant que ça galopait, ne compte plus les fractures et les points de suture : “Je me souviens d’un jour où, sur un choc avec un adversaire, on s’est ouvert tous les deux. Il n’y avait pas de remplacement, je saignais beaucoup, mais j’ai continué. Et puis, au bout d’un moment, je me suis écroulé, j’ai perdu connaissance.” La question : quand on est amoché ainsi, on fait comment quand il s’agit de retourner le lundi au travail ? “Moi, j’étais policier, j’arrivais au travail avec des plâtres, rigole JeanPierre. C’est toujours passé, le rugby était dans la culture…” Au Bas de la Rivière, Saïd a un sourire en coin… “Les gars qui viennent ici, il repartent peut-être, parfois, avec des bleus, mais ils vont pas travailler dans des bureaux, hein. Et on est dans un quartier où il n’y a pas énormément de travail, alors, te dire si ç’a un impact sur leur vie professionnelle…” Ces “bobos” ponctuels – et très rares – ne doivent pas occulter des maux plus profonds, plus sérieux dans le temps, à l’impact plus long. On lit souvent les histoires de participants au Grand Raid qui, pour finir, se sont bousillé les genoux à vie. Il n’y a pas qu’eux : Jean-Pierre Reyneau, aujourd’hui, n’hésite

“UN MUSCLE ÉCRASÉ, JE PEUX TE DIRE QUE TU LE SENS…”


S P O RT

UNE BLESSURE BIEN SOIGNÉE, C’EST DU TEMPS DE GAGNÉ… PLUS TARD.

pas à sortir les radiographies des prothèses qu’il porte aux hanches : “C’était un mal du Sud-Ouest, peut-être à cause des terrains, mais on a tous des problèmes aux hanches, à force de tomber toujours du même côté.” Atteint de coxarthrose, à soixante-dix ans, il boîte, en effet. Il montre aussi ses doigts : “Chez les avants, on agrippe, on accroche, on se pète les tendons…” Tiens, les tendons. Le truc typique qui se rappelle à vous quand vous êtes plus âgé… “Eh oui, quand on est jeune, on n’y pense pas, on pense toujours qu’on va s’en remettre, approuve Jean-Pierre. Et puis, un jour…” Philippe Gaboriaud est responsable du haut niveau au Comité d’escalade. Les tendons, c’est le problème : “Comme tous les sports avec les mains, nos blessures sont ciblées sur les doigts. Les forces s’appliquent sur eux, on se retrouve avec des tendinites, voire des ruptures. Souvent, tu peux reconnaître un grimpeur rien qu’à ses doigts.” Les doigts, c’est quand même utile quotidiennement, non ? “Ah, mais il arrive en effet qu’on ne puisse même plus effectuer des mouvements de la vie de tous les jours, tenir un verre, bouger son bras…” La bonne nouvelle, c’est que le niveau des éducateurs et entraîneurs, toujours plus élevé, permet aux pratiquants de limiter la casse. Saïd : “On sait que les blessures, en tournoi, arrivent à partir des phases finales. Il y a donc tout un travail de préparation, tu prépares ton corps à recevoir des coups, tu forges ton corps. C’est aussi un travail mental.” Philippe : “Les sportifs ont de plus en plus la culture de l’échauffement. Au hautniveau, ils sont constamment sous surveillance. Beaucoup de blessures arrivent avec la fatigue et quand une blessure survient, il n’y a pas de secret : si elle est bien soignée, elle ne posera pas de souci plus tard.” “Maintenant, t’as des entraîneurs qui se préoccupent de la vie sociale de leurs joueurs, qui leur permettent d’avoir un suivi médical. C’est important que l’encadrement soit de plus en plus formé, explique Jean-Pierre. Ça évitera de finir éclopé après avoir fait le fanfaron à vingt ans…”

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LE JOU R O Ù…

6 OCTOBRE 1850

FONT LA COURSE SUR L’HIPPODROME POUR LA PREMIÈRE FOIS À LA RÉUNION, UNE COURSE PÉDESTRE COMPORTANT RÈGLEMENTS, RÉCOMPENSES ET SPECTATEURS, EST ORGANISÉE : DES HOMMES, RÉCEMMENT AFFRANCHIS, PRENNENT LA SUITE DES CHEVAUX SUR LE CHAMP DE COURSES DIONYSIEN. TEXTE LOÏC CHAUX

COURSES DE 1849 SUR LA PLAINE DE LA REDOUTE, À S A I N T- D E N I S . E S TA M P E D E L O U I S - A N T O I N E R O U S S I N ( 1 8 1 9 - 1 8 9 4 ) C O N S E RV É E A U X A R C H I V E S D É PA RT E M E N TA L E S S O U S L E N U M É R O D ’ I N V E N TA I R E 9 9 F I 1 3 8 .

C

ela fait déjà sept ans que la Plaine de La Redoute accueille les courses de chevaux, organisées par la Société des courses. Peut-on parler de sport, lorsque les jockeys, souvent les propriétaires des animaux, ne sont là que pour les guider ? Le turf, venu de Maurice, intéressait déjà de moins en moins. On avait plus affaire à des bourrins qu’à des purs-sangs, et l’organisation était plus qu’aléatoire. Il fallait du neuf. Donc, ce 6 octobre 1850, l’hippodrome de La Redoute accueille une nouvelle épreuve : une “course de piétons”. Le journaliste de la Feuille hebdomadaire relate : “Les nouveaux affranchis vont prendre la place des chevaux, et un prix de cinquante francs est donné au Noir qui le premier fera un tour d’hippodrome. Cette nouveauté n’était pas connue jusqu’ici sur le turf.” À La Réunion, certes. Chez les voisins mauriciens, depuis 1830, sont organisées des courses à pied, auxquelles participent les militaires anglais en poste.

Or, ce sont d’anciens esclaves qui ont couru les 913 mètres de l’hippodrome de La Redoute (soit 1000 yards). Pourquoi sont-ce les seuls à avoir tenté de gagner la récompense ? Le commentaire de la Feuille hebdomadaire apporte un semblant de réponse : “C’est une superfétation qui peut avoir son importance, et nous ne sommes pas fâchés de voir l’intérêt de l’agriculture ou de la domesticité se mêler à l’amélioration de la race chevaline. […] Nous irions plus loin, nous souhaiterions que semblable prix fût décerné tous les mois ; la Colonie en retirerait un bénéfice plus avantageux que les courses de chevaux […]” À son commencement, le sport hippique était perçu comme un moyen d’améliorer la race chevaline, rouage essentiel de l’économie locale. On voit ici qu’aux yeux des observateurs, les courses humaines avaient pour intérêt principal d’améliorer les aptitudes d’hommes voués aux travaux les plus physiques. D’ailleurs, les premiers participants étaient des palefreniers, dont l’occupation principale était de courir à côté des chevaux des calèches afin de les diriger…

“LA COLONIE EN RETIRERAIT UN BÉNÉFICE P L U S AVA N TA G E U X Q U E L E S COURSES DE CHEVAUX.” L’expérience ne sera pas renouvelée souvent. La mauvaise préparation des participants, la faiblesse des récompenses, un public plus prompt à se moquer qu’à encourager, mettront un terme à ces courses pour une quinzaine d’années. Un observateur de l’époque aura cette remarque, cruelle : “Les Anciens, nos maîtres, tenaient en grand honneur les courses à pied et accordaient aux vainqueurs de ces luttes des faveurs exceptionnelles. Mais nous n’avons pas, malheureusement, sous la main, les hardis coureurs qui faisaient la renommée des Jeux olympiques, et parmi ceux de nos Cafres, Indiens, Malgaches et autres, qui ont développé leurs torses dimanche sur l’hippodrome de La Redoute, nous n’en avons point vu à qui la Grèce d’autrefois aurait décerné des couronnes d’aches, d’olivier ou de laurier.”

P OU R RÉA L ISER CE T ARTI CLE , NO US AVO NS TRAVAI LLÉ À PARTI R DE L’E X C ELLENT LI V R E D E A ND R É- J EA N B ENO Î T, S PO RT C O LO NI A L. À PR O PO S D E C ET T E C O U R S E, I L Y ÉC R I T C ET T E PHR A S E , S UP E R B E : “ALO RS Q U’À MAURI CE, DES ANGLAI S CO URAI E NT POU R LEU R PLA I S I R , À LA R ÉU NI O N, D ES F R A NÇ A I S S E G A U S S A I ENT D E V O I R C O U R I R LEU R S D O MES T I Q U ES .”


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